TÉMOIGNAGE DE AWA Bonjour, Je m appelle Awa Ngom et j ai 11 ans. J habite au Sénégal et je fréquente l école Pikine trois poteaux. Comme j ai sept frères et sœurs, mes parents éprouvent beaucoup de difficultés à nous envoyer à l école. C est pour ça que la Fondation Paul Gérin-Lajoie m a trouvé un parrain* qui s est engagé pour une période de six ans à payer mes frais de scolarité et mes fournitures scolaires. J aime beaucoup mon parrain, car, grâce à lui, j apprends à lire, à écrire et à compter. Cela me sera sûrement très utile lorsque je devrai apprendre un métier et subvenir aux besoins de ma famille. Ce qui est encore plus fabuleux, c est que son don permet aussi aux élèves de la classe qui ne sont pas parrainés de recevoir eux aussi du matériel scolaire. Au Sénégal, nous sommes des centaines d enfants à avoir un parrain ou une marraine. J ai aussi entendu dire qu à Haïti c était aussi le cas. Je souhaite un parrain ou une marraine à tous les enfants. Awa *Pour en connaître davantage sur le programme de parrainage de la Fondation Paul Gérin-Lajoie veuillez consulter notre site Internet www.fondationpgl.ca ou téléphoner à Émilie Dufresne au 514 288-3888 ou au 1 800 ENFANTS.
Automne 2010 Numéro 64 M A G A Z I N E D E L A F O N D A T I O N P A U L G É R I N - L A J O I E Spécial Éducation pour tous Visitez le www.fondationpgl.ca
ARDOISES MAGAZINE DE LA FONDATION PAUL GÉRIN-LAJOIE Ardoises est le lien entre la Fondation Paul Gérin-Lajoie et ses partenaires et bienfaiteurs. Ardoises est publié grâce à l appui financier de l Agence canadienne de développement international (ACDI). Dépôt légal, Bibliothèque nationale du Québec et Bibliothèque nationale du Canada ISSN 1203-6412 L ÉDUCATION POUR TOUS! CONSEIL D ADMINISTRATION Président Paul Gérin-Lajoie, C.C., G.O.Q., c.r. Vice-présidents Mamadou Ndoye Secrétaire exécutif Michel Agnaïeff Consultant en développement de politiques ADMINISTRATEURS Maryse Alcindor Administratrice d état Paul Bélanger Professeur UQÀM Elizabeth Clot Avocate Clot & Associés André d Orsonnens Président et chef de la direction Druide informatique inc. Fernand Daoust, C.Q. Conseiller principal auprès du président Fonds de solidarité des travailleurs du Québec (FTQ) Pascale Fournier Avocate/professeur adj. Université d Ottawa Bernard Gérin-Lajoie Ingénieur, Gérin-Lajoie conseils inc. Yves Masson Associé principal, Saine Marketing François Gérin-Lajoie Président Carole Gagné-Gervais Directrice générale RÉDACTION Paul Gérin-Lajoie, François Gérin-Lajoie, Nancy Corriveau, François-Étienne Paré, Coralie Jacquier RÉVISION Nancy Corriveau, Mihaela Macris GRAPHISME Conception graphique La Souris Verte Imprimé au Canada sur du papier fabriqué à 100 % de fibres de post-consommation recyclées C était en 2000, lors du Forum international de Dakar organisé par l UNESCO. Les 190 états membres de l organisme se fixaient pour objectif que tous les enfants du monde aient accès à l éducation en 2015. Aujourd hui, en 2010, bien que beaucoup d avancées aient été effectuées, l objectif ne paraît pas réalisable si les efforts ne sont pas décuplés. Partenaire de Policy Action Group on Learning dustate of the World Forum, la Fondation Paul Gérin-Lajoie a participé récemment à la réalisation d un rapport sur l éducation pour tous intitulé «Éducation pour tous : Quelle serait la clé du succès?». Ce document démontre l état actuel de l éducation dans le monde et les différentes approches possibles pour enfin atteindre l objectif ultime de l éducation pour tous. Cet objectif qui est aussi la mission première de la Fondation Paul Gérin-Lajoie se répercute dans l ensemble de ses activités telles le parrainage d écoliers au Sénégal et à Haïti, le Programme de coopérants volontaires d appui à la gouvernance, à l éducation et au développement économique à Haïti, l instauration des technologies de l information dans l enseignement par le projet Pédago-TIC au Burkina Faso et au Bénin, et les cantines scolaires au Mali, pour n en nommer que quelques-uns. Dans un tout autre ordre d idées, un gala de bienfaisance qui a remporté un franc succès s est tenu au profit de la Fondation en juin dernier. Animé avec brio par Esther Bégin et présenté par le Mouvement Desjardins cet événement a rassemblé 450 convives et a permis à la Fondation de recevoir un chèque de 210 000 $ pour poursuivre ses actions en Afrique et à Haïti. Vous trouverez en fin de numéro quelques photos de cette superbe soirée. 