MAURITANIE Perspectives sur la sécurité alimentaire Octobre 2015 à Mars 2016

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Transcription:

Nette baisse des niveaux de l insécurité alimentaire dans la majeure partie du pays MESSAGES CLÉS Après un démarrage tardif, une pluviométrique suffisante et bien repartie dans le temps depuis la fin-août a permis un bon développement des pâturages et des cultures pluviales. La production céréalière nationale sera moyenne à supérieure à la moyenne et les pâturages, à l échelle nationale, seront nettement meilleurs que ceux de 2014. L accès alimentaire des ménages pauvres va donc s améliorer. Carte des résultats actuels de la sécurité alimentaire, octobre 2015 L accès aux nouveaux produits agricoles et au lait, la stabilité des prix des denrées alimentaires et les revenus du travail agricole permettent aux ménages, dans la majeure partie des zones rurales, de consommer des aliments normalement et par conséquent, ils seront en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l IPC). Leur sécurité alimentaire sera renforcée, entre janvier et mars, par les récoltes des cultures pluviales tardives et celles de la décrue ainsi qu une hausse du prix des animaux. Dans la zone de cultures pluviales, les moughataa d Amourj et de Diguent sont très affectées par l irrégularité des pluies. Leur production de court cycle est en nette baisse et sa récolte retardée Source: FEWS NET Cette carte représente les résultats actuels de l insécurité alimentaire aigue pertinents pour la prise de décision urgente, sans représenter le niveau de l insécurité alimentaire chronique. de deux mois prolonge la soudure jusqu en novembre. Une grande partie de ce déficit de production saisonnière sera comblée par celle des cultures de long cycle (récoltés cette année en décembre), mais les ménages pauvres resteront en situation de Stress (Phase 2 de l IPC) jusqu en janvier. Malgré des récoltes moyennes et des bonnes conditions pastorales, la diminution de taille des troupeaux et l impact du remboursement des dettes suite aux difficiles années précédentes ainsi que des revenus saisonniers nettement plus bas qu en année moyenne maintiendront les ménages pauvres des zones agropastorales du Tagant (la moughataa de Moudjéria) et du Gorgol (les moughataas de Monguel et le nord de celle de Kaédi) en situation de Stress (Phase 2 de l IPC) jusqu en mars. CALENDRIER SAISONNIER POUR UNE ANNÉE TYPIQUE Source: FEWS NET FEWS NET MAURITANIE fews.mauritania@fews.net www.fews.net L activité du FEWS NET est financée par l USAID. Les points de vue exprimés par les auteurs de la présente publication ne reflètent pas forcément le point de vue de l Agence américaine pour le développement international ou du gouvernement des Etats-Unis d Amérique.

CONTEXTE NATIONAL Carte des résultats estimés plus probables de la sécurité alimentaire, d octobre à décembre 2015 Situation actuelle Sur le plan agricole : D une manière générale, la situation de la campagne agricole 2015/2016 est bonne. La pluviométrie bien que tardive a connu, entre août et octobre, une bonne répartition temporelle qui a entrainé, en plus d une situation pastorale qui rassure les éleveurs, un développement normal de certaines cultures pluviales et de bonnes conditions d exploitation de celles de la décrue. Cependant, plusieurs typologies des cultures ont connu un retard de leurs développements normaux suite au démarrage tardif et à l irrégularité des pluies. Par conséquence, la récolte des cultures de long et court cycle (environ 70 pour cent des superficies nationales exploitées en cultures traditionnelles, en année normale) a accusé un retard d un à deux mois par rapport à une année moyenne. Avec le regain pluviométrique de la fin août, les agriculteurs ont accru les superficies des cultures tardives (de plus de 10 pour cent) et exploité la majeure partie des zones de la décrue. Ces dernières cultures connaissent un développement suit les des tendances d une année normale. Au niveau sous-national : Source: FEWS NET Carte des résultats estimés plus probables de la sécurité alimentaire, de janvier à mars 2016 En zone agropastorale (dans la bande frontalière de la zone production pluviale), les ménages commencent à récolter le sorgho et les légumineuses et au niveau du bas-fond et derrière barrage, les semis se poursuivent en fonction du retrait des eaux. Dans les zones de cultures pluviales (une bande frontalière du Mali qui va de la moughataa de Maghama au Gorgol à l extrême sudest du pays), les superficies des cultures sous pluie sont en baisse comparativement à une année moyenne et les cultures accusent un retard de développement qui fait que le stade le plus avancé est l épiaison et par endroit, les récoltes des cultures de court cycle. D énormes dégâts ont été observés sur les semis dans les zones dépressionnaires (cuvettes, lits d oueds, bas-fonds etc.) à cause des inondations successives. Dans la zone vallée du fleuve Sénégal, jusqu en fin septembre, les emblavures et les semis direct de riz irrigué se poursuivaient jusqu au début du mois d octobre. Les cultures se développent normalement. A l exception du Guidimakha où tous les périmètres ont été exploités comme en année moyenne, dans toutes les autres régions (Trarza, Brakna et Gorgol) les superficies mises en valeur sont inférieures à celles de 2014 où l Etat avait décidé d octroyer du crédit même aux exploitants endettés. Source: FEWS NET Cette carte représente les résultats d avril à septembre 2015 de l insécurité alimentaire aigue pertinents pour la prise de décision urgente, sans représenter le niveau de l insécurité alimentaire chronique. Les cultures de décrue (Walo, bas-fonds et barrages) : Dans toutes les zones de décrue, généralement exploitées en sorgho et niébé, les conditions d exploitation sont bonnes car les taux de remplissage ont été importants (>80 pour cent) et les paysans ont pu trouver des semences. Sur le plan des revenus saisonniers : Une offre de main d œuvre saisonnière plus importante qu en année moyenne et la baisse des superficies dans les zones de cultures pluviales, ont entrainé une baisse sensible des revenus saisonniers qui n ont comme source que le travail agricole. Le démarrage tardif de l hivernage a aussi limité les déplacements pour le travail hors zones qui en année moyenne offre une source important de revenu pour les bras valides. Les activités agricoles relatives aux cultures de décrue ont quant à elles commencé à temps (octobre) et s inscrivent dans leur calendrier cultural normal, générant ainsi des revenus saisonniers au moins égaux à ceux d une année moyenne. Le Réseau de Systèmes d Alerte Précoce contre la Famine 2

