Analyse des teintes et communication : 2012

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1 I spécial _ analyse des teintes Analyse des teintes et communication : 2012 Les éléments essentiels d évaluation et de communication de la teinte des dents Auteur_Prof. Edward A. McLaren, États-Unis Fig. 1 Fig. 2 Fig. 3 Fig. 1_Utilisation de deux lampes OTTLite, maintenues au niveau des dents à 61 cm du patient, pour contrôler la température de couleur de l éclairage. Fig. 2_Utilisation de la lampe Trueshade et de la lunette grossissante pour contrôler la lumière. Fig. 3_Image de deux échantillons du même teintier, avec texture superficielle différente. Notez la perception de couleur différente due à une texture différente. _En raison de l importance toujours plus marquée de l esthétique en dentisterie, et du besoin de répondre aux attentes des patients en fabriquant des restaurations céramiques dotées d un aspect naturel, qui les rendent indifférentiables des vraies dents adjacentes, la capacité d évaluer correctement les données relatives aux teintes des dents et de les communiquer efficacement au céramiste, est maintenant plus déterminante que jamais. L évaluation correcte de la teinte des dents relève autant de l art que de la science. De nombreux articles 1 7 et même des livres, 7 ont été consacrés à ce sujet, mais il ressort de centaines d enquêtes informelles auprès des techniciens, que les problèmes d analyse des teintes sont le deuxième motif des retouches, la première place étant occupée par les problèmes d empreinte et de préparation. Des facteurs multiples concourent à ce problème : les variables de l éclairage qui contribuent à des erreurs de perception ; les nombreuses méthodes d analyse de teinte, pour lesquelles il n existe aucune normalisation des composantes chromatiques et aucun système de porcelaine correspondant ; les variables individuelles humaines de la perception des couleurs ; le manque de compréhension de la science des couleurs, particulièrement au regard des teintes dentaires ; et la capacité de transposer les informations relatives aux couleurs à une technique de stratification de porcelaine, qui mène à la teinte souhaitée. Chacun de ces facteurs pourrait faire l objet d un article. Il y a de multiples références dans la littérature, dentaire et non dentaire, sur le thème de la couleur, la couleur en tant que composante dentaire et la perception humaine de la couleur. Cet article ne cherche pas à proposer une analyse exhaustive de tous les facteurs, mais de distiller les aspects essentiels de l évaluation et de la communication de la teinte des dents. Il tente également de présenter au lecteur une méthode efficace pour y parvenir. Voici les points sur lesquels se concentre notre article : _la compréhension de la manière dont la lumière (éclairage) affecte la perception des couleurs, et surtout la façon de la contrôler ; _la compréhension des paramètres de couleur les plus déterminants pour évaluer les teintes des dents et la manière de les aborder dans le contexte dentaire ; _l organisation et l utilisation idéales des teintiers actuels ; 22 I

2 spécial _ analyse des teintes I _l utilisation de la photographie numérique pour la communication ; et _l intégration d analyseurs de teinte informatisés, dans la technique de détermination et de communication des teintes dentaires. _Compréhension de l éclairage et de son effet sur la perception des couleurs Trois facteurs primaires sous-tendent la perception de la couleur : _la nature de l éclairage ; _l observateur ; et _l objet à observer. Une modification de l un des trois facteurs conduit à une perception différente de la couleur. Par conséquent, modifier les conditions visuelles, c est-à-dire modifier l éclairage ou la position, peut altérer la perception. 