SYNOPSIS DU DOCUMENT AUDIO N 11 Thème La conservation des microbes au profit du monde paysan Durée: 15 15 Langue: Français Réalisateur-présentateur: Emmanuel S. TACHIN (Communication Office, IITA-Ibadan) International Institute of Tropical Agriculture Institut international d agriculture tropicale www.iita.org 1
Musique d identification en fondu enchaîné Lancement La collecte des vecteurs des maladies des plantes -le plus souvent ceux des plantes que nous consommons- et l identification des maladies qu ils causent à ces plantes comptent aussi au nombre des missions de l Institut international d Agriculture tropicale. A son centre de lutte biologique installé à Abomey-Calavi au Bénin, on peut s en rendre compte. Les champignons, les bactéries et les virus des maladies du monde végétal y sont étudiés et conservés. On y a aussi comme préoccupation, le stockage des pathogènes responsables des maladies causées aux insectes. En fait, c est à une banque de ces matériaux de recherche de première main qu on a affaire. A longueur de temps, cette banque avance à son rythme pour être aujourd hui capable d offrir aux chercheurs ainsi qu aux paysans une gamme variée de microbes. Le Dr. Fen Beed, chef de projet, mais surtout la Béninoise Joséphine Hotêgni qui s en occupe, reçoivent Emmanuel Tachin, le réalisateur de notre magazine, avec qui, ils font le tour d horizon de leur activité, laquelle ne manque pas de passion pour eux. Surtout, dans la mesure où tout se fait au profit de la paysannerie africaine. «La conservation des microbes au profit du paysan», tel est donc le seul titre au sommaire de cette édition. A vous tous qui nous écoutez, bienvenue! Intro Animateur: Le Dr. Fen Beed Dr. Beed «Nous avons créé une clinique pour identifier les pathogènes qui causent les maladies sur les plantes. Nous voulons fournir les diagnostiques des organismes qu on ne voit pas à l œil nu, parce qu ils sont trop petits. Par exemple les viroses, les bactéries et les champignons. Pourquoi nous voulons faire les diagnostiques de ces organismes? C est parce que la première étape pour contrôler ces maladies consiste à identifier les auteurs des maladies. Notre but est d aider les producteurs et les systèmes nationaux afin de créer un service de diagnostic. Il y a beaucoup d identifications des agents auteurs des maladies qui ne sont pas corrects. Et à cause de cela, il y a par exemple beaucoup d insecticides chimiques utilisés pour contrôler les maladies causées par les micro-organismes sans efficacité. Ce qui n est pas bon pour la santé des producteurs qui vont appliquer cela dans les champs ainsi que pour les consommateurs. En conséquence, cela va affecter les possibilités offertes par les marchés extérieurs. Nous avons besoins de réduire les choses toxiques. Mais pour faire cela, il est indispensable d identifier exactement les organismes qui crée les problèmes.» Transition présentateur: Des microbes dangereux pour les plantes et les insectes sont actuellement en conservation au centre de lutte biologique de l IITA au Bénin. Par centaines. Pour aider à guérir des maladies qu ils causent aux cultures dont les récoltes chutent de ce fait, il convient de les attraper afin d en étudier le mode de vie pour proposer des remèdes qui améliorent le travail de nos paysans en leur assurant des revenus à la hauteur de leurs efforts. C est le sens que Joséphine Hotêgni, chercheuse en poste à l IITA, station du Bénin, donne à ce qu elle fait dans les laboratoires de l institut. «Il faut trouver des plantes ou des insectes malades, les ramener au labo, isoler le pathogène responsable de leur maladie, faire le stockage selon différentes méthodes. Ce stockage permettra aux chercheurs et aux étudiants d avoir accès facile aux micro-organismes afin de les utiliser dans les 2
différents luttes biologiques ou dans les recherches. Un chercheur qui a besoin d un micro-organisme ne peut pas aller au champ collecter et revenir faire son travail. Cela va lui prendre beaucoup de temps. Aussi, la recherche est une continuité: quand un chercheur fait un travail sur un micro-organisme, on ne lâche pas ce micro-organisme sans répertorier. Le micro-organisme doit être gardé quelque part afin que d autres chercheurs puissent avoir accès et continuer les travaux du premier». Animateur: Combien de pathogènes avez-vous déjà collectionné? «Il existe présentement 850 micro-organismes isolés des plantes et des insectes. Nous les gardons, soit parce qu ils créent des maladies aux plantes, soit parce qu on peut les utiliser pour attaquer des insectes qui ravagent les cultures. En ce qui concerne, les plantes, c est surtout les micro-organismes qui les attaquent et les empêchent de donner de bons rendements que nous gardons dans la collection afin de trouver une méthode de lutte biologique contre ces pathogènes. Les micro-organismes qui tuent par exemple les insectes qui ne sont pas des insectes nuisibles sont aussi gardés dans la collection, dans l intention de les utiliser sous forme de pesticides biologiques. De la même façon, en dehors des pathogènes qui créent des maladies aux cultures, nous stockons aussi des pathogènes qui créent des maladies aux mauvaises herbes. Ces pathogènes seront utilisés pour fabriquer