Numérique et Territoires avec. Dossier. spécial



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Transcription:

Dossier spécial Numérique et Territoires avec AFP Un cahier spécial coécrit et coproduit par SFR et L Hémicycle, l hebdomadaire de la vie politique et économique destiné aux élus et décideurs. Dossier à retrouver sur lhemicycle.com et sur sfr.com Si nous montions dans «l ascenseur digital»? Le numérique bouleverse en profondeur tous les secteurs de la société. État, collectivités et entreprises doivent s adapter à cette nouvelle vie connectée. Pour Stéphane Roussel, PDG de SFR, il s agit là d un nouvel «ascenseur digital» : une opportunité pour la France et les collectivités. Entretien. Quelles opportunités représente le numérique pour la France? La révolution numérique peut jouer un rôle de levier économique. Mais à certaines conditions seulement La France doit rester innovante. Cela passe par des mesures en faveur du financement de l innovation, mais aussi par la capacité des entreprises à créer un écosystème favorable à l innovation. La deuxième condition est de dé - ployer des infrastructures réseaux fixe et mobile, afin que la France ne rate pas le tournant du très haut débit (THD). Pour ce faire, le cadre réglementaire doit être clairement posé et rester stable, tout comme les règles du jeu. Il est à présent né - cessaire de revaloriser le rôle des élus locaux dans le déploiement du THD et rétablir un principe de solidarité dans les zones de couverture territoriale, en particulier sur les zones moyennement denses. Une péréquation des tarifs est également à envisager pour garantir un accès égal à la fibre. C est en restant mobilisés autour de ces questions que le numérique pourra devenir le nouveau moteur de l ascenseur social : l ascenseur digital. Concrètement, qui peut profiter de cet «ascenseur digital» en France? On doit donner à chacun la possi - bilité de maîtriser les ingrédients de la culture numérique. Cette maîtrise du numérique devient un facteur clé dans le développement personnel et professionnel de chacun. Prenons quelques exemples : pour une personne en situation pré caire, augmenter son capital digital, c est être connectée, joignable, pour chercher un emploi ou effectuer des démarches. Pour une entreprise, c est accroître sa productivité, à travers le cloud computing notamment. Pour une ville, c est optimiser la gestion de ses services et développer son attractivité. Quant aux territoires ruraux, être connecté leur permet de se désenclaver et de favoriser leur développement de façon durable. C est aussi faciliter le quotidien de leurs habitants en leur donnant accès à des services en ligne sans avoir à se déplacer. Quels sont, selon vous, les grands chantiers numériques à mener? Il faut poursuivre le déploiement du très haut débit fixe et mobile (4G). Nous bénéficions en France de réseaux de télécommunications de qualité. Il est impératif que nous ne soyons pas distancés pour garantir la compétitivité du pays. Le développement du numérique passera par une contribution accrue des grands acteurs du Web, qui utilisent les infrastructures pour diffuser leurs contenus sans apporter les contreparties à hauteur des bénéfices perçus. Sur ce sujet, la discussion avec le gouvernement avance dans le bon sens. On peut aussi s interroger sur la pertinence de notre système fiscal pour le secteur du numérique, qui tend à défavoriser les acteurs français. Enfin, il faut anticiper sur l avenir en misant sur l éducation au numérique et en identifiant les compétences dont nous aurons besoin demain. L idée de développer une filière numérique publique dans l en seignement supérieur me semble être une bonne piste. Quel est l intérêt, pour les collectivités, de miser sur le numérique? Plus personne ne doute du fait que le numérique soit une opportunité sans précédent pour les collectivités. La logique de partenariat public-privé, déjà développée sur les sujets de déploiement via les délégations de service public (DSP), pourrait être réinventée sur d autres sujets. Je vois trois grands sujets d opportunité à court terme : la digitalisation des services et du commerce, JEAN CHISCANO la relocalisation de l activité professionnelle et enfin la valorisation des données. La numérisation des services permet d établir de nouvelles relations entre les citoyens et les collectivités. En rendant l accès à l in formation plus fluide, ces dernières peuvent non seulement faciliter les démarches des admi - nistrés mais aussi les faire interagir dans une approche de démocratie participative. Les PME qui misent sur le numérique peuvent renforcer leur ancrage local et leur compétitivité dans leurs relations commerciales, tout en s ouvrant au marché international. La relocalisation de l activité professionnelle s envisage par l émergence de «tiers-lieux» en péri - phérie urbaine et du télétravail ; cette nouvelle forme de travail plus durable plébiscitée par les collaborateurs et rendue possible par les connexions haut débit et le cloud. Les acteurs privés ont un rôle à jouer notamment pour aider les collectivités à favoriser ces nouvelles pratiques. Dernier point, l open data, qui offre l opportunité d utiliser et valoriser les données du territoire, stimulant le développement de services innovants, accessibles à tous. MERCREDI 21 NOVEMBRE 2012 L HÉMICYCLE 1

Territoires et compétitivité Le numérique, une opportunité à saisir pour les territoires Si l accès aux équipements et la réduction de la fracture numérique ont longtemps dominé le débat et restent primordiaux, l heure est venue de la réflexion sur les usages et services innovants à mettre en place. Être connecté ne suffit plus aux collectivités ; désormais, le numérique est synonyme de nouveaux usages qui facilitent le quotidien des administrés et renforcent l attractivité des territoires. L aménagement numérique est aujourd hui plus que jamais un enjeu de développement territorial, moteur de l innovation avec un objectif en filigrane, la compétitivité du territoire. Image et fluidité En proposant des services innovants, les territoires peuvent jouer sur deux leviers d attractivité. Tout d abord gagner une image de mo - dernité qui répond aux attentes des entreprises, des universités et des citoyens. Mais aussi et surtout gagner en fluidité, à tous les niveaux. Pourquoi le numérique est-il important pour la compétitivité de votre territoire? La généralisation des technologies numériques fixes et mobiles, connues et à venir, facilite l invention de nouveaux services et de nouveaux usages. De fait, elle révolutionne la gestion des services publics et privés. Ainsi, la métropole doit offrir à tous, sur son territoire, les meilleures conditions d accès aux réseaux et aux services numériques les plus performants et les plus ouverts possibles. Elle doit être à la pointe de cette évolution pour rester attractive, créer de nouveaux emplois et accueillir de nouveaux habitants. Quels sont vos chantiers numériques prioritaires? Dès 2006, la communauté urbaine a mis