LA CLAIRVOYANCE NORMATIVE : UNE QUESTION D INTELLIGENCE? PAR



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Transcription:

LA CLAIRVOYANCE NORMATIVE : UNE QUESTION D INTELLIGENCE? PAR DANIEL PASQUIER, CABINET AVENIR & ENTREPRISE, SAINT-JEAN DE BRAYE LABORATOIRE P.R.I.S., ROUEN & PATRICK VALÉAU, UNIVERSITE DE SAINT-DENIS DE LA RÉUNION LABORATOIRE GREGEOI Communication affichée, Congrès de la S.F.P. Poitiers, 24-26 septembre 2006

Résumé La clairvoyance normative: une question d intelligence? Par Daniel Pasquier 1, Cabinet Avenir & Entreprise, Saint-Jean de Braye ; laboratoire P.R.I.S., Rouen & Patrick Valéau 2, I.A.E. Saint-Denis de la Réunion ; Laboratoire GREGEOI Relativement récent, le concept de clairvoyance normative désigne la capacité de l individu à percevoir le caractère plus ou moins normatif d un comportement ou d un jugement. Sa mesure (ici informatisé à l aide du LOC-RN) consiste à demander au sujet de répondre à un questionnaire en essayant de donner une bonne image de lui (consigne normative) puis une moins bonne image (consigne contrenormative). La norme d internalité étant bien établie (Jellison et Green, 1981), cette mesure utilise presque toujours des questionnaires de localisation du contrôle des renforcements. De fait, une grande partie des débats portent sur les liens entre la clairvoyance et l internalité : certains constatent l indépendance des deux variables (Py et Somat, 1991), d autres mesurent l existence d une corrélation (Somat et Vazel, 1999 ; Alles-Jerdel, Malbos, Fanhes, 2000 ; Valéau et Pasquier, 2003). Cette contribution apporte un nouvel éclairage sur ces liens : à partir d une étude menée auprès d une centaine de sujets, elle confirme la corrélation entre internalité et clairvoyance tout en la nuançant compte tenu d un réseau nomologique d autres variables comme le raisonnement, la métacognition, l estime de soi ou la désirabilité sociale dans ses dimensions d autoduperie et d hétéroduperie. L examen de la matrice des corrélations montre un lien significatif entre LOC et clairvoyance à hauteur de 0,38. Une analyse factorielle en composantes principales avec rotation Varimax structure les résultats autour de trois facteurs expliquant 66% de la variance totale. La clairvoyance normative participe au second facteur (21,5%) qui rapproche sur une dimension cognitivonormative les variables LOC et clairvoyance du score d intelligence générale et d un indice de métacognition et dans une moindre mesure au premier facteur (29,5%) qui peut être défini en termes de désirabilité sociale. Par contre, elle ne participe pas au troisième facteur (15%) interprétable en termes d autovalorisation de soi. Les sujets clairvoyants seraient donc en général à la fois plutôt internes et plutôt intelligents, et seraient sensibles à la désirabilité sociale. Les résultats de cette étude contribuent à une meilleure compréhension du concept de clairvoyance normative, notamment en montrant sa participation à un facteur cognitivo-normatif et à un facteur de désirabilité sociale : la clairvoyance se situerait à la croisée de l intelligence fluide, de l internalité et de la dimension d hétéroduperie de la désirabilité sociale. Il resterait à comprendre dans quelle mesure et selon quels processus, elle participe à certaines compétences socioprofessionnelles (Valéau et Pasquier, 2002, 2003). 1 daniel.pasquier@libertysurf.fr; www.avenirentreprise.tk 2 pvaleau@univ-reunion.fr

