Treize mesures pour une agriculture écologique. Document de position des Verts suisses



Documents pareils
LE MONITORING DE LA BIODIVERSITE EN SUISSE. Hervé LETHIER, EMC2I

Devenez point de chute d une ferme du réseau québécois d agriculture soutenue par la communauté (ASC)

«L énergie la moins chère et la moins polluante est celle qu on ne consomme pas»

UNE MEILLEURE CROISSANCE, UN MEILLEUR CLIMAT

ACTIONS ET POLITIQUES SUR L'INVESTISSEMENT DANS L'AGRICULTURE

L EAU POTABLE : COMMENT LA PRÉSERVER Bien que l eau soit une ressource renouvelable, il ne faut pas pour autant la gaspiller. Les Québécois sont les

La Bio pour quoi faire? Une vision du monde de la Bio et quelques perspectives

Pour une meilleure santé

Proposition de politique agricole au Ministère de l agriculture des pêcheries et de l alimentation du Québec

Qu est-ce que le commerce équitable?

PJ 28/12. 7 février 2012 Original : anglais. Comité des projets/ Conseil international du Café 5 8 mars 2012 Londres, Royaume Uni

RÉUNION DES MINISTRES DE L'ALIMENTATION, DE L'AGRICULTURE ET DE LA PÊCHE DES PAYS MEMBRES DU CIHEAM 9ÈME DECLARATION FINALE

JEUNE CONSEIL DE MONTRÉAL

NOP: Organic System Plan (OSP) / EOS: Description de l Unité Information et documents requis

FORUM INTERNATIONAL DU DAKAR-AGRICOLE

GROUPE CASINO. L INTEGRATION DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LE CHOIX DES PRODUITS. Claudine QUENTEL et Philippe IMBERT

Agricultures paysannes, mondialisation et développement agricole durable

RÉSULTATS DE L OBSERVATOIRE TECHNICO-ÉCONOMIQUE DU RAD Synthèse Exercice comptable 2010

Présentation de la réforme de la PAC

UNE INITIATIVE DE : ASSOCIÉS A :

PAC. ce qui change. vraiment

«Agir rend heureux» POUR DES ACHATS RESPECTUEUX DE L ENVIRONNEMENT, DES FEMMES ET DES HOMMES, GOODPLANET VOUS INFORME ET CASINO VOUS DONNE LE CHOIX!

PRODUITS MORTELS LES PESTICIDES DANS LE COTON

LA FINANCIÈRE AGRICOLE DU QUÉBEC PLAN D ACTION DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Quelles sont les conditions sociales favorisant les stratégies d'intensification écologique? Petit tour d'horizon international...

pour un pacte écologique local : questions aux futurs élus locaux

Conditions Générales pour l achat de biens et services

Bien vivre, dans les limites de notre planète

CONGRES REGIONAL CTA/ ATPS DE LA JEUNESSE EN AFRIQUE

L OAN aussi diversifié que le canton de Berne

Revenu agricole 2013 : une année délicate pour les productions céréalières

La crise écologique. Perspectives anticapitalistes pour la préservation de la vie sur Terre

Détail des cultures de l'exploitation en 2007

Un expérience pluridisciplinaire de l intensification écologique en Agriculture Familiale

VERS L AVENIR QUE NOUS VOULONS

réglementation bio Partie générale bio, reconnaissable et contrôlé

AVANT-PROPOS. Directeur de la Division de la statistique de la FAO

Politique agricole : pour une agriculture productive et durable

PLAN D ACTION MONDIAL POUR LES RESSOURCES ZOOGÉNÉTIQUES et la DÉCLARATION D INTERLAKEN

Les principaux thèmes liés à cette cause sont :

Afin d intégrer aux mieux les enjeux auxquels le territoire est confronté, les contributions suivantes peuvent également être apportées :

R y o aume aume du du Maroc Mar Mai 2009

L Assurance agricole au Sénégal

CONGRES INTERNATIONAL SUR L ASSURANCE ET LA RÉASSURANCE DES RISQUES AGRICOLES. Partenariat Public Privé dans l Assurance Agricole

