Les aides informatiques utilisées dans le cadre des études scolaires ou post-bac par les déficients visuels Enquête initiée par l INS HEA dans le cadre de l ORNA
Sommaire Le contexte 3 La méthodologie 4 L exploitation des questionnaires 6 Profil du panel 6 Age Niveau d études Utilisation de l informatique par les dv 7 Niveau d équipement Les Outils utilisés La formation Utilisation de l informatique Evaluation par les utilisateurs des outils informatiques Analyse et interprétation des commentaires libres 14 La conclusion 15 Annexes 16 Questionnaire 2
LE CONTEXTE Dans le monde d aujourd hui, le développement et l'utilisation de l'informatique ont ouvert de nombreuses avancées, tant à l école que dans la vie quotidienne de chacun. Les nouvelles technologies révolutionnent nos modes de compréhension du monde et nos modes d accès au savoir. L intégration des Technologies de l Information et de la Communication (TICE) dans les écoles de la maternelle à l université n est plus une option, elle est devenue une nécessité, tous les systèmes éducatifs sont équipé en matériels informatiques et réseau. Les TICE utilisées avec les élèves ordinaires sont de plus en plus mises à disposition des enfants handicapés, qui ont des besoins particuliers, leur permettant ainsi, une plus grande autonomie dans la gestion de leur propre vie, qu'elle soit personnelle, sociale, ou professionnelle. La mise à disposition d une informatique adaptée aux élèves et étudiants déficients visuels n est pas nouvelle. En effet, dès les années quatre-vingt l utilisation de matériels informatiques dans le cadre de la scolarisation fait son apparition. Il s agissait alors, pour l élève d une utilisation personnelle qui n était pas permanente à de rares exceptions près. Ces nombreuses années de pratique et le développement de ce mouvement d équipement en informatique adaptée permettent de faire quelques constats. - Tout d abord, l évolution des outils adaptés est constante et le plus souvent générée par les pratiques (ou les outils) ordinaires. -D autre part, force est de constater que l outil définitif, parfaitement adapté, n existe pas. Aucun outil, pratique et efficace en toute circonstance, couvrant aussi bien le contexte scolaire que celui de la vie quotidienne, n est disponible pour le Déficient Visuel (DV). Par exemple, certaines solutions usuelles sont plus communicantes alors que des solutions spécifiques se révèlent plus ergonomiques et accessibles. Les qualités et les limites de chaque solution ne sont pas les mêmes. Ces deux points sont maintenant bien connus, mais il semble que les institutions scolaires n en aient pas véritablement tenu compte. Toutefois, il existe peu d outils d appréciation du service rendu par les outils informatiques dans le cadre de la scolarisation des élèves déficients visuels. Le plus souvent, les données collectées sont parcellaires et centrées sur les témoignages des adultes accompagnants. Ainsi, il est difficile de répondre à des questions simples telles que : «Quel est le pourcentage des élèves dotés d outils informatiques de manière permanente?» «Le matériel est-il utilisé dans toutes les matières?» «Est-il efficace lors de son utilisation par l élève en classe?» 3
A ces questions, l adulte répond en fonction de ses propres options et des contraintes qui s imposent à lui, comme par exemple, la justification de ses propres choix. Il est donc apparu souhaitable de proposer une autre approche, centrée sur l utilisateur et concernant un ensemble plus large qu une seule structure de scolarisation ou d aide à la scolarisation. Partant de ce constat, une enquête a été menée de mai à juin 2011 par l unité ORNA 1 de l INS HEA. INS HEA, l institut national supérieur de formation et de recherche pour l éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés s occupe de la scolarisation, l éducation et la formation des publics qui ont un besoin éducatif particulier. Les missions de l INS HEA concernent la recherche en éducation et scolarisation des élèves handicapés, particulièrement sur l adaptation scolaire de tout type de handicap : sensoriel, cognitif, moteur, troubles de comportements, maladies graves et autisme En outre, l INS HEA forme des enseignants, des parents, des personnels de l éducation nationale, des membres des associations et enfin produit des ressources (documents, revue, logiciels.) Pour l ORNA (Observatoire de ressources numérique adaptées), l objectif principal est d analyser et d évaluer toutes les ressources numériques (matériels, site internet, logiciels ) utilisées avec des élèves en situation de handicap mais aussi des élèves ordinaires afin d améliorer les apprentissages. Cette enquête a concerné plus d une centaine d élèves déficients visuels avec pour objectif de connaître : - Les outils informatiques qu ils utilisaient, - Leurs pratiques - Leurs avis sur l apport et les caractéristiques de ces aides techniques à la scolarisation. Les études menées actuellement sur l utilisation de l informatique adaptée par les déficients visuels portent principalement sur trois thèmes: - l aide directe à l élève (c est son outil personnel quotidien), - la production de documents adaptés (l adulte quel que soit son statut apporte une aide indirecte) - les moyens didactiques utilisés lors des cours. L aide directe est l objet de cette enquête. Cette démarche est une initiative destinée à se poursuivre non seulement dans le cadre de la déficience visuelle, mais aussi dans le cadre d autres troubles. 1 Décret de création de l Observatoire : «L Observatoire national des ressources numériques adaptées a été créé en novembre 2007 par le ministre de l Éducation nationale. Placé sous l égide de l INS HEA, il a pour mission de recenser, analyser, évaluer des ressources numériques utilisables par des professeurs non spécialisés confrontés à la scolarisation d élèves en situation de handicap.» Extrait site INS HEA. 4
La synthèse des données collectées est présentée ci-après. LA METHODOLOGIE Cette enquête a été menée sur une plage de temps très restreinte, (en fin d année scolaire) l étude se révèle donc limitée mais elle pourrait être le premier volet d une exploration systématique et régulière de ce champ par l Orna. Le panel, constitué de 120 jeunes déficients visuels, n a pas concerné les élèves de Paris. En effet, la charge de travail de fin d année scolaire pour l Institut national des jeunes aveugles et pour la Mission académique à la scolarisation des élèves en situation de handicap était trop importante pour pouvoir participer à l enquête. Tous types de scolarisation, tous niveaux d études, tous types de service d aide à la scolarisation entraient dans le champ de l étude. Tous modes de réponses ont été acceptés. Seule a compté la centration sur l utilisateur de matériels informatiques. Le remplissage des questionnaires pouvait cependant être effectué par l élève ou par un adulte, sur les indications données par l élève. Le questionnaire a semblé être le mode de recueil des données le plus adapté en raison des délais à respecter et de la dispersion géographique des personnes interrogées. Afin que le questionnaire d enquête soit le plus simple possible à remplir, un formulaire Google Docs 2 a été mis en place. Mais il a été laissé la possibilité aux participants de procéder à des réponses sur formulaire papier ou numériquement sous traitement de textes, l accès à l internet rapide n étant pas totalement généralisé. Dans les deux cas, les réponses étaient ensuite intégrées à la base de données. Le questionnaire d enquête était complété par une zone d édition libre permettant d ajouter toutes remarques jugées utiles Pour entrer en contact avec les jeunes DV, les différentes structures de scolarisation ou d aide à la scolarisation ont joué le rôle d intermédiaires ou d aidants à la participation. Ce dernier aspect s est le plus souvent exprimé par une aide au remplissage des formulaires, l adulte lisant les questions, l élève dictant les réponses à l adulte qui les saisissaient dans le formulaire mis en place. Les réponses ont été totalement rendues anonymes en utilisant un code pour la structure et un code numérique pour l élève. Un problème concernant la catégorisation du public testé s est immédiatement posé. Les catégorisations suivantes avaient été prévues: 2 http://www.google.com/apps/intl/fr/business/docs.html 5
