1 Les échanges internationaux au sein des groupes : une focalisation sur quelques produits et vers l Union européenne



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Transcription:

1 Les échanges internationaux au sein des groupes : une focalisation sur quelques produits et vers l Union européenne Boris GUANNEL, Sylvie MABILE, Claire PLATEAU (SESSI)

LES ÉCHANGES INTRAGROUPE En 1999, 41 % des exportations et 36 % des importations françaises de produits industriels sont des échanges avec des entreprises localisées dans des pays différents, mais appartenant au même groupe industriel. La part de ces échanges a beaucoup augmenté ces dernières années. Elle est désormais comparable à celle des États-Unis. Cette progression s explique par l intégration européenne. Les échanges sont plus concentrés que l ensemble des échanges sur un nombre limité de produits et de destinations géographiques. Les groupes implantés en France réalisent les trois quarts de leurs échanges avec des pays de l Union européenne ; un quart concerne l automobile. Les groupes industriels organisent encore essentiellement leur production en spécialisant chacun de leurs sites de production sur un produit, pour le revendre sur un marché international. Les deux tiers des produits échangés en sont revendus en l état. S implanter à l étranger permet aux groupes de conforter la position commerciale de leur base nationale. Les filiales commerciales jouent un rôle important dans la conquête des marchés. Le marché unique permet surtout d exploiter des économies d échelle. Les échanges avec les pays à bas salaires sont peu importants. Les produits échangés sont alors plus souvent destinés à être intégrés dans le processus de production. Les sociétés transnationales dominent l activité économique. Elles organisent leur production et leurs réseaux de distribution à l échelle mondiale. Elles assignent à chacune de leurs filiales une spécialisation, fonction de l importance commerciale du marché local et des dotations en main-d œuvre ou en matières premières. En conséquence, les échanges se multiplient entre entreprises localisées dans des pays différents, mais appartenant à un même groupe. Ces échanges, qu on appelle encore échanges, sont davantage «captifs» que les autres échanges. Le groupe ne peut en effet remettre en cause, du jour au lendemain, ses investissements et ses choix techniques et commerciaux. Les échanges sont ainsi moins sensibles à court terme aux variations de la compétitivitéprix. Ils sont, en revanche, plus sensibles à la conjoncture mondiale. Ils ont, sans doute, pesé sur le repli des technologies de l information en 2001. En France, les groupes industriels internationaux réalisent 75 % des exportations et 64 % des importations industrielles. Ils organisent leur production au niveau européen, voire mondial. De ce fait, les importations françaises dépendent non seulement de la demande intérieure, mais aussi, de plus en plus, de la demande mondiale. Ainsi, les importations comme les exportations ont baissé brutalement à la fin de l année 2000, dès les premiers signes du ralentissement de l activité mondiale, et alors même que la demande intérieure française n était pas encore affectée. Échanges : plus du tiers des échanges extérieurs français En 1999, 41 % des exportations et 36 % des importations françaises de produits industriels sont des échanges entre entreprises appartenant au même groupe industriel mais localisées dans des pays différents (graphique 1). Tel est le premier constat de l enquête réalisée par le Sessi auprès de plus de 4 000 entreprises industrielles (encadré 1). 34

LES ÉCHANGES INTERNATIONAUX AU SEIN DES GROUPES 1 - Les groupes industriels internationaux dans le commerce extérieur français de produits industriels Exportations français partenariat étrangers Groupes industriels 23 % 18 % hors français internationaux 2 % 21 % 11 % hors étrangers 5 % 16 % groupes non internationaux 4% entreprises indépendantes groupes internationaux non industriels Importations étrangers français partenariat 8 % 28 % Groupes industriels hors français internationaux 4% 13 % 11 % 6 % hors étrangers groupes non internationaux 20 % 10% entreprises indépendantes groupes internationaux non industriels 75 % des exportations et 64 % des importations de produits industriels sont réalisées par des groupes industriels internationaux, c est-à-dire des groupes possédant au moins une filiale industrielle, quel qu en soit le pays d implantation, et une filiale à l étranger. Leurs échanges extérieurs peuvent être des échanges avec des filiales du groupe, c est-à-dire des échanges. Ce peut être aussi des échanges dans le cadre d accords de partenariat ou encore des échanges hors. Les 25 % d exportation et 36 % d importation de produits industriels restants sont effectués soit par des groupes qui n ont pas de filiales à l étranger, soit par des entreprises indépendantes. Ils peuvent encore être effectués par des groupes internationaux non industriels, notamment des groupes de négoce. Sources : Enquête Échanges internationaux 1999 (Sessi, Scees, Insee), Lifi (Insee) Alors que la part de ces échanges est restée quasiment stable aux États-Unis, elle a beaucoup augmenté en France depuis 1993 : de sept points pour les exportations, de dix-sept points pour les importations. Le poids des échanges en France est désormais comparable à celui des États-Unis. Il est très supérieur à celui du Japon pour les importations (voir tableau). C est la conséquence du dynamisme des investissements directs, au cours de ces dernières années. Depuis dix ans, la France s est largement ouverte aux implantations étrangères. Les groupes industriels de nationalité étrangère contribuent fortement à ces échanges. Ils réalisent les trois quarts des importations de ce type et près de la moitié des exportations. Ce sont eux qui, pour l essentiel, sont responsables de l augmentation des échanges entre 1993 et 1999 (encadré 2). 35