Document d information 1. Principaux aspects de la proposition de la Commission COM (2000) 716 du point de vue de l alimentation animale

PROTECTION DE PRODUITS EN IG

Plan d action de développement durable Le développement durable, une question de culture

Plate-forme énergie. Filière de la biomasse forestière

Cadre stratégique pour l agriculture du Canada Programmes d intendance environnementale

Le développement durable 2010

Conseil Spécialisé fruits et légumes

Projet. Statuts 1. NOM ET SIÈGE 2. OBJET 3. ACTIVITÉS. Version finale du

Jeu de l ingénierie écologique. mémo du joueur

Fiche Technique. Filière Maraichage. Mais doux. Septembre 2008

N abandonnons pas notre héritage commun.

La couverture des risques agricoles

«Cette action contribue au PNNS». À CHÂTEAU THIERRY

10 ENGAGEMENTS, 30 PROPOSITIONS DE LA MAJORITÉ DÉPARTEMENTALE «Avec vous, une Saône et Loire innovante et attractive»

Analyse des coûts d investissement en méthanisation agricole. Comparaison France et Allemagne

Fondation GoodPlanet Programme Action Carbone. Présentation des projets de compensation carbone

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Title Dialogue HerePublic-Privé pour des Secteurs Spécifiques: L Industrie Agroalimentaire

Transition vers un nouveau paradigme

SOMMAIRE PARTIE 1 : POURQUOI «DONNER DU CREDIT AUX FEMMES RURALES»?... 3 PARTIE 2 : EPARGNE/CREDIT DU SYSTEME FINANCIER INFORMEL...

Trading our health away. Prêts à échanger votre santé?

ÉDUCATION Côtes d Armor. Collèges publics. Charte de la restauration collective DIRECTION JEUNESSE PATRIMOINE IMMOBILIER

Agricultural Policies in OECD Countries: Monitoring and Evaluation Les politiques agricoles des pays de l OCDE: Suivi et évaluation 2005.

Adaptation Aux changements climatiques. Agriculture et sécurité alimentaire: Cas du Burkina Faso

Le FMI conclut les consultations de 2008 au titre de l article IV avec le Maroc

Loi sur la médecine dentaire scolaire

Argumentaires Contre

RENTABILITÉ ÉCONOMIQUE MODÈLES DE CALCUL

1-Thème du chantier : LE DEVELOPPEMENT DURABLE

PLAN R E V A RETOUR VERS L AGRICULTURE

GUIDE DE L'ÉCO-PRESTATAIRE

De vraies perspectives d avenir Des dispositifs d accompagnement et de financements De multiples complémentarités

Fiche 23 D où viennent les produits de mon petit déjeuner?

du Cadre de vie Secrétariat Permanent du Conseil National pour l Environnement et le Développement Durable Présenté par: Paul BOMBIRI

CENTRALES HYDRAULIQUES

Investissement, mot magique mais mot piège

Titre du projet : Contribution à la réhabilitation et à la sauvegarde de

Square Patriarche et place Jean-Jaurès À PARTIR DE 11 h

La campagne 2004/05 a vu des livraisons globalement stables:

Caisse Nationale de Mutualité Agricole

La gestion de l offre dans le secteur laitier, un mode de régulation toujours pertinent SOMMAIRE. Daniel-Mercier GOUIN

Enjeux et Perspectives de la composante «Environnement Santé» du Plan d Action de l Initiative Environnement du NEPAD


Atelier Environnement Préparatoire au Projet d Aménagement et de Développement Durable. S e p t e m b r e

Organisation des Nations Unies pour le développement industriel

La filière de l élevage du cheval de trait dans son. contexte français et européen. Evolution et attentes

PLAN BIO MIDI-PYRENEES , UN PLAN SANS AMBITION

1st International Workshop on Harmonization of GMO Detection and Analysis in the Middle East and North Africa (MENA) Region

Projet Fish & Catering Sector (Mise à jour du 13/10/08)

Développement durable : QU est-ce que c est?

