Sujet : L Europe de la Renaissance (années 1470-années 1560): une Europe italienne?

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1 Deuxième dissertation, Histoire moderne Durée : 7 heures Sujet : L Europe de la Renaissance (années 1470-années 1560): une Europe italienne? Par Michel CASSAN et Marie-Louise PELUS-KAPLAN 1 Remarques générales 2 Le sujet, central par rapport aux problématiques de la question, ne pouvait guère surprendre les candidats. La Renaissance, l Italie, l Europe étaient autant de thèmes majeurs obligatoirement rencontrés au cours de l année de préparation. D ailleurs, le nombre de copies blanches ou d une grande brièveté fut très faible, sans que pour autant, la longueur des dissertations ait toujours rimé avec la qualité et la densité des propos. Malgré d excellentes notes, la moyenne générale est donc légèrement inférieure à 5, en baisse légère par rapport à Le sujet impliquait une réflexion à l échelle de l Europe et les candidats devaient avoir des connaissances dépassant les cadres de l Italie et de la France. Sans exiger des trésors d érudition, l on attendait d eux au moins quelques notions des formes prises par la Renaissance en Angleterre, en Allemagne, dans la péninsule ibérique, en Europe centrale et orientale. La Renaissance devait être appréhendée dans toutes ses manifestations ; si l histoire culturelle et artistique méritait une place de choix, les aspects techniques et économiques du sujet devaient aussi être abordés de façon précise. Une vision évolutive devait figurer à un moment ou à un autre du plan. La plupart des copies contenait une première partie consacrée à la description de la Renaissance en Italie : ce choix était admissible à condition de démontrer pourquoi cette Renaissance italienne a pu sembler aussi attractive, et par quels canaux elle s est répandue en Europe. Généralement, les copies médiocres cumulent tout ou partie des défaillances suivantes : une interprétation erronée du sujet, des connaissances très lacunaires, une organisation maladroite des idées et des faits. Viennent ensuite des défauts stylistiques, une syntaxe aléatoire avec en particulier l emploi du participé passé pour l infinitif et réciproquement, une orthographe trop approximative De nombreux candidats ne définissent aucun des termes du sujet et omettent sa forme interrogative. Une telle démarche conduit à une interprétation biaisée. Elle aboutit, soit à interpréter la Renaissance comme un temps de l innovation en Italie et dans d autres pays d Europe, soit à brosser un tableau de l Europe au XVIe siècle avec le passage en revue de la découverte de l imprimerie, des Grandes Découvertes, de la Réformation et de manifestations artistiques ou culturelles comme l humanisme. Les copies se réduisent alors à une succession de fiches mises bout à bout sans problématique et sans respect du sujet. A la limite, certaines de ces copies en oublient l Italie ou ne la citent qu incidemment pour indiquer que les événements précités n ont pas pris naissance dans la péninsule. Un nombre également important de copies traite des manifestations de l influence italienne en Europe sans envisager les modalités de sa diffusion et de sa réception. Toute réflexion sur les facteurs, les cheminements, les relais des «modèles» italiens, les réactions des pays vis-à-vis des sollicitations florentines, vénitiennes, romaines est inexistante, comme s il suffisait d indiquer un fait historique pour qu il soit élucidé. La question mise au concours et le sujet nécessitent une connaissance des grands courants culturels et artistiques de la période et de leurs membres les plus éminents. Or, force est de constater que beaucoup trop de candidats se satisfont en ce registre d un savoir des plus sommaires. Si Léonard de Vinci est toujours cité, Michel Ange, Raphaël, Titien, Dürer ne le sont guère. Chez les humanistes, Erasme est connu alors que Guillaume Budé ou Thomas More sont souvent ignorés. En outre, mentionner un nom en bout de phrase ne saurait suffire ; il faut un minimum d éclairage sur le personnage et son œuvre. Toutefois, à coté de copies qui s enferrent dans des problématiques pour le moins spécieuses telles que «L Europe est-elle univoque ou plurivoque?» ou «L Europe est-elle formatée par l Italie?», le jury a eu le plaisir de lire bon nombre de dissertations de grande qualité, bien construites, avec une 1 Professeur à l Université de Limoges, Professeure à l Université Paris VII 2 Nous remercions les membres du jury d écrit qui nous ont fait transmis leurs observations à la suite du travail de correction. 1

2 introduction définissant les termes du sujet, le replaçant dans des débats historiographiques et annonçant un solide canevas. Des connaissances riches, des exemples pertinents choisis dans plusieurs pays caractérisent ces copies rédigées avec un vocabulaire précis, une langue claire et exacte. Le corrigé proposé comporte un grand choix d exemples pris dans des secteurs et des pays variés. La liste n est nullement limitative et le jury a évidemment accepté des illustrations autres que celles mentionnées ici et extraites de synthèses récentes et accessibles 3. Introduction : analyse du sujet et plans envisageables La question peut sembler un peu paradoxale, puisque cette période voit la consécration de la mainmise, sur une partie de l Italie, par les puissances espagnole, Habsbourg, et, un temps, française. Cette intrusion militaire et politique est douloureusement ressentie par les Italiens. Machiavel, Guicciardini déplorent l arrivée des «barbares» dans la péninsule. Même les Etats demeurés indépendants (Etat pontifical) subissent les pires affronts de la part de la soldatesque étrangère (sac de Rome). Y eut-il donc, en même temps que le dépeçage de l Italie par les envahisseurs, une conquête pacifique de l Europe par les Italiens, et d où aurait émergé la Renaissance? En 1858, Jacob Burckhardt publiait La Civilisation de la Renaissance en Italie. Dans ce maître livre, le professeur de Zürich auteur d un guide de voyage pour l Italie, Der Cicerone 1855, soutenait la thèse d une Renaissance en rupture avec le Moyen Age et élisait l Italie comme berceau de cette Renaissance apparue à partir du XIVe siècle (Pétrarque), à son apogée aux XV-XVIe siècles. L Italie, grâce aux nombreux vestiges de l Antiquité, à des structures politiques jugés propices à la liberté émancipatrice de l individu, et au «génie de ses habitants» avait pu féconder la Renaissance et devenir l institutrice de l Europe. Son contemporain, Jules Michelet, professeur au Collège de France, partageait cette vision du Moyen Age et de la Renaissance. Dans son Histoire de France, 1855, il dépeignait le Moyen Age comme la nuit de l ignorance, le temps d une «civilisation sclérosée, fossilisée» alors que la Renaissance est le «temps de la lumière, de la découverte du monde et de l homme». Pour Michelet, la Renaissance a lieu en France au XVIe siècle et seuls les Français ont été capables de transmettre l oeuvre accomplie en Italie aux autres peuples de l Europe. Sa thèse portée par un patriotisme romantique est pour le moins excessive ; elle oublie qu avant les Guerres d Italie, la Renaissance avait circulé à travers l Europe avant le début des guerres d Italie, mais elle pose la question de la diffusion de la Renaissance qui participe de la dialectique de la réception et oscille entre deux pôles, soit l acceptation complète par les pays d accueil, soit son refus, avec entre ces extrêmes, toute la gamme des situations allant de l adoption mesurée au syncrétisme. Le sujet impose de réfléchir aux facteurs, aux aspects de la diffusion des modèles italiens, mais également aux obstacles, refus, limites qu ils rencontrèrent et pouvaient résulter de la vitalité d autres modèles comme le modèle flamand, ainsi qu aux échanges qui purent intervenir entre les divers foyers de rayonnement culturel. Avant tout, il convient de s interroger sur les éléments de la question: - Qu entend-on par Europe? Indiquer que ce sont les humanistes (notamment Aenea Silvio Piccolomini, futur Pie II) qui ont remis en honneur cette appellation pour désigner ce que les hommes du Moyen Age appelaient la Chrétienté. Les cosmographes du XVIe siècle s interrogent sur les limites orientales du continent, hésitant à y inclure la Russie, mais avec Herberstein, ambassadeur de l Empereur auprès de Basile (Vassili) III, beaucoup s accordent pour faire passer par Moscou la limite entre l Europe et l Asie et envisager une Europe de l Atlantique au Tanaïs (Don) et à la Moskova puis à la Dvina du Nord, qui se jette dans la Mer Blanche à l endroit où se fonde la ville nouvelle d Arkhangelsk. Les hommes de la Renaissance continuent à voir l Europe dans les pays balkaniques ou hongrois tombés sous le «joug turc» au cours des XIVe et XVe siècles, y compris Constantinople, devenue Istanbul, qui entrent donc dans le champ d investigations. - La «Renaissance» est à décliner sous ses diverses acceptions («révolution culturelle» selon E. Garin, «expansion sans précédent de l Europe, à la conquête du monde», selon J. Delumeau, ou 3 Nous n attendions évidemment pas que tous ces exemples, donnés ici pour rendre le rapport plus fructueux soient également développés. Par ailleurs, nous avons introduit une numérotation des thèmes pour clarifier la présentation des données envisageables en forme de «corrigé»; cette numérotation n a pas lieu d être dans une dissertation rédigée. 2

