CONNAÎTRE SON COÛT DE PRODUCTION ET LE FAIRE BAISSER



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Transcription:

RÉSEAUX D ÉLEVAGE POUR LE CONSEIL ET LA PROSPECTIVE COLLECTION THÉMA CONNAÎTRE SON COÛT DE PRODUCTION ET LE FAIRE BAISSER Face à une conjoncture incertaine, les exploitations bovins viande ont besoin de visibilité. L approche du coût de production développée par l Institut de l Elevage a l ambition, au travers de cet indicateur de fournir un outil de pilotage des exploitations. Ce document illustre l application de la méthode aux élevages bovins viande de Normandie. Il apporte des références sur la base des années 2009 et 2010 et propose de mesurer l incidence des leviers techniques disponibles pour réduire le coût de production. CALCULER LE COÛT DE PRODUCTION POUR QUOI FAIRE? Un calcul à l échelle de l atelier L approche coût de production concerne l ensemble de l atelier bovins viande. Les charges liées aux productions fourragères et aux céréales autoconsommées sont prises en compte. Des coefficients de pondération permettent de répartir les postes de charges de structure et de main d œuvre entre ateliers (viande, culture, lait.). Des charges ramenées à la production brute de viande vive Face à la diversité des productions rencontrées en élevage bovins viande, l unité retenue pour le calcul du coût de production est la production brute de viande vive (PBVV). Exprimée en kg vif, cette valeur se calcule sur l exercice en faisant la différence entre les ventes et les achats d animaux, et en tenant compte des variations d inventaire. Production brute de viande vive en kg = (Ventes - Achats) + (inventaire fin - inventaire début). Définir le niveau de charges de son atelier Le calcul du coût de production permet de détailler les différents postes de charges pour l atelier : - Les charges opérationnelles : l approvisionnement des animaux (achat de concentrés, fourrages..), l approvisionnement des surfaces (ensemble des charges affectées aux cultures fourragères et aux cultures auto consommées), les frais d élevage (frais vétérinaire, achat de litière ). - Les charges de structure : frais de mécanisation et de bâtiment (dont amortissements), frais divers de gestion, frais financiers et foncier, charges salariales. - Les charges supplétives : les charges calculées de rémunération des capitaux propres, du foncier en propriété et de la main d œuvre exploitant. Par convention, celle-ci est de 1,5 SMIC brut/umo. > Exemple du Cas-type Naisseur grande structure (CT2) en /100 kgvv 125 ha de SAU, 100 % herbe, 95 vêlages et 1,8 UMO (conjoncture 2009) 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0 425 { 106 199 120 98 Rémunération de la main 8 d'œuvre exploitant Rémunération du foncier en propriété et des capitaux propres Charges supplétives Charges de structure Charges opérationnelles Normandie 1

2 Des références pour se situer > Coûts de production observés dans les exploitations du réseau viande de Normandie - années 2009 et 2010 500 400 300 200 100 0 391 379 98 86 206 219 87 74 85 Naisseur Naisseur-engraisseur de bœufs Parmi les 29 exploitations suivies dans le cadre des réseaux d élevages bovins viande en Normandie, on distingue 3 types d ateliers : les naisseurs (14 fermes), naisseursengraisseurs de bœufs (10 fermes) et les naisseurs-engraisseurs de jeunes bovins (5 fermes). Les ateliers naisseurs et naisseurs-engraisseurs de bœufs ont des coûts de production équivalents. Ceux-ci se situent le plus souvent autour de 400 pour 100 kg de VV. Dans