La fiscalité des communes de Polynésie française

Documents pareils
ANALYSE FINANCIERE DE LA COMMUNE D ITANCOURT.

Regard financier sur les petites villes (3 000 à habitants) Juin 2014

DEBAT D ORIENTATIONS BUDGETAIRES 2015

UNIVERSITES DES MAIRES ET PRESIDENTS DE COMMUNAUTES DE LOIRE-ATLANTIQUE. Module «Elaborer le budget de sa commune Les fondamentaux»

«Mécanismes» et contraintes budgétaires

CONTRAT DE PRESENCE POSTALE TERRITORIALE

Suppression de la taxe professionnelle et création de la Contribution Economique Territoriale (CET)

Madame la Maire, Je vous prie d agréer, Madame la Maire, l expression de ma considération la plus distinguée.

- Suppression de la Taxe Professionnelle en 2011 remplacée dans le panier communal par - Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) (taux communal) -

BROCHURE DESTINÉE A ACCOMPAGNER LA MISE EN OEUVRE DE LA PART INCITATIVE DE LA TAXE D ENLEVEMENT DES ORDURES MENAGERES

ASSEMBLÉE NATIONALE 3 novembre 2014 AMENDEMENT

DIAGNOSTIC SOCIO-ÉCONOMIQUE ET FINANCIER LE BILAN-SANTÉ DE L'INTERCOMMUNALITÉ

Charte d exploitation et de demande d accès aux Géoservices. Plateforme Territoriale GUYANE SIG

4LES FINANCES DES COLLECTIVITÉS LOCALES LES COLLECTIVITÉS LOCALES EN CHIFFRES 2011

DIAGNOSTIC SOCIO-ÉCONOMIQUE ET FINANCIER LE BILAN-SANTÉ DES COMMUNES

Panorama financier

7. La fiscalité locale indirecte

Commune de Bourcefranc-le- Chapus: Audit financier. Conseil Municipal du 22 juillet 2014

COMMUNE DE SALINS-LES-BAINS

LES PACTES FINANCIERS ET FISCAUX COMMUNES INTERCOMMUNALITE ET LA MUTUALISATION

#94 NEWS FISCALITÉ LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE La LFR 2014 a procédé à certains ajustements techniques :

Territoires et Finances

Remarques introductives, décentralisation fiscale

6. La fiscalité locale indirecte

TAXE DE SEJOUR GUIDE D'INFORMATION ET D APPLICATION

4LES FINANCES DES COLLECTIVITÉS LOCALES LES COLLECTIVITÉS LOCALES EN CHIFFRES 2009

LEVET COMMUNE DE LEVET

DIRECTION GÉNÉRALE DES FINANCES PUBLIQUES INSTRUCTION DU 30 MARS C-6-12

NOTE SUR L APPLICATION DE LA TAXE DE SEJOUR AU REEL ET LES DIFFICULTES LIEES A L INTERPRETATION DU BAREME Mise à jour 15 avril 2008

4LES FINANCES DES COLLECTIVITÉS LOCALES LES COLLECTIVITÉS LOCALES EN CHIFFRES 2010

FASCICULE 1 - Mesures portant réforme de la taxe de séjour et de la taxe de séjour forfaitaire

Séminaire de l observation urbaine. Utiliser les simulations financières

Note commune N 3 / 2014

TAXE DE SEJOUR GUIDE PRATIQUE.

Ingénierie et action foncière. Janvier 2014

Association des Maires de France. & Associations départementales de Maires LES CAHIERS DU RÉSEAU N 10. La commune et le financement des réseaux

NOTICE POUR REMPLIR LA DECLARATION D IMPÔT SUR LES TRANSACTIONS

SPÉCIAL FISCALITÉ 2014 ISF et Impôt sur le Revenu

CARACTERISTIQUES DU SYSTEME FISCAL NIGERIEN :

LE PROJET URBAIN PARTENARIAL (PUP) :

Audit financier rétro-prospectif

LES DOTATIONS DES COMMUNES NOUVELLES

Fiches pédagogiques. Intercommunalité. Finances locales

Ministère des affaires sociales et de la santé Ministère de l'économie et des finances

PREPARATION BUDGET PRIMITIF Commune de Poisat 23 février 2015

DEBAT D ORIENTATIONS BUDGETAIRES 2015

DOL DE BRETAGNE ORIENTATIONS BUDGETAIRES 2011

Les Politiques macro-économiques

RENTABILITE IMMOBILIERE ET PRESSION FISCALE

LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS LOCAUX (E.P.L.) SITUES HORS DU CHAMP DE L INTERCOMMUNALITE

Les principales dispositions de la loi de finances pour 2014 publiée au Journal officiel le 30 décembre 2013

BILAN Le résultat comptable est en bonne évolution après avoir été limité en 2010 et 2009

Cours VI : VIE POLITIQUE LOCALE, RELATIONS ENTRE SOCIETE CIVILE ET POUVOIR POLITIQUE

COMPRENDRE LE BUDGET MUNICIPAL

POLYNESIE FRANÇAISE SERVICE DU TOURISME DEMANDE DE LICENCE D AGENCE DE VOYAGES OU DE BUREAU D EXCURSIONS

TAXE DE SEJOUR Guide d Application TOURISME. Communauté Communes Florac Sud Lozère.