3 encore «un mythe» fécond (G. Chaix, notamment) auquel ont cru les contemporains; ce qui permet d appréhender la Renaissance dans ses associations consubstantielles avec l Antiquité, avec l «esprit italien» et de questionner ces liaisons habituelles. - La période chronologique concerne le moment où la Renaissance, apparue en Italie dès le XIVe siècle, se répand progressivement dans le reste de l Europe, en se diversifiant ; les confins les plus lointains du continent sont atteints par les modèles italiens au cours des années 1560 (la Suède d Eric XIV), tandis que ces mêmes années 1560 voient se manifester des refus de la Renaissance, non seulement dans d autres confins (refus de l imprimerie en Russie où se construit, dans l esprit de la grande tradition orthodoxe et nationale, l église de Basile le Bienheureux), mais, bien plus, au cœur même de l Europe «conquise» (manifestations diverses d italophobie dans la France des années 1560). - Le mot «italien» peut avoir des sens divers. L Italie n est pas unifiée et au début du XVIe siècle, quand B. Castiglione achève de composer son «Courtisan» (années 1520), on ne parle guère de l Italie ou des Italiens (à quelques brillantes exceptions près, dont Machiavel et Francesco Guicciardini ), mais on distingue Vénitiens, Florentins, Napolitains ; c est surtout à partir des années 1570 que se répandent des généralisations sur les Italiens. - Cette diversité est sensible dans l expression de la Renaissance intellectuelle et artistique, selon qu on considère la Lombardie, Venise, Florence, Naples ou Rome, sans parler des petites cours de Ferrare, Urbino. Si bien que les pays d Europe ont reçu une version de la Renaissance, lombarde pour la France, vénitienne pour l Allemagne selon P. Burke. - Reste à apprécier la diffusion sociale de la Renaissance, son impact au-delà des élites princières, élitaires, urbaines, et à questionner l assimilation forte entre influence(s) italienne(s) et Renaissance. Johan Huizinga, après avoir visité l exposition de 1902 sur les primitifs flamands, douta que l Italie fût le seul foyer de la Renaissance. Dans l Automne du Moyen Age, 1919, où il étudie des formes de la «civilisation des Pays-Bas flamands et à la Cour de Bourgogne» il récuse toute idée de rupture entre le Moyen Age et la Renaissance et montre à quel point les Pays-Bas bourguignons ont constitué un autre modèle, contemporain et concurrent du modèle italien, chacun des deux modèles ayant emprunté beaucoup à l autre pour donner des synthèses originales et variables d un pays à l autre. D autres historiens préfèrent insister sur l apport de la tradition française du Moyen Age gothique à la Renaissance. La question posée conduit à envisager de nombreux thèmes qui pouvaient être organisés selon différents plans. A titre d exemple et sans qu il fût attendu que tous les points évoqués fussent aussi développés- nous proposons un cheminement simple mais clair qui conduit, dans un premier temps, à étudier les facteurs de l influence italienne dans l Europe des années ainsi que les formes prises par les emprunts à l Italie ; dans un second temps, sont envisagées les formes prises par «l italianisation» de l Europe pendant ce siècle, sa chronologie, la place des guerres d Italie dans ce mouvement, enfin son extension spatiale sont à envisager ; enfin dans une troisième partie, nuances et critiques sont apportées à l idée d une «Europe italienne», puisque des couches sociales, des pays ont été moins réceptifs, sinon rétifs à l influence italienne, et que se sont manifestés des refus, des formes d italophobie, y compris d ailleurs dans les pays les plus précocement et les plus fortement «italianisés». I Les facteurs de l influence italienne A. Les Italiens en Europe, les Européens en Italie: des hommes et des femmes aux «positions-clés» Le rayonnement italien se fait, dès les XIVe-XVe siècles, par divers canaux, toujours actifs et renforcés au XVIe siècle. L influence italienne en Europe passe par des réseaux, puissants, de diverses natures. 1 Les réseaux dynastiques, diplomatiques et religieux Les dynasties italiennes, parfois récentes et d une légitimité douteuse (les Sforza à Milan dans la 2 e moitié du XVe, les Médicis à Florence, surtout à partir de Laurent le Magnifique), parfois d origine 3

4 étrangère avec une légitimité locale guère meilleure (les Aragon à Naples), mènent une politique matrimoniale habile, qui les amène à tisser des liens familiaux avec les puissantes dynasties d Europe : avec les Hunyade de Hongrie (Béatrice d Aragon épouse Mathias Corvin), avec les Jagellon de Pologne-Lithuanie (Bona Sforza épouse Sigismond I en 1518), avec les Orléans (Valentine Visconti), avec les Valois : Hercule II d Este épouse Renée de France, les ducs de Savoie ont marié leurs filles en France (Louise de Savoie), et épousé eux mêmes des princesses du plus haut rang (telles Marguerite d Autriche, tante de Charles Quint, qui fut l épouse de Philibert le Beau de Savoie, puis Marguerite de Berry, sœur de Henri II en 1559) ; Catherine de Médicis épouse ce dernier, devenant bientôt reine de France. La papauté, étroitement liée aux grandes familles italiennes, participe à ce jeu dynastique avec détermination (rôle de Clément VII dans ce dernier mariage), ou essaie de placer ses «protégées» sur les trônes d Europe (ex. Sophie-Zoé Paléologue envoyée en Russie auprès d Ivan III). Ces mariages sont accompagnés de migrations de nobles, de chapelains, de fournisseurs, d artistes, membres de la maison des princesses La diplomatie prend dès la fin du XVe siècle, sous l influence italienne et surtout vénitienne, une importance nouvelle : l usage d envoyer dans les principales cours d Europe des représentants permanents se répand peu à peu, même si la vieille coutume des ambassades «solennelles» ne disparaît pas. Si les ambassadeurs vénitiens sont, grâce à leurs «relazioni», une de nos meilleures sources d information sur l Europe du temps, inversement, les ambassadeurs étrangers, ou les hommes qui accompagnent leurs souverains en Italie, ne manquent pas de décrire ce qu ils y voient (ex. Commynes), et se joignent sur place aux groupes humanistes (ex Lazare de Baïf, ou Jean du Bellay, qui emmène avec lui à Rome Rabelais et son neveu Joachim, le poète). La pratique, traditionnelle, des «cadeaux diplomatiques» joue au XVIe siècle son rôle dans la diffusion d objets italiens réputés, tels que armes, armures, médailles, livres et œuvres d art : en 1502, la république de Florence, pour gagner l aide militaire française dans sa guerre contre Pise, commande à Michel Ange un David en bronze et l expédie à Florimond Robertet, conseiller écouté du roi de France. Les réseaux de l Eglise catholique sont très importants également. Rome attire toujours des pèlerins, notamment lors des jubilés, et la présence de la papauté suscite la venue régulière de nombreux prélats étrangers. D autre part, les légats pontificaux (Jérôme Aléandre, Wolsey), envoyés auprès des souverains et des cours d Europe sont des vecteurs notoires de l influence italienne et de l humanisme (ex. Jacopo Sadoleto, , évêque de Carpentras de 1527 à 1536, en liaison avec Erasme et Boniface Amerbach). Le réseau des italiens émigrés pour raisons politiques n est pas moins important : citons le Milanais Jean Jacques Trivulce, tombé en disgrâce auprès de Ludovic le More, devenu le conseiller militaire de Charles VIII, avant d être promu commandant en chef de l armée de Louis XII, puis maréchal de France. A partir des années 1530, la France accueille à nouveau nombre d Italiens émigrés, tant des Florentins fidèles au républicanisme, hostiles au pouvoir ducal des Médicis, que des proches des Médicis venus dans la suite de Catherine. 2 Les réseaux commerciaux et bancaires Dès le XIVe siècle, les grandes maisons commerciales et bancaires de Toscane sont représentées dans les principaux centres commerciaux d Europe occidentale ; au début du XVe siècle, après les retentissantes faillites des précédentes, d autres maisons ont pris le relais, étendant à leur tour un réseau de plus en plus vaste (évoquer le réseau des filiales des Médicis, formant une sorte de vaste «holding» qui couvre une bonne partie de l Europe, jusque dans les villes de la Baltique (Lübeck) et d Europe centrale (en Hongrie et en Slovaquie, à Prague ). Louis XI, voulant favoriser Lyon aux dépens de Genève, attire à Lyon les marchands banquiers italiens, florentins notamment, qui occupent très vite dans la ville une place de premier rang et étendent leurs tentacules vers d autres grands centres du commerce français (Marseille, Rouen). Dans la Péninsule ibérique, les Génois, présents traditionnellement à Barcelone et Valence, voient dans l exploitation des îles de l Atlantique et dans les voyages d exploration le long des côtes d Afrique la solution d avenir, au moment où, sous la poussée turque, se ferment leurs comptoirs de la Mer Noire et du Levant, d où leur installation dans les ports d Andalousie et du Portugal. Au début du XVIe siècle, au moment où se met en place l économie atlantique, les Italiens sont présents dans les centres les plus importants, à Séville, à Lisbonne, plus encore à Anvers, sans pour autant délaisser totalement Bruges, lieu de leur plus ancienne implantation : la métropole de l Escaut abrite d importantes colonies lucquoises, florentines, 4

