AIRE DE RINÇAGE D ÉQUIPEMENT DE PULVÉRISATION ET SYSTEME DE TRAITEMENT DES EFFLUENTS PHYTOSANITAIRES
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- Angèle Roussy
- il y a 8 ans
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1 80432 AIRE DE RINÇAGE D ÉQUIPEMENT DE PULVÉRISATION ET SYSTEME DE TRAITEMENT DES EFFLUENTS PHYTOSANITAIRES Révision Ce feuillet est publié par la Direction de l agroenvironnement et du développement durable du ministère de l Agriculture, des Pêcheries et de l Alimentation (MAPAQ). Le Ministère ne peut être tenu responsable de la contre-performance d un système de traitement conçu selon les renseignements contenus dans ce document. AIRE DE RINÇAGE D ÉQUIPEMENT DE PULVÉRISATION ET SYSTEME DE TRAITEMENT DES EFFLUENTS PHYTOSANITAIRES Caroline De Foy, ingénieur, 1 Pierre-Antoine Thériault 1 Dessins : Luc Lemieux 2 1 Direction de l agroenvironnement et du développement durable, MAPAQ 2 Technicien, Direction régionale de l Estrie, MAPAQ 1
2 1. Introduction Suite à une pulvérisation de pesticides, il est important de procéder au rinçage de l intérieur du réservoir principal du pulvérisateur afin de : diminuer les sources de pollution ponctuelles par les pesticides; diminuer les risques de phytotoxicité ou d incompatibilité entre les produits lors de la pulvérisation suivante; prolonger la durée de vie de l équipement de pulvérisation. Il est essentiel de procéder, au minimum, à un rinçage interne de la cuve du pulvérisateur au champ avant de revenir à la ferme. À la suite de ce rinçage au champ, le deuxième rinçage peut être effectué sur une aire de rinçage d équipement de pulvérisation comprenant un système de traitement des effluents phytosanitaires. Il est également possible de nettoyer l extérieur du pulvérisateur sur cette même aire. Au moment du rinçage et du nettoyage, il est recommandé de porter un équipement de protection individuel. 2. Cadre règlementaire Le site de gestion des eaux de rinçage doit respecter les distances d éloignement prévues au Code de gestion (lien ici-bas) des pesticides applicable à la préparation et à l entreposage de pesticides à des fins agricoles ainsi que celles émisent par la municipalité, s il y a lieu. s/code-gestion/agricole-tableau1.pdf 3. L aire de rinçage L aire de rinçage comprend une dalle de béton avec ou sans toiture, un système de traitement, un réservoir d entreposage et un autre pour la collecte de l effluent traité. La dalle de béton armé doit être étanche, suffisamment grande pour permettre le rinçage de la machinerie et la récupération de l eau souillée. Cette plate-forme sert ainsi à protéger le sol et les eaux souterraines contre l infiltration de produits phytosanitaires. La superficie de l aire de rinçage doit tenir compte de l encombrement de la machinerie en plus d avoir entre 1 à 2 mètres autour de l équipement pour permettre la circulation et afin d anticiper l évolution de la taille des équipements au cours des années. L aire de la dalle peut varier entre 7 et 10 m de longueur par 5 m de largeur. Il est aussi essentiel d éviter l introduction d eaux de pluie dans le système de traitement. Pour ce faire, un ensemble de valves permet de diriger les eaux de pluie vers le collecteur d eaux claires, ou de diriger les eaux souillées de produits phytosanitaires vers le système de traitement (biofiltre). Une aire de rinçage avec toiture permet d éviter la collecte d eau de pluie. Dans ce cas, il n y a pas de circuit de gestion des eaux pluviales à prévoir. 3.1 Choix du site La localisation de l aire de rinçage doit tenir compte des critères suivants : la facilité d accès avec la machinerie; la pente naturelle du terrain pour faciliter l évacuation des eaux; l accès à l eau sous pression et à l électricité; la proximité du local d entreposage des produits phytosanitaires puisque la plate-forme peut également servir d aire de remplissage; la distance par rapport aux habitations, aux bâtiments d élevage, aux puits, aux cours d eau, etc. 3.2 Préparation du terrain Retirer la terre végétale sur une épaisseur de 300 mm; Étendre une couche minimale de 150 mm d épaisseur, constituée de sable ou de gravier; Compacter à 98 % de densité d essai de Proctor modifié; Poser, par-dessus le matelas granulaire un film de polyéthylène de 150 ųm. 2