LES ÉCHANGES INTRAGROUPE 1 - L enquête Échanges internationaux L enquête a été lancée en 2000 auprès d entreprises industrielles ou de commerce de gros, implantées en France, et qui appartiennent à des groupes industriels internationaux, c est-à-dire des groupes possédant au moins une filiale industrielle, quel qu en soit le pays d implantation, et une filiale à l étranger. Elle est limitée aux entreprises qui ont des échanges internationaux élevés : plus d un million d euros pour la somme des importations et des exportations. Elle mesure les flux de produits industriels réalisés en 1999, hors matériels militaires. Sur ce champ, 4 305 entreprises ont répondu, appartenant à 2 114 groupes industriels internationaux. Elles représentent 52 % des entreprises du champ de l enquête, mais 78 % des flux échangés. Une enquête du même type avait déjà été réalisée en France. Elle portait sur les échanges en 1993. Les États-Unis et le Japon en organisent également régulièrement depuis une quinzaine d années. Les échanges dans les échanges totaux aux États-Unis, au Japon et en France en % Exportations Importations 1990 (1) 1999 (2) 1990 (1) 1999 (2) États-Unis 32,8 36,2 43,7 39,4 dont groupes américains 23,1 27,7 16,1 17,2 dont groupes étrangers 9,7 8,6 27,6 22,2 Japon 16,6 30,8 14,7 23,6 dont groupes japonais 14,5 28,6 4,2 14,8 dont groupes étrangers 2,1 2,2 10,5 8,8 France 34,0 40,6 19,0 35,8 dont groupes français 21,0 23,0 7,0 7,5 dont groupes étrangers 13,0 17,6 11,0 28,3 (1) 1993 pour la France, (2) 1998 pour les États-Unis Ces chiffres donnent des ordres de grandeur, le champ et la méthodologie de ces trois enquêtes n étant pas rigoureusement identiques Sources : BEA pour l enquête américaine, ministère de l Industrie pour le Japon, Sessi pour la France 36 Automobile et pharmacie en tête Les échanges sont concentrés sur un nombre limité de produits, beaucoup plus nettement que l ensemble des échanges. L automobile et la pharmacie ont ainsi un poids dans les échanges près de deux fois supérieur à leur poids dans les échanges commerciaux français. Les échanges internes aux groupes se développent, en effet, là où sont présentes des firmes multinationales qui opèrent sur des marchés peu différenciés. L automobile arrive en tête avec 66 % d échanges (graphique 2). Elle est suivie par la pharmacie, parfumerie, entretien (55 %). L écart entre l automobile et la pharmacie ne s explique que par une moindre concentration du secteur pharmaceutique.

LES ÉCHANGES INTERNATIONAUX AU SEIN DES GROUPES 2 - Poids de l dans l ensemble des échanges industriels par produit Tous produits Automobile Combustibles Pharm. parf. entr. Composants Chimie Équipement foyer Équ. élec. électron. Équ. mécanique Habillement, cuir Agroalimentaire Prod. minéraux Métallurgie Bois et papier Naval. aéro. ferro Edition Textile G Importations Exportations G 262 30 18 11 15 32 17 27 24 13 20 6 19 10 13 2 8 268 38 4 18 17 33 12 24 24 7 27 5 19 7 21 2 7 80 % 60 40 20 0 20 40 60 80 % groupes étrangers* groupes français* groupes français* groupes étrangers* * groupes industriels internationaux Lecture : en 1999 l ensemble des importations d automobiles a atteint 30 milliards d euros. 61 % sont des importations internes aux groupes industriels internationaux, dont 10 % réalisés par des groupes français et 51 % par des groupes étrangers. Source : Enquête Échanges internationaux 1999 (Sessi, Scees, Insee) Les PMI y réalisent 22 % des échanges, contre seulement 7 % dans l automobile. Les échanges sont également importants dans les composants, la chimie, les biens d équipement du foyer et les équipements électriques et électroniques, secteurs où ils représentent 40 % des échanges. loin devant les industries traditionnelles et l aéronautique L est en revanche plus modeste quand le tissu industriel est plus hétérogène. Ainsi, 28 % des échanges sont internes aux groupes dans l agroalimentaire. À côté de grands groupes industriels, coexistent en effet des entreprises indépendantes et des groupes sans implantation à l étranger, qui réalisent 35 % des échanges. Il en est de même dans les industries du bois, ou encore des équipements mécaniques. En revanche, si seulement 28 % des produits minéraux sont échangés en, c est essentiellement en raison du poids des marchandises et des coûts de transport élevés. 37

