Recensement Général des Entreprises (RGE 2009)



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Transcription:

République du Cameroun Paix Travail Patrie Republic of Cameroon Peace Work Fatherland Institut National de la Statistique National Institute of Statistique Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Rapports thématiques Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises Etat de l industrie camerounaise Profil de l entrepreneur camerounais Démographie des entreprises au Cameroun en 2010 Novembre 2011 1

Sommaire SOMMAIRE... 3 PARTIE I- ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES ET COMPETITIVITE DES ENTREPRISES CAMEROUNAISES... 1 RESUME EXECUTIF... 3 ABBREVIATIONS ET SIGLES... 4 INTRODUCTION... 5 CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR L ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES ET LA COMPETITIVITE... 7 1.1 Environnement des affaires... 7 1.2 La compétitivité... 10 1.3 Approche méthodologique... 11 CHAPITRE 2 : ENVIRONNEMENT JURIDIQUE, INSTITUTIONNEL ET ADMINISTRATIF... 13 2.1 Corruption... 13 2.1.1 Définition... 13 2.1.2 La corruption dans les entreprises... 14 2.1.3 La corruption dans les ménages... 14 2.2 Environnement juridique... 16 2.2.1 Etat des lieux... 17 2.2.2 Actions à mener pour assainir le cadre juridique des affaires au Cameroun... 18 2.3 Environnement institutionnel et administratif... 19 2.3.1 Cadre institutionnel international... 19 2.3.2 Cadre institutionnel national... 21 2.4 Environnement humain... 25 2.4.1 Cadre théorique et état de lieux... 25 2.4.2 Actions à mener... 27 CHAPITRE 3 : ENVIRONNEMENT FISCAL, FINANCIER ET SITUATION DES INFRASTRUCTURES ECONOMIQUES ET SOCIALES... 29 3.1 Environnement fiscal... 29 3.1.1. Etat des lieux... 29 3.1.2. Actions à mener... 31 3.2 Environnement financier (Accès aux crédits)... 32 3.2.1 Etat des lieux... 32 3.2.2 Mesures correctives... 35 3

3.3 L environnement des infrastructures... 36 3.3.1 Etat des lieux... 36 3.3.1 Les infrastructures de transport... 36 3.3.2 Energie... 38 3.3.3 Télécommunications... 38 CHAPITRE 4 : TYPOLOGIE DES ENTREPRISES SUR L ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES ET LA COMPETITIVITE... 41 4.1 Mise en œuvre de l Analyse en Composantes Multiples (ACM)... 41 4.1.1 Résultats de l ACM... 42 4.1.2 Interprétations des résultats... 45 4.2 Les reformes et les projets structurants... 46 4.2.1 Les réformes... 46 4.2.2 Les projets structurants au Cameroun... 48 CONCLUSION... 50 BIBLIOGRAPHIE... 51 PARTIE II- ETAT DE L INDUSTRIE CAMEROUNAISE... 53 RESUME... ERR EUR! SIGNET NON DEFINI. PRESENTATION... ERR EUR! SIGNET NON DEFINI. CHAPITRE 1 : CONTEXTE ET POLITIQUES D INDUSTRIALISATION 57 1.1 Contexte économique actuel : mondialisation, ouverture aux APE, défis du secteur industriel... 57 1.2 Principales phases et perspectives du développement industriel au Cameroun... 58 1.3 Poids de l industrie dans l économie... 61 1.4 Structure comparée du PIB d un certain nombre de pays Africains.... 63 CHAPITRE 2 : CARACTERISTIQUES DES ENTREPRISES... 65 2.1 Typologie des entreprises industrielles... 65 2.2 Poids des entreprises industrielles dans l activité... 69 2.2.1 Chiffre d Affaires.... 70 2.2.2 Valeur Ajoutée... 71 2.3 Répartition des entreprises industrielles par région... 71 2.4 Le capital social des entreprises industrielles... 73 2.5 Survie des entreprises industrielles... 74 Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