3 3.3 Critère de conception Puisque l infrastructure de captation doit séparer les eaux de ruissellement des eaux de rinçage, il est recommandé de construire une dalle en béton d un minimum de 150 mm (6 pouces) avec un épaississement en pourtour pour une épaisseur totale de 225 mm (9 pouces) afin de constituer une bordure qui permet d empêcher l intrusion des eaux de ruissellement lors de précipitations (figure 1). Prévoir une pente de 2 % afin de diriger les écoulements vers un exutoire unique d évacuation (figure 2) offrant la possibilité de diriger les eaux vers le cours d eau lorsqu il s agit d eau de pluie dans le cas d une plateforme non couverte et non utilisée ou vers le système de traitement. Afin de s assurer que l ouvrage soit résistant à la charge ponctuelle de la machinerie, le béton doit répondre aux caractéristiques suivantes : résistance en compression de 32 MPa à 28 jours; agrégats de 0-20 mm; air entraîné de 5 à 8 %; rapport eau/liant : 0,45; affaissement entre 6 à 8 pouces; mûrissement humide de 7 jours à une température 10 C et durant le temps nécessaire pour atteindre 70 % de la résistance spécifiée. La dalle doit contenir un treillis d armature 102 x 102 mm. Chaque feuille nécessite un chevauchement de 150 mm. L utilisation du béton fibre peut aussi être envisagée afin de remédier à l armature. Vous devez contacter votre fournisseur de béton qui vous recommandera le type et la quantité de fibres à utiliser. Le béton de la plate-forme doit être placé en une seule coulée continue. La surface doit être étanche et lisse pour faciliter le nettoyage, mais non glissante pour éviter tout risque de chute. La finition du béton doit s effectuer lorsque le ressuage du béton est terminé. Une surface antidérapante s obtient par le passage d un balai ou d une truelle en bois, en magnésium ou en alliage d aluminium avant que le béton ait complètement durci. Il faut balayer les dalles de béton perpendiculairement au sens de la circulation. La dalle doit être divisée en sections (joint de retrait) par un trait de scie d une profondeur minimale allant de 1/4 à 1/3 de l épaisseur de la dalle. Le sciage doit débuter dès que le béton a suffisamment durci (généralement, entre 8 et 24 heures suivant la finition) pour empêcher le déchaussement des granulats, mais avant que les contraintes de retrait n aient produit des fissures. La rainure produite devra être calfeutrée à l aide de scellant flexible pour joint de béton. L espacement des joints pour une dalle de 150 mm conçue avec des granulats de moins de 20 mm est de 3,75 m. L ensemble de la conception doit respecter les règles et les normes en vigueur. 3.4 Drain périphérique et regard d échantillonnage Afin d assurer la longévité de l ouvrage, la nappe phréatique doit être maintenue en tout temps de l année sous la structure. Pour ce faire, placer un drain enrobé de matériel filtrant de 100 mm de diamètre recouvert de pierres concassées de 19 mm de diamètre en périphérie de l ouvrage. 3
4 4. Système de traitement des effluents phytosanitaires Le biofiltre fonctionne selon un principe de biodégradation par lequel les molécules de produits phytosanitaires sont adsorbées par la matière organique puis dégradées par les microorganismes contenus dans le média de filtration. Le système comprend de 2 à 3 contenants en plastique de 1 m 3, superposés et remplis d un substrat organique. Le tout doit être maintenu par une structure rigide et protégé des précipitations (figure 3). 4.1 L effluent à traiter L effluent à traiter est issu de l eau résultant du rinçage secondaire des cuves de produits phytosanitaires effectué sur l aire de rinçage avec le pulvérisateur ayant les rampes repliées. Le premier rinçage de la cuve doit être fait au champ. L effluent est pompé du réservoir d entreposage et distribué de manière homogène sur le substrat du contenant supérieur du biofiltre à l aide d un réseau de tuyaux perforés (figure 4 à gauche). Figure 4 : Réseau de distribution de l effluent du contenant supérieur (gauche) et drain de fond des contenants (droite) L effluent s infiltre dans le média filtrant du contenant supérieur et percole successivement d un contenant à l autre via un drain de transfert placé dans le fond du contenant (figure 4 à droite). L effluent doit séjourner environ 12 heures dans chaque contenant de 1 m 3. Il doit être apporté plusieurs fois par jour en petite quantité à l aide d une pompe à faible débit (goutte à goutte), soit plus ou moins 0,4 litre par minute, avec un maximum de 350 litres par contenant par période de 12 heures. Il est important de respecter ce débit afin d avoir une performance d épuration optimale. 