la question de la couverture haut et très haut débit pour tous au cœur de ses préoccupations. Dans un premier temps, il s est agi, via la DSP Inolia, de garantir l attractivité économique de l ensemble du terri - toire en proposant sur la totalité de À commencer par l accès aux services publics. La possibilité d accéder à des services dématérialisés et d effectuer des démarches en ligne, 24h/24h, facilite la vie des citoyens, notamment dans les zones rurales. Les transports également peuvent devenir plus fluides, avec une optimisation de leur organisation et le développement de «l intermodalité». Le système Optimod Lyon, par exemple, centralise en temps réel toutes les données liées au transport, afin d améliorer les conditions de déplacement des voyageurs et des transporteurs de Bordeaux «Une métropole 3.0, intelligente et respectueuse» Sur l aménagement numérique du territoire, la communauté urbaine de Bordeaux, engagée sur le très haut débit et initiatrice de services innovants, fait office de modèle pour les collectivités. Car pour son président, Vincent Feltesse, il faut «être à la pointe» pour rester attractif. Questions à VINCENT FELTESSE PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ URBAINE DE BORDEAUX ET DÉPUTÉ DE LA GIRONDE 2 L HÉMICYCLE MERCREDI 21 NOVEMBRE 2012 PIERRE ANDRIEU/AFP marchandises, informés minute par minute. Des services imaginés par les citoyens Il est possible d aller encore plus loin. Et si les citoyens eux-mêmes créaient leurs propres services? C est ce que permet le mouvement de l open data, qui consiste à mettre à disposition de tous les données publiques. Rennes est la première ville à s être lancée, dès 2010, en libérant des lots de données extrêmement variés : liste des arrêts de bus, statistiques de fréquentation des bibliothèques, emplacement des celui-ci l accès à la fibre optique avec des services performants pour les entreprises et les sites publics. Ensuite, devant la persistance des difficultés d accès à Internet pour le grand public, la communauté urbaine a décidé de s attaquer à la couverture des zones mal desservies de son territoire. C est aujourd hui notre principal chantier. Mais au-delà des «tuyaux», il s agit aussi de porter une ambition plus large à travers la promotion d une métropole 3.0, «intelligente» et respectueuse, dans un esprit d innovation et d expérimentation associant citoyens, producteurs de la ville, collectivités et acteurs du numérique. Avec une triple vocation : développer l offre de services numériques autour des services urbains que chaque citoyen utilise quotidiennement, favoriser la participation des usagers eux-mêmes à l évolution de ces services, et alimenter le dynamisme économique de l écosystème local. Vous avez fait en sorte de développer le très haut débit de façon équilibrée entre les différentes villes. jardins. Avec un concours d appli - cations à la clé. Résultat, 43 ont vu le jour, développées par des professionnels ou des amateurs. Handimap permet par exemple de faciliter les déplacements des personnes handicapées tandis que Parking Guru aide les automobilistes rennais à trouver une place de stationnement sans difficulté. L implication des usagers dans la définition des services numériques est la clé. Une conviction partagée par Florence Durand-Tornare, fondatrice et déléguée générale de l association Villes Internet et cofondatrice de la Cité des services, une Comment y êtes-vous parvenu? Pour que l accès à ces services dans des conditions tarifaires acceptables ne soit pas limité aux établissements publics et privés situés à proximité de l infrastructure de ce réseau, la communauté urbaine a mis en œuvre une politique «travaux = fourreaux», qui permet de densifier le réseau métropolitain très haut débit et donc de se rapprocher de nouveaux utilisateurs. La mise en place de ce réseau a permis d apporter des niveaux de services très haut débit identiques dans plus de 120 zones d activité et d en offrir l accès à de très nombreux établis - sements publics répartis sur l en - semble du territoire, et non uniquement sur les zones les plus rentables pour les opérateurs privés. Vous avez le projet de créer une «Cité numérique» : en quoi consiste-t-elle? La Cité numérique a vocation à devenir un pôle d excellence éco - nomique, culturelle et sociétale fondé sur les usages numériques. Le concept, qui trouvera corps dans un structure créée pour accompagner les collectivités dans la création et la diffusion de services innovants : «L approche vertueuse est que la ville exprime son besoin en se concertant avec les habitants. Et une fois ce besoin validé, qu elle construise un cahier des charges avec une réalité d usages avérée. À l issue seulement de cette étape, les en - treprises peuvent développer le service et le diffuser, dans le cadre d une relation partenariale par exemple.» L aménage - ment numérique du territoire a donc un potentiel sans limites, si ce n est l imagination des services publics et des citoyens. Evelyne Héard ancien centre de tri postal situé au cœur du territoire de projet Bordeaux Euratlantique, apportera à la diversité des acteurs du numérique les moyens matériels et immatériels de leur développement. La Cité numérique est conçue comme un accélérateur de projets, qui doit permettre l épanouissement des porteurs, qu il s agisse d entrepreneurs, d artistes ou du grand public, qui les conduira à s implanter en sortie de site sur le territoire local ou régional. En quoi tous les chantiers que vous menez peuvent-ils améliorer in fine le quotidien des habitants? C est bien le citoyen qui est dans la ligne de mire de l ensemble de ces projets, visant à mettre en œuvre notre «métropole 3.0» : améliorer la gestion des services publics, dé velopper des services pratiques pour les usagers, développer la participation de chacun à la conception des services, sans perdre de vue que l ensemble de ces services doivent être accessibles à tous, sur tout le territoire commu - nautaire Propos recueillis par Morgane Tual

