Research Insight Café issu du commerce équitable du Costa Rica : une histoire à succès des petits producteurs. Executive Summery



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Research Insight Café issu du commerce équitable du Costa Rica : une histoire à succès des petits producteurs Executive Summery Janvier 213

Résumé Le café dont on tire deux milliards de tasses consommées par jour est principalement produit par 25 millions de petits cultivateurs dans plus de 5 pays en voie de développement. La grande majorité d entre eux vit dans la misère, en dépit de la forte demande mondiale pour leur production. Le commerce équitable doit permettre de libérer le potentiel de ces petits producteurs et d améliorer leur qualité de vie. Le Costa Rica est l exemple même d un développement réussi du secteur du café, où les petits producteurs dégagent des revenus plus importants que la plupart de leurs homologues dans d autres régions du monde. Cette édition de Insight Research analyse les éléments qui sont à la base du succès au Costa Rica, la manière dont les petits producteurs peuvent libérer leur potentiel et l importance de l accès au financement. Voici, selon nous, les trois domaines clés de cette réussite : un environnement favorable aux politiques inclusives, une réglementation transparente, un travail de recherche efficace et une focalisation sur la productivité et la qualité ; des organisations de producteurs assez fortes pour réaliser des économies d échelle selon un modèle économique performant, à la gestion efficace, engen drant de moindres coûts de transaction au bénéfice des ventes et des prix ; un accès au financement, condition préalable nécessaire au fonctionnement, à la croissance et au développement réussi des organisations de producteurs. Cependant, à l échelle mondiale, on compte environ 4 millions de cultivateurs membres d organisations de producteurs et souffrant d un manque d accès au financement. Leur besoin financier global est estimé à environ 8 milliards d USD. Par conséquent, le potentiel du commerce équitable est énorme et les perspectives d investissement sont très prometteuses. Libérer le potentiel des petits producteurs en finançant leurs modèles d affaires rentables représente à la fois un défi et une promesse pour les investissements dans le commerce équitable.

La réalité de 25 millions de producteurs de café Chaque jour, deux milliards de tasses de café sont consommées Le café arrive en seconde place des matières premières les plus précieuses, après le pétrole, et se vend à prix élevé tout autour du globe : une tasse de café coûte environ 4. CHF dans un café suisse. Le café est cultivé presque exclusivement dans les pays en voie de développement. Avec une part d environ 8 %, les petits cultivateurs dominent la production mondiale de café. Toutefois, leur revenu quotidien ne représente qu une fraction du prix d une tasse de café. 1 Environ 25 millions de petits producteurs et leurs familles, dans plus de 5 pays producteurs, dépendent du café comme principale source de revenus. La grande majorité de ces cultivateurs peinent à gagner suffisamment pour couvrir leurs besoins les plus élémentaires. Au cours des mois précédant la prochaine récolte, leur situation devient particulièrement critique. En Amérique centrale, on parle des «meses flacos», ou «mois maigres», durant lesquels les familles cherchent à joindre les deux bouts en mangeant moins ou en empruntant sur leur prochaine récolte. Défis pour les cultivateurs de café Les cultivateurs de café de petites exploitations indépendantes sont confrontés à un grand nombre d obstacles, souvent étroitement liés, entravant leur potentiel. La petitesse des parcelles, le manque de connaissances appropriées, l absence de technologie et l insuffisance des intrants agricoles, tels que les engrais, limitent la productivité. L accès insuffisant au marché, au pouvoir de marché et à l information fait baisser les prix et les ventes. Les cultivateurs de café perçoivent donc une part minime du prix final. Pour de nombreux agriculteurs, la seule option consiste souvent à vendre leur récolte à des intermédiaires, ou «coyotes», qui la payent en cash, mais à un faible prix. Le café est aussi sujet à la volatilité des prix des marchés de matières premières, et son prix tombe souvent temporairement audessous du montant dont les cultivateurs ont besoin pour rembourser les coûts de production. En outre, la chaîne d approvisionnement du café a toujours été segmentée et anonyme. Rien ne garantit aux cultivateurs que les intermédiaires qui achètent leur café telle année se représenteront dans le futur. Pour une large part, ces problèmes sont liés à un manque d accès au financement, et la combinaison de tous ces facteurs contribue au niveau bas de la productivité, des ventes et des prix, entraînant des revenus