Bretagne : une économie plutôt autonome et des entreprises rayonnantes



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Bretagne : une économie plutôt autonome et des entreprises rayonnantes La Bretagne compte 550 000 salariés dans les secteurs marchands non agricoles, 333 000 d entre eux dépendent d un centre de décision breton, 152 000 de l Île-de-France et 36 000 de l étranger. La région est nettement moins dépendante de l étranger que les autres régions françaises, et cette forte autonomie résulte d une densité importante de groupes bretons. Les groupes privés ou coopératifs locaux contrôlent près d un emploi sur cinq en Bretagne et un nombre important de salariés dans les autres régions. Ils placent la Bretagne parmi les régions françaises à fort rayonnement économique. La localisation des centres de décision dont dépendent les unités productives permet de mieux cerner l autonomie ou au contraire la dépendance du système productif régional. Dans un contexte de mondialisation, la concurrence entre régions ou pays que pourraient faire jouer les décideurs est un facteur de vulnérabilité pour les territoires fortement dépendants d entreprises extérieures. A l inverse l implantation d un nouvel établissement ou le rachat d une unité de production par un groupe extérieur à la région peut générer un certain dynamisme : investissements réalisés, emplois créés ou encore ouverture de nouveaux marchés. Parallèlement, certains groupes bretons contrôlent des établissements localisés en dehors de la Bretagne. Ils contribuent alors au rayonnement économique de la région. Autonomie, dépendance, rayonnement sont ici mesurés par le volume d emplois salariés rattachés à un centre de décision : la tête de groupe lorsque l établissement appartient à un groupe, le siège de l entreprise dans le cas contraire. Octant n 100 - janvier 2005 15

Dépendance selon l activité de l établissement Secteur d activité Nombre d établissements employeurs Nombre de salariés Taux de dépendance des salariés (en %) Dont dépendance étrangère Bretagne Province Bretagne Province Industries agroalimentaires 3 488 66 400 29,1 34,7 7,4 13,4 Industries des biens de consommation 1 492 24 246 37,8 43,9 7,7 18,7 Industrie automobile 86 10 553 91,7 84,3 2,9 27,8 Industries des biens d'équipement 1 645 37 365 60,7 57,5 14,8 29,5 Industries des biens intermédiaires 1 913 41 975 49,2 56,2 23,6 26,6 Energie 146 8 051 98,6 93,5 0,0 2,5 Construction 9 383 54 875 17,9 19,9 0,4 1,2 Commerce 18 425 119 906 27,7 31,8 5,6 7,7 Transports 2 297 34 389 43,0 53,7 4,1 5,7 Activités financières 1 980 23 009 80,6 77,5 3,7 5,0 Activités immobilières 1 128 5 470 6,8 11,7 0,0 2,1 Services aux entreprises 8 006 79 700 55,6 54,1 4,1 6,8 Services aux particuliers 12 892 43 429 13,3 19,2 1,8 4,3 Services marchands non agricoles 62 881 549 368 39,4 44,2 6,5 11,5 Structure du tissu productif régional selon le type de centre de décision Répartition des établissements Répartition des salariés Etablissement indépendant Entreprise bretonne multi-établissements Groupe privé breton Entreprise française multi-établissements (hors Bretagne) Groupe privé français (hors Bretagne) Groupe public français * Groupe étranger - Union européenne à 15 Groupe étranger hors Union européenne 0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 0 50 000 100 000 150 000 200 000 * y compris DCN, La Poste et France Télécom 40 % des salariés dépendent d un centre de décision extérieur à la Bretagne Parmi les 550 000 salariés bretons des secteurs marchands non agricoles, 216 000 travaillent sous le contrôle d un centre de décision localisé à l extérieur de la Bretagne, dans une autre région française ou à l étranger. Ainsi près de 40 % des salariés bretons dépendent d un centre de décision extérieur à la région, contre 44 % en moyenne dans les régions françaises, hors Île-de-France. La Bretagne se classe parmi les régions de province les moins dépendantes avec la région Provence-Alpes-Côte d Azur, le Languedoc- Roussillon, l Auvergne et Poitou- Charentes. L autonomie de l Île-de-France et sa position dominante ressortent nettement à travers ces indicateurs. Près de 80 % de ses salariés sont placés sous l autorité d un centre de décision francilien. De plus, les établissements des autres régions, non autonomes, dépendent très majoritairement de la région parisienne lorsqu ils ne sont pas contrôlés par un groupe étranger. La région parisienne contrôle ainsi plus de 2,5 millions de salariés du secteur marchand travaillant en province. Une structure économique favorable La moindre dépendance du système productif breton tient en partie à la composition de son économie. La région compte davantage d emplois dans la construction, l agroalimentaire, le commerce, le conseil-assistance et les 16 Octant n 100 - janvier 2005