Sur le plan pastoral : Au vu des précipitations suffisantes enregistrées, la situation pastorale s est nettement améliorée sur la quasi-totalité de la zone agropastorale particulièrement dans la wilaya de l Assaba, du Gorgol, du Guidimakha et des deux Hodh. Les pâturages sont, à l échelle nationale, nettement meilleurs que ceux de 2014 mais encore moins denses que ceux d une année moyenne L embonpoint des animaux fortement affecté par une longue période de maigre consommation (depuis février au lieu d avril) s améliore, contribuant ainsi à la hausse de leurs prix. Néanmoins, la production laitière reste encore faible en raison des mises-bas inferieures à la moyenne. Sur le plan des marchés de consomption: Les marchés de consommation sont toujours bien approvisionnés en denrées alimentaires de base importées (blé, riz, huile, sucre, farine etc.) avec des prix relativement stables par rapport aux mois précédents mais tout de même plus élevés que la moyenne quinquennale. En outre, les prix des céréales cultivées suivent leurs tendances de stabilité malgré le retard de la récolte. Par exemple, le prix de sorgo dans le marché d Adel Bagrou (zone des cultures pluvieuses) tourne autour de 130 MRO en septembre (145 MRO en année moyenne quinquennale) et à Boghé (zone de vallée) le prix 209 MRO en septembre cette année, est proche des 200 MRO de la moyenne quinquennale. La stabilité des prix des céréales locales et importés crée les conditions d un meilleur accès alimentaire pour les ménages pauvres. Figure 1. Termes d exchange bétail à blé sur la marche d Aoujeft 350 300 250 200 150 100 50 0 Sept. 2015 Sept. 2014 Five-year average Source: FEWS NET Figure 2. Observations des criquets pèlerins en Afrique de l Ouest en octobre 2015 Sur le plan des marchés du bétail : Dans les zones pastorales, les prix des animaux continuent leur hausse Source: FAO dans cette période: le prix de mouton dans le marché de Aoujeft est 44000MRO en septembre comparé à 42500 le mois passé et dans le marché de Magta-Lahjar, 25800MRO en septembre par rapport à 27068 en août. Globalement, dans toutes les zones de moyens d existence, les termes d échange (prix animal/céréales) soutiennent une meilleure capacité d accès alimentaire tant en raison de la stabilité des prix des céréales que de la hausse du prix des animaux (Figure 1). Suppositions Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire au niveau national d octobre 2015 à mars 2016 se fonde sur les hypothèses générales suivantes : Les activités agricoles : La production agricole : La production agricole annuelle sera supérieure ou au moins proche de celle d une année moyenne malgré la baisse probable des productions irriguées en raison des superficies non exploitées pour cause de non attribution de crédit agricole. Bien que les rendements des cultures de court cycle et de long cycle soient négativement affectés par le démarrage tardif des pluies et par leur irrégularité entre juillet et août, le regain pluviométrique de septembre a permis un niveau satisfaisant de remplissage des bas-fonds et des barrages (entre 80 et 100 pour cent de leur capacité) et de bonnes perspectives pour les cultures tardives et de décrue (Walo, Bas-fonds et barrages). La situation acridienne : La situation acridienne est encore calme, mais on note dans le centre et le nord du pays notamment dans les zones de cultures derrière le barrage de l Inchiri des changements potentiels (Figure 2). Selon le Bulletin sur le criquet pèlerin d octobre 2015, le Centre National de Lutte Antiacridienne (CNLA) déclare que, jusqu au Le Réseau de Systèmes d Alerte Précoce contre la Famine 3

printemps, les conditionnes écologiques vont rester optimales à l augmentation de ces effectifs, voire l apparition des concentrations larvaires et de petits groupes ailes. C est une situation à surveiller car elle constitue une menace pour les cultures de décrue en levée et pour les cultures tardives en montaison. Cependant, FEWS NET suppose pour l'instant que les dégâts causés par les criquets pèlerins sur ces cultures seront similaires à ceux d une année normale. Les revenus agricoles : La réduction des superficies exploitées en cultures pluviales pour cause d installation tardive de l hivernage va également faire baisser les besoins en travaux annexes qui constituent, entre octobre et décembre, une importante source de revenus saisonniers pour les ménages pauvres. Par contre, du fait du bon niveau d inondation des zones de décrue (walo, Bas-fonds et barrages), il est probable que les revenus liés à ces activités soient proches de ceux d une année moyenne. Globalement donc, on devrait s attendre à une baisse des revenus provenant des activités agricoles pendant la période du scénario. Les activités pastorales : Conditions pastorales : On s attend à ce que les pâturages et les disponibilités en eau répondent au besoin du cheptel pendant toute l année, limitant ainsi le recours à l aliment bétail dans la majeure partie des zones pastorales (à l exception des compléments alimentaires pour renforcer la productivité laitière des bétails.) Les revenus du travail pastoral : Ils seront