également bas, volatils et imprévisibles. Ecarts liés aux petits cultivateurs Les paramètres qui s appliquent au café affectent encore da- vantage l agriculture en général. De nombreux petits producteurs, partout dans le mode, produisent à peine suffisamment pour nourrir leurs familles. Incapables de générer un surplus, ils ne peuvent pas acheter les intrants agricoles nécessaires à l amélioration de leurs rendements, alors que des investissements, même modestes, et une amélioration des pratiques agricoles pourraient tripler ou quadrupler leur production. Malgré certaines variations, le petit producteur typique est mal relié aux marchés et il a très peu, voire aucun, accès au crédit nécessaire pour améliorer sa production. Agriculture et commerce comme moteurs du développement L agriculture est d une importance capitale pour le développement économique des pays en voie de développement et la réduction de la pauvreté. Les ménages de petits producteurs comptent environ deux milliards de personnes, cela correspond à plus d un quart de la population mondiale. 75 % des pauvres du monde vivent en zone rurale et dépendent principalement de l agriculture. La pauvreté mondiale est donc surtout un problème du secteur agricole. La Banque mondiale affirme clairement que «l amélioration de la productivité, de la rentabilité et de la durabilité des petites exploitations agricoles est le principal moyen de sortir de la pauvreté, en mettant l agriculture au service du développement». 2 L agriculture a des «pouvoirs spéciaux» pour réduire la pauvreté. Aucun pays n a jamais fait durablement reculer la pauvreté sans développer le secteur agricole. La croissance issue de l agriculture contribue deux fois plus efficacement à la réduction de la pauvreté que la croissance dans d autres secteurs. 3 L agriculture, et le secteur du café en particulier, a été le principal moteur du développement économique de certains pays qui ont réussi, comme par exemple le Costa Rica. D autre part, l accès à une alimentation abordable est d une importance fondamentale, en particulier pour les pauvres. Les coûts alimentaires peuvent représenter plus de 5 % du budget d un ménage défavorisé. L accès à une alimentation sûre et abordable, fournie par un secteur agricole productif et robuste, est donc d une importance tout à fait vitale. Le commerce est un autre moteur du développement économique. Pour la plupart des pays en voie de développement, les exportations se composent principalement de produits agricoles, si l on excepte quelques ressources naturelles. Tous les pays ayant atteint la prospérité économique et durablement réduit leur niveau de pauvreté ont fait le choix judicieux de s ouvrir au commerce mondial, se ménageant un accès aux marchés à haute valeur ajoutée. 1 Fairtrade Foundation 2 Banque mondiale 3 Banque mondiale responsability Research Insight 3

L histoire à succès du café au Costa Rica Hugo Flores, un producteur de café du Costa Rica, incarne cette réussite. Agé de 42 ans, lui et les cinq membres de sa famille sont la quatrième génération de cultivateurs de café. Contrairement à la plupart de ses pairs à travers le monde, il vit décemment avec sa famille. Cette vie n est pas luxueuse, mais les Flores sont propriétaires de leur ferme et ils bénéficient d un accès à l eau courante et à l électricité. M. Flores est fier d appartenir à l organisation de producteurs Coopronaranjo, forte de 2 5 cultivateurs de café. La productivité de son domaine se situe au-dessus de la moyenne mondiale (comme la plupart des plantations de café du Costa Rica), et son café est de qualité supérieure. Il touche un prix équitable pour son café, vendu sur les marchés européens et américains par l organisation de producteurs. Le Costa Rica est l un des plus importants producteurs de café du monde. La population de ce pays s élève à environ 4,5 millions d habitants ; à peu près de la taille de la Suisse, il est bordé par l océan Pacifique à l ouest et par les Caraïbes à l est. Le café, «el grano de oro» (la graine dorée), est une part intégrante de l histoire du Costa Rica, de sa culture et de son économie. La production a débuté à la fin du XVIIIe siècle dans la Central Meseta (Vallée Centrale), une zone aux sols et aux conditions climatiques quasi parfaits pour la culture du café. Vers 183, le café est devenu la principale source de devises étrangères : denrée non périssable dans une ère de transports lents et coûteux, le café s est avéré un article d exportation idéal. Les premières exportations débutent vers 183, atteignant l Europe une décennie plus tard. Le café, seul article d exportation jusqu en 189, finançait tout, des écoles jusqu aux routes, après que le Costa Rica a obtenu son indépendance en 1821. 