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Transcription:

L éducation dans les pays de la Zone CEMAC est elle épargnée par la crise financière internationale? Patrick Marie Nga Ndjobo 1 Université de Yaoundé II, Cameroun Résumé Cet article effectue une analyse de l impact de la crise financière mondiale sur l éducation dans les pays de la Zone CEMAC (Communauté Economique et Monétaire des Etats de l Afrique Centrale). Le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad sont les six Etats qui constituent cette communauté économique et monétaire. Ils disposent d un Institut d émission unique : la BEAC (Banque des Etats de l Afrique Centrale) qui est au centre d un système bancaire qui a compté 39 banques au terme de l année 2007. Des banques qui «bénéficient» d une relative déconnexion vis-à-vis des marchés financiers mondiaux et d une forte régulation exercée par l autorité monétaire, depuis les restructurations bancaires des années 90. Cependant, la crise financière qui frappe l ensemble des économies du monde ne s est guère limitée à la sphère financière, mais s est étendue à la sphère réelle. De nombreuses dépenses programmées par des Etats ont ainsi été réduites, retardées et même supprimées. Les dépenses relatives à l éducation des individus ont, semble t-il, subies le même sort. Les pays de la Zone CEMAC, comme la plupart des pays du monde, ont redéfini leurs politiques budgétaires. Dans cet article, nous caractérisons l impact de la crise financière internationale sur l éducation des pays de la Zone CEMAC. Nous avons utilisé un modèle de panel à effets fixes, mettant en relation l éducation et le taux de croissance annuel du Produit Intérieur Brut (PIB) sur la période 2000 à 2010 (2000-2006 et 2007-2010). Les principaux résultats de nos estimations révèlent que dans ces pays, l effet d une diminution du taux de croissance annuel du PIB sur l éducation serait moindre pendant et après la crise financière internationale qu avant celleci. Toutefois, les dépenses éducatives des ménages de tous les pays de la Sous région pourraient suivre une tendance baissière. Mots clés : Crise financière mondiale, Zone CEMAC, Education, Modèle de panel à effets fixes. JEL Classification: G22; G24 1 Etudiant en Thèse de Doctorat, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, Université de Yaoundé II, B.P. 1365 Yaoundé Cameroun (email : patrickndjobo@yahoo.fr).

1. Introduction La crise actuelle serait «sans ambiguïté, la pire crise financière depuis la Grande Dépression» (Greenspan, 2008). Elle est le résultat du blocage du marché du crédit qui est apparue à la suite de la crise des prêts hypothécaires aux Etats-Unis (Krugman, 2008). Cette crise aurait pu rester un problème interne aux Etats-Unis si certains organismes financiers n avaient pas «titrisé» sous la forme de valeurs mobilières aisément négociables, ces prêts hypothécaires et n avaient pas commercialisé dans le monde entier les véhicules d investissement ainsi crées (MBO, ACBP, CDO, etc.). Le système financier international s est ainsi trouvé infecté et affecté. Il a fallu réagir promptement. Le Trésor américain a dû être contraint d élaborer un plan de sauvetage des banques. Des plans de soutien du système bancaire ont également été mis sur pieds par l Union européenne, la Grande Bretagne et le Japon, suivis d une action globale concertée et coordonnée au niveau des différents sommets du G20 dont le dernier en date s est tenu à Pittsburgh aux Etats-Unis. Des plans de relance qui seraient «suffisants» malgré des «limites financières», pour assurer la reprise économique mondiale qui «devrait se produire dans le courant de l année 2010» (Trichet, 2009). L Afrique est restée, quant à elle, quasiment absente de ce concert mondial de plans de relance. Est-ce parce qu elle en est incapable ou parce qu elle serait épargnée des affres de la crise? Rien n est moins sûr. Pour certains, les banques et les systèmes financiers africains sont relativement à l abri des effets néfastes de la crise, notamment grâce à leur déconnexion vis-à-vis des marchés financiers mondiaux et à la forte régulation exercée par l autorité monétaire, depuis les restructurations bancaires des années 90. A court terme, cette thèse pourrait être défendue. A moyen et long terme, il est fort probable que l Afrique soit durement frappée, d autant plus que la crise aurait des conséquences au-delà de la sphère financière. La