LES ÉCHANGES INTRAGROUPE 2 - Les groupes s appuient sur leur base nationale Quelle que soit leur nationalité, les groupes s implantent à l étranger pour accéder à des marchés nouveaux, mais aussi pour spécialiser leurs unités de production. Leur stratégie relève donc bien d une nationalité. Les groupes confortent ainsi le plus souvent la position commerciale de leur pays d origine. Les ventes à des filiales à l étranger contribuent pour les trois quarts à l excédent commercial des groupes français. A l inverse, par leurs importations, les groupes étrangers creusent le déficit commercial de la France avec leur pays d origine. Les filiales de commerce de gros des groupes étrangers jouent un rôle important. Elles permettent à leurs groupes d accéder plus facilement au marché français, mais aussi de pénétrer le marché européen. Elles partagent, pour moitié avec les filiales industrielles, les importations. Elles sont parfois les seules représentantes du groupe industriel qui n a pas de site de production en France. Dans l industrie automobile, elles réalisent 40 % des importations, dans les biens d équipement électrique et électronique 30 %, dans les équipements mécaniques 25 %. Ces importations, sans contrepartie de production en France, contribuent pour plus de la moitié au déficit commercial des groupes industriels étrangers. Elles ont essentiellement pour origine l Europe et l Asie. En revanche, les filiales commerciales jouent un rôle mineur dans les exportations (8 % des exportations). Ce sont les filiales industrielles qui réalisent l essentiel des exportations. Les importations sont assez peu fréquentes pour les produits textiles ou d habillement (11 %). Les groupes industrialisés internationalisés sont en effet peu nombreux dans ce secteur d activité, alors que les PMI indépendantes et les groupes de négoce occupent une place importante. Dans l aéronautique également, les échanges ne représentent, en 1999, qu un quart des échanges. Dans ce secteur, avant la création de EADS, l internationalisation passe davantage par des partenariats du type Airbus Industrie, non comptabilisés en échanges. 38 D abord l Union européenne L Union européenne est la zone avec laquelle les échanges sont les plus intenses, mais aussi celle où ils ont le plus progressé, ces trois dernières années. Près de la moitié des échanges entre la France et les autres pays de l Union européenne sont réalisés entre filiales d un même groupe industriel : 45 % des exportations et 38 % des importations (graphique 3). Cette proportion est beaucoup plus élevée si on se limite aux filiales françaises des groupes étrangers : 68 % de leurs échanges sont des échanges avec leurs filiales européennes. L Union européenne est également la zone avec laquelle se réalise l essentiel des échanges (70 %). Cette polarisation régionale existe déjà pour le commerce extérieur français (la France réalise 64 % de ses échanges avec l Union européenne),

LES ÉCHANGES INTERNATIONAUX AU SEIN DES GROUPES 3 - Poids des échanges industriels par destination et provenance dans l'ensemble des échanges G Importations Exportations G Toutes zones 262 268 Alena Union européenne Japon Autres Amérique Autres Europe Asie hors Japon Afrique Proche et Moyen-Orient 25 166 10 4 21 22 9 5 25 171 4 5 25 15 14 7 60 % 40 20 0 20 40 60 % groupes étrangers* groupes français* groupes français* groupes étrangers* *groupes industriels internationaux Lecture : en 1999 l ensemble des importations en provenance de l Alena a atteint 25 milliards d euros. 33 % sont des importations internes aux groupes industriels internationaux, dont 8 % réalisées par des groupes français et 25 % par des groupes étrangers. Source : Enquête Échanges internationaux 1999 (Sessi, Scees, Insee) mais elle est encore plus marquée pour les échanges. L internationalisation des entreprises industrielles s appuie donc encore essentiellement sur l espace européen. Au sein de l Europe des Quinze, les groupes industriels se sont redéployés et les échanges se sont multipliés, deux conséquences de l instauration du marché unique. puis les autres pays de la Triade Les échanges, comme les investissements directs, sont également importants avec les autres pays de la Triade : l Alena (Accord de libre-échange nordaméricain) et le Japon. La part des exportations dans les échanges de chacune de ces zones est identique à celle de l Union européenne (45 %). Dans les échanges avec le Japon, les importations pèsent un poids important : 50 %, contre 38 % avec l Union européenne et 33 % avec l Alena. Ces importations sont essentiellement l apanage de groupes japonais. Elles dépassent, par leur montant, les exportations totales de la France vers le Japon. En dehors de la Triade, les échanges sont moins intenses. Les groupes français sont encore peu présents dans ces zones émergentes, à croissance souvent rapide. Deux exceptions toutefois. D une part, les entreprises françaises ont anticipé le futur élargissement de l Union européenne. Elles investissent en Europe centrale et orientale, à la faveur d une proximité géographique, d une plus grande stabilité politique et d une main-d œuvre relativement qualifiée. 32 % des échanges avec cette 39

