COMITE DE L ANTIBIOGRAMME DE LA SOCIETE FRANCAISE DE MICROBIOLOGIE



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COMITE DE L ANTIBIOGAMME DE LA SOCIETE FANCAISE DE MICOBIOLOGIE ecommandations 2012 (Edition de Janvier 2012) Coordonnateur : Pr C.J. SOUSSY Centre Hospitalier Universitaire Henri Mondor 94010 Créteil Cedex Tel. : (33) (0)1 49 81 28 31 Fax.: (33) (0)1 49 81 28 39 Email : claudejames.soussy@hmn.aphp.fr Membres (en 2011) :. BONNET, F. CAON, J.D. CAVALLO, H. CHADON, C. CHIDIAC, P. COUVALIN, H. DUGEON, L. DUBEUIL, V. JALIE, F. JEHL, T. LAMBET,. LECLECQ, M.H. NICOLASCHANOINE, P. PLESIAT, M.C. PLOY, C. QUENTIN, C.J. SOUSSY, E. VAON, P. WEBE Ce document peut être téléchargé depuis le site internet de la Société Française de Microbiologie : http://www.sfmmicrobiologie.org/

SOMMAIE 1. GÉNÉALITÉS 1.1. Définition des catégories cliniques Page 3 1.2. Etablissement des valeurs délimitant les catégories cliniques Page 3 1.3. Procédure et critères de catégorisation des souches Page 4 1.4. Lecture interprétative de l antibiogramme Page 4 1.5. Harmonisation européenne Page 4 2. ECOMMANDATIONS TECHNIQUES 2.1. Conditions techniques générales pour les méthodes de dilution et de diffusion en milieu gélosé Page 5 2.2. Contrôle de qualité interne Page 8 2.3. Concentrations et diamètres pour les diverses classes d antibiotiques Page 9 3. ÉSISTANCES NATUELLES AUX ANTIBIOTIQUES DES PINCIPALES ESPÈCES BACTÉIENNES D INTÉÊT MÉDICAL 3.1. Bacilles à Gram négatifs non exigeants Page 15 3.2. Bacilles à Gram négatifs exigeants Page 16 3.3. Coques à Gram positif Page 17 3.4. Bacilles à Gram positif Page 17 3.5. Coques à Gram négatif Page 17 3.6. Bactéries anaérobies strictes Page 17 4. ANTIBIOTIQUES À TESTE, CONCENTATIONS, DIAMÈTES CITIQUES ET ÈGLES DE LECTUE INTEPÉTATIVE SPÉCIFIQUES 4.1. Enterobacteriaceae Page 19 4.2. Pseudomonas aeruginosa Page 24 4.3. Acinetobacter spp., Stenotrophomonas maltophilia, Burkholderia cepacia Page 27 4.4. Staphylococcus spp. Page 29 4.5. Détermination de l activité in vitro des glycopeptides sur Staphylococcus aureus Page 33 4.6. Enterococcus spp. Page 34 4.7. Streptococcus pneumoniae Page 37 4.8. Streptococcus spp. Page 40 4.9. Haemophilus influenzae Page 43 4.10. Neisseria meningitidis Page 46 4.11. Neisseria gonorrhoeae Page 47 4.12. Campylobacter spp. Page 49 4.13. Helicobacter pylori Page 51 4.14. Anaérobies stricts Page 52 5. MODIFICATIONS SIGNIFICATIVES EN 2012 Page 55 ANNEXE 1 Page 56 ANNEXE 2 Page 58 Copyright 2012 Société Française de Microbiologie Tous droits de traduction, d adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque procédé que ce soit de ce document, faite sans autorisation expresse et écrite du Comité de l antibiogramme de la Société Française de Microbiologie (28, rue du Docteur oux, 75724 Paris Cedex 15) est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d une part, les reproductions strictement réservées à l usage du copiste et nondestinées à une utilisation collective, et d autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d information de l œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 1224, L. 1225 et L. 3352 du Code de la propriété intellectuelle). 2