conformes aux revenus pastoraux saisonniers d une annexe moyenne car, entre octobre et mars, le recours à une main d œuvre non permanente est rare. Les salaires resteront donc fixes et il n y aura pas besoin de recourir à un supplément de main d œuvre pastorale. La production laitière des bovins, ovins, et camelins, déjà nettement plus basse qu en année moyenne, va s inscrire en baisse à partir de janvier pour devenir faible à partir de mars ce qui diminuera le revenu pour les ménages agropastoraux et pastoraux. Les marchés : Les importations des produits alimentaires : Les importations de denrées alimentaires (riz, blé, sucre, huile etc.) seront régulières et suffisantes durant la période du scénario pour répondre aux besoins de la consommation interne et alimenteront les réexportations normales en direction du Sénégal, du Mali et du sud du Maghreb où leur revente et celles des produits manufacturés constituent des sources de devises. Les marchés de bétail : Les marchés de bétail des zones rurales seront, conformément aux tendances saisonnières (octobre à mars) mal approvisionnés du fait de l impact des récoltes (céréales et légumineuses) et du besoin de reconstitution du cheptel. Par contre, ceux des zones urbaines resteront bien approvisionnés par les surplus (méventes) de la demande de la Tabaski au moins jusqu en décembre. De janvier à février, l offre va baisser dans les différents marchés car en l absence d évènements religieux et avec les récoltes, les ménages limiteront leurs ventes. Les prix des animaux : Le prix moyen des animaux pourraient, comparativement à septembre, rester stables dans les marchés urbains, jusqu à l épuisement des stocks actuels. Par contre dans les zones rurales, la reprise des prix, amorcée depuis août se poursuivra et même se renforcera entre janvier et mars avec des taux de hausse pouvant fluctuer entre 20 et 30 pour cent. Les prix des céréales : En général, les prix de sorgho seront en baisse de 10 à 30 pour cent entre octobre et mars selon les niveaux de production et l état d approvisionnement dans les marchés de consommation, conformément aux tendances de la période. Cependant, dans les zones de décrue, la stabilité ou des hausses légères du prix du sorgho de décrue et du maïs seront enregistrées entre octobre et novembre, mais elles devraient disparaitre avec la fin de la période de semences (décembre) et les prix s inscriront de nouveau dans une tendance baissière qui peut cependant être moins importante (autour de 5 pour cent) dans certaines poches déficitaires de la zone agropastorale et du centre de la vallée du fleuve Sénégal. Les prix des céréales importées (riz, blé) resteront stables. Les autres facteurs contributifs importants : Les envois d exode : Ils seront en forte baisse et ne représenteront que 10 à 20 pour cent de ceux de la période de soudure, mais cette situation est conforme à la tendance saisonnière et le restera pendant toute la durée du scenario. Le retour des migrants revenus travailler leurs champs explique cette situation. Les produits de cueillette : En dehors du fonio sauvage affecté par l irrégularité des pluies de juillet et août, on s attend à ce que tous les autres produits de cueillette (gomme arabique, jujube, fruits de baobab, de balanites et de palmiers sauvages etc.) aient une productivité proche de celle d une annexe moyenne. Le Réseau de Systèmes d Alerte Précoce contre la Famine 4

Les dettes : Entre octobre et mars les apports alimentaires de l élevage et ceux des cultures (janvier à mars) réduiront considérablement le recours aux emprunts de nourriture. Une partie des récoltes sera utilisée, entre janvier et mars, dans toutes les zones rurales affectées entre 2013 et 2015 par un déficit de production agricole pour rembourser les dettes de ces saisons précédentes. Des programmes d assistance : Les programmes classiques tels que les Boutiques de Solidarité (BS), les Stocks Alimentaires Villageois de Sécurité (SAVS), les Cantines Scolaires (CS) et les Centre de Récupération Nutritionnelle Ambulatoire (CRENAM) continueront de fonctionner à l échelle du pays. L assistance humanitaire destinée aux réfugiés maliens vivant au camp de MBera sera régulière et suffisante durant la période du scenario. Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire Entre octobre et décembre, avec les apports de l élevage et les récoltes cultures pluviales, les niveaux de l insécurité alimentaire vont progressivement baisser dans la majeure partie des zones agricoles et pastorales. Les ménages pauvres des zones du sud-ouest du Tagant et du nord du Gorgol qui étaient, jusqu en septembre en situation de Crise (Phase 3 et 3! de l IPC) en raison d un important déficit de leur production céréalière et des revenus inférieurs à la moyenne pendant l année de consommation 2014/15, vont évoluer vers une situation de Stress (Phase 2 de l IPC). Dans le reste du pays, en dehors des zones de pastoralisme d oasis avec oueds cultivés (où les cultures de décrue sont en recul) et de transhumance pastorale (qui ne font aucune activité agricole au cours de notre période de scenario) qui seront en situation de Stress (Phase 2 de l IPC), les ménages pauvres retrouvant leurs conditions de vie typiques de la saison et évolueront vers une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l IPC). Entre janvier et mars 2016, la sécurité alimentaire dans les zones agricoles sera renforcée par les récoltes des cultures pluviales tardives et celles de la décrue. Toutefois, dans la zone agropastorale (moughataas de Moudjéria, de Monguel et nord de celle de Kaédi) un important déficit de production des cultures de court est venue allonger une période de soudure que les ménages pauvres ont des difficultés à contenir puisqu ils ont déjà vendu la majeure partie de leur cheptel pendante les difficiles années précédentes pour se nourrir. A cela s ajoutent les impacts des revenus saisonniers