Annexe A : Tableau des exigences

FONDS D INVESTISSEMENT CLIMATIQUES

CHARTE ALTERNATIBA DIJON 2015

Les débouchés des diplômés de L LMD Sciences de la Nature et de la Vie

L INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE : LE PREMIER SECTEUR ECONOMIQUE FRANCAIS

LEADER... LE PROJET DU PAYS DE SAINT-MALO : UN OBJECTIF FORT : LEADER ACCOMPAGNE : LES 4 THÉMATIQUES : POUR VOUS ACCOMPAGNER

Transcription:

Treize mesures pour une agriculture écologique Document de position des Verts suisses Adopté par l assemblée des délégué-e-s du 19 septembre 2009

Selon l article 104 de la Constitution fédérale, l agriculture doit contribuer de manière substantielle à la sécurité de l approvisionnement de la population, à la conservation des ressources naturelles, à l entretien du paysage rural et à l occupation décentralisée du territoire. L agriculture suisse est multifonctionnelle, et les Verts souhaitent qu il en soit ainsi à l avenir. Sur un petit territoire comme celui de la Suisse, les personnes qui produisent, distribuent et consomment les denrées agricoles doivent veiller au maintien d une agriculture diversifiée dont les parties fonctionnent en synergie. Ce qui implique : 1 PRÉSERVER LES TERRES FERTILES PLUTÔT QUE BÉTONNER LES ZONES AGRICOLES D un point de vue écologique, l agriculture suisse doit assurer à la population un degré élevé d auto-suffisance en ce qui concerne les aliments de base. L étendue des zones agricoles ne doit pas diminuer. L aménagement du territoire doit veiller à la densification des zones dévolues à l habitat, aux activités industrielles et aux services. À cette fin, les Verts exigent un gel des zones constructibles. Les terres arables ne doivent pas faire l objet de spéculations. Un assouplissement du droit des constructions n entre pas en ligne de compte. Pour les compensations écologiques, c est la qualité (interconnexions, biodiversité) et non la quantité (surface) qui doit être déterminante. Il est absurde de sacrifier des terres cultivables à la production d énergie, pour importer ensuite davantage de produits alimentaires et augmenter les émissions de CO 2 dues aux transports. Les Verts demandent un moratoire sur l importation, la production et le subventionnement des agro-carburants. La production d énergie indigène à partir de produits agricoles primaires doit être soumise à un bilan écologique global positif. Les installations industrielles nécessaires à la production d énergie n ont pas leur place dans les zones agricoles, tout comme les usines de traitement des produits agricoles non liées au site de culture. 2 ENCOURAGER LA DISTRIBUTION DE PROXIMITÉ PLUTÔT QUE LA MONDIALISATION DES MARCHÉS Les Verts militent en faveur de réseaux de distribution régionaux fournissant des produits cultivés sur place. L agriculture de proximité est synonyme de fraîcheur et de sécurité. Par le contact direct entre les personnes qui consomment et celles qui cultivent se tissent des liens de confiance. Le renforcement des structures régionales crée des emplois dans les industries de transformation comme la boucherie ou la minoterie. En ce qui concerne la commercialisation au niveau régional, il faut garantir l accès aux subventions agricoles à des formes d agriculture participative, telles que les petites exploitations collectives, l agriculture contractuelle et les exploitations qui emploient des jeunes et des personnes au chômage. 2

