Lymphome diffus de type B des racines sacrées:



Documents pareils
OSSIFICATION DU LIGAMENT VERTEBRAL COMMUN POSTERIEUR ET DU LIGT JAUNE: MYELOPATHIE CERVICALE SUBAIGUE

Peut-on reconnaître une tumeur de bas-grade en imagerie conventionnelle? S. Foscolo, L. Taillandier, E. Schmitt, A.S. Rivierre, S. Bracard, CHU NANCY

PLACE DE L IRM DANS LE BILAN D EXTENSION DU CANCER DU RECTUM. Professeur Paul LEGMANN Radiologie A - Cochin Paris

LA LOMBALGIE CHRONIQUE : Facteurs de risque, diagnostic, prise en charge thérapeutique

LES DOULEURS LOMBAIRES D R D U F A U R E T - L O M B A R D C A R I N E S E R V I C E R H U M A T O L O G I E, C H U L I M O G E S

TRAUMATISME CRANIEN DE L ENFANT : conduite à tenir?

Apport de l IRM dans la

Céphalées vues aux Urgences. Dominique VALADE Centre d Urgence des Céphalées Hôpital Lariboisière PARIS

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la scintigraphie osseuse et le TEP-SCAN

IRM du Cancer du Rectum

HERNIE DISCALE LOMBAIRE

Intérêt de la TEP-FDG dans les cancers de l ovaire

compaction ventriculaire gauche sur la fonction ventriculaire chez l adulte

LE RACHIS : UNE ENTITE COMPLEXE IMPORTANTE A PRESERVER

Déficit neurologique récent. Dr N. Landragin CCA Neuro

Maladies et Grands Syndromes Radiculalgies et syndromes canalaires (279) Professeurs P. Lafforgue, J.C. Peragut et R.

Accidents des anticoagulants

Céphalées. 1- Mise au point sur la migraine 2- Quand s inquiéter face à une céphalée. APP du DENAISIS

Item 182 : Accidents des anticoagulants

HERNIE DISCALE LOMBAIRE


Déficit moteur et/ou sensitif des membres

Les formes cliniques. Maxime Breban

neurogénétique Structures sensibles du crâne 11/02/10 Classification internationale des céphalées:2004

CEPHALEES POST-BRECHE DURALE. Post Dural Puncture Headache (PDPH)

Lombosciatalgie aigue et chronique Quelle prise en charge? Dr Azizi Fatima Rabat

Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques

Pierre OLIVIER - Médecine Nucléaire

Le diagnostic de Spondylarthrite Ankylosante? Pr Erick Legrand, Service de Rhumatologie, CHU Angers

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

Document d information dans le cadre de l installation d un cyclotron. à Saint-Louis

Les luxations et instabilités de l'épaule Professeur Dominique SARAGAGLIA Mars 2003

SYNDROME DU TUNNEL CARPIEN, EPICONDYLITE ET TRAVAIL : POINT DE VUE DU RHUMATOLOGUE

La sciatique par hernie discale Description médicale :

Foscolo (1), J Felblinger (2), S Bracard (1) CHU Hôpital central, service de neuroradiologie, Nancy (1) CHU BRABOIS, Centre d investigation clinique

Actualités IRM dans la SEP Thomas Tourdias 1, 2

SYNTHÈSE DES RECOMMANDATIONS PROFESSIONNELLES. Spondylarthrites. Décembre 2008

Radiculalgie et syndrome canalaire

dmt Lombalgies et travail : Pour une stratégie consensuelle La lombalgie en chiffres Paris, 18 janvier 2002 notes de congrès La fréquence

Place de la PSP et des AMS. «Parkinson plus!» Ce qui doit alerter. Paralysie supra-nucléaire progressive (PSP) Ce qui doit alerter

RADIOTHÉRAPIE EXTRACRÂNIENNE

Vignette clinique 1. Femme, 26 ans; caissière. RC : Dorsalgie depuis 18 mois. ATCD : Tabagisme 20 paquets/année; pas de maladies chroniques HMA :

Incontinence anale du post-partum

Que représentent les Spondyloarthrites Axiales Non Radiographiques? Pascal Claudepierre CHU Mondor - Créteil

LA HERNIE DISCALE LOMBAIRE

Pseudotumor cerebri. Anatomie Le cerveau et la moelle épinière baignent dans un liquide clair, appelé le liquide céphalo-rachidien (LCR).

