L évaluation des acquis des élèves. Dominique Raulin ESEN - 23 mars 2012



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Transcription:

L évaluation des acquis des élèves Dominique Raulin ESEN - 23 mars 2012 1

Trois parties 1 re partie : Le contexte 2 e partie : Des questions préalables 3 e partie : Une autre vision, une autre approche de l évaluation des acquis des élèves Conclusion : Des changements de paradigmes Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 2

1 re partie Le contexte Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 3

Trois traits du fonctionnement actuel Le système fonctionne traditionnellement sur : une part importante du temps scolaire consacrée à la transmission des connaissances ; un report important du travail scolaire en dehors de la classe ; la comparaison du travail des élèves à un idéal absolu, par le jeu des notes sur 20. Mais, une nouvelle donne remet en cause ces réalités : le recours aux compétences dans les contenus d enseignement. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 4

Les changements en cours La place des compétences / capacités dans les contenus d enseignement ; les évaluations externes ; le livret personnel de compétences. Le recours aux compétences est une évolution délicate mais inéluctable en raison : de la masse de connaissances disponibles ; des nouvelles modalités d accès aux savoirs. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 5

2 e partie Des questions préalables Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 6

Les risques et les enjeux (1) Avant de vouloir évaluer, il faut avoir développé les apprentissages. Le risque : la classe ne change pas avec son professeur, chef d orchestre ou conférencier, seul le regard porté sur la production des élèves serait remis en cause. L essentiel des évolutions en cours relève de questions didactiques. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 7

Les risques et les enjeux (2) Privilégier les compétences amène à : revoir le contenu et l organisation de l heure de cours ; travailler sur la complémentarité des approches disciplinaires. En guise de conclusion partielle : il ne faut pas isoler l évaluation : elle est intégrée au processus d apprentissage. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 8

Les apprentissages On n enseigne pas les compétences, on permet aux élèves de les développer, dans différents champs disciplinaires. **** La métaphore du maître nageur, et aussi, l effet Topaze. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 9

En classe, un partage des responsabilités différent Pour le professeur : repérer, analyser, proposer des solutions, mais aussi conseiller, encourager, motiver... Pour les élèves : être actif, accepter d aller «dans la piscine», considérer le professeur comme l expert et pas comme le censeur. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 10

Une autre conception de l heure de classe Pour le professeur : observer, être attentif, être à la disposition des élèves ; ne pas monopoliser le temps et l espace... ; proposer des tâches complexes accessibles... N être ni chef d orchestre, ni conférencier! Pour les élèves : saisir l opportunité d avoir l expert «pédagogue» à leur disposition ; faire en classe pour montrer ce qu on ne sait pas «bien» faire. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 11

3 e partie Une autre vision, une autre approche de l évaluation des acquis des élèves Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 12

Des réalités pédagogiques La plupart des évaluations : sont menées par le(s) professeur(s) dans sa / leur classe(s) ; ont la forme de contrôles individuels en temps limité, alors que ne sont pas objectives : elle n ont pas à l être. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 13

Quelques évidences Évaluer, c est observer et analyser la production d un élève. Une compétence / capacité n est jamais définitivement et totalement acquise. La comparaison à la production idéale qui mérite la note maximale, n est donc pas dans la logique des compétences : la notation chiffrée n est pas adaptée. La question de la note n est pas un problème idéologique! Évaluer des compétences, c est privilégier la progression par rapport à la valeur absolue d une performance. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 14

Des constats de l Inspection générale (1) «De fait, les enseignants connaissent souvent assez bien les capacités des élèves et leur niveau de maîtrise ; mais la traduction en notes, et surtout en note moyenne par discipline, efface les qualités de leurs analyses». Extrait du rapport «Les livrets de compétences : nouveaux outils pour l évaluation des acquis», Inspection générale de l éducation nationale, juin 2007 Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 15

Des constats de l Inspection générale (2) «Évaluer la maîtrise d aptitudes n est pas facilité par la notation. Ainsi évaluer ne peut plus se résumer à noter : c est une évolution importante induite par l évaluation du socle commun.» Extrait du Vade-mecum «Socle commun de connaissances et de compétences, Collège, Principaux éléments de mathématiques», Éduscol, Inspection générale de l éducation nationale, septembre 2009