Pour vous aider à comprendre : Le règlement applicable, expliqué pas à pas

FAQ - TAX REFORM. 1. Comment savoir si le seuil des de revenus mobiliers est dépassé?

LES MODIFICATIONS DE L INSTRUCTION M 14 ET M 4

Les principales dispositions du projet de loi de finances pour 2014 adopté en première lecture à l Assemblée nationale du 19 novembre 2013

Dossier de demande de subvention - INVESTISSEMENT -

PRESENTATION DES BUDGETS. Présentation de JC PEYRIN 1er adjoint en charge des Finances

Rapport financier 2014

Gestion & Actualité. La note d information du CGL SOMMAIRE. Plus-values immobilières 2012 Une déclaration unique Un timbre de 35 euros

Les principales dispositions de la loi de finances pour 2013 du 20 décembre 2012

En premier lieu, trois mesures, importantes et symboliques, ont tendance à grignoter le pouvoir fiscal des élus locaux :

Loi de finances rectificative pour 2010 et Loi de finances pour Loi de finances pour 2011

GOUVERNEMENT WALLON Conseil de la Fiscalité et des Finances de Wallonie

ANALYSE D'INVESTISSEMENT IMMOBILIER

Les Marges de Manœuvre Financières des Collectivités s Locales

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE L EMPLOI ET DE LA SANTÉ MINISTÈRE DES SOLIDARITÉS ET DE LA COHÉSION SOCIALE PROTECTION SOCIALE

NOTE D INFORMATION : LA FISCALITE DES FRANÇAIS ETABLIS HORS DE FRANCE ETAT ACTUEL ET EVOLUTIONS EN COURS

Recettes de fonctionnement et capacité d'épargne

Centre de Gestion et de Formation C G F

Débat d Orientation Budgétaire 2013

IMPOTS DIRECTS AU SENEGAL

Zone d Aménagement Concerté et Lotissement

Guide de déclaration

ASPECTS JURIDIQUES DE L ASSAINISSEMENT NON COLLECTIF

de formation des prix

Votre résidence fiscale est en France. B8 Impôt sur la fortune (Mise à jour mai 2013)

Eléments pour un choix du mode de gestion du service public de transport. Synthèse de l étude menée par le cabinet Trans I.

Guide concernant l accès au service TFP Internet pour les. notaires, institutions financières et les représentants légaux.

TRAITEMENT FISCAL DES REVENUS MOBILIERS DANS LE CHEF D UN RESIDENT BELGE PERSONNE PHYSIQUE REVENUS 2014

13 avril Texte Législatif Texte d'application Codification Instructions. Références et date de publication. Articles de la loi

Routes bien entretenues Financement assuré

I. S. F. ET DELOCALISATIONS FISCALES UN IMPACT DIFFICILE A MESURER FAUTE D UN TABLEAU DE BORD SATISFAISANT

REUNION DU CONSEIL MUNICIPAL D AMFREVILLE JEUDI 30 OCTOBRE 2010

Trébeurden Synthèse financière

LE SYSTÈME BANCAIRE COM DU PACIFIQUE ET FINANCIER DANS LES

Loi de Finances Rectificative 2012 : Impacts et stratégies fiscales à adopter

Isabelle KEBE Tél I Fax Mail : ikebe@fcl.fr

PREFECTURE DE L OISE. Beauvais, le 2 mai Objet : modification du régime juridique des biens vacants sans maître

Le plafonnement des impôts directs : mise en place du «bouclier fiscal»

DIRECTION GÉNÉRALE DES FINANCES PUBLIQUES TAXE SUR LA VALEUR AJOUTÉE ET TAXES ASSIMILÉES NOTICE POUR REMPLIR LA DÉCLARATION N 3517-S CA12/CA12 E

SERVICE PUBLIC DE TRANSPORTS COLLECTIFS Synthèse du rapport annuel du Délégataire 2012

La comptabilité énergétique

Quel statut? Pour quel office de tourisme?

FORMULAIRE DE DEMANDE DE CLASSEMENT D UN OFFICE DE TOURISME DE CATEGORIE II 1/7

Transcription:

La fiscalité des communes de Polynésie française 1. Les principaux impôts communaux La fiscalité locale repose principalement sur les impôts et taxes suivants : - les centimes additionnels : à la contribution des patentes : le taux maximum pouvant être voté par les conseils municipaux est fixé à 80% ; à la contribution des licences : le taux maximum fixé à 100% ; à l impôt foncier sur les propriétés bâties : le taux maximum fixé à 50% ; - la taxe sur la valeur locative de locaux professionnels : la taxe est assisse sur la valeur locative du local qui sert à l exercice de l activité des patentés, au taux de 10% ; - la taxe sur l électricité : taxation de la consommation d énergie électrique de tous les types d usagers (habitants, entreprises, administrations) raccordés à un réseau public de distribution d énergie électrique. Le montant maximum est de 4 F CFP par Kwh ; - la taxe de séjour, soit variable sur la base du nombre de nuitées, soit forfaitaire en fonction de la capacité d accueil et de la fréquentation touristique ; - la taxe sur la publicité. Montants des principaux produits fiscaux communaux : en K 2011 2012 Centimes additionnels et TVLLP 34 915 35 616 Taxe sur l'électricité 18 222 17 454 Taxe de séjour 1 558 1 512 Taxe sur la publicité 267 244 Total 54 963 54 825 (derniers chiffres connus) Congrès ACCD OM novembre 2014 1

