Les espaces urbains comme ressource artistique



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Transcription:

Café-débat «L art et la ville» 5 décembre 2013 L art est acteur de la fabrication de la ville. Quel rôle joue-t-il exactement? Pour la fabrication de quelle ville? Les intervenants Vincent Prieur et Clara Machin du collectif Curry Vavart, collectif qui revendique l utilisation temporaire de lieux en friche ou en attente de transformation pour monter des projets collectifs artistiques et culturels. Stefan Shankland, artiste plasticien, initiateur de la démarche Haute Qualité Artistique et Culturelle qui met en valeur les pratiques artistiques dans la ville en transformation. Elise Macaire architecte, chercheur au laboratoire Espaces Travail de Paris La Villette, responsable du réseau RAMAU et de l association Didattica qui travaille sur la pédagogie et la démocratisation de l architecture. Cette première soirée de débat organisée par Mains d œuvres et Robins des Villes a permis de questionner le rôle de l art dans la fabrication de la ville. En alternant réponses des intervenants et débat ouvert à l ensemble de la salle sur deux questions principales (L intérêt de l inscription dans l espace public pour la pratique artistique et ses conséquences volontaires ou non sur la fabrication de la ville), plusieurs thématiques ont été abordées. 1

Les espaces urbains comme ressource artistique Premièrement, la ville et ses espaces publics constituent un laboratoire et un terrain d expérimentation pour les pratiques artistiques. Espace D une part, parce que les mutations urbaines offre des espaces de travail aux artistes. Pour Curry Vavart, il s agit d occuper les «marges que laisse la ville» pour offrir des logements et des ateliers partagés qui «servent aux membres de l association pour travailler, diffuser des spectacles, diffuser des films, créer des débats, faire des expositions». Public D autre part, parce que les espaces publics constituent des lieux privilégiés d exposition et de partage de la pratique artistique. Le squat, illégal ou conventionné permet aux artistes de Curry Vavart «d ouvrir les portes à n importe quel moment, c est un lieu où le public peut voir un spectacle, visiter les lieux ou avoir lui aussi un espace de travail». Interactions Au-delà, ce sont aussi «des espaces partagés avec toutes les personnes qui sont porteuses d initiatives pour animer le quartier». Pour Stephan Shanklan il s agit «non pas simplement de produire une œuvre pour l espace public mais de développer une pratique artistique en lien avec l espace public» et plus largement, avec la ville en transformation. Les phénomènes de mutations urbaines contiennent alors les «trois ingrédients» nécessaire à la pratique urbaine (lieu, processus, gens). Ainsi, la démarche Haute Qualité Artistique et Culturelle vise à donner une visibilité et un accompagnement à ces projets : «on est à l échelle de la ville et les coûts ne sont plus les même [ ] on rentre dans des logiques de projet qui sont ceux de l urbanisme, de l architecture et de l aménagement du territoire». L art comme élément moteur des projets urbains Deuxièmement, autant que les artistes, les acteurs de la transformation urbaines témoignent leur intérêt pour ce type de démarches : «à partir du moment où il y a de l argent public qui est dépensé par une collectivité ou un commanditaire, quelqu un qui va financer un projet artistique, on imagine qu il y voit un intérêt public, en tout cas qu il est capable de le justifier» (Gentiane Guillot, Hors Les Murs). Evolution des cultures professionnelles A travers les démarches artistiques intégrées aux projets urbains, la confrontation de culturelles professionnelles et de points de vue favorise l émergence de nouvelles manières de voir l art et de voir la fabrication urbaine. D après Stephan Shanklan, «il y a un processus de transformation qui se fait, d éducation peut être, de nouvelles façons d aborder ou de voir qui s opère» du fait de l implication d un ensemble d acteurs. Il ajoute que pour lui, «quand une ville n en n est plus à un ou deux petits chantiers mais que c est 2