4 Aujourd hui, bien que l économie se soit diversifiée, le café du Costa Rica est consommé dans plus de 1 pays à travers le monde. Avec une production annuelle de près de 1,5 million de sacs de café, le petit pays du Costa Rica occupe le treizième rang des plus grands producteurs de café au monde. Cependant, en production par habitant, il est le deuxième producteur mondial, avec près d un demi-sac (23 kg) par habitant (voir figure 1). Plus de 1 hectares de café sont cultivés au Costa Rica. 9 % de la production est destinée à l exportation et le café représente 11 % des recettes d exportation du pays. Le secteur emploie 5 % des travailleurs du pays et 2 % des travailleurs agricoles. 5 Le secteur du café au Costa Rica compte plus de 78 cultivateurs, 94 entreprises de transformation, 73 compagnies de torréfaction et 3 entreprises exportatrices. La contribution des petites exploitations agricoles est substantielle : près de 9 % des paysans cultivent moins de cinq hectares ; ensemble, ils représentent environ 45 % de la superficie cultivée totale. 6 Les revenus de la majorité de ces petits producteurs sont suffisants pour leur permettre un mode de vie digne. M. Flores en fait partie, et ce succès se traduit aussi sur le développement relatif global des zones rurales. Le Costa Rica fait figure d exception parmi les pays en voie de développement, car le taux relatif de pauvres, vivant dans les zones rurales et urbaines, y est quasiment identique (voir figure 2). Dans la plus grande partie des pays en voie de développement, le taux de pauvreté en zone rurale dépasse celui des zones urbaines (en pour cent de la population concernée) ; dans certains cas, ce taux peut être deux fois plus élevé. 7 Figure 1 : production de café par habitant (en kg) 35 3 25 2 15 1 5 Figure 2 : différence entre pauvreté rurale et urbaine (en %) 45 4 35 3 25 2 15 1 5 Honduras Costa Rica Nicaragua Guatémala Vietnam Brésil El Salvador Pérou Colombie Costa Rica Ethiopie Indonésie Honduras El Salvador Méxique Vietnam Colombie Ouganda Cote d Ivoire Equateur Pérou Nicaragua Guatémala Cameroon Sources : ICO, responsability Research Sources : Banque mondiale, responsability Research 4 Banque mondiale 5 Global Exchange 6 Institut du café du Costa Rica (ICAFE) 7 Banque mondiale responsability Research Insight 4

Plusieurs facteurs expliquent le succès du Costa Rica. Les cultivateurs du Costa Rica ont bénéficié d une paix durable, d une économie prospère, de sols fertiles et de conditions climatiques idéales. Mais le succès du secteur du café au Costa Rica est dû à trois domaines distincts qui, réunis, libèrent le potentiel des petits producteurs de café : 1) un environnement favorable, 2) un modèle économique performant sous forme d organisations de producteurs et 3) un accès au financement adéquat. 1) Environnement favorable La démocratie du café : faire fonctionner les marchés pour les pauvres Pendant toutes ces années, les producteurs de café ont fortement bénéficié d un environnement positif et favorable, à savoir l un des plus propices du monde pour les producteurs de café. Le succès réside dans le concept de la «démocratie du café» du Costa Rica. Le secteur du café a été le pilier de l économie pendant près de deux siècles ; fondé sur une société plutôt égalitaire de petits producteurs de café, le système démocratique a permis la création d un environnement aux réglementations, lois et organisations favorables. Il a été le catalyseur d un secteur du café inclusif et performant, d un développement de marché durable, bénéficiant du soutien total des gouvernements successifs. Les institutions et réglementations du Costa Rica sont largement reconnues comme saines, fortes d une législation sectorielle, de stratégies et de programmes perçus comme relativement clairs et cohérents. 8 Réglementation et recherche dans le secteur du café Fondé en 1933, l Institut du café du Costa Rica (ICAFE) est un pilier essentiel de cet environnement favorable. Il a été mis en place par le droit national avec l intention explicite de défendre les intérêts du secteur national du café et de protéger les cultivateurs des pratiques potentiellement abusives liées au pouvoir de marché. L ICAFE fait à la fois office de régulateur et de superviseur du secteur du café ; tous les cultivateurs, les moulins, les torréfacteurs et les exportateurs sont agréés et supervisés par cette organisation. L ICAFE enregistre et veille à l application des contrats de café et promeut des standards de qualité de haut niveau. Ainsi, seul le café Arabica peut être cultivé dans l ensemble du pays ; cette mesure garantit un prix supérieur à celui du marché mondial, en raison d une qualité exceptionnelle. Alors que l ICAFE est critiqué par certains pour sa lenteur, sa rigidité et sa bureaucratie, son rôle central dans la recherche est largement apprécié. Une recherche efficace a fourni un savoir-faire indispensable, de meilleures pratiques et une amélioration