A tribute Celia to russo



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Transcription:

to A tribute Celia RUSSO

Des paroles qui nous sont destinées à nous tous, à tous ceux qui sont engagés dans des études et des carrières qui influent sur l avenir de notre société. «Nous ne souhaitons pas être une business school comme les autres. Le cursus a été pensé pour que les participants réfléchissent à ce qu ils sont et à ce qu ils veulent faire. En faisant des choix de modules ils décident. Nous ne désirons pas former des gens obéissants. Mais cette exigence réclame une grande écoute, un respect, une réflexion en même temps qu une logistique particulière.» «Nous défendons une conception internationale mais, en plus, nous prônons un respect des différences et l apprentissage du travail commun. Nous souhaitons que nos étudiants soient dynamiques et compétitifs, mais qu ils sachent aussi développer leur sens des responsabilités.» «Le MIB ne se veut pas seulement comme une formation qui accélère la formation et assure des gains de salaire à la sortie. Notre MBA doit apporter un peu de sens dans une carrière.» 3

Letter from the President This is not just another MBA. The M.I.B. (Master in International Business) has been designed especially for those who seek an intellectual challenge within a stimulating international environment. Participants become partners in the M.I.B. They design their own curriculum based on their background and aspirations. They negotiate this curriculum with the faculty. They are involved in their own development and that of the M.I.B. Past students consider they have learned a great deal intellectually and have been enriched by the overall experience. Cooperating with people from different backgrounds, nationalities and values to solve problems, deal with cases studies etc., is part of the learning experience. If you are an intelligent, entrepreneurial, self- determined, positively ambitious person, you will find a place with us. Celia Russo President MIB 4

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Celia Russo 1944-1999 Pédagogue, professeur d établissement d enseignement supérieur, entrepreneure, Celia Russo a joué un rôle décisif dans l évolution de l École nationale des ponts et chaussées vers le XXIe siècle, comme chef du département de la formation internationale (1981-1984), comme professeur de management international (après 1986), comme président fondateur (1988) et doyen du MBA des Ponts. 6 Dans sa carrière, elle fut une inlassable créatrice, mobilisatrice et réalisatrice d idées, animée d un profond humanisme.

Elle fut aussi profondément internationale par son éducation et sa vie professionnelle mère française, père diplomate argentin née en Angleterre, travail et études en Grande-Bretagne, Argentine, Etats-Unis, France : 1967-1973 elle dirige, redresse et restructure l École Saint- Charles à Buenos Aires. 1974 malgré une situation professionnelle très intéressante aux Etats-Unis, elle décide de venir vivre en France et elle fonde et dirige jusqu en 1981 le département international de l École supérieure d ingénieurs en électronique et électrotechnique (ESIEE), soutient à la Sorbonne un doctorat en sciences de l éducation et obtient le diplôme de l Institut supérieur des affaires (HEC). Professeur associée de commerce international au Conservatoire national des arts et métiers (1987-1997), elle publie de nombreux articles et développe des activités de conseil. Après 1982 elle assure des responsabilités croissantes à la Conférence des grandes écoles pour les relations internationales. De 1986 à 1993, elle est déléguée générale de l Association franco-israélienne pour la recherche scientifique et technologique. A partir de 1981 elle se distingue par la création et la direction de sociétés et d associations et conseil en entités éducatives : France, Argentine, USA et surtout, MIB Développement, structure gérant le MBA des Ponts. 1994 elle devient présidente de l Institut supérieur de gestion Asie-Pacifique (ISUGA), qu elle contribue à créer en 1990 par une association entre le MBA des Ponts, la chambre de commerce et d industrie de Quimper et l Institut de gestion de l université Rennes 1, qui offre un programme d études original alliant les langues, les cultures et les affaires internationales. Elle fut créateur-associée du mouvement «In Business to Make a Better World» aux Etats-Unis et membre du club de Budapest, fondé en 1993 afin de favoriser l émergence d une conscience globale, reliant les générations et les cultures, et stimulant les communautés éducatives dans le monde entier. In Business to Make a Better World Une vie marquée par une dynamique d évolution forte et riche, par la recherche de la synergie des potentiels existants et la ténacité pour la résolution de problèmes : par sa compassion, son engagement et son intelligence de cœur, elle a toujours donné sa chance à chacun. En mémoire de sa fondatrice et afin de poursuivre son œuvre, le MBA des Ponts a créé en 2006 une nouvelle bourse d étude destinée à attirer de brillants candidats venant de tous les pays. 7

