TECHNIQUES DE PROTECTION CONTRE LES CERVIDÉS

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1 TECHNIQUES DE PROTECTION CONTRE LES CERVIDÉS G. ARMAND Cet article ne traite que de la lutte contre les dégâts de cervidés. Les feuillus précieux sont particulièrement attaqués par les cerfs et les chevreuils. Or, la tendance à réduire leurs densités de plantation, résultat des progrès accomplis dans l'amélioration du matériel végétal, se heurte à une pression constante des cervidés. Le sylviculteur reboiseur est donc contraint à protéger tous ses plants, ce qui lui occasionne un surcoût important s'il veut réussir sa plantation. Contre le Cerf qui abroutit, casse, frotte et plus tard écorce les tiges, le choix du type de protection est très limité. Contre le Chevreuil, il est plus ouvert. LES TYPES DE PROTECTION Les répulsifs chimiques Peu onéreux (1 à 2 Effilant/an (1) ), ce procédé n'est efficace qu'en présence faible ou occasionnelle de gibier. II n'est pas performant contre les abroutissements d'été, et inefficace contre le Cerf. Les protections individuelles Pour le plant entier Les grillages métalliques Ils servent à protéger les plants en entier quand leur dimension les expose aux dégâts d'abroutissement (1,2 m pour le Chevreuil, 1,8 m pour le Cerf). Ils sont maintenus par des tuteurs. D'un coût important, 13 F et 28 F, ils blessent les plants et nécessitent une dépose. Ils ne protègent pas des petits rongeurs. Nous ne recommandons pas ce type de protection. (1) Coût 1991 hors taxe pose en régie. 99 Rev. For. Fr. XLIV - n sp. 1992

2 G. ARMAND Les grillages en plastique noir (type Nortène) Moins onéreux que les précédents, 8 F et 26 F posés, ils présentent moins d'inconvénient ; la dépose est cependant souhaitable. À la place des tuteurs en bambou, on préférera un piquet 3 x 3 cm et des attaches solides. Ce système est à conseiller plutôt contre le Chevreuil. Contre le Cerf, la maintenance des grillages en plastique est coûteuse. Les abris mini-serres Des tubes de plastique translucide sont fabriqués par diverses sociétés. Ils sont maintenus par des tuteurs (piquets 3 x 3 cm) sur lesquels on peut agrafer les languettes de fixation. D'un coût onéreux, 12 F posés pour le Chevreuil en 1,2 m de hauteur, ils sont à réserver aux plantations en petits plants pour rentabiliser l'effet de serre qu'ils permettent d'obtenir. Particulièrement efficaces et durables, ces types de protection sont conseillés contre le Chevreuil. Contre le Cerf, les coûts d'installation et de maintenance sont prohibitifs. Les gaines bleues (voiles Transex à effet brise-vent) Ces protections récemment testées contre le Chevreuil devraient connaître un franc succès. Comme les grillages Nortène, elles se fixent sur un tuteur 3 x 3 cm glissé à l'intérieur et agrafé. Du fait de l'effet brise-vent, elles permettent une accélération de la croissance. De manipulation très aisée, ces voiles en plastique souple à maille très fine (1 x 2 mm) sont peu onéreux à installer (6,50 F), et s'avèrent bien efficaces contre le Chevreuil et les rongeurs. La dépose n'est pas nécessaire. Pour la tige seule quand on ne craint que le frottis Les manchons perforés (Protectronc, feuille enroulée sans attache) Expérimentées depuis 1976 sur Peuplier, ces protections sont couramment utilisées dans l'est de la France sur les grands plants feuillus (H > 125 cm). L'efficacité est bonne quand on maintient le recrû ligneux en ambiance forestière. Elle est parfois aléatoire hors forêt ou en présence de sangliers. Ces manchons coûtent en 1 m 7 F posés. Ils sont peu durables contre le Cerf en 2 m de hauteur. Les tiges métalliques (arbres de fer) Essayées avec succès contre les frottis sur Douglas, ces «antennes de télévision» de conception allemande sont déconseillées sur feuillus en raison des blessures par frottement qu'elles occasionnent. Ces tiges métalliques posées en protection contre le Chevreuil valent 5 F. Les protections totales de parcelles entières La clôture en grillage lourd (type Ursus) tendu sur des piquets tous les 4 m, haut de 2,2 m contre le Cerf et de 1,5 m contre le Chevreuil est de loin le système le plus efficace. D'un coût élevé, il est à réserver aux plantations sur de grandes surfaces quand il devient plus économique que les protections individuelles (voir tableau I, p. 102). Contre le Cerf, on investira 40 à 50 F du mètre linéaire. Contre le Chevreuil, l'investissement est de 30 à 40 F. II est fortement conseillé de surveiller l'étanchéité au niveau du sol. Au besoin, le grillage sera plié et fixé à terre sur 30 cm. Enfin, on insistera sur la nécessité de prévoir des portes si possible à cadre métallique à raison de 2 pour 10 hectares de surface. 100

