PLAN NORD L ADOPTION DES MEILLEURES PRATIQUES RH, UN INCONTOURNABLE POUR MAXIMISER LES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES

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PLAN NORD L ADOPTION DES MEILLEURES PRATIQUES RH, UN INCONTOURNABLE POUR MAXIMISER LES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES

TABLE DES MATIÈRES :: 3 SOMMAIRE... 4 L étude...7 Cadre méthodologique...7 INTRODUCTION... 7 Structure du document...8 Projections de main-d œuvre de RHDCC dans le secteur des ressources naturelles...9 MODÈLES PRÉVISIONNELS RETENUS... 9 Projections des besoins d embauche du Conseil RHiM... 11 Identification des catégories sous forte pression à l échelle du Canada...13 Modèle prévisionnel du Québec pour le marché du travail...14 Modèle du CSMO Mines du Québec...16 RÉSUMÉ DES PRINCIPALES CONCLUSIONS...19 COMMENT LE QUÉBEC PEUT-IL ABORDER CES ENJEUX RH POUR MAXIMISER LES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES?... 22 Politique concertée en RH et initiatives de formation pour le Québec...23 Stratégies d attraction et de rétention des travailleurs...24 Développer une stratégie fly-in / fly-out efficace...25 CONCLUSION... 27 À PROPOS DES AUTEURS... 29 À PROPOS DE KPMG-SECOR... 29

4 :: Plan Nord : l adoption des meilleures pratiques RH, un incontournable pour maximiser les retombées économiques SOMMAIRE En février 2012, SECOR publiait une étude portant sur l évaluation des retombées économiques des projets du Plan Nord. Cette étude démontre que les 80 milliards $ d investissement prévus sur une période de 25 ans, auxquels s ajoutent les dépenses des activités d exploration et surtout d exploitation de l ordre de 150 milliards sur la même période, pourraient permettre de générer des retombées de 148 milliards $ pour l économie québécoise. La création de richesse (valeur ajoutée additionnelle) atteindrait 5,9 milliards $ par année, soit l équivalent de 1,7 % du PIB du Québec en 2011, et le gouvernement pourrait profiter de 781 millions $ de recettes fiscales et parafiscales 1 par année. Enfin, l étude établit qu environ 37 200 emplois seraient soutenus annuellement par les projets du Plan Nord. Afin de réaliser ces retombées économiques, les entreprises du secteur des ressources naturelles et de l énergie (RNE) et leurs fournisseurs (firmes d ingénierie, entrepreneurs, équipementiers, etc.) devront embaucher suffisamment de main-d œuvre qualifiée pour réaliser leurs projets, autant pour la construction que pour l exploitation des sites de production. Dans cette deuxième étude SECOR a voulu apporter un éclairage sur la disponibilité de la main d œuvre au Canada et au Québec et identifier les pénuries qui pourraient être un frein à la réalisation de ces projets et nuire aux retombées économiques projetées. L analyse des études existantes sur le marché du travail, démontre que certaines catégories d emplois subiront une pression considérable au cours des prochaines années en raison du fort déséquilibre entre l offre disponible et une demande croissante tirée par les besoins du Plan Nord. 1 Les droits miniers (redevances) et l impôt des sociétés ne sont pas inclus dans ces recettes.

SOMMAIRE :: 5 Plus précisément, les professions suivantes ont été identifiées dans les quatre études consultées comme celles pour lesquelles la pression va être la plus importante : 20 PROFESSIONS SOUS FORTE PRESSION AU COURS DE LA PROCHAINE DÉCENNIE Conditions du marché québécois Conditions du marché canadien Superviseur d exploitation de mines et de carrières Électriciens industriels Géologues, géochimistes et géophysiciens Mécaniciens d équipement lourd Manœuvres des mines Conducteurs d équipement lourd (sauf les grues) Mineurs d extraction et de préparation, mines souterraines Surveillants dans la transformation des métaux et des minerais Mécaniciens de chantier et mécaniciens industriels (sauf l industrie du textile) Conducteurs de camions Directeurs de la production primaire (sauf l agriculture) Opérateurs de machines dans le traitement des métaux et des minerais Aides de soutien des métiers et manœuvres en construction Opérateurs de poste central de contrôle et de conduite de procédés industriels dans le traitement des métaux et des minerais Technologues et techniciens en géologie et en minéralogie Soudeurs et opérateurs de machines à souder et à braser Contrôleurs et essayeurs dans la transformation des métaux et des minerais Manœuvres dans le traitement des métaux et des minerais Commis à la production Tuyauteurs, monteurs d appareils de chauffage et poseurs de gicleurs LÉGENDE : Pénuries peu probables pour les entreprises de RNE dans cette catégorie. La disponibilité de la main-d œuvre, même si la demande est forte, ne devrait pas être un facteur de retard dans l achèvement des projets. Pénuries temporaires probables pour les entreprises de RNE dans cette catégorie. Le manque de personnel qualifié pourrait retarder l achèvement des projets et nuire à l efficacité de l exploitation. Pénuries prolongées pour les entreprises de RNE dans cette catégorie. Le manque de personnel qualifié retardera l achèvement des projets et nuira à l efficacité de l exploitation. Source : Analyse SECOR La comparaison entre la demande au Québec et au Canada pour les travailleurs semble indiquer que les catégories professionnelles sous pression à l échelle du Québec le seront aussi à l échelle nationale. Plus précisément, les superviseurs d exploitation de mines et de carrières, les électriciens industriels et les géologues seront en pénurie au cours des dix prochaines années. D autres professions comme les directeurs de production primaire, les opérateurs de machines et les techniciens en géologie seront aussi temporairement en nombre insuffisant, nécessitant des ajustements permanents entre l offre et la demande jusqu en 2020. Il ressort aussi, en dépit d une forte demande, que des catégories comme les manœuvres dans le traitement des métaux et des minerais, les commis à la production et les tuyauteurs, ne devraient pas connaître de pénurie. Les entreprises recherchant des compétences qui vont connaitre une forte pénurie auraient intérêt