5 milanaises, peu de Vénitiens, mais ceux ci restent nombreux à Londres. Des marchands et banquiers italiens sont également actifs dans les villes allemandes (Nuremberg, Augsbourg, Francfort), même si leur présence dans le nord n a pas été durable. Ces marchands, installés avec leurs familles, leurs domestiques, vivent entre eux, forment des «nations» organisées avec leurs consuls, mais il leur arrive de nouer des liens d amitié et de parenté avec les familles locales. Leur rôle est économique et politique dans la mesure où ils prêtent aux souverains (ex à Lyon, le «grand parti» de 1555 regroupe les créanciers italiens de la couronne de France). Rien d étonnant à ce que ces groupes compacts d hommes riches et cultivés (pratique des langues vivantes, de la comptabilité «en parties doubles», du «change par art»), également amateurs d art (cf les Arnolfini, les Portinari, acheteurs des tableaux de Van Eyck et de Van der Goes) aient une influence économique et culturelle au sens large (savoirs techniques, habitudes de consommation d objets d art et de luxe) auprès de la bourgeoisie des villes où ils résident. Inversement, des marchands de toute l Europe fréquentent l Italie, tout particulièrement Venise, grande métropole cosmopolite, où le «fondaco» des Allemands côtoie celui des «Turcs» (qui abrite aussi des commerçants arméniens et persans), ainsi que de nombreux marchands juifs. Transformée vers 1550 en port franc bien équipé par les Médicis, Livourne devient à son tour le lieu de rencontre de bien des marchands étrangers. Les marchands des villes d Allemagne du sud fréquentent également Milan, et Gênes, d où ils s embarquent pour Barcelone ou les côtes d Afrique du nord 3 Les réseaux des humanistes et des artistes. Dès le début du XVe siècle, les premiers maîtres «humanistes» italiens (Guarino de Vérone à Ferrare, son ancien élève Vittorino da Feltre à Mantoue) enseignent les «litterae humaniores» à un public international issu des élites de divers pays, notamment d Angleterre, mais également de Hongrie, d Allemagne, tandis que le renom des universités de Bologne, pour le droit tout particulièrement, de Padoue où l on enseigne Aristote à partir des textes originaux «restitués» et à travers la vision qu en a donnée Averroès, attire des étudiants de l Europe entière (vieille tradition de la «peregrinatio academica» et sentiment des étudiants de l Europe du nord de leur infériorité, de la nécessité de se rendre en Italie pour un «polissage» intellectuel), mais aussi des maîtres curieux d entendre des doctrines autres que celles de la Sorbonne. Lefèvre d Etaples, qui enseigne la philosophie à Paris, vient écouter à Padoue les leçons d Ermolao Barbaro sur Aristote. Les anciens élèves des maîtres et des professeurs italiens fondent à leur tour, dans leur patrie, des écoles et des collèges rénovés dans l esprit de l enseignement humaniste, tel Jérôme Busleiden, ancien étudiant de Padoue, qui finance la création du «collège trilingue» de Louvain (1517). Rudolf Agricola ( ) après des études à Ferrare et Pavie en où il apprend le grec traduit Platon, rédige une biographie de Pétrarque et regagne Deventer et convainc le directeur de l école Alexander Hegius de la nécessité d enseigner le grec et les humanités. Konrad Muth, condisciple d Erasme à Deventer en , après des études à Erfurt en 1494 va en Italie ; séjours d études à Bologne, Mantoue, Venise, et retour, enthousiasmé par l Italie. D autres réseaux se tissent par le biais des imprimeurs italiens, qui attirent chez eux dès la fin du XVe siècle les membres les plus en vue de la «république des lettres» : Alde Manuce a pour correcteur le médecin anglais Linacre et il accueille Erasme dans son «Académie» vénitienne. Plusieurs fondent à l étranger des succursales, de préférence dans les grands centres du commerce international, à Lyon, Anvers, Francfort. Ces lettrés frottés à l humanisme italien sont, du fait de leurs voyages et de leurs correspondances, les vecteurs des nouveautés italiennes dans leurs pays, assez peu toutefois dans le domaine artistique, auquel ils ne s intéressent souvent que de façon marginale, voire pas du tout (ex. d Erasme, ou de son ami l évêque Adrien d Utrecht, le seul pape de la Renaissance à la fois non italien et indifférent aux beaux arts, très hostile à la décoration de la chapelle Sixtine par Michel Ange, qualifiée par lui de «décor de lupanar» ). D autres réseaux ont joué, avec un certain décalage chronologique, dans la diffusion de l art italien : celui des artistes protégés par les Sforza (Vinci), plus tard celui des élèves de Michel Ange ou de Jules Romain (rôle des ateliers, pépinières d artistes diffusant la «manière» des grands maîtres) Ainsi, les facteurs humains de l influence italienne en Europe ont pris la forme de réseaux et dans nombre de cas, celle de diasporas majoritairement constituées de marchands et de banquiers installées surtout dans les grands ports de l Atlantique et de la Mer du nord, dans des ports méditerranéens tels 5

6 Marseille, Montpellier, Valence, Barcelone, et dans quelques grandes villes commerçantes de l intérieur (Lyon, Francfort/Main, Augsbourg, Ulm, Ravensburg, Nuremberg. Leur présence favorise l installation d artisans italiens, d imprimeurs italiens, mais aussi la publication par les imprimeurs locaux d ouvrages en italien (ex à Lyon, par Jean de Tournes et Guillaume Rouillé). Quelques capitales politiques ont également attiré des diasporas italiennes, notamment Paris, où résident dès le début du XVIe siècle de nombreux marchands et artisans italiens, sans compter les intellectuels et les artistes de passage ; c est le cas, de la même manière, de Vienne et de Prague, de Cracovie et de Bude, jusqu à la prise de cette dernière capitale par les Turcs. Vers la fin de la période étudiée, Genève qui, du temps de la splendeur de ses foires, attirait déjà les Italiens, redevient, grâce à Calvin, le siège d une très importante colonie d Italiens convertis au protestantisme, des marchands, des banquiers, des nobles, des imprimeurs et des libraires, des artisans également, qui développent l industrie de la soie. La diaspora des protestants italiens touche également, mais dans une moindre mesure qu à Genève, Bâle et Londres. En dehors de ces centres, on ne peut plus parler de diasporas, tout au plus de groupes d Italiens, voire d individus isolés, présents de façon durable ou fugitive, mais susceptibles, par leurs talents, par leurs connaissances, de jouer un rôle d intermédiaire culturel par la transmission de savoirs nouveaux. B. Les nouveautés italiennes, Elles se répandent peu à peu en Europe et témoignent de l avance de l Italie sur le reste du continent. Cette avance se manifeste de diverses manières et explique l attrait de la culture italienne sur le reste de l Europe. 1 Une avance technique Celle-ci est particulièrement nette dans le domaine des techniques commerciales et bancaires. C est en Toscane (à Prato, à Florence) qu ont été mises au point, dès les XIIIe et XIVe siècles, les techniques de la comptabilité «en parties doubles», de la lettre de change, de l assurance maritime. Gênes développe très tôt de nouvelles formes d association, mises en œuvre tant dans le domaine commercial (les «sociétés» à parts multiples, telle la compagnie de l alun de Chio) que dans le domaine bancaire (la «Casa di san Giorgio», première forme d une banque publique de dépôt, avec ses nombreuses parts ou «luoghi», qui représentent un fond de placement particulièrement sûr et réputé). Venise, moins novatrice, plus lente à adopter les inventions, joue en revanche un rôle décisif dans leur diffusion à partir des XVe-XVIe siècles: la tenue des comptes en parties doubles, abusivement baptisée «à la vénitienne», est découverte par les marchands allemands présents au «Fondaco dei Tedeschi» ; elle est diffusée en Europe dès la fin du XVe siècle par le manuel latin de Luca Pacioli («Summa de arithmetica»), mais le pas décisif sera franchi à Anvers dans les années 1540 avec le manuel de comptabilité rédigé par Jan Ympyn, en langue néerlandaise, à l intention de ses concitoyens ; au milieu du XVIe siècle, le «banco di Rialto» de Venise reprend aux Génois et aux Catalans une formule qui servit de modèle aux grandes banques de dépôt et de virements du début du XVIIe siècle. Dans le domaine du crédit, les marchands-banquiers italiens montrent depuis longtemps le chemin, pratiquant dans toute l Europe le prêt à intérêt, souvent déguisé sous la pratique du change ou du «dépôt» de foire en foire. L avance italienne est évidente dans tous les secteurs de l industrie de luxe (soierie, verrerie, faï encerie ou «majolique»). Aussi les princes étrangers, las de voir partir vers l Italie leurs monnaies d or ou d argent en échange des velours et autres tissus précieux portés par les dames et seigneurs de leurs cours, font appel à des techniciens italiens pour créer ces fabriques de luxe : Etienne Turquet implante ainsi la soierie à Lyon à l appel de François Ier, Henri II crée à Saint-Gobain une verrerie fabriquant de glaces sur le modèle de celles de Murano, à Anvers se créent, dans la première moitié du XVIe siècle, des fabriques de soierie, de verre et de glaces, de majolique. Les armures et les aciers d Italie du Nord sont considérés comme d une qualité particulièrement bonne, faisant concurrence à ceux de Nuremberg. Même si, le plus souvent, ce sont des techniciens italiens qui s expatrient à l appel d un potentat étranger, le nombre de techniciens ou artisans étrangers qui viennent se former en Italie n est pas négligeable. Beaucoup visitent avec profit l arsenal de Venise, un modèle de rationalisation de la construction navale. A la fin du XVIe siècle, le voyageur anglais Fynes Morrison parle des artisans allemands qui, au cours de leurs «Wanderjahre», passent par l Italie pour s y perfectionner. 6