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Jacques Tanzi Directeur de l ENPC (1979-1983) Souvenir d un grand dynamisme, d une passion pour son métier. Souvenirs de Celia, Une forte personnalité, rayonnante, qui a participé de manière très active à la création du MBA. Je tiens à saluer son travail. 9

Jacques Lagardère Directeur de l ENPC (1989-1998) Je me souviens de ma première rencontre avec Celia en décembre 1989, quelques jours avant ma prise de fonction comme directeur de l ENPC. Sachant que j étais de passage à Paris pour prendre contact avec Louis-Michel Sanche, mon futur adjoint, Celia m avait invité à participer à une réunion du Comité de parrainage de ce que l on appelait à l époque le MIB (Master in International Business). La séance s est déroulée autour d un dîner au Train Bleu, présidé par Jean Costet, alors directeur général de la SNCF. Impressionné par le nombre et la qualité de participants, aussi décorés que le cadre, j ai admiré l autorité et le rayonnement de Celia, frêle silhouette au milieu de notables à forte majorité masculine, séduits et attentifs. Autorité, rayonnement, fragilité et séduction, telles furent mes premières impressions, qui devaient se confirmer par la suite. Je me souviens d un voyage au japon en juillet 1989 d une délégation du MIB présidée par Jean Costet ; l objectif était de favoriser le recrutement d élèves japonais tout en rendant hommage au président du Comité de parrainage japonais, Shin-Ichi Nishio, dirigeant de l une des plus importantes compagnies d assurance nippone, venu à Paris quelques mois auparavant. Je me souviens Pour clore notre voyage, notre hôte avait or- 10 ganisé un dîner avec un spectacle de geisha de haut niveau intellectuel et artistique. A l issue d un repas bien arrosé en saké, Nishio avait tenu à montrer sa forme physique et intellectuelle (il devait avoir plus de 80 ans) en disant et en mimant des poèmes classiques japonais aussi surprenant qu incompréhensibles pour des européens débarquant dans le pays. Plusieurs membres de la délégation française avaient tenu à relever le gant et à montrer leurs talents de société. Je me souviens de Celia entonnant, d une voix quelque peu voilée mais profondément émouvante, l Ave Maria de Schubert, souvenir de ses années de collège en Angleterre. Je me souviens de la première remise des diplômes en janvier 1990 dans l amphi Caquot de l École, rue des Saints-Pères. La préparation de la cérémonie a été l occasion d un «bras de fer» entre Celia et moi-même, non sur le principe, que je trouvais excellent et que j ai d ailleurs étendu ultérieurement à la formation d ingénieurs, mais sur la forme. Celia tenait absolument à ce que les étudiants comme les professeurs portent la tenue en vigueur dans les pays anglo-saxons, la toge et la coiffe, telles qu elles les avaient connues pendant sa jeunesse. Au delà de l anecdote, le conflit était culturel, donc redoutable. Pour un directeur d école d ingénieur française où tout l enseignement valorise le fond au détriment de la forme, comment accepter l introduction d une tradition anglo-saxonne remontant au 15ème siècle, avec le risque de l incompréhension voire de la risée et surtout le danger de voir marginalisée une formation déjà critiquée par certains «traditionnalistes». Mais comment ne pas comprendre Celia qui, au-delà de ses souvenirs de jeunesse, avait la responsabilité d élèves de culture à majorité anglo-saxonne et dont les familles attendaient souvent avec impatience et suivraient avec ferveur une cérémonie haute en couleurs, où la tenue renforçait la force d une tradition et le sentiment d appartenance à une communauté? Je n ai pas cédé et Celia a trouvé une formule acceptée à l unanimité par les élèves : chacun porterait la même grosse fleur (une branche de mimosa, si ma mémoire ne me trompe pas) ce qui assurait à la fois la qualité de la décoration et le sentiment d appartenance. Je me souviens d une autre divergence, moins vive, mais portant sur un sujet majeur : l évolution du statut du MIB. Depuis sa création, cette formation était gérée sous le seul statut possible, alliant l efficacité et la souplesse, une association loi 1901. Statut