6 :: Plan Nord : l adoption des meilleures pratiques RH, un incontournable pour maximiser les retombées économiques à prendre des mesures nécessaires pour anticiper ces pénuries, et réorganiser leurs équipes en fonction de compétences pour lesquelles aucune pénurie n est prévue. Ainsi, en plus de souligner les professions qui sont le plus en demande, cette étude nous amène à formuler trois principales observations : Les salaires dans l industrie minière au Québec devront s ajuster à ceux en vigueur dans l Ouest du Canada. Les compagnies minières qui œuvrent dans des régions éloignées offrent de plus en plus le gîte et le couvert à leurs employés. Il devient donc moins attrayant pour le travailleur minier moyen de travailler sur un site éloigné au Québec, pour un salaire inférieur de 26 000 $ à celui de ses collègues albertains. Les minières actives au Québec se feront concurrence principalement sur le marché du travail québécois pour recruter des travailleurs moins qualifiés; en ce qui concerne les travailleurs qualifiés, elles n auront d autre choix que de devenir compétitives à l échelle nationale et internationale. L industrie de l énergie l a déjà compris, et s est ajustée notamment par un rattrapage salarial de près de 26 % au Québec au cours des deux dernières années. Le Québec doit accélérer le développement et la qualité de ses infrastructures nordiques afin de soutenir le Plan Nord. Le travail en région éloignée demeure peu attractif; toute amélioration de la qualité de vie que ce soit la réduction du temps de déplacement, le développement d infrastructures de loisir ou l offre de services de télécommunications performants devient un facteur d attractivité important. Le secteur privé investit dans certaines infrastructures, mais les gouvernements locaux et provincial doivent réfléchir à ce qu ils peuvent faire pour attirer et loger un nombre suffisant de travailleurs sur place. Un engagement financier des pouvoirs publics dans le développement d infrastructures dans le Nord du Québec enverrait un message encourageant aux entreprises multinationales qui envisagent des investissements importants au Québec. Les collectivités éloignées ont devant elles une occasion extraordinaire de se développer grâce au boom de l industrie des RNE. Cependant, leur développement économique exige une planification réfléchie. Comme ces collectivités manquent actuellement d infrastructures adéquates (logements, écoles, hôpitaux, etc.), la formule du «fly-in / fly-out» ou FIFO, vers les territoires d exploitation est une solution facilitant l hébergement des travailleurs. Sans un certain degré de collaboration, le FIFO peut entraîner des tensions avec les collectivités concernées par les grands projets. La planification, la collaboration, une réglementation claire et des efforts visant le traitement équitable des populations locales sont nécessaires pour assurer une cohabitation harmonieuse entre les habitants permanents et temporaires. L estimation de 148 milliards $ de retombées économiques projetées doit être considérée comme un objectif, et non comme un résultat acquis. Pour réaliser ces retombées, les secteurs public et privé du Québec doivent consentir des investissements importants dans les infrastructures, pour la main d œuvre et dans le développement des compétences.

INTRODUCTION :: 7 INTRODUCTION L étude En février 2012, SECOR a publié une étude portant sur l évaluation des retombées économiques du Plan Nord. Cette étude montre que les 80 milliards $ d investissement prévus sur une période de 25 ans, auxquels s ajoutent les dépenses des activités d exploration et surtout d exploitation de l ordre de 150 milliards sur la même période, pourraient permettre de générer des retombées de 148 milliards $ pour l économie québécoise. La création de richesse (valeur ajoutée additionnelle) atteindrait 5,9 milliards $ par année, soit l équivalent de 1,7 % du PIB du Québec en 2011, et le gouvernement pourrait profiter de 781 millions $ de recettes fiscales et parafiscales 2 par année. Enfin, l étude établit qu environ 37 200 emplois seraient soutenus annuellement par les projets du Plan Nord. Afin de réaliser cet objectif, les entreprises du secteur des ressources naturelles et de l énergie (RNE) devront embaucher suffisamment de main-d œuvre qualifiée pour réaliser leurs projets, autant pour la construction que pour l exploitation des sites de production. Dans cette deuxième étude SECOR a voulu apporter un éclairage sur la disponibilité de la main d œuvre au Canada et au Québec et identifier les pénuries qui pourraient être un frein à la réalisation de ces projets et nuire aux retombées économiques projetées. Cadre méthodologique Cette étude vise principalement à souligner les tendances de la main-d œuvre dans l industrie des RNE et à déterminer celles qui pourraient avoir un impact important sur la réalisation du Plan Nord. C est pourquoi SECOR a choisi d évaluer les professions les plus courantes dans l industrie des RNE. L étude met l accent sur les catégories d emploi dans les secteurs des mines, de l énergie et de la foresterie : conducteurs de camion, électriciens, ingénieurs, superviseur d exploitation, etc. Il existe déjà plusieurs modèles prévisionnels des besoins en main-d œuvre de l industrie des RNE. Pour les fins de cette étude, SECOR a analysé quatre études publiques. Deux des modèles utilisés sont ceux 2 Les droits miniers (redevances) et l impôt des sociétés ne sont pas inclus dans ces recettes.

8 :: Plan Nord : l adoption des meilleures pratiques RH, un incontournable pour maximiser les retombées économiques d analyses gouvernementales (fédérales et provinciales), et deux autres proviennent d associations sectorielles : le Conseil des ressources humaines de l industrie minière (Conseil RHiM) et le Comité sectoriel de main-d œuvre de l industrie des mines (CSMO Mines) du Québec. Trois de ces modèles adoptent une méthode descendante axée sur des hypothèses macroéconomiques, tandis que le modèle du CSMO Mines adopte une modélisation ascendante de type microéconomique. Afin de recenser les professions pertinentes, SECOR a adopté les codes de la Classification nationale des professions (CNP) qui est, selon Ressources Humaines et Développement des Compétences Canada (RHDCC), «la source autorisée d information sur les professions au Canada. Elle est utilisée quotidiennement par des milliers d individus afin de comprendre les emplois disponibles sur le marché du travail canadien 3». Le lecteur de la présente étude doit garder à l esprit que, bien que SECOR ait choisi les professions les plus courantes dans l industrie des RNE, ces professions ne sont pas exclusives à cette industrie. Ainsi, l industrie des RNE est en concurrence avec d autres secteurs économiques pour attirer la main-d œuvre dont elle a besoin. La classification de RHDCC ne permet qu une analyse de la main-d œuvre à l échelle du Canada et pour les codes CNP de trois chiffres. Pour l analyse des données québécoises, SECOR est allé plus loin en utilisant les codes de classification à quatre chiffres, ce qui a accru la précision de l analyse. Pour chaque étude analysée dans le présent document, le même modus operandi a été adopté. L accent a été mis sur l identification des catégories d emploi les plus en demande susceptibles de limiter la capacité de l industrie des RNE de mener à bien le Plan Nord. Structure du document L analyse qui suit est divisée en trois grandes parties : Le chapitre 2 compare différentes études sur les marchés canadiens et québécois de la main-d œuvre, puis synthétise leurs principales conclusions. Le chapitre 3 reprend les conclusions du chapitre précédent et met en évidence les emplois pour lesquels la main-d œuvre s annonce insuffisante et qui seront caractérisés par une forte pression d embauche. Le chapitre 4 examine les solutions que les entreprises du secteur des RNE œuvrant dans le Nord du Québec devront déployer pour attirer et retenir la main d œuvre nécessaire au développement de leurs projets. 3 http://www5.rhdcc.gc.ca/cnp/francais/cnp/2011/bienvenue.aspx

