Les relations parents/collège : l exemple de la Champagne-Ardenne



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Transcription:

Les relations parents/collège : l exemple de la Champagne-Ardenne Par Delphine Combrouze Laboratoire de recherche «Analyse et Evaluation des Professionnalisations» (AEP) Reims (Marne) En introduction à la présentation de l étude «Les relations parents/collège», Danièle Quantinet, Présidente de l Union Régionale des Associations Familiales de Champagne-Ardenne, précise les missions de l URAF. Emanation de quatre Unions Départementales des Associations Familiales de la région, l URAF regroupe 450 associations familiales, soit 30 000 familles. Elle a pour rôle de coordonner la représentation officielle des familles et de mettre à disposition les moyens nécessaires pour réaliser des études, informer, former, recenser les besoins. L URAF de Champagne-Ardenne a souhaité mettre en place un observatoire de la famille, afin de mener des études sur des sujets concernant la famille et ses relations avec les autres acteurs de la société, mais aussi ses comportements face aux grandes questions de société qui peuvent se poser à elle. Elle a commandé cette année une étude sur le thème des relations «parents/collège» en Champagne-Ardenne qui a été réalisée en 2002 pour l URAF par le laboratoire AEP (Analyse et Evaluation des Professionnalisations). En voici les conclusions. La population concernée De nombreuses études font état des relations que les familles entretiennent avec l école de leur enfant, notamment au travers des relations avec les enseignants, et de leur importance dans le processus d apprentissage puisque le «rapport au savoir», le rapport à l école se construisent d abord dans la famille (Charlot, 1997). Il semble souvent que ces rapports soient considérés comme une bataille dans laquelle les deux parties sont adversaires et s emploient à faire perdre l autre sur le terrain de l éducation. L enquête porte sur un échantillon de 800 familles de la population champardennaise dont les enfants sont scolarisés au collège. L échantillon a été établi de façon pseudo-aléatoire à partir des collèges des quatre départements composant la région : Ardennes (08), Aube (10), Marne (51) et Haute-Marne (52). Les méthodes de sélection de la population ont été diverses. Un tirage au sort aléatoire a été réalisé à partir des annuaires téléphoniques : des listes de noms de familles avec le numéro de téléphone ont été établies. Cette méthode, fiable scientifiquement, a présenté des insuffisances car peu de réponses ont été obtenues de la part des personnes ayant des enfants au collège. Un autre tirage aléatoire a été effectué à partir des listes de collèges par département. Des contacts ont été pris 57

avec les principaux de collèges et des questionnaires ont été déposés auprès des enfants dans les différentes classes (une classe par niveau). Les critères La population enquêtée compte 200 ménages par département, soit 800 réponses au total, avec la répartition suivante : un enfant au collège, deux enfants au collège, trois enfants et plus au collège. Toute la population interrogée a au moins un enfant au collège, ce qui implique que les réponses obtenues sont l expression d une expérience et d une pratique. Nous avons une proportion relativement équilibrée d enfants scolarisés dans les différents niveaux d enseignement du collège avec une représentation un peu plus forte pour les 5 e et un peu plus faible pour les 3 e. Ceci permet de mettre parfois en évidence des disparités dans les relations qu entretiennent les familles et l école en fonction du niveau de scolarisation de l élève et notamment aux périodes cruciales que représentent la 5 e et la 3 e. En l occurrence, à ces deux niveaux, des orientations peuvent être proposées et sont donc susceptibles d avoir une incidence à la fois sur les moyens de communication employés mais également sur la qualité des relations. Le critère «Profession du chef de famille» n est pas un critère de sélection de la population enquêtée. Néanmoins, il est intéressant de comparer la répartition de cette population avec la répartition nationale. Les retraités sont sous-représentés ; ce qui s explique aisément par le choix de la population «des parents d enfants allant au collège». La probabilité que les retraités aient des enfants allant au collège est statistiquement faible. 96 % des enfants des familles interrogées sont scolarisés dans un collège d enseignement public. Cette proportion résulte de la sélection de la population, à travers la sélection des collèges. Ceci est proche des statistiques nationales. Les actions du collège à destination des parents Les réunions Les réunions sont fréquentes et mettent en contact les parents et l institution. On distingue : - les réunions parents/professeurs (81,6 % des parents y participent) ; - les réunions d information et d accueil (65,6 % des parents y participent) ; - les réunions d orientation (53,2 % des parents y participent). Lorsque la scolarité des enfants est jugée moins bonne par les parents (peu ou pas satisfaisante), ils assistent proportionnellement de façon moins régulière aux réunions (21,2 % y assistent occasionnellement), alors qu à l inverse les parents jugeant la scolarité de leur enfant comme bonne voire très bonne assistent très régulièrement aux réunions (83,4 % y assistent régulièrement voire toujours). On peut avancer deux explications à cette situation : 58

