Les GDON sont des structures dont le fonctionnement est défini dans le Code Rural. Elles étaient principalement dédiées à la lutte contre les ragondins et aux chenilles processionnaires du pin jusqu'en 2007. Le GDON du Libournais a été le premier GDON exclusivement viticole, créé en Avril 2007. L'initiative venait alors des vignerons représentés par leur ODG respectives mais l'idée d'utiliser cette forme juridique provient d'hervé Simon, ancien chef du SRAL Aquitaine, qui avait connaissance de la possible délégation de mission de surveillance à un organisme privé et local via ce montage administratif. Le cahier des charges techniques initial a été co-rédigé par Maarten Van Helden (Bordeaux Sciences Agro) et Dominique Vergnes (FREDON Aquitaine). J'ai ensuite pris le relais pour l animation de l'action et l'amélioration des protocoles. Les statuts des GDON doivent être déposés en Préfecture mais c'est la DDTM qui est en charge de leur gestion en Aquitaine. A noter qu'un GDON est une entité exclusive à l'échelle communale. Une commune ne peut adhérer qu à un seul GDON et un GDON ne peut être créé sur une commune qu'à l'unique condition qu'il n'existe pas un GDON créé antérieurement sur ce même territoire. A l'image d un Organisme à Vocation Sanitaire (OVS), il est tout à fait possible de scinder un GDON préexistant en plusieurs sections (animale, végétale, par filière ). Si des GDON existent déjà sur la zone, le SRAL Aquitaine demande généralement de se servir de ces structures initiales pour monter l action viticole. Cela n est pas toujours réalisable car de nombreux GDON sont non dissolus mais non actifs Le GDON signe un cahier des charges annuel en collaboration tripartite : GDON / FDGDON- FREDON/SRAL qui lui confère ses missions, ses droits et ses devoirs. En Gironde, les GDON reposent sur les ODG et sont délimités par les communes. Les membres adhérents sont donc des vignerons représentant leur appellation, généralement des élus de Bureau ou de la commission technique. Certains GDON, comme le nôtre, rassemblent plusieurs appellations. Le règlement intérieur définit la répartition des voix votantes en AG et au CA. Nous utilisons la règle du ratio / hectare. Chaque représentant possède 1 voix et le nombre 1
de représentants de chaque appellation est fonction de la superficie viticole de l'odg par rapport à la superficie viticole totale du GDON. Un membre possède toutefois toujours au minima une voix. Des membres non ODG peuvent également obtenir une voix s'ils en font la demande et si la décision d'octroi est votée à l'unanimité en AG. Il est également possible de fonctionner avec la règle 1 voix par ODG ou bien de faire un copier-coller des nouveaux statuts de la FDGDON depuis la réforme des OVS (3 collèges...). L'intérêt de placer les ODG comme membres des GDON, et non pas les vignerons est double : a) la facturation est simplifiée (le GDON édite une facture par ODG et par an) b) la responsabilité de levée des cotisations repose sur les ODG c) Tous les vignerons sont membres indirects Le fonctionnement administratif devient donc le suivant - les élus des ODG présents dans le GDON s'accordent sur les modalités de l'action - le programme est voté dans le GDON - Ils font ensuite voter en AG d'odg le programme défini (période 1 ou plusieurs années) pour validation - S'ils obtiennent la majorité, la cotisation GDON devient décision d'ag en ODG - La cotisation est donc obligatoire et prélevé par les ODG via la déclaration de récolte - L ODG renouvelle son adhésion au GDON - Le GDON facture directement l'odg pour l'action menée A noter que de ce fait nous n'avons pas besoin d'ag, donc tous nos élus exercent le double rôle d'élus de l'ag et du CA (en d'autres termes, l'ag n'existe qu'administrativement parlant...). Toutefois les vignerons peuvent s opposer aux décisions du GDON via leur AG d ODG Les GDON ont des limites communales et les communes rassemblent plusieurs appellations. Cela peut donc poser des difficultés si jamais il y a désaccord entre appellations présentes sur une même commune car administrativement parlant, un GDON ne peut pas dissocier ces actions dans des limites infra-communales. La taille d'un GDON constitue donc à la fois son point fort et sa faiblesse. Il n'y a ici que des visions subjectives sur la taille optimale d'une telle organisation, et c'est à vous de trouver le bon compromis, les arguments suivants doivent être pris en compte : - Existe-t-il des frontières naturelles qui délimiteraient des territoires en stoppant la progression de la maladie (fleuve, vignes en altitude, ville étendue, certitude d absence de la maladie ou du vecteur pour d'autres raisons...)? - Comment fonctionnent les relations entre ODG, y-a-t-il des groupes clairement définis, qui travaillent de façons indépendantes, qui ont des positions environnementales divergentes, qui n'accepteront pas de travailler en collaboration, 2