MODÈLES PRÉVISIONNELS RETENUS :: 9 MODÈLES PRÉVISIONNELS RETENUS Notre analyse des enjeux de main d œuvre du secteur minier se fera d abord à l échelle du Canada, car dans le contexte du Plan Nord, une pénurie de main-d œuvre d envergure pancanadienne dans une catégorie donnée constitue un problème beaucoup plus sérieux que si la pénurie se limite à l échelle provinciale. Dans un deuxième temps, nous utilisons deux modèles québécois pour préciser les défis qui attendent les entreprises du secteur RNE au Québec. Projections de main-d œuvre de RHDCC dans le secteur des ressources naturelles Ressources Humaines et Développement des Compétences Canada (RHDCC) a mis au point un modèle prévisionnel de l offre et de la demande de main-d œuvre, dont le découpage tient compte des diverses professions et de leurs niveaux de compétence. Ce modèle est fondé sur le Système de Projection des Professions au Canada (SPPC). Ces projections s appuient sur des tendances macroéconomiques sur dix ans pour l offre et la demande de main-d œuvre; elles permettent d identifier les professions qui présentent une pénurie ou un surplus de travailleurs sur la période 2011-2021 à l échelle du Canada. Le modèle du SPPC ne tient pas compte des secteurs de l économie et ne prédit donc pas les besoins en main-d œuvre de telle ou telle industrie. C est pourquoi SECOR a limité son analyse à certaines catégories professionnelles présentes dans l industrie du secteur RNE, identifiées au moyen de leur code CNP à trois chiffres. Les projections de main-d œuvre sur dix ans de RHDCC montrent que certaines professions seront plus en demande que d autres. Le tableau 1 présente les catégories de travailleurs prévues comme déficitaires au cours des dix prochaines années à l échelle du Canada. Plus précisément, il semble que le Canada sera en déficit de près de 1 650 électriciens et monteurs de lignes, d environ 900 entrepreneurs et contremaîtres du personnel des métiers et du personnel assimilé, d environ 750 superviseurs d exploitation de mines, de pétrole ou de gaz.

10 :: Plan Nord : l adoption des meilleures pratiques RH, un incontournable pour maximiser les retombées économiques TABLEAU 1 : DÉFICITS ANNUELS DE MAIN-D ŒUVRE AU CANADA (2011-2021) Profession Électriciens et monteurs de lignes d électricité et de télécommunications Entrepreneurs et contremaîtres du personnel des métiers et du personnel assimilé Déficit annuel -1647 Secteurs demandeurs dans l industrie des RNE Exploitation et expansion du réseau électrique -926 Exploitation et travaux d expansion Superviseurs d exploitation des mines, du pétrole et du gaz -764 Exploitation minière Surveillants de l exploitation forestière -404 Exploitation forestière Mécaniciens de machines fixes et opérateurs de centrales et de réseaux électriques Conducteurs de véhicules automobiles et opérateurs de transport en commun Mécaniciens de machinerie et d équipement de transport (sauf véhicules automobiles) Personnel d entretien des mines et du forage des puits de pétrole et de gaz Directeurs des services de génie, d architecture, de sciences naturelles et des systèmes -320 Exploitation électrique -276 Exploitation minière -190 Autres mécaniciens -159 Exploitation minière, électricité et transports -177 Exploitation minière -167 Phase d aménagement Exploitation minière, électricité et transports Personnel élémentaire de la production primaire -146 Exploitation minière Manœuvres aux travaux publics, et personnel assimilé, n.c.a. -123 Phase d aménagement / d expansion Conducteurs de machines d abattage du bois -119 Exploitation forestière Personnel de l exploitation forestière -118 Exploitation forestière Grutiers, foreurs et dynamiteurs -109 Exploitation minière Machinistes et personnel assimilé -103 Exploitation minière et électricité Conducteurs d équipement lourd -40 Exploitation minière Personnel du forage, des mines souterraines et de la production gazière et pétrolière Source : Système de projection des professions au Canada, analyse SECOR -40 Exploitation minière Alors que certaines catégories professionnelles s annoncent en fort déficit, d autres compétences en demande dans l industrie du secteur RNE devraient être excédentaires. Le tableau 2 indique les professions caractérisées par une main-d œuvre abondante au Canada pour les dix prochaines années. Il est à noter que certaines professions, comme directeur de la production primaire, personnel technique en génie électrique et personnel des opérations du transport ferroviaire, ne sont qu en léger surplus. Il ne serait donc pas surprenant que l industrie connaisse de manière conjoncturelle de courtes pénuries pour certaines d entre elles.

MODÈLES PRÉVISIONNELS RETENUS :: 11 TABLEAU 2 : SURPLUS ANNUELS DE MAIN-D ŒUVRE AU CANADA (2011-2021) Profession Surplus annuel Secteurs demandeurs dans l industrie des RNE Directeurs de la production primaire (sauf l agriculture) 58 Exploitation minière Personnel technique en génie électronique et électrique 64 Exploitation électrique Personnel des opérations du transport ferroviaire 87 Transport et expédition du minerai Autres professionnels en génie 120 Phase d aménagement Opérateurs de machines dans le traitement des métaux et des minerais et personnel assimilé 226 Exploitation minière Personnel technique en génie civil, mécanique et industriel 287 Exploitation minière et électricité Personnel technique des sciences physiques 293 Exploitation minière Commis au travail général de bureau 293 Autres conducteurs de matériel de transport et personnel assimilé Personnel de supervision du travail de bureau 351 Personnel d installation, de réparation et d entretien 442 Personnel technique en architecture, en dessin, en arpentage et en cartographie Administration et développement des affaires 325 Transport et expédition du minerai Administration et développement des affaires Exploitation minière, électricité et transports 539 Exploitation minière et électricité Directeurs de la construction et du transport 563 Phase d aménagement Personnel des métiers du formage, du profilage et du montage du métal 603 Phase d aménagement Aides de soutien des métiers et manœuvres en construction 776 Phase d aménagement Directeurs des services administratifs 796 Administration et développement des affaires Plombiers, tuyauteurs et monteurs d installations au gaz 901 Transport et expédition du minerai Manœuvres dans la transformation, la fabrication et les services d utilité publique Source : Système de projection des professions au Canada, analyse SECOR 961 Exploitation minière Projections des besoins d embauche du Conseil RHiM Le Conseil des Ressources Humaines de l Industrie Minière (Conseil RHIM) est un organisme de l industrie qui réunit une grande variété d intervenants du secteur minier pour développer et mettre en œuvre des solutions RH au niveau national. Ces solutions RH s appuient sur l information de marché produite annuellement par le Conseil RHIM et ses projections à dix ans. Le modèle du Conseil RHIM tient compte des tendances macroéconomiques, des fluctuations du prix des matières premières et de l énergie, de la productivité de l industrie ainsi que du taux de roulement du personnel et des départs à la retraite. Ce modèle produit trois scénarios : récessionniste, expansionniste et de référence. Dans notre étude, seul le scénario de référence présenté en août 2011 est pris en compte. Le Conseil RHiM estime que l évolution du prix du minerai de fer et les gains de productivité réduiront l emploi global dans l industrie minière au Canada de près de 0,5 % par année entre 2011 et 2021. L embauche devrait néanmoins demeurer forte, principalement à cause du vieillissement des travailleurs et des départs à la retraite.