D une part, les parents d enfants dont la scolarité n est pas satisfaisante prennent des rendez-vous régulièrement avec les enseignants, ce qui les «dispense» des réunions périodiques. Mais d autre part, les parents d enfants dont la scolarité n est pas satisfaisante ne veulent pas entendre de commentaires jugés désagréables sur leur enfant et évitent donc de participer à ces réunions. Cette attitude est d ailleurs confirmée par certaines études menées sur cet absentéisme des parents aux réunions. Elles mettent en évidence le fait qu il n y a pas d intimité avec les enseignants lors de ces réunions puisque les autres parents attendent à proximité. Enfin, notre enquête confirme, à la marge, que les familles populaires «boudent» ces rencontres avec les enseignants (Migeot-Alvarado, 2000, p.39). Globalement, à la lecture de ces résultats, les réunions apparaissent comme de véritables supports de communication. Les supports d information Outil privilégié de communication entre les familles et l établissement, le carnet de correspondance est un livret où figurent des renseignements personnels, le règlement et les informations administratives. L'emploi du temps et la liste des professeurs (parfois même les notes de l élève) y sont reportés. Il est utilisé par l'administration, pour les correspondances entre les enseignants et les parents. Les familles l utilisent à 87 %. 84,1 % déclarent recevoir à domicile un bulletin trimestriel alors que 64,1 % déclarent recevoir le livret scolaire sous forme de relevé de notes. Rares sont les collèges qui fournissent d autres documents à la famille. Le jugement sur la scolarité de leur enfant influence sensiblement la fréquence d utilisation du carnet de correspondance puisque, lorsqu elle est jugée satisfaisante, les parents l utilisent plus rarement et moins régulièrement que les autres catégories. A noter toutefois que les parents jugeant la scolarité de leur enfant très satisfaisante utilisent le carnet de correspondance selon la même fréquence que ceux qui la jugent peu ou pas satisfaisante. On remarque que les cadres supérieurs utilisent plus régulièrement le carnet de correspondance (52 %) mais qu une partie de cette population l utilise avec parcimonie (pour 44 % d entre eux). On peut donc supposer que cette catégorie socioprofessionnelle utilise le carnet de correspondance selon ses besoins, les absences et la scolarité de ses enfants. En outre, 40 % des agriculteurs utilisent rarement le carnet de correspondance et 30 % régulièrement (ce qui est inférieur aux autres catégories socioprofessionnelles). 59

En dehors de quelques collèges qui diffusent d autres documents (journal interne, cahier des exigences, journal des parents, livret d accueil notamment), les supports écrits restent des supports traditionnels. Les autres activités En dehors des réunions parents/professeurs, les parents n ont pas connaissance d autres réunions d information générale. Un peu plus d un quart (27,4 %) répondent affirmativement à la question et indiquent que les thèmes abordés concernent essentiellement la violence (13,5 %), la drogue (8,5 %), la citoyenneté (4,5 %). Mais ils sont rares à y assister (12,8 %) et à considérer qu elles sont utiles (13,9 %). Une moitié des parents souhaite que le collège en organise. Rares aussi sont les parents (17,9 %) qui signalent d autres activités proposées par le collège : portes ouvertes, voyages culturels, fêtes, loto, marché de noël, téléthon, sorties et accompagnement scolaire, spectacles, chorale, foyer socio-éducatif. Encore plus rares sont ceux qui y assistent (10,8 %). Les attitudes des parents vis-à-vis du collège Les opinions des parents Trois opinions fondamentales émergent. Une appréciation favorable unanime : dans 90,4 % des cas, les familles jugent l accueil de leur enfant en 6 e satisfaisant. Le succès rencontré par l accueil réservé aux nouveaux collégiens s explique par la mise en place d une organisation spécifique dans les collèges avec notamment la réalisation d une journée de rentrée des sixièmes, d une journée entière avec le professeur principal et d une «visite guidée» du collège. Tous ces éléments sont autant de facteurs rassurants pour les parents et les enfants passant du primaire au secondaire. Une utilité non contestée : pour les parents qui se déplacent aux réunions d information, celles-ci leur semblent (à 91 %) d entre eux, utiles voire très utiles. Les parents se sentent concernés par les manifestations en lien direct avec la scolarité de leur enfant : entrée de l enfant au collège, contacts avec les enseignants. Une satisfaction exprimée vis-à-vis de la communication. Elle est mesurable à travers l opinion que les parents éprouvent à l égard des réunions parents/professeurs ou encore des réunions d orientation. Dans l ensemble, la communication entre parents et professeurs est plutôt perçue par les parents comme facile voire très facile (84,5 %), des difficultés apparaissant dans 9,1 % des cas. Que la communication soit bonne ou pas, la qualité de celle-ci trouve son origine dans l approche (31,9 %) et la disponibilité (33,5 %) des professeurs. Si l enseignant a une mauvaise approche ou montre une disponibilité moindre, la communication peut être difficile. 60