L évaluation pédagogique (1) Partir de la production de l élève ; repérer ce qui semble anormal, ce qui surprend le pédagogue : le symptôme ; estimer la gravité de ce qui est anormal, de l erreur commise, de l insuffisance repérée ; surveiller la répétition de l erreur ; analyser ses conséquences sur les apprentissages ultérieurs : le diagnostic ; prendre la décision de corriger ou pas : le traitement. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 17

L évaluation pédagogique (2) L approche analytique de l évaluation, c est donc : repérer les symptômes ; établir un diagnostic : c est la phase essentielle de la personnalisation ; proposer un traitement. La chaîne devient continue : apprentissage / évaluation / apprentissage / L évaluation est le régulateur des apprentissages. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 18

L évaluation pédagogique (3) L évaluation analytique n impose pas de multiplier les contrôles de micro-objectifs. Détailler l évaluation n impose pas d émietter les apprentissages. Détailler l évaluation n impose pas de remplir des grilles interminables. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 19

Les choix à faire localement La mémoire des acquis : par exemple, la place de la note ; les outils de suivi ; la prise en compte de la complémentarité des regards entre les différents professeurs ; les modalités de gestion parallèle des deux échelles : à quoi utilise-ton la note, l évaluation des compétences? Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 20

Des principes à la mise en œuvre La prise en compte de l évaluation dans les enseignements et dans les différents dispositifs particuliers (aide, soutien, etc.) ; les outils de suivi communs ; le partage des responsabilités entre les disciplines ; la compensation entre différents travaux, entre différentes disciplines ; la gestion en parallèle des deux échelles. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 21

Des entrées possibles Au niveau d une équipe pédagogique : les outils de repérage des besoins : les liens avec les dispositifs d aide et de soutien ; la mise en évidence des éléments structurants des enseignements disciplinaires ; la construction de tâches complexes. Au niveau de l établissement : les outils d analyse pour les passages de classe ; les conseils de classe : les outils de travail et d analyse. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 22

En guise de conclusion provisoire L évaluation par compétences est potentiellement une source de progrès La notion de norme et donc d élèves en difficulté tend à s estomper. Les inégalités liées à l environnement familial sont moins prégnantes. La reconnaissance de la diversité des «intelligences» devient possible. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 23

Conclusion Des changements de paradigmes Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 24

Des changements de paradigmes Les changements en cours ne sont que la partie émergée de questions beaucoup plus fondamentales. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 25

Des changements de paradigmes D une école sanctuaire qui transmet des savoirs à une école atelier qui apprend à s en servir. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 26

Des changements de paradigmes Du professeur «conférencier» ou «chef d orchestre» au professeur «maître nageur» Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 27

Des changements de paradigmes D une école qui classe les élèves à une école qui permet à chacun de progresser Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 28

Pour me contacter raulin-pro@orange.fr Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 29

Repères bibliographiques Le socle de connaissances et de compétences. Dominique RAULIN. Hachette éd., CNDP, 2008. Comprendre et expliquer le socle commun de connaissances et de compétences. Dominique RAULIN. CRDP d'orléans, 2009. Comprendre et expliquer l'évaluation des capacités : le cas particulier de la validation du socle commun au DNB. Dominique RAULIN. CRDP d'orléans, 2010. Comprendre et expliquer les changements liés au socle commun. Dominique RAULIN. CRDP d'orléans, 2011. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 30

ANNEXES Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 31

La difficulté à connaître les acquis des élèves Réf : rapport «Les acquis des élèves, pierre de touche de la valeur de l'école?», Inspection générale de l éducation nationale, juillet 2005. Quelle attention porte-t-on [ ] à ce que les élèves y acquièrent, en termes de connaissances, de compétences, de comportements et même de l'enjeu de la construction d'une culture? L'inventaire fait apparaître que, pour divers motifs, la plupart des acteurs privilégient souvent d'autres centres d'intérêt, comme l'atteinte d'indicateurs quantitatifs globalisés, de moyennes individuelles et de succès aux examens dont on ne connaît pas toujours le sens véritable en termes des acquis qu'ils seraient censés prouver ou certifier.

Des constats de l Inspection générale (2) Le système traditionnel français de notation a longtemps été lié à une pédagogie de l émulation ou de la contrainte, promouvant une évaluation de type «récompense-punition». Ce système a été mis en cause par de nombreux analystes, du fait du caractère illusoire du contrôle précis des acquis via la méthodologie «notesclassement», et de par la nécessité d une meilleure prise en compte de la démarche intellectuelle et des progrès des élèves. Dominique Raulin / ESEN - 23 mars 2012 33