8 Il n est pas envisageable de vouloir obtenir une concordance de teinte dentaire, quelles que soient les conditions lumineuses et posturales. Le mieux est donc de chercher cette concordance, en se plaçant dans une situation où une restauration a le plus de probabilité d être remarquée. Les dents sont le plus souvent vues à une distance permettant aux gens de converser aisément, et c est par conséquent la meilleure position que peut occuper un patient, pour évaluer sa teinte dentaire. Trop souvent, la teinte est déterminée alors que le patient est étendu sur le dos, ce qui accroît le risque d une perception erronée car les teintiers ne possèdent pas les mêmes propriétés optiques que les dents naturelles. Sous des angles de vue différents, ils apparaissent différemment. En d autres termes, une concordance perçue sous un certain angle peut ne pas être la concordance perçue sous un autre angle. Règle 1 de l analyse de la teinte : déterminez la teinte alors que le patient est assis bien droit, la distance entre ses yeux et les vôtres étant la distance qui sépare habituellement deux interlocuteurs. Vous pouvez être exposé à de nombreux types d éclairage différents, et il en va de même pour vos patients et les restaurations que vous réalisez. Lorsque les teintiers sont fabriqués, ils sont comparés à un étalon dans des conditions d éclairage contrôlées. La température de couleur de la lumière à utiliser pour déterminer une teinte, généralement K, K, ou K, est sujette à controverse La plupart des teintiers sont Fig. 4 élaborés en concordance avec l étalon dans des conditions lumineuses de K. Comme dit précédemment, un teintier ne possède pas les mêmes propriétés optiques que les dents naturelles et par conséquent, il ne reflète pas la lumière de la même manière que le fait une dent naturelle de teinte correspondante, dans toutes les conditions d éclairage. Par conséquent, la détermination visuelle de la concordance des teintes, ne doit être réalisée que dans un environnement d éclairage proche de K. Selon mon expérience, si un échantillon du teintier est comparé aux dents sous une lumière de K, la concordance des teintes sera correcte sous la plupart des types d éclairages, mais si la comparaison est effectuée sous une lumière fortement déformée (par exemple, une lumière bleue), la concordance de couleur de la restauration ne sera valable que sous cette lumière. Beaucoup de sociétés vendent des tubes au néon. Les sources de lumière couvrant l ensemble du spectre, dont la couleur a été fixée pour correspondre à une température de couleur de K, sont les meilleurs éclairages pour une détermination visuelle des teintes. L idéal est d équiper le cabinet dentaire de ce type d éclairage, mais une manière peu onéreuse de contrôler la lumière est d utiliser deux dispositifs OTTLite (Fig. 1), maintenus à 61 cm du patient et au niveau des dents. Il existe également de nouveaux dispositifs d éclairage autonomes destinés à la dentisterie. L appareil Optilume Trueshade (Optident Dental Products) convient très bien à cet usage et il est en outre doté d une lunette grossissante (Fig. 2). Fig. 6 Fig. 5 Fig. 4_Image couleur du teintier Classical dans un rapport correct des luminosités. Notez que les échantillons dont les saturations sont différentes semblent également avoir une luminosité très différente. Fig. 5_Photo noir et blanc du teintier Classical avec rapport correct des luminosités. Fig. 6_Utilisation du teintier Classical agencé par luminosité et méthode par élimination pour obtenir quatre échantillons qui correspondent à la plage de luminosité de la dent évaluée. Fig. 7_Utilisation du teintier Classical pour choisir le niveau de saturation. Fig. 7 I 23

3 I spécial _ analyse des teintes différences entre les échantillons du teintier et communiquer la teinte au céramiste. La couleur a été définie de maintes façons. Le système le plus généralement utilisé en dentisterie, permettant la description ou la commande d une teinte, a été développé par Mussell 13 qui a défini la couleur selon trois paramètres: Fig. 8 Fig. 9 Fig. 8_Le teintier 3D-Master agencé uniquement avec les teintes M luminosités de 0 à 5. Fig. 9_Choix de la luminosité chez un patient. Fig. 10_Le teintier Linearguide utilisé pour choisir la luminosité. Fig. 11_Utilisation du teintier Linearguide pour déterminer la luminosité. Il reste un bon nombre d autres facteurs susceptibles d être pris en considération au regard du contrôle des conditions visuelles. Par exemple, la quantité de lumière et l hydratation de la dent sont très importantes. Assurez-vous que, lors de la détermination de la concordance des teintes, il n y ait pas d ombres visibles sur les dents ou les échantillons du teintier, et que l éclairage ne soit pas trop puissant et ne produise pas d effets