La distribution à l échelle régionale et locale contribue à la protection du climat, contrairement au commerce international. Le prix des denrées alimentaires ne reflète pas suffisamment le coût des dommages à l environnement causés par la production et le transport, mais également par l utilisation de grandes quantités d eau. Le prix des asperges du Chili, des fraises du Mexique et des pommes de terre d Israël tous végétaux qui poussent en Suisse doit intégrer l impact climatique. Les Verts exigent donc une taxe CO 2 sur l énergie grise. Les accords de libre-échange qui vont à l encontre de ces objectifs doivent être refusés. 3 DES ALIMENTS SAINS PLUTÔT QUE DES HORMONES ET DES PESTICIDES Les aliments sont produits en harmonie avec la nature. Il faut drastiquement réduire la quantité d intrants chimiques mis en œuvre par l agriculture industrielle, tels qu engrais de synthèse, pesticides, antibiotiques. Les Verts exigent que les paiements directs soient davantage liés à des garanties écologiques. Les coûts sociaux et environnementaux doivent être répercutés sur les prix des denrées alimentaires. Une taxe incitative semble être le meilleur outil pour réduire drastiquement l usage des engrais synthétiques, des pesticides et des antibiotiques. En accord avec la vision «Suisse, pays bio» de Biosuisse, les Verts militent pour que l ensemble de la production agricole du pays puisse être certifiée bio. La surface des terres cultivées par des méthodes biologiques doit avoir au minimum doublé d ici à 2015 et le refus des manipulations génétiques être inscrit dans la loi. 4 UN ÉLEVAGE RESPECTUEUX DES ESPÈCES PLUTÔT QUE DES FABRIQUES DE VIANDE INDUSTRIELLES Les Verts sont d avis que les pratiques d élevage doivent respecter les besoins propres aux différentes espèces d animaux et s inspirer pour cela de leurs conditions de vie naturelles. Les animaux élevés de cette manière ont plus de vitalité, ils sont en meilleure santé et résistent mieux au stress. Une exploitation animale respectueuse des espèces et soucieuse de leurs conditions de vie naturelles présuppose l élevage de races n ayant pas subi de modifications génétiques. Le bien-être des animaux profite autant à ceux qui les élèvent qu à ceux qui les consomment. La qualité des produits animaux s améliore, tout comme leur image. La loi sur l agriculture suisse fixe une limite supérieur à la taille des cheptels et les paiements directs font dépendre le nombre de têtes de bétail de la surface de l exploitation. Les Verts s opposent à la suppression des réglementations qui empêchent que l élevage ne prennent des proportions industrielles. La limitation des cheptels doit être encore abaissée dans les régions où les nappes phréatiques sont polluées par les engrais. Il faut éviter toute incitation à l intensification de l élevage. En revanche, l élevage biologique a un urgent besoin de soutien. 3

5 LA BIODIVERSITÉ PLUTÔT QUE LE DÉSERT AGRICOLE La pratique d une agriculture intensive met en danger la diversité des espèces de plantes et d animaux. Il faut continuer à encourager les prestations écologiques de l agriculture. Les Verts demandent que des mesures incitatives soient développées pour rendre la préservation de la biodiversité et du paysage financièrement plus intéressante. Dans les régions présentant un intérêt particulier du point de vue du milieu naturel et de la biodiversité, les paiements directs doivent être liés à des objectifs clairement définis en matière de protection des biotopes, des espèces et des paysages. Il faut continuer à augmenter la proportion d espaces écologiques de haute qualité et développer leurs interconnexions ; la valeur écologique des cours d eau et des zones protégées doit être préservée grâce à des zones-tampons. Il faut mieux rémunérer l entretien et la mise en réseau des lisières de forêts, des arbres en plein champ, des haies et des vergers à hautes tiges, exploités de manière extensive et très riches en espèces, tout comme les berges des cours d eau laissées dans un état proche de la nature, les étangs et les petites structures. 6 DES VARIÉTÉS MULTIPLES PLUTÔT QUE L UNIFORMISATION Le grand nombre de variétés cultivées constitue une richesse pour la Suisse. Des variétés indigènes robustes sont sources de revenus réguliers. Il est très important de préserver et de cultiver les races d animaux et les variétés de plantes adaptées à nos terroirs. Les Verts exigent que les races et les variétés existantes soient conservées sous une forme vivante, et non pas seulement dans des banques de semences. Toutes les personnes qui les sélectionnent et les cultivent doivent y avoir accès. Il faut interdire les semences génétiquement modifiées. Les Verts rejettent par principe le brevetage et toute forme de restrictions limitant ou empêchant l accès aux semences et aux animaux d élevage. La sélection et la multiplication de semences biologiques offre de belles perspectives économiques et doit être encouragée. Suite à la mondialisation des marchés agricoles et à au monopole des géants de l agroalimentaire, la diversité des variétés cultivées recule partout dans le monde. La sélection des semences est dominée par les intérêts économiques de l exploitation commerciale. Les Verts ont à cœur que les dispositions qui doivent permettre de contrôler l offre et d assurer la qualité n empêchent pas de préserver et de stimuler la diversité. Le commerce des variétés indigènes ne doit pas être entravé! La Suisse doit garder une législation libérale en matière de protection des variétés. Elle garantit le libre choix tant des personnes qui cultivent que de celles qui consomment 4