LES ÉCHANGES INTRAGROUPE zone sont des échanges. D autre part, les groupes français sont présents en Amérique latine. L implantation des groupes étrangers sur ce continent est ancienne, et le secteur automobile y joue un rôle important. 39 % des exportations vers les pays d Amérique latine sont des exportations. Le montant des échanges reste néanmoins modeste. Essentiellement de la revente en l état Les deux tiers des produits échangés à l intérieur d un groupe ne font l objet d aucune transformation ultérieure. En effet, les groupes organisent encore essentiellement leur production en spécialisant chacun de leurs sites sur un produit, pour le revendre ensuite sur un marché international. Ils cherchent, avant tout, à bénéficier d économies d échelle importantes. Ils échangent des produits similaires qui sont souvent des compléments de gamme : au sein de l Union européenne, l automobile arrive en tête des produits échangés en (31 %), suivie de la chimie (13 %). Les groupes européens sont donc plutôt des «multinationales classiques», qui cherchent à tirer parti d un vaste marché européen homogène, plutôt qu à organiser la production à l échelle européenne. Les économies européennes sont assez voisines pour ce qui est des ressources en matière premières, des coûts et de la qualification de la main-d œuvre, des goûts des consommateurs. Segmenter le processus de production est une pratique qui concerne donc encore assez peu de produits. Autrement dit, la majorité des groupes ne découpent guère leur fabrication entre leurs filiales. Quand elles proviennent de pays situés hors de la Triade, les importations sont plus souvent destinées à être intégrées dans le processus de fabrication : 47 % contre seulement 28 % pour les produits provenant de pays de la Triade. L élargissement de l Union européenne à des pays d Europe centrale pourrait modifier l organisation de la production. Comme le coût de la main-d œuvre y est plus bas, une division du travail à l échelle européenne pourrait se développer. Déjà, en 1999, 45 % des importations en provenance d Europe centrale et orientale étaient destinées à de la fabrication. Cette nouvelle division du travail serait semblable à celle qui existe déjà au sein de l Alena entre le Mexique, les États-Unis et le Canada, ou en Asie de l Est entre le Japon et les pays nouvellement industrialisés. L avènement de la production globale? L organisation de la production par les grands groupes industriels internationaux qui ont une filiale en France ressemble donc encore beaucoup à une spécialisation de la production par site industriel dans les pays développés et à des échanges classiques à partir de plates-formes commerciales. Il s agit encore peu d une intégration mondiale du processus de production, les investissements étrangers étant surtout destinés à la Triade. L entreprise globale n en a pas moins dépassé le stade du projet. Pour se développer à l étranger, l entreprise a d autres voies que la prise de contrôle du capital : soustraitance internationale, concessions de licences, accords de collaboration internationale. Dans plusieurs secteurs, notamment l automobile, des sociétés 40

LES ÉCHANGES INTERNATIONAUX AU SEIN DES GROUPES multinationales se transforment en concepteurs et en assembleurs spécialisés d éléments fabriqués par des sous-traitants de diverses régions du monde. Toutefois, ces soustraitants sont invités à s installer sur les mêmes sites industriels. Dans le textile, les groupes sont quasiment inexistants ; les entreprises délocalisent vers les pays à bas salaires, essentiellement par la sous-traitance et le négoce international, sans apports de capitaux. Si les échanges ont faiblement progressé aux États-Unis entre 1990 et 1998, c est vraisemblablement parce que ces nouvelles formes de coopération internationale se sont développées. Dans les années à venir, les groupes fortement endettés pourraient les plébisciter. C est un moyen de réduire les apports de capitaux, mais aussi de ménager les susceptibilités nationales, et de mieux s intégrer dans le pays d accueil. Pour en savoir plus - Rapport CPCI 2001-2002, Sessi, http : www.industrie.gouv.fr/observat/bilans/ bord/so_bilan02.htm - «Echanges intrabranche et et internationalisation de la production», Perspectives économiques de l OCDE, n 71, juin 2002 - US good trade : Imports-Exports by related parties 2000, Ministère du Commerce des États-Unis, 2001 - Industrie française et mondialisation, Chiffres Clés Analyse, Sessi, 1998 41