nettement plus bas qu en année moyenne et du remboursement des dettes plus grandes qu habitude. Par conséquent, les ménages pauvres auront toujours des difficultés d'accès à la nourriture et seront obligés de renonce à des dépenses non alimentaires pourtant essentielles. Is resteront, donc, toujours en situation de Stress (Phase 2 de l IPC) jusqu au mois de mars 2016. ZONES DE PREOCCUPATION Le centre de la zone de cultures pluviales (Zone de moyens d existence 9) La zone de cultures pluviales englobe le sud des deux Hodh, de l Assaba et le Guidimakha. La zone de préoccupation de FEWS NET couvre les moughataas d Amourj et de Djigueni et une poche de celle de Timbédra (zone de Bousteïlla) où il y avait un démarrage tardif et une mauvaise répartition spatiale des pluies pendant la saison de 2015. Situation actuelle Le plan agricole : L irrégularité des pluies au début de la saison des pluies de 2015 se sont traduites par plusieurs reprises de semis pour les cultures de court et par conséquence ces cultures accusent un retard de développement. Seules les cultures tardives de long cycle connaissent un développement correspondant à leur stade d une année moyenne. Comparativement à une année moyenne, les superficies cultivées sont aussi nettement moins importantes car beaucoup de ménages ont, par crainte d un arrêt précoce des pluies, renoncé aux cultures de long cycle. A la place, le nombreux paysans ont recouru en priorité aux variétés de court cycle qui même si elles sont déjà consommées en vert, ne seront récoltées qu en novembre au lieu de septembre. En outre, les quelques barrages de la zone et les bas-fonds sont bien remplis et leur exploitation a déjà commencé. Les revenus saisonniers : La demande en main agricole, une source important de revenue pour les ménages pauvres, a été fortement réduite par une augmentation du recours à la charrue importé de la Mali par les ménages moyens et riches depuis plusieurs années. Il en a résulté pour les ménages pauvres une baisse de leurs revenus saisonniers. A cause de ces difficultés, certains voyagent au Mali pour travailler à 1500 MRO/j pour leur période courte de labours, un temps qui n excédant pas une quinzaine de jours. Le Réseau de Systèmes d Alerte Précoce contre la Famine 5

Les marchés et les prix : L offre saisonnière en céréales traditionnelles modérée jusqu en septembre s est considérablement améliorée au marché de Adel Bagrou (à une soixantaine de km de notre zone de préoccupation). Par exemple, le prix du sorgho qui est la céréale la plus consommée par les ménages pauvres dans cette zone, a connu une baisse de 13 pour cent par rapport à mois dernier même si il reste encore en hausse de 8 pour cent par rapport à l année dernière. Les marchés sont aussi bien approvisionnés en denrées alimentaires importées (riz, huile, blé, sucre, farine de blé etc.). L approvisionnent en provenance de Nouakchott tout comme les flux transfrontaliers sous régionaux fonctionnent normalement assurant une disponibilité régulière et suffisante des marchés et un accès moyen à ces denrées pour les ménages pauvres. Les marchés de bétail : Le niveau d approvisionnement de marchés de bétail est faible et légèrement moindre que celui d une année moyenne. Les prix des animaux sont certes en baisse par rapport à la même période de 2014 mais, depuis le regain pluviométrique de septembre, ils sont dans une tendance haussière. Suppositions Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire locale décrit ci-dessous, octobre 2015 à mars 2016, se fonde sur les hypothèses générales suivantes : La crue : Bien que tardive, la dernier saison de pluies a inondé toutes les terres utiles du walo et on s attend à ce que le retrait des eaux se fassent conformément aux conditions typiques (début du retrait en octobre et arrêt des semis en minovembre) qui pourra s assurer une production normale des cultures de la crue. La production agricole : Malgré la baisse des superficies exploitées en cultures de court et de long cycle, on s attend avec le fort recours aux cultures tardives et une production céréalière proche de celle d une année moyenne mais inferieurs à l année dernier. Cependant, la récolte des cultures de court cycle ne commencera qu en novembre (contre septembre en année moyenne) et celle des cultures de long cycle en décembres (octobre en année moyenne). En outre, le retard aura des impacts négatifs sur le revenu de main d œuvre des ménages pauvres. Les revenus : Le prix de la main d'œuvre agricole entre octobre et décembre sera stable et fluctuera entre 1000 et 1500 MRO/jour contre 1500 à 2000 MRO à la même période d une année moyenne. La forte offre en main d œuvre agricole, causée par une importante baisse des cultures de long cycle et le recours à la charrue importé, explique cette baisse du travail journalier. Les activités agricoles postérieures à décembre seront essentiellement des travaux annexes (récoltes, transport, battage, etc.), le plus souvent rétribués en nature. Entre janvier et mars, les opportunités de travailler sur les activités annexes seront certes égales à celles d une année moyenne mais du fait du nombre accru de demandeurs de travail, le temps de travail sera en baisse comparativement à une année moyenne, entrainant également une réduction des revenus. Les marchés et les prix : Les marchés resteront bien approvisionnés en denrées alimentaires importées durant toute la période du scenario. L'offre saisonnière en céréales traditionnelles s améliorera entre octobre et mars grâce aux récoltes pluviales et aux flux maliens va continuer sa baisse entre décembre et mars en s infléchissant de nouveau de 16 à 20 pour cent par rapport à son prix d octobre. Malgré une baisse de la demande des agriculteurs sur le blé suite aux récoltes du sorgho et mil en novembre, le prix du blé ne baissera pas vu qu'il est surtout recherché par les éleveurs nomades et les réfugiés maliens qui