7 L avance technique est également nette dans la nouvelle industrie de l imprimerie, pourtant née en Rhénanie : très vite, les imprimeurs vénitiens (Alde Manuce) lancent de nouveaux caractères (l italique), eux mêmes inspirés des nouvelles formes d écriture (caractères «romains» et «italiques») inventées par les «humanistes» italiens du Trecento et du début du Quattrocento ; c est à Venise que sont expérimentées les nouvelles formules du livre d art illustré par les meilleurs graveurs (ex. le «Songe de Poliphile», fin XVe siècle chez Alde Manuce), et de la partition musicale (procédé inventé par Ottaviano Petrucci), pour laquelle la «Sérénissime» va posséder, pendant la majeure partie du XVIe siècle, une véritable primauté, même si, après 1550, l édition musicale s est implantée à l étranger, à Anvers notamment. Dans le domaine des techniques de fortification, l Italie est, une fois de plus, à la pointe du progrès. La mise au point par divers ingénieurs, les Sangallo tout particulièrement, de la «trace italienne», une technique de fortification qui enterre et élargit les lignes de défense assorties de bastions triangulaires puis pentagonaux, remplace le simple mur par le «profil remparé» où la maçonnerie double un rempart de terre, répondant ainsi aux nouvelles conditions créées par la diffusion de la poudre à canon et des armes à feu, est un puissant incitatif à faire appel à des techniciens italiens : à la suite des guerres d Italie, François premier, Charles Quint, Philippe II, mais également de nombreux princes allemands, font venir chez eux des ingénieurs de la péninsule pour fortifier leurs villes frontières ou bâtir des citadelles face aux cités rebelles (Gand, Anvers). 2 Une avance intellectuelle et culturelle Dans l Italie des XIVe et XVe siècles a débuté la quête des manuscrits, facilitée par les rencontres avec les savants grecs qui, lors des conciles de Ferrare et Florence ( ) puis après la chute de Constantinople apportent des manuscrits inconnus des savants italiens (figure du cardinal Bessarion qui lègue à sa mort (1472) sa bibliothèque, la Marciana, à Venise). L application de la méthode philologique de critique et d analyse permet une meilleure «restitution» des textes anciens (Lorenzo Valla, milieu du XVe siècle), au moment où se met au point, dans les écoles «humanistes» de Guarino ou de Vittorino da Feltre une nouvelle conception de l enseignement. Celle-ci est axée sur les «bonae litterae» ou «litterae humaniores» de l Antiquité gréco-latine et sur les «arts libéraux» ; elle vise à la libération de l individu par l épanouissement de toutes les facultés humaines. Rien d étonnant, donc, à ce que l Europe fasse venir d Italie des maîtres susceptibles d enseigner le latin et plus encore le grec (Hermonyme de Sparte, Jérôme Aléandre, Jean Lascaris sont invités à Paris au temps de Louis XII et de François Ier), ou même d écrire en bon latin l histoire nationale (ex. Paulo Emilio appelé par Louis XII, Pierre Martyr d Anghiera ou d Angliera appelé en Espagne par les «Rois catholiques», Polidoro Vergilio d Urbino appelé en Angleterre par Henry VIII). Au même moment, les lettrés européens vont se former au contact des maîtres italiens : la plupart des grands humanistes, quelle que soit leur nationalité, ont séjourné au moins une fois dans la péninsule: Celtis, Linacre, Reuchlin dans les années 1480, Lefèvre d Etaples, Colet, Copernic dans les années 1490, Erasme, Budé, Hutten, Champier, Gines de Sepulveda dans les années 1500 (à la notable exception de Vives, qui réside surtout à Louvain). Les élites nobiliaires et bourgeoises formées dans les collèges rénovés par les nouvelles méthodes d enseignement prennent, dès le XVIe siècle, l habitude de couronner leurs études par un «grand tour» d Europe occidentale, qui passe immanquablement par toutes les grandes capitales italiennes de l humanisme et de l art. La découverte, en langue italienne, mais également en traductions, de la littérature italienne (Pétrarque, l Arioste, le Tasse : ces derniers sont traduits en polonais par le frère du poète humaniste Kochanowski) acclimate dans les autres pays la forme nouvelle du sonnet, ainsi que les thèmes à la fois chevaleresques et courtois du «Roland Furieux» et de la «Jérusalem délivrée». 3 Une avance dans les formes de civilité Le raffinement des mœurs et des plaisirs, la nouvelle civilité mise au point dans les cours italiennes paraissent de même un modèle pour les cours, aux m œurs plus rudes, des royaumes ou principautés du reste de l Europe ; cette diffusion se fait, entre autres, par l intermédiaire du «Cortegiano» de Baldassare Castiglione (1528), traduit en de multiples langues, bientôt plagié et transformé : son traducteur polonais n hésite pas à en transposer la scène à la cour de Cracovie! 7

8 4 Une avance dans le domaine artistique Les arts pratiqués dans les villes et les cours italiennes sont une autre source d admiration et d imitation pour une Europe encore en plein âge «gothique». La découverte, par les voyageurs de tous ordres évoqués ci-dessus, ainsi que par les chevaliers des armées des guerres d Italie, des nouveautés de l art italien des Quattrocento et Cinquecento, d abord de l art lombard (la fameuse façade de la Chartreuse de Pavie), de l art napolitain et de l art florentin, puis de l art romain, sans oublier l art vénitien et celui des petites cours princières, révèle une profusion d œuvres nouvelles, en rupture complète avec l esthétique de l art gothique devenu flamboyant : une architecture s inspirant des modèles antiques tout en adoptant des proportions mesurées, régie par le souci d une harmonie parfaite et mathématique, une peinture et une sculpture traduisant la volonté d imiter la nature en rétablissant la perspective, et tout en corrigeant ses imperfections pour mieux faire apparaître le reflet de la beauté divine, un art des jardins (grottes, fontaines, jets d eau, terrasses aménagées ) susceptible de créer les décors enchantés de fêtes inspirées des triomphes antiques. Les contemporains sont conscients de la place prééminente de l Italie dans le monde des arts : comme l écrit en 1529 l imprimeur français Geoffrey Tory dans son «Champ Fleury», «les Italiens sont souverains pour la perspective, la peinture, la sculpture. Nous n avons personne ici à comparer à Léonard de Vinci, Donatello, Raphaël d Urbino ou Michel Ange». Dans la vie quotidienne, il y a des objets nouveaux et superbes : glaces, faï ences richement décorées (elles reproduisent entre autres les tableaux des grands maîtres), coffres de mariées et plateaux d accouchées ornés de motifs antiques, meubles savamment incrustés de marbre, de nacre ou autres matières précieuses, sans oublier la fourchette, mise au service d un art culinaire qui utilise les nouveaux produits des jardins italiens, tels que l asperge ou le melon (mets princiers!, mais plus modestement, Rabelais envoie en 1536, de Naples vers son Poitou natal, des graines de laitue avec le mode d emploi pour les semer et les cultiver). Tout donc, dans l art italien, même le plus «utilitaire», rompt avec les traditions issues du Moyen Age. L art de vivre dans les cours d Italie fait des palais d Urbino ou de Mantoue, somptueusement décorés par les peintres, les marqueteurs, des modèles à imiter, jusque dans leurs pièces les plus symboliques de la Renaissance que sont le «studiolo», et la galerie d antiquités. Les danses et la musique qu on y pratique sont nouvelles ; leurs termes techniques (le madrigal, la pavane, la gaillarde), sans équivalent dans les autres langues, seront adoptés tels quels ; même chose pour la pratique de l escrime. Aussi les souverains et princes d Europe font ils appel aux artistes et artisans italiens, avant même les premières guerres d Italie. Puisque l «avance» artistique de l Italie réside d abord dans le rapprochement opéré avec l art gréco-romain, l Europe emprunte à l Italie ses antiquités, moins les œuvres originales que leurs moulages (la mission confiée à Primatice par François Ier), pour les placer dans des galeries, des parcs et jardins à l imitation du jardin des Médicis à Florence, du Belvédère à Rome ou de la villa de Paul Jove au bord du lac de Côme, d ailleurs imitée à Venise par le palais Grimani à partir de Pour conclure ce premier thème, il faut insister sur cette «italianisation» de l Europe au temps de la Renaissance liée au fait que, héritière de l Empire romain, l Italie a, semble-t-il, vocation à conquérir le monde pacifiquement, du seul fait de la supériorité de sa culture diffusée à travers toute l Europe par les réseaux politiques et religieux, par les réseaux du monde marchand comme par ceux des humanistes. Sa langue même (le toscan surtout) devient, à l instar du latin, un vecteur essentiel de la communication internationale. Des princes et rois d Europe parlent italien (Maximilien Ier, François Ier), Marguerite de Navarre correspond en italien avec Vittoria Colonna ; l italien commercial est enseigné dans les écoles de commerce destinées aux futurs marchands d Anvers. II «L italianisation» de l Europe et ses manifestations Réalisée par étapes successives, elle a marqué particulièrement certains pays, plus réceptifs que d autres. Mais jusqu à quel point peut-on parler d italianisation? A. Au cours de la seconde moitié du XVe siècle, avant les Guerres d Italie, deux types «d italianisation». 8

9 L un est limité à l humanisme disséminé en Europe par des passeurs célèbres ou anonymes, l autre global, s avère circonscrit à quelques lieux, essentiellement des cours et des capitales et résultant de la volonté d un prince, d une princesse. 1. Le transfert humaniste L humanisme italien et le legs oriental (langue et culture grecques) sont révélés au reste de l Europe, par l intermédiaire des anciens élèves de Guarino et Vittorino, grâce aux professeurs italiens attirés dans les universités européennes (comme Gregorio de Tifernate, Filippo Beroaldo et Fausto Andrelini à l université de Paris), ou encore par le biais des étrangers, étudiants, lettrés, diplomates qui voyagent en Italie et repartent chez eux, frottés du néo-platonisme florentin ou de l averroï sme padouan. Les humanistes répandent hors d Italie les nouvelles formes d enseignement et d étude des lettres antiques dans les collèges où ils enseignent (ex. à Oxford). 2. De franches manifestations d «italianisation» par la volonté des princes Aux marges orientales de l Europe, en Hongrie, sous le roi Mathias Hunyadi autrement dit Corvin, de 1460 à Fils d un chef d armée, M. Corvin veut asseoir sa notoriété à l ombre des Turcs et de l Empereur, deux voisinages encombrants qu il réussit à éclipser grâce à un projet inspiré par l humanisme et la Renaissance italienne. Son épouse, la princesse napolitaine Béatrice d Aragon, femme cultivée, ayant étudié Cicéron et Virgile, passionnée de musique et son chancelier Johannes Vitez soutiennent le projet. Résultats : la création de la bibliothèque Corvina, composée de manuscrits et d ouvrages achetés en Italie, la transformation du palais royal gothique flanqué d ailes Renaissance, d une décoration due à des artistes italiens venus travailler sur place ou envoyant des oeuvres commandées, bas-reliefs en bronze de Verrochio, tableau d autel de la chapelle du à Filippino Lippi. Hors de la Cour, pénétration de la Renaissance avec l enseignement du grec enseigné à partir du XVIe siècle. Après la mort de Mathias Corvin, ses successeurs (de la famille Jagellon), les prélats et la noblesse, sont toujours intéressés par l humanisme, mais se détournent de l Italie et préfèrent un humanisme danubien, plus érasmisant (Tibor Klaniczay). La Hongrie aurait pu devenir le centre le plus prestigieux de la Renaissance européenne, n eût été la conquête turque des années Les destructions n ont laissé subsister que la superbe chapelle funéraire du primat d Esztergom, Tamas Bakocz. Le tsar Ivan III ( ), «rassembleur des terres russes», sous l influence de sa deuxième épouse, Sophie Paléologue, qui connaissait le romain Pomponio Leto, fait venir à Moscou au cours des années 1470/90, Aristotele Fioravanti et d autres architectes pour l aménagement du Kremlin ; outre les fortifications, il faut citer le fameux «palais à façettes», une copie du palais des Diamants de Ferrare due à Marco Ruffio et Pietro Antonio Solari. Dans les églises Saint-Michel et de l Assomption, le style florentin se combine avec les traditions locales (dômes en forme de bulbes, décor intérieur d icônes «à la manière grecque»). Ces tentatives d italianisation voulues par les souverains sont restées limitées dans le temps et dans l espace. A partir de la conquête turque, la Hongrie, tout comme le reste de l Europe ottomane, ne reçoit que très peu d influences occidentales ; la présence italienne dans l empire turc ne dépasse guère Istanbul, où subsistent d ailleurs de nombreux vestiges de l époque byzantine (Sainte Sophie convertie en mosquée). Après Ivan III, les tsars de Russie n invitent plus d artistes étrangers, tout au plus des médecins, des ingénieurs et autres techniciens, parmi lesquels beaucoup d Allemands, mais peu ou pas d Italiens, et si Maxime le Grec, qui a vécu en Italie et fréquenté les cercles humanistes, est bien accueilli par Basile III, c est en sa qualité de moine du Mont Athos, traduisant les textes sacrés de l Eglise grecque. En Moscovie, l alphabétisation se limite au clergé et à la noblesse. Quand, dans les années 1560, Ivan IV veut introduire une imprimerie à Moscou, il se heurte à l hostilité du clergé et de la population, si bien que la Russie, murée dans ses traditions, est plus que jamais considérée par l ensemble de l Europe comme un pays «barbare». Ailleurs qu en Europe orientale, en dépit de l importation de sarcophages sculptés, l influence italienne demeure très limitée sur l art européen de la fin du XVe siècle, dominé par le gothique «flamboyant». Les échanges artistiques entre l Europe et l Italie se font plutôt du nord vers le sud : les Italiens achètent les œuvres des grands peintres flamands pour les exporter vers l Italie. C est ainsi que les Florentins peuvent, à partir de 1483, admirer dans la chapelle des Portinari le fameux triptyque 9