qui engendrent des revenus si différenciés que les vignerons ne pourront pas cotisés à des tarifs équivalents. Qui sont les leaders, les suiveurs et les opposants... - Quel type d'action le GDON va-t-il mener, quelle est la proximité recherchée avec les vignerons? Dans le cas du GDON du Libournais, les élus souhaitaient des retours sur investissement très rapides et des réductions d'intrants fortes, ils ont donc mis en place un système de suivi très pointu (les plans de traitement sont établis à l échelle parcellaire) nécessitant beaucoup de main d œuvre. Il y a également eu une volonté forte de ne pas trop étendre le territoire de suivi afin de conserver un lien local avec les exploitants. Notre territoire se limite à l ouest et au sud par des cours d eau, les limites territoriales Est et Nord ne sont pas déterminées sur la base d une limite naturelle. Les vignerons sont tous membre d un même groupe organique au sein de l interprofession En 2007, la contamination par la FD était vécue comme une «maladie honteuse» en Gironde et les vignerons concernés faisaient généralement tout pour ne pas se faire connaître. Cela se traduisait par des heurts politiques entre les différents groupes (coopérateurs, producteurs AB, viticulteurs conventionnels ). Afin de démontrer que la FD était l affaire de tous, et qu il ne servait à rien de rechercher des culpabilités illusoires, le Bureau de notre GDON a pris soin de rassembler toutes les tendances : le CIVAM Bio 33 est membre constitutif du GDON du Libournais et reste l unique membre hors ODG à posséder un droit de vote et à siéger au Bureau. Les caves coopératives et les vignerons pratiquant l AR sont également représentés au Bureau par le biais des élus ODG, et les décisions techniques rassemblent donc toutes les tendances. Une autre caractéristique est notre diversité d actions, puisque nous réalisons des suivis autres que le suivi de la FD, ce qui permet d'une part de fidéliser des techniciens chevronnés sur les postes de suivi FD, deuxièmement de travailler avec les vignerons sur d'autres thématiques pour accroître leur intérêt pour les techniques de réductions d'intrants, et donc de les amener à identifier le GDON comme une cellule technique, et non uniquement un «contrôleur FD». Il n'y a donc pas d'opposition marquée au GDON sur notre territoire, car chaque vigneron voit un intérêt différent dans le panel d'actions réalisées. Cela évite les désaccords entre ODG lorsque les actions FD sont orientées ponctuellement spécifiquement dans certains vignobles, puisque les autres vignerons continuent de percevoir un service tiers (bulletins techniques, réseau de pièges ravageurs...). Notre fonctionnement reste atypique et d'autres GDON, qui reposent sur des bases différentes, sont parfois tout aussi efficaces. Je pense que le succès d'un GDON repose grandement sur l'approche locale car les vignerons bordelais y apportent de l'importance. 3
Nous disposons d un budget annuel variant entre 250 000 et 300 000 euros, majoritairement basé sur une cotisation / hectare de 20 HT. Les coûts dépendent en priorité de l importance et de l organisation du chantier de prospection. Il est possible de fortement limiter les budgets en internalisant totalement la prospection ou au contraire de les multiplier en pratiquant exclusivement de la prestation de services. Toutefois le recours à la prestation reste obligatoire car il ne nous est pas possible d internaliser totalement la prospection (main d œuvre généralement nécessaire environ 40 personnes pendant 1 mois et plus). Notre équipe se compose de 2,5 permanents annuels, complétés par 1 à 2 techniciens temporaires (présents 6 mois dans l année). Les permanents sont : le responsable de la structure, une deuxième cadre qui se charge de toutes les procédures informatisées, de l administration du site internet et un technicien de terrain en chef. Les autres