PIERRE VERDY/AFP «L enjeu pour la France est le numérique dans toutes les PME» Laure de La Raudière, députée d Eure-et-Loir, s est engagée depuis de nombreuses années sur les sujets numériques, en particulier la lutte contre la fracture numérique et les enjeux du très haut débit pour le territoire français. Elle a récemment déposé une proposition de loi relative à la neutralité de l Internet. Laure de La Raudière s intéresse ici à la couverture numérique du territoire, soulignant le rôle de l État dans la péréquation entre les territoires et l importance de sécuriser les projets publics de déploiement du très haut débit. Questions à LAURE DE LA RAUDIÈRE DÉPUTÉE D'EURE-ET-LOIR Comment le numérique peut-il contribuer au développement économique des territoires? La filière de l économie numérique est une filière en croissance. L utilisation du numérique est facteur de productivité et de compétitivité pour nos entreprises. Plus on accélérera le développement des outils numériques et plus on contribuera au développement des territoires. Le projet de déploiement du très haut débit répond à cette logique de compétitivité mais aussi à une po litique nécessaire d aménage - ment du territoire. Il faut penser le déploiement du très haut débit pour la France entière, y compris dans les secteurs les plus reculés en milieu rural. Sinon on créera encore plus de zones désertifiées. Il faut enfin que l État joue son rôle dans la péréquation entre les territoires. Il n y a pas dans la loi de finances de mesures envisagées pour alimenter le fond spécial. Mais peut-être que le chef de l État l annoncera lors du Congrès des maires en novembre. Quelles sont les préconisations de votre rapport sur le très haut débit que vous souhaiteriez voir appliquer? La première préconisation est qu il faut sécuriser les projets publics de déploiement du très haut débit et les infrastructures. Il y a beaucoup d interrogations dans les collecti - vités à propos des technologies à déployer et la nature des investissements à faire. La rentabilité se pose et le schéma d organisation fait que les opérateurs sont présents sur les zones préemptées. Le reste sera à la charge des collectivités. Il faut donc pouvoir garantir que les opérateurs vont faire leur travail et que, sur les projets des collectivités, il y aura bien une offre de service de ces mêmes opérateurs. Si on développe le très haut débit sur un territoire et que les opérateurs ne sont pas présents, ce sera un drame pour les collectivités. Il faut qu il y ait un cadre technique na - tional avec un comité de pilotage pour définir le cahier des charges. Cette négociation ne peut pas se faire région par région. Nous espérons que ce choix sera également annoncé lors du Congrès des maires. Il faut aussi pouvoir louer la fibre optique mais la rentabilité des investissements des collectivités restera compliquée dès lors que l on continuera de maintenir deux réseaux en parallèle : le cuivre et la fibre. Il faut donner de la visibilité aux opérateurs. Le très haut débit c est aussi le très haut débit mobile avec la 4G. Quels sont les principaux enjeux de son déploiement en France? Que peut-elle apporter aux collectivités? La 4G est complémentaire. Les usagers veulent accéder à Internet en mobilité. C est un enjeu économique et d aménagement du territoire. La 3G est saturée et c est une nécessité d offrir ce très haut débit, y compris en zone moins dense. La dynamique de déploiement de cette 4G vous semble-t-elle bien lancée en France? Les opérateurs manifestent un réel intérêt pour le développement de la 4G en France. Les choix qui ont été faits de les obliger à la déployer dans toutes les zones en parallèle sont aussi un facteur de développement. Cela va mobiliser les opérateurs. Il faut voir cependant les premiers résultats car nous en sommes seulement à la phase expérimentale. C est prématuré de tirer des conclusions sur la réussite ou non. Au-delà de l accès, quels sont les véritables leviers des collectivités pour tirer au maximum parti du numérique? Les collectivités doivent réfléchir à l usage du numérique dans la relation avec le citoyen notamment en matière d offre. Les applications interactives sur les smartphones sont très utiles pour faciliter les échanges avec le citoyen. La population s approprie très facilement ces nouveaux outils. Les collectivités peuvent aussi être partie prenante en matière de services d assistance aux personnes âgées. Ces services peuvent être mis en place à meilleur coût pour la collectivité et pour un meilleur service à la population. Quelles sont les meilleures pratiques observées selon vous? C est la ville de Nice qui est la plus avancée dans les services à la population. C est une ville qui a su utiliser ces nouvelles technologies et toutes les informations sont ac cessibles, par exemple, à un arrêt de bus ou devant un cinéma. Peut-on parler de retard de la France dans ce domaine? La France n avait pas de retard jusqu à présent sur l accès à Internet de façon générale, ce ne sera pas le cas pour l étape suivante qu est le très haut débit, notamment par rapport aux pays asiatiques. L ADSL couvre 98 % de la population au - jourd hui. L enjeu pour la France est le numérique dans toutes les PME comme facteur de compétitivité. Là, il y a un écart entre la France et les autres pays européens. Propos recueillis par J.G. La France prête pour le très haut débit mobile! Alors que la France compte plus de 20 millions d utilisateurs de smartphones, le mobile aussi a droit à son très haut débit. Dès la fin du mois, Lyon sera la première ville française à bénéficier de la 4G, bientôt rejointe par Montpellier et d autres villes. Le 29 novembre, la première offre commerciale 4G sera lan cée à Lyon par SFR. D autres villes devraient suivre courant 2013. Leurs habitants pourront bénéficier du très haut débit mobile, qui leur permettra d accéder à Internet sur leur téléphone portable avec le même confort que sur leur ordinateur fixe. La 4G offrira des débits allant jusqu à 100 mégabits par seconde, soit des vitesses de téléchargement presque trente fois supérieures pour vos films et vos musiques préférés compara - tivement à la 3G traditionnelle. Il sera également possible de discuter par vidéo de façon totalement fluide et de transmettre d importants vo - lumes de données, un atout non négli geable pour les entreprises et leurs travailleurs nomades. Les premiers terminaux sont prêts, c est le cas du Motorola RAZR HD ou encore du HTC One XL 4G. Et les expérimentations grandeur nature sont déjà en place, c est le cas par exemple à Lyon où 400 habitants testent la 4G avec SFR. Une transition progressive après la 3G La première offre 4G du monde a été lancée fin 2009 en Suède, rapi - dement suivie par les États-Unis, puis par l Allemagne, l Autriche, la Pologne ou encore le Portugal. S il a fallu attendre autant de temps en France, c est que la 3G+, version améliorée de la 3G, remplissait déjà parfaitement son objectif et que son évolution, appelée dual carrier, peut déjà permettre de surfer dans des conditions proches de la 4G notamment à Paris, Marseille, Lyon ou en core Toulouse. Actuellement, la 3G+ couvre plus de 98 % des Français alors qu aux États-Unis ce ré - seau 3G+ était extrêmement limité, rendant le déploiement de la 4G plus urgent. En France, l Arcep a conduit fin 2011, dans la bande de fréquences à 800 MHz, une procédure d attri - Territoires et compétitivité bution des licences 4G retenant, en particulier, un objectif prioritaire d aménagement du territoire. Le ca lendrier de déploie ment impose aux opérateurs de couvrir, en 2024, 98 % de la population au plan national ainsi qu un taux de couverture minimal de la population dans chaque dépar tement métropolitain de 90 %. Des zones de déploiement prioritaire sont également définies en territoire rural ou périurbain. Claire Caillaud MERCREDI 21 NOVEMBRE 2012 L HÉMICYCLE 3