12 :: Plan Nord : l adoption des meilleures pratiques RH, un incontournable pour maximiser les retombées économiques Cette étude confirme aussi que certaines professions seront particulièrement en demande au Canada. Viennent notamment en tête de cette demande les commis à la production, les mécaniciens de chantier et industriels et les opérateurs de machines dans le traitement des métaux et des minerais. Ces résultats concordent avec les projections de RHDCC. Le tableau 3 présente les 20 professions qui seront le plus en demande d ici 2021 au Canada, selon l étude du Conseil RHiM. TABLEAU 3 : LES 20 PROFESSIONS LES PLUS EN DEMANDE DANS L INDUSTRIE MINIÈRE AU CANADA Besoins cumulatifs en matière d embauche au Canada d ici 2021 Catégories d emploi 1. Commis à la production 6 960 Travailleurs de soutien 2. Conducteurs d équipement lourd (sauf les grues) 5 795 Métiers et emplois non désignés 3. Conducteurs de camions 4 995 Métiers et emplois non désignés 4. Mineurs d extraction et de préparation, mines souterraines 5. Mécaniciens de chantier et mécaniciens industriels (sauf l industrie du textile) 6. Directeurs de la production primaire (sauf l agriculture) 7. Soudeurs et opérateurs de machines à souder et à braser 8. Manœuvres dans le traitement des métaux et des minerais 4 475 Métiers et emplois non désignés 4 335 Métiers et emplois non désignés 3 265 Surveillants, coordonnateurs et contremaîtres 2 755 Métiers et emplois non désignés 2 545 Métiers et emplois non désignés 9. Mécaniciens d équipement lourd 2 465 Métiers et emplois non désignés 10. Opérateurs de machines dans le traitement des métaux et des minerais 11. Surveillants de l exploitation des mines et des carrières 2 000 2 330 Métiers et emplois non désignés Surveillants, coordonnateurs et contremaîtres 12. Électriciens industriels 1 915 Métiers et emplois non désignés 13. Opérateurs de poste central de contrôle et de conduite de procédés industriels dans le traitement des métaux et des minerais 14. Surveillants dans la transformation des métaux et des minerais 15. Technologues et techniciens en géologie et en minéralogie 1 615 Métiers et emplois non désignés 1 515 16. Géologues, géochimistes et géophysiciens 1 370 17. Aides de soutien des métiers et manœuvres en construction Surveillants, coordonnateurs et contremaîtres 1 470 Professions techniques Professions libérales et du domaine des sciences physiques 1 160 Métiers et emplois non désignés 18. Manœuvres des mines 1 140 Métiers et emplois non désignés 19. Tuyauteurs, monteurs d appareils de chauffage et poseurs de gicleurs 20. Contrôleurs et essayeurs dans la transformation des métaux et des minerais 1 125 Métiers et emplois non désignés 1 110 Travailleurs de soutien Remarque : Sont exclues les professions génériques comme les secrétaires, les vérificateurs financiers et les comptables. Source : Prévisions sur l emploi et l embauche dans l industrie minière canadienne (Conseil RHiM 2011), analyse SECOR

MODÈLES PRÉVISIONNELS RETENUS :: 13 Identification des catégories sous forte pression à l échelle du Canada Les tableaux 1 et 2 présentent les professions pour lesquelles une pénurie ou à un surplus est attendu à l échelle du Canada d ici 2020. Le tableau 3 indique les professions qui devraient être en forte demande dans l industrie minière au Canada. Les recoupements entre ces tableaux révèlent certaines catégories d emplois spécialisés et non spécialisés sous forte pression. Plus précisément, les conducteurs et les mécaniciens d équipement lourd, les mécaniciens de chantier et industriels, les manœuvres et les superviseurs devraient connaître une pression d embauche considérable dans l avenir proche. TABLEAU 4 : PRESSION D EMBAUCHE SUR LES PROFESSIONS ET LES COMPÉTENCES Demande au Canada Pénurie ou surplus au Canada Mécaniciens de chantier et mécaniciens industriels (sauf l industrie du textile) Élevée Forte pénurie Surveillants de l exploitation des mines et des carrières Élevée Forte pénurie Mécaniciens d équipement lourd Élevée Pénurie Conducteurs de camions Élevée Pénurie Conducteurs d équipement lourd (sauf les grues) Élevée Faible pénurie Mineurs d extraction et de préparation, mines souterraines Élevée Faible pénurie Électriciens industriels Moyenne Forte pénurie Surveillants dans la transformation des métaux et des minerais Moyenne Forte pénurie Géologues, géochimistes et géophysiciens Moyenne Forte pénurie Directeurs de la production primaire (sauf l agriculture) Élevée Faible surplus Soudeurs et opérateurs de machines à souder et à braser Élevée Surplus Opérateurs de machines dans le traitement des métaux et des minerais Élevée Surplus Manœuvres des mines Moyenne Pénurie Aides de soutien des métiers et manœuvres en construction Moyenne Surplus Opérateurs de poste central de contrôle et de conduite de procédés industriels dans le traitement des métaux et des minerais Moyenne Surplus Technologues et techniciens en géologie et en minéralogie Moyenne Surplus Contrôleurs et essayeurs dans la transformation des métaux et des minerais Moyenne Surplus Manœuvres dans le traitement des métaux et des minerais Élevée Fort surplus Commis à la production Élevée Fort surplus Moyenne Fort surplus Tuyauteurs, monteurs d appareils de chauffage et poseurs de gicleurs Conditions du marché canadien LÉGENDE : Pénuries peu probables pour les entreprises de RNE dans cette catégorie. La disponibilité de la main-d œuvre, même si la demande est forte, ne devrait pas être un facteur de retard dans l achèvement des projets. Pénuries temporaires probables pour les entreprises de RNE dans cette catégorie. Le manque de personnel qualifié pourrait retarder l achèvement des projets et nuire à l efficacité de l exploitation. Pénuries prolongées pour les entreprises de RNE dans cette catégorie. Le manque de personnel qualifié retardera l achèvement des projets et nuira à l efficacité de l exploitation. Source : Analyse SECOR