Zone CEMAC dont les pays regroupent une population globale d environ 30 000 000 d habitants, est située dans une région stratégique pour la planète en termes d écosystème. De plus, ses économies dépendent fortement des exportations de matières premières et de produits pétroliers essentiellement libellés en dollar. Seulement, suivant une tendance baissière amorcée depuis l année 2002, la devise américaine a connu au printemps de l année 2008 un niveau record depuis les années 1970 en franchissant la barre symbolique de 1,60 dollar pour un euro. Bien que ce rapport se soit nettement apprécié pour coter en octobre 2008 à environ 1,34 euro pour un dollar, il est évident que la baisse du dollar est un phénomène structurel du fait de l importance du déficit courant des Etats-Unis. Les pays de la Zone ont ainsi assisté, impuissants, à la nette diminution de la valeur de leurs exportations et par conséquent, de leurs ressources et réserves financières. Aussi ont ils été contraints de réduire globalement leurs budgets nationaux. En Zone CEMAC, les Etats sont les principaux fournisseurs des ressources nécessaires à l éducation. Les dépenses éducatives des ménages sont également très importantes. Des plans nationaux d accès à l éducation pour tous ont été préparés dans la plupart des pays avec pour principaux objectifs de favoriser la réalisation d un taux de scolarisation de 100% et la parité fille-garçon. L éducation peut être définit, en termes généraux, en tant qu ensemble des méthodes de formation humaine, ou, de manière plus étroite, en tant que processus survenant dans des institutions spécialisées appelées «écoles» (Gillis, M., Perkins, D. H., Roemer, M., & Snodgrass, D. R., 2004). Elle est le facteur qui joue le plus grand rôle dans le processus d acquisition du capital humain, et constitue indiscutablement la forme essentielle d épanouissement des ressources humaines. L éducation est une activité qui comporte des coûts immédiats, mais des avantages futurs, pécuniaires et non pécuniaires. Elle peut être 1

mesurée par des indicateurs tels que le taux de scolarisation, d abandon et de survie scolaire, les dépenses publiques totales allouées à l éducation, etc. De plus, aussi bien la théorie économique que les résultats empiriques suggèrent que l éducation est un facteur essentiel de croissance économique. La crise financière internationale qui frappe l ensemble de l économie mondiale, provoquant ainsi un ralentissement sensible de sa croissance, aurait donc un impact sur l éducation des pays de la Zone CEMAC. Nous avons estimé pour caractériser l impact de la crise financière et économique internationale sur l éducation dans les pays de la Zone CEMAC, un modèle de panel à effets fixes, mettant en relation l éducation et le taux de croissance annuel du Produit Intérieur Brut (PIB) sur la période 2000 à 2010 (2000-2006 et 2007-2010). L éducation étant représentée par les dépenses publiques totales pour l éducation en pourcentage des dépenses gouvernementales totales. Le reste de l article est organisé comme suit. La section 2 présente le lien entre l éducation et l essor économique en Zone CEMAC. La section 3 présente les principaux mécanismes de transmission de la crise économique et financière internationale à l éducation dans les pays de la Zone CEMAC. La section 4 présente les données, la méthodologie utilisées pour caractériser l impact de la crise sur l éducation dans les pays de cette Sous région et les résultats obtenus à l issue des différentes estimations effectuées. La section 5 discute de ces résultats. La section 6 conclut l article. Enfin, les références bibliographiques et les annexes sont présentées. 2. Education et essor économique en Zone CEMAC La déclaration du Millénaire (ODM) adoptée par les Chefs d Etats et de Gouvernements de la Planète a défini huit (08) objectifs dont le suivi a été lancé par le Secrétaire Général des Nations Unies en Octobre 2002, lors de la campagne sur cette initiative. L objectif numéro 2 étant d ailleurs d «assurer une éducation primaire pour tous» d ici à 2015, à travers notamment l octroi à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d achever un cycle complet d études primaires. En outre, la réflexion sur les modalités d emploi de l éducation pour promouvoir le développement économique met un accent particulier sur la formation intermédiaire et supérieure des actifs impliquant qu une forte