ces systèmes, la PBVV est de l'ordre de 280 kgvv/ugb. Pour les systèmes intégrant une production de jeunes bovins, le coût de production se situe, entre 250 et 400 pour 100 kg de VV selon le nombre de taurillons engraissés par vache allaitante présente. Dans ces systèmes, la PBVV ramenée à l'ugb varie de 300 kg à 475 kg. Pour un même système, les moyennes cachent une forte variabilité. Les niveaux de coûts de production entre exploitations sont fortement dépendants des modes de conduite, des performances techniques et des stratégies individuelles développées. Références coût de production 2010 309 Pour illustrer les objectifs de coût de production selon les grands systèmes de production présents en Normandie, nous présentons cijoint les références calculées sur la base de 2 cas-types en conjoncture 2010. 61 163 Naisseur-engraisseur de taurillons Charges opérationnelles Charges de structure Charges supplétives - Le système naisseur herbager spécialisé a un coût de 425 /100 kgvv en 2010. Ce chiffre s explique d'abord par une production brute de viande vive du troupeau allaitant modeste. (39 500 kgvv). Ceci est directement lié au fonctionnement de ce type de système dont la finalité est d'entretenir un cheptel de bovins adultes important pour produire des broutards. Ce système mobilise aussi beaucoup de surfaces, d'équipements, de bâtiments et de main d'œuvre. Ces moyens de production génèrent des charges affectées en totalité à l atelier bovins viande. - Le système polyculteur naisseur-engraisseur de jeunes bovins présente un coût de production de l'ordre de 275 /100 kgvv. Ce système enregistre une production brute de viande vive de 38 250 kg. La production de taurillons finis "dilue" en partie les charges consacrées au troupeau reproducteur (vaches allaitantes et génisses de renouvellement). De plus, la présence de surfaces de cultures importantes amène à partager la main d'œuvre (0,5 UMO affecté à l atelier viande). > Description de 2 systèmes (Cas-types Normands, conjoncture 2010) Naisseur herbagerpolyculteur naisseurengraisseur grande structure Cas-type 2 de JB Cas-type 7 Main-d œuvre (UMO) dont salariée 1,8 (0,3) 1,5 (0,5) SAU (ha) 125 157 SFP/SAU (ha) 100 % 42 % STH (ha) 125 42 Nb de droits PMTVA 100 50 Montant des aides totales ( ) (% du produit) 47 064 (36 %) 58 980 (21 %) PPVV en kg /UMO 21 948 76 500 PPVV en kg /UGB 267 361 > Le coût de production de 2 systèmes normands (Cas-types normands, conjoncture 2010) Naisseur herbagerpolyculteur naisseurengraisseur de JB grande structure Cas-type 2 Cas-type 7 Coût de production ( /100 kgvv) 425 232 Main d œuvre affectée à l atelier bovin viande en UMO 1,8 Charges opérationnelles ( /100 kgvv) 120 89 Charges de structure ( /100 kgvv) 199 120 Dont mécanisation ( /100 kgvv) 51 47 Charges supplétives ( /100 kgvv) 106 23 Dont main d œuvre exploitant ( /100 kgvv) Et les produits? 0,5 dont 0,3 UMO salariée 93 22 > Produits Naisseur herbagerpolyculteur naisseurengraisseur grande structure Cas-type 2 de JB Cas-type 7 Produit de l atelier BV ( /100kg PBVV) 331 250 Dont Ventes ( /100kg PBVV) 202 183 Dont aides ( /100kg PBVV) 119 67 Si le coût de production est un indicateur des performances d un atelier, le produit permet de compléter l analyse. C est le couple produits / charges qui permet d approcher au mieux le fonctionnement de l atelier. Par exemple, le système naisseur herbager qui a un coût de production élevé, a aussi le produit le plus élevé au 100 kgvv. Le couple coûts / produits est très dépendant des systèmes.