vivent hors du camp de M Bera et qui ne cultivent pas. Les prix d animaux continueront de s élever et pourraient reprouver leur niveau saisonnier de 2013 où les prix du mouton moyen avaient tourné autour de 20,000MRO. Les dettes : En raison de plusieurs années consécutives de l'insécurité alimentaire, les niveaux d'endettement des ménages sont au-dessus de la moyenne. Le remboursement de ces dettes au cours de la période du scénario faudra plus de ressources que dans une année typique. La situation nutritionnelle : Bien que la enquête SMART réalisée par UNICEF et le Ministère de la Sante a trouvé une prévalence de la malnutrition aigüe globale de 17.1 pour cent [14.9 à 19.4 pour cent], selon l indice Poids-pour-Taille exprimé en z-score, en Hodh El Charqui en juin 2015, la prévalence de la malnutrition aiguë globale va progressivement baisser pendant la période post-récolte. En utilisant des données des enquêtes SMART récentes des périodes postrécoltes, FEWS NET estime que la prévalence de MAG va être environ 7 à 11 pour cent entre décembre 2015 et janvier 2016 (Figure 3). Le Réseau de Systèmes d Alerte Précoce contre la Famine 6

Figure 3. Prévalence de la Malnutrition Aigüe Globale (MAG) à Hodh El Charqui selon le z-score du rapport poids-taille chez les enfants âgés de 6 à 59 mois avec l intervalle de confidence à 95 pourcent pour les périodes de soudure et de postrécolte 25 20 15 10 5 0 2010/11 Post-recolte 2010/11 Soudure 2011/12 Post-recolte 2011/12 Soudure 2012/13 2012/13 Post-recolte Soudure MAG 2013/14 Post-recolte 2013/14 Soudure 2014/15 Post-recolte Source: UNICEF, Ministère de la Sante Résultat le plus probables de la sécurité alimentaire Malgré le retard du démarrage de la campagne agricole, seul le calendrier cultural des cultures de court et de long cycle aura changé (récolte en octobre/novembre au lieu de septembre pour ceux de court cycle et en décembre au lieu d octobre pour le long cycle). La situation de Stress (Phase 2 de l IPC) va s atténuer jusqu au décembre vu que le retard de production retarde ce source de revenu ainsi qu une partie du récolte sera utilisée pour rembourser les dettes. En raison de ces difficultés, les ménages pauvres devront continuer de renoncer à leurs dépenses essentielles non alimentaires à donner la priorité aux dépenses alimentaires malgré l'accès de départ novembre aux premières récoltes. A partir de décembre les niveaux de la consommation seront, conformes à ceux d une année moyenne. Vu qu aucun choc n est pour le moment attendu sur les cultures tardives qui seront récoltées en février/mars, ils évolueront, dès janvier, vers une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l IPC). Le nord-ouest de la Zone Agropastorale (Zone de moyens d existence 7) : L ouest et le sud du Tagant 2014/15 Soudure La zone agropastorale englobe, au niveau national, le centre et le nord des wilayas du Brakna et du Gorol, le sud de celle du Tagant, le centre de celles de l Assaba et du Hodh El Gharbi et le sud-ouest du Hodh Echargui. Dans cet ensemble, notre zone de preoccupation couvre essentielement l est du Tagant (communes de N Beika, de El Wahat, de Tensigh et de moudjeria) et le nord-est de la moughataa de Magta Lahjar (communes de Sangrava). Ce sont des zones de préoccupation parce que, après deux années consécutives de récoltes inférieures à la moyenne en 2013 et 2014, les précipitations de cette annee ont été encore irrégulières et le démarrage de la saison pluvieise tardif. En outre, les tailles des troupeaux dans la zone sont inférieurs à ceux d'une année normale parce que les ménages ont vendu une grande partie de leur bétail au cours de la récente période de soudure pour essayer de combler leurs déficits de consommation alimentaire. Situation actuelle La situation agricole : L installation de l hivernage a été tardive (août au lieu de juillet) avec des pluies irrégulières (Figure 4). Malgré les nombreuses reprises de semis en fonction de la chute des pluies, de nombreux agriculteurs pauvres ont renoncé à l exploitation des bas-fonds pluviaux pour se concentrer sur celle des abords des oueds plus fréquemment alimentés par les eaux de ruissellement. Grâce au regain pluviométrique de la fin de saison qui a inondé de nombreuses cuvettes, bas-fonds, et barrages exploités sous forme de décrue, les agriculteurs ont commencé à les travailler depuis la mi-octobre. Les conditions pastorales : Les pâturages médiocres jusqu en août se sont fortement améliorés entre septembre et octobre au point que sans être aussi denses qu en année moyenne, ils peuvent être considérés comme bons dans l est et le sud de la zone. Seules le centre et l ouest accusent des déficits de pâturages qui devraient, en l absence de cheptel transhumants, être comblés par ceux des zones limitrophes. Les éleveurs qui ne recourent cependant plus à l achat de l aliment bétail disposent maintenant de lait bien que leur taille de leurs troupeaux soit actuellement en dessous des niveaux typiques suite aux nombreuses ventes pour acheter de la nourriture et de la faiblesse des mises bas annuelles (pour cause de sous-alimentation). Le Réseau de Systèmes d Alerte Précoce contre la Famine 7