465, rue Saint-Jean, bureau 900 Montréal (Québec) Canada H2Y 2R6 Tél. : 514 288-3888 ou 1 800 ENFANTS (363-2687) Téléc. : 514 288-4880 www.fondationpgl.ca Paul Gérin-Lajoie Président fondateur Président du conseil d administration pgl@fondationpgl.ca François Gérin-Lajoie Président fgerinlajoie@fondationpgl.ca
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UNE SOIRÉE MÉMORABLE Paul Gérin-Lajoie et Jean Charest 6 Le 17 juin dernier avait lieu le gala de bienfaisance soulignant le 90 e anniversaire de naissance de Paul Gérin-Lajoie. Pour l occasion, plus de 450 convives, dont plusieurs députés, ministres et anciens parlementaires du gouvernement du Québec, se sont réunis à l hôtel Sheraton de Montréal. La soirée animée par Esther Bégin et ponctuée de nombreux témoignages a été empreinte de chaleur et d authenticité. Par ailleurs, cet événement a permis d amasser 210 000 $ qui seront utilisés à travers les différents projets de la Fondation en Afrique et à Haïti. Cette grande réussite a été rendue possible grâce au travail acharné du comité organisateur présidé par Éric Lemieux, vice-président Technologies Assurances de dommages au Mouvement Desjardins et composé de Bernard Cyr, administrateur de projets internationaux chez Hydro-Québec, Denis Durand, associé principal chez Jarislowsky Fraser Limitée, Jean-Paul Gagné, éditeur émérite au journal Les Affaires, François Gérin-Lajoie, président de la Fondation Paul Gérin-Lajoie, Fatima Houda-Pepin, députée de La Pinière et Première viceprésidente de l Assemblée nationale, Jean Perron, directeur général de la société d investissement Ste-Marie, Michèle Powell, vice-présidente de Montréal Aviation Services inc. et Beryl P. Wajsman, rédacteur en chef du journal The Suburban Newspapers et éditeur de la publication Le Métropolitain. En fin de soirée, Paul Gérin-Lajoie a tenu à remercier chaleureusement tous ceux qui ont offert de vibrants témoignages, soit Monsieur Jean Charest, premier ministre du Québec, Monsieur Lucien Bouchard ancien premier ministre du Québec, Madame Pauline Marois, chef de l opposition au gouvernement du Québec, Monsieur Gérald Tremblay, maire de Montréal, Monsieur Abdou Diouf, président de l Organisation internationale de la francophonie, Monsieur Pierre Pettigrew, ancien ministre des Affaires étrangères du Canada, Monsieur Sylvain Lafrance, vice-président principal des Services français à Radio-Canada ainsi que Monsieur Gregory Charles et Monsieur Yves Duteil. Même son excellence et la très honorable Michaëlle Jean, gouverneure générale du Canada a pris soin de faire parvenir une magnifique lettre pour l occasion. Cette lettre est reproduite à la page suivante. Paul Gérin-Lajoie a aussi tenu à réitérer son attachement pour les enfants et l importance de l apport de la Fondation à ce grand objectif de l éducation pour tous. «Ces enfants, je les aime profondément, d abord parce qu ils sont adorables et surtout parce qu ils sont l avenir de notre monde et qu ils méritent d avoir accès à tous les outils pour bâtir le monde de LA FONDATION VIENT EN AIDE À PLUS DE 400 000 ENFANTS CHAQUE ANNÉE. demain», a-t-il déclaré avant de poursuivre en précisant qu «aujourd hui, la Fondation vient en aide à plus de 400 000 enfants chaque année. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais les réalisations passées nous démontrent que nous savons faire la différence dans la vie de ces petits. Et des grands aussi, puisque l alphabétisation et la formation professionnelle ouvrent grandement les portes du développement aux jeunes adultes qui sont ensuite en mesure de mieux prendre soin de leurs propres enfants et de comprendre l impor tance d une éducation de qualité.» Esther Bégin, animatrice de la soirée Membres du comité organisateur Paul Gérin-Lajoie
