De l'hôtel particulier au muséum

De l'hôtel particulier au muséum SOMMAIRE I Qu'est-ce qu'un hôtel particulier?... p 2 II - L'hôtel particulier d'henri Lecoq... p 3 III - L'hôtel aujourd'hui : un muséum d'histoire naturelle... p 5 IV Annexes... p 8 Références bibliographiques... p10

I) Qu'est-ce qu'un hôtel particulier? 1 Définition Habitation urbaine de grande taille, l'hôtel particulier appartient en général à un personnage important. Il y vit avec sa famille ainsi que son personnel (domestiques, palefreniers, jardiniers, etc). C'est la nature familiale de l'hôtel particulier qui explique que le nombre d'appartements y soit limité. L'hôtel particulier est différent du château. En effet, il ne joue pas un rôle dans le système féodal et ne vit pas des terres qui l'entourent. La taille du bâtiment, l'architecture et le décor mettent en évidence la fortune du propriétaire de l'hôtel particulier. Ce modèle de logement comprend des services divisés en deux catégories : la bouche (la cuisine par exemple) et le transport (les écuries). 2 Histoire Ce type d'habitation semble apparaître entre le XIII et le XIV ème siècle et va être utilisé pendant tout l'ancien Régime. Les premiers hôtels mentionnés appartiennent à des princes, des ducs et des grands prélats 1. A partir du XVII ème siècle, on note l'essor de nouveaux aristocrates issus de la bourgeoisie marchande et de la finance. L'éventail s'agrandit avec des artistes pendant le XVIII ème siècle. Sous l'ancien Régime, on rencontre des hôtels particuliers seulement à Paris et dans des grandes villes de province où siègent les parlements ou des cours souveraines comme par exemple à Rouen, Rennes, Toulouse, Riom ou Montpellier. Avec la transformation industrielle et banquière du XIX ème siècle, l'hôtel se répand et ce type urbain devient de plus en plus habituel. La fin du XIX ème siècle voit un changement : les hôtels sont alors habités par des ministres, des maréchaux, des banquiers, des propriétaires aristocratiques, des courtisanes et des artistes divers. 3 Variété des hôtels particuliers Architecturalement les hôtels sont très variés. Les plans, les élévations et les 1 Dignitaires ecclésiastiques

dispositions intérieures diffèrent selon l'hôtel étudié. Le caractère bruyant et dérangeant de la cuisine et des écuries oblige l'architecte à bien réfléchir au plan adopté. L'escalier est un élément fondamental de l'hôtel particulier. Il permet la circulation vers et entre les appartements. C'est le point central de la distribution des hôtels. Si les hôtels prennent des formes très variées, on peut néanmoins les disposer en deux catégories : l'hôtel entre cour et jardin et l'hôtel sur le devant. Ces deux types de constructions se suivent chronologiquement puis vont se concurrencer. L'hôtel entre cour et jardin apparait au Moyen Âge. Il consiste en un corps de logis principal placé entre une cour et un jardin à l'arrière. Ce genre varie à partir du règne de Louis XIV avec l'hôtel en forme de pavillon. L'hôtel sur le devant apparait au XVII ème siècle. Le corps de logis principal est placé sur le devant de l'emplacement donc, sur la voie publique. La cour et le jardin sont rejetés à l'arrière ou sur le côté. Cette méthode présente certains inconvénients comme par exemple que le rez-de-chaussée ne pouvait pas être habité par le maître car il était trop près de la rue. Cette formule permettait néanmoins que la descente du cheval ou de la voiture se fasse à couvert au pied de l'escalier car le passage de l'entrée était inclus dans le logis. II) L'hôtel particulier d'henri Lecoq 1 Le terrain de l'hôtel En 1839, Henri Lecoq acquiert un terrain de 4000 m² rue de l'eclache (aujourd'hui rue Bardoux) dans le but de faire construire un hôtel particulier et d'y établir un jardin. Le terrain se situait près de sa pharmacie et du jardin botanique. Cet emplacement est en pente vers l'est et jouit dans cette direction, à cette époque, d'une vue magnifique de la Limagne. En effet, les constructions étaient encore très rares de ce côté de la ville. 2 Extérieur L'hôtel particulier est construit principalement en pierre de Volvic sur une surface de 300 m² au sol. La surface habitable est de plus de 1000 m². Henri Lecoq était veuf, la construction de son hôtel ne se justifiait pas par l'envie de se remarier et de fonder une famille. Il aménage sa demeure pour pouvoir y réunir ses Pierre de Volvic La pierre de Volvic provient de l'éruption du volcan du Puy de la Nugère, Volvic se situant au pied de sa coulée. À l'époque romane et gothique, on découvre les qualités de cette pierre. Peu à peu elle conquiert Riom, Montferrand et Clermont dans l'architecture religieuse, privée et publique. collections accumulées depuis une dizaine d'années, et celles à venir.