Des revenus saisonniers : Les revenus saisonniers des ménages pauvres provenant du travail agricole, réalisé essentiellement dans les zones de décrue, sont en baisse par rapport à ceux d une année moyenne. En effet, bien que le prix de la main d œuvre soit resté stable (2000 MRO/j) et que les superficies à exploiter soient également proches, le temps de travail (4 à 5 jours par semaine pendant 1 mois) a fortement baissé (2 à 3 j/semaine pendant la même durée) du fait d une importante offre de main d œuvre désœuvrée par la faible exploitation des bas-fonds pluviaux. Figure 4. Les estimations des précipitations à Moudjeria par décade par rapport à la moyenne à court terme Les revenus (le plus souvent mensuels et fixes) provenant du travail pastoral et qui tournant autour de 15000 à 20000 MRO pour le gardiennage des petits ruminants et entre 30000 et 35000 MRO pour celui du grand cheptel est stable. Quant aux revenus provenant de la vente de la paille sont fortement affaiblis par les conditions pastorales, ceux en provenant de la vente du bois et charbon souffrent de la concurrence des camions citernes de gaz et de la surveillance des agents de l environnement qui infligent de lourdes sanctions aux fraudeurs. Source: USGS Figure 5. Prix du riz sur le marché de Magta Lahjar (MRO/kg) 300 250 200 150 5-Year Average 2014 2015 La disponibilité céréalière commerciale et les prix 100 des céréales : En octobre, les ménages vivent encore 50 des achats de nourriture. La disponibilité céréalière commerciale axée surtout sur le riz et le blé importés 0 est suffisante pour la demande locale. Au marché de Jan Feb Mar Apr May Jun Jul Aug Sep Oct Nov Dec Magta Lahjar, en dehors mais près de notre zone de Source: FEWS NET préoccupation, les prix de ces deux produits restent relativement stables par rapport aux mois précédents et l année dernière à la même période (Figure 5). S il n'y avait pas les revenus agricoles inférieurs à la moyenne et des niveaux d'endettement élevés, ces prix alimentaires stables seraient favorables pour l'accès alimentaire des ménages. Les marchés de bétail : Les seuls marchés de bétail de la zone (N Beika, Iquevane) sont, cette année, si mal approvisionnés en animaux que les bouchers sont contraints de recourir aux marchés de Magta Lahjar et d Achram situés à plus de 50 km de la zone. Ce phénomène pourtant saisonnier apparait cette année plus marqué qu en année typique et traduit par une offre en viande moins régulière et moins importante qu en année moyenne. Les prix des animaux sont, dans notre zone de préoccupation, en hausse plus marquée que les tendances saisonnières (+ 30 à 50 pour cent entre août et octobre, contre 20 à 30 pour cent habituellement) mais en baisse par rapport à la moyenne quinquennale. Cette situation ne profite qu aux ménages moyens et riches qui peuvent encore vendre du bétail. L assistance humanitaire : La zone ne bénéficie d aucun programme d assistance humanitaire en octobre 2015. Les boutiques de solidarité qui vendent à des prix subventionnées par l Etat (-30 à -40 pour cent par rapport au marché local) fonctionnent normalement mais n accordent pas de crédit. Suppositions Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire locale décrit ci-dessous, de d octobre 2015 à mars 2016 se fonde sur les hypothèses générales suivantes : Sur le plan agricole : La production céréalière sera moyenne a légèrement déficitaire vu que seules les cultures des basfonds pluviaux (qui, en année moyenne fournissent à peine 20 pourcent de la production des ménages pauvres de la zone) sont affectées par le déficit pluviométrique et avec l augmentation des superficies et de production des abords des Le Réseau de Systèmes d Alerte Précoce contre la Famine 8

oueds. Les premières récoltes des cultures de bas-fonds pluviaux arriveront en novembre (contre septembre en année moyenne). Les conditions pastorales : Bien que la biomasse soit moins dense qu en année moyenne, les pâturages pourront répondre à la charge du cheptel local, fortement diminuée à cause des multiples ventes des années précédentes et la faiblesse des mises bas annuelles (pour cause de sous-alimentation). La disponibilité de lait sera nettement inférieure à celle d une année moyenne. Les revenus saisonniers : Les revenus saisonniers prevenant du travail agricole (salaire et paiement en nature) seront conformes à ceux d une année moyenne entre janvier et mars mais comparés à ceux d une année moyenne, ils seront entre octobre et décembre globalement bas vu que la faible exploitation des bas-fonds pluviaux et l importante offre de main d œuvre qui a diminué les opportunités du travail agricole ainsi que les revenus qui en provenaient. La situation nutritionnelle : La dernière enquête SMART réalisée en juin 2015 par UNICEF et le Ministère de la Sante présente des taux de prévalence de la MAG compris entre 15.8 [11.9-20.6] pour cent (moughataa de Moudjéria) et 20 [16.2 24.6] pour cent (moughataa de Tidjikja), selon le selon l indice Poids-pour-Taille exprimé en z-score. Cette prévalence est la plus élevée depuis 2011. On doit cependant, grâce à un meilleur accès au lait et une meilleure disponibilité aux récoltes, s inscrire dans une tendance baissière qui nous rapproche de 5 à 9 pourcent, similaires aux niveaux des années récentes en période post-récolte pour la région de Tagant. Résultat le plus probable de la sécurité alimentaire Entre octobre et décembre, les ménages pauvres seront toujours affectés par les ventes animales et les pertes subies pendant la période de soudure précédente en plus de la baisse de leur production laitière et des bas-fonds pluviaux et la baisse des revenus provenant du travail agricole. Ces facteurs font qu en octobre, ils ne disposeront pas de moyens supplémentaires leur permettant d avoir un accès régulier au marché. Comme les récoltes sont en retard, ils continueront de consommer exclusivement du riz local et du blé en quantité moins importante que d habitude alors que leur préférence alimentaire est pour le sorgho, et ils ne seront pas en mesure de s assurer une alimentation régulière et suffisante sauf en renonçant à leurs dépenses essentielles non alimentaires et en recourant, de manière plus importante qu en année moyenne, à des emprunts. Par conséquence, ces ménages seront en l insécurité alimentaire de type Stress (Phase 2 de l IPC) entre octobre et décembre. A partir de janvier les ménages, toutes classes confondues, peuvent commencer à consommer les productions vertes de sorgho et de niébé, mais ils ne retrouveront pas pleinement leurs habitudes et leurs niveaux alimentaires de la saison car du fait de la faiblesse de leur