26 et 27 mai 2015 Discours de clôture de la Présidente du Conseil Général
Mesdames, Messieurs, Lors de mes propos introductifs à ces débats, je vous ai dit que le développement social, comme le développement économique ne se décrète pas, il se construit dans la confiance, l expertise et le partage. C est à ce nouveau modèle que nous avons travaillé ensemble lors de ces assises. J espère, après tous ces débats, que vous êtes plus que convaincus. Dans la démarche que je vous propose de mettre en œuvre nous devons prendre en compte les habitants de notre territoire dans toutes ses dimensions. Je vais vous décliner les principaux objectifs et les perspectives qui émergent de nos débats et que nous transformerons en actions concrètes : Un premier objectif, capital, d efficacité, de proximité et de co-construction avec les usagers Il s agit de changer profondément nos actions pour qu elles correspondent à nos nouvelles réalités. Nous devons rendre des comptes sur l efficacité des politiques que nous menons. Il nous faut maintenant travailler à l implication de la population dans la construction de solutions de politiques sociales ou de santé environnementale. Cette démarche a été abordée brièvement sur l action de terrain de lutte contre les moustiques. L ensemble de nos débats m ont donné raison sur la volonté qui est la mienne de sortir du convenu, de briser les verticalités, de forcer les partenariats avec la transversalité, de nous faire violence, de combattre l immobilisme. Nous devons accompagner les individus dans leur parcours de vie et non au travers de procédures. Cela implique que services du Conseil Général et dans 6 mois services de la CTM, services de l Etat et autres partenaires, ne soient pas figés sur des procédures et circulaires mais sur l intérêt de l individu. Très souvent les limites de nos interventions sont juridique et financière, mais la misère, la précarité et l isolement se nourrissent de ces espaces que nous laissons. Nous devons apporter des réponses aux femmes et aux hommes non sur la base de nos procédures et de notre capacité financière à faire, mais sur un projet commun, un idéal commun, une vision commune que nous avons pour ce territoire. Nous avons un objectif de simplification des circuits de décision avec un gain de rapidité dans l instruction A l exemple du logement où nous avons déjà réduit les délais de réponse de 5 à 3 mois, nous avons l ambition de passer à 1 mois.
Nous avons un objectif de développement d outils d évaluation et d actions partagés entre les partenaires avec une mise en commun des outils sur les diagnostics, les besoins et attentes des usagers Au cours de nos débats, nous avons insisté sur le «il nous faut faire ensemble». Aujourd hui, nous avons chacun nos outils d analyses des données, nos observatoires, nos bases de données... Nous ne les partageons pas, ou si peu. Nous avons chacun notre vision parcellaire des besoins et des tendances. Nous avons commencé à partager cette connaissance dans ces assises. Mais, il nous faut aller plus loin! Plus loin pour poser le diagnostic des réalités de terrain. Si nous ne sommes pas d accord sur ce diagnostic, nous ne pourrons pas penser en commun des solutions efficaces aux problèmes sociaux et sanitaires de la Martinique. Nous devons créer un projet de territoire partagé. Nous devons être intelligents, ensemble, pour déployer les moyens dont nous disposons. Nous avons un objectif de mise en œuvre de nouvelles gouvernances à travers un pacte de cohésion sociale Il s agit là de revoir en profondeur nos manières de travailler ensemble. De nouveaux modes d organisation et de coordination sont à établir avec nos partenaires institutionnels et associatifs. Nous avons commencé au travers du pacte de cohésion sociale et territoriale (PCST). Ce pacte définit les modalités de coordination des actions entreprises par les différents acteurs pour favoriser la cohésion et la solidarité sociale en direction des bénéficiaires du RSA et des publics les plus fragiles. Le pacte de cohésion sociale et territoriale tient compte de la singularité de chaque bassin de vie et intègre ses partenaires institutionnels et notamment les EPCI, au pilotage de la mise en œuvre du FSE Inclusion 2014-2020. Deux engagements majeurs nous lient : le droit à l inclusion sociale le droit à l initiative pour l innovation sociale Nous faisons confiance à l innovation sociale portée par tous les acteurs, mais nous devons la coordonner, la suivre, la contrôler et l évaluer. C est pour cela que nous avons prévu, dans le pacte, l organisation de conférences de territoires composées de délégués des communes, des EPCI et des partenaires de l insertion. Je tiens maintenant à partager avec vous les perspectives et actions concrètes qui seront déclinées au regard des objectifs que je viens d évoquer.