CALCULER SON COÛT DE PRODUCTION EST INTÉRESSANT MAIS LE FAIRE BAISSER, C EST ENCORE MIEUX! Différents leviers peuvent être activés afin de faire baisser le coût de production de l atelier viande bovine. La maîtrise des charges opérationnelles et de structure L augmentation de la productivité du troupeau L amélioration de la productivité du travail Les ingénieurs en charge des Réseaux d Elevage viande bovine de Normandie ont procédé à différentes simulations à partir des cas-types qui mettent en évidence les possibilités de réduire le coût de production. Améliorer la productivité du troupeau Cette indicateur se calcule en divisant le PBVV par le nombre d UGB moyen présent. Il reflète la maîtrise de la conduite du troupeau : reproduction, génétique, sanitaire, renouvellement,... Pour illustrer les résultats suivants obtenus, l exploitation de base retenue (cas-type 2) est un système herbager naisseur sur 125 ha avec 100 vaches allaitantes charolaises dont 95 vêlages, 1,8 UMO dont 0,3 salariée. Augmenter la productivité numérique et réduire l IVV moyen du troupeau La productivité numérique dépend de la fertilité, de la fécondité, de la gémellité et de la mortalité. Elle est déterminante dans les troupeaux allaitants qui doivent avoir comme objectif au moins 90 veaux sevrés pour 100 femelles mises à la reproduction. > Indicateurs technico-économiques ( ) Production Brute de Viande Vive (PBVV) Productivité de la M. O. (kgvv/umo) Productivité du troupeau (kgvv/ugb) Gagner 5 veaux supplémentaires en passant d une productivité numérique de 85 % à 90 % conduit à : - une augmentation de la PBVV de + 1 400 kg soit + 10 kgvv /UGB, - une baisse du coût de production de - 16 /100 kgvv, - une amélioration de l EBE de + 3 090. Réduire l IVV de 15 jours sur l ensemble des vaches en passant d un IVV de 380 jours à 365 jours permet de gagner 3,5 veaux par an. L amélioration se traduit par : - un accroissement de la PBVV de + 1 000 kg soit + 7 kgvv/ugb, - une diminution du coût de production de - 11 /100 kgvv, - une revalorisation de l EBE de + 2 100. Le cumul des deux leviers ci-dessus traités permet : - un développement de la PBVV de + 2 400 kgvv soit + 17 kgvv/ugb, - une réduction globale du coût de production de - 27 /100 kgvv, - une amélioration de l EBE de + 5 200 soit + 17 %. Ces calculs tiennent compte de l accroissement des charges opérationnelles afférentes à l augmentation du nombre d animaux produits. Elever le niveau génétique du troupeau 39 500 kgvv 21 950 kgvv 267 kgvv EBE ( ) 27 750 Coût de production total ( /100 kgvv) 425 Produits totaux 331 La progression du niveau génétique améliore le potentiel de croissance, l efficacité alimentaire, le poids et la conformation des animaux commercialisés, mais aussi les qualités d élevage (fertilité, conditions de vêlage, aptitude laitière,...). D après une expérimentation conduite sur 12 ans au lycée agricole des Vaseix (Haute-Vienne), la conduite génétique raisonnée (contrôle de performances, I. A., achat de taureaux contrôlés pour la monte naturelle) permet d améliorer les poids des animaux de boucherie de + 15 kg de carcasse et ceux des broutards de + 12 kg vifs par rapport à un cheptel conduit empiriquement, sans contrôle de performances ni achat de reproducteurs contrôlés. Les gains de performances appliqués au cas-type 2 permettent : - une augmentation de la PBVV de + 5 000 kg, soit + 34 kgvv/ugb, - une diminution du coût de production de - 37 /100 kgvv, - une progression de l EBE de près de 4 000, soit + 13 %. 3

4 OPTIMISER LA CONDUITE DU SYSTÈME FOURRAGER Optimiser la conduite des prairies pour réduire la charge alimentaire et augmenter le chargement La réduction du coût alimentaire passe par une conduite raisonnée du système fourrager et plus particulièrement des prairies. Le pâturage tournant sur plusieurs parcelles permet de disposer d une herbe de très bonne qualité, tout au long de la saison de pâturage. La récolte précoce par enrubannage ou ensilage des excédents de printemps et la récolte des foins à un stade précoce permettent de bonnes repousses, y compris en zone séchante, et assurent une alimentation de qualité en période hivernale. Ces deux pratiques combinées se traduisent par une réduction des achats de concentrés de 200 kg par UGB et une augmentation du chargement de 1,2 à 1,3 UGB/ha SFP. Ces effets ont été mesurés sur le