revenus saisonniers et la nécessité à rembourser leurs dettes accumulés d année de consommation précédente. Sous la pression des commerçants qui exigent des paiements, les ménages vont utiliser une partie de leur production agricole pour rembourser les dettes. En plus, leur disponibilité en lait va continuer à baisser suite aux pâturages moins denses qu en année normale et la faiblesse des mises bas. Ils devront donc continuer à renoncer à leurs dépenses alimentaires non essentielles, à modifier leurs habitudes alimentaires et à recourir de nouveau à des emprunts alimentaires et resteront toujours en situation de Stress (Phase 2 de l IPC) cependant moins marquée qu en octobre-décembre. Le nord-ouest de la Zone Agropastorale (Zone de moyens d existence 7) : Le centre et le nord de la moughataa de Monguel et le nord de celle de Kaédi Similaire à la zone de préoccupation précèdent, les ménages de cette zone sont fortement affectés par la prolongation d une période de soudure qui dure depuis avril 2015 causée par un démarrage tardif de l hivernage. Cette prolongation et les ventes des précédentes années ou la production agricole a été également déficitaire ont baissé considérablement la taille de troupeau de ces ménages et élevé le montant des dettes contractées mais impayées depuis trois ans. Situation actuelle Le plan pluviométrique : Cette poche a été affectée tant par le démarrage tardif de l hivernage que par une pluviométrie irrégulière jusqu en septembre. Ce n est qu à partir de la mi-septembre que les pluies se sont intensifiées portant le cumul annuel au-delà de celui de 2014 et proche de la moyenne (Figure 6). Le plan agricole: Les cultures de bas-fonds et le long des oueds qui avaient survenues aux périodes sèches sont en phase de récolte mais leur production, du fait de la baisse des superficies est nettement inférieure à celles d une année moyenne. Face aux échecs répétés des semis, une bonne partie de la force de travail agricole qui était revenue de l exode est repartie. On signale cependant des retours depuis la mi-septembre mais cette force ne pourra s impliquer que dans l exploitation des cultures de décrue qui ne seront récoltées qu en février/mars 2016. Le Réseau de Systèmes d Alerte Précoce contre la Famine 9

Sur le plan pastoral : Bien qu elles se soient considérablement améliorées depuis septembre, du fait de l installation tardive et de l insuffisance des pluies au début de l hivernage, les conditions pastorales demeurent encore nettement déficitaires par rapport à celles d une année moyenne mais les éleveurs ne recourent plus à l aliment bétail. La charge pastorale locale a considérablement baissée car depuis trois ans, les ménages pauvres recourent aux ventes animales plus importantes qu habitude pour se nourrir. Les pâturages répondent donc aux besoins du cheptel local qui retrouve progressivement son embonpoint de la saison dont la production laitière s est amélioré mais elle n arrive pas au niveau d une année moyenne. Malgré la présence des collecteurs de Figure 6. Les estimations cumuls des précipitations à Monguel par rapport à la moyenne à court terme Source: USGS lait, toujours en nombre plus grand vu le développement croissant de cette activité, les ménages pauvres arrivent à disposer de lait certes en quantité moins importante qu en année moyenne mais qui constitue tout de même un apport alimentaire non négligeable. Les revenus saisonniers : Les revenus provenant de la main d œuvre pastorale seront en baisse car avec l avènement des usines de lait qui se multiplient depuis 2012, de nombreux ménages pauvres des autres zones limitrophes sont venus renforcer l offre en main d œuvre pastorale. Il en a résulté l augmentation de l activité des revenus en baisse pour les ménages autochtones. Seuls les bergers disposent de salaires (entre 20000 et 30000 MRO selon la nature du troupeau) réguliers et stables depuis plusieurs années. Les revenus provenant de la vente du bois et du charbon continueront de baisser (ils sont déjà en baisse de plus de 60 pourcent par rapport à la moyenne quinquennale) tant en raison de la concurrence du gaz butane que de la surveillance des agents de l écologie. La disponibilité céréalière familiale et commerciale : Les stocks marchands sont suffisants pour répondre à la demande de ces moughataas d autant qu avec l existence d une route goudronnée, de nombreux consommateurs se ravitaillent autant à Monguel qu a Lexeiba (18 Km de Monguel) et Kaédi (60 Km). La disponibilité céréalière familiale est faible depuis plusieurs années car la zone connait trois années successives de mauvaises productions agricoles et aucune nouvelle récolte n est encore venue l améliorer. Les marchés et les prix : Les marchés sont bien approvisionnés en denrées alimentaires importées (riz, huile, blé, sucre, farine de blé, etc.) dont les prix sont relativement stables depuis le début de l année. Les approvisionnent en provenance de Nouakchott tout comme les flux transfrontaliers sénégalais de riz sont réguliers. Les marchés de bétail sont, comme en année moyenne, mal approvisionnés et les prix des animaux sont en forte hausse. L assistance humanitaire : Le programme d assistance humanitaire financé par l USAID et exécuté par Save The Children au profit de 4000 ménages se poursuit et durera jusqu en mars 2016. Seul le volet de Cash transfert inconditionnel est maintenant achevé mais celui du Cash contre travail se poursuit. Les dettes : Vu aux difficultés d accès pour les ménages pauvres aux denrées alimentaires pendante cette prolongation de soudure, les commerçants prêtent de la nourriture aux ménages pauvres aux niveaux supérieurs qu en année normale parce qu ils seront rembourser en produits agricoles (vu qu il y a une bonne relance agricole) ou à défaut en argent. Suppositions Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire locale décrit ci-dessous, d octobre 2015 à mars 2016, se fonde sur les hypothèses générales suivantes : Sur le plan agricole : La production céréalière sera déficitaire vu que le déficit pluviométrique au début de la saison pluvieuse ont affecté plus de 70 pour cent des cultures des bas-fonds pluviaux qui en année moyenne fournissent environ Le Réseau de Systèmes d Alerte Précoce contre la Famine 10