des bio pesticides. On les utilisera pour trouver des méthodes qui éliminent les mauvaises herbes. Quant aux cultures vivrières, dès que les pathogènes sont isolés, nous allons chercher les méthodes à utiliser pour lutter contre ces maladies». Animateur: Et quelles sont les cultures ici en Afrique sur lesquelles vous mettez l accent dans la collecte des pathogènes ou des insectes qui les détruisent et qui les empêchent de donner de bons rendements afin que les paysans puissent en profiter? «Ce sont surtout les cultures qui constituent les recherches fondamentales pour l IITA. Il y a par exemple le maïs, le niébé. Pour le moment, nous n avons pas encore le pathogène du soja mais c est surtout les plantes sur lesquelles l IITA travaille. Animateur: Et quelle est la démarche que vous utilisez pour les prélèvements, les méthodes que vous empruntez? «Cela dépend de notre curiosité. Sur les cultures maraîchères, dont le chou, nous étions allés pour une prospection et avons isolé le pathogène responsable de la maladie et avons proposé des méthodes de lutte contre cette maladie. Maintenant, si il y a possibilité, nous pouvons par exemple chercher à trouver des choux qui seront résistant à ces maladies là pour augmenter le rendement du paysan». 3
Animateur: Pour les pathogènes du niébé ou du maïs, ces cultures vivrières très importantes dans l alimentation de nos populations, comment vous y allez? «C est la même méthodologie qui sera utilisée et par laquelle, nous cherchons à savoir les pathogènes qui se trouvent dans l environnement. Nous allons y proposer des semences qui seront résistantes aux différentes maladies trouvées ou dans le cas extrême, nous leur proposeront des méthodes chimiques. Parce que pour le moment, il n y a pas encore de méthode biologique trouvée». Animateur: En vérité, vous n êtes pas qu un collectionneur car après la collection, vous proposez des solutions aux chercheurs dans le cadre de leurs activités. Et au champ, avec les paysans quels sont vos rapports avec eux? «Pour le moment, nous ne les rencontrons pas. Nous pensons le faire dans l intention de leur proposer soit des méthodes de lutte contre les maladies soit de choisir les variétés qui seront résistantes contre certaines maladies». Animateur: Et dans le cadre de votre travail, de quoi avez-vous besoin comme instruments de collecte sur le terrain, en dehors du microscope? «A la collecte, nous n amenons pas de gros instruments; nous préparons juste notre milieu de culture, on a de l eau stérilisée, des papiers filtres, de tout petits instruments. On prend la plante malade, on fait la culture de la plante malade et on isole le pathogène sur place au champ. Si on n a pas un microscope làbas, on peut ne pas identifier le pathogène. On ramène alors le plant malade au laboratoire. Transition présentateur C est à travers cette méthode de travail hautement scientifique et juste bonne pour notre information que les initiés reconnaissent à l œil nu les plantes qui sont en souffrance du fait des microbes qui les attaquent. Et Joséphine Hotêgni de nous dire l approche utilisée pour y arriver en commençant par spécifier un type de microbes pour expliquer davantage la démarche de la recherche. «Nous travaillons spécialement sur les champions. Et quand nous allons au champ, il y a des symptômes qui apparaissent sur les feuilles. Quand la plante est malade, nous devons avoir les symptômes. A partir de là, nous savons que telle plante est malade. Selon le comportement de la plante, nous prélevons la partie malade et la partie ayant l air un peu sain et là, quand on les stérilise correctement, nous sommes sûrs de ne pas perdre le pathogène parce que avec la bonne stérilisation du pathogène, il n y a pas plus de saprophytes. Et avec la culture, il y a la certitude que nous trouvions le vrai pathogène». 4
Animateur: Quelle est votre attitude vis-à-vis des cultures plantes pour lesquelles l IITA n a pas de mandat international? Mme Hotêgni «Pour les autres plantes, comme l acajou, il y a notre collaborateur national, l INRAB (Institut national de la recherche agricole du Bénin) qui nous a demandé un travail là-dessus. Nous y avons fait l isolement, l identification et proposé une méthode de lutte. L IITA s intéresse à des domaines donnés qui ne nous empêche pas d aider. Un jour, nous avons reçu des plants du Togo voisin. Mais là, c est encore une plante mandatée par l IITA. Il s agissait d un légume appelé Auximum basilicum. C est une plante à essence qui sent bon et utilisée sous forme de légume. Nous avons identifié et isolé le pathogène ensuite nous avons proposé une méthode de lutte en nous basant sur les méthodes de lutte de Cabi???. Nous avons des partenaires un peu partout qui nous amènent des plants malades et on fait l isolement et l identification de ces pathogènes là et on leur fait des proposition». Transition musicale + transition présentateur Chacun s imagine bien que dans la nature, il existe des millions d espèces de plantes qui pourraient intéresser les chercheurs et donc, conséquemment, autant de virus, de bactéries et de champignons qui affectent la vie végétale ainsi que notre vie à nous tous. Or, à l heure actuelle, cet institut n a identifié que 850 espèces de pathogènes