présentant aussi des inconvénients notables en matière de gestion comptable et de responsabilité financière des dirigeants. Lors d un contrôle en 1989, la Cour des comptes avait demandé que l École, jusque-là simple service du ministère de l Equipement, soit transformée en Etablissement public et que les différentes formations annexes, gérées en association loi 1901, soit ou bien intégrées ou bien transformées en filiales. C est cette dernière formule que j ai proposée à Celia, à la suite de la transformation de l École en Etablissement public le 1er janvier 1994. Le MIB pourrait devenir une société anonyme de droit commun, filiale de l établissement public. Je n ai pas compris les craintes de Celia dont les pouvoirs ne seraient en rien diminués dans la nouvelle structure et qui pourrait désormais développer sa formation dans un cadre juridique et financier clair et solide. Sans montrer une opposition déterminée, elle a suscité de multiples interventions auprès de moi de la part de hautes personnalités proches de l École. Lui ayant confirmé ma décision, j ai pu constater qu elle l appliquait avec détermination. Depuis lors, ce statut a fait à maintes reprises la preuve de son efficacité. Je me souviens de la création du «Triangle d or» : Celia et moi cherchions comment honorer certains de nos partenaires prestigieux avec lesquels nous avions pu développer des liens privilégiés, comme des responsables d établissements universitaires ou des industriels parrains du MIB. C est de nos discussions sur le sujet qu est née l idée de la décoration du Triangle d or, distinction réservée à des étrangers qui ont particulièrement contribué au rayonnement international de l École. Symbolisé par un petit triangle en or véritable (au moins pour les premiers exemplaires), reprenant le logo de l École des Ponts, cette distinction a reçu un accueil très favorable de la part de nos interlocuteurs étrangers, notamment de son premier bénéficiaire, le dirigeant japonais Shin-Ichi Nishio. Du coup, j ai décidé de l attribuer à des partenaires autres que ceux du MIB. A ma connaissance, le Triangle d or continue d être attribué actuellement. Je me souviens de nos rencontres régulières dans mon bureau, comme je le faisais avec mes principaux collaborateurs, pour évoquer leurs projets, la politique de l institution, les problèmes de personnel, de locaux, etc... Elle déployait pour me convaincre la riche panoplie de ses armes : le charme, le sourire, la fragilité apparente, la gravité, les trémolos dans la voix, les larmes parfois ; et il ne m était pas toujours facile de résister, et d opposer une apparente insensibilité à ses démonstrations. Elle avait l intelligence de ne pas insister outre-mesure. Elle évoquait parfois sa vie personnelle, ses inquiétudes vis-à vis du logement et de la santé de ses parents, ses problèmes de dos qu elle traitait avec des médicaments à base de plantes. Un jour où je lui avais indiqué que moi-même j avais des problèmes de ce type, elle m a fait cadeau d une boîte de gélules dont malheureusement j ai pu vérifier l inefficacité. Je me souviens des petits papiers pliés en 4 qu elle me faisait remettre entre deux entretiens pour me faire part d une information ou demander un avis. Ils étaient toujours rédigés en anglais, à ma grande surprise car elle parlait remarquablement le français qui était évidemment la langue de nos échanges verbaux mais elle n a jamais voulu m en donner la raison. Je n ai compris que lorsque j ai eu sous les yeux, les premiers jours de janvier 1999, son message ultime écrit en français sur un bout de papier et adressé à Pierre Delaporte : il était truffé de fautes d orthographe. Sa fierté naturelle lui avait interdit de me révéler ce qui pour elle était une faiblesse inavouable. Je me souviens de Celia. 11