14 :: Plan Nord : l adoption des meilleures pratiques RH, un incontournable pour maximiser les retombées économiques Le tableau 4 illustre que certaines professions en forte demande connaîtront aussi des pénuries au cours des dix prochaines années à l échelle du Canada, limitant fortement à la capacité des entreprises du secteur des RNE de mener à bien leurs projets. Il est nécessaire par conséquent d explorer plus en profondeur la réalité du marché du travail du secteur RNE au Québec. Modèle prévisionnel du Québec pour le marché du travail Emploi-Québec est l autorité chargée de suivre l évolution du marché du travail dans la province. Ses projections d embauche sont basées sur les tendances macroéconomiques élaborées par le Conference Board du Canada. À partir de ces tendances et de la productivité de chaque industrie, Emploi-Québec établit des projections sur cinq ans de la demande de main-d œuvre dans la province. La plus récente version de ces études a été publiée pour la période 2011-2015. L information a été segmentée pour l Abitibi et la Côte-Nord (qui englobe le Nord du Québec). On constatera sans surprise que les emplois dans l industrie du secteur des RNE ont généralement des perspectives favorables dans les régions de l Abitibi et de la Côte-Nord. Les perspectives pour les différentes catégories d emploi, du point de vue des employeurs, sont segmentées en quatre catégories : Perspectives favorables : la disponibilité des compétences est bonne, compte tenu de la demande projetée et du taux de chômage au début de la période. Perspectives acceptables : la disponibilité des compétences est passable, compte tenu de la demande projetée et du taux de chômage au début de la période. Perspectives restreintes : la disponibilité des compétences est limitée, compte tenu de la demande projetée et du taux de chômage au début de la période. Non publié (N.P.) : pour certains groupes professionnels, aucun diagnostic de perspectives n a été posé en raison d un nombre d emplois peu important, d un manque d information ou de l absence de marché du travail pour ces groupes. Les projections d Emploi-Québec confirment la tendance indiquée par RHDCC et le Conseil RHiM. Certains emplois administratifs ainsi que d autres plus techniques dans l industrie des RNE offrent des perspectives restreintes quant à la disponibilité des compétences. À une autre extrémité, l industrie forestière connait un fort ralentissement; les entreprises qui recherchent des travailleurs qualifiés dans ce domaine ne devraient avoir aucun mal à embaucher.

MODÈLES PRÉVISIONNELS RETENUS :: 15 TABLEAU 5 : PROJECTIONS DU MARCHÉ DU TRAVAIL POUR LE QUÉBEC (2010-2015, PAR RÉGION) Profession Perspectives Côte-Nord Perspectives Abitibi Emplois en 2010 Chômage Ingénieurs civils Restreintes Restreintes 11 000 Faible Mécaniciens d équipement lourd Restreintes Restreintes 7 000 Faible Ingénieurs mécaniciens Restreintes Restreintes 7 000 Faible Technologues et techniciens en génie civil Restreintes Restreintes 4 500 Faible Électriciens industriels Restreintes Restreintes 4 500 Raisonnable Entrepreneurs et contremaîtres des équipes de construction lourde Opérateurs de machines dans le traitement des métaux et des minerais Restreintes Restreintes 4 500 Raisonnable Restreintes Restreintes 3 500 Raisonnable Monteurs de lignes électriques et de câbles Restreintes Restreintes 3 000 Raisonnable Entrepreneurs et contremaîtres en électricité et en télécommunications Restreintes Restreintes 3 000 Raisonnable Grutiers Restreintes Restreintes 3 000 Élevé Électriciens de réseaux électriques Restreintes Restreintes 2 500 Raisonnable Mineurs d extraction et de préparation, mines souterraines Technologues et techniciens en géologie et en minéralogie Surveillants de l exploitation des mines et des carrières Directeurs de la production primaire (sauf l agriculture) Restreintes Restreintes 2 000 Raisonnable Restreintes Restreintes 1 500 Raisonnable Restreintes Restreintes 1 000 Modéré Restreintes Restreintes 1 000 Faible Manœuvres des mines Restreintes Restreintes 500 Raisonnable Manœuvres dans le traitement des métaux et des minerais Mécaniciens de chantier et mécaniciens industriels (sauf l industrie du textile) Électriciens (sauf électriciens industriels et de réseaux électriques) Restreintes Acceptables 3 500 Élevé Restreintes Acceptables 19 000 Raisonnable Acceptables Restreintes 17 000 Élevé Conducteurs d équipement lourd (sauf les grues) Restreintes Acceptables 14 000 Élevé Entrepreneurs et contremaîtres en mécanique Acceptables Restreintes 5 000 Raisonnable Mécaniciens de machines fixes et opérateurs de machines auxiliaires Contrôleurs et essayeurs dans la transformation des métaux et des minerais Acceptables Restreintes 4 000 Faible Restreintes Acceptables 800 Raisonnable Électromécaniciens Restreintes N.P. 4 500 Raisonnable Entrepreneurs et contremaîtres des autres métiers de la construction et des services de réparation et d installation Restreintes N.P. 3 500 Raisonnable Technologues et techniciens en génie mécanique Restreintes N.P. 3 500 Faible Foreurs et dynamiteurs des mines à ciel ouvert, des carrières et des chantiers de construction Restreintes N.P. 500 Élevé