La Territorialisation des politiques publiques impliquant une déconcentration des agents sur les territoires et les unités territoriales Nous allons déconcentrer l ensemble de notre offre de service social, déconcentrer des agents sur les territoires. Par exemple, il ne sera plus nécessaire aux habitants du Sud ou du Nord de la Martinique de venir à Fort de France pour retirer et déposer un dossier de demande d APA. Demain, l instruction des dossiers se fera dans chaque territoire. C est un gain de temps pour l usager, une approche coordonnée de toutes ses démarches, c est la proximité du service public. C est mieux pour l usager, mieux pour le contribuable, mieux pour le fonctionnaire départemental. Concrètement, dans le nord, nous déployons déjà une expérimentation dans la réorganisation de la prise en charge de l usager et ses impacts sur l organisation de nos services. Nous brisons les silos de nos expertises métiers pour aller vers la transversalité de la prise en charge des demandes, et le «travailler ensemble» des différents métiers. Ainsi, nous remettons l usager au cœur de nos politiques publiques. Dans leurs propos, nos partenaires ont évoqué l importance de s adapter. Le Conseil Général, dans cette expérimentation, s adapte aux attentes des usagers et modifie l organisation de ses services. Cette déconcentration demandera bien évidemment du temps, car on ne déplace pas 500 agents aussi facilement. Il nous faut repenser nos locaux, évaluer les besoins des différents territoires, gérer les affectations des personnels. Autre perspective à venir : la création des maisons de services publiques Replacer l usager au cœur de notre service public, c est en 1er lieu lui assurer un accueil, une information et une orientation de qualité partout sur notre territoire. C est un lieu unique, visible, lisible. La capacité en seul endroit, à un seul moment pour l usager d obtenir toutes les informations sur l ensemble de ses demandes relatives aux politiques sociales c est une simplification des démarches et un gain de temps. Ce lieu unique ce sont les maisons de services publics. Elles seront déployées sur nos 3 grands territoires : Nord, Centre et Sud entre 2015 et 2016. Elles pourront, à terme, assurer le primo-accueil des usagers et regrouper l ensemble des démarches territorialisées des politiques sociales et de santé environnementale. Pour toujours plus de proximité et de simplicité pour l usager, le Conseil Général a entamé des discussions avec certains de ses partenaires pour que leurs bornes d information soient installées dans les Maisons de Services Publics. La création de ces Maisons nous permettra également de rationaliser nos coûts. Rationnaliser les coûts et rassembler le personnel départemental en un même lieu, c est faire des économies d échelle sur les moyens, c est agir pour le contribuable.
Ensuite, la création de la Maison Départementale de l Autonomie est une dynamique à développer Pour aller vers plus de proximité, de simplicité et d efficacité, nous allons créer une Maison Départementale de l Autonomie (MDA). Là encore il s agit d un espace unique pour rapprocher nos politiques de perte d autonomie des bénéficiaires c est-à-dire des personnes âgées et des personnes handicapées. C est un outil d innovation qui va nous permettre de transformer la dépense sociale en développement social par la Silver Economie et les Services à la Personne (SAP). Enfin, nous devons à tout prix valoriser les innovations pour travailler à un autre modèle Les chiffres présentés et nos débats tracent la tendance. La dépense sociale ne va pas décroître. Il nous donc faut la transformer en développement social, en création de valeur pour l économie. Il nous faut faire la révolution pour sortir de toutes les exclusions : les personnelles ; les circonstancielles (parce qu une personne a perdu son emploi) ; les structurelles (sans adresse fixe, comment ouvrir un compte bancaire ou accéder à certains services) ; les économiques (comment se rendre dans un service public distant de son domicile quand on a peu de revenu). Nous devons favoriser une société inclusive. Au terme de mon propos, je tiens à remercier et saluer, les agents des services départementaux. Je veux leur rendre hommage. Je connais leurs compétences, leur dévouement, leur souci de contribuer à l amélioration du quotidien. Je sais que sans eux, sans leur mobilisation, sans leur énergie quotidiennement déployée au service des habitants de notre territoire, rien ne sera possible. Ce territoire a besoin d un grand projet de cohésion sociale et de prévention sanitaire et je veux vous dire ma satisfaction à l idée d initier une révolution de l organisation des services de l administration sur les questions de solidarité, de cohésion sociale et de prévention sanitaire. Mesdames et messieurs les élus, les administratifs et l ensemble des partenaires, «an nou maré rin nou!». Plus que de l espérance, c est une nouvelle réalité qui s ouvre à nous. Maintenant, nous devons tous nous mettre au travail sur ces chantiers et n avons pour seul objectif que de REUSSIR ENSEMBLE. Je ne saurai clôturer ces assises sans rendre hommage à tous ceux qui nous ont précédés. Je veux parler de ceux qui ont fait du Conseil Général ce qu il est depuis plus de 180 ans au service de notre population : les anciens présidents l ensemble des élus tous les agents de la collectivité
Cette grande dame, comme on la surnomme, a été, est et sera, à travers la CTM, au centre de la vie quotidienne des martiniquais, d avant la naissance jusqu au grand âge. Et comme chacun le sait, chez nous, les poto mitan ont l art de se réinventer! Josette MANIN Présidente du Conseil Général de la Martinique