PRESSION ARTERIELLE Docteur Etienne SAVIN Sce. Expl. Fonctionnelles Hôpital Lariboisière 01 43 89 14 66
I. GENERALITES 1. Définition Lorsque, dans le langage courant, on parle de «tension artérielle», il s agit en fait de PRESSION ARTERIELLE. Selon la loi de Laplace, T = Pt. r (T = tension, Pt = p. transmurale, r = rayon). On appelle pression artérielle la pression de perfusion régnant dans l aorte et dans les grosses artères du système circulatoire et dont l évolution est liée à celle du rythme cardiaque. Cette grandeur oscille durant le cycle cardiaque entre une valeur maximale, la pression systolique (PS) et une valeur minimale, la pression diastolique (PD). La pression systolique dépend de la fonction cardiaque et de l élasticité des grosses artères (aorte par exemple). La pression diastolique est surtout fonction de la vitesse d écoulement du sang dans les vaisseaux c est à dire de la résistance périphérique totale (résistance vasculaire, RPT).
2. Origine de la pression La contraction du cœur (ventricule gauche) génère cette pression. La contraction du VG entraîne l éjection du sang dans un vaisseau élastique, l aorte, d où il a quelques difficultés à s échapper en s écoulant à travers des vaisseaux opposant une résistance à l écoulement. La pression est donc générée par la contraction rythmique du cœur. Le sang est ensuite propulsé dans les artères puis les capillaires et revient au cœur par les veines.
3. Quelques valeurs remarquables La pression artérielle oscille au cours du cycle cardiaque entre : - une valeur haute = pression systolique (Ps) qui correspond à la systole du cœur (130 mm Hg) et - une valeur basse = pression diastolique (Pd) qui correspond à la diastole du cœur (80 mm Hg). La différence entre pression systolique et diastolique porte le nom de pression différentielle (PP). La systolique dépend surtout du Qc et de l élasticité des gros vaisseaux alors que la diastolique dépend majoritairement des résistances périphériques.
Dans un réseau hydraulique, le liquide s écoule toujours d un point de haute pression vers un point de basse pression. La pression qui décroît régulièrement de l aorte jusqu en périphérie est la pression artérielle moyenne. C est une grandeur fondamentale car sa valeur détermine le sens du flux. Définition : La pression artérielle moyenne est une pression théorique, définie comme la pression qui assurerait, toutes choses égales par ailleurs, le même débit artériel dans un système continu et non pulsatile. Elle est égale à la pression diastolique plus un tiers de la différentielle. C est un outil commode pour évaluer le niveau de pression : PAM = PAD + 1/3 PP Sur le graphe de la pression artérielle, c est la pression constante qui au cours d un cycle cardiaque complet permet de réaliser une surface équivalente à celle limitée par la courbe instantanée de pression.
La pression artérielle est plus basse chez l enfant que chez l adulte. Elle se modifie avec l âge du fait d une rigidification progressive des artères (perte des propriétés élastiques). Ce phénomène porte différents noms : durcissement des artères, rigidité vasculaire ou encore artériosclérose. L artériosclérose est donc un phénomène naturel qui traduit le vieillissement normal (mais plus ou moins rapide) des vaisseaux artériels de l organisme (artères et artérioles). Âge élasticité des tissus pariétaux artères plus rigides. Chez certaines personnes pourtant, et pour des raisons encore mal comprises, ce phénomène banal devient pathologique car la paroi vasculaire va se remanier profondément. L athérosclérose est donc un phénomène pathologique lié à la formation d une plaque d athérome. Celle-ci va se former au niveau d une zone ou l'endothélium vasculaire présente une lésion.
II. REGULATION DE LA PRESSION ARTERIELLE La pression artérielle varie de manière instantanée et tout au long du nycthémère. Il existe une relation entre le débit cardiaque Q, la pression de perfusion P et les résistances périphériques R :. P = Q. R On voit à partir de cette formule que l on peut modifier la pression en faisant varier les résistances ou le débit. La régulation de la PA fait donc intervenir ces deux grandeurs. Les systèmes de régulation ont des temps de réponse différents allant de quelques secondes à quelques jours.
1. Mécanismes à court terme : actions rapides (qq. secondes) Mis en évidence par Claude Bernard en 1851. Ces mécanismes nerveux font intervenir : - des récepteurs, les barorécepteurs du sinus carotidien et de l aorte, - des nerfs sensitifs, les nerfs de Héring et de Ludwig Cyon, - des centres cardio-régulateurs situés au niveau du bulbe rachidien, enfin - des nerfs moteurs (parasympathiques et sympathiques) qui vont vers le cœur (modifiant l activité cardiaque) et les vaisseaux. D autres mécanismes font intervenir des récepteurs à basse pression situé dans l oreillette droite ou dans l artère pulmonaire. Enfin des chémorécepteurs sensibles à l O 2,au CO 2 et au ph situés près du glomus carotidien agissent aussi sur les centres nerveux régulateurs.
2. Mécanismes à moyen terme (environ quelques dizaines de minutes) Ces mécanismes sont de nature hormonale. Ils mettent en jeu le système rénine-angiotensine-aldostérone, la glande surrénale ou encore l ADH (hormone vasopressive). 3. Mécanismes à long terme (plusieurs heures à quelques. jours) Ces mécanismes mettent en jeu le rein et interviennent sur l équilibre hydrosodé (ou hydrominéral) de l organisme. Ils interviennent surtout lors des modifications des volumes liquidiens (extra ou intra cellulaires).
III. MESURE DE LA PRESSION ARTERIELLE 1. Méthode directe C est une méthode qui consiste à introduire un cathéter dans la lumière intra artérielle et à relier celui-ci à un manomètre (capteur) de mesure. C est une méthode sanglante. Elle a été mise au point dès 1730 puis perfectionnée par Ludwig puis Marey et Chauveau en 1860. 2. Méthodes indirectes (non sanglantes) Elles ont été mises au point au début des années 1900. Elles utilisent un manomètre de contre pression et un manchon gonflable.
a) La méthode palpatoire de Riva-Rocci (1896) Elle s appuie sur l examen du pouls artériel (à l aide de l index et du majeur). On ne peut mesurer que la pression systolique. b) La méthode auscultatoire de Korotkoff (1905). Cette méthode reprend celle de Riva-Rocci mais utilise un stéthoscope, placé en aval d un brassard gonflé sur le bras. L écoute des bruits artériels générés dans l artère humérale lorsque l écoulement sanguin est turbulent permet de mesurer les pressions systolique et diastolique. c) La méthode oscillométrique de Pachon (1909) Elle est basée sur la mesure des petites variations de pression grâce à un manomètre différentiel. La méthode que nous utilisons en pratique courante est celle de Korotkoff.