16 :: Plan Nord : l adoption des meilleures pratiques RH, un incontournable pour maximiser les retombées économiques TABLEAU 5 : PROJECTIONS DU MARCHÉ DU TRAVAIL POUR LE QUÉBEC (2010-2015, PAR RÉGION) (suite) Profession Opérateurs de poste central de contrôle et de conduite de procédés industriels dans le traitement des métaux et des minerais Perspectives Côte-Nord Perspectives Abitibi Emplois en 2010 Chômage Restreintes N.P. 500 Raisonnable Ingénieurs miniers N.P. Restreintes 350 Faible Conducteurs de camions Acceptables Acceptables 58 000 Élevé Opérateurs de centrales et de réseaux électriques Acceptables N.P. 1 500 Faible Entrepreneurs et contremaîtres du formage, façonnage et montage des métaux N.P. Acceptables 1 500 Élevé Ouvriers en sylviculture et en exploitation forestière Favorables Favorables 2 000 Élevé Conducteurs de machines d abattage Favorables Favorables 1 500 Élevé Manœuvres de l exploitation forestière Favorables Favorables 1 000 Élevé Conducteurs de scies à chaîne et d engins de débardage N.P. Favorables 2 000 Élevé Surveillants de l exploitation forestière N.P. Favorables 800 Élevé Technologues et techniciens en génie industriel et en génie de fabrication N.P. N.P. 4 500 Raisonnable Entrepreneurs et contremaîtres en charpenterie N.P. N.P. 2 500 Raisonnable Entrepreneurs et contremaîtres en tuyauterie N.P. N.P. 900 Raisonnable Ingénieurs géologues N.P. N.P. 150 N.P. Source : Information sur le marché du travail, Emploi-Québec Modèle du CSMO Mines du Québec La dernière étude utilisée dans cette analyse est l étude sur le marché du travail produite par le Comité sectoriel de main-d œuvre de l industrie des mines (CSMO Mines) en 2010. Cette étude évalue les besoins en main-d œuvre dans l industrie minière du Québec au cours de la décennie 2010-2020. Cette étude se démarque des autres en considérant que l industrie minière est sensible non seulement aux tendances macroéconomiques (prix des matières premières, jeu de l offre et de la demande), mais aussi aux changements technologiques, à l accès au financement pour les phases d exploration et d aménagement, aux grandes transactions d affaires internationales (dont les fusions d entreprises) et à l accès au territoire. Par conséquent, ce modèle peut être considéré comme un modèle de type ascendant puisqu il tient compte des particularités de chaque site et de leur influence sur l embauche. Selon l étude du CSMO Mines, le nombre de mines en exploitation au Québec devrait passer de 24 en 2010 à 35 en 2020; c est ce qui explique la demande croissante en main-d œuvre dans la province pour les phases d exploration, de construction et d exploitation. Les chiffres publiés par le CSMO Mines nous semblent toutefois conservateurs. En effet, au moment de rédiger la présente étude, on comptait déjà au Québec 31 mines en exploitation un nombre que l étude du CSMO Mines prévoyait pour 2015. Outre ces projets, d autres mines sont à un stade avancé d aménagement : par exemple le projet Renard de Stornoway Diamonds, le projet Dumont de Royal Nickel, le projet Éléonore de Goldcorp, le projet Arnaud à Sept-Îles, la mine de Labrador Iron Mines à Schefferville, le projet d Oceanic Iron Ore à la baie de Hopes Advance, la mine de fer d Adriana Resources au lac Otelnuk, la mine de fer de Champion Minerals à Fire Lake North et le projet de New Millenium près de Shefferville. On peut donc raisonnablement prévoir que la demande en main-d œuvre dans l industrie minière devancera et dépassera les prévisions initiales.

MODÈLES PRÉVISIONNELS RETENUS :: 17 A l image des autres études, celle du CSMO Mines présente des projections sur les professions pour lesquelles une forte demande est prévue. Les professions suivantes ont été identifiées comme celles qui connaitront la plus forte demande. La figure 1 présente ces catégories et leur croissance prévue au cours des dix prochaines années. FIGURE 1 : LES DIX PRINCIPAUX EMPLOIS À COMBLER DANS L INDUSTRIE MINIÈRE AU QUÉBEC 0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400 Opérateur de machinerie lourde Opérateur de machinerie fixe (surface) Foreur au diamant (surface) Mécanicien de machinerie lourde Mécanicien industriel Technicien minier 2010-2015 2010-2020 Géologue Aide-foreur au diamant (surface) Journalier Opérateur de camion souterrain Source : Analyse SECOR On constate certaines ressemblances entre les professions très en demande au Québec et celles qui subissent une forte pression d embauche au Canada. Le tableau suivant synthétise les catégories de travailleurs pour lesquelles la compétition sera la plus forte entre les entreprises du secteur des RNE au Québec. On y retrouve encore les conducteurs et les mécaniciens d équipement lourd, les mineurs de fond, les superviseurs, les électriciens industriels et divers métiers de la construction. TABLEAU 6 : PRESSIONS D EMBAUCHE AU CANADA ET AU QUÉBEC Demande au Canada (Les deux études) Pénurie ou surplus au Canada Superviseurs d exploitation des mines et des carrières Élevée Forte pénurie Électriciens industriels Élevée Forte pénurie Géologues, géochimistes et géophysiciens Élevée Forte pénurie Mécaniciens d équipement lourd Élevée Pénurie Manœuvres des mines Élevée Pénurie Conducteurs d équipement lourd (sauf les grues) Élevée Faible pénurie Mineurs d extraction et de préparation, mines souterraines Élevée Faible pénurie Surveillants dans la transformation des métaux et des minerais Mécaniciens de chantier et mécaniciens industriels (sauf l industrie du textile) Moyenne Moyenne Forte pénurie Forte pénurie Conducteurs de camions Moyenne Pénurie Directeurs de la production primaire (sauf l agriculture) Élevée Faible surplus Opérateurs de machines dans le traitement des métaux et des minerais Élevée Surplus Conditions du marché québécois

18 :: Plan Nord : l adoption des meilleures pratiques RH, un incontournable pour maximiser les retombées économiques TABLEAU 6 : PRESSIONS D EMBAUCHE AU CANADA ET AU QUÉBEC (suite) Demande au Canada (Les deux études) Pénurie ou surplus au Canada Aides de soutien des métiers et manœuvres en construction Élevée Surplus Opérateurs de poste central de contrôle et de conduite de procédés industriels dans le traitement des métaux et des minerais Élevée Surplus Technologues et techniciens en géologie et en minéralogie Élevée Surplus Soudeurs et opérateurs de machines à souder et à braser Moyenne Surplus Contrôleurs et essayeurs dans la transformation des métaux et des minerais Moyenne Surplus Manœuvres dans le traitement des métaux et des minerais Moyenne Fort surplus Commis à la production Moyenne Fort surplus Tuyauteurs, monteurs d appareils de chauffage et poseurs de gicleurs Moyenne Fort surplus Conditions du marché québécois LÉGENDE : Pénuries peu probables pour les entreprises de RNE dans cette catégorie. La disponibilité de la main-d œuvre, même si la demande est forte, ne devrait pas être un facteur de retard dans l achèvement des projets. Pénuries temporaires probables pour les entreprises de RNE dans cette catégorie. Le manque de personnel qualifié pourrait retarder l achèvement des projets et nuire à l efficacité de l exploitation. Pénuries prolongées pour les entreprises de RNE dans cette catégorie. Le manque de personnel qualifié retardera l achèvement des projets et nuira à l efficacité de l exploitation. Source : Analyse SECOR

RÉSUMÉ DES PRINCIPALES CONCLUSIONS :: 19 RÉSUMÉ DES PRINCIPALES CONCLUSIONS Chacune des études analysées repose sur une méthodologie qui lui est propre. Puisque les chiffres pour la demande de main-d œuvre diffèrent quelque peu d une étude à l autre, leur synthèse ne peut être présentée qu à titre indicatif. Malgré certaines différences méthodologiques, toutes ces études tendent vers une même conclusion : certaines professions subiront une pression d embauche considérable au cours des prochaines années, et la demande dépassera parfois largement la main-d œuvre disponible. Le tableau suivant résume les catégories d emploi où des pénuries sont à prévoir dans l industrie des RNE, ce qui aurait pour conséquence de retarder des projets ou de nuire aux opérations. Ce sont ces travailleurs que les entreprises de RNE doivent attirer et retenir afin de développer leur avantage concurrentiel et accélérer leurs projets. TABLEAU 7 : LES 20 PROFESSIONS LES PLUS EN DEMANDE AU COURS DE LA PROCHAINE DÉCENNIE Conditions du marché québécois Superviseurs d exploitation des mines et des carrières Électriciens industriels Géologues, géochimistes et géophysiciens Mécaniciens d équipement lourd Manœuvres des mines Conducteurs d équipement lourd (sauf les grues) Mineurs d extraction et de préparation, mines souterraines Surveillants dans la transformation des métaux et des minerais Mécaniciens de chantier et mécaniciens industriels (sauf l industrie du textile) Conducteurs de camions Directeurs de la production primaire (sauf l agriculture) Conditions du marché canadien