lumineux intenses (des taches blanches dues à la réflexion). L hydratation des dents doit également être assurée. La salive sèche rapidement, surtout lorsque des rétracteurs de joue sont placés dans la bouche. Nous utilisons un liquide de glaçage translucide, de viscosité moyenne (Smile Line Glaze liquid, Smile Line, États-Unis), pour humidifier les dents et les échantillons du teintier. Il est très utile de mouiller les deux car les différences de texture superficielle entre l échantillon et la dent peuvent conduire à une perception erronée. Le même liquide sur les deux surfaces peut neutraliser cet effet (Fig. 3). Règle 2 de l analyse de la teinte : utilisez une source lumineuse couvrant l ensemble du spectre, de couleur adaptée, tout en maintenant une hydratation suffisante des dents. _Connaissance des paramètres de couleur : une composante déterminante pour l analyse des teintes dentaires Une connaissance de base de la terminologie des couleurs, est nécessaire pour pouvoir évaluer les _la tonalité chromatique, c est-à-dire la nature de la couleur (rouge, verte ou bleue, et toutes les nuances intermédiaires), qui est définie par la longueur d onde spécifique d énergie spec trale ; _la saturation ou pureté chromatique, c est-à-dire la proportion de tonalité chromatique. Elle exprime l intensité (par exemple un jaune pâle ou un jaune intense) ; et _la luminosité ou clarté, c est-à-dire une couleur claire ou sombre. En d autres termes, si la quantité de lumière reflétée par un objet et reçue par nos yeux est élevée, la couleur sera perçue comme plus claire ou d une luminosité plus élevée. Inversement, si la quantité de lumière reflétée par un objet et reçue par nos yeux est faible, la couleur sera perçue comme plus sombre ou de luminosité moins élevée. La couleur est caractérisée par un quatrième paramètre, la translucidité, qui est importante lors de l évaluation de la teinte dentaire, car les dents sont translucides et la translucidité est directement liée à la perception de la luminosité. Lorsque l on évalue la teinte des dents, le paramètre de couleur à définir prioritairement, est la luminosité et en second lieu, les zones translucides. Ensuite, et par ordre d importance, viennent les zones de saturation présentes sur les dents évaluées, puis la tonalité chromatique qui est le paramètre le moins important pour la détermination de la concordance avec les dents naturelles. La gamme des tonalités chromatiques des dents naturelles est très étroite et selon mon expérience, la concordance de la tonalité spécifique est négligeable tant que la luminosité, la translucidité et la saturation sont strictement respectées. Dans le paragraphe sur les teintiers et leur utilisation, je décris en détail la manière d évaluer la luminosité, la translucidité et la saturation au cours du processus d analyse des teintes. _Organisation et utilisation idéales des teintiers actuels Fig. 10 Fig. 11 Le teintier VITA Classical Shade Guide (Vident) a été la référence utilisée en dentisterie pendant plusieurs décennies. Depuis peu, le teintier VITA 3D-Master et dernièrement, une mise à jour significative, 24 I

4 spécial _ analyse des teintes I le VITA Linearguide, sont disponibles pour l analyse des teintes. 14 Les teintiers 3D-Master et Linearguide reposent sur l analyse spectrophotométrique réelle des dents naturelles, 15 et ils sont mes guides préférés, mais plus de 50 % des chirurgiens-dentistes continuent à utiliser le teintier VITA Classical. C est pourquoi je parlerai de la manière idéale de l organiser et de l utiliser, avant de passer à la description détaillée des guides plus récents. Teintier VITA Classical Tout chirurgien-dentiste ou tout céramiste est familiarisé avec le teintier VITA Classical. Le premier a été développé il y a plusieurs dizaines d années, suivi de la dernière modification ou actualisation dans les années Il convenait parfaitement à cette époque, mais l analyse du teintier indique plusieurs problèmes, qui ont conduit aux nombreuses discordances de teinte qui existent encore aujourd hui. Tout d abord, le teintier couvre très mal la gamme de teintes évaluées des dents naturelles. 16 Rien ne peut y remédier à l exception de modifier le guide ou d en utiliser un autre. Ensuite, il y a l ordre dans lequel les luminosités sont agencées. Celui du fabricant ne correspond pas aux mesures réalisées. 