10 de l «Adoration des bergers» de Hugo van der Goes. Et si le «Jugement dernier» de Hans Memling est à Gdansk, cela est dû à un corsaire danzigois qui saisit le tableau sur un navire parti vers l Italie. L influence flamande se traduit en Italie par l adoption rapide de la peinture à l huile et sur toile, par le goût manifesté, à Venise notamment, pour les couleurs éclatantes, par la disposition des personnages dans les portraits : un des fondateurs du portrait italien, Antonello de Messine, s inspire des portraits flamands. B. Au temps des guerres d Italie ( ) 1 Le rôle des guerres Les guerres d Italie ont engendré les occupations, plus ou moins durables, de Naples et du Milanais, tant par les armées françaises que par les armées espagnoles et impériales, l installation à Naples et à Milan d administrateurs étrangers, comme le vice-roi français Georges d Amboise, sans oublier les territoires savoyards ou génois occupés par les Français entre 1536 et Ces guerres et ces occupations ont été assorties de vols, parfois de pillages massifs de richesses et d œuvres d art (ce fut le cas notamment lors du sac de Rome en 1527, de destructions (détérioration des peintures de la Sixtine par les soldats luthériens de l armée impériale). L interprétation de Michelet attribuant aux guerres d Italie un rôle essentiel dans la diffusion des modèles italiens est controuvée, et sa thèse faisant fond sur l émerveillement des soldats devant les beautés de l Italie est pour le moins exagérée. Elle a été récusée par Arlette Jouanna, [ La France de la Renaissance, Bouquins] qui s appuie sur André Chastel et notamment son ouvrage L art français, Temps modernes [ Flammarion, 1994], où il précise : «il n y eut pas de découverte éblouie du Midi au moment de la cavalcade de Charles VIII, ni d adoption soudaine de nouveaux styles, mais des relations continues qui se traduisirent par des mariages princiers, des accords financiers, des missions à Rome et dans le domaine artistique, des prélèvements spécifiques de motifs susceptibles d enrichir le répertoire» ; et il insiste «on prête à la noblesse française qui suivit Charles VIII, puis Louis XII au-delà des Alpes la mentalité distinguée des voyageurs du XIXe siècle : ces cavaliers vigoureux étaient animés par l instinct habituel de conquête et attirés par la dolce vita, fort peu par la culture». Donc l historiographie récente n observe pas une découverte brutale de la Renaissance italienne, mais une accélération évidente de cette pénétration des idées et des modes italiennes autour de 1500, jusqu à une sorte de point d orgue autour de 1540, avec comme intermédiaires, non les soldats, mais des prélats, des diplomates, les souverains et leurs courtisans. C est à l occasion des guerres d Italie que Florimond Robertet, membre de l entourage gouvernemental des rois Valois, prend goût à l art italien ; il ramène de son premier voyage une statue de Michel Ange et un tableau de Léonard. Les souverains français s empressent de ramener en France des objets variés (François Ier charge Della Palla en 1528 de se procurer «un grand nombre d antiquités de toutes sortes, en particulier des marbres, des bronzes et des peintures de maître dignes de Sa Majesté» (Hale, p.313), ainsi que des hommes capables de reproduire ces merveilles de l autre côté des Alpes ; les premiers «spécialistes» ramenés par Charles VIII après sa première campagne en Italie ( ) sont des orfèvres, un sculpteur d albâtre, un marqueteur, un fabricant d orgues, des tailleurs, un maître-brodeur, un fabricant de parfums, un jardinier, et un noir africain éleveur de perroquets! Peu après arrivent des architectes, comme Fra Giocondo et Dominique de Cortone (le «boccador»), des sculpteurs (Guido Mazzoni, les Juste, qui réalisent à Nantes les tombeaux des ducs de Bretagne, et celui de Louis XII et Anne de Bretagne à Saint-Denis), puis des peintres et ingénieurs ordonnateurs de fêtes (Léonard de Vinci), des professeurs de latin et de grec (Aléandre, Lascaris), de droit (Alciat, et surtout le savoyard Claude de Seyssel, qui entame une brillante carrière au service des trois rois de France successifs Charles VIII, Louis XII et François Ier), des musiciens. Ailleurs qu en France et en Espagne, l influence italienne passe par les mêmes canaux qu avant 1494 : ambassadeurs, voyageurs, marchands continuent de circuler entre l Italie et l Europe ; des mariages princiers ou royaux tissent de nouveaux liens entre l Italie et divers pays. Le sac de Rome (1527) incite les artistes à s expatrier, vers d autres villes italiennes ou à l étranger ; certes, ils reviendront dans la Ville éternelle avec le nouveau pape Paul III, mais il est certain que l événement a contribué à l exportation, hors de la péninsule, de l art italien, sous sa forme «maniériste». Avec les mêmes effets, un autre phénomène se développe : la pratique du voyage en Italie devient pour les artistes de toutes origines une sorte d obligation, comme en témoignent les graffiti de la Maison Dorée de Néron, 10

11 à Rome, où l on trouve les signatures de nombreux artistes des Pays-Bas et d ailleurs, des artistes qui s intéressent tout autant à l art italien contemporain qu à celui de l antiquité, comme en témoignent leurs carnets de notes. 2. Les principales réalisations artistiques En France. Une «première Renaissance», jusque vers les années 1530 avec un style composite où seul le décor est italien (médaillons, losanges, pilastres et chapiteaux) : *Le château de Gaillon ( ) réalisé pour l archevêque de Rouen Georges d Amboise. Décoré selon la manière lombarde avec des galeries, des bandes d arabesques, des médaillons de bustes d empereurs romains, également présents au château d Assier ( ) cher à Galiot de Genouillac. * Les monarques font décorer dans le même esprit leurs anciennes résidences d Amboise et de Blois ; François Ier fait édifier Chambord avec l aide de Dominique de Cortone (un palais sorti tout droit des romans de chevalerie, où l influence italienne, visible dans le décor, se combine à des traditions médiévales très vivaces ). *Les autres châteaux de la Loire : avec Bury, édifié pour Florimond Robertet ; avec Chenonceaux ( ) dû à Thomas Bohier, général des finances ; Azay-le-Rideau, construit par Gilles Berthelot, président à la Chambre des Comptes, et son épouse ; avec Villandry et Villesavin, édifiés vers par Jean Breton, secrétaire des Finances. *Des hôtels urbains avec l hôtel d Alluye à Tours pour Florimond Robertet.*Les jardins. * des chapelles funéraires (Folleville en Picardie). *Peinture et sculpture reçoivent l influence des grands maîtres de la «haute Renaissance» florentine (Vinci) et romaine (les «esclaves» de Michel Ange ornent le château d Ecouen, construit pour Anne de Montmorency). * Les fortifications «bastionnées» à l italienne, admirées à Turin, Milan ou Pavie, susceptibles de résister aux puissantes armes de siège de l artillerie française ; les rois de France voudront à leur tour les adopter très vite, au moins pour les places frontières (Amiens). A partir de 1530 environ, une Renaissance plus «classique» et surtout «maniériste» s épanouit ; après Vinci, François Ier attire sur le sol français d autres grands artistes : à défaut de Michel Ange, qui refuse, il convainc Serlio ( ) arrivé en 1541, Cellini, et les peintres «maniéristes» de l Ecole de Fontainebleau (cf. infra), tandis qu au même moment, les artistes français vont plus fréquemment chercher en Italie une formation et des modèles: c est le cas de Goujon, de Philibert De l Orme, qui sera l architecte favori de Henri II et Diane de Poitiers. Dans l architecture, l influence italienne est désormais moins celle de la Lombardie que celle de l art florentin et romain, et à travers eux de l art antique, revisité par les grands architectes et sculpteurs italiens des XVe et XVIe siècles. Nous reviendrons plus loin sur cette Renaissance française, qui touche surtout l art et l architecture «civils». L art religieux quant à lui reste soumis, pour l essentiel, au règne du gothique, même s il emprunte çà et là des éléments à l art lombard ou à l art «classique» (jubés, façades, chapelles de châteaux ou monuments funéraires ; ex de la cathédrale de Rodez avec un petit temple à l antique au sommet de la façade principale, à l initiative du cardinal Georges d Armagnac vers 1560, avec l intervention probable de l humaniste Guillaume Philandrier). En Espagne. Après l archevêque de Tolède, Pedro Gonzalez de Mendoza qui fait construire le collège Santa Cruz de Valladolid sur des plans italiens et passe pour être l aristocrate espagnol le plus italianisé de son temps, Charles Quint demande à Pedro Machuca, peintre et architecte formé à Rome dans l atelier de Raphaël, le palais de Grenade (1527) avec élévation de colonnes à ordres antiques, «manifeste de l italianisme en Espagne» (Delumeau). En Pologne, en Bohême et dans les pays danubiens. Du fait de la politique artistique de princes bien disposés à l égard de l Italie (alliances matrimoniales des Jagellon, domination des Habsbourg sur une partie de l Italie, confirmée et définitive à partir de la paix de Cambrai de 1529), du fait aussi de l ancienneté et de l importance des relations commerciales avec l Italie, et d une présence italienne non négligeable (Augsbourg, Prague), on note l adoption relativement précoce de canons artistiques venus d Italie, notamment en architecture : chapelle des Fugger à Augsbourg ( ), hôtel de ville de Poznan, château du Wavel à Cracovie, Belvédère de Prague (dû au milanais Paolo della Stella formé à Venise), château de Litomysl en Bohême, château «Porcia» de Spittal sur la Drave en Carinthie, château de Landshut en Bavière (partout, on trouve des cours entourées d arcades superposées) ; «Résidence» de Munich, et pour les collections artistiques du duc de Bavière, 11