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Pierre Delaporte Président d Honneur d Electricité de France Président du Comité de Parrainage MIB (2004 2007) A une femme du monde, dans le sens planétaire du terme, une femme de paix qui déplore le vocabulaire guerrier de l ultra libéralisme L histoire de notre MIB - Master in International Business - se confond avec la vie de sa fondatrice, notre vénérée Celia Russo, qui a été aussi, à l époque héroïque de ses débuts, une bienveillante et une «bien vaillante». La fin de l année 1981 est bien grise au Quartier Latin et les tâches du Conseil d Administration de l ENPC (École Nationale des Ponts et Chaussées) se révèlent complexes. L ouverture de l École à l international étant insuffisante, le Conseil décide de créer un département de formation internationale pour lequel on cherche un Patron. Le 24 décembre 1981, très joyeux Noël, le miracle se produit et Celia est intronisée. Pourquoi miracle? Tout simplement parce qu elle présentait à peu près tous les défauts dont un seul aurait dû la faire recaler. En peu de mots, elle était femme, chétive, universitaire et même pas vraiment Française Femme, tout à fait femme, du bout des cils à la pointe des cheveux qui lui descendaient jusqu aux reins. Séduisante, bien sûr, mais séductrice, jamais. Le cercle des ses admirateurs était, pour nous, dans sa variété et son étendue un objet d étonnement et de perplexité. Vénérables universitaires japonais, princes du sang espagnols, hommes et femmes de communication américains ou européens, elle attirait toutes ses conquêtes comme la lampe rassemble les insectes nocturnes en les éblouissant. Chétive, certes, avec ses 42 kilos toute mouillée, ce qui nous avait poussés à suggérer au gouvernement français de lui offrir, plutôt que l Ordre du Mérite National, une statue en bronze Ce corps fragile recelait pourtant une âme inflexible et une volonté d acier que rien, absolument rien, ne détournait de ses objectifs. Universitaire, ayant accumulé les parchemins d une façon atypique et presque incroyable. Après une enfance franco-britannique (son père, diplomate argentin, exigeait qu on parle français à la maison et anglais à l école), son adolescence se déroula à Buenos Aires où de redoutables sœurs irlandaises firent d elle à 16 ans et à marches forcées une bachelière bilingue. En délicatesse avec son milieu familial, elle comprend que la liberté est au bout du diplôme plus qu au bout du fusil et elle devient donc institutrice dans une école bilingue tout en prenant ses grades universitaires chez les jésuites où elle caracole de diplôme en diplôme en tête de toutes les promotions. A 19 ans elle est enseignante; on lui confie dans le secondaire de grandes classes ou des gros bébés de 16 /17 ans présentent des mensurations qui sont à peu près le double des siennes. Les pumas ont trouvé leur dompteur et, à condition de rester debout sur l estrade, elle les hypnotise A 23 ans, on lui confie la direction d une école en difficulté qui groupe 750 élèves de bonnes familles en même temps que, toujours ubiquiste, elle enseigne à l Université. En deux ans la situation de cette école est redressée moralement et matériellement. Ceci, comme il est normal dans un milieu d enseignants, lui vaut la hargne de ses collaborateurs car elle leur impose une discipline de fer ; pas de sieste pendant les cours et pas de pisco en dehors du repas du soir. La révolte est vite maîtrisée et quand elle partira, elle le fera dans un torrent de larmes et sous une marée de cadeaux. Car elle part, alors qu à Buenos Aires sa carrière est toute tracée et la réussite acquise. C est la première des grandes ruptures de sa vie qui auront toutes la même explication : la quête d autre chose, d un ailleurs ailleurs qui rimera toujours avec meilleurs comme le dit ce quatrain qui lui a été dédié par un admirateur anonyme : «Demain, demain tes nuits, tes jours seront meilleurs ; Te permettant de boire au calice vermeil ; Que te cachait le feu d un impudent soleil ; Et le courbe horizon qui vole nos ailleurs». A 28 ans elle fait le grand pas en décrochant une bourse Fullbright pour l Université 13