En souvenir du P r Olivier Dizien, décédé le 1 er juillet 2007

Images en «franc» hypersignal T2 du pelvis féminin Atlas iconographique

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

UE2 CANCEROLOGIE Place de la Médecine Nucléaire

Recommandations régionales Prise en charge des carcinomes cutanés

G U I D E - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge de votre mélanome cutané

LOMBO-RADICULALGIES SCIATIQUE D ORIGINE DISCALE

Céphalées de tension. Hélène Massiou Hôpital Lariboisière, Paris

MIGRAINES. Diagnostic. A rechercher aussi. Critères IHS de la migraine. Type d aura. Particularités chez l enfant. Paraclinique.

o Anxiété o Dépression o Trouble de stress post-traumatique (TSPT) o Autre

Solar GI. Manométrie digestive évolutive. Diagnostic complet de la motricité. Base de données universelle MMS. Configurations évolutives

Diagnostic différentiel des infections ostéoarticulaires

Anatomie. Le bassin inflammatoire. 3 grands cadres. 4 tableaux. Spondylarthrite ankylosante. Spondylarthrite ankylosante 26/10/13

Item 279 : Radiculalgie et syndrome canalaire

Marche normale et marche pathologique

Comprendre la mort cérébrale

Le don de moelle osseuse :

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

04/07/2011. Effet anti-inflammatoire, inflammatoire, anti-tumoral tumoral et

Développement d'une nouvelle interface utilisateur multi-modalité en scanner interventionnel

J. Goupil (1), A. Fohlen (1), V. Le Pennec (1), O. Lepage (2), M. Hamon (2), M. Hamon-Kérautret (1)

Genou non traumatique

Sujets présentés par le Professeur Olivier CUSSENOT

Lymphome non hodgkinien

Médecine Nucléaire : PET-scan et imagerie hybride

ROLE IADE EN NEUROANESTHESIE. (C.Muller 2005)

Prise en charge des personnes atteintes de sclérose latérale amyotrophique

La prise en charge de l AVC ischémique à l urgence

IRM APRES TRAITEMENT RADICAL OU FOCAL du cancer de prostate. Raphaële Renard Penna Emmanuel Banayan Hôpital Pitié Salpétrière

Échographie normale et pathologique du grand pectoral

Maladies et Grands Syndromes : Angiomes (223) Professeur Guy Magalon Juin 2005

Traitements néoadjuvants des cancers du rectum. Pr. G. Portier CHU Purpan - Toulouse

Le mal de dos est décrit par de nombreux auteurs

A.V.C. Solutions aux séquelles neurologiques du membre inférieur et supérieur. d ATTELLES NEURO - ORTHOPÉDIQUES

RAZAFINDRABE Rovasoa Harivony REEDUCATION FONCTIONNELLE ET PRISE EN CHARGE DES HERNIES DISCALES NON OPEREES. Thèse de Doctorat en Médecine

LES CEPHALEES I- INTRODUCTION

Apport de l AQM, en pratique clinique, dans les indications d appareillage chez l enfant Paralysé Cérébral (PC)

Reprise de la marche chez le blessé médullaire Etat actuel, nouvelles perspectives

DENSITOMÉTRIE OSSEUSE : CE QUE LE RADIOLOGUE DOIT SAVOIR

Résultat du traitement de la varicocèle chez l'adolescent par l'association coils-sclérosants.

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

L arthrose, ses maux si on en parlait!

Imagerie TDM et IRM des obstacles du bas cholédoque

Les sciences de l ingénieur appliquées à la prise en charge du

Qu avez-vous appris pendant cet exposé?