Principaux groupes bretons et nombre de salariés contrôlés en Bretagne Activité dominante Nombre de salariés contrôlés en 2000 Union régionale de coopérative agricole Industrie agroalimentaire 3 000 à 4 000 Agropar Industrie agroalimentaire 3 000 à 4 000 Coopérative des agriculteurs de Bretagne Industrie agroalimentaire 2 000 à 3 000 Cooperl Hunaudaye Industrie agroalimentaire 2 000 à 3 000 Sipa press Presse 2 000 à 3 000 Coopérative laitière de Ploudaniel Industrie agroalimentaire 1 000 à 2 000 Centrale coopératives des agriculteurs de Bretagne Industrie agroalimentaire 1 000 à 2 000 Société Yolande et Jean Floc h Industrie agroalimentaire 1 000 à 2 000 Union fermière morbihannaise Industrie agroalimentaire 1 000 à 2 000 Groupe Bigard Industrie agroalimentaire 1 000 à 2 000 Société des transports Gautier Transports 1 000 à 2 000 SPFC (Société de participation et de financement de communication) Publicité 1 000 à 2 000 Compagnie financière Roullier Chimie 1 000 à 2 000 Compagnie financière de Saint-Gérand Industrie agroalimentaire 500 à 1 000 Coopérative des agriculteurs du Morbihan Industrie agroalimentaire 500 à 1 000 Source : Insee, répertoire Sirene, LIFI, 2000 Principaux centre de décisions français - localisés en dehors de la région - contrôlant des salariés en Bretagne Activité dominante en Bretagne Nombre de salariés contrôlés en 2000 La Poste Postes 12 000 à 14 000 France Télécom Télécommunications 10 000 à 12 000 Peugeot SA Construction automobile 10 000 à 12 000 SCHR Yves Rocher Fabrication de parfums et savons 6 000 à 7 000 EDF Électricité 6 000 à 7 000 Carrefour Hypermarché, Supermarché 5 000 à 6 000 Confédération nationale du Crédit Mutuel Banque 4 000 à 5 000 BNP Paribas Banque 4 000 à 5 000 Société civile des mousquetaires Industrie agroalimentaire 4 000 à 5 000 SNCF Transport ferroviaire 4 000 à 5 000 Alcatel Fabrication d équipements électriques et électroniques 3 000 à 4 000 Vivendi Universal Services aux entreprises 3 000 à 4 000 Caisse nationale de Crédit Agricole Banque 2 000 à 3 000 Bouygues Travaux publics 2 000 à 3 000 Vinci Construction 2 000 à 3 000 Source : Insee, répertoire Sirene, LIFI, 2000 hôtels-restaurants que la moyenne des régions de province et ces activités sont relativement autonomes : seulement 20 % des salariés de province travaillant dans la construction, et un peu plus d un tiers de ceux de l agroalimentaire dépendent d un centre décision extérieur à leur région. A l inverse, certaines activités industrielles, les postes et télécommunications et les activités financières, fortement dépendantes par nature et très bien implantées dans la région, accroissent mécaniquement le degré de dépendance de la Bretagne. Dans l industrie automobile, la construction navale, la pharmacie-parfumerie ou l électronique-téléphonie, au moins 80 % des salariésdeprovincedépendent d un centre de décision extérieur à leur région et la Bretagne n échappe pas à la règle. Dans les postes et télécommunications et l énergie (eau, gaz, électricité), cette part dépasse 90 %. Davantage de centres de décision locaux La Bretagne tire sa relative indépendance pour moitié de la structure de son économie et pour l autre moitié d une plus grande présence de centres de décision localisés danslarégion. C est le cas dans les secteurs de l hôtellerie-restauration, la filière construction ou le transport de marchandises. Les établissements du commerce de détail sont parfois organisés enréseaux ou rattachés à des centrales mais conservent souvent une autonomie financière régionale. Ce constat s applique à la grande distribution alimentaire (à l instar des réseaux Leclerc, Intermarché, Super U) ainsi qu au commerce spécialisé dans l équipement de la personne ou de la maison. La concentration dans la grande distribution a toutefois fortement réduit l autonomie du commerce Octant n 100 - janvier 2005 17

