Ref. Ares(2014)3233501-01/10/2014 Etude sur la performance et l efficacité de la gestion d actifs de l Union Européenne Résumé Etude réalisée pour la Commission Européenne (DG Marché Intérieur et Services) et le Groupe d utilisateurs de services financiers (Financial Services User Group - FSUG) Août 2014 Didier Davydoff, IODS Michael Klages, IODS
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Cette étude présente les résultats de notre recherche sur la performance et l efficacité de l industrie de la gestion d actifs dans l Union Européenne, du point de vue de l investisseur final. La gestion d actifs professionnelle comprend la gestion des fonds d investissement et la gestion d actifs déléguée dans le cadre d un mandat. Nous avons calculé des statistiques détaillées sur les performances et les charges des fonds d investissement, nous avons présenté des questions importantes sur la transparence, les conflits d intérêts, les structures du marché et les comportements des investisseurs qui ont un impact sur les performances d investissement. Nous avons évalué le niveau de satisfaction des consommateurs et la performance globale des actifs gérés par des professionnels. Nous avons construit des indicateurs de performance des fonds, en termes réels et en termes nominaux sur la période 2003-2012, décomposés par type de fonds et par univers d investissement. Les indicateurs sont calculés nets de charges et des simulations ont été effectuées pour prendre en compte les coûts additionnels d entrée et de sortie liés aux comportements de rotation des portefeuilles des investisseurs. Les performances ont été comparées à des benchmarks pertinents, définis comme l évolution du niveau de l indice correspondant, diminué du niveau de charges correspondant aux fonds passifs. Pour les fonds actions, nous trouvons que quatre pays ont enregistré des performances annuelles réelles négatives, avec des performances particulièrement mauvaises (-6%) pour les consommateurs en Slovaquie et en Grèce. A l inverse, l investissement initial a progressé en termes réels dans dix pays, les meilleurs résultats étant enregistrés en Allemagne, au Danemark et en Suède (7%). Par rapports à leur benchmark, sept catégories de fonds actions ont enregistré une surperformance et huit une sous-performance. Les fonds actions qui investissent en Finlande ont fortement surperformé leur indice de référence (5.3%), tandis que les fonds actions qui investissent en Roumanie ont sous-performé leur indice de référence (-5.3%). Sur/sous-performance annuelle moyenne des fonds actions par rapport à leur benchmark selon leur univers d investissement (2003-2012) 3
Les fonds obligations et les fonds diversifiés ayant un univers d investissement européen ont réalisé une performance annuelle moyenne réelle de 1% et 0% respectivement, tandis que les fonds monétaires avec un univers d investissement européen ont perdu 1%. Les performances réelles annuelles moyennes des fonds d investissement alternatifs s échelonnent de 2% (pour les fonds de fonds) à 8% (pour les hedge funds). Nous avons établi des statistiques sur les frais maximum selon le type de fonds, en fonction du pays de domiciliation, et en distinguant, lorsque c est possible, fonds actifs et fonds passifs. Pour les fonds actions de l Union Européenne, nous trouvons que les frais d entrée sont beaucoup plus élevés (4%) que les frais de sortie (1,8%) lorsqu ils existent et que les investisseurs pourraient en partie bénéficier d économies d échelle en investissant dans des fonds de plus grande taille. Les frais de gestion des fonds passifs sont inférieurs d un tiers environ à ceux des fonds actifs, mais il faudrait distinguer, parmi les fonds passifs, entre les ETF des autres fonds indiciels. En ce qui concerne les fonds obligations, les frais d entrée moyens sont deux fois plus élevés que les frais de sortie, mais l ensemble de leurs frais sont, de manière générale, inférieurs à ceux des fonds actions. Les frais des fonds diversifiés de l Union Européenne atteignent presque ceux des fonds actions. Nous avons calculé le coefficient de corrélation entre les performances annuelles des fonds et le niveau de frais maximum appliqué aux investisseurs. Cette corrélation est nulle pour tous les types de frais (frais d entrée, de gestion, de sortie), et donc les fonds ayant des frais élevés ne peuvent le justifier auprès des consommateurs par des performances supérieures à la moyenne. Les investisseurs particuliers bénéficient peu des frais faibles des fonds indiciels, car ces derniers ne représentent pas plus de 2% du montant total des actifs des fonds de l Union Européenne, et sont actuellement, en Europe, plus vendus aux investisseurs institutionnels qu aux particuliers. Nous avons évalué la capacité des gérants en matière d allocation d actifs et de «market timing», en comparant les fonds flexibles, dont l allocation