2.6 Les investissements corporels... 76 CHAPITRE 3 : GOUVERNANCE D ENTREPRISE... 79 3.1 Statut juridique... 79 3.2 Organisation en association des unités de production... 82 3.3 Niveau d instruction des chefs d entreprises... 82 3.4 Age des chefs d entreprises... 83 CHAPITRE 4 : INFRASTRUCTURES ET CLIMAT DES AFFAIRES... 84 4.1 Infrastructures économiques... 84 4.2 La protection de l environnement... 85 4.3 Climat des affaires... 86 4.3.1 Lutte contre la corruption... 89 4.3.2 Droit des affaires... 89 4.3.3 Cadre de concertation public/privé... 90 CHAPITRE 5 : PRODUCTIVITE ET COUT DE LA MAIN D ŒUVRE... 94 5.1 Caractéristiques de l emploi dans le secteur industriel... 94 5.2 Productivité... 95 5.2.1 Productivité du travail... 95 5.2.2 Productivité du Capital... 98 5.2.3 Estimation de la Productivité Totale des Facteurs (PTF)... 99 5.2.4 Estimation de la Productivité Totale des Facteurs (PTF) par l ONUDI... 101 CHAPITRE 6 : PERFORMANCES ET COMPETITIVITE... 103 6.1 Compétitivité macro-économique... 103 6.1.1 Facteur travail... 103 6.1.2 Facteur Capital... 105 6.2 Compétitivité micro-économique... 105 6.2.1 Coût des intrants... 106 6.2.2 La capacité de production des entreprises industrielles... 106 6.2.3 Productivité totale des facteurs... 107 6.3... Envi ronnement de l entreprise et compétitivité... 107 6.3.1 Taille du marché... 107 6.3.2 Politiques économiques internes... 108 6.4 Les déterminants de la compétitivité... 108 CHAPITRE 7 : DYNAMIQUE DE LA COMPETITIVITE... 113 7.1 Niveaux de qualification des personnels employés... 113 5

7.2 Recherche-Développement... 115 7.2.1 L innovation technologique dans les entreprises industrielles 116 7.2.2 Le niveau d utilisation des TIC dans les entreprises industrielle... 117 7.3 Investissements Directs Etrangers... 119 CHAPITRE 8 : PERFORMANCES A L EXPORTATION... 121 8.1. Taux de change effectif réel... 121 8.2 Diversification des exportations... 122 8.3 Concentration des exportations... 125 8.4 Contenu technologique de la production et des exportations industrielles... 126 CHAPITRE 9 : MARCHE FINANCIER ET INVESTISSEMENT... 129 9.1 Dispositif public de soutien a l investissement... 129 9.1.1 Les Codes des investissements.... 129 9.1.2 Les zones franches et points francs... 129 9.1.3 Autres dispositifs institutionnels... 129 9.2 Marché financier au Cameroun... 130 9.3 L accès au crédit et coût du financement... 130 9.4 Politique des taux d intérêt... 131 9.5 Les déterminants de l investissement... 131 PARTIE III : PROFIL DE L ENTREPRENEUR CAMEROUNAIS... 137 RESUME... 139 INTRODUCTION... 141 CHAPITRE 1 : LES ASPECTS THEORIQUES DE L ENTREPRENARIAT... 143 1.1 Définitions des concepts... 143 1.1.1 Entrepreneur... 143 1.1.2 Définition statistique de l'entrepreneur... 146 1.2 Eléments émergents... 146 1.3 Cadre théorique... 150 1.3.1 Présentation des modèles entrepreneuriaux... 150 1.3.2 Synthèse... 154 CHAPITRE 2 : APPROCHE METHODOLOGIQUE... 155 2.1 Les techniques méthodologiques et leurs justifications... 155 2.2 Le cadre d'analyse... 155 2.3 Les hypothèses de recherche... 156 2.4 L'instrument de mesure... 156 Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

CHAPITRE 3 : ANALYSE DU PROFIL DE L ENTREPRENEUR... 159 3.1 Antécédents influençant l'entrepreneur... 159 3.1.1 Le sexe des entrepreneurs... 159 3.1.2 Nature de la création... 162 3.1.3 L âge des entrepreneurs... 164 3.1.4 La famille... 167 3.1.5 La nationalité des entrepreneurs... 167 3.1.6 Appartenance à une sous-culture possédant une tradition entrepreneuriale... 171 3.1.7 Niveau d'instruction... 171 3.1.8 Tempérament... 173 3.2 Les évènements déclencheurs : organisme incubateur... 173 3.2.1 Situation géographique.... 173 3.2.2 Désir de demeurer ou non dans l'organisation... 174 3.2.3 La nature des compétences et connaissances acquises : nature de la formation professionnel effectuée... 174 3.2.4 Expérience dans la création d'une petite entreprise... 176 3.2.5 Appartenance à des groupes d'entrepreneurs... 176 3.3 Les facteurs environnementaux... 180 3.3.1 L environnement d affaires au Cameroun... 181 3.3.2 Les relations entreprises et pouvoirs publics... 181 3.3.3 Les principaux obstacles à l entreprenariat au Cameroun... 182 3.3.4 Action entrepreneuriale et accès à l'information sur l'entrepreneuriat... 183 3.3.5 Utilisation des TIC... 185 3.3.6 Réceptivité de la société envers l'entrepreneuriat... 187 3.3.7 Capacité à épargner du capital pour le démarrage : origine du capital social... 187 3.3.8 Accessibilité et disponibilité au capital de risque... 188 3.3.9 Disponibilité du personnel et des services de soutien, accessibilité à la recherche et développement... 189 3.3.10 Programmes d'aide aux entrepreneurs... 193 3.3.11 La forme juridique... 194 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS... 195 PARTIE IV- DEMOGRAHIE DES ENTREPRISES... 197 AVANT PROPOS... 201 ABREVIATIONS ET SIGLES... 202 7