1. GENEALITES A la suite des recommandations du Comité d Experts de la Standardisation biologique de l OMS (rapports techniques n 610, 1977), la Société Française de Microbiologie a créé un Comité de l Antibiogramme (CASFM) chargé de déterminer les valeurs qui délimitent les catégories cliniques (antérieurement catégories thérapeutiques) et de proposer un guide pour la détermination de la sensibilité des bactéries aux antibiotiques. Les valeurs définies pour les concentrations et les diamètres des zones d inhibition, ainsi que les recommandations spécifiques à certaines espèces ou à certains groupes d antibiotiques sont publiées dans un communiqué annuel. classement dans la catégorie S. Cependant, in vivo, une partie de ces souches apparaît résistante au traitement ; peuvent présenter un mécanisme de résistance dont l expression n est pas suffisante pour justifier un classement dans la catégorie, mais suffisamment faible pour espérer un effet thérapeutique dans certaines conditions (fortes concentrations locales ou posologies accrues) ; La catégorie intermédiaire est aussi une zone tampon qui tient compte des incertitudes techniques et biologiques. 1. 2. Etablissement des valeurs délimitant les catégories cliniques 1. 1. Définition des catégories cliniques Trois catégories cliniques ont été retenues pour l interprétation des tests de sensibilité in vitro : Sensible (S), ésistant () et Intermédiaire (I). Les souches catégorisées S sont celles pour lesquelles la probabilité de succès thérapeutique est forte dans le cas d un traitement par voie systémique avec la posologie recommandée dans le résumé des caractéristiques du produit (CP), rédigé par l Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS). Les souches catégorisées sont celles pour lesquelles il existe une forte probabilité d échec thérapeutique quels que soient le type de traitement et la dose d antibiotique utilisée. Les souches catégorisées I sont celles pour lesquelles le succès thérapeutique est imprévisible. Ces souches forment un ensemble hétérogène pour lequel les résultats obtenus in vitro ne sont pas prédictifs d un succès thérapeutique. En effet, ces souches : peuvent présenter un mécanisme de résistance dont l expression in vitro est faible, avec pour conséquence leur Les valeurs des concentrations et des diamètres définies pour chaque antibiotique sont établies en tenant compte de plusieurs paramètres : la distribution des concentrations minimales inhibitrices (CMI) pour des populations de souches définies et appartenant à chacune des espèces bactériennes impliquées en pathologie humaine ; les concentrations humorales et tissulaires qui sont obtenues avec les posologies recommandées dans le résumé des caractéristiques du produit (CP) ; la confrontation des résultats obtenus in vitro et des résultats obtenus in vivo (essais cliniques); la variabilité statistique des méthodes utilisées pour mesurer les CMI et les diamètres des zones d inhibition. Ainsi sont définies deux concentrations : la concentration critique basse c et la concentration critique haute C auxquelles correspondent des diamètres D, et d, respectivement. 3

1. 3. Procédure et critères de catégorisation des souches Aux regards des concentrations et des diamètres sont considérées comme : sensibles (S), les souches pour lesquelles la CMI de l antibiotique testé est inférieure ou égale à la concentration critique basse (c), ce qui équivaut à un diamètre supérieur ou égal au diamètre critique D (Tableau I) ; résistantes (), les souches visàvis desquelles la CMI de l antibiotique testé est supérieure à la concentration critique haute C, correspondant à un diamètre inférieur au diamètre critique d (Tableau I) ; de sensibilité intermédiaire (I), les souches visàvis desquelles la CMI de l antibiotique testé et du diamètre correspondant sont compris entre les deux concentrations et les deux diamètres (Tableau I). de la souche bactérienne et une méthode d antibiogramme standardisée. L identification formelle du (ou des) mécanisme(s) de résistance impliqué(s) impose la mise en place de techniques spécifiques. Les règles de lecture interprétative sont mentionnées, pour certaines espèces ou pour certains groupes bactériens, dans les notes additionnelles des tableaux VII à XIX du supplément annuel. Le CASFM recommande de ne pas modifier la catégorisation clinique en dehors des règles de lecture interprétative listées dans des recommandations. Les remarques destinées aux cliniciens, en particulier celles concernant l activité in vivo des antibiotiques catégorisés S peuvent être jointes en commentaire. Tableau I Critères de catégorisation selon les valeurs CMI (mg/l) Diamètre ( ) (mm) S CMI c D CMI > C < d I c < CMI C d < D Les concentrations et les diamètres des antibiotiques d activité médicale figurent dans le Tableau III du supplément annuel de ce guide. 1. 4. Lecture interprétative de l antibiogramme La lecture interprétative de l antibiogramme, fondée sur la connaissance des phénotypes de résistance conduit dans certains cas à transformer un résultat initialement catégorisé S en résultat I ou en raison d un risque d échec thérapeutique. De plus, pour quelques couples bactérieantibiotique, malgré une catégorisation «sensible», le risque accru de sélection in vivo de mutants résistants justifie un commentaire particulier destiné au clinicien. Ceci requiert au préalable l identification correcte 1. 5. Harmonisation européenne (Bull. Soc. Fr. Microbiol., Octobre 2004, Vol. 19, n 3 : 191193) Le besoin d une harmonisation européenne dans la méthodologie des tests de sensibilité aux antibiotiques et leur interprétation a été ressenti il y a déjà de nombreuses années. Ceci a conduit en 2002 à la création de l EUCAST (European Committee on Antimicrobial Susceptibility Testing) qui est composé, d une part, d un General Committee qui comporte un représentant par pays européen et se réunit une fois par an et, d autre part, d un Steering Committee composé de deux représentants du General Committee et surtout d un représentant de chacun des six comités nationaux reconnus comme actifs en raison de leur ancienneté, de la fréquence de leurs réunions et de leur notoriété attestée par des publications régulières : France : CASFM (Comité de l Antibiogramme de la Société Française de Microbiologie) 4