Introduction Relativement récent, le concept de clairvoyance normative désigne la capacité de l individu à percevoir le caractère plus ou moins normatif d un comportement ou d un jugement. Sa mesure s établit à partir d un score différentiel suite à la double passation d un questionnaire de localisation du contrôle des renforcements, la première consigne demandant au sujet de donner une bonne image de lui (consigne normative), la seconde une moins bonne image (consigne contrenormative). On a utilisé ici le questionnaire informatisé LOC-RN. La norme d internalité étant bien établie (Jellison et Green, 1981), cette mesure utilise presque toujours des questionnaires de localisation du contrôle des renforcements. De fait, une grande partie des débats porte sur les liens entre la clairvoyance et l internalité : certains postulent l indépendance des deux variables (Py et Somat, 1991), d autres montrent l existence d une corrélation (Somat et Vazel, 1999 ; Alles-Jerdel, Malbos, Fanhes, 2000 ; Valéau et Pasquier, 2003). Le premier objectif de l étude est donc de vérifier si on retrouve bien un lien entre internalité et clairvoyance. Un second objectif consiste à projeter la clairvoyance normative dans un réseau nomologique constitué d autres variables comme le raisonnement, la métacognition, l estime de soi ou la désirabilité sociale dans ses dimensions d autoduperie et d hétéroduperie. Une analyse factorielle devrait permettre de visualiser à quelles dimensions la clairvoyance normative se rattache. On fait l hypothèse d un lien entre clairvoyance et intelligence. Ce lien sera mis en concurrence avec le lien de la clairvoyance avec des variables conatives comme l estime de soi et la désirabilité sociale.

Méthode mise en œuvre : L étude porte sur une population de 100 étudiants de l I.A.E. de Saint-Denis de la Réunion (46 hommes et 54 femmes ; 48 de niveaux I-II et 52 pour les niveaux III-IV). Pour moitié en formation initiale (21 ans +/- 1,76) et pour moitié en formation continue (33 ans +/- 7), tous préparent la Maîtrise en Sciences de Gestion. L étude s appuie sur une méthodologie psychométrique. Cinq épreuves ont été utilisées dont ont été tirés huit indices (notes brutes) correspondant aux variables observées : le R85 (ECPA, 1985) est une épreuve de raisonnement inductif-déductif sur des séries codées en modalités verbale, numérique ou mixte. On en retire un indice d intelligence générale fluide (G). Le DS36 (Tournois, Mesnil & Kop, 2000) est un questionnaire qui évalue deux facteurs de la désirabilité sociale : l autoduperie -«se tromper soimême en toute bonne foi»- (AD) et l hétéroduperie -«tromper autrui consciemment»- (HD). Le S.E.I. (Coopersmith, 1984) est un questionnaire d estime de soi. Parmi l ensemble des indices disponibles, nous avons retenu l estime de soi totale (ES) et l échelle de mensonge (M). Le LOC-RN est un nouveau questionnaire dérivé de la N.E.L.C.-I.E. (Pasquier & Lucot, 1996). La passation a été informatisée 3 et se fait en 3 phases : consigne standard qui donne l indice classique de localisation du contrôle des renforcements (LOC) ; consigne normative puis consigne contre-normative, la différence donnant l indice de réactivité à l induction normative/contrenomative (RN). Un questionnaire portant sur la nature de la variable évaluée a été donné suite aux trois passations de la N.E.L.C.-I.E. On évalue ainsi la prise de conscience métacognitive de la signification donnée aux tests par chacun des sujets (META). Les traitements mis en œuvre ont pour but d abstraire des données les liens que la réactivité normative entretient avec les différentes variables, et plus particulièrement avec l intelligence fluide : table des corrélations, analyse en composantes principales, régression multiple et analyse confirmatoire. 3 L informatisation a été menée sur FastTEST Pro, ce qui permettra, suite à la validation en cours, d utiliser une version en testage adaptatif sur la base d un modèle de réponse à l item.

Résultats : La table des corrélations confirme que la clairvoyance normative évaluée ici à partir d une réactivité à un changement d orientation de la consigne entretient un lien significatif avec le niveau d internalité. Ce lien n est pas exclusif, puisque la clairvoyance normative semble liée au facteur général de l intelligence fluide et à la désirabilité sociale, alors qu elle reste indépendante de l estime de soi. Ces liens se matérialisent sur deux facteurs auquel participe la réactivité normative : F 1 désirabilité sociale (29,28% de la variance) et F 2 facteur cognitivo-normatif (21,45% de la variance), alors qu elle reste éloignée d un troisième facteur F 3 autovalorisation de soi (15,21% de la variance). On obtient le meilleur modèle prédictif de la réactivité normative (17,7% de variance expliquée) à partir des variables LOC (localisation du contrôle des renforcements), HD (hétéro-duperie) et G (facteur général de l intelligence). Une analyse confirmatoire va dans le sens d un ajustement acceptable entre le modèle prédictif et les données observées (χ²=1,38, p=0,24 ; RMSEA=0,062 ; AGFI=0,93 ; IFI=0,99).