La façade de l'hôtel côté rue est assez austère, le seul élément décoratif étant une porte majestueuse. Visible côté jardin, une galerie couverte se situe à l'entresol et est rythmée par des colonnes en pierre de Volvic. Les deux étages sont placés en retrait de la galerie. Le premier étage est muni d'un grand balcon courant sur toute la façade, (fermé en 1920 par une grande verrière). En 1849, Henri Lecoq ajoute un belvédère 2 sur le toit. Il est de forme carrée, avec une porte-fenêtre sur chacune des faces et un petit balcon en fait le tour. Il donnait un point de vue unique sur toute la région. En effet, lors de l'installation d'henri Lecoq, la vue n'était pas bouchée par les constructions. Cependant, le belvédère n'a pas été construit pour observer le panorama, mais pour en faire un observatoire météorologique. Henri Lecoq s'intéressait surtout aux rapports entre météorologie et géologie, principalement dans le cadre du refroidissement du climat et de la formation des glaciers. 3 Intérieur L'hôtel comportait l'appartement d'henri Lecoq, celui des domestiques, une bibliothèque, des salles de réunion, des galeries, des salles destinées à ses collections qu'il n'a cessé d'enrichir, des caves et une écurie. Le rez-de-jardin servait d'écurie, de cave et de cuvage ; il donnait sur une terrasse. Un hall d'entrée pavé et en pente douce permettait d'y accéder. Les étages supérieurs étaient et sont toujours accessibles par deux escaliers qui se font face. Lorsqu'on entrait par la rue dans l'hôtel, à l'époque d'henri Lecoq, l'entresol comprenait du côté gauche des salles de travail et de réunion pour lui et ses collaborateurs ainsi qu'un logement pour les domestiques. À droite, on trouvait l'escalier menant à l'appartement privé d'henri Lecoq ainsi qu'aux salles de collections. L'escalier est un élément fondamental dans l'hôtel particulier, il est éclairé par une verrière 3 et permet de desservir les deux étages. De ce côté, l'entresol comprenait une grande cuisine vers la rue et un salon qui donnait sur la galerie couverte, côté jardin, par de grandes portes-fenêtres. Au premier étage, se trouvait la chambre d'henri Lecoq qui avait un cabinet de 2 Pavillon ou terrasse qui coiffe et domine un édifice et qui permet d'avoir une vue lointaine. 3 Toit ou partie de toit formé d'une charpente en fer vitrée ou de dalles en verre.