16 Les figures 4 et 5 présentent les images en échelle de gris et en couleur, des luminosités placées selon l ordre de nos mesures. A1 a une luminosité plus élevée que B1 et D2 a une luminosité plus faible que A3. Vous remarquerez probablement que l image en couleur de l agencement des luminosités prête à confusion, en ce sens que les échantillons placés immédiatement l'un à côté de l'autre, qui ont des saturations très différentes, semblent avoir des luminosités très différentes, alors qu en fait, elles sont très similaires (voir l image en noir et blanc). C est un problème de la perception humaine qui n a pas encore été débattu en dentisterie : si deux objets ont une luminosité similaire mais une saturation différente, l observateur perçoit l échantillon dont la saturation est plus élevée comme l échantillon de moindre luminosité, alors que ce n est pas le cas. C est exactement ce qu il advient lorsque A1 est comparé avec B1 (Fig. 5). La saturation de A1 est supérieure à celle de B1 et par conséquent, il est perçu comme ayant une luminosité plus faible, alors qu en réalité, elle est plus élevée. C est également le cas pour les autres échantillons du guide Classical. Je pense qu il faut y voir la raison fondamentale du degré de discordance des teintes obtenu avec ce guide. Fig. 12 La première mesure à prendre pour minimiser ce problème et utiliser ce teintier efficacement, est d agencer le guide selon la luminosité tel qu indiqué. Comme il a été dit précédemment, le choix de la luminosité correcte est essentiel, car il indique les zones de luminosité de la dent évaluée. Après avoir agencé le guide selon la luminosité, il faut humidifier légèrement les dents et les échantillons du teintier avec un liquide de glaçage translucide. La meilleure façon de choisir une teinte n est pas de commencer à chercher ce qui pourrait être une concordance, mais de vérifier d abord les discordances évidentes et de les éliminer du teintier. Le but est d écarter suffisamment d échantillons pour n en conserver qu une série comportant manifestement un échantillon de luminosité légèrement plus élevée et un échantillon de luminosité légèrement plus faible. L expérience a prouvé qu au moins quatre échantillons sont nécessaires pour déterminer la plage de luminosité (Fig. 6). Plusieurs photos seront prises et la manière de le faire, ainsi que l importance que prennent des images normalisées, sera examinée dans la rubrique suivante. Ensuite, pour restreindre et simplifier les choix de la saturation et de la tonalité chromatique, j utilise un second guide VITA Classical organisé de manière conventionnelle, c est-à-dire en séries A, B, C et D. Je me suis rendu compte sur ce point que je peux travailler avec les séries A et B uniquement. J évalue les teintes A qui se trouvent dans la plage rouge-jaune (orange) puis les teintes B en les plaçant tout près des dents. J examine si celles-ci sont plutôt d une tonalité tirant vers l orange ou le jaune. Si elles sont de teinte jaunâtre, j utilise la série B ; si elles tirent vers le rouge ou Fig. 14 Fig. 13 Fig. 12_Image montrant les niveaux de saturation avec le teintier 3D-Master. Fig. 13_Image montrant les niveaux de saturation avec le teintier Linearguide. Fig. 14_Choix de la saturation chez un patient. La même photo peut être utilisée pour déterminer si les dents sont plus rouges ou plus jaunes que le groupe de teintes M présenté. Fig. 15_Photo de la dent hydratée avec échantillon du teintier. Fig. 15 I 25

5 I special topic _ shade analysis Fig. 16 Fig. 16_Photo dans Camera RAW de Photoshop. Activation de l outil «Pipette» pour l équilibre des blancs par un clic, puis clic sur la carte grise. Ceci neutralise la dominante de couleur. Fig. 17_Photo dont l arrière-plan est neutralisé dans Photoshop. Il est beaucoup plus aisé d évaluer la teinte. Fig. 18_Photo du spectrophotomètre Easyshade Compact. Fig. 17 l orange, j utilise la série A. Je place ensuite les teintes A ou les teintes B à côté des dents afin de choisir le niveau de saturation approprié et je prends des photographies (Fig. 7). Teintiers VITA 3D-Master et Linearguide Le teintier 3D-Master a été développé afin de couvrir la plage des dents naturelles évaluées. 