Evaluation du Climat des investissements à Madagascar. Résumé



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Evaluation du Climat des investissements à Madagascar Résumé Qu est-ce que le climat des investissements et en quoi est-il important? Le climat des investissements est défini en termes opérationnels comme l environnement de politique économique, institutionnel et comportemental, présent et futur, qui affecte la rentabilité et les risques associés aux investissements. Il englobe les coûts et risques afférents à une transaction donnée ainsi que les forces concurrentielles en jeu au sein de l économie. Les coûts, risques et forces en question sont ressentis de diverses façons par chaque entreprise. Par exemple, un entrepreneur qui veut importer des machines supporte le coût direct de l inscription de son entreprise au registre du commerce et au coût indirect associé aux délais de dédouanement des machines importées. Il peut aussi encourir le risque de voir les autorités lui accorder le permis requis. Lorsqu il devra déplacer ses nouvelles machines à travers le pays, plus l état des routes et des ponts laissera à désirer, plus il verra ses coûts augmenter, car les marchandises pourraient être endommagées ou mettre longtemps à arriver à destination. Il pourrait aussi être confronté au risque qu un pont essentiel soit infranchissable. Enfin, s il veut obtenir un prêt pour développer son affaire, le manque de concurrence au niveau du secteur bancaire pourrait lui poser des problèmes d accès au crédit. En d autres termes, les coûts, risques et forces en question influent directement sur le dynamisme du secteur privé de Madagascar. Améliorer le climat de l investissement contribue à ce que davantage d entreprises se créent, à ce qu elles soient plus nombreuses à investir et à ce que plus d emplois soient créés. Principales contraintes pesant sur le climat de l investissement à Madagascar La Banque mondiale a procédé en 2005 à une Evaluation du climat des investissements à Madagascar. Cette enquête a porté sur 293 entreprises du secteur manufacturier. Aux fins d analyse ces résultats ont été comparés avec ceux de divers pays du continent africain et du reste du monde à titre de comparateurs pour l analyse des résultats. En outre l enquête fait la distinction entre les entreprises de la «zone franche» et celles qui n en font pas partie. L enquête a permis d établir un classement des principales contraintes qui influent sur la productivité des entreprises à Madagascar. Le Tableau 1 ci-après présente en ordre décroissant le pourcentage des entreprises malgaches qui considèrent comme «majeure» ou «très sérieuse» chacune des contraintes en question.

Figure 1. Comparaison des contraintes influant sur la productivité des entreprises Évaluation par les entreprises interrogées des facteurs d ordre général affectant leur activité (% des entreprises considérant une contrainte comme «majeure» ou «très sérieuse») Madagascar Kenya Tanzanie Ouganda Zambie Maurice* Chine Coûts de financement 66,9 73,3 57,8 60,3 82,1 35,2 21,8 Instabilité macroéconomique 64,4 51,3 43 45,4 73,9 31,5 30,2 Accès au crédit 59,1 44,1 48,3 45 54,1 25,9 22,8 Pratiques informelles/ Anticoncurrentielles 48,5 65,3 24,3 31,1 38,7 35,2 23,7 Corruption 46,6 73,8 51,1 38,2 46,4 37,0 27,3 Taux d imposition 44,9 68,3 73,4 48,3 57,5 16,7 36,8 Services fiscaux 42,41 50,9 55,7 36,1 27,5 14,8 26,7 Incertitude sur les politiques 41,5 51,5 31,5 27,6 57 13,5 32,9 Approvisionnement en électricité 41,3 48,2 58,9 44,5 39,6 14,8 29,7 Criminalité, vols et troubles sociaux 37,7 n,a, 20 n,a, 48,8 27,8 n,a, Réglementations douanières et commerciales 32,8 39,9 31,5 27,4 32,4 13,0 19,3 Instruction et qualifications de la main-d œuvre 30,5 27,6 25 30,8 35,8 29,6 30,7 Accès à la terre 20,7 24,6 24,6 17,4 17,4 20,4 14,7 Télécommunications 16,4 44,1 11,8 5,2 32,9 11,1 23,5 Transports 16,1 37,4 22,9 22,9 30,4 15,1 19,1 Réglementation du travail 14,8 22,6 12,1 10,8 16,9 27,8 20,7 Licences et permis d exploitation 14,9 15,2 27,4 10,1 10,1 44,4 21,3 * Les données concernant Maurice sont préliminaires. Ce tableau présente une comparaison entre les contraintes auxquelles les entreprises malgaches ont à faire face et les données ressortant d enquêtes analogues dans les pays comparateurs. L environnement des affaires dans lequel opèrent les entreprises en Chine et à Maurice est considérablement meilleur, avec une bien moindre proportion d entreprises faisant état de contraintes majeures dans la quasi-totalité des domaines caractérisant l environnement des affaires. Mais la plupart des problèmes que perçoivent les firmes malgaches se posent aussi pour les entreprises d autres pays d Afrique, parmi lesquelles les coûts de financement et l accès au crédit, les effets de l instabilité macroéconomique et la corruption. Analyse des principales contraintes Infrastructure L infrastructure représente un facteur particulièrement contraignant pour la conduite des affaires à Madagascar. Comparées à celles de la plupart des autres pays examinés, les entreprises malgaches font face au service d électricité le moins fiable, avec des coupures de courant très fréquentes sur une base annuelle, comme le montre le tableau 2 ci-après. En Ouganda et en Zambie, deux pays à un niveau de développement analogue, les coupures de courant sont pratiquement deux fois moins fréquentes qu à Madagascar. 2