Allemagne : DIN (Deutsches Institut für Normung) PaysBas : CG (Commissie ichtlijnen Gevoeligheidsbepalingen) Norvège : NWGA (Norwegian Working Group on Antibiotics) Suède : SGA (Swedish eference Group for Antibiotics) oyaumeuni : BSAC (British Society for Antimicrobial Chemotherapy) Le Steering Committee se réunit cinq fois par an. Les objectifs de l EUCAST ont été définis de la façon suivante : standardiser les méthodologies ; s accorder sur l expression des concentrations : celle qui a toujours prévalu en France a été retenue, soit S x mg/l et > y mg/l ; établir des «cutoff values» séparant pour chaque couple espèceantibiotique, la population des souches sauvages de celles porteuses d un ou plusieurs mécanismes de résistance acquise ; établir des concentrations pour la catégorisation clinique, d une part, en rédigeant en accord avec l EMEA (European Agency for the Evaluation of Medicinal Products) une procédure pour les nouveaux antibiotiques et, d autre part, en tentant d harmoniser les concentrations nationales des antibiotiques existants sur de nouveaux arguments solides, notamment des points de vue pharmacocinétique et pharmacodynamique ainsi que clinique. Le CASFM peut alors soit accepter ces modifications, soit justifier son désaccord avec les propositions de l EUCAST. En effet, en fonction des recommandations françaises de l AFSSAPS et de différentes sociétés savantes et tenant compte des posologies utilisées en France, il peut exister quelques rares différences entre les concentrations du CASFM et celles de l EUCAST. Dans le Communiqué Annuel sont indiquées en gras : les concentrations proposées par l EUCAST et approuvées par le CASFM les modifications des diamètres : cellesci sont adoptées par les Comités nationaux en fonction de leur propre méthodologie. 2. ECOMMANDATIONS TECHNIQUES 2. 1. Conditions techniques générales pour les méthodes de dilution et de diffusion en milieu gélosé (Bull.Soc.Fr.Microbiol., 1993, 8, 15666 ; Clin. Microbiol. Infect. 1996, 2, Suppl. 1) 2.1.1. Enterobacteriaceae, bacilles à Gram négatif non fermentaires Staphylococcus spp., Enterococcus spp. (Tableaux VI à XV) Inoculum A partir d une culture de 1824 h sur milieu gélosé non sélectif, préparer une suspension en bouillon MuellerHinton ou en solution saline (0,9 % NaCl) équivalente au standard McFarland 0,5 (~ 10 8 UFC/ml). Cette suspension peut également être préparée à partir d une culture en bouillon MuellerHinton obtenue après incubation à 37 C au bainmarie agité pendant 3 à 5 h, dont la densité est ajustée au standard McFarland 0,5. Milieu Gélose MuellerHinton Ensemencement méthode de dilution : diluer la suspension inoculum au 1/10 et déposer 1 à 2 µl, soit ~ 10 4 UFC par spot. méthode de diffusion : ensemencer par écouvillonnage avec la suspension inoculum diluée au 1/10 (~ 10 7 UFC/mL) ou ensemencer par inondation avec la suspension inoculum diluée au 1/100 (~ 10 6 UFC/mL) en respectant les mesures de sécurité nécessaires. 5