Table des matières. Remerciements...v. Préface... vii. Avant-propos... xi. Mode d utilisation du manuel et du DVD... xv

Leucémies de l enfant et de l adolescent

CORRELATION RADIO-ANATOMIQUE DANS LE CARCINOME HEPATOCELLULAIRE TRAITE PAR TRANSPLANTATION HEPATIQUE : IMPACT SUR LA RECIDIVE

Apport de l IRM dans le bilan préthérapeutique du cancer du rectum

Revue de la littérature

CRPP. Syndrome MYH9. Centre de Référence des Pathologies Plaquettaires. Livret destiné au patient

Cancer du sein in situ

Études. Coût de la chirurgie d une hernie discale

Transcription:

Lymphome diffus de type B des racines sacrées: une étiologie rare de polyradiculoneuropathie. A propos d un cas C. Cartry, L. Khuoy, P. Goasdoué, C. Lévêque - HIA Val de Grâce, Paris

Plan Cas clinique Histoire de la maladie Données de l IRM Anatomopathologie Revue Tableau clinique Imagerie

Cas clinique: Histoire de la maladie Patient de 72 ans Sans antécédent particulier Douleurs insomniantes des deux membres inférieurs, prédominant à la face postérieure des cuisses. EMG: neuropathie axonale sensitivo- motrice.

IRM: séquences T1 et T2 T1 T2 T1 T2 Processus expansifs centrés sur les racines S1 gauche et S2 droite, en discret hyposignal en séquences T1 et T2 par rapport aux racines controlatérales, associés à un élargissement des foramens sacrés correspondant.

IRM: séquences T1 (o) et T1 avec gadolinium (+) (0) (+) (0) (+) Rehaussement hétérogène modéré des processus expansifs des racines S1 gauche et S2 droite

Cas clinique: Histoire de la maladie Le patient est ensuite perdu de vue. Il reconsulte sept mois plus tard en raison d une majoration des douleurs associée à un fauchage droit. L examen clinique révèle une amyotrophie bilatérale quadricipitale et surale et une abolition des réflexes ostéo-tendineux tendineux achilléens. Une nouvelle IRM sacrée est réalisée.

IRM: comparaison des séquences T1 avec gadolinium initiales (M0) et évolutives à sept mois (M+7) M0 M+7 M0 M+7 Majoration de volume des processus expansifs des racines S1 gauche et S2 droite, de réhaussement plus hétérogène

IRM: séquence T1 avec injection de gadolinium Extension intra pelvienne des processus expansifs des racines S1 gauche et S2 droite d

Cas clinique PL: : cellules lymphocytaires de grande taille atypiques TEP : fixation des lésions des racines sacrées

Cas clinique Décision du comité pluridisciplinaire: exérèse chirurgicale à but diagnostique Anatomo-pathologie: lymphome de type B

Cas clinique Il s agit donc d un lymphome B à grandes cellules des racines sacrées S1 gauche et S2 droite.

Revue: Tableau clinique-i Fréquence: : les cas de lymphomes radiculaires sacrés rapportés sont très rares et leur incidence inconnue. Sexe: : nette prédominance masculine. Âge : médiane 70 ans (3).

Revue: Tableau clinique-ii Douleurs rachidiennes d installation progressive et d intensité croissante avec irradiations radiculaires lombosacrées, Parfois accompagnées de façon inconstante d hyperthermie et perte de poids (5) Posture antalgique en rotation externe de la hanche (2) Déficit sensitivomoteur progressif Parfois troubles sphinctériens, compression directe du rectum (5) Le toucher rectal peut retrouver une masse antérieure molle, les tumeurs sacrées ayant tendance à se développer dans les espaces pré sacrés (2) Le tableau évolue souvent en deux temps avec l installation progressive d un tableau algique chronique (médiane 3 mois), suivi d une acutisation du tableau neurologique (médiane 6 jours) avec paraparésie,, paraplégie, niveau sensitif et hyperréflexie (3).