12 l Antiquarium, sans oublier la musique (Roland de Lassus, né aux Pays-Bas, termine sa carrière, après son passage en Italie et des pérégrinations variées, à la cour de Bavière). 3 L acclimatation de modes de sociabilité et de pratique du pouvoir Le modèle académique chemine, via l Académie Careggi à Florence, l Académie d A. Manuce, l Académie napolitaine de Pontano (fin XVe s.-1543) ou l académie de Pomponio Leto à Rome, et se répand en Europe sous la forme de cénacles organisés par une personnalité lettrée, de «sodalités» dans l Europe danubienne, rhénane (rôle de Conrad Celtis), avant de pénétrer les cercles curiaux en France. Le modèle curial, porté à un premier apogée dans le cadre des principautés italiennes (Naples, Ferrare, Mantoue, Urbino,) à la fin du XVe siècle, est adopté par la France des Valois, par l aristocratie espagnole (duc d Albe, duc de Medina Sidonia, marquis de Villena). Les fêtes adoptent des références italiennes, elles même saturées de références antiques, avec par exemple les entrées de Charles VIII et plus tard de François Ier à Lyon. 4 la pénétration de nouvelles idées. Le néoplatonisme : Depuis Florence et le cercle dominé par Marsile Ficin, Pic de la Mirandole, le néoplatonisme se diffuse en France, surtout à Lyon et à la Cour. Le médecin Symphorien Champier y joue un rôle actif, ainsi que le poète Maurice Scève, enthousiasmé par le pétrarquisme néoplatonicien (Délie, 1544). A la Cour, Marguerite de Navarre est séduite par le platonisme. La pensée de Machiavel ( ) avec Le Prince (1513), oppose à la situation d émiettement et de faiblesse de l Italie vaincue par des puissances étrangères, la nécessité d un pouvoir fort. Bien que son idéal soit celui de la république romaine, il plaide pour un Prince capable de s imposer et de se maintenir au pouvoir sans être freiné par des considérations morales et religieuses. Cet ouvrage ayant un retentissement considérable, traduit en français en 1544, mis à l Index, de plus en plus vilipendé à partir des années 1550 constitue un des fondements de la science politique dans plusieurs pays d Europe. On peut conclure cette partie sur la diffusion de «l italianisation» et sa pénétration dans la sphère domestique : «la domestication» de P. Burke, qui traduit l idée de séduction italienne, source de l italophilie. Ce courant se traduit par la propension à considérer comme «barbare» tout ce qui relève des traditions médiévales, à commencer par l art «gothique» (terme péjoratif inventé par les premiers humanistes italiens) et les méthodes «scolastiques» (terme générique, devenu à son tour péjoratif, employé pour désigner l ensemble des courants de la philosophie et des méthodes d éducation médiévales) ; est prônée l adoption des modes venues d Italie, tant dans l art, l enseignement et la littérature, les fêtes, le théâtre et les danses, que dans la manière de se vêtir, de se comporter à table et en public, d après le modèle idéal de civilité décrit par Castiglione dans le «Courtisan» (1528). Cette italophilie semble avoir marqué surtout le début de la période, au moment des premières guerres d Italie ( ), alors que régnait encore dans le monde humaniste un consensus sur la nécessité de rompre avec les méthodes des «hommes obscurs» (1516/1517), et que les élites européennes ramenaient de leurs contacts avec l Italie l impression éblouie d un monde parvenant à concilier beauté antique et christianisme. Cependant, cette «italianisation» de l Europe ne fut jamais un fait social et mental total. Jamais le «moment italien» n exerça une domination complète sur l Europe. III Les limites de «l italianisation» : critiques, refus, syncrétismes L influence italienne revêt des formes et une ampleur différentes selon les pays, les périodes. Les emprunts inégaux faits à la Renaissance italienne invitent à un bilan dans les années 1560, au moment où les périphéries lointaines de l Europe sont toutes atteintes par «l italianisation», avec le cas de la Suède d Eric XIV qui adopte timidement décors et fêtes à l italienne A ce moment, la plupart des pays ont passé l apport italien au crible des traditions locales et nationales. En résultent des emprunts inégaux qui invitent à parler d une «italianisation» contenue ou d un syncrétisme entre les deux influences, selon que l on adopte le point de vue des italiens ou des... soit-disant barbares. 12

13 A. Les critiques du modèle italien : du «nationalisme» à l italophobie 1 Le «nationalisme» Très tôt, au temps de la plus grande «italophilie», c est-à-dire juste avant et pendant les premières guerres d Italie ( ), des voix discordantes s élèvent déjà au sein même du monde humaniste, en exaltant les langues et les cultures nationales, avec Konrad Celtis en Allemagne, en France, Symphorien Champier, le savoyard Claude de Seyssel, en Espagne, Nebrija : tous proclament «la primauté de leur contrée respective», en associant épanouissement de la littérature et prospérité d un empire moderne, exactement comme l avait fait Lorenzo Valla pour la Rome antique. Dès cette époque débute la recherche, par chaque peuple, d ancêtres plus illustres et plus héroï ques que les Romains eux mêmes ; c est la tâche confiée aux premiers historiographes, officiels ou non, des «Etats-nations», tels Robert Gaguin ou Lemaire de Belges en France. Plusieurs peuples se réclament d origines troyennes communes, d une plus haute antiquité que celle des Romains, quand ils ne remontent pas à Noé lui même ; les Allemands, en redécouvrant Tacite et sa «Germanie» (éditée en 1497) redécouvrent aussi Arminius, le vainqueur des Romains, tandis que les Hollandais retrouvent Civilis, le héros de l indépendance batave, les Suédois leurs ancêtres Goths, vainqueurs de Rome eux aussi, en leur temps, et les Portugais le mythique Lusus, fils de Bacchus (une assertion reprise par Camoens dans les Lusiades) On conteste déjà la supérité italienne en exaltant les réalisations nationales (Wimpheling publie en 1505 son «Epitome rerum germanicarum», où il exalte les grandes inventions allemandes, comme l imprimerie ). Au même moment, le droit romain, remis en honneur depuis un bon siècle, commence à être étudié dans une perspective historique, et par là même son importance est relativisée, comme, par exemple, dans les «Annotations aux Pandectes» de Guillaume Budé (1509) ; bien plus, en Allemagne, on remet en honneur, dans les principautés, les textes fondateurs du droit allemand. L humanisme n allait donc pas seulement vers la redécouverte, via l Italie, de l antiquité gréco-romaine, mais tout autant vers celle des antiquités nationales, revues et corrigées par un amour-propre local dans une tonalité anti-italienne, à tel point qu en 1535, l humaniste italien Giovanni Corsi croit utile de composer une «Défense de l Italie» dans laquelle il énumère les noms des Italiens «les plus éminents dans tous les genres des arts». 2 L italophobie : Une autre composante du courant humaniste joue, dès le tournant des XVe-XVIe siècles, contre l influence italienne, avec deux types de critiques qui, à l occasion, s enchaînent : -une dénonciation des cicéroniens, Erasme Ciceronianus, 1528, qui raille leurs plagiats et excès langagiers, mais aussi leur intérêt quasi exclusif pour Aristote et Platon, et leur condescendance à l égard de la Bible et des Pères de l Eglise. -une dénonciation de Rome, la nouvelle Babylone, proférée par Erasme («Eloge de la Folie», 1509/11), reprise en écho par Budé et bien d autres humanistes, des critiques qui rejoignent la vieille tradition anti-romaine très vivace, tout particulièrement en Allemagne (Sébastian Brant) et en Angleterre. Dans les deux registres, à partir des années , l Italie a perdu son rang et son magistère érudit. Les critiques, surtout dans les pays passant à la Réformation, et auprès des humanistes chrétiens, l emportent : l Italie est devenue un contre-modèle, un repoussoir que certains rêvent de détruire, en une préfiguration du sac de 1527 (cf. Chastel, qui analyse les gravures de Dürer, l Apocalypse, et de Cranach). Si les années sont moins «italophiles» qu elles ne paraissent à première vue, une seconde période, inaugurée avec la rupture de l unité chrétienne, prolongée par le sac de Rome, et culminant dans les guerres de Religion qui ensanglantent, après l Allemagne des années 1520 (si l on y rattache la Guerre des Paysans) à 1555, la France et les Pays-Bas à partir des années 1560, paraît davantage italophobe, avec de sérieuses nuances. L italophobie est de plus en plus sensible en France où l on se moque volontiers des manières «italiennes» et de l affectation de parler italien (ex. strade pour rue ) qui règnent à la cour sous Henri II, et plus encore sous les règnes de ses fils ; Catherine de Médicis, «la florentine» est vouée aux gémonies par les catholiques intransigeants pour son attitude trop tolérante avant d être rendue responsable de la Saint-Barthélemy et accusée d être une trop bonne élève de Machiavel, qui 13