Lecture Après 1824 h d incubation à 3537 C. Cas particulier : Pour Staphylococcus aureus et pour l oxacilline, diluer la suspension inoculum au 1/10 (~ 10 7 UFC/ml) et incuber à 30 C sur milieu non supplémenté en chlorure de sodium ou à 37 C sur milieu hypersalé (2 à 4 %). Prolonger éventuellement l incubation jusqu à 48 h si la croissance apparaît faible après 24 h. 2.1.2. Streptococcus pneumoniae, Streptococcus spp. (Tableaux XVI à XIX) Inoculum A partir d une culture de 1824 h sur gélose MuellerHinton additionnée de 5 % de sang de mouton, préparer une suspension en bouillon MuellerHinton ou en solution saline (0,9 % NaCl) équivalente au standard McFarland 0,5 (~10 8 UFC/ml) Milieu Gélose MuellerHinton additionnée de 5 % de sang de mouton. Pour le cotrimoxazole, utiliser une gélose MuellerHinton + 5 % de sang de cheval hémolysé. Ensemencement méthode de dilution : diluer la suspension inoculum au 1/10 et déposer 1 à 2 µl, soit ~ 10 4 UFC par spot. méthode de diffusion : ensemencer par écouvillonnage sans diluer ou par inondation en diluant la suspension inoculum au 1/10 (~ 10 7 UFC/mL) en respectant les mesures de sécurité nécessaires. Lecture Après 1824 h d incubation à 3537 C hémine 15 mg/l + extrait de levure 5 g/l) ou Gélose chocolat PolyViteX. Ensemencement méthode de dilution : déposer 1 à 2 µl de la suspension inoculum, soit ~10 4 UFC par spot. méthode de diffusion : diluer au 1/10 la suspension inoculum (~10 6 UFC/ml) et ensemencer par écouvillonnage ou par inondation en respectant les mesures de sécurité nécessaires. Lecture Après 1824 h d incubation à 3537 C. 2.1.4. Neisseria meningitidis (Tableaux XXII et XXIII) Inoculum A partir d une culture de 1824 h sur gélose chocolat PolyViteX, préparer une suspension en tampon phosphate M/15 ph 7,2 équivalente au standard McFarland 0,5 (~ 10 6 UFC/ml). Milieu Gélose MuellerHinton additionnée de 5% de sang de mouton. Ensemencement méthode de dilution : déposer 10 µl de la suspension inoculum soit ~ 10 4 UFC par spot. méthode de diffusion : ensemencer la suspension inoculum par écouvillonnage ou par inondation en respectant les mesures de sécurité nécessaires. Disposer les disques à une distance de 60 mm, centre à centre, afin d éviter le chevauchement des zones d inhibition. Lecture Après 18 à 20 h d incubation à 3537 C en atmosphère contenant 5 % de CO 2. 2.1.3. Haemophilus influenzae (Tableaux XX et XXI) Inoculum A partir d une culture de 1824 h sur gélose chocolat PolyViteX, préparer une suspension en bouillon MuellerHinton ou en solution saline (0,9 % NaCl) équivalente au standard McFarland 0,5 (~ 10 7 UFC/ml). Milieu Milieu HTM (MuellerHinton + NAD 15 mg/l + 2.1.5. Neisseria gonorrhoeae (Tableaux XXIV et XXV) Inoculum A partir d une culture de 1824 h sur gélose chocolat PolyViteX, préparer une suspension en tampon phosphate M/15 ph 7,2 équivalente au standard McFarland 1 (~10 8 UFC/ml). Milieu Gélose chocolat PolyViteX 6

Ensemencement méthode de dilution : déposer 1 à 2 µl de la suspension inoculum soit ~ 10 5 UFC par spot. méthode de diffusion : ensemencer la suspension inoculum diluée au 1/100 ou ajustée au standard McFarland 0,5 (~10 6 UFC/ml) par écouvillonnage ou par inondation en respectant les mesures de sécurité nécessaires. Disposer les disques à une distance de 60 mm, centre à centre, afin d éviter le chevauchement des zones d inhibition. Lecture Après 1824 h d incubation à 3537 C en atmosphère contenant 5 % de CO 2, et, si la croissance est insuffisante, après 3640 h. 2.1.6. Campylobacter spp. (Tableaux XXVI et XXVII) Inoculum A partir d une culture de 1824 h sur milieux d isolement, préparer une suspension en bouillon Brucella ou en solution saline (0,9 % NaCl) équivalente au standard McFarland 0,5 (~10 8 UFC/ml). Milieu Gélose de MuellerHinton additionnée de 5 % de sang de mouton ou de cheval. Ensemencement méthode de dilution : déposer 2 à 5 µl de la suspension inoculum (~ 10 5 UFC par spot). méthode de diffusion : diluer au 1/10 la suspension inoculum puis ensemencer par écouvillonnage ou par inondation en respectant les mesures de sécurité nécessaires. Sécher la surface des géloses pour éliminer toute trace d humidité qui favorise l envahissement. Lecture Après 1824 h d incubation à 3537 C en microaérobiose ou en anaérobiose selon l atmosphère optimale des souches. 2.1.7. Helicobacter pylori (Tableaux XXVIII et XXIV) Inoculum Préparer une suspension en bouillon MuellerHinton ou en solution saline (0,9 % NaCl) équivalente au standard McFarland 3 (~ 10 9 UFC/ml). Vérifier l absence de formes coccoïdes (< 10 %). Milieu Gélose de MuellerHinton additionnée de 10 % de sang de cheval. Ensemencement méthode de diffusion : ensemencer la suspension inoculum par écouvillonnage ou par inondation en respectant les mesures de sécurité nécessaires. Lecture Après 72 h d incubation à 3537 C en microaérobiose et après 4 jours pour détecter les doubles populations. 2.1.8. Anaérobies (Tableaux XXX et XXXI) Inoculum A partir d une culture de 24 h sur gélose Columbia + 5 % de sang, ou gélose Brucella + vitamine K1 (1 mg/l) + 5 % de sang, préparer une suspension en bouillon Brucella ou Schaedler équivalente au standard McFarland 0,5 pour la méthode de dilution (~ 10 7 UFC/ ml) ou McFarland 1 (~ 10 8 UFC/ml) pour la méthode de diffusion. Les bouillons doivent être régénérés avant emploi. Pour certaines espèces à croissance lente (> 72 heures), préparer une suspension en bouillon Brucella ou Schaedler équivalente au standard McFarland 0,5 à partir d une culture en bouillon. Milieu Gélose Wilkins Chalgren + 5 % de sang, ou gélose Brucella + vitamine K1 (1 mg/l) + 5 % de sang. Pour certaines espèces, d autres suppléments (bicarbonate de sodium 1 mg/l, hémine 5 mg/l) sont utilisés. Ensemencement méthode de dilution : déposer 2 à 3 µl de la suspension inoculum (McFarland 0,5), soit ~ 10 5 UFC par spot. méthode de diffusion : ensemencer la suspension inoculum (McFarland 1) par écouvillonnage. Lecture Après 48 h d incubation à 3537 C en atmosphère anaérobie (chambre ou jarre), si la croissance est suffisante. Pour la clindamycine, le test doit être lu impérativement après 48 h d incubation. 7