4.2 Dimensionnement du biofiltre Un biofiltre composé de deux contenants en plastique de 1 m 3 permet d épurer des volumes d eau jusqu à 3000 litres. Lorsque le volume d eau à traiter est plus important, une unité supplémentaire de 1 m 3 permet d accroître le volume à 5000 litres par saison de pulvérisation. Lorsque le volume d eau à traiter dépasse les 5000 litres, la disposition de deux colonnes de 3 contenants est nécessaire pour atteindre une capacité de traitement de litres. Un volume de 10 % du réservoir principal de l équipement de pulvérisation est utilisé pour le rinçage du fond de la cuve de produits sanitaires. Sachant qu un biofiltre de 3 contenants superposés traite 5000 l/an maximalement, il faut donc diviser cette valeur par le nombre de litres d eau de rinçage pour obtenir le nombre de rinçages maximaux à effectuer avec le système de traitement (tableau 1). Tableau 1 : Volumes d eau à traiter avec un biofiltre de 3 contenants Volume du réservoir Volume d eau de principal du rinçage utilisé par Nombre maximal de rinçages/an avec un biofltre de pulvérisateur (litres) rinçage (litres) 3 contenants (5000 l/an) Le tableau 2 présente le nombre de rinçages possibles avec un système de traitement à 2 contenants. 4
5 Tableau 2 : Volumes d eau à traiter avec un biofiltre de 2 contenants Volume du réservoir Volume d eau de principal du rinçage utilisé par un Nombre maximal de rinçages/an avec un biofltre de pulvérisateur (litres) rinçage (litres) 2 contenants (3000 l/an) Média filtrant Le matériel filtrant est constitué d un substrat enrichi en matière organique pour augmenter l adsorption et la dégradation des substances actives. Trois substrats organiques différents sont proposés : A. Substrat à base de terreau 25 % de terre provenant du site 50 % de paille hachée 25 % de terreau B. Substrat à base de compost de fumier 25 % de terre provenant du site 50 % de paille hachée 25 % de compost de fumier mature C. Substrat à base de terre noire 50 % de terre provenant du site 50 % de paille hachée (Les quantités de substrats présentées ci-dessous sont en pourcentages de volume.) Afin de réaliser un substrat le plus homogène possible, la paille doit être préalablement hachée en brins de 2 à 3 cm. La terre du site doit être bien ressuyée pour éviter la formation d agrégats dans le mélange. Les composantes du média filtrant doivent être mélangées en effectuant plusieurs retournements successifs à l aide d un chargeur frontal. 4.4 Autres équipements nécessaires Réservoir d entreposage ayant une capacité minimale de 3,4 m 3 servant à l entreposage des eaux de rinçage avant leur dispersion dans le biofiltre; Les réservoirs en plastique (polyester ou polyéthylène haute densité de type fosse septique) ne nécessitent pas de revêtement contre la corrosion. Ils sont donc recommandés. Ils doivent être remblayés avec du matériel granulaire perméable, exempt de matière organique et de tout objet susceptible de les endommager. Pompe submersible d une puissance nécessaire pour une longueur de 25 m de tuyau et une dénivellation de 1,5 m afin de transférer l effluent à traiter du réservoir d entreposage vers le biofiltre à un débit de 24 l/h; Contenants de plastique rigide de 1 m³ pour contenir le média filtrant; Structure de soutien du biofiltre (bois traité ou autres matériaux); Tuyaux perforés en polyéthylène de 1 po de diamètre servant à construire un réseau de diffusion de l effluent à la surface du média filtrant; Tuyaux de collecte et drains pour le transfert de l eau entre les contenants du biofiltre. 