toilette et une bibliothèque attenants. La chambre donnait sur un grand balcon côté jardin grâce à des portes-fenêtres. Fermé en 1920 par une grande verrière, il est aujourd'hui encore possible de voir qu'il s'agissait bien d'un balcon. En effet, en se rendant dans l'actuelle salle de paléontologie régionale du muséum, la porte centrale du balcon est décorée de volutes et de corniches attestant que cette partie se trouvait à l'origine à l'extérieur. Le reste de l'étage se composait de trois salles destinées aux collections. On observe presque la même disposition au deuxième étage hormis les plafonds plus bas. À cet étage, se trouvent trois pièces pour y établir les collections et une chambre. Le dernier étage est occupé par les greniers accessibles par une volée de marches sous la verrière. 4 Jardin et serres Au temps d'henri Lecoq, la propriété s'étendait largement vers le Nord. Le long de la grande salle des collections du premier étage, une galerie menait à un bâtiment en brique avec de larges ouvertures ornées de bois ajouré. Ce bâtiment d'un étage se prolongeait par des serres immenses. Le rez-de-chaussée servait à Henri Lecoq d'atelier et de jardin d'hiver et permettait d'entrer dans les serres d'environ 600 m². Dans les serres chaudes, des espèces tropicales étaient cultivées avec notamment une collection d'orchidées aux formes et couleurs étranges. Henri Lecoq a fait de nombreuses expériences d'hybridation 4 au sein de ses serres. La terrasse et les jardins étaient plantés d'arbres et agrémentés par des bassins et des fontaines. III) L'hôtel aujourd'hui : un muséum d'histoire naturelle 1 La mort d'henri Lecoq En 1870, Henri Lecoq vit mal la guerre avec l Allemagne et cesse peu à peu de s alimenter. Il s éteint, rue de l Éclache, le 4 août 1871. Dans son testament, il lègue à la ville ses collections mais pas l'hôtel qui les abrite. La Ville de Clermont-Ferrand le rachète par la suite à son frère, Félix Lecoq, qui propose de le céder avec la moitié du jardin pour 50000 francs payables en 20 ans. Toute la 4 Croisement entre deux variétés, deux races d'une même espèce ou entre deux espèces différentes.

partie Nord de la propriété qui comprend les serres, le jardin d'hiver et la loggia n'est pas comprise dans la transaction. Henri Lecoq avait fait don de l'ensemble des vitrines, les présentations étaient donc toutes prêtes à accueillir les visiteurs. Aussi, l'établissement pouvait très rapidement ouvrir. Néanmoins, Félix Lecoq met plusieurs conditions au rachat du bâtiment par la Ville. Celle-ci devra demander l'avis de la famille au cas où elle voudrait déménager les collections dans un autre bâtiment. De plus, la Ville doit donner au nouveau musée le nom de son fondateur en apposant une plaque sur la façade. La proposition de Félix Lecoq est très avantageuse, le prix demandé est dérisoire et permet d'éviter d'endommager les collections avec un déménagement. La municipalité accepte donc les conditions et construit le mur qui doit séparer la propriété à ses frais. Les serres et la loggia dont Henri Lecoq était très fier sont détruites pour laisser place à un immeuble (aujourd'hui au 13, rue Bardoux). Le musée voit le jour et est inauguré en janvier 1873. 2 Les différentes évolutions Le muséum est dans un premier temps dirigé par un collaborateur et ami d'henri Lecoq, Martial Lamotte. Puis, Joseph Marie Grand-Clément sera son successeur. Après sa mort, c'est Paul Gautier qui est nommé directeur en 1896. À cette époque, les anciennes écuries sont occupées par le ménage de gardiens qui vit dans un appartement obscur et insalubre. Le directeur vit aussi dans l'hôtel devenu musée. Il est à noter qu'à cette époque, il n'y avait pas d'électricité dans les salles d'exposition. Il faudra attendre 1957 pour que toutes les salles d'exposition soit munies de l'éclairage électrique. Peu à peu, le musée se dégrade et Gautier craint pour les collections et les conditions d'hygiène des gardiens. Des travaux sont enfin amorcés en 1920. C'est lors de ces travaux que le balcon de l'ancienne chambre d'henri Lecoq est fermé par une verrière et doté d'un toit. Par la suite, Georges Bournet devient conservateur du musée Lecoq. Il abandonne le logement situé à l'entresol, ce qui lui permet d'envisager l'ouverture de nouvelles salles. Il obtient le classement du muséum par le Ministère de l'éducation Nationale en 1956. Il faut noter que grâce à ce classement, le «Musée de France» (Loi janvier 2002) Le label «musée de France» est attribué par une décision du ministre chargé de la culture et de la communication après avis du Haut conseil des musées de France. Les collections de ces musées sont inaliénables et doivent être inscrites sur un inventaire réglementaire Les musées de France peuvent dépendre de collectivités territoriales, de l'état, d'associations ou de fondations. Le Muséum Henri-Lecoq dépend de la Ville de Clermont-Ferrand. muséum a été automatiquement labellisé «Musée de France» grâce à la loi du même nom en 2002. C'est le premier du Massif Central.