14 justement avait dédié le «Prince» à son père. On accuse aussi, en France, les «sangsues» italiennes, ces banquiers proches de la Cour, soupçonnés d être à l origine des impôts détestés. Toutefois l italophilie règne bien toujours, et même de plus en plus (l Académie platonicienne de Charles IX) à la cour de France, jusqu à l époque d Henri III où Belgiojoso («Beaujoyeux») composera pour les fêtes du mariage de Joyeuse le célèbre «Ballet comique de la Reine», l ancêtre des opéras-ballets. On constate des phénomènes semblables dans la Pologne des Jagellon, où la noblesse fustige les financiers italiens et le «machiavélisme» d une monarchie qui voudrait la réduire à l obéissance, ceci au moment même où sont construits, par des Italiens et dans un style fortement inspiré de l Italie, l hôtel de ville de Poznan et le château du Wavel à Cracovie. Tout est donc question de milieu; en Pologne comme en France, italophilie et italophobie cohabitent. La vie littéraire et artistique le montre dans ses contradictions mêmes : Ronsard, auteur de la «Franciade» (1572), écrit pourtant jusqu à la fin de sa vie des sonnets sur le modèle italien ; Du Bellay a, à la fois, glorifié Rome et son «petit Liré» angevin. En Angleterre, Ascham écrit dans son «Maître d école» que l Italie a dégénéré, au moment où, à la cour de son ancienne élève Elizabeth Ire, les références italiennes et antiques sont adoptées, combinées avec des traditions nationales plus anciennes (les «masques»), pour célébrer, en la personne de la souveraine, à la fois «Astrée» et la «reine des Fées», en même temps que l image mariale. Tout ceci amène à réévaluer la portée de l influence italienne dans la Renaissance européenne. B. Dans la Péninsule ibérique et en Europe du nord: une italianisation très contenue Les universités du nord de l Europe, (Louvain, Cologne, Paris), certaines universités espagnoles également (Salamanque) défendent la scolastique et sont récalcitrantes à l adoption d études humanistes largement inspirées par l Italie. Elles jouent un rôle de frein aux influences italiennes, jusqu à l ouverture des établissements humanistes du début du XVIe siècle (Université d Alcala, Collège trilingue de Louvain, puis collège de France) qui, par un effet-retour, rendent moins nécessaire le voyage en Italie et affaiblissent l attrait du pays sur l élite européenne. Le rayonnement d Erasme de Rotterdam, très critique vis-à-vis de maints aspects de la Renaissance italienne (cf. supra) est sans doute pour beaucoup, également, dans ce refoulement de l influence italienne dans la moitié nord de l Europe : à sa suite, les humanistes du nord de l Europe récusent l étude quasi exclusive des auteurs de l Antiquité et préfèrent se pencher sur les textes sacrés, la Bible, les Pères de l Eglise. Dans cet esprit, Guillaume Budé écrira en 1534/35 son «De transitu hellenismi ad christianismum». 1 En Espagne et au Portugal. L influence italienne demeure très limitée, et les grandes réussites artistiques sont suffisamment originales et enracinées dans leurs pays pour bénéficier de qualifications particulières. Fin XVe-début XVIe, l art manuélin (monastère de Hiéronymites, tour de Belem à Lisbonne, ) exalte dans ses motifs de décor naturaliste (ancres, cordages, nefs) l aventure océanique nationale et demeure d abord attaché au gothique. En Espagne, au même moment, l art plateresque (qui renvoie au travail de l orfèvrerie) indique la prééminence donnée au décor sur une structure restée traditionnelle (façade de l Université à Salamanque). Dans les deux pays, la part de l italianisme ne se diffuse qu après les années 1530, sous l influence d artistes formés en Italie (Alfonso Berruguete, Diego de Siloé, Pedro Machuca, Juan de Herrera) dans les palais de Grenade, d Ubeda, les cathédrales de Grenade, de Séville, de Jaen, ou au Portugal, dans la chapelle de l Immaculée Conception à Belem, tout comme dans les derniers cloîtres du monastère des Chevaliers du Christ à Tomar. 2 L Angleterre. Touchée très tôt par l humanisme, notamment grâce au rôle d anciens élèves de Guarino de Vérone ou d érudits liés à Alde Manuce (Linacre), l Angleterre n en développe pas moins au XVIe siècle un courant local de l humanisme chrétien qui tient plus de l érasmisme (Colet, Thomas More) que des modèles proprement italiens. 14

15 En Angleterre, l architecture demeure longtemps fidèle au gothique «perpendiculaire» et flamboyant (voûtes «en éventail» de la chapelle d Henry VII à Westminster, maisons bourgeoises à colombages), si l on met à part quelques rares châteaux décorés de médaillons et de jardins à l italienne au temps de Henry VIII (Hampton Court, sur commande de Wolsey, Nonsuch), et plus tard, au temps d Elizabeth Ière, quelques hôtels urbains, châteaux ou manoirs, à partir des années 1570 surtout, qu on peut rattacher aux modèles classiques prônés par Serlio et Palladio (Burghley house, Theobalds, Kirby Hall, Hill Hall ). La peinture, incarnée surtout par des étrangers (Holbein, Anthonis Mor), produit pour l essentiel des portraits réalistes dans la tradition germano-flamande. 3 L Allemagne. Très marquée, en Rhénanie surtout, par la tradition des Frères de la Vie commune, elle se rattache fortement au courant érasmien (Erasme présent à Bâle), en dépit des voyages de ses humanistes en Italie. Symbolique de cette indépendance vis à vis des courants ultramontains est son refus d adopter les caractères romains ou italiques (malgré quelques tentatives), si bien que les caractères gothiques restèrent en usage dans l imprimerie allemande jusqu au milieu du XXe siècle Autre symbole : le retour au droit allemand (sous ses diverses déclinaisons) favorisé par de nombreux princes allemands, contre la volonté impériale d imposer le droit romain. L humanisme allemand est très tôt marqué par des bouffées de nationalisme (notion de la «translatio imperii») (cf. supra). Les violentes querelles suscitées par les conflits religieux (de l affaire Reuchlin à l affaire Luther) ne font que renforcer la tonalité nationaliste, anti-romaine de l humanisme allemand (œuvres de Hutten, Pirckheimer, Hans Sachs). L art allemand est influencé modérément par l Italie : la tradition gothique domine très longtemps l architecture, tant civile (maisons et hôtels de ville) que religieuse ; l influence italienne, très superficielle, se marque au niveau du décor; les quelques exceptions précoces (la chapelle des Fugger à Augsbourg, qui date des années 1509/18), appartiennent à l Europe danubienne. Il faut attendre le milieu du siècle pour voir apparaître dans les autres régions allemandes des bâtiments (châteaux) dans un nouveau style, d ailleurs plus proche de celui de la Renaissance française que de la Renaissance italienne (modèle du Louvre, influence de Serlio), tels les châteaux de Heidelberg (aile d Otto Heinrich), de Dresde ou de Juliers, ou encore l hôtel de ville de Cologne. Le style de la Renaissance lombarde, avec ses décors de terres cuites, se manifeste dans le nord au delà du milieu du XVIe siècle (château de Wismar, façades «Renaissance» à Lübeck). La peinture allemande et la gravure, dominées pendant le premier tiers du XVIe siècle par Albrecht Dürer, auquel Vasari lui même rend hommage, subissent moins fortement l influence italienne, malgré les séjours de Dürer en Italie, à Venise surtout, que celle des traditions locales (thèmes de la danse macabre, de l Apocalypse et autres thèmes religieux, déjà très présents dans la peinture gothique, mais aussi portraits, dessins d animaux ou de plantes). La manière de traiter le nu, le thème de Vénus, mais aussi d autres thèmes, comme celui de la sorcellerie, marquent les tableaux de Cranach ou de Baldung d une empreinte étrangère à l esprit italien. Après 1545 toutefois (mort de Baldung), l absence d une nouvelle génération d artistes de grand talent fit que la demande s accrut pour les sujets mythologiques et historiques, si bien qu «après avoir longtemps rongé leur frein dans les coulisses, les doublures italianisantes occupèrent la scène abandonnée par les grands acteurs» (J. Hale). 4 Les Pays-Bas. Centre d une brillante civilisation urbaine, et d une non moins brillante vie de cour, au temps de la splendeur bourguignonne, ils empruntent assez peu à l Italie ; les décors des fêtes de cour organisées au temps de Charles Quint par la gouvernante, sa soeur Marie de Hongrie, tant au Palais de Bruxelles que dans son château de Binche, et ces châteaux eux-mêmes, doivent autant aux traditions bourguignonnes qu à l influence italienne. D une manière générale, l architecture des Pays-Bas ne connaît guère que quelques retouches dans le décor des façades des maisons ou des jubés d églises. Des châteaux, peu nombreux, construits dans le style Renaissance avec une forte influence italienne, ne subsiste que celui de Breda, résidence des Nassau ; le palais Granvelle de Bruxelles n est plus connu que par des gravures d époque ; même chose pour la Maison des Osterlins, bâtie à Anvers par Cornelis Floris, l auteur de l hôtel de ville d Anvers; dans cette dernière construction des années 1560, conservée, l influence des dessins de Sebastiano Serlio est nette. Les modèles gravés, dans le même 15