Innovation Le cloud, solution d avenir pour l administration Économique, flexible et réactive, «l informatique dans les nuages» pourrait bien transformer en profondeur le fonctionnement de l administration. Expérimenté avec succès à l étranger, notamment par le gouvernement américain, le cloud séduit désormais la France, qui vient d y investir 150 millions d euros. de dollars : c est l argent éco no - 5,5milliards misé annuellement par le gouvernement américain depuis la mise en place du cloud, en 2009. Une somme non négli - geable quand on sait que son bud - get informatique s élève, chaque année, à près de 80 milliards de dollars. Comment «l informatique dans les nuages» a-t-elle rendu cela possible? Concrètement, le cloud est une nouvelle manière d utiliser l informatique. Jusqu ici, dans l admi - nistration, les données et les logiciels étaient stockés sur des serveurs internes ou sur les ordinateurs du personnel. Avec le cloud, toutes ces applications sont déportées sur des serveurs extérieurs, gérés par des prestataires de services et accessibles par Internet. En clair, le cloud rend possible, à partir de n importe quel ordinateur, d utili - ser sa messagerie, d éditer des do - cuments partagés et de travailler sur tout type de logiciel. L informatique à la demande Par conséquent, en passant au cloud, les services publics n ont plus à se préoccuper des infrastructures informatiques et de leur maintenance, entièrement gérées par les prestataires extérieurs. L Utah est ainsi passé de 1 900 serveurs en 2010 à 500 aujourd hui, lui per met - tant d économiser 14,5 millions de dollars par an. Car au lieu d acheter des serveurs, logiciels et autres ou - tils numériques, l admi nistration les loue. Le cloud transforme donc l informatique en ser vice à la demande. Au final, l uti lisateur paie uniquement ce qu il consomme. Et cela est bien pratique quand il faut gérer des augmentations brutales de l activité, comme lors de la publication de résultats d exa - mens par exemple. Jusqu ici, une administration devait disposer d assez de serveurs pour suppor - ter une telle charge. Il fallait donc payer, toute l année, la maintenance d un matériel inutilisé la plupart du temps. Ce n est plus le cas avec le cloud, suffisamment puissant pour gérer, instantanément, ce genre de situation. La France s y met aussi Une flexibilité qui permet aussi de moderniser très facilement les outils informatiques. Faire passer tout un service sur un nouveau logiciel de traitement de texte, par exemple, pouvait auparavant prendre des semaines. Grâce au cloud, cette opération peut être réalisée dans l heure. Tous ces aspects ont séduit, parmi d autres, l Australie, l Angleterre, les Pays- Bas mais surtout les États-Unis. Et pour cause : c est là-bas qu a émergé le cloud computing, avec comme chefs de file Amazon et Microsoft. Les ex périmentations menées à l étranger ont fait leurs preuves, mais quel ques inquiétudes demeurent chez les aspirants au cloud. Délocaliser ses données implique une dépendance à un prestataire privé. Dans quelle me - sure sont-elles en sécurité? Une question d autant plus essentielle qu elle concerne les informations des citoyens Aujourd hui, les leaders du marché sont aux États-Unis et soumis au Patriot Act, qui permet aux ser - vices de sécurité d accéder à n importe quelle donnée présente sur le cloud américain. C est pour - quoi la France a décidé de rééqui - librer le marché en investissant CORINNE ERHEL DÉPUTÉE DES CÔTES-D ARMOR 150 millions d euros dans un cloud à la française, desti né au secteur pu blic et privé. Une opportunité pour l État et les territoires «La question de la localisation des données en France est un point important pour l hébergement des données sensibles en provenance de l État, des administrations et des collectivités mais aussi des grandes entreprises ou des PME», affirme Corinne Erhel, LECARDINAL députée PS des Côtes-d Armor. Pour cette spécialiste des questions d aménagement numérique du territoire, «la conversion numérique de la société est en marche et le cloud computing doit être considéré comme une opportunité pour l État et les terri - toires, afin de garantir une accessibi - lité permanente et sûre des données, en tous lieux.» D autant plus que le cloud semble répondre aux nouvelles attentes du gouvernement, qui a créé fin octobre un secrétariat général pour la modernisation de l action publique, visant notamment à développer l e-administration. Il devra proposer, selon le décret, des mesures «tendant à la dématé ria - lisation des procédures administratives» et inciter «au développement de services numériques». Ce nouveau «cloud souverain» devrait permettre de répondre à ces attentes, grâce à des serveurs placés en France, dépendant intégralement du droit français et répondant aux normes maximales de sécurité. De quoi rassurer l administration et lui permettre de s envoler sans risque vers les nuages. Numergy, le cloud à la française Les Américains ont beau être les leaders de «l informatique dans les nuages», pas question de se laisser distancer et de dépendre de leurs services. C est pourquoi la France a investi dans deux projets de cloud, parmi lesquels Numergy. L ambition de Numergy est de concevoir, bâtir et opérer une «centrale d énergie nu - mérique» de confiance et sécurisée. C est un projet stratégique pour donner un nouvel élan à la compé - titivité et l innovation des entreprises et institutions françaises grâce au numérique. Numergy est une société lancée en septembre par SFR, Bull et la Caisse des Dépôts. Jusqu ici, les principaux services de cloud se situaient aux États-Unis, ce qui n était pas sans poser de questions sur la sécurité et la confidentia lité des données. Qui plus est, d ici à 2016, le marché du cloud pourrait peser plus de 3 milliards d euros en France. Il serait dommage de laisser les entreprises américaines, en pointe sur ce secteur, capter cette manne financière C est pourquoi la France a décidé de se lancer dans le cloud en investissant, via la Caisse des Dépôts, 150 millions d euros dans deux nouvelles entreprises, dont Numergy. Cette dernière, dotée de 225 millions d euros, compte trois actionnaires : la Caisse des Dépôts (33 %), SFR (47 %) et Bull (20 %). Numergy propose aux administrations et aux entreprises «une infrastructure extrêmement sécurisée, la mise à disposition de modalités de calcul et de stockage compétitifs et performants», explique Philippe Tavernier, président exécutif de Numergy. Le tout, bien entendu, sur le territoire français. Pour le moment, l entreprise dispose de deux data centers, «mais nous avons l ambition de créer une quarantaine de data centers units à l horizon 2020», affirme Philippe Tavernier. La Ville de Paris utilise d ores et déjà les services de Numergy pour l infrastructure de la plate-forme d e-éducation déployée en partenariat avec SFR. Mais l entreprise ne compte toutefois pas s arrêter aux frontières de l Hexagone et espère bientôt devenir un acteur incontournable du cloud à l échelle européenne. «Cela démontre la célérité et la perti - nence de ce partenariat public-privé», se réjouit Philippe Tavernier. «Nous avons réussi, en six mois, à monter une vision commune, tracer un projet avec du sens et apporter les capitaux. Après en avoir beaucoup parlé, c est désormais une réalité.» 4 L HÉMICYCLE MERCREDI 21 NOVEMBRE 2012