Diagramme des composantes :,8,6 meta g loc rn F 2 Composante 2: cognitivo-normative,4,2 0,0 -,2 -,4 -,2 0,0 es,2,4 m,6,8 ad F 1 hd 1,0 Composante 1: désirabilité sociale Sortie LISREL :

Population : 100 étudiants de l I.A.E. de Saint-Denis de la Réunion. Epreuves et variables : 1. DS36 => AD : auto-duperie et HD : hétéro-duperie 2. SEI => ES : estime de soi et M : échelle de mensonge 3. R85 => G : facteur général de l intelligence 4. questionnaire post test => META : métacognition 5. LOC-RN => LOC : localisation du contrôle des renforcements et RN : réactivité normative induite par la consigne TABLE DES CORRÉLATIONS : AD HD ES M G META LOC RN AD 1 HD 0,701** 1 ES 0,364** -0,043 1 M 0,368** 0,290** 0,295** 1 G -0,040 0,136-0,080-0,042 1 META -0,003-0,033-0,105-0,174 0,303** 1 LOC 0,304** 0,084 0,342 0,190 0,274** 0,248* 1 RN 0,199* 0,245** -0,048 0,005 0,261** 0,172 0,384** 1 ** La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral). * La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral). STRUCTURE DES RÉSULTATS DE L ANALYSE EN COMPOSANTES PRINCIPALES : Matrice des composantes après rotation. Composante F 1 : désirabilité sociale (29,28%) F 2 : facteur F 3 : autovalorisation cognitivonormatif de soi (15,21%) (21,45%) HD : hétéro-duperie 0,931 AD : auto-duperie 0,827 0,343 M : échelle de 0,484 0,475 mensonge RN : réactivité normative induite par la consigne 0,304 0,638 G : intelligence fluide 0,710 META : métacognition 0,687 LOC : localisation du contrôle des 0,594 0,631

renforcements ES : estime de soi 0,886 Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales. Méthode de rotation : Varimax avec normalisation de Kaiser. La rotation a convergé en 5 itérations. EXPLICATION DE RN, RÉCAPITULATIF DU MODÈLE DE RÉGRESSION DESCENDANTE : Modèle R R-deux R-deux ajusté LOC, HD, G, AD 0,464 0,215 0,182 LOC, HD, G 0,461 0,212 0,187 LOC, HD 0,439 0,193 0,177

Conclusions : Cette première analyse des données recueillies apporte une réponse aux deux objectifs posés. En premier lieu, on montre une nouvelle fois que l internalité et la clairvoyance normative, vue ici comme réactivité à un changement d orientation de la consigne, ne sont pas des variables orthogonales :la perception d une norme sociale n est pas indépendante du niveau d adhésion à cette norme. En second lieu, le positionnement de cette réactivité normative dans un réseau nomologique confirme une certaine communauté de variation avec l intelligence générale, et plus largement avec d une part un facteur cognitivo-normatif et d autre part un facteur de désirablité sociale. Les sujets clairvoyants seraient donc en général à la fois plutôt internes et plutôt intelligents. Ils seraient également sensibles à la désirabilité sociale. Quand on cherche à expliquer la réactivité normative, le meilleur modèle s appuie sur les variables LOC (localisation du contrôle des renforcements), HD (hétéro-duperie) et G (facteur général de l intelligence). Toutefois, un examen attentif des coefficients de piste (0,33 + (0,27*0,14) = 0,36 vs 0,14) montre que l internalité interviendrait plus que l intelligence. Discussion : Ces premiers résultats invite à approfondir différents points : 1. Au-delà de la simple corrélation établie entre internalité et clairvoyance, la question des processus mentaux qui les articulent reste à explorer. 2. Si le fait que la clairvoyance soit indépendante de la dimension métacognitive se confirmait, on serait amené à s interroger sur le bien-fondé de sa définition en tant que connaissance des normes sociales. 3. Dans quelle mesure et selon quels processus, la clairvoyance normative en tant que forme d intelligence cognitivo-normative modifie-t-elle l expérience sociale des individus et en quoi participe-t-elle à certaines compétences socioprofessionnelles (Valéau et Pasquier, 2002, 2003).