Tableau 2. Comparaison du niveau de qualité de l infrastructure entre pays Madagascar Ouganda Zambie Maurice* Chine Fréquence des coupures de courant (nombre de cas durant l année précédente) 78,0 38,6 37,2 5,3 n.c. Délai de raccordement au réseau d électricité (nombre de jours) 49,0 38,3 120,7 2,0 18,2 % de la production perdue en cours de transport 1,8 n.c. 3,8 0,8 1,2 Délai de raccordement au réseau téléphonique (nombre de jours) 30,0 33,2 132,5 9,0 12,5 Les délais de raccordement aux réseaux d électricité et de téléphone sont comparables à ceux recensés en Ouganda et meilleurs qu en Zambie, mais bien pires que ceux observés à Maurice et en Chine. Lourdeurs administratives La bureaucratie, les réunions avec les autorités et autres lourdeurs administratives constituent des coûts indirects pour les entreprises, et peuvent aussi être un facteur de risque si les enchevêtrements de la bureaucratie aboutissent au retrait des permis requis. Une manière de mesurer ces lourdeurs est d évaluer le temps passé par les dirigeants d entreprises avec les autorités administratives et réglementaires. Comparativement à d autres pays, le poids de la bureaucratie à Madagascar est très lourd, les dirigeants passant 22 % de leur temps à traiter de questions de réglementation. Cela représente une charge comparable à celle que connaissent les entreprises chinoises, supérieure à celle observée dans tous les autres pays d Afrique subsaharienne étudiés et cinq fois plus lourde que celle connue par les entreprises mauriciennes. Facilitation des échanges L efficacité des réglementations douanières et commerciales a une forte incidence sur les coûts supportés par les entreprises, notamment celles directement engagées dans des activités d import ou d export. Dans le domaine de la facilitation des échanges, Madagascar se classe bien par rapport à un groupe de pays comparateurs. Il n est en effet devancé que par la Malaisie et Maurice pour les délais de dédouanement à l importation, et que par la Malaisie pour les délais à l exportation. Cela dit, 40 % des grandes entreprises (qui sont les principaux opérateurs commerciaux) qualifient d insuffisant ou de très insuffisant la qualité de l administration douanière, ce qui indique qu il y a encore d importants progrès à faire dans ce domaine. Corruption Comme l a montré le Tableau 1 ci-dessus, la corruption figure parmi les principaux sujets de préoccupation pour les entreprises malgaches, plus de 45 % d entre elles voyant là un obstacle majeur ou sérieux. Les données de l enquête réalisée par la Banque mondiale montrent que les paiements informels constituent une charge relativement plus lourde que dans les pays comparateurs, les entreprises malgaches indiquant consacrer plus de 7 % de leurs recettes à ces paiements, contre 3,8 % au Kenya et 2,4 % en Ouganda. Cependant les données de la Banque mondiale sur la lutte contre la corruption, outil d évaluation plus large qui s inscrit dans la série de données des indicateurs de gouvernance, révèlent que Madagascar s acquitte bien mieux que les pays comparateurs d Afrique de l Est de l effort global de lutte contre la corruption. 3