3 Les feuillus précieux Frênes en grands plants protégés par des tubes Tubez de 1,8 m contre le Cerf. Grillages Nortène et abris mini-serres sur petits plants de Merisier Alisier torminal sorti après une saison d'un Akyplant de 1,2 m. Protection Transex. Le Merisier d'un an (80 cm) a doublé sa hauteur dès la première année. Manchons perforés sur grands plants de Merisier. 1o1 Rev. For. Fr. XLIV - n sp. 1992

4 G. ARMAND Si la clôture électrique est moins coûteuse (10 F posé en 1,5 m avec deux fils alternés avec deux rubans flottants), elle occasionne certaines contraintes : il est nécessaire de maintenir le sol sans enherbement et de bien camoufler la batterie. Les protections totales sont à réserver aux surfaces inférieures à 5 ha. LE CHOIX DU TYPE DE PROTECTION Il se fait selon le raisonnement suivant. Entre les répulsifs et les autres types On élimine les répulsifs si le Cerf est présent et lorsque la population de Chevreuil dépasse 5 individus pour 100 ha. Entre la protection individuelle et la protection totale Le choix s'effectue en fonction du coût et donc du nombre de plants à protéger, ce qui dépend de la surface et de la densité d'installation. La protection totale est rentable contre le Cerf à partir de 1 ha et 700 plants/ha par rapport à un grillage Norténe à 26 F, ou 1 ha et plants/ha en comparaison avec les abris mini-serres à 19 F. En règle générale, contre le Cerf, seul l'engrillagement est efficace. Contre le Chevreuil, un calcul économique s'impose : le tableau I (ci-dessous) illustre la rentabilité du procédé vis-à-vis du coût de trois types de protection individuelle : les grillages Nortène, les abris miniserres et les voiles Transex. Par rapport à la protection individuelle la plus chère (12 F pour les mini-serres), l'engrillagement devient rentable à partir de : 10 ha pour une plantation faite à 400 plants/ha, Tableau I Rentabilité de l'engrillagement total contre le Chevreuil par rapport au coût de trois protections Surface 1 ha 2 ha 3 ha 4 ha 5 ha 7 ha 10 ha Longueur de la clôture (ml) Coût total de la clôture (35 F HT le ml) F F F F F F F Coût au plant si 200 plants/ha si 400/ha si 500/ha si 800/ha ,5 5,5 si 1 200/ha ,5 3,5 si 1 600/ha ,1 4,5 4 3,5 2,5 Abri mini-serre 12 F (protection individuelle) Grillage plastique 8F Gaine/voile Transex 6,5F (coûts de pose en régie). 102

5 Les feuillus précieux 6 ha pour une plantation faite à 500 plants/ha, 3 ha pour une plantation faite à 800 plants/ha, 2 ha pour une plantation faite à plants/ha sur terre agricole. Si on le compare avec le coût du dispositif le moins onéreux, les voiles Transex à 6,50 F posés, le prix de revient de l'engrillagement total sera inférieur à compter de : 8 ha pour une plantation faite à 800 plants/ha, 4 ha pour une plantation faite à plants/ha, 2 ha pour une plantation faite à plants/ha sur terre agricole. Si on sait qu'on ne plantera des feuillus précieux que sur des surfaces rarement supérieures à 3 ha d'un seul tenant, la protection individuelle demeure moins onéreuse que l'engrillagement dans le cas du Chevreuil. Entre les types de protection individuelle Le choix s'établit en fonction des niveaux de dommages encourus. On ne parlera que de protection contre le Chevreuil. On retiendra, en sachant qu'il n'existe pas de dispositif parfait : contre l'abroutissement et le frottis sur petits plants (< 1,25 m) : les abris mini-serres et les voiles Transex ; contre le frottis seul sur grands plants (> 1,25 m), on protégera seulement la tige avec des manchons perforés en feuille enroulée ; cette protection ne sera efficace qu'en ambiance forestière. Mais c'est dans cette situation que l'on conseille l'utilisation de grands plants installés à faible densité avec taillis laissé en recrû. CONCLUSIONS Il n'existe pas de protection parfaite, et le coût en est toujours exagérement élevé. Même si le sylviculteur use de tous ses talents pour limiter les dégâts en cultivant son peuplement d'accompagnement et malgré la subvention de F à laquelle il peut prétendre, il est en droit de souhaiter une aide supplémentaire pour couvrir une partie de ses frais de protection. G. ARMAND FÉDÉRATION DE LA VULGARISATION FORESTIÈRE DE L'EST 11, rue de la Commanderie NANCY POUR EN SAVOIR PLUS Fiche de la Fédération ae la Vulgarisation forestière de l'est. 6 pages. Forêt Entreprise, n 55, octobre - novembre Rev. For. Fr. XLIV - n sp. 1992