quasiment 20% d une ville qui va rentrer en mutation, alors on n est plus seulement sur des questions d architecture et d urbanisme, mais c est peut être une question culturelle et peut être que l artiste a quelque chose à proposer dans cette réflexion sur ce qu est la culture d une ville en transformation». Ainsi, pour Elise Macaire «les représentations dans la conduite de ces projets là» sont modifiées et «dans le pilotage, des diversités d acteurs» sont intégrées. Instrumentalisation de l art L art constituant un vecteur de communication important, il est potentiellement soumis à des récupérations diverses. Elise Macaire le rappelle : «le problème c est que ce ne sont pas toujours des effets maitrisés par les artistes eux-mêmes, la revalorisation des quartiers amène parfois des changements de population, le départ de certaines populations [ ] Les artistes deviennent en quelque sorte des chargés de communication des collectivités». Pour Gentiane Guillot, «l instrumentalisation serait effective et opérante s il y avait un agenda caché», les artistes sont conscients des contraintes dans lesquelles s inscrivent leurs projets et les acceptent. Aussi, on peut considérer que les projets culturels d importance justifient la difficulté de développer des activités collectives dans l espace public. Pierre, étudiant en urbanisme, l explique : «on permet une appropriation et une sorte de moment festif une fois par an [ ] mais si on veut s approprier l espace public ou mettre en place ce genre de projets on va nous l interdire». Instrumentalisation pour l art Au contraire, on dénonce parfois les artistes qui se servent d un soi-disant intérêt public pour obtenir des financements et développer leurs activités. Les financeurs ou les habitants voient d un mauvais œil des projets qui utilisent le terme participatif pour obtenir des fonds et n organise que quelques ateliers pour se justifier. L art comme force critique et/ou pédagogique au sein des transformations urbaines Troisièmement, l art peut constituer un moyen d être critique vis-à-vis des processus actuels de transformation de la ville mais aussi un outil pédagogique pour rendre ces processus plus inclusifs. Recueillir En s inscrivant dans l espace public, l artiste devient un observateur et un relais des pratiques et des paroles habitantes. Selon E. Macaire, «les actions artistiques permettent de mieux connaître par exemple les usages, les pratiques quotidiennes. Le fait de mettre son atelier dans l espace public et de travailler dans l espace public c est aussi un observatoire de ce qui se passe». En se positionnant dans le processus de transformation urbaine, l artiste peut créer des liens entre projets et habitants. 3

Aussi, en tant que modes d expression alternatifs à l écrit ou l oralité, l art et le faire permettent de recueillir la parole habitante sur les pratiques, représentations, perceptions, envies Mobiliser L intervention artistique est parfois aussi un moyen de mettre en place des activités collectives comme l explique CurryVavart : «on a toujours fait attention à ce que l activité des ateliers ne soit pas refermée sur elle-même mais qu au contraire elle rayonne sur le quartier même si c est le temps de 8 mois ou 1 an. [ ] Les ateliers qu on inscrit temporairement dans le tissu urbain doivent rayonner sur le quartier et avec tout type d habitants, aussi avec des artistes qui seraient du même milieu social, ou des mômes avec lesquels on va faire des ateliers de construction, c est vraiment très varié». Par son caractère ludique, la pratique artistique attire l attention et est vecteur de rencontres et d échanges collectifs. Elle constitue aussi un moyen d information et de restitution alternatif à la réunion publique classique qui ne touche qu un public réduit. Agir Au-delà, l intervention artistique délivre un message pédagogique qui peut modifier progressivement les représentations, voire contribuer à l émergence de contre-pouvoirs. E. Macaire insiste sur ce point en expliquant que pour elle, «la pédagogie c est le moyen de faire la démocratie [ ] il s agit d ouvrir la boîte noire de création architecturale et de dire que tout le monde peut participer à cet acte là. Et si on veut créer du collectif de création, il faut aussi se donner les moyens de travailler collectivement et donc d échanger et de transmettre». L art dans la ville est alors un moyen de mettre en lumière des pratiques alternatives telles que le squat voire de faire pression sur les pouvoirs publics. A ce sujet le collectif Curry- Vavart explique qu il a «toujours poursuivi auprès des municipalités, dès les premiers squats, une forme de pression qui consistait à dire que la ville était propriétaire de parcelles temporairement désaffectées et qu il fallait en faire quelque chose». En permettant la cohabitation d activités diverses dans un lieu jusqu alors inoccupé, il est possible de transformer «le regard que pouvait porter certains politiques sur ces occupations illégales et leur permettre d envisager la demande d espace comme une demande légitime et de les inviter à trouver des solutions pour que cette demande ait des réponses plus légales». En ce qui concerne le regard des habitants, le collectif «a toujours rencontré un regard vraiment bienveillant de la part des habitants, tout simplement parce qu à la place d un espace vide, il y a des gens qui s y installent, qui font des choses et qui font en sorte d être plutôt sympas». L art pour des modèles urbains alternatifs Finalement, sous diverses formes, les pratiques artistiques, en tant qu espaces d expression et de création collectives proposent d autres manières de faire et de vivre la ville. 4

