Bernard Vassel Au resto Novembre 2013 AVERTISSEMENT. Ce texte a été téléchargé depuis le site.

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2 AU RESTO Elle : Marie-Giroflée Lui : Édouard Dans un restaurant. Durée 7' Lui- Qui a-t-il Marie- Giroflée? Elle- J'ai envie de pisser mon chéri Lui- Il suffit de vous lever et d'aller rejoindre l'endroit destiné à cet usage. Elle- Je comprends, mais veuillez considérer, mon cher Édouard qu'il est déjà trop tard. Lui- C'est très fâcheux comme situation. Elle- Pour vous ou pour moi? Lui- Ne le prenez pas mal, mais notre position dans le monde nous oblige à prendre certaines précautions. Elle- C'est ce que j'ai fait. Regardez, la salle de restaurant n'est pas mouillée. Lui- Vous me confondez ma chère. Elle- Vous allez vous en remettre, vous verrez. Lui- Qui a-t-il, vous ne dites plus rien? Elle- Je suis en train d'humidifier les pieds de ma chaise Lui- Oh! Elle- Comme vous dites, et pourtant je le fais sans plaisir et avec beaucoup de retenue. Mais la nature humaine est parfois indomptable. Lui- Que faut-il faire? Elle- Appelez Monsieur le premier Ministre pour lui demander conseil. Lui- Cesser de plaisanter. Elle- Croyez-vous que dans ma position j'ai envie de plaisanter? Je suis à présent trempée jusqu'aux pieds. 2

3 Lui- Je ne vais plus osé venir ici Elle- Vous connaissez donc cet endroit? Lui- Seulement de réputation. Elle- Mon cher Édouard savez-vous ce que j'aime en vous Lui- Vous allez me le dire Elle- C'est la façon désinvolte que vous avez de me prendre pour une gourde. Lui- Marie-Giroflée, quel langage, vous me surprenez! Elle- Vous n'avez encore rien vu ni rien entendu Lui- Que voulez-vous dire? Elle- Mon cher Édouard vous êtes un fieffé coquin. Est-elle vraiment plus jeune que moi? Lui-, Mais, de qui parlez-vous? Elle- Mais de celle qui s'accroche à votre bras, comme on accroche un antivol à une vieille moto rouillée. Et qui est la vieille moto? Mon cher petit Édouard. Lui- Parlez moins fort. Elle- Que je parle moins fort. Moi! Ce soir, c'est curieux, je ne m'en sens pas capable. Mais qu'avez-vous à cacher, monsieur mon Mari? Regardez-moi quand je vous parle. Lui- Taisez-vous Marie-Giroflée. Elle- Marie-Giroflée, votre épouse, ne se taira point. Comprenez bien, il ne s'agit pas d'un caprice, mais votre attitude m'a véritablement blessée. Dans un couple c'est le mari qui est trompé, jamais la femme. Il n'est pas convenable de modifier cet ordre des choses. Lui- Dites-moi ce que je dois faire pour vous convaincre. Elle- Est-elle jolie? Lui- Bien sûr que non. Elle- Ne mentez pas. Ou j'élève la voix. Lui- Je vais tout vous dire. Ce n'était qu'un moment de faiblesse. Elle- Vous en parlez au passé. C'est curieux! 3