Principaux groupes étrangers et nombre de salariés contrôlés en Bretagne Pays de la tête de groupe Nombre de salariés contrôlés en 2000 CF Gomma Italie 2000 à 3000 Northen Télécom Canada 1000 à 2000 Kingfischer Royaume-Uni 1000 à 2000 Pargesa Asset management Pays-Bas 500 à 1000 Schweitzer Mauduit international Etats-Unis 500 à 1000 Teksid Italie 500 à 1000 Preussag Allemagne 500 à 1000 Smithfield foods Etats-Unis 500 à 1000 Canon Japon 500 à 1000 Hill-Rom international Etats-Unis 500 à 1000 Source : INSEE, répertoire SIRENE, LIFI, 2000 régional au cours de la dernière décennie. Carrefour a augmenté son emprise sur le commerce breton avec le rachat des Continent et du réseau des Comptoirs Modernes Economiques de Rennes. De même, la société Casino de Saint-Etienne a racheté le groupe Rallye, localisé dans la région brestoise. Une dépendance marquée à l égard de la région parisienne Lorsque les salariés dépendent d un centre de décision extérieur à leur région, celui-ci est le plus souvent localisé en Île-de-France. Prèsde28%dessalariés bretons sont rattachés à un groupe ou une entreprise localisés en région parisienne. Les régions très industrielles (Haute-Normandie, Franche-Comté, Lorraine, Nord-Pas-de-Calais) et les régions les plus proches du bassin parisien sont les plus dépendantes de l Île-de-France. La Bretagne se classe juste après, un peu au-dessus de la moyenne de province et loin devant les régions du sud de la France. Un fort ancrage régional pour quelques groupes non bretons Le groupe parisien Yves Rocher se distingue des autres groupes français présents dans la région par un très fortancrage breton. Le siège du groupe est à Paris mais 90 % des effectifs et la plupart des établissements sont localisés enbretagne. Intermarché au travers de ses établissements industriels et ses bases logistiques est également très bienimplanté dans la région (près du quart des effectifs). Parmi les autres groupes non bretons bien établis en Bretagne, on trouve également BSA-Besnier et le groupe Cofigad dans l agroalimentaire, le groupement d achat Leclerc, Thomson multimedia et Coficem (Sagem) dans les technologies de l information et de la communication, SHS (Resteco, Samsic) dans les services, ou Verinvest dans le transport. Des groupes étrangers bien implantés en Bretagne Lorsqu ils contrôlent des établissements français, les groupes étrangers ont nécessairement au moins un siège social d entreprise localisé en France. La localisation de ces sièges sociaux est un indicateur d ancrage géographique. Ainsi, 43 % des salariés bretons dépendants de l étranger sont rattachés à un siège social localisé dans la région, le plus souvent parce que les établissements français du groupe sont surtout situés en Bretagne (Schweitzer Mauduit, Canon, Northen Télécom, Teksid, Hill-Rom ). Presque tous les autres salariés dépendant de l étranger sont rattachés à un siège social localisé en Île-de-France (41 %). C est souvent le cas des groupes ayant des établissements disséminés sur l ensemble du territoire (Nestlé, Kingfischer, Sécuritas), mais c est également le cas pour quelques groupes bien ancrés dans la région (Gomma, Preussad, Standard Product). La dépendance à l égard de siège sociaux d une autre région est marginale. En 2000, le groupe Peugeot SA contrôlait plus de 10 000 salariés bretons, Yves Rocher, Carrefour et le Crédit Mutuel plus de 5 000 chacun. Parmi les autres groupes privés parisiens employant plus de 2 000 salariésdanslarégion, on trouve les groupes bancaires BNP Paribas et Crédit agricole. Dans le BTP, la gestion de l eau ou la publicité, de nombreux établissements dépendent de groupes franciliens (Bouygues, Vivendi et Vinci). Alcatel, dans l industrie des télécommunications, Besnier et Intermarché dans l agroalimentaire géraient aussi plus de 2 000 emplois bretons. Les centres de décision parisiens sont surreprésentés en Bretagne parce que beaucoup de grands établissements bretons appartiennent à des groupes privés français, alors que dans d autres régions, ce type d établissements dépendent de groupes étrangers. Moins d implantations étrangères Les groupes étrangers sont aussi moins présents dans l appareil productif de la région, ce qui explique encore la faible 18 Octant n 100 - janvier 2005