priorité doit être donnée à la formation secondaire et supérieure. Toutefois, les études faites pour attribuer l essor économique à l augmentation des facteurs de production laissent toujours dans l ombre un reliquat. Celui-ci s explique, dans une mesure importante, par une élévation qualitative des ressources humaines qui amène les travailleurs à une plus grande productivité. La qualité du travail peut s élever par la formation des enfants ou des adultes ; par l amélioration de la santé et de la nutrition des enfants et des adultes en activité ; par la migration des travailleurs vers des endroits où les possibilités d emploi sont meilleures ; par la diminution de la fécondité. Les études menées sous l égide de la Banque mondiale confirment l idée selon laquelle le développement des ressources humaines influe fortement sur l essor économique 2. Il est donc évident que l investissement dans les ressources humaines contribue à accélérer la croissance économique, en élevant la productivité du travail, en favorisant le renforcement de l investissement matériel et en réduisant le poids des personnes en charge dans la population. Ces contributions au 2 Rapport sur le Développement dans le monde 1980 et les documents de travail qui y sont cités. 2

développement apparaissent avec une particulière netteté en matière d éducation. En outre, d après les «nouvelles» théories néo-classiques, la croissance est liée au changement technologique, perçu comme un facteur endogène et séparé au sein du processus de production. Il en résulte que l'éducation favorise la croissance économique du fait de l'augmentation de productivité individuelle qui naît de l'acquisition de compétences et d'attitudes nouvelles, ainsi que de l'accumulation même de savoir. De plus, de nombreuses études empiriques 3 indiquent que les investissements dans l'éducation produisent d'importants bénéfices dans les pays à revenus faibles et moyens. La mesure de la rentabilité de l éducation trouve son essor avec le développement dès les années soixante de la théorie du capital humain, notamment par Schultz (1961), Becker (1964) et Mincer (1974). L hypothèse sur laquelle se fonde cette théorie stipule que les individus ou les gouvernements qui agissent en leur nom, dépensent de l argent en matière d éducation et de santé, et dans d autres services d intérêt général, avant tout pour élever leur productivité et leurs revenus. La finalité n étant pas le plaisir immédiat, mais des avantages futurs, pécuniaires et non pécuniaires. La rentabilité de l éducation apparaît ainsi, aux niveaux tant individuel que collectif. A l évidence les gens croient, dans le monde entier, aux effets bénéfiques de l éducation pour eux-mêmes, pour leurs enfants et pour leurs concitoyens. Les Etats Membres de la CEMAC ne sont pas en reste. En effet, en janvier 2004, les Ministres de l'education de la Zone se sont réunis en République du Cameroun dans le cadre d une Conférence organisée conjointement par le Ministère de l'education du Cameroun et l'unesco. Le thème «Education et Coopération sous-régionale» abordé par les pays participants d alors (le Cameroun, Congo, Gabon, République Centrafrique et Tchad) participait de leur volonté de renforcer leur coopération en vue d'atteindre les objectifs d'éducation tels qu'ils sont préconisés dans la déclaration du Millénaire et le cadre d'action de Dakar pour l'education pour Tous (EPT) qui sont des engagements internationaux auxquels souscrivent les pays d'afrique, notamment à travers la mise en œuvre de la Décennie de l'education en Afrique (DEA). Les principales conclusions de cette Conférence sont toutes allées dans le sens de fournir des efforts pour assurer à tous les citoyens de la CEMAC leur droit fondamental à l'éducation. Des conclusions qui ont été motivées par la situation peu avantageuse de l éducation des Etats de la CEMAC au cours des années précédant les dites assises. Depuis lors, des progrès ont été réalisés. Des plans nationaux d accès à l éducation pour tous ont été préparés dans la plupart des pays. Leurs principaux objectifs sont de favoriser la réalisation d un taux de scolarisation de 100% et la parité fille-garçon. Tous les pays ayant produit des rapports étaient optimistes sur les tendances et estimaient être en mesure d atteindre ces objectifs. Les Etats de la Zone CEMAC sont les principaux fournisseurs des ressources nécessaires à l éducation des enfants. Celles-ci représentaient en 2007 ; 1,3% du PIB (soit 12,0% en pourcentage des dépenses gouvernementales totales) de la République Centrafricaine ; 3,9% (soit 17,0% en pourcentage des dépenses gouvernementales totales) au Cameroun 4. Ces ressources sont en général destinées à la couverture des dépenses dans l enseignement primaire (UNESCO - ISU, 2009). 3 Psacharopoulos & Patrinos (2002) et, Diagne, A., Boccanfuso, D., & Gassama Barry, D. (2003), par exemple. 4 Voir Tableaux 5 et 6 en Annexes pour un récapitulatif des dépenses publiques allouées à l éducation dans la Zone CEMAC. 3