SYNTHESE DES PRINCIPAUX RESULTATS... 203 1. Quelque 2 267 créations en 2010... 203 2. La grande majorité des créations d entreprises sociétaires concerne les unités de petite taille... 203 3. La Ville de Douala occupe une place de choix dans les créations d entreprises... 204 4. La prédominance du secteur tertiaire est manifeste... 205 5. 20 fermetures d entreprises sociétaires recensées en 2010... 206 INTRODUCTION... 208 I. LA CREATION D ENTREPRISES EN 2010... 210 Profil des entreprises créées... 210 Evolution des créations depuis 2008... 211 Détails des créations en 2010... 213 Les 20 plus grosses créations en 2010... 217 II. LES FERMETURES D ENTREPRISES EN 2010... 218 Principaux résultats en 2010... 218 Impact des fermetures en 2010... 220 Les 05 plus grosses fermetures en 2010 (selon le capital social). 221 Note Méthodologique... 221 Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Liste des tableaux Partie I Tableau 1 : Répartition (en%). des chefs selon leur opinion sur l environnement des affaires d entreprise suivant le type d entreprise... 8 Tableau 2 : Comparaison du nombre de procédures et des délais de règlements des différends commerciaux entre le Cameroun, l Afrique Sub-saharienne et les pays de l OCDE... 17 Tableau 3: Répartition des effectifs employés par secteur d activité et par sexe... 26 Tableau 4 : comparaison des pratiques fiscales dans quelques pays... 30 Tableau 5: Rapport charges fiscales /chiffre d affaires selon le type d entreprise et le secteur d activité (en %).... 31 Tableau 6: pourcentage des entreprises ayant déclaré avoir les difficultés d accès aux crédits par type... 32 Tableau 7 : Crédits domestiques au secteur privé en pourcentage du PIB.. 33 Tableau 8 : Estimation des coûts de transport par conteneur... 37 Tableau 10: Les modalités les mieux représenté par le plan factoriel... 44 Tableau 11 : Principaux projets structurants identifiés au Cameroun... 49 Partie II Tableau 1 : PIB par secteur (en Milliards de F CFA)... 61 Tableau 2 : taux de croissance moyen (en %)... 62 Tableau 3 : structure du PIB (en %)... 63 Tableau 4 : structure du PIB dans quelques pays (en %)... 64 Tableau 5 : Critères MINPMEESA de la PME... 66 Tableau 6 répartitions des entreprises selon la taille et la classe/branche d'activité... 67 Tableau 7 : structure (en %) des entreprises industrielles selon la classe/branche d'activité... 67 Tableau 8 : structure (en %) des entreprises industrielles selon le type d entreprise par classe/branche d activité... 69 Tableau 9 : chiffre d affaires et effectif des employés des entreprises industrielles... 70 ix

x Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 10 : structure (en %) du chiffre d affaires et des employés des entreprises industrielle... 71 Tableau 11: répartitions des industries camerounaises sièges selon la région et le type d entreprise... 72 Tableau 12: répartitions (en %) des entreprises industrielles camerounaises sièges selon la région et le type d entreprise... 73 Tableau 13 : répartitions des entreprises selon la source du capital social et le type d entreprise... 74 Tableau 14: répartitions des entreprises selon la provenance du capital social et la date de création... 76 Tableau 15: investissements des entreprises industrielles de 2008 selon le type d entreprise et la classe/branche d activité... 77 Tableau 16 : répartition (en %) des entreprises selon la forme juridique suivant le sous-secteur... 79 Tableau 17 : répartitions des entreprises selon le sous-secteur suivant la forme juridique... 81 Tableau 18: entreprise affiliée à un groupement patronal et répartition des entreprises affiliées suivant le type d entreprise... 82 Tableau 19 : répartition (en %) par tranche d âge des chefs d entreprises suivant le type d entreprise... 83 Tableau 20 : pourcentage d homme d affaires ayant déclaré que composantes suivantes ont des contraintes sur la croissance... 85 Tableau 21 : proportion des industries ayant un dispositif de protection de l environnement selon le sous-secteur... 86 Tableau 22 : Indice de compétitivité mondiale en 2007, stade de développement du Cameroun et facteur de production, principaux frein à la pratique des affaires... 88 Tableau 23: les principaux obstacles à l entreprenariat par sous-secteur... 88 Tableau 24: opinion des chefs d'entreprises industrielles sur l'environnement des affaires selon le type, le sous secteur... 91 Tableau 25: opinion des chefs d'entreprises industrielles sur l'environnement des affaires selon la nationalité du chef d'entreprise... 92 Tableau 26 : opinion des chefs d'entreprises industrielles sur l'environnement des affaires selon la région d enquête... 93 Tableau 27 : répartition des employés du secteur de l industrie selon le soussecteur... 94 Tableau 28 : chiffre d affaires par employé et par sous-secteur... 96 Tableau 29 : production par tête (en millions de FCFA de l'année 2000)... 97 x

Tableau 30 : valeur ajoutée par tête (en millions de FCFA, Année 2000 = 100)... 98 Tableau 31 : résultats de l estimation... 100 Tableau 32 : évolution de la Productivité Totale des Facteurs (PTF) (en %) 101 Tableau 33 : salaire par tête (en millions de FCFA courants)... 104 Tableau 34 : coûts salariaux et coût unitaire du travail... 105 Tableau 35 : part du capital (en %) dans la Valeur Ajoutée pour quelques branches de l'industrie... 105 Tableau 36 : taux d utilisation des capacités de production selon le type d entreprise... 106 Tableau 37 : indicateurs de performance du secteur industriel... 108 Tableau 38 : résultats de l estimation... 110 Tableau 38 : évolution des effectifs des étudiants des universités d Etat... 114 Tableau 39 : tendances récentes des indicateurs de base dans l enseignement supérieur... 114 Tableau 40: évolution de la population d âge scolaire(en milliers de FCFA). 115 Tableau 41 : proportion d entreprises industrielles adoptant des techniques innovantes par type d entreprise... 116 Tableau 42 : proportion des entreprises industrielles adoptant des techniques innovantes selon le diplôme le plus élevé du promoteur/dirigeant... 117 Tableau 43: proportion des entreprises industrielles utilisant des techniques d information et de communication et selon le type... 118 Tableau 44 : indicateurs de performance à l export... 123 Tableau 45 : exportations de produits industriels selon le contenu technologique (en milliers de FCFA)... 124 Tableau 46 : niveau de concentration des exportations... 126 Tableau 47 : contenu technologique de la production... 127 Tableau 48 : résultats de l estimation... 132 Partie III Tableau 1 : éléments émergents de l'esprit d entreprise selon Filion... 148 Tableau 2 : modèle de Cooper... 154 Tableau 3 : répartition des entreprises selon le sexe et l affiliation de l entreprise à un groupe patronal... 159 Tableau 4 : répartition des entreprises selon le sexe et la participation au capital d'une (plusieurs) entreprises... 160 xi