20 :: Plan Nord : l adoption des meilleures pratiques RH, un incontournable pour maximiser les retombées économiques TABLEAU 7 : LES 20 PROFESSIONS LES PLUS EN DEMANDE AU COURS DE LA PROCHAINE DÉCENNIE (suite) Opérateurs de machines dans le traitement des métaux et des minerais Aides de soutien des métiers et manœuvres en construction Opérateurs de poste central de contrôle et de conduite de procédés industriels dans le traitement des métaux et des minerais Technologues et techniciens en géologie et en minéralogie Soudeurs et opérateurs de machines à souder et à braser Contrôleurs et essayeurs dans la transformation des métaux et des minerais Manœuvres dans le traitement des métaux et des minerais Commis à la production Tuyauteurs, monteurs d appareils de chauffage et poseurs de gicleurs Conditions du marché québécois Conditions du marché canadien LÉGENDE : Pénuries peu probables pour les entreprises de RNE dans cette catégorie. La disponibilité de la main-d œuvre, même si la demande est forte, ne devrait pas être un facteur de retard dans l achèvement des projets. Pénuries temporaires probables pour les entreprises de RNE dans cette catégorie. Le manque de personnel qualifié pourrait retarder l achèvement des projets et nuire à l efficacité de l exploitation. Pénuries prolongées pour les entreprises de RNE dans cette catégorie. Le manque de personnel qualifié retardera l achèvement des projets et nuira à l efficacité de l exploitation. Source : Analyse SECOR La comparaison de la demande entre le Québec et le Canada pour les travailleurs semble indiquer que les catégories professionnelles sous pression à l échelle du Québec le seront aussi à l échelle nationale. Plus précisément, les superviseurs d exploitation des mines et des carrières, les électriciens industriels et les géologues seront en pénurie au cours des dix prochaines années. D autres professions comme les directeurs de la production primaire, les opérateurs de machines et les technologues en géologie seront aussi temporairement en nombre insuffisant, l offre et la demande poursuivant leur ajustement jusqu en 2020. Il semble par ailleurs que des catégories comme les manœuvres dans le traitement des métaux et des minerais, les commis à la production et les tuyauteurs, bien qu en forte demande, ne devraient pas connaître de pénurie. Les entreprises qui recherchent des compétences qui vont connaitre une forte pénurie auraient intérêt à prendre des mesures nécessaires pour anticiper ces pénuries, et réorganiser leurs équipes en fonction de compétences pour lesquelles des pénuries ne sont pas prévues. Autre constat : dans une industrie où certaines catégories d emploi sont en forte demande et où l offre est limitée, il est inévitable que les salaires augmentent. L industrie des RNE n échappe pas à cette règle, et il est essentiel pour les employeurs d offrir une rémunération et des avantages sociaux attrayants. C est encore plus vrai si les travailleurs sont très mobiles et ont la capacité de résider dans une région du pays tout en travaillant dans une autre. Les deux figures suivantes comparent l évolution des salaires dans l industrie des RNE au Québec et dans d autres provinces au cours des cinq dernières années. À la figure 2, on peut voir que les travailleurs québécois gagnent en moyenne 500 $ par semaine (26 000 $ par année) de moins que leurs collègues de l industrie minière en Alberta. Cet écart est très sensible pour les travailleurs, surtout dans la mesure où les employeurs fournissent maintenant le gîte et le couvert aux employés qui travaillent sur des sites éloignés l écart salarial étant alors difficilement justifiable par des considérations de coût de la vie. Des salaires moins élevés désavantageront vraisemblablement les entreprises du secteur RNE du Québec vis-à-vis de leurs concurrents sur le marché canadien dans leur lutte pour combler les postes indiqués plus haut. Il est intéressant de constater, à la figure 3, une situation analogue où les travailleurs québécois des

RÉSUMÉ DES PRINCIPALES CONCLUSIONS :: 21 services publics (eau, gaz, électricité) étaient moins payés que leurs homologues des autres provinces jusqu en 2009. Cette année-là, l industrie québécoise a amorcé un rattrapage afin de conserver les compétences clés, et en 2011 les travailleurs de ce secteur au Québec avaient une rémunération beaucoup plus proche de la moyenne canadienne que leurs homologues de l industrie minière. Le Québec devra entreprendre un rattrapage semblable dans l industrie minière pour que les entreprises puissent attirer la main-d œuvre nécessaire pour leurs activités dans le Nord du Québec. C est particulièrement vrai dans un contexte où les entreprises fournissent maintenant le gîte et le couvert aux employés qui travaillent sur des sites éloignés, ce qui rend moins pertinents les ajustements salariaux en fonction du coût de la vie, et surtout dans le cas de solutions fly-in / fly-out. FIGURE 2 : SALAIRE HEBDOMADAIRE MOYEN DANS LE SECTEUR DES MINES, DES CARRIÈRES, DU PÉTROLE ET DU GAZ Y compris les heures supplémentaires, pour tous les employés, par province Chiffres désaisonnalisés 1,900 1,800 1,700 1,600 1,500 1,400 1,300 Alberta (+6 %) Canada (+5 %) Terre-Neuve-et-Labrador (+2 %) Saskatchewan (+5 %) Colombie-Britannique (+2 %) Ontario (+4 %) Québec (+4 %) -525 $ (-28 %) 1,200 1,100 2007 2008 2009 2010 2011 FIGURE 3 : SALAIRE HEBDOMADAIRE MOYEN DANS LE SECTEUR DES SERVICES PUBLICS (EAU, GAZ, ELECTRICITÉ) Y compris les heures supplémentaires, pour tous les employés, par province Chiffres désaisonnalisés 1,750 1,700 1,650 1,600 1,550 1,500 1,450 1,400 1,350 1,300 1,250 1,200 1,150 2007 2008 2009 2010 2011 Ontario (+2 %) Alberta (+5 %) Canada (+4 %) Colombie-Brit. (+4 %) Québec (+7 %) +334 $ (+26 %)