technique bénéficiant aux cultivateurs de café, stimulant considérablement la productivité et la qualité. Les meilleures variétés, les meilleures techniques de culture et de traitement, ainsi que l utilisation optimale d engrais et de pesticides améliorent significativement la production et permettent cette «révolution de productivité» si importante pour les petites exploitations agricoles. Des rendements plus élevés, une meilleure qualité, un revenu plus élevé Aujourd hui, le Costa Rica est devenu leader mondial en termes de productivité et de qualité. Les figures 3 et 4 cidessous montrent les rendements du café (productivité) et les écarts (majorations de prix sur les prix moyens mondiaux dus à la qualité) dans un certain nombre de pays producteurs. Le Costa Rica obtient à la fois l un des rendements les plus élevés et les écarts de prix les plus positifs à l échelle mondiale. Un producteur de café au Mexique, par exemple, produit seulement un tiers de café sur une parcelle de même taille, tout en touchant un prix inférieur à celui de son homologue au Costa Rica pour sa production. Figure 3 : rendement (kg/hectare) 1 4 1 2 1 8 6 4 2 Figure 4 : écart de prix par rapport au prix mondial (%) 2 15 1 5-5 -1 Brésil Brésil Costa Rica Costa Rica Honduras Honduras Sources : Organisation pour l alimentation et l agriculture, Twin Trading, responsability Research Colombie Colombie Nicaragua Nicaragua Ouganda Ouganda Méxique Méxique 8 Varangis responsability Research Insight 5

L environnement réglementaire du Costa Rica prévoit également un prix plancher. La loi fixe un minimum de 91 % du prix du café vert à régler aux producteurs par les moulins ; une intervention stricte ayant pour objectif le rééquilibrage du pouvoir de marché afin de protéger les plus faibles. Outre l ICAFE, l INFOCOOP participe au soutien du secteur agricole. Il s agit d un organisme gouvernemental qui soutient et supervise les organisations de producteurs et les coopératives. L INFOCOOP facilite la formation et le fonctionnement de coopératives sous forme d assistance technique et de financements ciblés ; des audits réguliers permettent de s assurer qu elles respectent de bonnes pratiques en vue d un développement futur. Un modèle progressif permet aux organisations de producteurs d évoluer du statut d association à celui, plus strictement régulé, de coopérative, dans le cadre d une approche graduelle. Durabilité environnementale et protection sociale Au-delà de l économie pure, la dimension environnementale et sociale joue un rôle particulièrement important dans l agriculture. Le Costa Rica est un paradis naturel qui attire des millions de touristes chaque année. Ce phénomène est largement dû à la beauté du pays, mais résulte aussi de politiques gouvernementales réussies durant ces dernières décennies, ayant pour objectif la protection environnementale et la durabilité. Le secteur du café doit se conformer aux lois sur l environnement, comme en témoigne la stricte réglementation du niveau de pollution de l eau par les moulins, et l utilisation de produits chimiques est légiférée efficacement. La protection sociale, telle que les lois du travail ou la mise en vigueur des lois foncières, est essentielle dans un système de marché inclusif. Le Costa Rica, pays fort d une longue tradition démocratique, a rencontré moins de difficultés à mettre en place la législation nécessaire et à veiller à son application dans la pratique. Cependant, des lacunes demeurent. Les milliers de cueilleurs de café, majoritairement en provenance du Nicaragua, qui migrent vers les zones de culture du café pendant les récoltes, sont très mal protégés. La durabilité environnementale et les mécanismes de protection sociale clairement définis et appliqués constituent deux facteurs essentiels servant à long terme les intérêts de l économie. Alors que dans de nombreux pays en voie de développement, le gouvernement entrave la croissance du secteur agricole via une fiscalité lourde, une réglementation mensongère ou des monopoles d exportation, l exemple du Costa Rica montre qu une législation intelligente, couplée à une recherche et des organisations de soutien peut avoir une forte incidence positive sur l économie, dans ce cas, sur le secteur du café. 2) Un modèle économique performant pour les cultivateurs L organisation de producteurs L environnement favorable du Costa Rica a permis à un modèle économique basé sur les petits producteurs de s épanouir : l organisation de producteurs. Au Costa Rica, les organisations de producteurs prennent généralement la forme de coopératives. Il s agit d entités juridiques dont la structure organisationnelle est très similaire à celle des sociétés par actions. Elles ont une assemblée générale, un conseil d administration et sont gérées par une équipe de gestion. Principale différence : les