Tableau 1. Progression et achèvement dans le système scolaire dans la Zone CEMAC Année scolaire 2007 (sauf mention contraire) Nombre moyen d années d enseignement Taux de redoublants, primaire (%) Taux de survie jusqu en 5 e année (%) Taux brut d accès à la dernière année du primaire (%) Taux de transition du primaire au secondaire (%) Cameroun Congo Gabon Guinée Equatoriale (**, 2008) (**, 2003) (**, 1999) (**, 2000) 9,7 9,3 20 (**) 21 63 (**) 77 56 (**) 77 12,7 (**, 2003) République Centrafricaine 8,1 Tchad (**,2005) 6,0 34 24 (**) 27 (**) 22 (**, 2002) (**, 2001) (**,2005) 69 (**, 2003) 48 (**) 63 Source : UNESCO ISU 2009, (**) estimation ISU, ( ) données non disponibles. 33 59 38 70 52 (**) 33 (**) 31 (**, 2005) (**,2006) Ainsi, conformément à la volonté de leurs concitoyens et aussi parce qu ils en attendent la stimulation du développement, les gouvernements des pays de la Zone CEMAC en particulier, consacrent une part substantielle de leurs ressources à la création et au fonctionnement de systèmes éducatifs. Toutefois, un choc interne ou externe affectant leurs économies peut entraîner, tant de leur part que de leurs populations, une perte de perspectives à long terme. Leurs dépenses sur des biens à rendements futurs s en trouveraient ainsi réduites. En conséquence, l'éducation se retrouverait affaiblie. 47 64 3. Mécanismes de transmission de la crise économique et financière internationale à l éducation des pays de la Zone CEMAC La crise économique et financière actuelle est mondiale et structurelle. Pour les économies les plus vigoureuses, une sortie de crise n est envisagée qu à partir du début du deuxième trimestre de l année 2010 (Trichet, 2009). A l instar des autres pays africains, les économies de la Zone CEMAC ont subi (bien qu avec un léger retard) et continuent d en subir les lourds effets. La déconnexion des systèmes bancaires et financiers africains vis-à-vis des marchés financiers mondiaux et la forte régulation qu y exercent les autorités monétaires, depuis les restructurations bancaires des années 1990, ont mis, dans un premier temps, ceux-ci à l abri des lourds effets directs que connaissent aujourd hui les banques, compagnies d assurance internationales et autres places financières dans le monde. Toutefois, les économies de la Zone CEMAC ne sont pas épargnées. Des effets de la crise sont d ailleurs déjà ressentis par ces économies et le seront certainement encore sur le long terme. De façon spécifique, l éducation dans les pays de la Zone CEMAC subirait des effets indirects de la crise. Ainsi, des deux types d effets pouvant être relevés, à savoir les effets affectant la sphère financière et ceux affectant la sphère réelle, seuls ces derniers influenceraient négativement les dépenses publiques à allouer à l éducation dans la Sous région. En effet, tandis qu au niveau de la sphère financière, va certainement être accentuée dans la Zone, la situation de crédit cher caractérisée par un paradoxe entre la présence d une abondante liquidité bancaire, d une part, et l absence de financement des économies, ainsi que 4

le coût excessif du crédit, d autre part ; au niveau de la sphère réelle, la crise aurait des effets indirects qui seront et sont d ailleurs déjà perceptibles à trois principaux niveaux : d abord sur l évolution des cours des matières premières. Constituée, pour l essentiel, de pays producteurs de pétrole (cinq pays pétroliers sur six), la Zone CEMAC est fortement tributaire de ses exportations de matières premières (pétrole, acier, aluminium, fer, bauxite, cuivre, etc.). La crise a provoqué un retournement de tendance observable sur les différents marchés de ces matières premières. Ensuite, la réduction substantielle de l aide extérieure en direction des pays de la CEMAC. En général, l aide est procyclique par rapport aux revenus des