cas-type 3 : - Naisseur-engraisseur de bœufs - 110 ha dont 90 % de prairies - 70 VA Charolaises, 15 bœufs vendus par an L optimisation de la conduite des prairies permet d augmenter la PBVV de 2 900 kg, de diminuer le coût de production de 31 /100 kgvv dont 8 sont liés à la baisse des quantités de concentrés, malgré la réduction du produit de 10 /100 kgvv et l amélioration de l EBE de 4 650. > La simulation est faite à performances animales et assolement constants Cas-type 3 Conduite simplifiée du pâturage et récolte foin Critères techniques Pâturage Chargement printemps (ares/ugb) Chargement été/automne (ares/ugb) Cheptel Nombre de vaches Nombre de bœufs vendus/an PBVV (kg) Rénover les prairies les moins productives Sur les prairies dégradées, non labourables, il est possible de procéder à la rénovation de celles-ci par la technique de sursemis. L'implantation de graminées en mélange avec du trèfle blanc contribue à l'amélioration du rendement (augmentation du chargement) et de la qualité des fourrages produits (réduction de la complémentation). Le choix de l itinéraire est le résultat d un diagnostic qui prend en compte le type de sol, le niveau de la dégradation de la prairie, la flore présente et le mode de récolte. Pour un coût faible de rénovation (entre 100 et 200 /ha), l amélioration du rendement attendu varie de 1 à 4 tms/ha. Dans l hypothèse d une amélioration de 2 tms/ha, appliquée au cas-type 3 (naisseur-engraisseur de bœufs), la rénovation pour une tranche de 10 ha de prairie permet d augmenter la PBVV de 1 150 kg, de réduire les coûts de production de 12 /100 kgvv et d améliorer l EBE de 2 260. D autres pistes existent pour baisser les coûts de production. Citons : Etablir des rations précises par lot en fonction de la qualité des fourrages, déterminée par analyses et les besoins des animaux. Sur la base du cas-type 3, chaque tonne de concentrés économisée se traduit par une baisse du coût de production de 0,63 /100 kg ou une réduction des charges de 270 sur le troupeau. Allonger le temps de pâture en sortant progressivement les animaux au printemps, dès que les conditions de portance sont acceptables, et en retardant autant que possible la rentrée des troupeaux les moins exigeants : vaches gestantes, bœufs et génisses de 2 ans. Lorsque les conditions sont réunies, cette technique n a pas d incidence sur les performances animales. La production des prairies de l année suivante n est pas pénalisée si un temps de repos d'au moins 2 mois est respecté. Ce levier permet d économiser de la paille et de limiter le besoin de fourrage récolté. Le fait de bien "nettoyer" la prairie en arrière saison conduit à améliorer la qualité de la pousse de printemps. Un mois de pâture supplémentaire à l échelle du cas-type 3 permet de réduire le coût de production de 8 /100 kg soit une économie de 2 800 pour l'exploitation. 45 85 70 15 36 500 Evolution Pâturage tournant, récolte par ensilage des excédents de printemps et foin précoce 36 à 40 (*) 72 à 77 (*) 76 16 39 400 EBE ( ) 39 900 44 500 Coût de production ( //100 kgvv) 376 345 Produit atelier ( //100 kgvv) 323 313 (**) (*) Selon les troupeaux - (**) Dilution des primes

TÉMOIGNAGE SUR UNE RÉORGANISATION DU TRAVAIL RÉUSSI Monsieur Christophe LEFEVRE exploite en plein cœur du Pays d Ouche dans l Eure 148 ha dont 62 ha sont consacrés aux cultures de vente et 86 ha aux prairies permanentes. Grâce à une nouvelle organisation du travail, M. Lefèvre a augmenté la production de viande vive et réduit son coût de production. Le troupeau : - 88 vaches allaitantes charolaises avec 93 PMTVA. - Vêlages groupés sur le printemps (de mars à mai). - Vente de broutards et engraissement de quelques boeufs. - 16 génisses élevées par an pour le renouvellement et vente de broutardes repoussées en février. Le système fourrager est basé exclusivement sur l herbe, avec un chargement de 1,6 UGB/ha. L alimentation hivernale du troupeau est basée sur le foin, soit environ 200 t récoltées chaque année. A partir de 2008, Christophe a fait le choix de déléguer une grosse partie des travaux de cultures à une exploitation voisine bien équipée en matériel de plaine et techniquement performante. Il a conservé le déchaumage et le labour. Cette nouvelle organisation lui a permis de dégager du temps pour l élevage et ainsi d augmenter le cheptel à surface presque équivalente (+ 