Trois manières de concevoir l art dans l espace public Ainsi, Elise Macaire évoque trois manières d envisager la pratique artistique en ville : - L esthétique relationnelle (en référence à Nicolas Bourriaud) en tant que «nouveau rapport de l art à l environnement» et «nouvelle façon d aborder la ville». En tant qu habitant, l artiste intervient sur la ville. - Les arts de rue en tant qu «intervention physique et fictionnelle» dans l espace urbain. - L activisme politique qui considère «la ville comme espace d expression et lieu d interpellation du public» et l espace public comme lieu de confrontation à l altérité et donc comme espace démocratique. A travers ces trois approches, c est la question des modes de vie qui est appréhendée puisque «l espace public, c est l espace politique». L occupation comme pratique artistique Curry Vavart rejoint cette réflexion en abordant l occupation d espaces comme une pratique à part entière. Ainsi, Vincent Prieur revendique «l ouverture de lieux éphémère installés dans les marges de la ville comme pratique artistique». La pratique du squat liée au besoin d espaces auquel étaient soumis les artistes du collectif c est «transformé en choix de vie et en une activité à part entière» puisque «quand on occupe tous ces espaces, on est libre de déterminer sa vie dans une forme de communauté, d inventer les règles du quotidien». Partir du micro-local Le fait que ces actions restent aujourd hui minoritaires et reléguées à des espaces réduits n est pas forcement négatif. Pour Elise Macaire «aujourd hui, on fait de l acuponcture [ ] les espaces de liberté sont à l échelle micro, mais le micro c est parfois ce qui est le plus intense» (voir à ce sujet Pascal Nicolas Le Strat). En se positionnant en dehors des projets d envergure, en marge de la production d espaces urbains, on intervient au plus proche du territoire et des habitants sur les questions quotidiennes qui peuvent s élargir sur des champs plus larges, tout en espérant «que ce type d expériences donne envie aux élus, aux gens qui sont en charge des projets urbains, de modifier leurs façons de faire habituelles et d expérimenter un peu plus la démocratie dans l architecture et l urbanisme». The Trinity Session Le collectif Sud-africain, The Trinity Session est en résidence hors les murs à Mains d œuvres de Septembre 2012 à septembre 2013 pour un projet intitulé Ataya/thé/tea. Il s agit pour eux de mettre en place, dans l espace public, des cérémonies du thé géantes accompagnées de projections visuelles et sonores. Après une première expérience à Johannesburg, Trinity Session organise une nouvelle performance à Saint-Ouen en juin 2013. La pratique artistique est ici utilisée comme moyen de mettre en relation des habitants de quartiers proches mais de cultures diverses. Aussi, à travers les interactions développées avec des habitants issus de pays africains francophones, les artistes Marcus Newstteter et Stephen Hobbs comprennent et connaissent mieux leur propre ville. La prochaine cérémonie du thé dans l espace public aura lieu le 21 juin prochain à Saint-Ouen 5

Pour plus d informations sur cette thématique : www.curry-vavart.com www.didattica-asso.com www.mainsdoeuvres.org www.onair.co.za www.robinsdesvilles.org www.trans305.org 6