d Oregon en vue d étudier la psychologie de l apprentissage. De cette vie d études et de découvertes, elle en retiendra beaucoup de choses : l activité participative des étudiants, les programmes à la carte, l épanouissement du corps dans le sport et les randonnées. En 9 mois elle ne réussit pas un master mais deux et à chaque fois «summa cum laude». Une nouvelle vie devient possible, agréable et facile comme universitaire nord-américaine. Justement ce qu elle ne souhaite pas et, à nouveau, elle rompt avec un avenir trop prévisible. En mai 1973, elle joue les Rastignac en débarquant à Paris, sans argent, sans appuis, sans amis et cherche fébrilement du travail dans un français qui est devenu approximatif. Après un temps de gêne et de solitude, le vent tourne et elle décroche le poste de Chef du Département des Relations Internationales à la Chambre de Commerce. Elle y bâtit un programme de formation sur cinq ans qui est déjà un petit chef-d œuvre pédagogique et qui préfigure ce qu elle portera au sommet avec le MIB. Noël 1981, elle prend en main l international à l École des Ponts tout en suivant des cours à HEC, en créant une entreprise de co-développement entre la France et Israël et en opérant comme chercheur-visiteur à Stamford, MIT et Berkeley. Fin 1987 - début 1988, une nouvelle aventure va commencer ; un pari fou : monter sans aucun moyen le MBA de l École des Ponts, notre très cher MIB. L École promet un appui logistique mais n a pas un centime. Tout pousse alors à différer l opération, réétudier le problème, réfléchir. Celia s y refuse 14 et la première promotion de 20 étudiants démarre en septembre 1988. Le salut financier résultera de deux facteurs. Le premier est le soutien indéfectible de nos Amis Japonais qui ont porté l opération pendant 5 ans et auxquels il faut rendre hommage ; Arigato à eux et tout spécialement à mon ami le Président G. Hiraïwa qui nous a aidés sans relâche. Puis la mise en œuvre d un prestigieux Comité de Parrainage et l enthousiasme des premiers étudiants qui ont eu un comportement de pionniers en créant le tout jeune Club des Anciens. L enchaînement extraordinaire des victoires successives est dû à la passion constructive de notre fondatrice. 1989 Deuxième promotion parisienne de 40 étudiants, puis stabilisation à une cinquantaine. 1989-1990 Création d une formation sœur à l Université Belgrano de Buenos Aires. 1990 Mise en place d un clone du MIB à l Université de Bristol avec notre Amie Cathy Cunningham. 1993 Lancement du MBA à l Université d Etat de Mendoza 1996-1997 Université de Cochin où la première promotion a groupé 120 élèves 1998 Trois projets majeurs à Delhi, Tokyo, et Shanghai, pour fêter le 10 ème anniversaire du MIB. En janvier 1999, avec la disparition tragique de Celia, vaincue par la maladie, nous avions perdu notre animatrice si aimée et si admirée et nous nous sentions brutalement orphelins. Au-delà de la production de têtes bien pleines, notre volonté constante, poursuivant l œuvre de Celia, est de refuser les modes et les recettes surtout quand elles choquent le sens de l éthique. Les managers qui se glorifient d être surnommés l Ours ou le Boucher nous font horreur et nous insistons pour que nos étudiants acquièrent le sens du long terme, de la collectivité de travail et de l appartenance à des entreprises citoyennes à tous les niveaux de participation. Celia, ce prestige, cette fascination que tu exerçais, peut-être même sans t en rendre compte, provenaient à l évidence du feu intérieur qui t habitait sans te pousser, grâce au ciel, vers l austérité intransigeante d un Savonarole mais au contraire vers l humanisme épanoui d une Françoise d Assise. Tu adorais, en effet, travailler dans la joie, dans un grand épanouissement d amitié et dans le plaisir de la belle ouvrage, de l œuvre collective aussi parfaite que possible.