8 2. 2. CONTOLE DE QUALITE INTENE Un contrôle de qualité interne doit être organisé pour s assurer de la validité des résultats obtenus. Les souches de référence recommandées sont les suivantes : Escherichia coli CIP 7624 (ATCC 25922), Pseudomonas aeruginosa CIP 76110 (ATCC 27853), Staphylococcus aureus CIP 7625 (ATCC 25923), Providencia stuartii CIP 107808, Streptococcus pneumoniae CIP 104485 Tableau II A Limites acceptables des diamètres d inhibition (mm) obtenus par diffusion en gélose (moyennes + 1 écarttype calculés sur 400 tests) 8 Pénicilline G Oxacilline Amoxicilline Amoxicilline/ac. clavulanique Ticarcilline Pipéracilline Céfalotine Céfoxitine Céfotaxime Ceftazidime Imipénème Gentamicine Tobramycine Amikacine Acide nalidixique Péfloxacine Ciprofloxacine Triméthoprime/sulfaméthoxazole (cotrimoxazole) Erythromycine Lincomycine Pristinamycine ifampicine Acide fusidique Fosfomycine Colistine Vancomycine Teicoplanine Charge du disque 6 µg (10 UI) 2 20/ 7 7 1 (10 UI) 1,25/23,7 15 UI 1 1 50 µg 50 µg Escherichia coli CIP 7624 22,0 26,5 22,0 27,0 18,0 23,0 32,5 37,5 22,0 26,5 21,5 26,0 25,5 30,5 29,0 35,5 31,0 38,0 25,5 30, 5 Pseudomonas aeruginosa CIP 76110 25,0 30,5 27,5 32,5 25,5 31,5 24,5 29,5 15,5 22,5 20,5 26,5 20,0 26,0 29,0 36,5 17,0 22,0 Staphylococcus aureus CIP 7625 31,0 38,5 27,0 34,0 28 35 24,0 28,5 25,5 29,5 28,0 32,5 26,5 31,5 24,5 29,5 26,5 32,0 34,0 39,0 28,5 34,5 24,0 35,0 17,5 20,5 17,0 20,0 Providencia stuartii CIP 107808 6,0 7,0 6,0 8,0 6,0 6,5 25,0 32,0 13,0 17,0 24,5 29,0 6,0 7,5 17,5 22,5 Tableau II B : Limites acceptables des CMI (mg/l) des bêtalactamines chez Streptococcus pneumoniae CIP 104485 (résultats de 15 observatoires régionaux) Pénicilline G Amoxicilline Céfotaxime 0,125 0,500 mg/l 0,030 0,125 mg/l 0,030 0,250 mg/l

2. 3. Concentrations et diamètres pour les diverses classes d antibiotiques (Tableau III) Charge du disque Concentrations (mg/l) S Diamètres (mm) S PENICILLINES Pénicilline G 6 µg (10 UI) 0,25 29 < 18 Ampicilline >8 21 < 16 Ampicilline/sulbactam 10/ /8 /8 21 < 16 Amoxicilline 2 23 < 16 Amoxicilline/ac. clavulanique 20/ /2 /2 23 < 16 Ticarcilline Ticarcilline/ac. clavulanique 7 75/ /2 6 6/2 24 24 < 22 < 22 Pipéracilline Pipéracilline/tazobactam 7 75/ 6 6 < 18 < 18 9 CABAPENEMES Imipénème Méropénème Ertapénème Doripénème 24 28 24 < 15 < 26 < 19 MONOBACTAME Aztréonam 23 < 21 9