17 UGB). En effet, le nombre de vêlages est passé de 79 à 88. Le nombre de bœufs produits par an de 5 à 9. La productivité en viande vive a progressé de + 20 %. De plus, grâce à une hausse des rendements en cultures : + 20 qx/ha en blé, + 15 qx en colza, entre 2007 et 2010, liée à un meilleur suivi des traitements et à l amélioration des niveaux humiques et calcique des terres, malgré le coût de la prestation, les marges cultures ont nettement progressé. D autre part, cette stratégie a permis de réduire le coût de la mécanisation qui est passé de 281 à 269 /ha y compris les travaux par tiers qui représentent désormais 50 % de ce poste de charges. Le coût de production de l atelier viande a été réduit de 40 /100 kg PVV, soit - 13 %. Cette évolution est liée principalement à l augmentation de la production à surface équivalente grâce au temps de travail libéré et dans une moindre mesure à la réduction du coût de la mécanisation. Dans ce système naisseur polyculteur, la productivité du travail est particulièrement élevée avec 51 000 kg vifs produits par UMO, soit près de 50 % supérieure par rapport à la moyenne des exploitations en système naisseurs du réseau d élevage de Normandie. > Evolution de l exploitation de Monsieur Christophe LEFEVRE Situation 2007 Situation 2010 avec prestations cultures SAU (ha) 148 148 dont STH (ha) 87 86 (-1) Effectifs vêlages 79 88 (+ 9) Chargement (UGB/ha) 1,31 1,56 (+ 0,15) Total UGB 118 135 (+ 17) Main d œuvre élevage (UMO) 0,60 0,75 (+ 0,15) Production brute de viande vive totale 31 600 kg 38 300 kg (+ 6 700) Production brute de viande vive/umo 52 700 kg 51 100 kg Coût de production ( /100 kgvv) 306 265 (- 41) 5

CONCLUSION Pour en savoir plus Si le calcul du coût de production de l atelier viande permet aux exploitants de se situer par rapport aux références locales et d analyser leurs postes de charges, la seconde étape passe par un accompagnement pour faire baisser ce coût. Les leviers permettant d améliorer la productivité du troupeau et du travail ainsi que la maîtrise des charges alimentaires et d approvisionnement des surfaces permettent selon les exemples décrits dans ce document, de faire baisser significativement le coût de production. Cependant, il ne faut pas négliger les autres leviers, comme les charges de mécanisation, représentant jusqu a 20 % du coût de production ainsi que les frais d élevage, de bâtiments... Le calcul du coût de production, son analyse et la mise en place de leviers appropriés est un gage de durabilité et d adaptation de l atelier viande. CALCULER LE COÛT DE PRODUCTION EN ÉLEVAGE BOVINS VIANDE Document à télécharger sur le site de l Institut de l Elevage : http://www.idele.fr LES SYSTÈMES BOVINS VIANDE EN NORMANDIE : CONJONCTURE 2010 ET 2011 RÉSEAUX D ÉLEVAGE POUR LE CONSEIL ET LA PROSPECTIVE COLLECTION RÉFÉRENCES LES SYSTÈMES BOVINS VIANDE EN NORMANDIE ACTUALISATION ÉCONOMIQUE DE 9 CAS TYPES CONJONCTURE 2010 NORMANDIE Document disponible sur les sites de Chambres d agriculture de Normandie et de l Institut de l Elevage Réseau Bovin Viande de Nord-Picardie Philippe Tresch Institut de l Elevage Tél. : 03 22 33 64 73 philippe.tresch@idele.fr Régis Laffay Haute Normandie Chambre d'agriculture de l Eure et Seine Maritime Tél. : 02 32 47 35 60 06 82 55 77 78 regis.laffay@eure.chambagri.fr Jean-Claude Dorenlor Chambre d'agriculture de la Manche Tél. : 02 33 06 49 61 jdorenlor@manche.chambagri.fr Perine Gehin Chambre d'agriculture du Calvados Tél. : 02 31 70 25 83 p.gehin@calvados.chambagri.fr Patrick Cartoux Chambre d'agriculture de l Orne Tél. : 02 33 31 48 17 patrick.cartoux@orne.chambagri.fr Crédit photos : Institut de l Elevage, Réseaux d élevage Bovins lait Nord-Picardie - Création : bêta pictoris - Réalisation : Valérie lochon LES RÉSEAUX D ÉLEVAGE Les Réseaux d Elevage sont un dispositif partenarial associant des éleveurs et des ingénieurs des Chambres d agriculture et de l Institut de l Elevage. LES PARTENAIRES FINANCEURS ce document a reçu l'appui financier du Casdar, de FranceAgriMer, du Conseil Régional de Haute-Normandie et de Basse-Normandie, du Conseil Général de l Eure et de la Chambre d agriculture de Normandie. avec la contribution financière du compte d'affectation spéciale "Développement agricole et rural" Mars 2012 Document édité par l Institut de l Elevage - ISBN : 978-2-36343-222-3 - PUB IE : 00 12 51 008