7 ECONOMISER LES RESSOURCES PLUTÔT QUE GASPILLER L ÉNERGIE ET POLLUER L EAU Le sol, l air et l eau sont les matières premières à partir desquelles est produite la nourriture. Les polluer ou les détruire signifie menacer la vie même. Pour les Verts, la tâche principale de l agriculteur est de produire des aliments de la manière la moins nocive possible pour l environnement. Il faut de toute urgence remédier aux dommages infligés au milieu naturel infiltrations d ammoniaque, acidification du sol, pollution des nappes phréatiques, compactage et érosion du sol et faire respecter les valeurs-limites pour les émissions de substances polluantes. Les Verts réclament la mise en œuvre de l efficacité énergétique dans l agriculture. Les distances parcourues doivent être optimisées. Il faut réduire la consommation d énergie et l émission de substances polluantes. 8 LA TRANSPARENCE PLUTÔT QUE L IGNORANCE Les enquêtes auprès des consommatrices et consommateurs montrent que ceux-ci attachent une grande importance à l origine et au mode de production des aliments. Les œufs provenant d élevages respectueux des animaux se vendent ainsi bien mieux que les œufs de poules en batteries, malgré la différence de prix. Les déclarations de provenance permettent la transparence et offrent aux productrices et producteurs soucieux de qualité la possibilité de se profiler. Les Verts plaident donc pour une réglementation cohérente en matière de déclarations sur les emballages et les menus des restaurants. Cette exigence doit à plus forte raison s appliquer à l énergie grises et aux produits d origine animale importés de pays où des formes d élevage interdites en Suisse sont autorisées, par exemple les œufs de poules en cage entrant dans la composition de produits transformés. 9 LE JUSTE PRIX PLUTÔT QU UN DUMPING QUALITATIF Dans de nombreux pays industrialisés, les prix payés pour les denrées alimentaires n ont plus aucun rapport avec la véritable valeur des produits nécessaires à la vie. La pression sur les prix entraîne une diminution de la qualité, elle encourage le recours aux pesticides et les pratiques d élevage cruelles envers les animaux, et se solde par une détérioration de l environnement et une mise en danger de la santé des consommatrices et consommateurs. De nombreuses familles paysannes sont menacées de faillite. Les Verts militent pour que les paysans et paysannes produisant des produits sains 5