40 pourcent de la production des ménages pauvres de la zone. Les premières productions céréalières vertes des basfonds pluviaux sont attendues arriveront vers novembre au lieu de septembre dans une année moyenne. Les bas-fonds de décrue, tous comme les barrages et le walo du Gorgol noir et de la plaine de Fori dont les parties les plus utiles à l agriculture ont été entièrement inondées; ils seront normalement exploites et si la sésamie est maitrisée, la production agricole de la décrue sera supérieure à celle d une année moyenne et comblera une partie du déficit de la production pluviale. Les récoltes de la décrue arriveront, comme en année moyenne, après décembre. A partir de décembre, les produits de la cueillette dont la productivité est semblable à celle d une année moyenne, constituent une source supplémentaire de nourriture. Sur le plan pastoral : Les multiples ventes depuis 2013 ayant réduit les effectifs des cheptels, les ménages pauvres, sont, malgré leur déficit alimentaire saisonnier, astreint à ne plus vendre afin de favoriser la reconstitution de leur cheptel. Les revenus saisonniers : Les revenus saisonniers tirés du travail agricole, entre octobre et mars, seront plus élevés que ceux de la période pluviale (aout-septembre) mais s inscriront dans les tendances d une année moyenne, sans pour autant hausser le montant journalier (2000 MRO/J) car l offre en main d œuvre est importante. Le revenu prouvant du lait connaitra une baisse avec le faibles taux de mise bas dans la zone. Les revenus provenant de la vente du bois et du charbon continueront au-dessous de la moyenne. En plus, les revenus de la cueillette de fruits sauvages seront, comme ceux d une année moyenne, entre janvier et mars et rapporteront des revenus saisonniers relativement proches de ceux d une année moyenne (entre 40,000 et 50,000 MRO). Les programmes d assistance : Les programmes d assistance en cours fonctionneront jusqu en mars 2016. Les cantines scolaires seront ouvertes pendant toute la période du scenario. La situation nutritionnelle : La dernière enquête SMART réalisée en juin par UNICEF et le Ministère de la Sante présente des taux de prévalence de la MAG de 19.8 [16,5-23,6] pour cent dans la région de Gorgol, selon le selon l indice Poidspour-Taille exprimé en z-score. Pendant le période post-récolte, on s inscrire dans une tendance baissière qui nous rapproche de 7 à 12 pourcent, similaires aux niveaux des années précédentes. Résultat le plus probable de la sécurité alimentaire Les ménages pauvres n arriveront pas entre octobre et décembre à satisfaire régulièrement et suffisamment leurs besoins alimentaires. La baisse du nombre de bêtes suite aux ventes et les faibles mises bas de cette année ont réduit la disponibilité laitière qui jouait un important rôle dans leur nourriture saisonnière. En plus, bien que leurs récoltes saisonnières soient inférieures à celles d une année moyenne, les ménages pauvres devront en utiliser une grande partie pour rembourser les dettes accumulées depuis plusieurs années. Ils vont continuer à renoncer aux dépenses non alimentaires mais pourtant essentielles et continueront de consommer du blé (acheté ou emprunté) à la place du sorgho. Par conséquent, ils seront en situation de Stress (Phase 2 de l IPC). De janvier à mars, malgré l amélioration probable des situations alimentaires (récoltés, paiement en nature pour les travaux de récoltes et de transformation ainsi qu une meilleure disponibilité de lait), la production agricole ne sera pas suffisante pour combler le déficit des bas-fonds pluviaux, assurer le remboursement des dettes et répondre aux besoins alimentaires des ménages pauvres. Ils continueront, donc tout en maintenant l abandon des besoins non alimentaires essentielles, d être confrontes a des problèmes d insuffisance de nourriture et resteront en situation de Stress (Phase de 2 de l IPC) jusqu en mars. Le Réseau de Systèmes d Alerte Précoce contre la Famine 11

EVENEMENTS QUI POURRAIENT CHANGER LES SCENARIOS Table 1: Événements possibles dans les six prochains mois qui pourraient changer les scenarios ci-dessus. Zone Evènement Impacts sur les conditions de la sécurité alimentaire Une invasion acridienne entre Destruction des cultures tardives et de décrue. Installation précoce de National novembre et février la période de soudure. Disfonctionnement durable des flux transfrontaliers et des Hausse continue du prix des céréales traditionnelles entrainant celle National importations de produits des produits alimentaires importés. alimentaires National National L ouest et le sud du Tagant Forte augmentation de la production agricole suite à une meilleure productivité des cultures de décrue et d irrigue de contre saison Forte chute du prix des animaux La sésamie (un insecte qui détruite les cultures céréalières), présente dans la zone, depuis plusieurs années n est pas vaincue Une meilleure disponibilité alimentaire qui influencera positivement l accès alimentaire et les revenus des ménages, réduira le niveau de dettes et relancera le mécanisme de reconstitution de l effectif des cheptels car les ménages pauvres pourront vendre l une partie de leur «surplus agricole» saisonniers pour acheter du bétail Forte dépréciation des termes d échange au détriment des ménagés pauvres Les énormes pertes de cultures et même à des abandons de champs. Installation précoce de la période de soudure. A PROPOS DE L ÉLABORATION DE SCENARIOS Afin d estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici. Le Réseau de Systèmes d Alerte Précoce contre la Famine 12