cultivateurs, et non les actionnaires, en sont les propriétaires. Au lieu de maximiser les profits des actionnaires, l objectif est la maximisation des revenus des membres de la coopérative. L exemple de Coopronaranjo L organisation de producteurs Coopronaranjo, dont Hugo Flores, mentionné ci-dessus, est membre, illustre de manière éclatante le fonctionnement d une coopérative efficace. Située dans la Vallée Centrale occidentale, elle compte 2 5 membres. En tant que deuxième plus grande coopérative de café au Costa Rica, elle exploite un grand moulin central, une usine de transformation et d autres installations, tout en employant environ 16 personnes supplémentaires durant l année. L organisation de producteurs Coopronaranjo a été créée par un groupe de producteurs de café de la région de Naranjo en 1968. Le groupe a décidé d unir ses forces en utilisant ses terres comme collatéral pour obtenir des crédits d investissement dans la culture du café. Après le premier investissement réussi, ils sont passés au niveau supérieur en achetant un entrepôt et en investissant dans une usine de transformation. Les investissements continuent jusqu à ce jour. En plus de la production de café, Coopronaranjo diversifie constamment ses sources de revenus, par exemple à travers ses magasins de fournitures agricoles et sa plantation de café ouverte aux touristes (voir figure 5). Figure 5: jalons du développement de Coopronaranjo 1968 La coopérative est fondée. 197 Le premier moulin est construit, augmentant la valeur ajoutée. 1981 Le supermarché, où les agriculteurs peuvent vendre leurs produits, est ouvert. 1986 Le système de crédit FINAR est mis en place pour les membres désirant investir dans leurs plantations de café. 27 La centrale hydroélectrique est construite pour produire de l énergie verte et réduire les coûts. 21 Le tourisme du café est lancé dans le cadre d une diversification des activités. Sources: Coopronaranjo responsability Research Insight 6

Coopronaranjo applique et améliore constamment les normes environnementales et les standards de qualité de ses processus de production. Les producteurs sont répartis sur huit régions et 24 microrégions, ce qui atténue le risque de concentration. Un réseau étendu de 29 centres de collecte est au contact des cultivateurs et garantit la qualité. Coopronaranjo dispose d un réseau diversifié d acheteurs et son café est consommé partout dans le monde. Coopronaranjo est un exemple remarquable des avantages d une union de petits producteurs, qui permet des économies d échelle, une meilleure gestion et des coûts de transaction plus faibles. Coopronaranjo aide ses membres à augmenter leur rendement et leur productivité grâce à une assistance technique, de meilleures méthodes agricoles et un accès aux intrants tels que les engrais. L organisation de production conseille les agriculteurs sur la façon d améliorer la qualité du café, qui se traduit par une augmentation immédiate des prix. Sa taille, son savoir-faire et ses structures organisationnelles spécialisées ont permis à Coopronaranjo d intégrer le traitement et la commercialisation de la récolte à l organisation. Ce fonctionnement crée plus de valeur ajoutée en couvrant une plus grande partie de la chaîne de valeur, tout en garantissant également la qualité du café. Les asymétries d information et les déséquilibres du pouvoir de marché représentent l une des plus importantes défaillances des marchés citée dans le contexte du marché agricole. 9 Une grande organisation comme Coopronaranjo, à la direction dédiée, est capable de prendre des décisions éclairées et de vendre des volumes plus importants avec professionnalisme, de façon à exercer une puissance commerciale plus importante et à négocier le meilleur prix possible pour ses membres. En outre, la coopérative peut recourir efficacement à des stratégies de marketing pour vendre son café, par exemple avec une labellisation. Coopronaranjo peut ainsi traiter directement avec les acheteurs et les importateurs et établir des relations de confiance à long terme. Coopronaranjo peut négocier et gérer plus efficacement les risques de marché, tels que les prix volatils du café, par la diversification et par le recours aux instruments de gestion des risques liés au marché. Les organisations de producteurs jouent un rôle important dans le processus d autonomisation des cultivateurs. Alors que les cultivateurs indépendants sont exposés et souvent exploités par des intermédiaires et des «coyotes», Coopronaranjo est régi comme une «mini-démocratie» où chaque cultivateur dispose d une voix. Les organisations plus larges peuvent jouer un rôle dans le processus politique local et national de façon beaucoup plus efficace. Elles font entendre la voix des cultivateurs et peuvent faire pression pour de meilleures politiques et la promotion d un