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A ma famille, A tous ceux qui ont perdu un être cher par le suicide, Aux Médecins et aux Professionnels de Santé. 2 3
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J ai près de cinq ans, mes cheveux blonds cendrés ondulés tombent en cascade sur mes épaules. De mes grands yeux noisette et verts, mes mains agrippées au portail en fer, je regarde cette dame brune aux yeux noirs, portant un panier en osier. Elle s arrête devant moi et très posément me dit : Tu as le don de voir dans le ciel, quand tu seras grande, tu te souviendras de mes dires. Cette dame est une bohémienne, je le sais, il en passe souvent. Maman m a dit de ne pas leur parler. Je suis une petite fille comme les autres, non pas tout-à-fait : Je sais quand quelqu un va venir à la maison, je le ressens. Au début ma mère pensait à des coïncidences, elle en riait. Ensuite, elle a constaté que je ressentais des choses, que je pressentais des événements. Un oncle décède brutalement. Le soir même couchée dans mon lit, je le vois devant moi et il me demande de prier pour lui. J ai prié pour lui plusieurs soirs, et il ne s est plus manifesté. Il avait seulement besoin de prières pour s élever dans l au-delà. 2 5
Je perds ma jeune et meilleure amie, elle est décédée dans des conditions horribles. Elle avait quinze ans, comment peut-on mourir à cet âge! Estce possible? Elle était belle, blonde, les yeux clairs, mince, un joli sourire, intelligente. Elle n était pas baptisée et suivait une éducation religieuse catholique avec un prêtre et d autres jeunes. Parfois elle doutait, parfois elle semblait être sur le chemin de la foi. Nous en discutions ensemble chez elle toutes les deux. Nous avions convenu que, si un autre monde existait, la première qui mourait viendrait le dire à l autre. Ma mère n a pas voulu que j aille la voir sur son lit de mort. Peu de temps après son décès, un matin, j ai vu son visage devant moi, dans ma chambre. Elle m a souri, d un sourire de plénitude. Sa sœur est venue me rendre visite. Tu n as pas vu Karine sur son lit de mort, Si Sophie, je l ai vue devant mes yeux, elle était entourée de dahlias, et vous lui avez coupé une mèche de cheveux pour la donner à votre maman. J ai senti sa présence à mes côtés chez moi dans la cuisine pendant des années. Je sais qu elle est en paix et qu elle continue à protéger les siens et moi-même. Je n ai absolument pas peur de voir des êtres disparus, c est naturel à mes yeux. Un jour de Février, nous étions en train de déguster une paella, dans une grande maison dans Le Morbihan, chez des cousins. Je lève la tête et je vois un homme brun, d un mètre soixante environ, vêtu d une liquette et d un pantalon en tissu bleu, portant un béret, chaussé de sabots en bois. Il portait un 26
panier en osier blanc sur son avant-bras droit. Ce qui m a frappé, c est que ses pieds ne touchaient pas le sol. Il a traversé la grande salle à manger en diagonale. Il ne nous dérangeait pas, comme nous ne le gênions pas non plus. Je l ai suivi du regard, il faisait de grands pas pour sa taille. Il s est dématérialisé en arrivant à l angle du piano jouxtant la porte-fenêtre qui donne sur l extérieur de la maison. Cela a duré plusieurs secondes. Je n ai rien dit à personne. Quelques mois plus tard, j ai rencontré ma cousine Gisèle, la maîtresse des lieux, et lui ai fait part de mes visions. Tu es en train de me décrire mon grand-père. Il habitait à vingt mètres de notre maison. Nous avons récupéré les pierres de la cheminée de sa maison et l avons reconstituée dans la nôtre. Gisèle a été confortée de savoir que la vie continuait après la mort. Son mari, au demeurant adorable n y croyait absolument pas. J ignore si elle lui en a parlé. Je fais la connaissance d une jeune femme brune, elle a de sérieux ennuis. Je vais l aider par le biais de mon travail. Trois jours plus tard, je sens une odeur d encens, l encens des enterrements et je pense aussitôt à elle. A cet instant elle a eu un accident de la route et, elle est décédée. Cette odeur d encens si caractéristique m a révélé que des personnes étaient soit malades, soit qu elles allaient mourir. Je l ai ressentie de nombreuses fois, et n ai pu constater que la véracité des faits. Ainsi, en me promenant avec une dame, j ai su qu elle allait être hospitalisée le lendemain. J ai eu un 2 7
flash, ai vu un hôpital, et j ai ressenti cette odeur d encens. Effectivement au petit matin elle a fait un accident cardio-vasculaire. Pris à temps, elle a récupéré son autonomie. Une autre fois, j étais assise près de mon père et cette odeur m a fait savoir qu il allait avoir un malaise. Deux jours plus tard, il tombait sur le seuil de sa maison. C est très difficile de ressentir ces choses présageant des maladies, des décès. Par contre, un jour, une odeur d encens printanière a embaumé ma maison, à l heure et au jour dit, Lisa venait de naître. Sa mère me l a confirmé. J ai constaté que l amour a un pouvoir, une dimension incroyable. Je savais quand l un de mes enfants allait me téléphoner. Je me dirigeais vers le téléphone, et il sonnait au même moment. J ai fait une grossesse extra-utérine, rupture de la trompe, hémorragie interne. Le Docteur T., chirurgien m a sauvé la vie. A mon réveil j ai entendu une voix féminine me dire : «Ce n est pas le moment de partir.» Mon père a fait un infarctus du myocarde, je me rends à l hôpital, les médecins ne se prononcent pas quant à son pronostic vital. Le soir, dans ma chambre, je prie. Mon père voulait mourir chez lui, et à cet instant, des voix féminines venues du plafond me disent : «Ce n est pas pour maintenant». 28