Littérature La 4è Apetahi a remporté le prix scolaire du concours de nouvelles fantastiques organisé en novembre par l association «Lire sous le vent». Le voyage était le thème requis pour la rédaction de cette nouvelle. Un grand bravo aux élèves et à leur professeur M. Sidolle qui les a accompagnés et soutenus dans ce projet! Voici la production de nos lauréats : Premier voyage Un soir de pleine lune, le 31 octobre, Taylor se rendit à la gare Saint-Charles de Marseille pour prendre un TGV de nuit à destination de Paris. Taylor était un jeune homme de dix-huit ans, qui souhaitait poursuivre ses études à l université de la Sorbonne. Il allait pour la première fois à la faculté et il s agissait là de son premier voyage en train à grande vitesse et de son premier séjour à Paris. Le Marseillais était très excité, un peu nerveux, mais aussi très heureux de ce changement de vie. Il s installa dans un café et remarqua toutes les décorations qui avaient été faites pour Halloween. Au bout de dix minutes, le train arriva et Taylor se rendit sur le quai. Il chercha longuement le numéro de sa voiture, monta et constata qu il était seul. Le jeune homme se réjouit d être au calme car il était fatigué et avait envie de se reposer. Le train démarra, Taylor s installa confortablement sur son fauteuil pour s endormir. Mais presqu aussitôt, surpris par le rythme saccadé du train en marche, il rouvrit les yeux et s aperçut qu il faisait très sombre et froid. Il sortit un pull de son sac à dos puis ferma les rideaux car il ressentit tout à coup comme une présence très proche, sans savoir exactement ni où elle se trouvait, ni ce que c était. Troublé, Taylor ne put se rendormir. Il commença à s agiter puis se leva pour aller aux toilettes. Les faibles lumières de sa voiture se mirent à clignoter. Soudain, il crut voir une personne assise sur le siège voisin du sien. Il se demande s il ne rêvait pas. Comment ce vieillard était-il parvenu là, à côté de lui, sans qu il ne s en soit aperçu? Etait-ce une réalité ou était-il victime d une hallucination? Si cet homme était réel, pourquoi serait-il venu s asseoir juste à côté de lui, alors que la voiture était déserte? Que lui voulait-il? Pourtant, lorsqu il regarda plus loin, le jeune homme s aperçut qu il s était trompé car à présent la voiture était bondée. Qui étaient tous ces gens? D où venaient-ils? Se pourrait-il qu il se soit endormi assez longtemps et que le train se soit déjà arrêté. Pourtant, il n avait pas l impression d avoir vraiment fermé les yeux depuis le départ. Il vérifia sa montre mais il vit que cela ne faisait que douze minutes que son train avait quitté Saint-Charles. Il sortit alors dans le couloir et avança vers le fond du train tout en observant les nouveaux passagers. Ceux-ci avaient un aspect terrifiant, leur regard était vide, froid. Taylor en eut des frissons partout dans le corps. Il poursuivit son chemin, personne ne semblait faire attention à lui, alors qu il les dévisageait tous. Le jeune marseillais était de plus en plus effrayé, il décida de retourner à sa place. Mais au moment de se rasseoir, il se trouva face à une femme portant un enfant sur ses genoux, qui occupait son siège. Elle était vêtue d une robe blanche, était très pâle et ses cheveux noirs tombaient jusque sur le sol. Taylor osa à peine lui parler mais il lui demande tout de même : «Pardon Madame, je pense que vous vous êtes trompée de siège, je suis normalement assis ici.» Mais elle ne lui prêta aucune attention. Taylor eut l impression de ne pas exister. Il lui reposa sa question mais en vain. La dame en blanc resta muette. Mais soudainement, elle se leva et Taylor eut la surprise horrifiée de la voir disparaître à travers la cloison et la fenêtre de la voiture. Stupéfait, Taylor recula dans le couloir et cette fois il courut jusqu aux toilettes. Là, il se reprit un peu, s aspergea un peu d eau sur le visage car il n arrivait pas à croire ce qu il avait vu. Que se passait-il? Comment cette femme, qui paraissait si réelle, avait-elle pu disparaître ainsi, d un coup? Il se frotta les yeux, se pinça la main. Non, il ne rêvait pas, il était bien éveillé. Après quelques minutes d angoisse pendant lesquelles il se demanda ce qu il allait faire, Taylor se décida à sortir des toilettes. La voiture était à nouveau vide de passagers. Il n y avait plus personne. Il retourna à sa place, soulagé de voir qu il avait sans doute été victime d une illusion ou d un mauvais rêve. Mais en s asseyant, le Marseillais sentit quelque chose sous lui. Il se releva et trouva un journal posé sur l assise de son fauteuil. Comment ne l avait-il pas remarqué avant? Surpris, il le déplia et regarda la une. Il lit le gros titre : «ATTENTAT DANS UN TGV». En-dessous, une grande photographie en couleur montrait la voiture d un TGV complètement déchiquetée. Choqué, Taylor alla rapidement aux pages centrales dont les numéros étaient indiquées à la une. Il découvrit avec horreur les détails du drame. La voiture concernée portait le numéro dix, comme la sienne. Le TGV était un Marseille-Paris, comme le sien. Parmi les victimes se trouvaient de jeunes étudiants, comme lui, qui se rendaient à Paris pour la première fois. Le malheur avait eu lieu un soir du 31 octobre, quatre ans auparavant. Oui, il s en souvenait maintenant. L explosion avait eu lieu seulement douze minutes après le départ du train. Taylor fut effrayé par cette découverte, mais ce n était pas tout. En bas de page se trouvaient quelques photographies de victimes. L une d elles lui glaça le sang car il reconnut, du premier coup d œil, la femme et le bébé qui étaient assis à sa place quelques minutes auparavant. 6