QUAND UNE CONSIGNE DEVIENT ELLE THERAPEUTIQUE? Du Coaching aux Thérapies Comportementales et Cognitives Benoît MELET (Paris) Dr DINTRANS Jean Roger (Paris)
I Les quatre champs du coaching L univers sportif L univers professionnel L univers personnel (life coaching) L univers des marques
II Définitions et rôle du coach «Accompagnement de personnes ou d équipes pour le développement de leurs potentiels et de leurs savoir-faire dans le cadre d objectifs professionnels» (SF Coach) «La valeur ajoutée du coach réside dans sa capacité à stimuler chez la personne coachée la recherche d une solution créative et adaptée à partir de ses propres capacités et de la situation, sans l influencer» «Le coaching professionnel se définit comme une relation continue qui permet au client d obtenir des résultats concrets et mesurables dans sa vie professionnelle et personnelle» (ICF France)
III Les constantes du coaching personnel et professionnel Une contractualisation fondée sur des objectifs partagés La croyance dans les capacités du coaché et la reconnaissance d un potentiel à développer (renforce sa confiance personnelle) La sollicitation des ressources propres du coaché : la «solution» est chez lui
III Les constantes (suite) La prise en compte de la maturité de la personne et du contexte dans lequel elle évolue La recherche de résultats observables et mesurables par la personne et son entourage; la référence à une performance à stimuler Le souci du développement de l autonomie responsable du sujet
IV La démarche méthodologique Analyser la demande, fixer des objectifs et mettre en place un cadre Etablir un diagnostic selon la ou les «grille (s) de lecture» du coach Créer l alliance de travail, préalable sans lequel il n y a pas de processus Favoriser une prise de recul sur la situation vécue
IV La démarche méthodologique (suite) Rechercher les prises de conscience par le coaché de ses mécanismes de fonctionnement et de leurs effets dans son environnement Susciter chez le coaché la recherche active d autres manières d agir Favoriser les expérimentations concrètes
V Le métier de coach Le coach n est pas : Un psychothérapeute Un conseiller Un mentor ou un tuteur Un guide Un directeur de conscience
VI La consigne La nature des interventions dépend du référentiel et de la théorie du changement du coach C est une forme d interprétation traduisant ce que le coach a perçu, ressenti, compris Elle nécessite, dans sa formulation, des précautions pour ne pas devenir un enjeu relationnel
VI La consigne (suite) Elle peut prendre différentes formes : Formulée par le coach comme synthèse des actions à entreprendre Formulée par le coaché : ce qu il retient del entretien Demeurer implicite Echapper au coach : par manque de conscience de ce que l utilisation d une méthode ou d un référentiel induit Relever de l injonction paradoxale : ne peut être prise en compte en l état, provoque un travail psychique
VII Quelques convictions Le recours à une diversité de modèles théoriques et d outils Le principe d une économie d interventions du coach L attention au risque d intervention dommageable Pas ou peu de consigne: ne pas stimuler le transfert et le glissement vers un enjeu relationnel
VII Quelques convictions Que la mise en oeuvre ou non de la consigne ne se transforme pas en défi L important, c est ce que le coaché s approprie. Il n y a de changement que spontané Maintien de l imprédictibilité du coach L exception de l injonction paradoxale
Consigne: De consignare=marquer d un sceau Avant le 17 ième s. : ce qui est déposé par écrit Après le 17 ième s. : agent chargé de surveiller les mouvements des personnes et des marchandises De nos jours en contexte militaire puis en contexte scolaire: une défense de sortir par mesure coercitive
Thérapeutique: de therapeutikos: qui prend soin de de therapeuein: prendre soin, servir (un dieu) Therapôn: écuyer/serviteur d un guerrier (dans les textes homériques) qui prend soin
Thérapeute: De Therapeutês: serviteur, adorateur À partir du 19 ième s. : Personne qui soigne les malades, spécialisés dès ses premiers emplois dans un contexte psychologique
Consigne: qui est marqué d un sceau, surveiller, punir Thérapeutique/thérapeute: écuyer, servir, prendre soin, soigner
Comme bien souvent la réponse semble contenue dans la question: Une consigne en soi, sauf à être «paradoxale», ne serait jamais thérapeutique
Où se déplace alors la question? Sans doute sur le processus considéré: qu est ce qu être thérapeutique? qu est ce qui est thérapeutique?
Fondements/Champs de validité des TCC
Les TCC sont issues du rapprochement entre neurosciences, neuropsychologie clinique et psychologie scientifique conçue comme science du comportement observable sans référence à la conscience phénoménologique
«Je ne me suis jamais glissé, fut ce subrepticement, à l intérieur de mes personnages» J. KONRAD
Spécificités des TCC
Le comportement au sens de «séquence comportementale observable» n est pas conçu comme le signe ou le symptôme d un état sous jacent mais comme le trouble à part entière.
alliance thérapeutique avec coopération, contrat, implication active du thérapeute fixé dans une place de «réparation» Attitude du thérapeute : active, directive, chaleureuse, empathique et pédagogique La thérapeute est à la fois un modèle et un partenaire qui informe, explique, encourage et donc renforce, motive et promeut une attitude active
L adhésion du patient est prérequise/nécessaire: Le processus thérapeutique, ses présupposés étiopathogéniques, son protocole, sa durée (limitée dans le temps avec séances structurées sur un agenda) sont explicités, donnant la priorité à l autonomisation du patient
Les séances sont centrées sur l «ici et maintenant» et le comportement problème ainsi que les éléments très concrets de la réalité du sujet
Les TCC explorent et cherchent à modifier le comment et les interactions actuelles avec l environnement Plutôt que le pourquoi et la remémoration/actualisation de l histoire lointaine
Les séances se concentrent sur ce qui se passe à l extérieur (notamment par le biais des tâches) Plus que sur ce qui se passe en séance
Néanmoins la restructuration cognitive demande l élucidation de la construction/historique singulière des schémas dysfonctionnels centraux
L abord des schémas dysfontionnels centraux impliquent de tenir compte des événements de vie personnels: tant anciens (facteurs de fragilisation ancienne) que récents (facteurs déclenchants et précipitants) et actuels (facteurs de maintien) En particulier: Traumas Deuils Types de modalités d attachement (schémas dysfonctionnels relationnels précoces de C. YOUNG)
Le travail en TCC comportera donc une travail de modification du «sens» accordé aux événements de vie passés ( «recontextualisation inférentielle» propres aux restructurations cognitives)
Nous ne sommes alors pas loin des processus à l œuvre dans les autres psychothérapies où sont travaillées pertes de sens et sens de la perte
De nombreuses études attribuent à l aspect technique propre d une psychothérapie Seulement 15% de son efficience Pour retenir comme facteurs principaux d efficience l aspect positif de l image du thérapeute dans l esprit du patient la communauté socio culturelle et d âge entre patient et thérapeute
il semble que cela soit dû au fait que l impact des processus spécifiquement actifs soient difficiles à mettre en évidence dans des études Importance de pouvoir les cerner
Est posée la question de ce à quoi est dû l efficience d un processus psychothérapeutique
QU EST CE QUI EST ACTIF DANS UNE PSYCHOTHERAPIE? A PARTIR DE QUAND PEUT ON PARLER DE PSYCHOTHERAPIE? QU EST CE QU ETRE THERAPEUTIQUE?