dépendance des établissements de Bretagne : 6,5 % des salariés bretons des secteurs marchands non agricoles travaillent sous le contrôle d un groupe étranger contre 12 % dans l ensemble des régions de province et 15 à 20 % dans les régions très industrialisées (Alsace, Haute-Normandie et Picardie). La composition de l économie bretonne va dans le sens d une moindre dépendance des établissements vis-à-vis de l étranger mais cela n explique que la moitié de cette sous-représentation. En Bretagne comme dans les autres régions françaises, les groupes étrangers contrôlent principalement les activités industrielles des biens intermédiaires et des biens d équipement. Ils ont pour la plupart concentré leurs investissements dans l ouest dans les filières des technologies de l information et de la communication, de l automobile ou de l agroalimentaire. Groupes étrangers dans les biens intermédiaires et les biens d équipement Dans les biens intermédiaires, près du quart des emplois dépendent de l étranger. Dans la région, les centres de décision étrangers de ce secteur sont surtout localisés en Italie et aux Etats-unis. Les groupes italiens CF Gomma et Teskid contrôlent respectivement une grosse unité de production d éléments en caoutchouc à Rennes, et une fonderie, la SBFM à Caudan. Le groupe américain Schweitzer Mauduit contrôle les papeteries de Mauduit à Quimperlé. Dela même nationalité, le groupe Cooper Standard détient un établissement spécialisé dans le traitement du caoutchouc à Vitré. Enfin le groupe Lazards contrôle Manoir industries à Saint- Brieuc. Dans l industrie des biens d équipement, 15 % des salariés bretons dépendent d un groupe étranger, deux fois moins que dans l ensemble des régions de province ; c est le corollaire d une plus grande autonomie des établissements de fabrications de machines et équipement pour l industrie, l agriculture ou les IAA. Les activités les plus contrôlées sont l électronique-téléphonie (Canon, Mitsubishi) et la fabrication de matériel médicochirurgical (Hill-Rom sas). Les Etats-Unis et l Allemagne contrôlent par ailleurs une trentaine de PMI spécialisés dans la fabrication de machines ou la maintenance industrielle ou d ascenseurs. Les Dans beaucoup d activités, les établissements bretons sont plus souvent qu ailleurs contrôlés par des groupes privés bretons, c est cet élément qui constitue le facteur explicatif majeur de la moindre dépendance de la Bretagne. Les groupes privés sont très présents dans la filière agricole et agroalimentaire (fabrication et commercialisation des produits de l agriculture et des IAA, services annexes à ces activités). Ce potentiel repose sur la présence d importantes coopératives comme l Union régionale des coopératives agricoles, la Coopérative des agriculteurs de Bretagne, la Cooperl Hunaudaye. Ces groupes coopératifs et les nombreuses autres coopératives régionales contrôlent principalement des unités industrielles d abattages ou de transformation de viande. Elles sont également très présentes dans l industrie laitière, la fabrication d aliments pour animaux, la filière légumes et le négoce de produits agricoles. A côté de ce système coopératif cohabitent des groupes privés locaux et des entreprises indépendantes qui détiennent d importants établissements de la filière IAA régionale. Les groupes Agropar (Doux, Galina), Jean Floc h (Bernard SA), Bigard et Glon-Sanders contrôlaient en 2000, vingt grands établissements agroalimentaires et plus de 7 000 salariés dans la région. Dans la filière presse-édition-communication, la présence conjointe des groupes Part des salariés contrôlés par un centre de décision localisé dans la région de l'établissement % des salariés 79 59 58 55 46 Les groupes privés bretons Ouest-France et Le Télégramme explique la forte autonomie des établissements régionaux. Dans les activités industrielles de biens intermédiaires la plus grande autonomie tient notamment à la présence dans la chimie (engrais) du groupe malouin Roullier, et dans le plastique du quimpérois Bolloré. Dans la filière métallurgie, le groupe rennais Legris et les groupes brestois Meunier et Bastide expliquent la plus grande autonomie de l outil productif régional. Groupes et microgroupes : forte densité en Bretagne Les groupes privés bretons de plus 500 salariés contrôlent 8 % des salariés dela région, deux fois plus qu en moyenne dans les régions de province. La Bretagne se classe ainsi parmi les régions à forte densité de grands groupes privésrégionaux au même titre que le Nord-Pasde-Calais et l Auvergne. Les micros-groupes (moins de 500 salariés) sont également un peu mieux représentés en Bretagne que dans d autres régions : ils contrôlent 9 % des salariés de la région, soit un point de plus que la moyenne de province. Dans les Pays de la Loire, la Franche-Comté, le Poitou-Charentes, les régions Nord-Pasde-Calais et Rhône- Alpes, plus de 10 % des salariés sont dirigés par des micros-groupes régionaux. Octant n 100 - janvier 2005 19

Autonomie et rayonnement des zones d'emplois bretonnes 90 Forte autonomie - Faible rayonnement Forte autonomie - Fort rayonnement 80 en % d'emplois salariés 75 70 65 60 Guingamp Dinan Ploërmel Carhaix Morlaix Auray Saint-Brieuc Vannes Fougères Bretagne Brest Pontivy Saint-Malo Lorient Vitré Quimper Taux de rayonnement 55 50 45 Lannion Redon Taux d autonomie Rennes 40 Faible autonomie - Faible rayonnement Faible autonomie - Fort rayonnement 0 5 10 15 20 25 en % d'emplois salariés Lecture : la zone de Quimper présente un taux de rayonnement de 22 % tandis que son taux d autonomie vaut 67 % (taux de dépendance = 33 %). difficultés et fermetures d établissements ont cependant fortement réduit la dépendance à l égard du Japon et du continent nord américain. Le groupe canadien Nortel Network a fermé trois de ses établissements bretons en 2002. Le groupe japonais Mitsubishi a fermé une importante unité de production en 2003. Par ailleurs, les effectifs ont beaucoup diminué dans les autres usines de l électronique-téléphonie depuis 2001. Près de 7 000 salariés bretons du commerce dépendent de l étranger, soit 5,6 % des emplois du secteur, un peu moins que dans les autres régions. Le groupe britannique Kingfisher (Castorama, Euroloisir, Darty) est le groupe étranger le plus implanté dans le commerce régional. Deux autres pays européens contrôlent aussi plus de 1 000 salariés dans le commerce. Les Pays-Bas sont plutôt centrés sur le négoce de boissons et le commerce d équipements automobiles. Les groupes allemands pilotent surtout des établissements de distribution pharmaceutique, du négoce de biens d équipement industriels et du commerce de détail (LIDL). Des entreprises rayonnantes, dans des activités diversifiées Parallèlement, certaines entreprises bretonnes contrôlent des salariés à l extérieur de la Bretagne : 55 600 salariés employés dansprès de 3 000 établissements localisés dans les autres régions françaises 1. Le taux de rayonnement des groupes et entreprises bretonnes est relativement élevé par rapport à la moyenne des régions de province. La Bretagne se classe au 5 e rang tout juste après l Auvergne (Michelin), le Limousin (Legrand), et Rhône-Alpes (Crédit Lyonnais) et nettement en dessous de la 1 : Les informations disponibles ne permettent pas de mesurer les effectifs contrôlés à l étranger ; ne sont donc comptabilisés que les effectifs des établissements implantés sur le territoire français (y compris DOM-TOM). région Nord-Pas-de-Calais qui doit son taux de rayonnement élevé au groupe Auchan. La position favorable de la Bretagne est liée à la présence de plusieurs groupes de dimension nationale ou internationale qui ont conservé leur centre de décision dans la région. Le groupe Ouest-France est présent dans l édition-presse (Sipa Press), la communication et la publicité (SPFC). Le groupe finistérien Bolloré contrôle des établissements du transport maritime et de logistique, des établissements industriels spécialisés dans la fabrication de papier et de films plastiques ou dans la distribution d énergie. Le groupe rennais Legris spécialiste de la robinetterie, et de la connectique industrielle rayonne également par ses filiales de fabrication d engins de levage et de manutention (Potain). Les groupes agroalimentaires contribuent au rayonnement économique de la Bretagne : Glon-Sanders, Bigard, 20 Octant n 100 - janvier 2005