Système juridique et exécution des contrats Généralement parlant, la plupart des entreprises malgaches n ont pas une impression favorable de l appareil judiciaire. Elles ne sont que 19 % à considérer les tribunaux comme équitables et à même de faire respecter les décisions rendues, 16 % à penser qu ils sont honnêtes, 6 % à estimer qu ils règlent les affaires avec la célérité voulue, et 32 % à juger abordables les frais de justice. Le Centre d arbitrage et de médiation de Madagascar (CAMM), mis en place en 2001 afin d offrir une solution de rechange plus rapide et crédible pour le règlement des litiges d ordre commercial, semble être peu utilisé. En dépit du mécontentement qu inspire le système juridique, une poignée seulement des firmes interrogées ont eu recours à ses services, plus de 70 % indiquant ne pas en avoir besoin et 21 % déclarant avoir réglé leurs problèmes par d autres moyens. Au vu des opinions défavorables exprimées à l encontre de l appareil judiciaire et du faible recours au CAMM, on est amené à penser que les entreprises malgaches ont tendance à faire appel le moins possible aux tribunaux et s en remettent plutôt aux réseaux sociaux. Cela aura probablement pour effet de limiter sérieusement l efficacité des transactions effectuées au niveau du secteur privé malgache. Accès au crédit Comme le montre la figure 3, Madagascar est, pour l accès au crédit, dans une situation à peu près similaire à des pays comme la Tanzanie et l Ouganda, puisqu une minorité d entreprises seulement, en général les plus grandes, a effectivement accès au crédit. Dans ces conditions, les entreprises malgaches sont obligées de puiser dans leurs bénéfices non distribués pour financer 80 % de leurs nouveaux investissements en moyenne, ce qui exerce un frein sur leur taux d investissement global. De plus, Madagascar à des règles contraignantes en matière de nantissement : par rapport au montant du prêt, le nantissement exigé y est en moyenne de 137 %, ce qui est 100% Figure 3 : Accès au crédit dans divers pays 80% 60% 40% 20% 0% Madagascar Kenya Tanzanie Ouganda Maurice Chine % disposant d'un découvert ou d'une ligne de crédit % disposant d'un prêt d'une banque/institution financière supérieur au niveau imposé dans tous les autres pays excepté le Kenya. 4

Évaluation du coût indirect des contraintes affectant le climat de l investissement Certaines des contraintes affectant le climat de l investissement en particulier les carences en matière d infrastructure ont des coûts indirects non négligeables. Les données de l enquête permettent de quantifier ces coûts en les exprimant en pourcentage des chiffres de vente, comme le montre Figure 4. 8% 7% 6% 5% 4% 3% 2% 1% 0% Électricité Figure 4 : Coûts indirects (% du chiffre de ventes) Paiements illicites Retards de livraison Autres retards Retards de transport Casses et pertes Dégâts des eaux Note : Les coûts moyens ne sont pas nécessairement cumulatifs, certaines entreprises n'ayant pas fourni de réponse pour certains éléments. Vols L enquête révèle qu en moyenne, les entreprises perdent plus de 15 % de leur chiffre d affaires du fait des déficiences affectant le climat des affaires, contre 9,1 % pour la Chine et 6,5 % pour Maurice. Cela a un effet de frein majeur sur l activité économique. Analyse de productivité Une façon de mesurer la productivité consiste à prendre en compte à la fois le taux de productivité de la main-d œuvre et son coût. L enquête fait ressortir un très faible taux de productivité de la main-d œuvre pour les entreprises malgaches, ce qui tient en partie à des niveaux très réduits de capital par employé. Mais les salaires des employés sont eux aussi très peu élevés, si bien que Madagascar a des coûts unitaires de main-d œuvre 1 inférieurs à ceux de tous les pays comparateurs d Afrique subsaharienne, et similaires à ceux de l Inde et de la Chine. Cela signifie que, sur le seul critère des coûts, les firmes malgaches sont compétitives à l échelon international. 1 Le coût unitaire de main-d œuvre représente le coût du travail par unité de production et met en rapport le salaire d un employé et la valeur ajoutée produite par cet employé. Même si les coûts de main-d œuvre par employé sont relativement élevés, les coûts unitaires de main-d œuvre peuvent être faibles si l employé considéré est très productif. 5