10 Tableau III (suite) 10 Charge du disque CEPHALOSPOINES (Voie parentérale) Céfazoline Céfalotine Céfamandole Céfuroxime Céfoxitine Céfotiam Céfopérazone Céfotaxime Ceftriaxone Ceftazidime Céfépime Cefpirome Latamoxef Concentrations (mg/l) S Diamètres (mm) S > 32 18 < 12 > 32 < 15 25 < 22 > 32 < 15 > 32 < 15 > 32 21 < 14 > 32 26 26 21 21 21 23 < 23 < 23 < 19 < 19 < 19 CEPHALOSPOINES (Voie orale) Céfadroxil Céfalexine Céfradine Céfaclor Céfatrizine Loracarbef Céfuroximeaxétil Céfotiamhéxétil Céfixime Cefpodoximeproxétil > 32 > 32 > 32 18 18 18 23 26 25 24 < 12 < 12 < 12 < 16 < 15 < 15 < 20 < 19 < 22 < 21

Tableau III (suite) 11 AMINOSIDES Streptomycine streptocoques, entérocoques autres bactéries Gentamicine streptocoques, entérocoques autres bactéries Nétilmicine Kanamycine streptocoques, entérocoques autres bactéries Tobramycine Amikacine Spectinomycine (Neisseria gonorrhoeae) Charge du disque 500 µg 10 UI 500 µg 1 (10 UI) 1000 µg 30 UI 100 µg Concentrations (mg/l) S 50 50 50 64 > 500 6 > 500 > 500 6 6 > 64 14 15 17 18 21 14 17 18 17 20 Diamètres (mm) S < 12 < 13 < 11 < 16 < 19 < 10 < 15 < 16 < 15 < 20 PHENICOLES Chloramphénicol 6 23 < 19 TETACYCLINES Tétracycline Oxytétracycline Doxycycline Minocycline Tigécycline 30 UI 30 UI 30 UI 30 UI 1 0,25 > 0,5 19 19 19 19 < 22 11

12 Tableau III (suite) Erythromycine Dirithromycine Azithromycine Spiramycine MACOLIDES Charge du disque 15 UI 1 1 100 µg Concentrations (mg/l) S 0,12 Diamètres (mm) S 28 24 KETOLIDES Télithromycine 1 21 < 16 < 19 LINCOSAMIDES Lincomycine Clindamycine 1 2 UI 21 15 < 15 12 STEPTOGAMINES Pristinamycine Quinupristinedalfopristine 1 1 25 < 19 < 19 OXAZOLIDINONES Linézolide 28 < 24 GLYCOPEPTIDES Teicoplanine Vancomycine 17 17 Bacitracine Colistine POLYPEPTIDES 1 50 µg 15 15 < 15 < 15 SULFAMIDESTIMETHOPIME Sulfamides Triméthoprime Triméthoprime/sulfaméthoxazole 200 µg 1,25/23,7 64 /38 56 /152 17 16 16 < 12 < 12 < 10

Tableau III (suite) Charge du disque Concentrations (mg/l) Diamètres (mm) S S NITOFUANES 300 µg 64 > 64 15 < 15 QUINOLONES Acide oxolinique Fluméquine Acide nalidixique Acide pipémidique Acide piromidique 20 µg 2 6 6 6 > 32 20 25 20 19 20 < 21 < 15 < 14 < 16 13 FLUOOQUINOLONES Ciprofloxacine Enoxacine Lévofloxacine Loméfloxacine Moxifloxacine Norfloxacine Ofloxacine Péfloxacine Sparfloxacine 25 20 24 25 25 20 < 22 < 19 < 19 < 21 < 22 < 22 < 16 < 16 13

14 Tableau III (suite) Charge du disque Concentrations (mg/l) S Diamètres (mm) S DIVES Acide fusidique 6 < 15 Fosfomycine 50 µg + 50 µg G6P 32 > 32 14 < 14 Métronidazole Comprimé 16 µg < 21 Nitroxoline 20 µg > 32 30 < 12 14 ifampicine 6 19 < 14 Mupirocine 19

3. ESISTANCES NATUELLES AUX ANTIBIOTIQUES DES PINCIPALES ESPECES BACTEIENNES D INTEET MEDICAL La résistance naturelle est caractéristique d une espèce bactérienne. Elle délimite le spectre naturel de l antibiotique et constitue une aide à l identification. La résistance naturelle se traduit habituellement par des CMI supérieures à la valeur critique basse de concentration (c) de l antibiotique concerné. Les quelques souches apparemment sensibles aux antibiotiques auxquels l espèce est naturellement résistante devraient donc être interprétées «I». 3. 1. Bacilles à Gram négatif non exigeants Pénicilline G, oxacilline, macrolides, kétolides, lincosamides, streptogramines, acide fusidique, glycopeptides, oxazolidinones, lipopeptides. 3.1.1. Entérobactéries Tableau IV ésistance naturelle chez les entérobactéries. 15 Espèces AM AMC TIC/ PIP Klebsiella spp. E. hermanii C. koseri C. freundii E. cloacae E. aerogenes H. alvei S. marcescens P. mirabilis P. vulgaris, P. penneri M. morganii P. stuartii P. rettgeri Y. enterocolitica C1G FOX CTT MA CXM GM TET COL FT : résistance naturelle AM : aminopénicillines ; AMC : amoxicilline + acide clavulanique ; TIC : ticarcilline ; PIP : pipéracilline C1G : céphalosporines de 1 ère génération ; FOX : céfoxitine ; CTT : céfotétan ; MA : céfamandole ; CXM : céfuroxime ; GM : gentamicine ; TET : tétracyclines y compris la tigécycline ; COL : colistine, polymyxine B ; FT : nitrofuranes. 15