Cap vers le portefeuille mobile! Peu à peu, le mobile est en train de remplacer notre bon vieux portefeuille. Payer ses courses, valider son ticket de bus ou présenter une carte de fidélité avec un simple téléphone est en passe de devenir une réalité. Plusieurs villes de France expérimentent déjà quelques-uns de ces services, avec succès. Aujourd hui, nous transpor - tons sur nous en permanence de l argent, des tickets de bus, notre permis de conduire, des cartes de fidélité, voire même un ou deux coupons de réduction. Et si tout était réuni dans un seul et même outil, notre mobile? Nice, Mulhouse, Marseille, Saint- Mandé, Strasbourg, Lille, Caen Toutes ces villes s essaient à des services qui constitueront demain le m-wallet, version numérique de notre portefeuille. À Strasbourg par exemple, plus de 2 000 commerces sont équipés d un terminal de paiement NFC (Near Field Communication) capable de communiquer à courte distance Dorénavant, plus besoin de se rendre à l horodateur et de chercher de la monnaie pour régler son stationnement : un simple SMS suffit. Depuis le 15 mars, la ville de Mulhouse expérimente le «SMS Parking», en partenariat avec SFR et les deux autres principaux opérateurs mobiles. Concrètement, l automobiliste envoie le numéro de sa plaque d immatri - culation à un numéro court. Le montant est alors automatiquement prélevé sur sa facture téléphonique ou décompté de son compte prépayé. Quelques mi - nutes avant la fin de sa période de stationnement, l usager est prévenu et peut la prolonger à distance. «Cela permet de faire face à des retards impondérables», se réjouit le maire de Mulhouse, Jean Rottner. «Plus de crainte d une verbalisation pour dépassement et plus de contrainte de devoir aller remettre de la monnaie.» avec un autre appareil. Ce qui permet aux personnes disposant d un mobile équipé de la même technologie de payer leurs courses avec leur téléphone par simple passage devant le terminal de paiement. Ce nouveau moyen de paiement pourrait remplacer, à terme, les cartes de crédit, et fluidifier le passage en caisse. Et dès 2013, les titres de transport seront dématérialisés et intégrés aux mobiles des Strasbourgeois. Mais le portefeuille mobile à proprement parler va plus loin. Les opérateurs visent notamment à commercialiser dès 2013 ou 2014 des portefeuilles complets, compre - nant une multitude de services Une initiative économe Vingt-cinq agents municipaux ont été équipés de smartphones pour contrôler le paiement du stationne ment à partir de la plaque d immatriculation. Au final, le «SMS Parking» permet à la muni - cipalité de faire des économies. «Cette mesure à l avantage de dimi - nuer la charge de prélèvement et de comptage de la monnaie, ainsi que dépassant le paiement et les titres de transport : carte bancaire, carte vitale, permis de conduire, carte d identité, cartes de fidélité, cou - pons de réduction Des services à inventer Pour en arriver là, les opérateurs doivent inventer leurs propres ser - vices, en synergie avec les acteurs du secteur bancaire notamment. Mais aussi en intégrant ceux d orga - nismes tiers, comme les régies de transport, les collectivités ou les entreprises commerciales. Leurs atouts : des transactions sécurisées garanties par la carte SIM et le lien direct avec les propriétaires des mobiles. Leurs difficultés : mettre Mulhouse expérimente le «SMS Parking» Depuis le mois de mars, les automobilistes de Mulhouse ont la possibilité de payer et de prolonger leur stationnement par SMS. Une première en France, qui s élargit à d autres collectivités. Mulhouse. Payer son stationnement avec un simple SMS. l alimentation des horodateurs en tickets», explique Jean Rottner. Depuis mars, déjà plus de 30 000 paiements ont été effectués de cette manière, et le nombre de paiements SMS progresse de plus de 20 % par mois. Un succès qui a poussé plusieurs villes à tenter à leur tour l expérience, parmi lesquelles Saint-Mandé, qui s est lancée le mois dernier. DR en place et fédérer l écosystème qui permettra d embarquer tous ces services dans le mobile. En attendant, Vodafone en Italie, mais aussi O2 au Royaume-Uni et SFR avec sa SFR PayCard com - mercialisent déjà leurs premiers ser vices bancaires sous forme d une carte plastique prépayée. Cette carte permet de payer ses achats comme avec un mobile NFC. Sauf que cette fois-ci, la carte bancaire est pro posée par l opé - rateur lui-même, en partenariat avec Master card. Objectif : habituer les consom mateurs à cette nouvelle gestion de leur argent, avant d embarquer le service dans les mobiles d ici 2013-2014. MERCREDI 21 NOVEMBRE 2012 L HÉMICYCLE 5 Innovation Un nouvel Eldorado Les opérateurs téléphoniques ne sont pas les seuls à ambitionner de révolutionner nos moyens de paiement et notre bon vieux portefeuille. Dans la Silicon Valley, les géants Microsoft, Google ou encore PayPal et Apple, ont eux aussi lancé leur propre ser vice, déclenchant une véritable «guerre des wallets». Le cabinet Juniper Research estime quant à lui qu en 2017 un consommateur sur quatre effectuera des paiements par NFC aux États-Unis et en Europe de l Ouest, contre moins de 2 % aujourd hui. Un marché juteux, estimé à 180 milliards de dollars en 2017, soit sept fois plus qu en 2012. Et les entreprises l ont bien compris. C.C. La NFC s apprête à révolutionner le mobile La technologie NFC, ou «sans contact», est au centre du futur portefeuille mobile. Reste à la développer sur notre territoire. En 2011, la France a souhaité encourager les expérimentations de la NFC en lançant l appel à projets «Villes intelligentes / NFC» au - près des collectivités, dans le cadre des investissements d ave nir. En octobre dernier, quinze villes ont été sélectionnées parmi les - quelles Bordeaux, Caen, Grenoble, Mulhouse, Strasbourg ou encore Marseille. Elles bénéficieront de 66 millions d euros d investissement public afin d imaginer de nouveaux services qui, peut-être, deviendront bientôt des classiques du portefeuille électro - nique. Car la technologie NFC commence à envahir nos mo - biles Si, pour le moment, le nombre de téléphones équipés NFC en France reste relativement modeste, cela ne devrait pas du rer. Partout dans le monde cette technologie explose. Selon le ca binet d études Berg Insight, 700 millions de mobiles NFC devraient être vendus dans le monde en 2016. Un boom énorme, comparé aux 30 millions d unités écoulées en 2011. De leur côté, les principaux opérateurs ont annoncé la systématisation des cartes SIM avec fonctionnalité NFC permettant de payer avec son mobile. À titre d exemple, SFR a annoncé qu il généraliserait cette technologie dans toutes les nouvelles cartes SIM de ses clients dès fin 2012. Côté équipement des magasins, on estime aujourd hui qu un tiers des terminaux de paiement des commerçants sont prêts à accepter les paiements sans contact.