environnement favorable, condition essentielle dans ce domaine. Finalement, Coopronaranjo a accès aux services financiers, un aspect déterminant pour activer les bénéfices de l organisation et pour libérer le potentiel des petits producteurs. La palette des agro-entreprises basées sur les petites exploitations Les organisations de producteurs telles que les coopératives ne sont pas les seuls modèles commerciaux susceptibles de libérer le potentiel des petits producteurs. Selon le contexte local, la culture, les influences historiques et le type de récolte, de multiples modèles d entreprises peuvent s avérer profitables aux cultivateurs. Le développement de modèles commerciaux et la mise en place d une organisation doivent être compris comme participant d un processus dynamique. Alors que certaines formes d organisation font sens à un certain stade, une nouvelle évolution peut apporter des bénéfices supplémentaires. Coopronaranjo, par exemple, a formé un consortium regroupant six autres coopératives afin de gagner en taille et d améliorer encore la vente et la commercialisation de leur café. Alors que les coopératives fonctionnent plutôt bien en Amérique latine, elles ont souvent échoué dans d autres parties du monde. Les entreprises privées ou les structures mixtes ont également un rôle très important à jouer. Au Costa Rica, la «révolution du micro-moulin» en est un exemple : de petits et moyens groupements de producteurs ont commencé à moudre et à labelliser directement leur propre café. La tendance de créer des marques de café spécialisées est une stratégie qui entraîne une «démarchandisation» du café, alors vendu à des prix plus élevés et plus stables. Des recherches menées au Costa Rica montrent que les cultivateurs participant au secteur du café spécialisé vendent leur production à des prix plus élevés que ceux qui la vendent par les voies traditionnelles. 1 9 Banque mondiale 1 Wollni et Zeller responsability Research Insight 7

3) Accès au financement adéquat En plus d un environnement favorable et de modèles économiques adaptés, l accès au financement est une condition préalable, nécessaire aux organisations de producteurs, leur permettant de travailler, de se développer et de s agrandir. Pour Coopronaranjo, l accès au financement a été la raison initiale pour former l organisation de producteurs. Trois types de financements peuvent être distingués, ayant des impacts différents sur l organisation et sur ses membres. Financement avant récolte Les membres de Coopronaranjo doivent investir dans leurs cultures de café en achetant des intrants tels que les semences et les engrais, pour cultiver leurs parcelles avant de pouvoir vendre la prochaine récolte. Ils ont donc besoin de financements. Coopronaranjo répond à ce besoin spécifique en proposant des prêts à conditions équitables à travers le système de crédit FINAR. Pour être en mesure de fournir ce service, elle doit, à son tour, recourir à un mécanisme de financement avant récolte qui permet aux cultivateurs d augmenter leur productivité et leur qualité, et donc leur revenu. Préfinancement des exportations Habituellement, Coopronaranjo touche l argent de ses ventes internationales de café à réception de la marchandise par les importateurs. En conséquence, elle manque de liquidités pour payer ses membres lorsqu elle achète leur café. Ce problème oblige de nombreux cultivateurs à vendre leur récolte à des intermédiaires à un prix inférieur, car ils ont besoin d argent pour financer la vie quotidienne de leurs familles. Le préfinancement des exportations revêt donc une importance cruciale pour le modèle de l organisation de producteurs. Coopronaranjo a donc impérativement besoin d un préfinancement des exportations pour acheter le café de ses membres en temps opportun et à des prix équitables, tout en veillant à conserver de l argent à la fin des récoltes pour investir dans le prochain cycle de cultures. Financement à long terme Evidemment, aussi bien le financement avant récolte que le préfinancement des exportations sont nécessaires au financement et à l optimisation des opérations en cours, mais un grand potentiel réside aussi dans les investissements servant à agrandir et à étendre les opérations existantes. Au cours de la dernière décennie, Coopronaranjo a continuellement investi dans la création de plus de valeur ajoutée, par exemple en ouvrant l un des plus grands moulins du pays. Ce placement a permis à l organisation d améliorer sensiblement la productivité et la qualité, tout en améliorant les revenus de ses membres. L accès à des formes appropriées de financement permet à Coopronaranjo d exécuter ses opérations, de s agrandir, et d investir dans des améliorations allant du traitement à la rénovation des cultures de café. Ces opérations, à leur tour, entraînent une amélioration de la situation économique de ses membres. Le label Fairtrade, 11 qui met principalement l accent sur le bien-être des petits producteurs (voir encadré ci-dessous), stipule expressément que l un des principaux moyens de libérer le potentiel et d améliorer le revenu des petits producteurs est de leur permettre d «accéder au financement». 11 Notez que responsability utilise le commerce équitable comme un vaste concept favorisant l autonomisation des petits producteurs. Cette notion ne doit pas être confondue avec le label Fairtrade. responsability Research Insight 8