L ÉTAT DE L ÉDUCATION? Photo : Martin Brunette Pour préparer le sujet L état de l éducation, je me suis dit : «Quoi de mieux que de demander à une personne qui a les deux mains et les deux pieds dedans?» Je fais ni une, ni deux et je téléphone à mon amie Sylvie, qui enseigne aux maternelles depuis le début de sa carrière. Et je ne vous dis pas quand sa carrière a commencé, elle me tuerait! Disons que ça fait plusieurs centaines de petits bras qui la serrent d amour en fin d année. Sylvie ne fait pas qu enseigner à des maternelles. Vraiment pas. Elle s implique dans les comités de programmes, dans les comités mixtes avec les parents, dans les comités de secteur. Elle fait partie de l équipe de rénovation de la cour d école. Elle élève trois filles. Elle mange et dort en pensant aux enfants qui l entourent en espérant ne rien oublier pour que leur vie soit la meilleure. Dans ses temps libres, quand elle en a, elle rend service. Elle est venue peindre les murs de la chambre de mon fils, quand je suis déménagé! C est un de ses chouchous, je pense, mais quand même! C est clair, c est une passionnée, une prof douée et dévouée. Elle sait très bien ce qu elle fait chaque matin. Et elle sait très bien pourquoi elle le fait. Pourtant, quand je lui demande : «Elle va comment, l éducation?», elle me répond : «Je suis tellement fatiguée!» Et... elle éclate en sanglots. Sylvie! Sylvie, la plus que prof! Sylvie, qui enseigne avec tant d aisance et de plaisir, que ça semble être un jeu pour elle... Son médecin l a envoyée au repos. Elle a refusé, bien sûr. «Deux jours. Aidez-moi à dormir... Et je vais terminer l année. Pas vrai, que je vais abandonner ma classe!» Sylvie! Puis elle se fait plus loquace. Elle me raconte les problèmes de surpopulation dans son école, sa bataille, longue, aux côtés de ses collègues, pour empêcher la création d une nouvelle classe dans une école qui ne sait plus où mettre ses élèves tellement elle en a. Elle m explique comment cette bataille s est terminée sur un demi-échec par trahison : pas de nouvelle classe, mais dépassement dans les groupes, c est-à-dire trop d élèves... ce, malgré une promesse formelle de ne pas dépasser. Elle s attarde aussi à l exigence des parents qui poussent les professeurs dans leurs derniers retranchements, demandant par lettres et comités des changements de pacotilles, alors que l essentiel est sous pression et sur le bord de l éclatement. Je la laisse parler, j écoute. Et je me dis que, sans le savoir, elle répond à ma question d une manière très éloquente. Je me dis que si Sylvie ne va pas mieux, l éducation doit être sérieusement mal en point. Et je me mets à réfléchir. Je pense aux écoles que j ai pu voir en Afrique, mal entretenues et construites avec rien. Dans ces écoles africaines, le matériel est composé de quelques manuels scolaires désuets à la couverture détruite, une grande règle et deux craies. Et quand je dis quelques manuels scolaires, deux serait un bon chiffre. Deux manuels. Deux craies. Quelque chose comme soixante-quinze élèves. Parfois plus. Assis à des tables de travail trop petites pour le nombre. De l eau potable? Pas toujours. Pas partout. C est clair. Je sais qu il ne faut pas faire de comparaison directe, parce que les réalités sont différentes, mais je me dis que les enseignant(e)s dans ces écoles d Afrique doivent, eux (elles) aussi, sentir une grande fatigue, par moments. Et je ne me peux pas m empêcher de mettre aussi dans mes pensées tous ces enfants maliens que j ai vus dans les rues et dans les champs et qui n apprendront ni à lire ni à écrire. Et ce qui me vient en tête, pensant à Sylvie et aux écoles et aux enfants, c est ceci : Avons-nous vraiment fait de l éducation une priorité, dans nos sociétés et dans notre Monde? Avonsnous lu dernièrement les articles 28 et 29 de la convention internationale des droits de l enfant? Il y a encore beaucoup à faire que je me dis. Beaucoup. François-Étienne Paré Porte-parole de la Fondation 3