16 esprit, par Hans Vredeman de Vries vont néanmoins, à partir des années 1560/70, contribuer à faire connaître, dans le nord et l est de l Europe, les canons de l architecture italienne. La peinture des Pays-Bas, dont on a vu l influence sur la peinture italienne au XVe siècle, a, bien davantage que l architecture, reçu au XVIe siècle l influence italienne, avec les nombreux «romanistes» de Bruxelles, Anvers et Liège (Mabuse, Van Orley, Van Scorel, Frans Floris, Lambert Lombard), ou du nord (Maerten Van Heemskerk), avec le paysagiste Patinir, tous excellents peintres, dont l œuvre, et surtout l œuvre gravée, contribue une fois de plus à la diffusion, plus au nord et plus à l est, des modèles italiens. Néanmoins la peinture de ces romanistes, par ailleurs très habiles portraitistes, reste fidèle à la tradition réaliste des grands maîtres du XVe siècle flamand. Quentin Metsys, le grand peintre anversois du début du XVIe siècle, aligne tableaux religieux empreints de mysticisme, portraits réalistes, et scènes préfigurant la peinture «de genre», comme celle, très connue, représentant le prêteur et sa femme. Au milieu du siècle et dans les années 1560, en dépit d un voyage en Italie et de quelques allusions à la littérature et la mythologie antiques (la «chute d Icare», qui s inspire des vers d Ovide), Bruegel l Ancien à son tour se rattache pour l essentiel à la double tradition flamande, du paysage et des portaits réalistes d une part, et d autre part celle des fantasmagories symboliques de Jérôme Bosch, qui lui même puisait son inspiration, tant dans le bestiaire gothique que dans les illustrations de la littérature populaire. La vie musicale reste quant à elle, fortement marquée par l influence des grands maîtres locaux, Ockeghem et Josquin des Prés, très prisés de la régente Marguerite d Autriche. La vigueur du foyer des Pays-Bas a introduit la thèse d une double Renaissance, l une italienne, l autre flamande. En fait, les artistes des Pays-Bas demeurent attachés à une inspiration médiévale, alors que celle des Italiens est nourrie d emprunts aux idées, à la mythologie, aux formes de l Antiquité. En raison de ses choix, le foyer flamand ne peut être considéré comme d esprit renaissant (P. Burke), mais entre les deux foyers, les échanges existèrent, engendrant des synthèses, des syncrétismes, que l on retrouve, avec plus de netteté, dans l exemple français. C. Le cas de la Renaissance française 1 L italianisme. Il est apparu à la fin du XVe siècle ; vivifié par la descente en Italie, il connaît un nouvel élan avec la décision de François Ier de faire de Fontainebleau un manifeste de la Renaissance. Les artistes qui dirigent le chantier sont italiens ; ils appartiennent au courant maniériste : Le Rosso, mort en 1540, Francesco Primatice qui lui succède à la tête du chantier, N. Dell Abbate à partir de 1552 ; d autres artistes interviennent ponctuellement, tel Cellini. Ce fort investissement italien a posé la question de la dimension française de Fontainebleau. Les historiens d art s accordent généralement à voir dans Fontainebleau la marque d un syncrétisme entre la Renaissance italienne, sans doute dominante, et les exigences du goût français. Les réalisations de Fontainebleau, galerie de François Ier, galerie d Ulysse de Primatice (aujourd hui disparue) qui comportent des références mythologiques, des fresques délicates à interpréter, ont été connues en Europe grâce aux gravures d Antonio Fantuzzi. Hors du chantier bellifontain, une Renaissance à la française adoptant et adaptant le langage architectural exposé par Sebastiano Serlio dans ses Livres d architecture (1545) se développe, avec des caractères mêlés : hôtel d Assezat et hôtel de Bagis à Toulouse, hôtel de Ligneris, futur Carnavalet, à Paris, hôtel du «Grand Ferrare» à Fontainebleau, bâti par Serlio pour le Cardinal de Ferrare, évêque de Lyon, hôtel de Bullioud à Lyon, châteaux d Ancy-le-Franc en Bourgogne (par Serlio), de Bournazel dans l Aveyron, la Bastie d Urfé dans le Forez, La Tour d Aygues en Provence. 2 Vers un premier classicisme à la française.: Entre 1540 et 1570, la part de l italianisme régresse et est de plus en plus adaptée par les architectes français, tel Pierre Lescot sur le chantier du Louvre. Philibert De L Orme, pourtant formé en Italie, se réfère certes à Vitruve et aux monuments antiques, mais ne cite aucun modèle italien, et propose des solutions purement «françaises» aux problèmes architecturaux, comme les colonnes baguées. Il érige son chef-d oeuvre à Anet entre pour Diane de Poitiers. Un style architectural français, avec des avant-corps, des colonnes jumelées et baguées, des toits à la française, est défini avant les graves troubles de religion. Le Louvre de Pierre Lescot, qui est le manifeste de l architecture française, a été comparé à la Deffence et illustration de la langue française (1549), autre manifeste «national» où Joachim Du Bellay défend l idée que la langue «vulgaire», «nationale», est, autant et plus que les 16

17 langues antiques, susceptible d exprimer les valeurs de la Renaissance: nouvelle preuve d une prise de confiance et de distance des Français vis-à-vis de l Italie. En peinture, il ne faut pas oublier la perpétuation par des artistes tels les Clouet, et d autres portraitistes (Corneille de Lyon), de la tradition du portrait réaliste lancée au XVe siècle par Jean Fouquet. La gravure, illustrée par des tempéraments puissants comme Jean Duvet, n est pas davantage asservie aux modèles italiens. A partir du milieu du XVIe siècle, la France joue plus ou moins le rôle de relais de l influence italienne sur le continent : Fontainebleau, admiré par Charles Quint, n est-il pas considéré comme une «seconde Rome» où s arrêtent beaucoup d artistes? Le Louvre de Pierre Lescot devient lui aussi un modèle dont on s inspire, en Allemagne et ailleurs (château de Heidelberg), et donc un «passeur», en quelque sorte, des modèles italiens, transformés par l esprit français. Dans ce dialogue entre Italie et pays d Europe, les échanges sont partout marqués, avec des processus d adaptation, de réappropriation de la part de l Europe. L Italie de la Renaissance s est réapproprié le legs antique, et l Europe s est réapproprié le legs de l Italie, avec, à chaque fois, des aménagements. Conclusion Ainsi, l influence de l Italie en Europe fut sensible dans tous les domaines, même si elle buta sur des limites sociales et spatiales. L Europe «italienne» ou italianisée est curiale et citadine à condition que la ville possède une université, un collège, une importante activité marchande, bancaire, économique. L Europe italienne ou italianisée est le fait d une élite fortunée, éduquée ou du moins alphabétisée, une minorité puissante, liée aux pouvoirs politiques ou ecclésiastiques. A la ville, le menu peuple peut apercevoir la Renaissance en assistant aux fêtes «à l italienne» données lors des entrées officielles avec arcs de triomphe, figures de héros antiques, chars à l antique, il peut contempler les hôtels de ville ou les demeures décorées, voire bâties de toutes pièces dans le goût italien. En revanche, le plat pays n est guère italien, sauf si un noble fait édifier un somptueux château dans le goût nouveau, or le peuple des campagnes qui représente l écrasante majorité de la population européenne ignore la Renaissance italienne. Il est resté à l écart de ce qui permet à la Renaissance italienne d atteindre l Europe : l échange dans sa dimension internationale. En effet, la culture de la Renaissance apparaît toujours comme un aggiornamento entre des influences antiques ou italiennes d une part, des goûts et des traditions locales d autre part. Et dans ces échanges, là où ils sont durables, la dimension nationale l emporte peu à peu au détriment du modèle italien (cas de la France). En contrepoint, il ne faut pas oublier que l Italie a été influencée au XVe siècle par l art des pays du nord, non seulement dans la peinture, mais également dans l art des fêtes, qui doit beaucoup au modèle bourguignon, remanié en Italie puis dans le reste de l Europe selon le modèle des triomphes antiques. Bien plus, l Italie a continué d importer, en plein XVIe siècle, des productions artistiques d autres pays, notamment des gravures allemandes. Vasari, au milieu du XVIe siècle, signale ainsi qu en Italie, il n y a «pas une maison de cordonnier qui n ait son paysage allemand» ; il déplore que Pontormo ( ) ait trop été marqué par l influence de Dürer ; lui même utilise une copie fortement agrandie du bois gravé de Dürer «le siège d une ville» à l arrière de l une de ses peintures historiques au Palazzo Vecchio de Florence Les gravures allemandes ont également fourni à l industrie de la majolique italienne nombre de motifs. L influence nordique est encore plus nette dans le domaine musical : les flamands Ockeghem, Heinrich Isaak et Josquin des Prés, très admirés en Italie, où les deux derniers ont séjourné longuement (tous deux sont employés par la cour de Ferrare), donnent à la musique une impulsion décisive, et le nomadisme de Roland de Lassus est le symbole même de ces allers-retours entre l Italie et l Europe qui s opèrent dans tous les domaines. De même que la syphilis est appelée par les uns le «mal de Naples», par les autres le «mal français», il est parfois assez difficile de s y retrouver, au temps de la Renaissance, dans la querelle des origines des courants artistiques ou intellectuels. Les noms sous lesquels certains individus passent à la postérité prêtent à confusion puisque des artistes ou des marchands italianisent leurs patronymes comme Giovanni Strada, Giambologna pour Jean de Bologne de Douai, ou des Della Faille, marchands anversois). Mais on constate que cette volonté de travestissement est réversible avec le 17

18 peintre hollandais connu en France sous le nom de Corneille de Lyon, ou en Espagne Alejo Fernandez), en fait un allemand. Dans cette diffusion des échanges culturels, les intermédiaires occupent une place fondamentale : l influence italienne parvient dans les pays bordiers de la Baltique par les Hollandais, qui la transforment au passage. Les «grotesques» romains, une fois associés aux «arabesques» espagnoles (ou turques ) et aux cuirs flamands fondent un style décoratif international, illustration selon Peter Burke de cette «expansion du style classique ou classicisant hors d Italie vue comme une entreprise européenne collective d échanges culturels». Ni la rupture de l unité chrétienne, ni le sac de Rome n anéantissent l influence italienne en Europe. Le monde protestant admet, voire assimile, sous le magistère d humanistes comme Melanchthon, d artistes comme Dürer et Cranach le legs italien, d ailleurs diffusé en Europe avec la mise en sommeil du chantier romain consécutive au Sac et la dispersion de ses artistes. Après la Renaissance et partiellement débitrices de la Renaissance version Michel Ange dans sa dernière manière, les expressions artistiques de la Réforme et la Contre-Réforme catholique donnèrent naissance au baroque, un autre moment aux réalisations culturelles complexes et repérables dans sa diversité non seulement à l échelle de l Europe mais aussi de l Amérique. 18

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