L approche du label Fairtrade L exemple du Costa Rica montre que le développement agricole, la durabilité environnementale et la protection sociale peuvent être institutionnalisés et régis par des mesures internes. Cependant, le Costa Rica est une exception et la plupart des pays en voie de développement ne parviennent pas à établir à la fois un environnement favorable et un bon fonctionnement des organisations de producteurs. Parallèlement, les consommateurs du nord sont de plus en plus demandeurs de produits issus de la filière durable, garantissant des conditions de travail équitables. Les labels permettent de combler cet écart, car ils garantissent un ensemble spécifique de normes de production. Ils servent de garants de qualité et représentent une valeur ajoutée pour les consommateurs. Le label le plus connu sur le plan international, qui fait office de «gold standard», est le label «Fairtrade» émis par Fairtrade Labelling Organizations International (FLO). En Suisse, le label est connu sous le nom de Max Havelaar, co-fondateur de la FLO. L approche FLO a trois effets très importants : d atteindre cet objectif. La prime Fairtrade, une majoration par rapport aux prix mondiaux, fournit les ressources nécessaires aux investissements dans le développement de l organisation ; troisièmement, le label ainsi que les filiales locales, telles que Max Havelaar, jouent un rôle important pour l accès aux marchés de consommation et permettent donc aux cultivateurs d augmenter les ventes et d améliorer les prix. Le label s est avéré un outil très efficace de sensibilisation des consommateurs et de commercialisation de la production. Grâce à l engagement fort du consommateur, il permet aussi de fixer des prix plancher, qui aident à protéger les cultivateurs contre les baisses de prix à court terme. L approche du label Fairtrade a été un grand succès, et les ventes ont décuplé au cours de la dernière décennie (voir figure 6). Figure 6 : les ventes dans les sept principales matières premières (en tonnes) 7 6 premièrement, elle comble l écart mentionné ci-dessus et garantit, par exemple, la durabilité environnementale et la protection sociale des cultivateurs et des ouvriers ; 5 4 3 2 deuxièmement, conjointement avec d autres ONG, elle soutient l établissement, le développement et le renforcement d organisations de producteurs. Le renforce ment des capacités, le développement des chaînes de valeur et le partage des meilleures pratiques permettent 1 22 23 24 25 26 27 28 29 21 211 Bananes Sucre de canne Café Cacao Thé Riz Miel Sources : FLO, responsability Research responsability Research Insight 9

Les perspectives d investissement L exemple de Coopronaranjo révèle la diversité des besoins en financement, mais aussi le potentiel et l impact que de tels placements peuvent libérer. Cette demande peut être servie à travers différents canaux : avances d acheteurs, banques domestiques ou prêteurs internationaux. Alors que les avances des acheteurs comportent des limites naturelles, les banques domestiques peuvent jouer un rôle important au niveau du financement des organisations de producteurs, comme le démontre l exemple du Costa Rica. Cependant, les banques ont tendance à redouter les risques liés à l agriculture et, partant, leurs services peuvent être coûteux, bureaucratiques et très rigides. En conséquence, il existe un écart important, permettant aux créanciers internationaux de jouer un rôle complémentaire ou même un rôle pilote sur ce segment de marché. Une demande croissante de café issu du commerce équitable La demande croissante en café durable est un important catalyseur. Pour les créanciers, d autre part, les certifications de durabilité garantissent le respect de normes environnementales et sociales. Alors que seulement 1 % du café vendu à travers le monde en 22 était muni d un label de développement durable, ce chiffre avait augmenté à 9 % en 211 (voir figure 7). 