Définitions Le poids des groupes dans les zones d'emploi bretonnes en % des effectifs Établissement : unité de base du système production, l établissement peut être un élément d un système plus complexe (entreprise ou groupe) ou bien constituer à lui tout seul une entreprise dite mono-établissement. Entreprise :l entreprise est une unité économique organisée pour produire des biens ou des services pour le marché. Elle est représentée par une personne juridique, physique ou morale et composée d un ou plusieurs établissements. L entreprise est juridiquement autonome mais peut dépendre financièrement d une autre entreprise. Groupe : le groupe est constitué d un ensemble de sociétés liées entre elles par des participations au capital. Une des sociétés du groupe détient sur les autres un pouvoir de décision. Tête de groupe : entreprise qui contrôle au moins une autre entreprise et qui n est contrôlée par aucune autre société. Elle peut être localisée à l extérieur du territoire français. Centre de décision : le centre de décision est la tête de groupe si l établissement appartient à un groupe ou, le siège social de l entreprise dans l autre cas. Le centre de décision représente le sommet de la pyramide légale du groupe ou de l entreprise, mais peut ne pas correspondre au centre de décision réel, notamment dans le cas de délocalisation à l étranger pour des facilités fiscales. Doux-Galina et les grandes coopératives (Ploudaniel, Union régionale des coopératives agricoles, Union fermière morbihannaise) contrôlent 6 400 salariés extérieurs à la région. Citons aussi les groupes industriels Roullier et Meunier et dans le transport, les groupes Excel et Gautier. Dans les services aux entreprises, le rayonnement tient surtout à Groupe LG, spécialiste du nettoyage et Loxaco (Loxam) qui exerce son activité dans la location de matériels. Dans les autres activités, plusieurs groupes se distinguent par le nombre d établissements contrôlés ou par le volume d emplois concernés. En 2000, le groupe Le Duff était à la tête de 200 établissements et 3 000 emplois localisés Redon Vitré Rennes Pontivy-Loudéac Ploërmel Saint-Brieuc Morlaix Vannes Brest Lorient Fougères Quimper Carhaix Saint-Malo Guingamp Dinan Auray Lannion 0 10 20 30 40 50 60 70 dans une autre région française. Les groupes PLG, dans la distribution de produits d entretien, Cardinet Victoire dans l imprimerie et Pigeon dans les travaux publics contrôlaient entre 700 et 900 salariés chacun. Rayonnement vers les Pays de la Loire, l Île-de-France et Rhône-Alpes Les établissements extérieurs appartenant à des groupes privés bretons sont principalement localisés danslarégion voisine des Pays de la Loire, en Île-de- France et Rhône-Alpes. Dans les Pays de la Loire, le rayonnement porte principalement sur des activités de services aux entreprises, du commerce et des IAA. Les établissements franciliens et rhônalpins sont surtout spécialisés dans les services (services opérationnels, restauration) et le transport. Grands groupes privés bretons Micro-groupes privés bretons Grands groupes français non bretons Micro-groupes français non bretons Groupes étrangers Lecture : Dans la zone d'emploi de Redon, 1 % des salariés travaillent dans un établissement appartenant à un groupe privé breton (plus de 500 salariés), 7,4 % dans un établissement dépendant d'un micro-groupe privé breton (moins de 500 salariés) ; 45,7 % dans un établissement dépendant d'un grand groupe français non-breton ; 1,9 % dans un établissement dépendant d'un microgroupe français non breton et 4,8 % dépendent de l'étranger. Les 40% des salariés non représentés sur le graphique travaillent dans des groupes publics, des établissements indépendants ou des entreprises non organisées en groupe. Rayonnement de Quimper, dépendance pour Lannion et Redon Si Brest, Lorient et Vitré détiennent des taux de dépendance et de rayonnement proches de la moyenne régionale, les autres zones s en distancient notablement. Quimper détient le meilleur taux de rayonnement, fortement lié àla présence du groupe Bolloré. Cette zone est par ailleurs faiblement dépendante. A l opposé, Lannion et Redon s avèrent fortement dépendantes et peu rayonnantes, et semblent plus exposées que d autres à des à-coups économiques. La forte spécialisation dans l électroniquetéléphonie pour la première et la parfumerie-cosmétique pour la seconde expliquent ce constat. Lannion dépend d une filière organisée à partir de grandes entreprises nationales. Redon est très dépendante du groupe Yves Rocher, dont le siège est localisé àparis ; Octant n 100 - janvier 2005 21