16 3.1.2. Bacilles à Gram négatif non fermentaires Tableau V ésistance naturelle chez les bacilles à Gram négatif non fermentaires. Espèces TIC TCC PIP CTX CAZ IPM QUI C TMP FOS COL S. maltophilia B. cepacia A. denitrificans C. meningosepticum O. anthropi : résistance naturelle TIC : ticarcilline ; TCC : ticarcilline + ac. clavulanique ; PIP: pipéracilline ; CTX: céfotaxime ; CAZ : ceftazidime ; IPM : imipénème ; QUI : quinolones; C : chloramphénicol ; TMP: triméthoprime ; FOS : fosfomycine ; COL : colistine, polymyxine B. 16 Pseudomonas aeruginosa : aminopénicillines, céphalosporines 1 ere et 2 eme génération, céfixime, céfuroxime, céfotaxime, ceftriaxone, ertapénème, kanamycine, tétracyclines, chloramphénicol, triméthoprime, quinolones. Acinetobacter baumannii, Acinetobacter calcoaceticus : aminopénicillines, aztréonam, céphalosporines 1 ere et 2 eme génération, ertapénème, fosfomycine, triméthoprime, furanes. S. maltophilia La résistance intrinsèque aux aminosides est observée uniquement après incubation à 30 C. Interpréter I, un résultat S obtenu après incubation à 37 C. Aeromonas Aminopénicillines (sauf Aeromonas trota), céphalosporines de 1 ere et de 2 eme génération (sauf Aeromonas veronii), ertapénème. Autres bacilles à Gram négatif non fermentaires : aminopénicillines, céphalosporines 1 ere et 2 eme génération, ertapénème. Voir aussi le tableau V. 3. 2. Bacilles à Gram négatif exigeants Haemophilus : macrolides (cycle à 16 atomes : spiramycine, josamycine, midécamycine), lincosamides. Campylobacter : aztréonam, novobiocine, streptogramines, triméthoprime, glycopeptides. Campylobacter jejuni, Campylobacter coli et Campylobacter lari : céphalosporines de 1 ere génération. Campylobacter fetus et Campylobacter lari : quinolones.

3. 3. Coques à Gram positif Mécillinam, aztréonam, quinolones, colistine. Branhamella catarrhalis : lincosamides, triméthoprime. Moraxella : triméthoprime. 17 Staphylococcus saprophyticus : fosfomycine, novobiocine. Staphylococcus cohnii et Staphylococcus xylosus : novobiocine, lincomycine. Micrococcus : furanes. Streptococcus (dont Streptococcus pneumoniae) : aminoglycosides (bas niveau), péfloxacine. Enterococcus : oxacilline, céphalosporines, ertapénème, aminosides (bas niveau), péfloxacine, fosfomycine (bas niveau), sulfamides. Enterococcus faecalis : lincosamides, streptogramines A. Enterococcus gallinarum Enterococcus casseliflavus / flavescens : vancomycine 1. Pediococcus Leuconostoc : glycopeptides. 1 (voir introduction page 15) 3. 4. Bacilles à Gram positif Mécillinam, aztréonam, colistine, polymyxine B, quinolones. Listeria monocytogenes : oxacilline, céphalosporines, lincosamides, fosfomycine, fluoroquinolones (bas niveau). Erysipelothrix rhusiopathiae : glycopeptides. Corynebacterium urealyticum Corynebacterium jeikeium : bêtalactamines, aminosides, macrolides, lincosamides, sulfamides. hodococcus equi : streptogramines, lincosamides. Bacillus cereus : pénicilline G, amino et carboxy pénicillines, céphalosporines. Nocardia asteroides Nocardia farcinica : triméthoprime, vancomycine, rifampicine, fluoroquinolones. Lactobacillus : sulfamides. Lactobacillus hétérofermentaires : glycopeptides. 3. 6. Bactéries anaérobies strictes Aminosides, aztréonam (sauf Fusobacterium), triméthoprime, quinolones. Bacteroides du groupe fragilis : aminopénicillines, céphalosporines 1 ere génération, céfamandole, céfuroxime, colistine, polymyxine B, glycopeptides, fosfomycine. Prevotella : glycopeptides, fosfomycine. Porphyromonas : fosfomycine, colistine, polymyxine B. Fusobacterium : macrolides (bas niveau). Fusobacterium varium Fusobacterium mortiferum : rifampicine. Clostridium Eubacterium Peptostreptococcus : colistine, polymyxine B, fosfomycine. Clostridium difficile : céphalosporines. Clostridium innocuum : vancomycine (bas niveau). Actinomyces Propionibacterium : céphalosporines 1 ère génération, nitroimidazoles, ornidazole. Mobiluncus : nitroimidazoles. Veillonella : macrolides (bas niveau), glycopeptides. 3. 5. Coques à Gram négatif Bacillus cereus : pénicilline G, amino et carboxy pénicillines, céphalosporines. Nocardia asteroides Nocardia farcinica : triméthoprime, vancomycine, rifampicine, fluoroquinolones. Lactobacillus : sulfamides. Lactobacillus hétérofermentaires : glycopeptides. Neisseria : triméthoprime, glycopeptides. Neisseria meningitidis Neisseria gonorrhoeae : lincosamides, colistine, polymyxine B. 17