Éducation «Numérique éducatif Au-delà de l équipement, miser sur la formation L intégration du numérique dans le parcours scolaire des jeunes Français doit encore progresser. Il s agit en effet d un enjeu essentiel dans notre société de plus en plus connectée, dont l école ne peut être exclue. C est pourquoi le gouvernement a décidé de s emparer du problème en évoquant plusieurs projets. On ne peut pas refonder l école de la République et faire la République du XXI e siècle si nous ne prenons pas en compte clairement, volontairement et efficacement la dimension nouvelle introduite par le numérique dans notre culture et dans notre civilisation.» Pour le ministre de l Éducation nationale, Vincent Peillon, qui s exprimait le 28 août à l université d été Ludovia, «de très nombreux secteurs de la société sont modifiés par le numérique et le seront encore plus demain, et parti - culièrement par Internet». Impossible, donc, de laisser le numérique «à la porte de l école». Et pourtant, c est bien ce qu il se passe aujourd hui en France. Si les jeunes de 13 à 17 ans passent cinq heures par jour connectés à Internet, deux sur trois ne l utilisent jamais sur leur lieu de scolarité, selon les chiffres de l Arcep (Au- torité de régulation des télécommunications électroniques et des postes). Surconnectés, à Facebook, Twitter, Google, sur ordinateur, mobile ou tablette, ils voient naître régulièrement de nouveaux outils qui transforment leurs usages et leur quotidien. Mais tout cela reste en dehors de la salle de classe. Les jeunes Français ne bénéficient d aucun accompagnement, ou presque, dans leur dé couverte et leur utilisation du numérique. L autre fracture numérique Et pour cause : selon un rapport récent de l Éducation nationale, seul un professeur sur vingt utilise le numérique au quotidien dans son enseignement. Pire, un sur cinq n est «pas du tout convaincu» de l intérêt des nouvelles technologies. Par ailleurs, en matière d équipe - ment, la France est en retrait par rapport à ses voisins européens : le Danemark compte trois fois plus d ordinateurs par collégien et la Grande-Bretagne deux fois plus! Dans ce pays, l usage du numérique est obligatoire dans toutes les ma - tières. D après le rapport du maire d Élancourt, Jean-Michel Fourgous, Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, en visite dans une école primaire à Aubevoye (Eure), le 4 septembre 2012. PHOTO CHARLY TRIBALLEAU/AFP la France se place au 24 e rang eu ro - péen en ce qui concerne «l accès à l outil numérique» mais aussi «sa maî - trise dans un contexte péda gogique». En effet, le matériel ne suffit pas. Aujourd hui, la question de la fracture numérique concerne moins l équip ement, désormais accessible à la grande majorité de la population, que la culture numérique. Il existe aujourd hui un fossé entre les personnes capables de comprendre le numérique, de s a ppro - prier ses outils, voire même de développer les leurs et celles qui n effectuent que quelques mani - pulations basiques et répétitives sur leur ordinateur. Savoir faire une recherche efficace d information, échanger sur un forum, ou vrir un blog, connaître les codes et la culture du Web Toutes ces compé - tences deviennent de plus en plus nécessaires dans notre société, et de plus en plus deman dées dans le monde professionnel. 6 L HÉMICYCLE MERCREDI 21 NOVEMBRE 2012 Former les enseignants C est que le chantier est vaste et les difficultés, nombreuses. Quand un collège se retrouve doté de matériel informatique performant, encore faut-il former les professeurs Et s ils le sont, encore faut-il qu ils dis - posent de ressources pédagogiques pertinentes. Et tout cela doit se renou ve ler régulièrement. En nu - mérique, les outils, les usages et le matériel sont rapidement obsolètes. La maintenance des équipements est trop rare, et quand un professeur décide d utiliser le numérique lors d un cours, il se retrouve souvent confron té à différents problèmes : incompatibi lité de certains maté - riels, logiciels trop vieux, connexion trop lente De quoi décourager la plupart d entre eux. Afin de donner un nouveau souffle au numérique éducatif, le gouvernement souhaite lancer de nouveaux projets, dont Vincent Peillon a déjà donné les grandes directions. Selon lui, il faut former tous les enseignants à l usage du numérique à l école, mais aussi leur fournir des ressources pédago - giques. Il souhaite même dé ve - lopper une «offre de services publics numériques éducatifs» pour le soutien scolaire en ligne, et pour que les enseignants échangent entre eux et mutualisent leurs productions. Vingt millions d euros seront attribués à ces projets lors de ces prochaines années. Une option «Sciences du numérique» au lycée Sur le plan de la formation disciplinaire, un grand pas a déjà été franchi à la rentrée, avec la mise en place d une option «Sciences du numérique» pour les Terminales S. Pendant deux heures par semaine, les lycéens découvriront les rouages de leurs ordinateurs, l utilisation de langages informatiques ou encore le fonctionnement des algorithmes. C est la première fois qu une telle matière trouve sa place dans une filière générale de l enseignement public. Pour l instant, seuls 500 ly - cées sur 2 400 la proposent, mais dès la rentrée prochaine cette option sera étendue à toutes les terminales générales. Et le secteur de l enseignement supérieur pourrait bien, lui aussi, proposer de nouvelles formations. La ministre chargée des PME, de l Innovation et de l Économie nu - mérique, Fleur Pellerin, a notamment annoncé qu elle réfléchissait à créer une filière consacrée aux nouvelles technologies. Aujourd hui, les grandes écoles formant aux métiers du numérique sont essentiellement privées. L État compte donc s y faire une place, pour contribuer à former les centaines de milliers de professionnels dont le secteur numérique européen aura besoin dans les années à venir.

Éducation «Il faut repenser entièrement la pédagogie à travers le numérique» La fondation Terra Nova a formulé 123 propositions relatives au numérique pour «renouer avec les valeurs progressistes et dynamiser la croissance». Dans ce rapport, une large place est consacrée à l éducation. Précisions avec Nelly Fesseau, coordinatrice des pôles Culture et Numérique de Terra Nova et coauteure du rapport. Terra Nova a formulé sept propositions relatives au numérique à l école. Pourquoi y accorder une telle importance? Parce que le numérique est de plus en plus fondamental. Il a totalement bouleversé nos rapports aux autres, que ce soit en termes de communication, de politique, d économie, de production, de distribution ou de diffusion, mais aussi d accès au service public. Par conséquent, plus il y aura une frange de la population en marge du numérique, plus cette frange sera en marge de la société. La révolution numérique a débuté il y a vingt ans, c est au-delà même de la capacité humaine à intégrer ces modifications. Ce qui en découle est la nécessité absolue de sensibiliser et de former au numérique dès le plus jeune âge, en l intégrant dans le parcours scolaire. Vous prônez la mise en place d une nouvelle pédagogie. En quoi consiste-t-elle et quel rôle y joue le numérique? À court terme, il faut absolument former les professeurs aux enjeux du numérique, pour que les élèves se l approprient, du primaire au supérieur. Mais à