12 La prévision de production part d une croissance rapide, non seulement pour le café certifié FLO, mais aussi pour les deux autres labels de développement durable : Rainforest Alliance (RA) et UTZ Certified. En 22, la production aura plus que doublé par rapport à aujourd hui. Figure 7 : croissance de la production de café durable (en tonnes) 3 2 5 2 1 5 1 5 UTZ RA FLO Hausse de la demande en financement par un nombre croissant d organisations de producteurs La demande croissante de café et d autres produits issus du commerce équitable annonce un nombre croissant de producteurs 12 Tropical Commodity Coalition 13 Basé sur Dalberg 21 215 22 Sources : Tropical Commodity Coalition, estimations responsability Research certifiés FLO, qui a presque doublé au cours des cinq dernières années (voir figure 8). Sur ces quelque 1 organisations de producteurs, plus d un tiers sont des producteurs de café, répartis sur 3 pays à travers le monde. Il en découle une demande croissante et significative en financement des organisations de producteurs actives dans la culture du café, qui s efforcent de répondre à la demande croissante des consommateurs. Figure 8: nombre d organisations de producteurs certifiés FLO 1 2 1 8 6 4 2 26 27 28 29 21 211 Amérique latine Afrique Asie Producteurs de café Sources : FLO, responsability Research Tous les producteurs Les écarts de financements globaux La grande majorité des petits producteurs à travers le monde ne sont pas aussi bien lotis que les membres de Coopronaranjo. Dans de nombreux cas, ils demeurent confrontés à une absence totale d accès au financement. Il y a environ 45 millions de petits producteurs dans le monde. Environ la moitié produit uniquement pour subvenir à ses propres besoins, et ne peut pas envisager un investissement direct. Sur les plus de 2 millions de petits producteurs restants, environ 2 % sont organisés à travers une sorte d organisation de producteurs. Au moins 4 millions de cultivateurs sont donc concernés par une perspective d investissement. Selon une estimation très approximative, un cultivateur moyen représenterait un potentiel d investissement de l ordre de 1 USD en financement à court terme, et de 1 USD en financement à long terme. Ce calcul implique un potentiel d investissement de plus de 8 milliards d USD par le biais d organisations de producteurs, dont 4 milliards d USD en prêts à court terme, et le même montant à long terme. 13 En supposant qu un nombre croissant de petits producteurs se joigne à une sorte d organisation de producteurs à l avenir, ce chiffre devrait augmenter. Il est important de noter que ces chiffres sont des estimations approximatives. Il existe encore de nombreux obstacles à l investissement, la plupart de ces producteurs n étant pas encore solvables. Néanmoins, le tableau d ensemble révèle un immense potentiel d investissement dans les organisations de producteurs basées sur les petits producteurs. responsability Research Insight 1

responsability et le commerce équitable Un portefeuille sous gestion de plus de 1,3 milliard d USD lace responsability parmi les principaux gestionnaires de placements du monde axés exclusivement sur les investissements liés au développement. Ceux-ci incluent la microfinance, le commerce équitable, la santé, l éducation, l énergie et les médias indépendants. Dans le secteur du commerce équitable, responsability bénéficie d une solide expérience de plus de huit ans, d une équipe de spécialistes chevronnés du placement et d un réseau mondial. En 212, plus de 8 millions d USD ont été investis dans 66 organisations de producteurs agricoles et de négociants de 24 pays et dans 15 matières premières agricoles. Contact Marco Fischer Senior Research Analyst marco.fischer@responsability.com +41 44 254 32 61 Commande Les documents de recherche de responsability peuvent être commandés auprès de votre relationship manager, en envoyant un e-mail à info@responsability.com ou en téléphonant au +41 44 254 32 74. Pour toute information complémentaire, veuillez vous rendre sur le site www.responsability.com. Ce document a été élaboré par responsability Social Investments AG (ci-après «responsability»). Les informations contenues dans le présent document (ci-après «informations») se basent sur des sources considérées comme fiables ; toutefois, il n y a aucune garantie quant à l exactitude et à l exhaustivité de ces dernières. Les informations peuvent être modifiées à tout moment sans obligation d en informer les destinataires. Sauf mention contraire, les chiffres ne sont ni vérifiés ni garantis. L ensemble des actions entreprises sur la base de ces informations s effectue sous la responsabilité et au risque des seuls destinataires. Ce document est fourni exclusivement à titre d information. Les informations ne dispensent pas la personne qui les reçoit de les juger par elle-même. Des citations du présent document sont autorisées pour autant que la source soit mentionnée. Picture credits: age fotostock 213 responsability Social Investments AG. Tous droits réservés. responsability Social Investments AG Josefstrasse 59, 85 Zurich, Suisse Téléphone +41 44 25 99 3, Fax +41 44 25 99 31 www.responsability.com responsability Research Insight 11