15 Il a été suivi peu après par le teintier Linearguide. Celuici comporte les mêmes teintes que le 3D-Master mais il est doté d un porte-échantillons bien plus pratique, qui permet un positionnement plus précis et une meilleure évaluation. En raison de la similarité des deux teintiers, je fais ici une description simultanée de leur utilisation. Plus de dix années d expérience personnelle m ont confirmé que ces deux teintiers représentaient le meilleur système d analyse des teintes. Le système est d abord organisé autour du choix de la luminosité. Il y a six niveaux de luminosité, espacés d une distance correspondant à 5 E (delta E) dans l espace des couleurs. 14 Dans cet espace des couleurs, E est une mesure mathématique de la distance entre deux points de couleur proche l œil humain ne peut distinguer que des points distants de plus de 2 E. J ai observé que l on peut supprimer les teintes L et R du teintier et n y laisser que les teintes M (Fig. 8). Cela simplifie grandement le processus de Fig. 18 détermination de la luminosité. Il est préférable de choisir la luminosité au moyen d une méthode par élimination, comme décrit plus haut. Les deux ou trois groupes présentant la valeur la plus concordante, sont choisis pour que la plage comporte un élément de luminosité légèrement plus élevée et un élément de luminosité légèrement plus faible que les dents naturelles (Fig. 9). Le Linearguide facilite même davantage la tâche. Les six niveaux de luminosité sont regroupés chacun dans un porteéchantillons correspondant et ceux-ci peuvent donc être évalués plus facilement (Fig. 10). Pour résumer, il faut procéder par élimination, choisir deux ou trois des niveaux de luminosité les plus proches des dents naturelles (Fig. 11), puis prendre plusieurs photographies. L étape suivante consiste à déterminer la saturation, laquelle comporte trois niveaux dans la plupart des teintes M. Ils portent les numéros 1, 2 et 3 (Fig. 12). De nouveau, il est préférable de travailler par élimination, noter la concordance la plus proche ou indiquer si elle se trouve entre deux niveaux. Les niveaux de saturation sont tous exactement équidistants l un de l autre dans l espace des couleurs. Dans le teintier Linearguide, les différents niveaux de saturation de chacune des trois tonalités chromatiques sont chacun regroupés dans un porteéchantillons correspondant (Fig. 13). L utilisation de ce système permet de déterminer plus facilement si la saturation se trouve à un niveau intermédiaire. Je fais passer le porte-échantillons dont le niveau de saturation est le concordant, dans le même plan que celui des dents naturelles, puis je photographie les deux saturations qui correspondent le mieux (Fig. 14). La dernière étape consiste à choisir la tonalité chromatique spécifique. Si les concordances de la luminosité et de la saturation sont déterminées, l expérience a prouvé qu un observateur ne devrait pas noter une teinte inharmonieuse pour des discordances de tonalité chromatique, tant que la tonalité chromatique se trouve dans la plage des dents naturelles. Il convient cependant d évaluer si les dents présentent une tonalité chromatique tirant vers le rouge, l orange ou le jaune. Il existe trois tonalités chromatiques spécifiques, une tonalité moyenne (orange), qui correspond à la plage moyenne des dents naturelles, une tonalité plus jaune, et une tonalité plus rouge, toutes deux équidistantes dans l espace des couleurs de la tonalité moyenne. J évalue d abord la tonalité chromatique M qui se rapproche le mieux de la dent (Fig. 14) et je décide si elle concorde ou si elle est plus rouge ou plus jaune, puis je note la tonalité chromatique 26 I