mises en conserve au frigo. On se demande alors si l ambition de l unité de collecte et de stockage de ces bestioles entend rester collée à la réalité de l environnement microscopique qui nous entoure. Autrement, y a-t-il, à terme, un chiffre butoir que cette unité de collecte vise à atteindre? La réaction de. «Il y a des banques qui ont présentement 10 mille pathogènes dans leur collection. Donc, nous ne pouvons pas dire que nous nous arrêterons à un niveau fixe mais on aimerait voir la collection grandir un jour et avoir 10 mille micro-organisme par exemple; ce qui va faciliter en long et en large la recherche dans des domaines donnés». Animateur: Un projet comme celui-là nécessite quoi, en dehors du financement? «Cela nécessite des compétences et du matériel que nous n avons pas assez. Il y en a qui utilisent par exemple de l azote liquide pour faire le stockage. Ce que nous n avons pas ici, à cause du coût et puis la durée de livraison. Cela nécessite aussi la compétence car des gens qui travaillent sur une telle collection doivent avoir une certaine compétence afin de réagir face à des problèmes posés et à des moments donné». Animateur: Des compétences de quel niveau et quel va être le parcours pour faire face à ce type de domaine d activité? «Il faut que l intéressé ait fait au moins l université et le domaine des sciences naturelles. Maintenant les grands taxonomistes sont des docteurs le plus souvent». 5
Animateur: Quelqu un du monde rural à un titre quelconque peut-il vous apporter des échantillons pour étude? «Bien sûr, un paysans qui constate des anomalies dans son champ peut nous saisir et si on me demande d aller sur le terrain voir ce qui se passe, j y vais prendre des plants malades, les étudier et dresser un rapport en lui faisant des propositions». Animateur: Y a-t-il des conditions minimales par rapport auxquelles un paysan peut se fonder pour vous solliciter? «Nous n avons pas encore eu de ces cas là où les paysans ont pu arriver à nous. Mais il y a quelques personnes qui nous en parlent. Et nous leur disons de rencontrer les autorités de l IITA mais ils ne l ont jamais fait encore. Je crois que s ils faisaient le tour à l IITA, ils ne seront pas déçus. C est ce que je pense puisque on est là pour aider les paysans». Animateur: Quel avenir voyez-vous pour le projet? «Les activités ont besoin d évoluer normalement si il y a de financement. Nous sommes vraiment au début avec 850 micro-organisme. C est peu, bien que ce soit la seule collection de l Afrique de l Ouest. Nous avons besoin de financement pour élargir le projet en ayant des collaborateurs et même des partenaires si les gens veulent bien nous aider». Transition présentateur Le chef de ce projet et superviseur de Joséphine Hotêgni, le docteur Fen Beed, confirme cela et apporte quelques autres précisons Dr. Beed «Nous sommes prêts à recevoir des échantillons des plants malades afin d en identifier les agents responsables. En cela, il est important que des représentants des producteurs peuvent venir nous voir à l IITA avec leurs échantillons. Il peut être organisé à leur intention des séances de formation en vue de leur expliquer exactement les meilleures façons de ramasser les échantillons mais aussi pour les stocker lorsqu ils sont bien faits. Nous pouvons isoler les champignons, les bactéries et les viroses qui causent les maladies. Notre priorité, c est de voir l IITA devenir le maillon d un grand réseau constitué des cadres de l Institut national de la Recherche agricole du Bénin (INRAB) ainsi que ceux des autres pays d Afrique. De plus, l Université doit être partie prenante dans le cadre de formations spécifiques à dispenser aux étudiants. Notre souhait est d échanger avec divers partenaires. Animateur: Quand vous parlez de représentants, ce n est donc pas d individus isolés qui peuvent aller à vous? 6
Dr. Beed «Si chacun devrait venir avec par exemple avec un chou malade, il serait difficile de procéder à un diagnostic qui puisse profiter au grand nombre de personnes. C est pourquoi, nous voulons avoir un système avec une structure organisée, histoire de partager l information entre plusieurs personnes». Chute Il faut donc espérer que ce projet, le seul en la matière en Afrique de l Ouest, «last long», comme diraient les anglais pour lui souhaiter de tenir dans la durée afin de s enraciner. Ainsi à terme, on pourra compter dans sa base de données la carte génétique des dizaines de milliers de ces bestioles qui causent des ennuis aux plantes et aux insectes. Ce sera pour nous l occasion d échapper, à la destruction lente et massive de nos univers agroécologiques mais surtout, grâce aux travaux des chercheurs, de régler nos problèmes liés à la famine, l objectif de la science en mettant cet outil en place étant d augmenter les rendements à la récolte puis de diminuer la pauvreté. Pour ça, Mme Joséphine Hotêgni et toute l équipe du docteur Fen Beed méritent nos encouragements. Montée de l indicatif musical pendant quelques secondes, puis fermeture en fondu Pied A mon tour de constater que l agriculture africaine à ses beaux jours devant elle avant de dire bonne continuation à ces chercheurs qui réfléchissent à son sort pour l améliorer. Au revoir à tous et à bientôt. 7