The associates 15

Edmond A.Lisle Vice-President of MIB (1988-1996) Celia s Chutzpah Celia had vision. She had the imagination to transform that vision into a clearly defined goal. She had the intelligence to define the business plan required to achieve that goal. She had the communication skills, the charm and the Chutzpah to convince potential sponsors to support her business plan. She had the leadership qualities required to implement the plan and to enthuse the team around her to achieve it. She had been selected in 1980 by Jacques Tanzi - the recently appointed Director of École nationale des ponts et chaussées - to set up the newly created Department of languages and international culture. 16 The appointment (albeit out of 60 candidates) of a foreigner (Argentinean), a woman, who was not even an engineer, in a wholly French, male-dominated, engineering school had caused an uproar among ENPC s Board of Governors. Tanzi had weathered it, but it remained for Celia to prove her mettle among the students, her fellow teachers and ultimately the Board of Governors itself. That she was able to convince them, seven years later, in November 1987 to set up the Master in International Business is a testimony to her vision, ability and determination. The Board unanimously decided to create the entirely new and highly innovative MBA Programme which Celia had designed, to award the degree that went with it, and duly appointed Celia to set it up and run it. When Celia sadly departed this world barely ten years later, the MIB was the centre of a world-wide network of sister programmes in Argentina, Britain, India and Morocco, with plans to set up a further one in Shanghai, SIMBA (Shanghai International MBA), superbly designed and run for ten years by one of MIB s most distinguished Alumni, Chalom Schirman. As Sir Graham Hill, then Vice-Chancellor of Strathclyde University and a member of the MIB s International Sponsoring Committee had famously told Celia in 1989, «You have designed the World University of the Future». She had indeed foreseen the globalisation of the world economy and, more fundamentally (for others had also foreseen it) what that globalisation entailed: that we should all have to become «world citizens», familiar with more than our own Mother tongue and knowledgeable about, and respectful of, more than our own native culture. «In business to make a better world» was the Motto she had devised for MIB and its sister programmes. Celia s spirit and vision live on, not least in the minds and hearts of the thousands of Alumni who participated in one or other of those programmes. Celia, we remember you.