22 :: Plan Nord : l adoption des meilleures pratiques RH, un incontournable pour maximiser les retombées économiques COMMENT LE QUÉBEC PEUT-IL ABORDER CES ENJEUX RH POUR MAXIMISER LES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES? Cela peut sembler évident, mais pour que les retombées économiques promises soient au rendez-vous, il faut que les entreprises disposent de la main-d œuvre nécessaire pour construire les sites, puis les exploiter. Il existe différents moyens pour que le Nord du Québec dispose d une main-d œuvre suffisante; mais pour l essentiel, les entreprises du secteur RNE qui projettent des activités dans cette région devront démontrer leur capacité à développer des pratiques RH compétitive et innovante au cours des prochaines années. Pour certains projets dans le Nord du Québec, la concurrence pour les compétences est déjà vive. C est le cas pour les projets de minerai de fer dans la région de Fermont et de l Ouest du Labrador, qui se disputent cette main-d œuvre avec un grand nombre d entreprises dans un rayon d une dizaine de kilomètres. En fait, ArcelorMittal, Cliffs Natural Resources, la Compagnie minière IOC, et bientôt Alderon Iron Ore et Champion Minerals, se disputeront le même bassin de main-d œuvre pour leurs projets d expansion et leurs activités d exploitation courante. La disponibilité de main d œuvre étant limitée, certains projets commencent déjà à ralentir; les entreprises devront exceller dans leur stratégie de RH pour attirer les centaines de travailleurs qui leur font actuellement défaut. Pour ce faire, elles pourraient adopter certaines des stratégies décrites ci-après. Plusieurs leviers, non exclusifs, peuvent être envisagés afin de pallier au déficit de main d œuvre et favoriser les retombées économiques attendues du Plan Nord. Le gouvernement du Québec et les entreprises du secteur doivent collectivement développer des initiatives afin de faciliter l accès à la main d œuvre. Individuellement, les entreprises devront également se doter des meilleures stratégies RH d attraction et de rétention, et parmi celle-ci, le fly-in / fly-out semble constituer, malgré une relative complexité et certains inconvénients, une solution incontournable au développement de leurs projet dans les régions éloignées.

COMMENT LE QUÉBEC PEUT-IL ABORDER CES ENJEUX RH POUR MAXIMISER LES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES? :: 23 Politique concertée en RH et initiatives de formation pour le Québec En mars dernier, le gouvernement a annoncé un investissement de 160 millions $ (dont 55 millions $ d argent neuf, le reste étant déjà alloué au ministère de l Emploi et de la Solidarité sociale) dont la majeure partie sera consacrée à des activités de formation de la main-d œuvre en lien avec le Plan Nord et pour assurer l adéquation entre les besoins des entreprises et le marché du travail. Cette enveloppe sera partagée entre le Nord et le Sud, environ 55 millions serviront exclusivement à la formation pour combler les besoins dans le Nord, alors qu une autre cinquantaine de millions iront à la formation, cette fois dans le sud du Québec, mais toujours liée au Plan Nord. D autres mesures ont également été mises en œuvre afin de prévenir des pénuries de main-d œuvre et rassurer les entreprises ayant des projets en cours de développement et qui embauchent actuellement ou prévoient embaucher à très court terme. Parmi ces mesures, on peut retenir la mise en place de répondants Plan Nord dans les centres d emploi dans tout le Québec. Des conseillers autochtones seront aussi présents dans les collectivités concernées par le développement des territoires nordiques. Un budget de 5 millions $ (compris dans l enveloppe de 160 millions $ précitée) sera consacré à faire connaître les possibilités d emploi dans le Nord aux Québécois dans le cadre de 67 salons de l emploi organisés partout dans la province. Plusieurs plateformes d information ont aussi été créées à cette fin, notamment une ligne téléphonique sur le Plan Nord et un outil de recherche d emplois en ligne. Enfin, des plans de transition professionnelle ont été développés à l intention des travailleurs de secteurs en ralentissement (notamment l industrie forestière) pour les former à des emplois dans le secteur minier. Ces initiatives visent principalement à mettre les chercheurs d emploi (ou les travailleurs intéressés par les projets du Plan Nord) en contact avec les employeurs, et ne peuvent être efficace que dans la mesure où les ressources qualifiées existent en quantité et en qualité suffisantes pour satisfaire la demande. Elles sont certes nécessaires, mais bien que le Québec compte 370 000 chômeurs et 400 000 prestataires de l aide sociale, nous ne croyons pas que ce bassin constitue une réserve suffisante, en particulier pour certains profils compétences critiques pour les entreprises qui développent des projets dans le Nord du Québec (tant dans les secteurs de la construction en général et des services et que dans le secteur minier spécifiquement). Les premiers projets en cours de développement démontrent déjà les difficultés rencontrées par les employeurs pour pourvoir certains postes. Des programmes de formation doivent être développés conjointement par les entreprises du secteur, les établissements d enseignement et avec le soutien du gouvernement afin de combler les déficits anticipés et s assurer d un meilleur maillage entre les ressources qui seront disponibles et les besoins des entreprises. On observe actuellement des initiatives individuelles, où le gouvernement aide certaines entreprises qui investissent pour combler des besoins spécifiques (Ressources Métanor investira 2 millions $ pour former une centaine d employés afin de relancer sa mine du Lac Bachelor à la Baie James, soutenu par un financement de 550 000 $ de Québec). Nous croyons pertinent d envisager ces efforts de manière plus globale et de mieux coordonner les besoins des entreprises et les besoins de formation qui en découlent. La future Société du Plan Nord et Emploi Québec devront coordonner leurs efforts avec ceux des entreprises dans une approche plus globale, en mettant aussi à contribution les établissements d enseignement. Gaz Métro n a-t-elle pas créé son propre centre de formation pour les métiers du gaz afin de répondre à ses proposes besoins auxquels les offres de formations ne répondaient pas? Le recours aux travailleurs des autres provinces, mais également aux travailleurs étranger doit être facilité. Si la priorité doit être mise avant tout sur une préférence québécoise, puis canadienne, il ne faut pas ériger ce principe en dogme au point de freiner le développement des projets du Plan Nord. Certes les retombées économiques seront moindres si l on emploie des travailleurs étrangers, mais elles diminueront encore davantage si des projets ne se font pas au Québec faute de main-d œuvre ou n avancent pas assez rapidement pour profiter du cycle haussier des ressources naturelles. Il est normal de maintenir la règle qui oblige les entreprises à démontrer leur incapacité de trouver au Québec ou au Canada la main-d œuvre dont elles ont besoin avant d accorder des visas de travail pour des étrangers, mais le gouvernement pourrait faciliter ce processus afin de permettre de pourvoir les postes plus rapidement une fois cette démonstration faite. Dans ce contexte, il faut aussi être conscient de la difficulté d appliquer la Loi 101, laquelle pourrait s avérer