recrutements annuels concernent des techniciens spécialisés protection du vignoble et des ouvriers de prospection pendant l été. Une très grande partie de la prospection est réalisée par prestation, après formation du personnel par nos soins. Cette équipe permet de réaliser le travail suivant : Suivi des ravageurs (hors thématique Scapho) - Suivi d environ 200 pièges à ravageurs (3 générations eudémis), suivi des pontes des larves sur 60 sites - + 50 pièges suivis via mise en œuvre de collaborations partenaires - Etude validité des modèles de risques Suivi des maladies cryptogamiques : - Suivi de 14 parcelles type Témoin Non traité BSV - Suivi de 10 stations météorologiques - Etude de validité des modèles de risques - Suivi des risques de résistances Enquête de pratiques agricoles : - Récolte des calendriers et calcul des IFT (60 exploitations en moyenne soit 800 ha) Réseau ENI : 1 parcelle Réseau BSV : totalité des observations Rédaction d un bulletin technique hebdomadaire de suivi du vignoble - Environ 30 bulletins pour 1100 exploitations destinataires Administration d un site internet Animation de réunion et d actions de sensibilisation : environ 20 par an Cartographie des zones en confusions sexuelle Rédactions d articles techniques ou scientifiques (2 à 3 par an) 4
Partenariat projet de recherche et expérimentation (2 par an) Gestion de la flavescence dorée : - Contrôle de tous les arrachages FD et de certains cas BN - Courrier de traitement individualisé à la parcelle - Suivi spécifique pour les utilisateurs de Pyrévert - Arrachage des vignes en friches - Contrôle efficacité larvaire des traitements (200 parcelles / an) - Suivi des vols de CFD (400 à 500 pièges par an) - Formation des techniciens - Formation des BTS et des vignerons - Prospection de 30 % du vignoble par an (4000 ha) - Prospection de toutes les parcelles anciennement contaminées - Double prospection annuelle des parcelles contaminées - Analyse de 100 % des ceps symptomatiques - Courrier d arrachage individualisé pour chaque vigneron Il ne faut pas négliger de mettre en place des services de communication / suivis techniques un peu plus poussés pour les vignerons pratiquant l AB car la thématique FD y est plus difficile à gérer. Alors que dans certaines régions certains vignerons AB s opposent au GDON, nous bénéficions pour l instant de leur soutien et ils sont largement représentés dans notre CA. Malgré la diversité des actions menées, le poste «flavescence dorée» constitue à lui seul environ 80% des dépenses. C est également l action la plus rémunératrice pour les vignerons puisque nous supprimons généralement environ 75 % des traitements obligatoires par an grâce à notre protocole. Les vignerons ne payent aucun supplément de cotisation quel que soit leur implication dans le GDON ou le nombre d actions menées sur le vignoble, il s agit d un fonctionnement identique à celui d une mutuelle. La participation des vignerons aux protocoles est volontaire, à l exception des suivis FD pour lesquels les salariés du GDON peuvent réaliser des contrôles en tout point du vignoble, car ils bénéficient d un droit d accès au parcellaire privé délivré par le DRAAF (carte de contrôle). Encore une fois le relationnel fonctionne mieux que le contrôle et notre travail global nous permet d avoir acquis la confiance de nombreux vignerons. Il est très rare de recourir aux droits d accès pour effectuer notre travail. Environ 150 exploitations participent au suivi du réseau de pièges et une dizaine accueille des TNT. Il n y a pas de participation spécifique des vignerons à l action FD, si ce n est le respect des consignes et une journée de prospection collaborative qui ne fait pas recette (30 ha en 2013). Il s agit ici d une conséquence de notre premier protocole. Lors de la création du GDON, le SRAL nous avait formellement interdit de recourir à de la prospection par des salariés de 5
Châteaux / vignerons, nous avons donc fait reposer notre système initial uniquement sur des salariés du GDON et des prestataires. Les vignerons sont habitués à ce système et en ont pris l habitude. Ils préfèrent payer une cotisation plutôt que de prospecter par eux-mêmes sur des périodes de vacances (mi août). Le repérage des symptômes dans le Merlot est très difficile, et rendrait complexe le fonctionnement par auto-prospection sur une superficie de 12200 ha. Antoine Verpy GDON du Libournais 6