6 spécial _ analyse des teintes I choisie. La détermination finale de la tonalité chromatique sera définie par la photographie et l analyse par ordinateur, décrite dans les rubriques suivantes. Les caractéristiques spécifiques (telles que les lignes de fêlures ou les décalcifications) peuvent être déterminées au moyen d une photographie de haute qualité. _Photographie numérique pour la communication des teintes La seconde partie de ma technique de détermination de la teinte porte sur l enregistrement d images de la luminosité et de la saturation, décrites ci-dessus, au moyen de photographies numériques. Les informations sur le choix de l appareil et du flash, ainsi que les réglages spécifiques, sont décrits en détail dans d autres articles et le lecteur devrait consulter les références Les points essentiels sont les suivants : _utiliser un appareil DSLR (reflex mono-objectif numérique) qui comporte des objectifs interchangeables, _enregistrer les images des teintes au format RAW, _contrôler l exposition et l équilibre des blancs préférablement en mode d exposition manuel, à des distances spécifiques du flash et de l objet. Quatre images sont nécessaires pour la communication des teintes. La première image est celle des deux ou trois échantillons du teintier, dont la luminosité est la plus proche des dents et dont la concordance a été déterminée au moyen du 3D-Master ou du Linearguide (Fig. 9). Avec le guide Classical, les quatre échantillons de luminosité la plus concordante doivent se trouver dans l image (Fig. 6). Il faut se rappeler que l objectif est d obtenir une plage de valeurs. Pour bien faire, un échantillon doit présenter une luminosité légèrement plus élevée et un autre une luminosité légèrement plus faible. La deuxième image est celle des deux concordances de saturation les plus proches des dents. De nouveau, un échantillon doit présenter une saturation légèrement plus élevée et un autre une saturation légèrement plus faible. La troisième image représente ce qui est perçu comme la luminosité la plus concordante, en se servant d une pièce de carte grise numérique, fixée à l échantillon du teintier (vous pourriez le faire avec la première image de la luminosité). Je fixe la carte grise numérique à l aide de cire utilitaire blanche (Fig. 9), car elle me permet de corriger la déformation de couleur, laquelle est inhérente car tous les flashes présentent des températures de couleur légèrement différentes et que Fig. 19 selon l état de charge, le condensateur du flash peut également modifier la température de couleur. Cette technique sera examinée ultérieurement. La quatrième image (Fig. 15) est celle de la dent préparée et hydratée avec l échantillon du teintier parfaitement concordant. Elle permettra au céramiste qui voit la teinte de la préparation dentaire, de modifier si nécessaire la couleur centrale ou de reconstitution coronaire, pour compenser la teinte de la préparation. Il est important que toutes les photos soient prises en plaçant les échantillons du teintier et les dents à apparier dans le même plan vertical, car les objets plus proches du plan du film sembleront plus brillants et les objets plus éloignés plus sombres. Les échantillons du teintier et les dents doivent être humidifiés avec un liquide de glaçage comme précisé précédemment. Ces informations photographiques seront utilisées par le céramiste, pour visualiser les contrastes entre les échantillons du teintier et les dents naturelles. Photoshop pour isoler les images des teintes Photoshop (Adobe) offre de nombreuses possibilités de gestion et de manipulation des images, mais la portée de cet article ne me permet pas de m étendre sur l utilisation du logiciel à ces fins multiples. Photoshop ou certaines applications de Photoshop, sont utilisés pour deux finalités spécifiques de l analyse des teintes et de la communication. Pour corriger un équilibre de couleur, ouvrir les photos des teintes dans le convertisseur Camera RAW de Photoshop et dans la fenêtre de l image, cliquer sur «Tout sélectionner». Ensuite, cliquer sur l outil de l équilibre des blancs (Fig. 16) dans le coin supérieur gauche de la fenêtre Caméra Raw, puis cliquer sur la carte grise qui est dans l image et les couleurs seront rééquilibrées si l une d entre d elle est déformée. Toutes les images sélectionnées seront également traitées. Photoshop est un outil idéal pour isoler (extraire) les échantillons du teintier et les dents à apparier de leurs arrière-plans, puis pour neutraliser ces Fig. 20 Fig. 19_Photo préopératoire d une couronne dont le patient se plaint de la luminosité trop faible de la restauration. Fig. 20_Photo postopératoire d une incisive centrale restaurée avec la céramique VM 13 (Vident). I 27

