Lorsqu une dent vous fait souffrir, on vous l arrache? Non? Surtout si on ne peut pas vous là soigner! Si cette douleur est immense, intense,

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3 Lorsqu une dent vous fait souffrir, on vous l arrache? Non? Surtout si on ne peut pas vous là soigner! Si cette douleur est immense, intense, insoutenable alors vous préférez avoir mal une bonne fois pour toute et en finir avec ça. «Et alors?» vous allez me dire. «Qu est-ce que ça peut bien nous faire!». Et vous auriez raison après tout! Rien à foutre! Sauf que vous êtes entrain de me lire et vous vous demandez où je veux en venir. Je tiens à la main un morceau de nylon. Une jolie corde que je vais me passer autour du cou. Je l attacherai en haut de la mezzanine et hop je sauterai par au dessus de la main courante. Crac! On en parle plus. Pourquoi? Parce que je souffre! J ai mal, très mal et que personne ne peut rien pour moi. Alors ce n est pas une dent que je veux que l on me retire mais la vie tout simplement. Enfin, pas si simple que ça de mourir. L envie je l ai! Le courage aussi, pas tous les jours mais assez souvent pour qu un jour soit le bon. Le moment plus tôt! Choisir le bon moment! Le bon endroit aussi! Ne pas faire çà n importe où, au risque de choquer des âmes sensibles. 2 3

4 Alors aujourd hui toutes les conditions sont réunies pour passer à l acte. Il est 9 heure du matin et j ai toute la journée pour faire ma traverser vers un endroit paisible. J ai toute la sainte journée pour vous parler de ma vie. Celle là même que je vais briser, supprimer, un clic droit sur la souris et à la corbeille! Je sais, je suis jeune, plutôt mignon, une vie rangé et stable, pas trop con à l école enfin tout pour plaire et avoir une vie tout ce qui a des plus banal. Pourtant je souffre! Chaque fois que j essai d en parler c est la même rengaine. «Qu est-ce qui t arrive mon grand? Un petit coup de bleues?» «Ça ne peut pas être bien méchant!». Bah non pourquoi ça le serait! Encore une fois j ai tout pour plaire. Aucun problème, tout va bien. Il y a que les gens qui vont mal qui se suicide. Ce n est pas mon cas! Moi je vais bien en surface! C est dans la profondeur de mon âme que ça se gâte. Personne ne s intéresse à mes états d âme c est tout le problème. Alors je grimpe les escaliers fraichement cirés qui m emmène à la mezzanine et je dessine les contours de mon plan macabre dans mon cerveau torturé. Je grimpe lentement les marches repensant à la tête des gens lorsqu ils me découvriront. «Mon dieu! Pourquoi a-t-il fait ça? Je n aurai jamais cru!». Ou peut être pire! Peut être auront-ils un sentiment de soulagement comme débarrassé d une vilaine verrue. Je déteste cette odeur de cire à un point que vous ne pouvez imaginer. Ça empeste, pire, je trouve que ça pue! Pourtant, ma mère persiste chaque fois qu elle me rend visite dans mon studio pour étudiant juvénile. 24

5 Je vais avoir dix-huit ans, bientôt un an que je crèche seul dans cet appart de lilliputien où je me sens à l étroit. Comme dans mon corps d ailleurs, je me sens à l étroit dans ce corps de merde! Il est trop petit ou trop grand, ça dépend des fois. J ai toujours cette vague impression d avoir sauté une étape, d être allé trop vite, il me manque quelque chose. «Putain! Tu fais math sup! À ton âge!» «T as eu ton BAC S à 16 ans!, t es balaise toi!». Voila la seule conversation qu échangent mes camarades de classes lorsqu ils m adressent la parole. Holà! Ce n est pas nouveau! Déjà quand j étais minot c était pareil. On ne me disait pas «qu est-ce qu il est mignon ce gamin!», les amis de mes parents, la famille objectaient : «Déjà en grande section déjà au collège? Mais quel âge a-t-il ce bout de chou?». Pourtant, je suis un beau mec, je le sais. Comment? Bah! Voilà un jour, je voulais savoir. Je me suis planté devant la glace torse nue. Je me suis regardé intensément pendant un long moment. Franchement? Rien à jeter! 1 M 86, 75 kg, des cheveux noirs, comme de l encre de chine, mi-long sur les oreilles, un visage ovale et régulier, un nez droit, des yeux marron, un corps joliment sculpter avec juste ce qu il faut de poignée d amour pour ne pas trop faire «bodybuildé». «Et alors?» c est cette question que tu me poses, je présume? Alors rien! Les filles, ne m ont jamais vraiment regardé en tout les cas, pas celle que j aurai aimée. Celles qui me reluquaient, elles avaient mon âge à quelques mois de différence. Alors, 2 5

6 tu comprends ce genre de donzelle, aux propos puérils, ça ne me satisfaisait pas. Décalage intellectuel! Les autres, oui! Celles de ma classe, qui pouvait avoir un, deux voir trois ans de plus que moi, ses adolescentes avec leurs seins rebondis, celle-là m intéressait. Mais là, à leurs yeux, je n existais pas, un courant d air, de la fumée de cigarette que l on écarte avec la main. «Pourquoi?» bah! C est simple, en règle générale deux ans de moins qu elles, un visage poupin, bête à concourt, premier de la classe en veux-tu encore de ce genre d exemple? Pardon de te tutoyer, mais j ai l impression que tu te situes en face de moi et j ai comme la sensation de te faire la conversation. Ça ne te dérange pas au moins? Moi ça me fait du bien. Je te trouve sympa de bien vouloir m écouter déblatérer ma petite vie de bourgeois insatisfait. Bon, je crois que tu as compris, je vais me foutre la gueule en l air parce que je n en peux plus! Merde, je suis en train de perdre le fil. Qu est-ce que je te disais déjà? Ah! Oui! Donc, j apparais devant le miroir, je me regarde, je prends une pause avantageuse, je sors mon portable et je me prends en photo. Je balance ça sur les réseaux sociaux et là bingo! Tout un tas de messages de jeunes filles et une invitation pour faire du mannequinat. Un jour de septembre, me voilà parti pour ce rendez-vous avec le monde de la mode. Je m étais fait beau, jolie coiffure plaquée sur le dessus, une ombre de moustache soigneusement taillée, parfum JPG et énormément de détermination. 26