Mais de faibles coûts unitaires de main-d œuvre à eux seuls ne procurent pas nécessairement un énorme avantage compétitif. Dans le cas de Madagascar, sa productivité reste assez faible en raison de l effet de frein exercé par la série de contraintes sur l investissement et le climat des affaires dont il a été question plus haut. Une fois que ces autres facteurs sont pris en compte dans le cas de figure considéré, le niveau global de productivité des entreprises malgaches ne diffère pas sensiblement de celui des entreprises du Kenya, d Ouganda et de Tanzanie. Zone franche La perception par les entreprises de ces contraintes varie selon le type d entreprise considéré. Par exemple, les entreprises qui ne sont pas en zone franche, les petites entreprises et les entreprises nationales sont plus susceptibles de mentionner les coûts de financement et l accès au crédit comme une contrainte majeure ou sérieuse. Par contre, pour une forte proportion des entreprises dans les zones franches et des très grandes entreprises, c est l incertitude relative aux politiques réglementaires qui est perçue comme un plus gros obstacle. Les employés des entreprises des zones franches sont plus productifs que ceux des autres entreprises. Ils représentent aussi des coûts de main-d œuvre plus élevés, mais ceux-ci ne font qu en partie contrepoids à leur plus forte productivité, ce qui signifie que les coûts unitaires de main-d œuvre des entreprises en zone franche sont moins élevés que ceux des autres entreprises. L efficacité des entreprises manufacturières malgaches augmente en fonction de leur dimension. Comme les entreprises en zone franche sont, en moyenne, de taille plus grandes que les autres, les premières sont sensiblement plus efficaces que les secondes. Au niveau de la zone franche, les entreprises entièrement sous contrôle étranger sont plus efficaces que celles établies sous forme de coentreprises avec des partenaires locaux. Conclusion Cette évaluation montre que, à bien des égards, le climat de l investissement à Madagascar est pour l essentiel similaire à celui de pays comparateurs du continent africain tels que l Ouganda et la Tanzanie. Dans certains domaines comme la facilitation des échanges et l effort global de lutte contre la corruption, Madagascar a de meilleurs antécédents que la plupart des pays comparateurs africains. Mais dans d autres, tels que la fiabilité de la fourniture d électricité et les lourdeurs administratives que les firmes ont à subir, il affiche des résultats inférieurs à ceux des autres pays du continent. Dans presque tous les domaines, les résultats obtenus par Madagascar sont inférieurs à ceux de pays comme la Chine et Maurice. S il est vrai que les entreprises malgaches sont compétitives à l échelon international au regard de leurs coûts de main-d œuvre unitaires, cela tient à de très faibles niveaux de salaires plutôt qu à une très forte productivité, et les contraintes affectant l investissement et la conduite des affaires signifient que la productivité de ces entreprises n est globalement que d un niveau semblable à celle des pays comparateurs du continent. 6

Les contraintes en question ont un impact très tangible. L enquête révèle que bien des entreprises malgaches n investissent tout simplement pas. Sur une période de trois ans, plus du tiers des firmes couvertes par cette enquête n ont pas réalisé d investissements, comme le montre la figure 5. Pour ces trois années, le niveau moyen d investissement réalisé s est chiffré à 1 647 dollars seulement. La majorité des entreprises qui investissent effectivement se situent dans la zone franche, 82 % des entreprises en question ayant réalisé des investissements au cours des trois dernières années. Figure 5. Tendances de l investissement à Madagascar 2002-2004 % de toutes les entreprises qui investissent 62 % % des entreprises de la zone franche qui investissent 82 % Niveau moyen d investissement : toutes entreprises USD 1 647 Niveau moyen d investissement : zone franche USD 23 166 7