- la première catégorisation envisagée était basée sur l acuité visuelle, donc un critère médical, qu il n est pas possible en fait d utiliser car beaucoup de jeunes ne connaissent ni leur acuité visuelle et encore moins le classement OMS, - en deuxième possibilité, les familles «séparées» non-voyants, (sous-entendu les non-voyants utilisant le braille ou non) vs les malvoyants (utilisant du grossissement ou non) n ont pas résisté à la présence 3 de cas où l élève malvoyant est utilisateur du braille et du grossissement. Pour remédier à cette difficulté, l étude a été basée sur les techniques utilisées, mais sans exclure aucune possibilité. Aucune catégorisation n a été opérée. Aucun élève n a été figé dans une case. Suivant le contexte, un même jeune pouvait utiliser du braille, du noir grossi voire du noir non grossi, même si ce cas devait être rarissime. En revanche, le cas d une utilisation du braille dans les matières littéraires et de noir grossi est présent assez régulièrement en situation scolaire. PROFIL DU PANEL L EXPLOITATION DES QUESTIONNAIRES Les premières questions concernent le profil de l utilisateur : âge, classe, type de scolarisation, présence d un AVS Age 3 Ce profil fut très vite signalé par madame Isabelle Spartalis, responsable de l Ulis du lycée Bascan, www.lyc-bascan-rambouillet.ac-versailles.fr 6
7 Niveau d études
Répartition des élèves par niveau de scolarité UTILISATION DE L INFORMATIQUE PAR LES DEFICIENTS VISUELS Niveau d équipement Ce profil se termine par la question : «l élève est-il doté d une solution informatique personnelle dont il dispose toute la journée?» Les réponses ont fait apparaître que tous les élèves déficients visuels n en sont pas dotés! En fait seuls 77 % 4 le sont. Pour le quart des élèves qui ne l est pas, plusieurs explications sont citées dans les commentaires libres : - la solution informatique «n est pas budgétée» ou «elle n est pas arrivée» (l élève est dans l attente de celle-ci), - «l élève n est pas formé ou pas suffisamment formé», elle n est alors pas demandée car considérée comme non nécessaire. Les outils utilisés Les questions suivantes concernent la dotation informatique avec une différenciation selon les techniques utilisées : braille, grossissement, noir «normal». Pour un élève non doté, le questionnaire s arrêtait à cet item. En revanche, pour un élève utilisant plusieurs techniques, toutes les questions correspondantes lui étaient posées. 4 Dans ce document, tous les pourcentages sont arrondis à la valeur entière la plus proche. 8
Les résultats sont les suivants : - 37 % 5 du panel DV utilisent un logiciel de grossissement et parmi eux 32 % utilisent complémentairement un retour vocal. La solution Zoomtext est la plus répandue (90 %). - 90 % des dotés possèdent un ordinateur, le plus souvent sous le système d exploitation Windows (98 %) avec Windows XP majoritairement. Le reste des ordinateurs fonctionne sous Mac Os (2 %) et aucun sous Linux. - 22 % des DV dotés utilisent un poste informatique adapté à l aide d un logiciel d accès (avec 83 % d utilisateurs dans ce cas sous Jaws). Ce sont donc des non-voyants utilisant le plus souvent un poste adapté en complément du bloc-notes braille et de ses fonctions autonomes. Il ressort que parmi les élèves déficients visuels dotés, 30 % utilisent la solution du bloc-notes braille 6 autonome. La formation En lien avec les équipements, vient la formation qui révèle une variété de modalités, voire une multiplicité d intervenants. Il apparaît que la formation est importante. En effet, il s agit le plus souvent d outils techniques spécifiques pour lesquels des savoirs particuliers sont à mettre en œuvre et qui nécessitent donc d être formé. 5 Ce chiffre est en rapport avec l ensemble des répondants DV. Il s agit d un pourcentage par rapport à l ensemble des DV et non pas seulement les malvoyants. D autre part, quelques DV n ont pas répondu à cette question (9 sur 92). 6 Bloc-notes braille : http://www.ecolepourtous.education.fr/index.php?id=454 9
A la question : «Par qui a été assurée votre formation au matériel et /ou au logiciel» On trouve : 59 réponses avec un unique intervenant 24 réponses avec 2 intervenants 7 réponses avec 3 intervenants Les différents intervenants en formation Pour tous les niveaux d études, était posée la question de la possession du B2I 7. 7 Brevet informatique et internet : attestation de compétences délivrée par l Education Nationale 10
A l école et au collège, environ la moitié des élèves possèdent le B2I. Il n en est pas de même au lycée. Utilisation de l informatique A la question : «Quel(s) type(s) d utilisation(s) faites vous de vos outils informatiques?» On obtient les réponses suivantes : 11
Les différentes utilisations de l outil informatique Il ressort que : - les solutions informatiques trouvent une utilité tant dans le domaine scolaire que dans l extrascolaire. - la différence entre l usage dans les disciplines littéraires et celui des disciplines scientifiques est à noter : 79 élèves utilisent leur solution informatique pour les exercices et devoirs littéraires, 54 font de même pour les exercices et devoirs scientifiques. - l utilisation classique de l outil informatique dans le cadre scolaire (prise de notes, devoirs) est désormais bien implantée dans les pratiques, - les applications les plus récentes ( ENT, TBI par exemple) sont beaucoup moins utilisées. Vient ensuite la question sur les supports utilisés lors de la remise des devoirs. On constate que le support papier est encore majoritairement utilisé. 12