Suman Modwel Professor of International Business Policy, ENPC MBA Paris Souvenirs of Celia Mouse and other tit-bits When Celia Russo invited me to join her start-up MBA (then called MIB, Master in International Business) at the École des Ponts in 1989, I was ready for a change from where I was coming Delhi, bureaucracy, heat and dust, and all that. But what a change it was! The charisma that emanated from the petite lady perhaps explains, just, how she could have possibly obtained the green light for starting such an oxymoronic programme so anachronistically ahead of her times within this hallowed, so French, Grande École. (What? Taught entirely in English? With such fluff as team building, understanding cultures and discussion on ethics and values in the curriculum? - International even beyond European borders, admitting non-engineers like musicians, opera singers and tennis coaches?). She functioned predominantly with her right brain, though this Fulbright scholar was remarkably incisive, logical and analytical when it had to be evolving strategy and defending it for instance before the Governing body. She and her MIB therefore sat uneasily within the École in the early years, and her fiercely independent spirit earned the respect and admiration of its direction alas only after she was gone. A metaphor that comes to mind in this context was the Macs that we used, in contrast to the clunky machines of the Engineers, with black screens, pre-windows operating systems and no mouse. In fact the bearded informaticien who disdainfully looked after our system goes down in history with his famous last words, We do not consider the mouse to be a pedagogically acceptable tool! Her left brain extension was in a sense Edmond Lisle, co-opted from the CNRS (the top national institution for scientific research), her devoted advisor-in chief and intermediary for dealing with the outside world of contacts, public relations and politics so necessary to keep the ship afloat. He was ever ready to snap open the protective umbrella over her head in rough weather. It is befitting therefore that I pay a tribute here to him too for the crucial role he played by her side in building the programme. It was a privilege to have him as a friend and I owe him a debt for having introduced me to the Sciences-Po. As for me, we quickly established an unambiguous brother-sister relationship, and she would frequently use me as a sounding board to clear her thoughts and ideas, both in and out of the professional context. One hovers between indiscretion and the cliché on what, and what not, to tell but this one story could perhaps be shared: A hapless participant of the first class fell head over heels for her charms, and on realising that it was graduation day, time for final goodbyes, started stalking her (amorously, not with any menace) to declare his final entreaties. I was commissioned with the task of diverting his attention not quite being a close substitute of Celia, nor her charms, a daunting task! However, he somehow calmed down as we sat in Café de Flore and resigned himself to accept the compromise diplôme sans amour as we walked back to the graduation ceremony at 28, rue des Saints Pères. This was one time I really needed that whisky at the cocktails! Yes, Celia did believe passionately that we are in business to make a better world, the motto so aptly conceived by her, and strived to the last day in infusing the values that it captures in our programme. Such people with superordinate missions, it is widely held, are often summoned early from this world. I very much hope that she is making the other world too a better one. 17

Bernard Sutter Vice Président ARIEL (Association for Research with Industrial and Educational Links) C était début 1983. Je succédais à Jacques Tanzi, Directeur de l École des Ponts, à la tête de la Commission Internationale de la Conférence des Grandes Écoles. Celia Russo en était l animatrice. Je l ai découverte, riche de ses trois cultures, anglo-saxonne, Amérique latine, France, et de nombreuses réalisations. Nous sommes entrés immédiatement en résonance et notre feuille de route fut vite tracée : Le Président François Mitterand projetait un voyage dans la Silicon Valley. L Élysée voulait qu un accord soit signé devant lui à Berkeley. Nous avons répondu : présents. Dès juillet 1983, Celia Russo partait en mission à Berkeley. Amener un Président d Université et des chercheurs américains à se regrouper dans un accord formel avec une Institution et des chercheurs français relevait d une gageure. Celia rencontrait William Shack (anthropologue), Dean of the Graduate Division de l UCB, et le per- 18 suadait. En décembre 1983, William, Celia et moi dînions ensemble à Paris. L affaire était conclue. Mission Celia réussie. C est ainsi que le 26 mars 1984, Pierre Laffitte, Président de la Conférence des Grandes Écoles, signait un accord de coopération à Berkeley avec Ira Michael Heyman, Chancelier de l Université de Californie à Berkeley, en présence du Président de - créer du nouveau - oser les différences - marier sur le plan international universitaires et industriels - impliquer les jeunes la République François Mitterrand. Voir le 27 mars à San Francisco le sourire radieux de Celia Russo serrant la main de François Mitterand à l occasion d un dîner offert par les Chambres de Commerce américaines fut un moment inoubliable. Très vite j ai compris qu après ce coup d éclat Celia allait nous quitter. Créer son entreprise, la vraie, là où se trouvait l élite française, faite de polytechniciens, ingénieurs du corps, hommes en plus, tout ce qu elle n était pas : telle était son ambition. Un MBA, dans une École d Ingénieurs, à l École des Ponts? Pourquoi pas? Ce fut le grand dilemme. Il lui fallait un diplôme. Les Etats-Unis? L INSEAD? Le Groupe HEC? Elle m en parlait souvent. Elle choisit HEC / ISA. Non sans angoisse. Il y eut de durs moments. Suivre un cursus universitaire à plus de 40 ans n est pas donné à tous. Elle réussit magnifiquement. Pour ce qui s ensuivit, forte de ce nouveau diplôme, mais encore plus de sa personnalité, elle n eut de leçons à ne recevoir de personne. Elle nous rejoignait une nouvelle fois début 1987. Il s agissait d Israël. Elle avait pris des responsabilités au sein de l AFIRST qui venait de se créer, introduisant le volet industriel dans une association à vocation universitaire. Elle n avait pas oublié Berkeley. Elle me faisait connaître François Gros et Ephraïm Katzir, Présidents français et israélien de l AFIRST (Association Franco- Israélienne pour la Recherche Scientifique et Technologique), Edmond Lisle, Secrétaire Général. Il s agissait de faire avec Israël ce qui avait été fait avec Berkeley. Ce fut vite fait. Fin mars 2007 une délégation AFIRST-CGE composée de 12 personnes dont 6 directeurs de Grandes Écoles se rendait en Israël. Le 27 mars était signé à Jérusalem un accord entre la Conférence des Grandes Écoles et le Conseil National pour la Recherche et le Développement d Israël. Une nouvelle opération de très longue durée était née engageant, en plus des Grandes