Pour les personnes qui n assistent pas aux réunions, les raisons sont essentiellement le manque d information, l indisponibilité, l horaire inadapté. L investissement des parents Selon différentes études (Gayet, 1999), à l occasion des élections des délégués de parents, on a pu constater que la plupart des parents ignorent les options politiques et pédagogiques des fédérations pour lesquelles ils votent. La préoccupation principale des parents dans l acte de vote pour des délégués est de faire entendre leur voix et faire évoluer la vie des enfants au collège, même si le rôle d un représentant est loin d être clair. L abstention reste importante. 13 % des répondants font partie du conseil de parents d élèves depuis un ou deux ans, leur but étant d être un intermédiaire entre les parents et le collège. Il faut analyser avec prudence les 85,3 % qui ne participent pas. En effet, le nombre de représentants est limité et tous les parents, même s ils le souhaitaient, ne pourraient pas faire partie du conseil de parents d élèves. En ce qui concerne l opinion que les parents ont de l investissement en général des parents d élèves à la vie du collège, une moitié (environ 55 %) des personnes interrogées trouve l investissement des parents d élèves satisfaisant. L autre moitié (45 %) n a pas répondu ou le trouve peu satisfaisant. L analyse des réponses selon la catégorie socioprofessionnelle, (si l on ne prend pas en compte les réponses des retraités dont on peut penser que l opinion n est pas toujours étayée par une expérience en cours), fait apparaître une fracture entre, d une part, les catégories allant des ouvriers aux cadres moyens plutôt optimistes sur l investissement des parents et, d autre part, les catégories des cadres supérieurs et professions libérales plutôt insatisfaits ou peu satisfaits de l investissement des parents. Enfin, signalons que les élus sont relativement déçus et considèrent que l investissement est faible (pour 61,5 % d entre eux). A l inverse, les non-participants considèrent que l investissement est satisfaisant et même très satisfaisant (58,5 %). C est une forme de dédouanement de la part des parents qui ne se sentent pas investis. Les attentes des parents Pour l ensemble des parents interrogés, les réunions avec les professeurs trouvent un intérêt majeur lorsqu elles leur permettent d obtenir l avis de l enseignant sur le comportement de leur enfant (43,3 % des parents le mettent en priorité) ainsi que de connaître le niveau scolaire de leur enfant (35,6 % des parents l ont proposé en deuxième choix). Le niveau de scolarisation est un élément important à prendre en compte quant à l analyse des attentes des parents. Pour les élèves de 6 e, les principales motivations qui poussent les parents à assister aux rencontres avec les professeurs sont le comportement de l élève en classe et son niveau scolaire. 61