L ÉDUCATION POUR TOUS! Six années nous séparent encore de l échéance fixée pour atteindre les six objectifs de l éducation pour tous convenus au Forum international de Dakar en avril 2000. Cette année est celle de la dernière chance pour les enfants qui sont en âge de compléter leur enseignement primaire en 2015. 4 Aujourd hui, 70 millions d enfants d âge scolaire n ont toujours pas accès aux bancs d école dans le monde et, de ce nombre, plus de la moitié proviennent des pays en développement. C est aussi le cas de 71 millions d adolescents dont 54 % sont des filles. Par ailleurs, 759 millions d adultes sont analphabètes et les deux tiers d entre eux sont des femmes. Si les objectifs de l éducation pour tous ont été atteints en Europe et en Amérique du Nord, il est vraisemblable de croire que Bénin Taux d alphabétisation des jeunes (15 à 24 ans) : 52 % Nombre de jeunes (15 à 24 ans) analphabètes : 875 000 Nombre d enfants non scolarisés : 31 000 ce sera aussi le cas pour l Amérique latine et les Caraïbes, l Asie centrale et pour l Europe centrale et occidentale d ici 2015. Par contre, il est plus que probable que ces objectifs ne seront pas atteints en Afrique subsaharienne, au Moyen- Orient, en Afrique du Nord et dans les régions asiatiques. C est à ce grand problème d accessibilité à l école qu a voulu s attaquer Paul Gérin- Lajoie lors de la création de la Fondation. Il a fait de l éducation pour tous plus que sa mission, il en a fait son credo. Mali Taux d alphabétisation des jeunes (15 à 24 ans) : 39 % Nombre de jeunes (15 à 24 ans) analphabètes : 57 000 Nombre d enfants non scolarisés : 862 000 Depuis 33 ans, la Fondation s évertue à faciliter l accès à l école pour les enfants d Afrique et d Haïti, que ce soit par la construction d infrastructures, par le mentorat auprès du personnel scolaire, par l intégration de nouvelles approches pédagogiques et des technologies de l information ou même par la formation professionnelle et l alphabétisation des adultes, l éducation est le cheval de bataille de la Fondation Paul Gérin-Lajoie. C est aussi aux yeux de tous, la clé vers un développement économique et technologique durable pour ces pays. Afin de savoir comment se déroule l éducation dans nos pays d intervention, voici quelques fiches de renseignements : Sénégal Taux d alphabétisation des jeunes (15 à 24 ans) : 51 % Nombre de jeunes (15 à 24 ans) analphabètes : 1 211 000 Nombre d enfants non scolarisés : 740 000
PROJET D APPUI AUX ÉCOLIERS DÉPLACÉS ET RÉFUGIÉS (PAEDR) Conçu pour répondre à la problématique des déplacés du séisme du 12 janvier passé, le Projet d appui aux écoliers déplacés et réfugiés (PAEDR) est un projet d urgence qui couvre les régions de St-Marc dans l Artibonite et d Archaie, dans l Ouest. Ce projet est financé par le Centre de Gestion des Fonds locaux de la Coopération Canadienne en Haïti. À St-Marc, 1 197 enfants sont touchés, dont 759 filles et 438 garçons, et à Archaie, le projet cible 954 élèves, dont 545 filles et 409 garçons. Le projet assure le soutient psychosocial de ces 2 151 enfants en leur donnant accès à des services comprenant des activités psychosociales et récréatives ainsi que des consultations psychologiques LA RÉALISATION DE CE PROJET MOBILISE LE TRAVAIL DE 86 PERSONNES, DONT 25 FEMMES. individuelles dans les cas de traumatisme important. Les enseignants et les parents ne sont pas oubliés et ils sont invités à participer à des rencontres thématiques qui leur permettent de s exprimer et de témoigner de ce qu ils ou elles ont vécu durant le séisme. Le projet vise également l amélioration de l enseignement en intégrant dans celui-ci les leçons du séisme : compréhension des catastrophes naturelles, notions de sécurité et de sur vie, exercices d évacuation, etc. Dans cette optique, 360 enseignants et 60 directeurs d écoles sont formés à la gestion de classe et à la gestion d école en situation d urgence. Finalement, le projet comprend la restauration de sept écoles et d un bureau de district scolaire légèrement affecté par le séisme garantissant ainsi aux élèves la possibilité de poursuivre leur scolarité dans des conditions sécuritaires. La réalisation de ce projet mobilise le travail de 86 personnes, dont 25 femmes. 5