2. Les constats essentiels 1) La part de la fiscalité dans les ressources communales est faible, à l exception relative d une commune de + 20 000 habitants, Papeete : - en moyenne de 21% pour l ensemble des communes de la Polynésie française ; - de 27% au Iles du Vent à moins de 3% pour les archipels des Tuamotu-Gambier, Marquises et Australes où le potentiel fiscal est quasi inexistant ; (derniers chiffres connus) - situation particulière de Papeete (26 300 habitants) : la part de la fiscalité locale a atteint 53% des produits de fonctionnement en 2012 ; ce ratio est proche de la moyenne nationale, environ 60% ; - la commune de Punaauia a un ratio de 40% alors que celui de la commune de Faa a est de 24%. 2) L essentiel des ressources des communes ne sont pas déterminées par des décisions communales : - en moyenne, en 2012, 37% des ressources communales proviennent de la fiscalité reversée (FIP) et 25% des transferts de l Etat (DGF), soit une dépendance globale aux transferts de 62% ; - mais existence de situations très contrastées opposant la situation dans les archipels éloignés aux communes urbaines : aux Australes, 46% des ressources proviennent du FIP et 37% de la DGF (dépendance de 83%) alors que dans une commune urbanisée (Papeete), ces ratios sont respectivement de 28% et de 16%. Congrès ACCD OM novembre 2014 2

3) Extrême faiblesse des marges fiscales résiduelles à fiscalité constante : - la plupart des conseils municipaux ont fixé les taux de prélèvement relevant de leur compétence au maximum autorisé. 4) Les assiettes taxables sont réduites dans leur définition (pas de taxe d habitation, pas de contribution territoriale économique des entreprises comme en métropole) : - la fiscalité communale est essentiellement une fiscalité additionnelle frappant des bases étroites. Congrès ACCD OM novembre 2014 3

3. Les causes de la faiblesse des ressources fiscales locales Elles sont de 2 ordres : 1) Les bases fiscales sont étroites : - elles sont estimées à 300 /h en PF, contre 400 /h dans les DOM sauf en Guyane où le niveau est comparable à celui de la PF, et contre 700 /h en France hexagonale ; - certaines communes sont confrontées à l absence même d assiette fiscale : par exemple, s agissant des centimes additionnels à la contribution des patentes, seules 2 communes des Tuamotu les perçoivent, Rangiroa et Hao ; - la fiscalité «ménage» se limite aux centimes additionnels à l impôt foncier sur les propriétés bâties : il n existe pas de taxe d habitation ni de taxe sur le foncier non bâti. 2) La connaissance des bases fiscales existantes est mauvaise : - les causes du rendement notoirement faible de l impôt sur le foncier bâti sont bien identifiées : le cadastre n est pas à jour. Il manquerait environ 26 000 habitations. Il y a 36 000 contribuables alors qu il y a par exemple 76 000 habitations déclarées ; - le rendement fiscal est amoindri par des difficultés de recouvrement : problème d adressage, localisation du redevable, problème des boîtes postales Congrès ACCD OM novembre 2014 4

4. Les voies d une fiscalité plus performante 1) Renforcer l efficacité de la collecte fiscale : - améliorer la connaissance des bases fiscales (cadastre, revenu des ménages ) pour élargir les assiettes taxables ; - améliorer le recouvrement des impôts existants : adressage, poursuites 2) Renforcer l équité territoriale : - la péréquation territoriale, notamment via le Fonds Intercommunal de Péréquation (FIP), parait indispensable pour répondre aux disparités des situations communales ; - trouver des modalités permettant de garantir à un horizon a minima triennal, le niveau des transferts du FIP ; 3) S insérer dans une réforme globale de la fiscalité en Polynésie française : - la mise en œuvre d une fiscalité communale n est envisageable qu à pression fiscale constante ou régressive ; - le taux de prélèvements obligatoires a déjà atteint un niveau très élevé en PF par rapport aux fonctions exercées par la collectivité (ex : l éducation est financée à 90% par l Etat contre 75% en métropole) : 36% en 2011, et au moins 2 à 3 points de mieux à ce jour ; - la fiscalité communale doit contribuer à l équilibre entre les ressources et les compétences des communes qui leurs sont dévolues par le CGCT ; - la création d une fiscalité communale non additionnelle (impôts nouveaux) ne paraît pas souhaitable (coût d organisation, pression fiscale) ; - les ressources qui actuellement manquent aux communes pourraient avantageusement être trouvées dans une réforme générale de la fiscalité de la Polynésie française qui aurait pour double objectif de garantir des ressources suffisantes aux communes et de parfaire l équité du système. Congrès ACCD OM novembre 2014 5