soient rémunérés de manière équitable, et encouragés à poursuivre dans cette voie. Les Verts sont convaincus que les coûts sociaux et environnementaux doivent être répercutés sur les prix des denrées alimentaires. Conjointement aux recettes de la production agricole, les paiements directs doivent assurer un revenu équitable aux personnes qui travaillent la terre. Les paiements directs garantissent que les paysans et paysannes soient dédommagés pour leur service à la société et que les deniers publics ne servent pas à engraisser l agro-industrie. La publication des données concernant les exploitations qui touchent des paiements directs doit être régie par une loi. La protection de la nature et du paysage comporte de nombreuses tâches requérant un travail intensif impossible à mécaniser. C est le cas pour l entretien des vergers à hautes tiges, des prairies en pentes ou des haies. Les prestations profitant à l ensemble de la collectivité comme la protection de la nature et l entretien du paysage doivent être payées par tous. Les paiements directs doivent davantage les honorer, au lieu de se concentrer unilatéralement sur l exploitation des surfaces agricoles. 10 LE COMMERCE ÉQUITABLE PLUTÔT QUE LE LIBRE-ÉCHANGE Le commerce des produits agricoles tels que les fruits exotiques, le café, le cacao, le sucre et les graisses végétales doit être soumis à quelques règles de base : il ne doit pas restreindre la souveraineté alimentaire, il doit soutenir le commerce équitable et des conditions de production respectueuses de l environnement, et ne pas faire concurrence à la production saisonnière locale. Les produits importés doivent répondre aux normes suisses concernant la qualité, les conditions de production et la protection des animaux. L énergie grise consommée par le transport doit être répercutée sur le prix d achat. Les subventions à l exportation pour certains produits opèrent une distorsion des marchés et doivent être abolies à l échelle mondiale. Les aliments importés qui ne correspondent pas à nos standards de qualité et nos conditions de productions doivent être soumis à des droits de douane ou à des taxes incitatives. Les denrées produites dans des conditions ne respectant pas la dignité humaine ne doivent par principe pas être importées. Pour assurer un équilibre entre les intérêts économiques, la conservation des ressources naturelles et des conditions de travail dignes, l ONU est mieux habilitée que l OMC. Le dossier de l agriculture doit donc être transféré de l OMC au FAO. 11 MOINS DE VIANDE PLUTÔT QUE LE DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE ET LA FAIM La production de viande est responsable de près de 17% des émissions de gaz à effet de serre (rejets de méthane, fertilisants, défrichages par le feu). Elle nécessite de grandes quantités d eau et de terres arables, ce qui provoque famines et sécheresses, en particulier dans les pays du Sud, où de vastes surfaces sont consacrées à la culture d aliments destinés à engraisser le bétail. Pour résoudre ces problèmes, il ne suffit pas de nourrir les animaux avec du fourrage biologique et d instaurer des pratiques d élevage respectueuses des espèces. La consommation de viande et d autres produits animaux doit diminuer de toute urgence. 6

12 FORMATION PROFESSIONNELLE, PERFECTIONNEMENT ET RECHERCHE PLUTÔT QUE DÉMANTÈLEMENT Malgré des mutations structurelles et des perspectives d avenir incertaines, la formation au métier d agricultrice ou d agriculteur continue à attirer les jeunes. Les Verts demandent à la Confédération de faire en sorte que la protection du climat et de la nature (promotion de la biodiversité) soient prises en compte dans le cursus. Outre la formation professionnelle classique, des formations de base et des cours de perfectionnement de haut niveau doivent être offerts dans le domaine de l agriculture biologique et de la maintenance des écosystèmes. La Confédération consacre chaque année plus de 70 millions de francs aux instituts de recherche agricole, dans le cadre des programmes de recherche de l administration fédérale. Les recherches menées dans les domaines de l agriculture et de l alimentation doivent s appliquer de manière conséquente à relever les défis que représentent actuellement l efficacité énergétique, la protection de la nature et de la biodiversité et le dérèglement climatique. Il faut intensifier la recherche sur les écosystèmes constitutifs du paysage et y intégrer les acteurs (agricultrices et agriculteurs, société). Les Verts exigent qu au moins la moitié du budget de la recherche soit alloué à des travaux de recherche interdisciplinaires et participatifs sur l agriculture biologique. 13 RECONNAISSANCE DES PRESTATIONS CULTURELLES ET SOCIALES PLUTÔT QUE DESTRUCTION DE VALEURS Les paysannes et paysanne fournissent des prestations importantes pour la société dans le domaine de l éducation, de la culture et des conditions sociales, par exemple: préservation de variétés, de races et de savoir-faire uniques, produits et filières de productions reflétant l histoire d un lieu ou d une région, travail à dimension humaine faisant prendre conscience qu une collaboration solidaire est nécessaire. La politique agricole se fixe au contraire sur des exigences de taille et de rentabilité. La mécanisation aveugle détruit les valeurs et le patrimoine. «Il faut encourager les exploitations agricoles qui incitent le public à mieux comprendre leur rôle social, tout en les sensibilisant à la provenance des aliments et à l histoire du métier de la terre et des méthodes de production. Les enfants en âge scolaire doivent pourvoir faire des expériences pratiques dans des exploitations agricoles adaptées à cette fin.» Adopté par l assemblée des délégué-e-s du 19 septembre 2009 à Saint-Gall. 7