moyen et long terme, il faut repenser entièrement la pédagogie à travers le numérique. Comment? C est encore à conce - voir, mais de nombreuses questions se posent. Quel usage faire des tablettes? Faut-il encore une présence systématique et continue des élèves en classe? Si oui, sous quelle forme? Et qu en est-il du contenu? Concrètement, a-t-on déjà des pistes? On peut imaginer des plates-formes collaboratives de création et de partage de contenu libre, comme Sésamath, lancé par des professeurs de mathématiques et qui fonctionne très bien. Il faut repenser et décloisonner notre modèle pédagogique, renforcer l interactivité de l enseignement, qui ne doit plus être descendant. Imaginez un professeur très grand pédagogue, délivrant un cours passionnant Pourquoi ne pas dupliquer ce message dans toutes les classes? Le rôle des enseignants serait alors de faire médiation entre ce message et les élèves. Selon Terra Nova, il faut enseigner le numérique du primaire au supérieur, dans toutes les filières. Comment y parvenir? Il faut avant tout sensibiliser les professeurs à l outil numérique. Pour des raisons générationnelles, beaucoup ont une certaine mé - fiance envers ces technologies, contrairement à leurs élèves qui, eux, sont nés dans cet environnement. Il faut montrer aux en - seignants tout ce qu ils peuvent faire avec le numérique, leur rappeler que ce n est qu un ou til, qui n est ni bon ni mauvais. Et réfléchir avec eux à la manière d intégrer cet outil en classe plutôt que de l interdire. Plus généralement, nous proposons aussi de refonder le Brevet Informatique et Internet et définir pour chaque niveau et chaque fi - lière des compétences numériques à placer au cœur du parcours. Le gouvernement souhaite refonder l école en accordant une large place au numérique. Un plan de plus? Il est important que les hommes et les femmes politiques s emparent de la question du numérique, car si nous ne faisons rien, nous resterons dans le suivisme. Et dans le cadre de la réflexion lancée sur l école, j ai pu remarquer que la question la plus récurrente et la plus constante était celle du numérique Mais ce qui est fondamental, c est la volonté politique, qui doit être ferme et déterminée. Cela dit, dans toute réforme, la difficulté est que chacun doit y trouver son compte et y être associé. Nous sommes dans un pays de révolutions plus que de réformes. Alors, est-ce que la révolution numérique va nous conduire à de véritables réformes? J espère bien! «e-école pour tous», un service clés en main pour les établissements Installation du matériel, mise à disposition de contenu pédagogique interactif, formation des enseignants, maintenance En prenant tout en main de A à Z, le projet «e-école pour tous» veut faciliter le passage des établissements du primaire vers le numérique éducatif. Pas facile, pour les écoles primaires, de se lancer dans le numérique éducatif. Quel matériel utiliser? Comment former le personnel? Quels outils utiliser pour exploiter au mieux le potentiel pédagogique du numérique? Ces questions sont d autant plus complexes qu elles impliquent généralement une multitude d acteurs, comme les fournisseurs de matériel informatique, les éditeurs de contenu éducatif, les organismes de formation C est pourquoi SFR vient de lancer le projet «e-école pour tous», en partenariat avec itslearning, lease - com, Maxicours et Smart, quatre entreprises qui répondent, chacune, à ces différentes questions. L objectif : réunir, dans un seul service, tous les éléments nécessaires à la mise en place du nu mé - rique à l école. À commencer par l installation d un tableau blanc interactif, outil phare de la numérisation de l éducation, qui fait rentrer les nouvelles technologies dans le quotidien de la salle de classe. 100 000 exercices disponibles en ligne «e-école pour tous» inclut aussi une connexion Internet à haut débit et la mise à disposition d un environnement numérique de travail. Cette plate-forme en ligne, disponible en permanence, est accessible aux écoliers, à leurs parents et aux enseignants où qu ils se trouvent. Il est possible d y consulter les devoirs à faire, les documents déposés par les professeurs ou encore les actualités de l établis sement. Mais pas seulement. Cet envi - ronnement met à disposition de nombreuses ressources pédago - giques réalisées par des enseignants de l Éducation nationale. En tout, 100 000 exercices, 20 000 fiches de cours, 5 000 vidéos et 1 200 animations interactives conformes aux programmes scolaires sont accessibles. Pratique pour les éco - liers, qui peuvent bénéficier d un service de soutien scolaire, pour les parents, qui aideront plus facilement leurs enfants à faire leurs devoirs et pour les enseignants, qui y trouveront de quoi enrichir leurs cours et les adapter à l ère du numérique. Abordable pour les municipalités Car il n est pas toujours évident pour les professeurs d apprivoiser ces nouveaux outils. C est pour - quoi le programme «e-école pour tous» comporte une part d accompagnement de l équipe pédago - gique. Les enseignants sont formés à la prise en main du tableau blanc interactif, de l espace nu - mérique de travail et des nouveaux contenus éducatifs. Enfin, «e-école pour tous» assure la maintenance du matériel et propose une hotline technique pour répondre en cas de difficulté. Une aide concrète pour les muni - cipalités qui souhaitent numériser leurs écoles : le projet est simple et rapide à mettre en place, pour des tarifs abordables et mensualisés. La commune n a plus à se soucier de la gestion des équipements in - formatiques et de leur fin de vie. Expérimenté depuis le mois der - nier, ce programme «clés en main» espère contribuer au développement du numérique à l école. Aujourd hui en France, seuls 2,6 élèves de primaire sur 1 000 ont accès à un tableau blanc interactif. Soit dix fois moins qu en Grande-Bretagne Plus d informations sur e-ecolepourtous.fr MERCREDI 21 NOVEMBRE 2012 L HÉMICYCLE 7

Téléphonie solidaire «Sans téléphone mobile, nous sommes encore plus exclus» La téléphonie mobile reste inaccessible aux plus démunis. Et pourtant, ce sont souvent ceux qui en ont le plus besoin. C est pourquoi Emmaüs Défi a lancé, en 2010, avec SFR et la Ville de Paris un programme de téléphonie solidaire. Explications avec Charles-Édouard Vincent, directeur d Emmaüs Défi. De quel constat est née l idée d un programme de téléphonie solidaire? Plus on est pauvre, plus on paie cher l accès aux biens et services : logement, crédits, assurances et téléphone. Car les offres les moins chères ne sont pas adaptées aux modes de consommation des personnes en grande précarité, qui n ont ni Internet, ni compte bancaire et ne peuvent pas s engager sur la durée. Elles se tournent donc vers les cartes prépayées, bien plus chères Ré sultat, leur budget téléphonique est complètement démesuré par rapport à leurs ressources. Il repré - sente environ 15 % de leurs revenus, contre 2 à 5 % pour la moyenne de la population. Nous avons donc été voir SFR pour réfléchir ensemble à cette problématique. Concrètement, comment cela fonctionne? Nous permettons à des personnes en grande précarité d accéder à la téléphonie à très bas prix. SFR nous donne des cartes prépayées que nous revendons 5 euros l heure, contre 20 euros dans un bureau de tabac. Mais cette offre ne suffit pas. Quand une personne dépense 120 euros par mois dans la téléphonie alors qu elle ne gagne que 600 euros, c est qu il y a un problème. Cela peut venir d appels vers des numéros surtaxés, vers l étranger, vers des ser - vices payants comme la CAF Nous 1. Des conditions d accès moins restrictives Les offres sociales labellisées par l État en 2011 ne sont accessibles qu aux allocataires du RSA (Revenu de solidarité active) ne travaillant pas. Les offres solidaires doivent être à disposition d un public plus large, en proie à des difficultés avec le téléphone dans le cadre d un parcours d insertion. 