À cette époque, le conservateur souhaite développer les activités pédagogiques. Pour se faire, la galerie couverte de l'entresol est organisée pour être destinée aux scolaires. On construit à son emplacement un bâtiment nouveau d'une surface totale de plus de 500 m². Cette partie du musée comprend la chaufferie, un appartement pour le gardien et des salles réservées aux collections. 3 -Les collections et les salles aujourd'hui Le muséum Henri-Lecoq se compose actuellement de cinq départements. Le département de Botanique comporte plus de 100 000 représentants du monde végétal. Il se compose d'herbiers, dont celui de Lecoq constitué de plantes à fleurs, de fougères, de mousses, d'algues, de champignons et de lichens de toute l'europe. Le département de Géologie est formé de 20 000 minéraux régionaux et mondiaux, de 20 000 roches régionales et de 10 000 fossiles locaux. Le département de Zoologie regroupe plus de 300 000 représentants du monde animal d'auvergne ou de régions plus lointaines avec des mammifères, des oiseaux, des reptiles, des amphibiens, des poissons, des insectes et des mollusques. Le département d'histoire des Sciences et Techniques se consacre à la conservation de machines à calculer mécaniques ainsi qu'à la conservation de la mémoire de scientifiques locaux, ou ayant eu un lien fort avec la région Auvergne. Le département du Patrimoine Écrit et Graphique regroupe les écrits de Lecoq, des ouvrages anciens, des archives scientifiques et des documents iconographiques. A l'inverse d'henri Lecoq qui présentait une simple exposition de ses collections, le muséum propose un discours scientifique illustré de manière pédagogique par des éléments appartenant aux collections. L'affectation actuelle des salles du muséum est assez récente et date des années 2010. Aujourd'hui, le rez-de-chaussée du muséum se compose de l'accueil, de la bibliothèque, du service des publics et de la salle d'atelier enfants. L'entresol donne à voir principalement un espace réservé à l'histoire des sciences et techniques avec des scientifiques comme Blaise Pascal, Henri Lecoq ou Antoine Laurent de Lavoisier. Le 1 er étage regroupe des collections faisant attrait aux collections naturalistes régionales avec l'évocation des milieux naturels régionaux, de la minéralogie et paléontologie régionales. Au 2 ème étage, on trouve la classification des êtres vivants et la minéralogie générale. Les réserves se trouvent dans les combles. Le bâtiment du muséum qui est plus récent abrite

l'espace administratif du musée et la salle d'exposition temporaire. VI) Annexes Cave Côté rue Plan de l'hôtel particulier d'henri Lecoq Rue Ballainvilliers Cave Jardin public Écurie Hall entre la rue et le jardin Place du Taureau Cave 1 Rue de l'éclache 2 3 5 4 Accès à la terrasse 6 Plan du rez-dechaussée Côté jardin Côté rue Cuisine Appartements des domestiques Accés aux étage Hall entre la rue et le jardin Salon Salle de réunion Plan de l'entresol Côté jardin

Côté rue Géologie et minéralogie régionale par cantons, minéralogie régionale par systématique, carte géologique du Puy-de-Dôme, herbiers, graines, poisson, reptiles Chambre et cabinet de toilette de Lecoq Insectes herbiers Bibliothèque Vues et coupes (Lecoq et Bouillet), paléontologie, grands échantillons, insectes Galerie couverte Côté jardin Plan du premier étage Côté rue Conchyliologie, éponges et coraux, herbiers, minéralogie générale et régionale, roches et fossiles du bassin de Paris Chambre Conchylogie, herbiers Zoologie régionale, oiseaux, mammifères, oeufs Plan du deuxième étage Côté jardin

Références bibliographiques - PENICAUD, Pierre, Henri Lecoq, les fortunes d'un naturaliste à Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, un deux...quatre édition, 2002, p.269. - PENICAUD Pierre, "le Muséum d'histoire naturelle Henri-Lecoq : un muséum pour le massif central", Musée et collections revue de l'association publiques générale des conservateur de France des collections publiques de France, n 244, 2005, p.67. -VIVAT, Anne-Marie, "Le musée Lecoq de Clermont-Ferrand, un musée rénové au pays de la pierre de Volvic", La lettre de l'ocim, n 18, 1991, pp.3-9. NB : Ces ouvrages et revues sont consultables à la bibliothèque du muséum.