4 Lui- Je ne la reverrais pas,je vais simplement lui téléphoner pour lui dire que tout est terminé. Elle- Non vous allez lui écrire Lui- Lui écrire? Elle- Oui, un simple regret ne me suffit pas. Je ne vais pas me contenter de ça. Je veux un peu plus. Lui- Je vous promets Marie-Giroflée de... Elle- Pas de promesse, tenez prenez. (elle lui tend un stylo et une feuille de papier) Lui- Que voulez-vous que je fasse Elle- Vous allez dire à cette intrigante qu'il y a en elle des formes que vous n'aimez pas. Lui- Que voulez-vous dire? Elle- Écrivez-lui qu'elle a les fesses qui tombent, comme celles de Belfégore, votre cheval. Dites-lui que sa démarche vous fait croire qu'elle est coincée à ce même endroit. Lui- Je n'oserai jamais. Elle- Si vous ne le faites pas, j'irai, par le menu détail, raconter les signes de votre impuissance à tous nos amis. Et je sais que cela fera plaisir à certaines et certains. Lui-, Mais c'est faux Elle- Qui le sait à part moi. Lui- Pourquoi porter si haut votre vengeance? Elle- Vous m'avez manqué de respect. Vous ajouterez à l'encontre de votre dame de cœur que ses seins sont fripés, et que, dangereusement sa poitrine se rapproche du sol. Lui- Mais ce n'est pas vrai. C'est trop me demander. Elle- Ce n'est pas tout. Lui- Quoi d'autre, cela devrait suffire. Elle- N'oubliez pas, je vous prie de lui dire qu'il y a longtemps que son protecteur de mari est allé trouver ailleurs. Lui- Que dites-vous? Trouvez ailleurs, mais qui donc? 4

5 Elle- Mais une femme dont la distinction se dispute avec l'élégance. Une femme d'une grande sensibilité et mariée hélas! à un prétentieux en haut de forme. Une femme de caractère dont la beauté d'hier provoque toujours, avec éclat, le désir dans le regard des hommes. Lui- Qui est cette femme et ce mari trompé? J exige une réponse. Elle- D'un sale type profanateur de la beauté. Maintenant, écrivez ce que je viens de vous dire. Lui- Vous m'en demandez trop Elle- Vous oubliez mon cher Édouard que je suis dans une situation délicate. Lui- Expliquez-vous Marie Giroflée Elle- J'ai ma culotte qui est trempée mon cher, l'auriez-vous oublié. Vous ne répondez pas? Vous n'avez peut-être pas entendu. (plus fort) Je vais recommencer. J'ai ma. Lui- Non je vous en pris, j'ai entendu. Que pouvons-nous faire? Elle- Nous avons le choix entre une sortie discrète ou bien je continue de pisser en marchant. Quel est votre choix. Lui- Je vous en pris parlez moins fort Elle- N'oubliez pas de signer la lettre. Vous ajouterez à la fin que la détérioration de sa coiffure ne vous a pas convaincu à poursuivre plus avant cette relation. Lui- Mais sa coiffure n'a rien à voir, elle est parfaite. Elle- Les femmes n'aiment pas que l'on jette du poil à gratter à cet endroit de la séduction. Elle va vous détester pour cela. Lui- Je le ferai si vous me dites qui est la maîtresse de son mari? C'est bien de cela dont vous me parliez il y a instant. Elle- À quoi bon vous ne connaissez pas cette personne. Lui- En êtes-vous certaine? Elle- Comment voulez vous savoir se qui se cache derrière les visages des femmes. Elles sont tellement inattendues. Lui- Je vous soupçonne de... 5

6 Elle- À Quoi bon me soupçonner? Signez la lettre et donnez-la-moi ; Il lui remet la lettre. Voilà qui est fait. Il ne nous reste plus qu'à rentrer. Lui- Mais comment faire dans votre état? Elle- Ne vous inquiétez pas, c'est déjà sec. Elle se lève. Lui- Vous me disiez pourtant que... Elle- Non, je voulais vous mettre dans l'embarras. Elle renverse le contenu du verre sur le pantalon. Oh! Pardon. Je suis désolée Lui- Vous l'avez fait exprès Je fais comment. Elle- J'avoue que je ne sais pas. Je crois que je ne peux rien pour vous. Désolé mon cher Édouard. Mais je dois vous quitter. J'ai un rendez-vous important. Elle lui montre la lettre Lui- Marie-Giroflée vous ne pouvez pas me laisser dans cet état. Elle- Mais je peux mon cher Édouard, je peux. FIN. vassel.bernard@wanadoo.fr 6