Dépréciation du capital humain durant les périodes de chômage et le design des politiques de soutien à la formation professionnelle continue Arnaud Chéron Professeur des Universités Directeur du pôle de recherche en économie de l EDHEC arnaud.cheron@edhec.edu Conseil d Orientation de l Emploi, 9 septembre 2014
Principaux objectifs des travaux Programme de recherche académique consacré à l obsolescence des dépenses de formation professionnelle continue (FPC) durant les épisodes de chômage (depuis 2010; collaboration avec Pascal Belan, Pr Univesité Cergy) Analyses structurelles «positives» = l impact sur les reprises d emploi, l accès à la formation et le chômage; «normatives» = la sous-optimalité des dépenses de FPC, le design des politiques publiques Focus particulier sur le rôle de l âge dans le design des politiques de soutien à la FPC
Constat initial Dépréciation capital humain durant les épisodes de chômage = perte de «transférabilité» du capital humain général Progression de ce phénomène de dépréciation (= Turbulence) hausse volatilité intertemporelle des salaires + pertes salariales plus conséquentes à la reprise d emploi L interaction entre la turbulence et les institutions du marché du travail contribuerait à expliquer une progression structurelle du chômage (série de travaux, Ljunqvist et Sargent, 1998-2008 )
L incidence de la turbulence sur le chômage et les dépenses de FPC La dépréciation du capital formation pendant les épisodes de chômage : (i) expose à des durées de chômage plus longue, (ii) réduit la valeur relative de la formation et donc diminue les incitations à renoncer en salaire pour être formé, ie. moins de modération salariale baisse (toutes choses égales par ailleurs) de l accès à la formation Progression de l obsolescence de compétences expliquerait environ 1,5 point de chômage structurel
La prise en compte des externalités liées aux dépenses de FPC Externalités de débauchage: de futurs employeurs peuvent bénéficier des dépenses engagées par les employeurs actuels Externalités de chômage: la FPC accroît le capital humain et réduit la durée des éventuels épisodes de chômage durant lesquels la production domestique est plus faible que la production marchande rendement social de la FPC > à son rendement privé Turbulence ne requiert pas nécessairement de dépenser plus pour la formation, car les investissements en FPC sont relativement moins transférables pas nécessairement dépenser plus, mais dépenser mieux
La «problématique» de l âge Rendement privé : moins d intérêt à financer de la FPC pour les seniors (durée de rentabilisation plus courte effet d horizon) Mais aussi une taille des externalités qui baisse à proximité de la retraite: moins de sous investissement, car le rendement social de la FPC converge vers son rendement privé (baisse externalités de débauchage) de ce point de vue, moins d intérêt à soutenir plus la FPC en fin de carrière Mais la taille de l externalité de chômage dépend aussi de l élasticité de la probabilité de recrutement à la FPC élasticité fonction de l âge privilégier les 45-55 (test empirique en cours)
Les modalités d intervention Les limites du dispositif «former ou payer» (inégalités d accès notamment) Les limites de la formation des chômeurs: une fraction des dépenses sont «jetées à la mer» Utiliser les sommes collectées afin de subventionner les entreprises pour qu elles forment les travailleurs conditionnellement aux embauches Moduler les subventions à la formation en fonction de l âge: privilégier les 45-55 ans.
Publications Labour Economics «Turbulence, Training and Unemployment» (avec P. Belan), vol 27, Avril 2014. Revue d Economie Politique «Chômage d équilibre, dépréciation du capital humain et subvention optimale à la formation» (avec P. Belan), Mars-Avril 2011. Edhec Position Paper «Obsolescence des compétences, formation continue et chômage: quelles relations pour quelles politiques?» Juin 2013 Rapport Chaire Transitions Démographiques Transitions Economiques, «Soutenir la FPC: jusqu à quel âge?» en cours.