d actifs est décidée par le gérant, avec les fonds diversifiés qui sont habituellement benchmarkés par rapport à une combinaison fixe d indices spécifiques. Sur la période 2003-2012, les fonds flexible n ont surperformé les fonds diversifiés qu une année, celle de la crise en 2008. Deux questions importantes peuvent avoir un impact sur l efficacité de la gestion d actifs dans l Union Européenne : l information sur les frais, et les conflits d intérêt résultant des conditions de rémunération des gérants de portefeuille et des distributeurs. Les informations décisives sur les OPCVM, comme le détail des coûts (coûts d entrée et de sortie, frais courants, commissions de performance et coûts de transactions de l année précédente), doivent être divulguées dans le Document d Information Clé pour l Investisseur (DICI). Il faudra s assurer que les clients reçoivent effectivement le DICI avant la souscription et qu il n y a pas d incohérences entre l information légale et l information commerciale. Les conflits d intérêt peuvent naître des incitations payées par les sociétés de gestion de portefeuille aux distributeurs, dans la mesure où ces derniers peuvent être incités à vendre des produits qui ne répondent pas aux intérêts du client final. MIFID II pose des limites aux commissions que les conseillers indépendants peuvent recevoir de tiers. L impact de la nouvelle réglementation reste à déterminer, en particulier dans les pays où les conseillers financiers jouent un rôle peu important par rapport aux banques universelles. 4
La confiance des consommateurs dans les sociétés de gestion d actifs est, de manière générale, difficile à évaluer mais l Indicateur de Performance du Marché (IPM) pour le «Marché des produits d investissement, des produits de retraite et des titres» dans les «Tableaux de bord des consommateurs» de la Commission Européenne, fournit une bonne indication du niveau de satisfaction et de confiance des consommateurs à l égard des professionnels de l investissement. Dans huit pays le Marché des produits d investissement, des produits de retraite et des titres est classé en dernière position parmi tous les marchés de produits et de services. Dans tous les pays sauf Malte, il est classé après le quarantième rang, parmi les 52 marchés de biens et services. Le montant des actifs gérés par des professionnels représente environ 10 000 milliards d euros depuis 2006, dont 15% en fonds d investissement et 85% en fonds de pension ou contrats d assurance vie. Beaucoup de petites sociétés de gestion entrepreneuriales ont été créées dans la dernière décennie. Cette tendance stimule la concurrence et l innovation, mais la fragmentation de la branche d activité pousse aussi les prix à la hausse. Le poids relatif des fonds domiciliés dans un pays autre que celui des investisseurs a augmenté considérablement dans les dernières années. Les tendances récentes de la gestion d actifs brouillent les frontières de la gestion active et passive. La concurrence entre les gérants de portefeuille s est ainsi déplacée vers la mise en œuvre d algorithmes efficients, en remplacement des indices traditionnels («smart beta»). Enfin, nous avons construit un modèle mesurant le résultat global de la gestion d actifs du point de vue des utilisateurs finaux de services financiers, que ce soit à travers des fonds d investissement détenus en direct ou à travers l assurance vie ou les fonds de pension. L approche développée dans notre modèle est macroéconomique, sur la base des données officielles établies selon la méthodologie européenne des comptes nationaux (SEC 95). Les indices pays que nous avons calculés sont des proxy acceptables de la valeur sociale apportée par les gestionnaires d actifs à leurs clients. Sur la période la plus longue, de 1995 à 2012, nous trouvons des performances réelles annuelles s échelonnant de -2,1% en Slovaquie à +4,7% aux Pays-Bas. Sur cette période de 17 années, trois pays (la Slovaquie, l Italie et l Espagne) ont enregistré des performances négatives. Les pays qui ont des dispositifs de retraite préfinancés importants (Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède) tendent à avoir de meilleures performances que les pays où l assurance vie individuelle domine, car les fonds de pension ont un pourcentage élevé d actions et ces dernières ont enregistré de meilleures performances que les produits de taux d intérêt sur une longue période. L analyse d une période plus courte (2007-2012) permet de mesurer l impact de la crise financière et de couvrir tous les pays, y compris ceux pour lesquels les données n étaient pas disponibles dans la période précédente. Sur cette période, trois pays le Luxembourg, les Pays-Bas et le Danemark - enregistrent une performance annuelle moyenne (nette de l inflation) de 3% environ, et s opposent à tous les autres pays dont les performances s échelonnent de -1,4% à +0,7%. 5