2. Une proposition adaptée aux besoins, aux usages et aux capacités financières Deux heures de téléphonie par mois sont nécessaires, notamment pour les démarches administratives, aidons ces personnes à mieux comprendre leur utilisation du téléphone et nous les conseillons sur comment améliorer leur pratique. Toutefois, nous ne voulons pas créer de dépendance envers ce programme. Au bout de neuf à dix-huit mois, la personne doit retourner vers une offre de téléphonie commune. Pour cela, nous l aidons à s y retrouver dans la jungle des offres, afin de trouver la plus adaptée à sa consommation. En quoi le téléphone est-il si important pour les personnes démunies? Dans l inconscient collectif, la possession d un téléphone portable est encore un luxe. Et pourtant, que ferait un SDF sans son mobile? C est sa dernière adresse. Sans lui, il est in - joignable. Le mobile lui permet de garder le lien avec ses proches, d être contacté par son assistante sociale, ou d appeler en cas de souci. Pensez aussi aux personnes frappées de plein fouet par la nouvelle vague de pauvreté : les mères célibataires, qui travaillent souvent en horaires décalées. Le téléphone n est pas un luxe pour elles. Elles ont besoin de savoir si leur enfant va bien, s il est rentré à la maison et il doit pouvoir la joindre à tout moment. Quant aux personnes qui recherchent un emploi ou un logement, sans mobile, même pas en rêve! Nous sommes dans une société connectée, sans téléphone portable, nous sommes encore plus coûteuses en temps. Le tout pour 10 euros. L offre doit pouvoir être payée a priori, en liquide ou par chèque. 3. Une offre accessible et visible Les offres solidaires doivent être connues des structures sociales. Il faut garantir aux personnes en difficulté une information claire et fiable auprès des personnes qu elles côtoient dans leur parcours. 4. Une mission de diagnostic et de conseil Les structures qui proposent les offres de téléphonie solidaire doivent Charles-Édouard Vincent, directeur d Emmaüs Défi. exclus. Idem pour le numérique en général. Nous en sommes tellement imprégnés que les personnes qui n y ont pas accès sont totalement larguées. Cela leur crée même des difficultés budgétaires supplémentaires, car Internet apporte des offres moins chères, des promotions et des comparateurs de prix. La téléphonie solidaire en cinq critères En quoi se distingue la téléphonie solidaire type programme Emmaüs Défi-SFR d une offre dite «sociale» ou low cost? Pour mieux s y retrouver, l Agence nouvelle des solidarités actives, qui accompagne des projets d innovation sociale visant à lutter contre l exclusion, a défini cinq conditions pour qu une offre soit considérée comme réellement «solidaire». être en mesure de diagnostiquer les besoins des personnes en insertion. Elles doivent aussi les conseiller sur leur utilisation du téléphone, et éventuellement les orienter vers des offres du circuit classique, si elles répondent à leurs besoins. 5. Un parcours d accompagnement Les véritables offres solidaires doivent être prescrites dans un parcours d accompagnement large. Les personnes concernées par les problématiques téléphoniques ont souvent d autres difficultés et l aide dont elles disposent ne se limite pas au téléphone. Emmaüs Défi, SFR, la Ville de Paris Quel est le rôle de chacun dans ce programme? SFR apporte la technologie et les compétences de ses collaborateurs, Emmaüs Défi est un peu le chef d orchestre du programme et la Ville de Paris est prescriptrice. Quand nous avons commencé, les travailleurs so ciaux de la ville étaient complètement démunis. Ils savaient vers quels orga nismes orienter les gens sur les questions d emploi, de santé, d alimentation Mais sur la téléphonie mobile, rien. Pourtant, de nombreuses personnes croulent sous les factures non réglées, les problèmes de conten - tieux et les poursuites liées au téléphone. Quand nous sommes arrivés avec notre projet, les travailleurs so - ciaux ont trouvé cela génial! Ce sont eux, ainsi que 120 associations, qui nous envoient des personnes. Ce partena riat entre le secteur public, SFR et Emmaüs Défi est la force de notre projet. Associations, collecti - vités, entreprises : chacun détient une partie de la solution et nous devons la mettre en place ensemble. 20 novembre 10h20 SFR aux côtés des collectivités Stéphane Roussel, SFR 11h30 La fibre optique : une chance pour demain Yves Rome, conseil général de l Oise Cyril Luneau, SFR Collectivités 14h20 Open data : l avenir citoyen Jean-François Laplume, Agence Numérique Aquitaine Stéphane Martayan, Région PACA Jean-Baptiste Roger, La Fonderie 16h20 La place et le rôle des réseaux d initiative publique Hervé Rasclard, conseil général de la Drôme, Ardèche Drôme numérique Fabien Bazin, conseil général de la Nièvre, Niverlan 21 novembre 12h00 Le rôle du numérique pour le développement économique Éric Kerrouche, communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud Alain Lagarde, mairie de Tulle, syndicat mixte Dorsal Quel bilan depuis 2010? Les retours sont très positifs, beaucoup de collectivités nous solli - citent. Nous avons pour le moment deux antennes, dans les XIV e et XIX e arrondissements de Paris. Nous allons bientôt en ouvrir une dans le sud de la ville. Deux mille personnes bénéficient en ce mo - ment de ce programme, qui a prouvé sa viabi lité économique grâce aux cinq euros demandés. Une solution qui fonctionne aussi bien socialement qu économiquement, c est rare! Comptez-vous aller plus loin, développer d autres services? Pour répondre aux demandes des autres collectivités locales, nous avons «packagé» ce programme pour qu elles puissent le mettre en œuvre facilement chez elles. Nous aimerions nous développer dans toute la France, et pourquoi pas exporter le concept à l étranger! Le Maroc, la Norvège et la Belgique nous ont déjà sollicités. Nous comptons aussi lancer l an prochain un programme d accès à Internet. Propos recueillis par Collectivités et numérique DR Pour en savoir plus sur les sujets abordés dans ce numéro, suivez les débats organisés* par SFR sur le stand G70. Cyril Luneau, SFR Collectivités 12h20 Vers le portefeuille mobile Jean Rottner, mairie de Mulhouse Hugo Salaun, SFR 14h40 Numérique et égalité des chances Antonella Desneux, SFR Jean-François Bourdon, ministère de l Éducation nationale 16h20 La ville à l heure de la NFC Daniel Sperling, mairie de Marseille Antoine Veran, Nice Côte d Azur, commission des nouvelles technologies Pierre-Emmanuel Struyven, SFR 22 novembre 10h20 Quoi de neuf pour l e-santé? Christian Bordais, SaaS, FujiFilm Frédéric Forni, SFR Business Team 11h00 Les applications M2M pour les collectivités Frédérique Liaigre, SFR Business Team * sous réserve de modifications 8 L HÉMICYCLE MERCREDI 21 NOVEMBRE 2012