4.5 Rejet de l effluent de filtration L effluent épuré en sortie du biofiltre doit être épandu sur une parcelle en prairie en respectant une rotation des sites d application. Une autre option possible est d utiliser le système de traitement en circuit fermé, c est-àdire en recirculant l effluent à travers le biofiltre. Cette option permet d éviter l assèchement du média filtrant. Lorsque le volume du réservoir d entreposage devient insuffisant, l effluent doit être géré aux champs, comme mentionné précédemment. 4.6 Entretien du système Il est possible que des chemins préférentiels se forment ou bien que le milieu filtrant s assèche, laissant ainsi passer l eau plus facilement, ce qui laisse moins de temps aux bactéries pour dégrader les produits phytosanitaires. Il est donc important d entretenir le système de filtration pour en assurer l efficacité maximale. L entretien consiste en une surveillance hebdomadaire de l état d humidité du substrat lors de la période de non-utilisation. Lorsque les utilisations sont espacées de plusieurs semaines ou sont entre deux saisons de 5
6 pulvérisation, l ajout d eau est nécessaire pour éviter le dessèchement du substrat. De plus, chaque année ou chaque deux ans, de la paille doit être ajoutée et mélangée au substrat afin de compenser la minéralisation de la matière organique ainsi que le volume perdu par tassement et détruire les chemins préférentiels qui auraient pu se former. Pour ce faire, le substrat doit être sorti des contenants et mélangé avec la nouvelle paille hachée et le terreau ou compost de fumier. La paille doit représenter 65 % du volume ajouté. Le 35 % restant se compose de terreau ou compost de fumier, en fonction du matériel utilisé au départ. Tous les cinq à dix ans, le substrat doit être remplacé en totalité. Celui-ci doit être épandu sur un champ cultivé à raison de 10 m 3 /ha maximum. 5. Estimation des coûts Les coûts de construction sont à titre budgétaire. Ceux-ci peuvent varier selon le type de projet. Plate-forme : $ N inclus pas l excavation et la compaction. Béton 150 mm (6'') et treillis sur 150 mm (6') 6,30 $/pi 2 ou 67,81 $/m 2 pour 50 m 2 (3400 $) Sable ou gravier pour fondation (1 000 $) Drain périphérique enrobé de 100 mm de diamètre (350 $) Pierres concassées pour assise de drain en pourtour (50 $) Biofiltre : $ Incluant les tuyaux perforés et la structure de soutien. N inclut pas le média filtrant. 3 réservoirs de 1 m 3 Autres équipements : $ Réservoir de collecte (1 100 $) Réservoir d entreposage (1 100 $) Pompe (200 $) Tuyau et valves (100 $) Prix total approximatif : $ pour un système de 3 contenants traitant 5000l/an. 6. Les ressources financières disponibles Le programme Prime-Vert du MAPAQ offre une aide financière pour l installation de ce type d équipement lorsque le projet est approuvé par la Direction de l agroenvironnement et du développement durable. L aide financière couvre 70 % ou 90 % des dépenses admissibles, jusqu à un maximum de $ par exploitation agricole par année, et de $ pour la durée du programme ( ). Les frais admissibles sont : contenants servant à la filtration des eaux de rinçage; plate-forme de béton servant à la récupération des eaux de rinçage; réservoirs d entreposage et de collecte pour récupération des eaux de rinçage et de l effluent traité; excavation pour l enfouissement des réservoirs; pompe pour permettre la transition des eaux du réservoir d entreposage vers les contenants de filtration; substrat pour remplir les contenants, si non disponibles sur l exploitation. Références Julien P., Gassmann, S., Vautey C., (AGRIDEA), Chevalier L., Capela P., (Bureau ing. Civil Gérard Chevalier SA), Concevoir son aire de remplissage/lavage de pulvérisateurs et son système de traitement des effluents phytosanitaires, AGRIDEA, 2011 Sanchez S., Thireau C., Mise en place d un biofiltre à la ferme, Rapport final réalisé dans le cadre du programme Prime-Vert, sous-volet 11.1 Appui à la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture, PHYD , mars 2014 Technobéton, la cure, Association béton Québec, 3e édition 2014 V0 Technobéton, Les classes d exposition et caractéristique des bétons, Association béton Québec, 3e édition 2014 V0 Technobéton, la finition des dalles de béton, Association béton Québec, 3e édition 2014 V0 Technobéton, les joints dans les dalles de béton, Association béton Québec, 3e édition 2014-V0.1 6
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