Revue: Paraclinique Ponction lombaire: : protéinorracchie fréquente mais cytologie le plus souvent négative (3) Anatomopathologie: : il s agit le plus souvent de lymphomes B, de type diffus à grandes cellules. (6)

Revue: Imagerie Radiographies standards: : peu informatives, celles-ci ci étant normales dans 70 % des cas (3-4). Scanner: : masse hypodense centrée sur une racine sacrée, associée à un remodelage osseux et un élargissement du foramen sacré (2).

Revue: Imagerie IRM: : masse expansive depuis la racine sacrée hypointense en séquence T1, se réhaussant modérément à l injection de gadolinium, élargissant le foramen sacré. L IRM permet de mieux préciser ses extensions pré-sacrées sacrées,, dans l espace épidural et une éventuelle compression du sac dural. (2)

Revue: Imagerie PET-CT CT: : il permet de mettre en évidence de petites lésions, parfois passées inaperçues en IRM, sous forme d une augmentation locale de la fixation de FDG (fluoro déoxy glucose) localisée sur le scanner le long des plexus et paquets neuro vasculaires. Cette technique est rapportée dans des cas de neurolymphomatose des plexus brachiaux et lombosacrés. (7-8)

Diagnostics différentiels d une image de «grosse racine sacrée»: Schwannome: : signal nettement réhaussé après injection de gadolinium, parfois élargissement du foramen en regard Neurofibrome: réhaussement plus hétérogène que le schwannome Racines conjointes: : analyse des coupes sus et sous jacentes: séparation distale des racines Kyste de Tarlov: hypersignal en séquence T2, absence de réhaussement,, parfois élargissement du foramen en regard. (9)

Conclusion Nous rapportons un cas rare de lymphome radiculaire sacré, diagnostic à évoquer devant une polyradiculoneuropathie chez un patient âgé présentant un processus expansif radiculaire rapidement évolutif de réhaussement modéré à l IRM IRM.

Bibliographie 1. Sung Han Oh, Jae Sub Noh, Bong Sub Chung and So Ya Paik: Diffuse large B-cell lymphoma of the sacral nerve root; presenting as a polyradiculopathy J Korean Neurosurg Soc 37: 70-72, 72, 2005. 2. Liu J.K., Kan P. and Schimdt M.H.: Diffuse larg B-cell lymphoma presenting as a sacral tumor report of two cases Neurosurg. Focus 15: 1-5, 1 2003. 3. Lyons M.K., O Neill B.P., Marsh W.R. and Kurtin P.J.: Primary spinal non Hodgkin s lymphoma: report of eight patients and review of the literature Neurosurgery 30: 675-680, 680, 1992. 4. Vanneuville B., Janssens A, Lemmerling M, de Vlam K., Mielants H. and Veys E.M.: Non-Hodgkin s lymphoma presenting with spinal involvement. Ann Rheum Dis 200; 59: 12-14. 14. 5. Payer M.: Neurological manifestations of sacral tumors Neurosurg. Focus 15 (august( august):1-6, 2003. 6. Petit B., Roche I., Paraf F., Jaccard A., Boncoeur M-P., Moreau J-J., Bordessoule D. and Labrousse F.: Lymphomes non hodgkiniens épiduraux révélés par une compression médullaire. Annales de Pathologie 21 (april( april): 123-123, 123, 2001. 7. Kanter P., Zeidman A., Marmelstein V., Even-Sapir E., Mester U., Stein G.Y. et Cohen A.M.: PET6CT imaging of combined brachial and lombosacral neurolymphomatosis. Eur J Haematol.. 74 (1): 66-69, 69, 2005. 8. Trojan A. Jermann M. Taverna C. et Hany T.F.: Fusion PET-CT imaging of neurolymphomatosis Annals of Oncology 13: 802-805, 805, 2003. 9. Cosnard G. and F. Lecouvet: : Pathologie rachidienne dégénérative. in Imagerie du rachis, des méninges et de la moelle épinière, Masson, 55-87, 2001.