7 I Spécial _ analyse des teintes derniers (Fig. 17). Le lecteur doit se référer à la technique d utilisation détaillée, déjà publiée pour cette manipulation. 18 _Intégrer les analyseurs de teinte informatisés Le troisième et tout aussi important aspect de ma technique de détermination des teintes, utilise la technologie informatisée dédiée. Les ordinateurs, l Internet et toutes les technologies numériques sont omniprésents dans notre vie quotidienne, et le monde de la dentisterie n est pas différent. Plusieurs techniques d analyse des teintes ont été introduites en dentisterie. Aujourd hui, nous ne pourrions travailler sans l un de ces systèmes numériques d analyse, mais les systèmes n ont pas évolué au point de pouvoir remplacer la perception humaine. Je pense qu il n est pas utile dans un article comme celui-ci, d entrer dans les coulisses de la science et de la technologie des divers systèmes. Il est par contre intéressant de vous décrire l application pratique des outils ultramodernes d analyse des teintes et de communication. Les systèmes informatisés que nous avons testés en interne, déterminent une meilleure nuance de couleur fondamentale que la plupart des personnes évaluant les teintes, mais l homme peut mieux détecter les variations subtiles des teintes dentaires. Notre expérience nous porte donc à croire qu il est possible d utiliser les ordinateurs pour déterminer les teintes de base, puis de recourir à la perception visuelle et à la photographie numérique de haute qualité. Ces trois facteurs réunis permettront de définir les informations précises dont pourra se servir le céramiste. Je détermine visuellement la teinte avant de me servir de l ordinateur, afin de ne pas déformer ma perception. Nous possédons plusieurs systèmes à UCLA (université de Californie, Los Angeles) - VITA Easyshade (Vident), Shade-X et Shade-Rite (tous deux de X-Rite), et le Crystal Eye (Minolta), et il en existe plusieurs autres sur le marché. Tous fonctionnent bien dans une certaine mesure. Notre expérience nous suggère qu un dispositif doit être simple et donner une teinte de base exacte. Selon nos tests, le système Easyshade (Fig. 18) est le plus facile à utiliser pour déterminer cette teinte et il est indubitable qu il détermine une teinte de base aussi précise, ou même plus précise, que la teinte de base moyenne déterminée par un groupe de chirurgiens-dentistes. Si des photographies ne sont pas prises (ce qui n est pas recommandé), le système Crystal Eye permet également d obtenir des informations sur la teinte et une image numérique satisfaisante, mais le système est beaucoup plus coûteux. Les figures 19 et 20 sont des photographies prises avant et après la fabrication d une incisive centrale à l aide de cette technique. _Résumé Cet article a décrit un système tripartite d analyse de teinte et de communication. Les trois parties sont interdépendantes et utilisées de concert, elles ont réduit de plus de 80 % les retouches découlant de discordances de teinte au centre de dentisterie esthétique de l UCLA._ Note de la rédaction : une liste complète des références est disponible auprès de l éditeur. _l auteur Prof. Edward A. McLaren dirige un cabinet privé consacré à la prosthodontie et la dentisterie esthétique. Il est directeur du Center for Esthetic Dentistry (Centre de dentisterie esthétique) de l UCLA, qui propose un programme didactique et clinique à temps plein, aux chirurgiensdentistes diplômés. Il est également le fondateur et le directeur de la School for Esthetic Dental Design (École de conception d esthétique dentaire) de l UCLA. Le Prof. McLaren est membre de plusieurs associations (American College of Prosthodontists, Pacific Coast Society for Prosthodontists, International College of Prosthodontists, American Academy of Esthetic Dentistry, International Society of Dental Ceramics, International Association for Dental Research, American Association for Dental Research, American Dental Association et California Dental Association). Il s implique activement dans de multiples domaines de la prosthodontie et de la recherche en matériaux et il a publié plusieurs articles. Il mène actuellement une recherche clinique sur divers systèmes de restauration. Il a présenté de nombreuses conférences, formations cliniques, et stages postuniversitaires sur les matériaux céramiques et sur l esthétique. Prof. Edward A. McLaren UCLA Continuing Dental Education Box , Room A0-121 CHS Los Angeles, CA, États-Unis dentistry 28 I