pays donateurs. Seulement, les principaux pays donateurs de la Zone sont ceux là même qui paient le plus grand tribut à la crise. Il est donc normal que leurs ressources soient principalement orientées à la sortie de crise de leurs propres économies, bien que l effet d une potentielle baisse de l aide extérieure ne doive pas être surestimé, dans la mesure où celle-ci ne serait que la suite logique de la tendance structurellement baissière de l aide des pays riches vers les pays pauvres. Enfin, les entrées de capitaux étrangers dans la Sous région vont probablement être affectées, et ce, à travers deux principaux facteurs. Le premier concerne la contraction des investissements directs étrangers en direction de la Sous région, du fait soit de la raréfaction des capitaux sur les marchés, soit des besoins en capital qu induiront les différentes politiques de relance. Le second est relatif à la probable révision des plans d expansion d usines ou de développement d investissement dans de nombreux secteurs. L existence de ces différents canaux de transmission des effets négatifs de la crise aurait ainsi un impact négatif sur les ressources des pays de la Sous région et particulièrement sur celles à attribuer à leurs secteurs éducatifs respectifs, d autant plus que la crise provoquerait un ralentissement économique qui serait accentué par la contraction des ressources budgétaires notamment d origine pétrolière et la crise dans les secteurs d activité tournés vers l exportation. Ainsi, le solde budgétaire, base engagements, hors dons (voir Tableau ci dessous), ressortirait déficitaire pour la première fois depuis une décennie, à 2,1% du PIB, contre +10,2% en 2008, résultant d une contraction de près de 7 points du PIB, des recettes budgétaires (24,5% du PIB en 2009 contre 31,7% du PIB en 2008) accentuée par une progression des dépenses publiques (de 21,5% du PIB à 26,6% du PIB en 2009). Le Congo serait le seul pays de la Sous région à enregistrer un excédent budgétaire, bien qu en fort recul, au terme de cet exercice budgétaire (BEAC, 2009). Tableau 2. Evolution du solde budgétaire, base engagements (hors dons) (en pourcentage du PIB) Années Pays 2004 2005 2006 2007 2008 Estim. 2009 Prév. Cameroun 2,1 4,6 5,1 4,6 4,1 1,7 République Centrafricaine 5,6 8,6 4,5 3,0 2,8 4,1 Congo 4,4 16,8 17,4 8,9 19,6 4,0 Gabon 7,5 9,2 9,0 8,5 10,0 0,5 Guinée Equatoriale 11,4 20,9 25,7 20,9 19,4 1,2 Tchad 10,7 4,7 0,6 1,4 3,2 14,4 CEMAC 3,2 8,2 10,2 8,2 10,2 2,1 Source : BEAC, Administrations Nationales 5

Dans l ensemble, on noterait en 2009, une baisse de 42,3% des recettes budgétaires qui reviendraient de 10 754,5 milliards en 2008 à 6 205,7 milliards en 2009, notamment une réduction de plus de la moitié des ressources budgétaires d origine pétrolière (-60,8% à 3 075,1 milliards) imputable à la baisse marquée des prix du baril de pétrole brut sur les marchés internationaux. Quant aux dépenses budgétaires, on noterait une baisse de 7,3%, à 6 751 milliards, sous l impact essentiellement d une forte réduction des dépenses d investissement des Etats. Les dépenses courantes replieraient, pour leur part, de 7,2% à 3 951,1 milliards sous l effet notamment d une baisse des dépenses de biens et services (-8,6% à 1 167,6 milliards) imputable à l amélioration de la programmation des dépenses publiques et aux actions qui seraient mises en œuvre pour lutter contre la surfacturation, développer la mise en place d une mercuriale et favoriser la création d une Centrale d achats. Le recul des dépenses de transferts et subventions (-15,9% à 1 176, 7 milliards), traduirait les efforts engagés dans la plupart des pays pour limiter le niveau des subventions implicites aux prix des carburants et aux entreprises publiques (BEAC, 2009). La crise causerait ainsi de grands préjudices aux économies de la Zone CEMAC. Préjudices qui se traduiraient aujourd hui par le recul observé des performances macroéconomiques des pays de cette Sous région, et notamment dans le secteur de l éducation dont les principaux indicateurs resteraient encore en deçà des espérances. Nous évaluons dans la suite, la relation entre l éducation et le taux de croissance du PIB pour les différents pays de la Zone CEMAC et pour la période allant de 2000 à 2010, dans le but de caractériser l impact de la crise sur l éducation des pays de cette Sous région. 