Puis, est posée la question sur les moments d utilisation des outils informatiques. Les différents moments d utilisation On constate que les outils informatiques sont utilisés aussi bien dans le cadre scolaire que dans la vie quotidienne. Evaluation par les utilisateurs des outils informatiques La dernière partie du questionnaire porte sur la perception des l élèves quant à la qualité des outils informatiques et de l aide qu ils en retirent. Il est à noter que les élèves se sont sentis très concernés par l ensemble du questionnaire car le taux de non-réponse est très faible. Les réponses sont majoritairement positives Les réponses pourcentage de réponses positives Ils me rendent plus autonome. 87% Cela me permet de communiquer plus facilement 68% Cela me permet d accéder à de nombreuses connaissances 76% Cela me permet de mieux me préparer professionnellement 79% Ils sont simples d emploi 72% Mon matériel est robuste et solide 61% Mes aides informatiques sont utiles 89% Mon matériel est léger (poids). 42% Mes aides techniques sont encombrantes (volume) 46% Mes aides techniques sont discrètes 28% Mes aides techniques sont utilisables 87% 13
..Quelques problèmes sont cependant mis en évidence - Le poids et les dimensions des outils, - Plus encore, l aspect peu discret, voire stigmatisant, - Les pannes, fréquentes il y a quelques années encore sont moins présentes. Fréquence des pannes La question suivante portait sur le mode de transmission des documents scolaires sous forme numérique en fonction des disciplines concernées. 14
On peut voir que la transmission des documents scolaires sous forme numérique est majoritaire, surtout pour les disciplines littéraires. ANALYSE ET INTERPRETATION DES COMMENTAIRES LIBRES Une rubrique en fin de questionnaire a permis l expression libre. L objectif de cette rubrique était de signaler des outils manquants, les difficultés liées à l usage des aides informatiques ou, à l inverse, les réussites pleines et entières qu il était souhaitable de mettre en avant. Une cinquantaine de participants ont alimenté cette rubrique. Il ressort que la présence d une auxiliaire de vie scolaire et l aide informatique ne sont pas opposées. En effet, 39 % d élèves bénéficient d une AVS et 77 % sont dotés d aides informatiques. La qualité et les apports de ces deux types d aides sont plutôt considérés comme alternatifs ou complémentaires. Certaines personnes interrogées mettent en évidence les méthodes qui leur donnent toute satisfaction, ce qui indique une vraie appropriation de l informatique comme outil et une volonté de faire profiter de son expérience. Sont cités : Le logiciel Balabolka qui permet une conversion audio de cours et de livres, de manuels scannés, ou du bloc-notes braille pour les cours d enseignement général ou encore, à l inverse de l ordinateur dans les cours à vocation professionnelle mais également pour l accès au web tout simplement. 15
LA CONCLUSION Cette enquête, même si elle est parcellaire, est significative. Il s agit d une première étape d études qui pourraient être poursuivies pour compléter certaines données. Une enquête régulière permettrait de voir si une évolution quantifiable se produit dans les pratiques et les dotations. Elle a été l occasion de conforter certaines impressions, et de répondre aux questions essentielles qui se posaient : - la majorité des jeunes interrogés sont dotés de matériel informatiques (77%) - Le matériel est utilisé dans toutes les matières même si les matières littéraires restent majoritaires - Un fort consensus apparaît sur l autonomie apportée par les outils informatiques et leur efficacité pour les élèves en classe. L analyse détaillée des résultats de cette enquête a fait l objet d un article de Daniel Rideau Développeur et responsable informatique de centre de production braille- et Marc Ollier Formateur INS HEA - publié dans le numéro 55 de «La nouvelle revue de l adaptation et de la scolarisation 3 e trimestre 2011». Cette revue est disponible à la boutique de l INS HEA : http://laboutique.inshea.fr/site/nras/n55/rideau_ollier.pdf 16
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