18 4. ANTIBIOTIQUES À TESTE, CONCENTATIONS, DIAMÈTES CITIQUES ET ÈGLES DE LECTUE INTEPÉTATIVE SPÉCIFIQUES Chaque molécule (ou son équivalent) est représentative d une classe d antibiotiques. Deux listes distinctes (ne préjugeant pas de la technique utilisée) sont présentées : Liste standard Cette liste comprend les antibiotiques nécessaires à l orientation thérapeutique, en fonction des indications cliniques et de la prévalence de la résistance acquise. 18 Liste complémentaire Cette liste comprend les antibiotiques plus spécifiquement utilisés visàvis des souches multirésistantes, la surveillance épidémiologique de la résistance ou l aide à l interprétation des résultats de l antibiogramme. Il n est pas utile de tester en routine d autres molécules que celles mentionnées dans les listes standard et complémentaire par espèce ou groupe bactérien, mais le choix des antibiotiques de la liste standard peut être adapté par chaque laboratoire en fonction des schémas thérapeutiques de première intention retenus par le Comité du Médicament ou des données épidémiologiques locales.

4. 1. Enterobacteriaceae 4.1.1. à tester (Tableau VI) Liste standard Amoxicilline ou ampicilline Amoxicilline/ac. clavulanique ou ampicilline/sulbactam Mécillinam Céfalotine Céfoxitine Ceftriaxone ou céfotaxime Enterobacteriaceae Liste complémentaire Ticarcilline Ticarcilline/ac. clavulanique Pipéracilline Pipéracilline/tazobactam Céfamandole Céfuroxime Latamoxef Ceftazidime Céfépime ou cefpirome Aztréonam 19 Céfixime Imipénème ou méropénème Ertapénème Gentamicine Amikacine Acide nalidixique Norfloxacine Ciprofloxacine Cotrimoxazole Nitrofuranes Fosfomycine Kanamycine Tobramycine Nétilmicine Chloramphénicol Tétracycline Minocycline Tigécycline Péfloxacine ou ofloxacine Sulfamides Triméthoprime Colistine Azithromycine 19 Enterobacteriaceae

20 Enterobacteriaceae 4.1.2. Concentrations, diamètres et règles de lecture interprétative (Tableau VII) Ampicilline Amoxicilline Charge du disque 2 Concentrations (mg/l) S Diamètres (mm) S 19 < 16 21 < 16 emarques Interprétation valable pour bacampicilline, pivampicilline. Cf. règle (1) Cf. règle (1) Ampicilline/sulbactam 10/ /8 /8 19 < 16 Amoxicilline/ac. clavulanique Ticarcilline 20/ 7 /2 /2 16 21 24 < 16 < 22 Cf. règle (3). Interprétation valable pour un traitement intraveineux. Cf. règles (1) et (2). Ticarcilline/ac. clavulanique Pipéracilline 75/ 7 /2 6/2 6 24 20 < 22 < 16 Interprétation valable pour un traitement intraveineux. Cf. règles (1) et (2). 20 Pipéracilline/tazobactam Mécillinam Imipénème Méropénème Ertapénème Doripénème 75/ /4 6/4 21 24 24 28 24 < 22 < 15 < 26 < 19 Interprétation valable uniquement pour les souches isolées des urines. Voir note en annexe 1 : lettre d information (p.56) Déterminer la CMI en cas de résistance par diffusion à l ertapénème avec sensibilité à l imipénème. Aztréonam 27 < 21 Cf. règle (3). ègles de lecture interprétative (1). Interpréter I un résultat S aux carboxy et/ou aux uréidopénicillines chez Proteus mirabilis aux aminopénicillines. (2). Interpréter I un résultat S aux uréidopénicillines chez toute entérobactérie I ou aux carboxypénicillines.