The associates Écoles, toutes les universités d Israël ainsi que des industriels, français et israéliens. Berkeley, Israël, tels furent pour ARIEL les actes fondateurs d une longue saga faite d aventures multiples : MIT et les Etats- Unis, le Canada d est en ouest, la Suède, le Mexique, la Corée, la Chine, l Ukraine et maintenant la Russie, action qui n aurait pas vu le jour si Celia Russo par deux fois ne s était impliquée dans sa mise en orbite. Nos chemins furent différents. Ils se sont souvent croisés. Il est évident que très vite, créant ensemble, nous étions devenus amis. Que puis-je écrire de plus que tout ce qui a été dit et écrit si justement sur Celia? Celia Russo était d une grande sensibilité. Cela aurait pu être sa vulnérabilité. Elle en a fait une force. Elle écoutait beaucoup, elle parlait peu. Elle maîtrisait les situations les plus difficiles. C était une femme engagée, avec en plus l intelligence de l engagement qui est celle du cœur. Oser toute sa vie rapprocher des jeunes (et moins jeunes) par delà leurs différences de cultures, de religions ou de races : voici un témoignage qui mérite, en réponse aux crises actuelles, d être médité. Un grand merci au MBA des Ponts d en rester le porteur. 19

Dr. Sawako Takeuchi Ph.D. Engineering and Ph.D. Economics President, Maison de la Culture du Japon à Paris, the Japan Foundation Vice-President of MIB, Japan program (1988-1994) It was a nice meeting in Tokyo when I met Celia in 1987 before starting the MBA program. Since then, we talked and talked. She loved Japanese culture, business, technologies and people. She was looking for somebody who can work as a symbol of the partnership with Japan, integrating Japanese elements into the new program. As her creative thinking way was so impressive, I joined this program as Vice-President from start-up stage. It was a nice period working with her so closely. We designed a whole program. Thanks to several sponsors and partners in Japan, the Japan program of the MBA des Ponts started successfully from the beginning. From that time, I worked for this program for six years. During this period, I learned so many things from Celia. 20 The biggest factor which influenced on my working style was entrepreneurship and project based learning. The impact was so big that I changed my life. I have followed her thinking way. I created new projects almost every day to challenge and to find out Memories from joint work with Celia new solutions. I created my company like her while working as professor at the university. I never stopped this attitude since I met her. This is so important to be confident about the future and to check the path to realize new ideas. Currently, I am working as the President of Maison de la Culture du Japon à Paris which is the biggest facility of The Japan Foundation in the world. I am now creating the new project on how to present the culture through advanced technology such as digital images. I always keep entrepreneurship style which I inherited from Celia. She was passionate about beautiful things and cultures and future oriented. We should always keep her memories as our spiritual treasure.