Pour les enfants de 5 e, les parents se préoccupent également du comportement de l enfant en classe et du niveau scolaire. Puis apparaissent l orientation de l élève et les diverses solutions face à d éventuels problèmes. Pour les 4 e, l avis sur le comportement comme le niveau scolaire sont les thèmes les plus importants lors des entrevues parents/professeurs. En classe de 3 e, les collégiens sont plus informés sur l orientation que les élèves des classes de 6 e, 5 e et 4 e car dès la seconde plusieurs filières sont envisageables. On remarque que les parents ayant leur enfant en 3 e assistent en premier lieu aux réunions parents/professeurs pour connaître le niveau scolaire, puis l avis des professeurs sur le comportement de l enfant, enfin pour avoir des informations sur l orientation. Ce dernier motif apparaît plus fortement dans ce niveau que dans les niveaux précédents, ce qui paraît en adéquation avec le fait que cette classe est importante pour l orientation au lycée. Si l on compare les différents résultats selon la catégorie professionnelle du chef de famille, on constate qu il n y a pas d écart important. Toutes les personnes interrogées cherchent dans la relation parents/professeurs à obtenir l avis des enseignants sur le comportement de l enfant en classe et sur le niveau scolaire. Viennent ensuite à parts égales l orientation et la solution aux problèmes éventuels. Les conclusions Les représentations que les familles se font aujourd hui du collège sont diverses et contradictoires. Pourtant, les attentes sont les mêmes pour tous : permettre à chaque enfant de se socialiser et d éviter l exclusion. Le collège participe à la mission éducative du système éducatif tout entier. Les relations entre le collège et les familles s inscrivent ainsi dans une histoire sociale dont la finalité est la lutte contre l échec scolaire et pour l insertion sociale de tous. Pour ce faire, les parents délèguent au collège, comme ils l ont déjà fait pour l école, une part importante de leur pouvoir, celui d éduquer (Gayet, 1999). Le collège leur doit des comptes en retour. Le collège s affranchit de cette obligation par le biais des réunions diverses et par la diffusion de documents variés, permettant aux parents de «rentrer dans le collège» et d en être partiellement partie prenante. Dans les résultats obtenus, on est loin des discours actuels sur la famille démissionnaire puisqu en grande majorité, les parents participent aux réunions et utilisent les moyens de communication mis à leur disposition. De la sorte, les parents semblent vouloir «transformer l espace scolaire en espace social»(de Singly, in Van Zanten, 2000, p.276). Signalons que très peu de disparités départementales apparaissent ; elles sont, en outre, peu significatives et sont le résultat d une différence de panel et non a priori d une réelle discordance. Il semble que nous ayons touché à des représentations et des pratiques communes, même si celles-ci semblent différentes de celles observées au niveau national. Une meilleure appréciation des relations parents/collège est à signaler dans la région champardennaise en comparaison de ce qui apparaît dans les enquêtes nationales. S adressant aux mêmes enfants, parents et enseignants pourraient être en situation de concurrence, au moins potentiellement. Or, ce n est pas ce qui apparaît dans l étude présentée puisque les parents considèrent, pour plus de 80 % d entre eux, 62

que la relation avec le collège est bonne, sinon très bonne et même excellente. Il n y a pas de problème particulier. Les parents semblent être considérés comme des partenaires dans la réussite scolaire ; ils sont invités à participer à la vie du collège, même si les moyens de communication employés restent encore très classiques et les relations avec les enseignants parfois difficiles. Lorsqu il y a des problèmes, cela tient généralement à l aspect administratif de certaines dispositions (mettre trois signatures pour la même raison) et à l aspect relations humaines (assez distantes), à la communication (minimale, manque, peu d écoute), au manque de sollicitation de la part du collège. Les parents semblent également réservés sur l intérêt de leur participation à des réunions sur les problèmes de société actuels, même s ils n en contestent pas l intérêt pour leurs enfants. De la sorte, il semble que les parents souhaitent disposer de plus d information sur la scolarité de leurs enfants. Ils sont bien dans le profil de «consommateur d école» défini dès 1982 par R. Ballion (Ballion, 1982) Parallèlement, la plupart des parents sont satisfaits (58,3 %) et même très satisfaits (18,4 %) de la scolarité de leur enfant. Deux univers se côtoient pour le bien de l enfant : l univers familial et l univers scolaire. Ces deux univers communiquent et se délèguent mutuellement le pouvoir pédagogique et le rôle éducatif.! Références bibliographiques Ballion R. (1982), Les consommateurs d école. Paris, Stock Ben Ayed C. (2000), L enseignement privé en France, in Van Zanten A., L école. L état des savoirs. Paris, La Découverte, pages 63-71. Bourdieu P. Passeron J-C. (1964), Les héritiers. Paris, Editions de Minuit. Charlot B. et Emin J.C. (1997), Violences à l'école, état des savoirs. Paris, Colin. De Singly F (2000), L école et la famille, in Van Zanten A., L école. L état des savoirs. Paris, La Découverte, pages 271-282. De Singly F. (1992), sous la dir., La famille. L état des savoirs. Paris, La Découverte. Develay M. en collaboration avec Meirieu Ph. (1998), Parents, comment aider votre enfant? Paris, ESF. Duru-Bellat M. et Henriot Van Zanten A. (1992), Sociologie de l école. Paris, Armand Colin. Gayet D. (1999), C est la faute aux parents. Les familles et l école. Paris, Syros, La Découverte. Haut Conseil de la Population et de la Famille (1992) : Du politique et du social dans l avenir de la famille. Actes du séminaire février 1990. Paris, la Documentation Française. Migeot-Alvarado J. (2000), La relation école-familles, «Peut mieux faire». Issy les Moulineaux, ESF. Oeuvrard F. (2000), La construction des inégalités de scolarisation de la maternelle au lycée, in Van Zanten A., L école. L état des savoirs. Paris, La Découverte, pages 311-321. Van Zanten A. sous la dir. (2000), L école. L état des savoirs. Paris, La Découverte. 63