4. Données, Méthodologie et Résultats Les données utilisées relatives à l éducation sont celles de l Institut de Statistique de l Unesco (ISU). Ces données publiées en 2009 fournissent des informations générales sur les pays (population totale, taux de mortalité infantile, espérance de vie à la naissance, etc.) et spécifiques sur la participation dans l enseignement (pourcentage d enfants scolarisés représentés par les taux bruts et nets de scolarisation à tous les niveaux d éducation), sur la progression et sur l achèvement dans le système scolaire (nombre moyen d années d enseignement, taux de survie jusqu en 5 e année, etc.), sur le taux d alphabétisme et sur les ressources pour l éducation (dépenses publiques totales pour l éducation en pourcentage du PIB, en pourcentage du PNB et en pourcentage des dépenses gouvernementales totales). Les dépenses publiques totales pour l éducation en pourcentage des dépenses gouvernementales totales sont celles que nous avons utilisé pour caractériser l impact de la crise sur l éducation des pays de la Zone CEMAC 5. Le tableau 6 (en annexe) présente ainsi les données des années 2000 à 2010 disponibles et générées 6 de l indicateur de l éducation tel que nous l avons défini. De plus, pour capter l impact de la crise, nous avons jugé utile de recourir, pour nos estimations, aux taux de croissance du PIB des différents pays de la Zone CEMAC 7 dont les données y relatives sont issues du World Development Indicators database 5 Le choix de cet indicateur de l éducation est caractérisé par le fait qu il permet de mesurer, plus que les autres, les efforts consentis par les Gouvernements dans le secteur de l éducation. De plus, dans le cadre de cet article, il nous permet, de manière plus adéquate, de capter l impact de la crise sur les ressources générales des pays de la Zone CEMAC de par celles allouées à l éducation. 6 Voir procédure de détermination en Annexe (Tableaux 3 à 6). 7 A la suite de Friedman, J. & Schady, N. (2009). 6

(Banque Mondiale, Avril 2009) et des bases de données du Département Afrique (FMI, Octobre 2009) et des Perspectives de l économie mondiale (FMI, Octobre 2009) 8. Ces bases de données fournissent, en plus des précédents indicateurs, des informations globales et spécifiques sur les différents pays affiliés à ces Institutions. Aussi avons-nous des informations à la fois sur la situation de la population, de l environnement, de l économie, de l état des marchés, etc. d un grand nombre de pays. Ainsi, les estimateurs de la relation entre l éducation et le PIB pour la Zone CEMAC ont nécessité que nous utilisions l approche de base prenant en compte les données issues des différentes bases précédemment citées et nous avons supposé que les effets temporels sont inexistants. La forme du modèle est la suivante 9 : Educpt = α p + β log PIBpt +ε pt (1) où Educ pt est un indicateur de l éducation qui représente les dépenses publiques totales pour l éducation en pourcentage des dépenses gouvernementales totales pour les pays de la Sous région et pour la période considérée ; α p est un panier d effets fixes 10 des pays de la Zone CEMAC ; log PIBpt est le logarithme naturel du taux de croissance annuel du PIB ; et ε pt est le terme d erreur de la régression. Dans les pays de la Sous région, le financement de l économie (et par conséquent de l éducation) étant propre à chaque Etat ; et les priorités des Etats dépendant de la discrétion de chaque gouvernement, une potentielle hétéroscédasticité est détectable dans notre modèle. Nous corrigeons cette hétéroscédasticité potentielle des perturbations par la méthode de White 11. Le modèle ci-dessus a été estimé compte tenu de deux sous périodes. Une première estimation a consisté à estimé ce modèle pour la période 2000 2006, dans le but d évaluer la relation entre l éducation et le PIB avant le déclenchement de la crise financière internationale ; et une seconde estimation relative à la période couverte par la crise (2007 2010) 12. L analyse comparée des estimateurs de cette relation pour les deux sous périodes nous a permis de caractériser l impact de la crise sur l éducation des pays de la Sous région CEMAC. Les principaux résultats issus de nos estimations sont reportés dans le tableau 8 (en annexe). Ils révèlent que la relation entre l éducation et le taux de croissance du PIB est significative dans la Sous région CEMAC, quelle que soit la période considérée. Spécifiquement, ses estimateurs permettent de conclure qu une réduction de un pour cent du taux de croissance annuel du PIB est associée à une diminution de 0,77 pour cent des dépenses publiques totales pour l éducation en pourcentage des dépenses gouvernementales totales pour la période 2000 2006. Par contre, pour la période 2007 2010, une réduction de un pour cent du taux de croissance annuel du PIB est associée à une diminution de 0,41 pour cent des dépenses publiques totales pour l éducation en pourcentage des dépenses gouvernementales totales. L effet d une diminution du taux de croissance annuel du PIB sur 8 Voir Tableau 7 en Annexe. 