Méthodologie Le champ de l étude : cette étude porte sur les données de l année 2000. Elle concerne l ensemble des établissements employeurs de Bretagne appartenant aux secteurs marchands non agricoles. Les sources utilisées sont le répertoire Sirene, l enquête sur les liaisons financières (LIFI), les fichiers de déclarations fiscales (DADS), et le système unifié de statistique d entreprise géré par l Insee (SUSE). La dépendance :ladépendance mesure, pour un territoire, l importance des emplois qui sont contrôlés par des centres de décisions situés en dehors de ce territoire. Taux de dépendance = Nombre de salariésdépendants Nombre de salariés total du territoire 100 Le rayonnement : le rayonnement mesure l influence en terme d emplois des centres de décisions localisés sur un territoire, en rapportant le nombre de salariés externes à la région (mais dépendants d un centre de décision interne à ce territoire) à l effectif salarié de cette zone. Ce taux de rayonnement peut être dans certains cas supérieur à 100 (cas des territoires parisiens contenant beaucoup de sièges sociaux et de têtes de groupe). Taux de rayonnement = Nombre de salariés hors région dépendants d uncentre de d, ' écision du territoire Nombre de salariés total du territoire 100 les effectifs français du groupe sont néanmoins concentrés sur la zone de Redon, territoire originel de la marque. Pontivy se démarque parmi les zones agroalimentaires Les petites zones et celles du centre Bretagne sont pour la plupart faiblement dépendantes et peu rayonnantes : le poids de l agroalimentaire est important et les grands établissements industriels de biens intermédiaires ou de biens d équipement sont peu présents. Pontivy-Loudéac se singularise toutefois dans ce groupe par un taux de rayonnement relativement élevé pour une zone agroalimentaire. Cette spécificité s explique par le rayonnement, au-delà des limites géographiques régionales, du groupe Glon-Sanders et de l Union fermière morbihannaise. Les grands établissements de la zone d emploi de Rennes dépendent de groupes privés ou publics parisiens (Peugeot SA, Carrefour, La Poste ) ouétrangers (Gomma, Canon, Sanden). Le taux de rayonnement élevé résulte surtout de la présence des groupes Legris, Ouest- France et Le Duff. Près de 60 % de groupes privés à Redon La présence d Yves Rocher dans la zone de Redon explique la forte part des groupes privés français parmi les centres de décision de cette zone. A l opposé, la proportion de salariés des secteurs marchands contrôlés par des groupes publics est très forte sur le territoire de Lannion, alors que le tissu productif d Auray se distingue par davantage d entreprises ou d établissements indépendants. Enfin dans les zones de Saint-Malo, Guingamp et Dinan, les groupes étrangers sont peu présents. n Irène HOUSSAIS Pour en savoir plus Mutations économiques en Bretagne : forces et faiblesses des zones d emploi / Insee Bretagne. - Dans : Dossier Web ; n 1 (2004, oct.). Système en ligne. Images économiques des entreprises et des groupes au 1 er janvier 2002. - Dans : Insee résultats-economie ; n 13 (2003, déc.) - 34 p. Papier + cédérom. Le tissu économique du Bassin parisien : forte autonomie et influence importante / Caroline Roux. - Dans : Insee Picardie-Relais ;n 132 (2004, juil.). - 4 p. Midi-Pyrénées, une économie plutôt autonome / Céline Rouquette, Jean-Louis Julia. - Dans : Insee Midi-Pyrénées : 6 pages ; n 71 (2004, avr.). - 6 p. Une économie plutôt autonome : l industrie du caoutchouc : un atout pour le rayonnement auvergnat / Vincent Rougeot. - Dans : Insee Auvergne : la lettre ;n 20 (2004, juil.). - 6 p. 22 Octant n 100 - janvier 2005