9 A la suite de Friedman, J. & Schady, N. (2009). 10 Nous effectuons un test de Hausman dont la probabilité (Prob>chi2 = 0.0461) est inférieure à 10% ce qui nous permet de conclure ici que le modèle à effets fixes est préférable au modèle à effets aléatoires (voir Tableau 9 en annexe). 11 Voir tableau 10 en annexe 12 Le déclenchement de la crise du segment «subprime» du crédit immobilier aux Etats-Unis est intervenu à partir du second semestre de l année 2007. 7

l éducation serait donc moindre pendant et après la crise financière internationale qu avant celle-ci, dans les pays de la Zone CEMAC. En outre, la valeur moyenne des dépenses publiques totales pour l éducation en pourcentage des dépenses gouvernementales totales dans la Sous région est de α p = 10,91 pendant la période 2000-2006 et de α p = 12,19 pendant la période 2007-2010 13. Ce qui confirme les résultats préalablement obtenus, démontrant que malgré la crise financière, les gouvernements des pays de la Zone CEMAC consacrent une part plus importante de leur budget au financement de l éducation pendant et après la crise qu avant celle-ci. De plus, il convient d observer que la valeur moyenne pondérée des dépenses publiques totales pour l éducation en pourcentage des dépenses gouvernementales totales sur toute la période (2000-2010) 14 est inférieure aux valeurs moyennes respectives des deux sous périodes (2000-2006 et 2007-2010). Cette situation traduirait le fait que les pays de cette Sous région auraient pris la mesure de la crise et de la place prépondérante à accorder à l éducation. Cela pourrait se justifier par le type de politiques économiques (budgétaires, en particulier) mises en œuvre dans ces pays pour faire face à la crise financière. 5. Discussion L importance de l éducation et l ampleur des sommes dépensées pour l acquérir peuvent être expliquées par trois principales raisons : en premier lieu, la demande populaire d éducation et, en particulier, de scolarisation est énorme dans pratiquement tous les pays, tant en développement que développés. En second lieu, la corrélation étroite entre la formation et les revenus, aux niveaux tant individuel que collectif. La troisième raison étant que l éducation constitue un poste majeur dans les budgets des foyers et des pays. Les pays de la Zone CEMAC consacrent habituellement une part substantielle de leurs ressources à la création et au fonctionnement de systèmes éducatifs. Cependant, leur forte dépendance au comportement de l activité pétrolière entraînerait à la suite de la crise économique et financière mondiale, une forte contraction de leurs ressources budgétaires qui subiraient une baisse de 42,3% par rapport à l année 2008. Cette réduction conséquente des recettes aurait des effets négatifs sur les budgets nationaux, effets qui seraient néanmoins de moindre importance sur les budgets relatifs à l éducation. En temps de crise en général, les gouvernements et les ménages perdent leurs perspectives à long terme et s'efforcent de réduire leurs dépenses en produits qui n ont pas de rendements immédiats. S agissant de l éducation, l immédiateté concerne uniquement les coûts, les avantages étant, en général, futurs. En conséquence, l éducation se retrouve affaiblie. Toutefois, en Zone CEMAC, la situation varie selon les contextes nationaux. En effet, seule la Guinée Equatoriale baisserait ses dépenses en capital du secteur public (de 36,8%) 15. Dans les autres pays par contre, ces dépenses s accroîtraient. Si en Guinée Equatoriale, des craintes pourraient exister quant à une réduction, un report ou une suppression éventuels de programmes de construction ou d extension d infrastructures 13 Voir Tableau 8 en annexe 14 Voir Tableau 6 en annexe 15 Conjoncture Economique et Financière des Etats Membres de la CEMAC en 2008 et Perspectives pour l année 2009 (BEAC, 2009). 8