xii Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 5 : répartition des entreprises selon la forme juridique suivant le sexe du promoteur... 161 Tableau 6 : répartition des entreprises selon le sexe et l adhésion à un syndicat... 162 Tableau 7 : répartition des entreprises selon la tranche d effectifs employés et le sexe du chef d entreprise... 162 Tableau 8 : répartition des entreprises selon la nature à la création suivant le sexe du promoteur... 163 Tableau 9 : répartition des entreprises et des effectifs permanents selon la tranche d âge de l entrepreneur et le type... 165 Tableau 10 : répartition des entreprises selon l âge du promoteur et l affiliation à un groupe patronal... 166 Tableau 11 : répartition des entreprises selon la nationalité et le statut... 167 Tableau 12 : répartition des entreprises selon la nationalité et la forme juridique... 169 Tableau 13 : répartition des entreprises et des effectifs permanents selon la nationalité du promoteur/dirigeant et le type... 170 Tableau 24 : répartition des entreprises et des effectifs employés selon le niveau de diplôme et le sexe du chef d entreprise... 172 Tableau 15 : répartition des entrepreneurs selon le type de formation professionnelle effectuée et la participation au capital d'autres entreprises.. 175 Tableau 16 : répartition des entreprises selon la nationalité et l appartenance à une (ou plusieurs) filiales à l'étranger... 178 Tableau 17 : répartition des entreprises selon la nationalité et la participation au capital de l entreprise... 179 Tableau 18 : opinion des chefs d entreprise sur l environnement des affaires selon le type d entreprise... 181 Tableau 19 : opinion des chefs d entreprise sur les relations entreprises et pouvoirs publics... 182 Tableau 20 : proportion en pourcentage des entreprises adoptant des techniques innovantes par sous-secteur d activité... 184 Tableau 21 : principaux indicateurs de TIC dans les entreprises par soussecteur d activité... 186 Tableau 22 : principaux indicateurs de TIC dans les entreprises par type d entreprises... 187 Tableau 23 : répartition des entreprises selon la provenance du capital par secteur d activité... 188 Tableau 24 : répartition des entrepreneurs selon le secteur d activité dans lequel l entreprise est crée... 189 xii

Tableau 25 : proportions d entrepreneurs ayant investi dans l acquisition de machines et équipements, acquisition des services de recherche développement et formation liée directement aux innovations technologiques suivant le niveau d instruction... 193 Tableau 26 : répartition des employés permanents selon la forme juridique de l entreprise et suivant le sexe... 194 Partie IV Tableau 1 : Répartition des créations d entreprises sociétaires par forme juridique... 210 Tableau 2 : Répartition des créations selon la tranche de capital social... 211 Tableau 3 : Classement des branches d activités par évolution des créations d entreprises... 213 Tableau 4 : Classement des secteurs d activités selon leur poids dans le total des créations d entreprises... 214 Tableau 5 : Classement des régions par évolution des créations d entreprises... 215 Tableau 6 : Classement des régions selon leur poids dans le total des créations d entreprises... 216 Tableau 7 : Répartition des fermetures par forme juridique... 218 Tableau 8 : Répartition des fermetures par ancienneté en 2010... 219 Tableau 9 : Répartition des fermetures par région... 219 Tableau 10 : Répartition des fermetures en 2010 par secteur... 220 Annexe 1 : estimation du stock de capital... 223 Annexe 2 : résultats de l estimation sur l ensemble de l économie... 225 Annexe 3 : Résultats de l estimation dans le secteur secondaire... 226 Annexe 4 : indicateurs sur la productivité du travail (ONUDI)... 228 xiii

xiv Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Liste des graphiques Partie I Graphique 1: Opinion des chefs d entreprise sur l environnement des affaires... 7 Graphique 2: Les principaux obstacles à l entreprenariat (en% des opinions des chefs d entreprises)... 8 Graphique 3 : Evolution de la balance commerciale entre 1997 et 2009 (en millions de F CFA)... 11 Graphique 4 : Pourcentage des ménages victimes et acteurs de la corruption par région... 15 Graphique 5 : Pourcentage des ménages victimes et acteurs de la corruption par quintile... 15 Graphique 6: Pourcentage des chefs d entreprises ayant une mauvaise opinion sur l impact de la justice selon leurs nationalités... 18 Graphique 7: Pourcentage des chefs d entreprises ayant une mauvaise opinion sur l impact des formalités administratives selon la nationalité du chef d entreprise... 23 Graphique 8 : proportion des chefs d entreprises jugeant la fiscalité comme premier obstacle à la compétitivité suivant les nationalités... 29 Graphique 9 : Répartition des entreprises selon la tenue ou non d une comptabilité formelle... 34 Graphique 10 : Premier plan factoriel de l'acm Axe 1 * Axe 2... 43 Partie II Graphique 1 : cartographie des six Pôles Economiques Régionaux (PER) CEMAC... 60 Graphique 2 : taux cumulé de survie en 2009 des entreprises industrielles à capitaux camerounais et étrangers... 75 Graphique 3 : répartition (en %) des chefs d entreprise selon le diplôme le plus élevé suivant le type d entreprise... 83 Graphique 4 : filières d inscription dans l enseignement supérieur... 115 Graphique 5 : Stock cumulé d IDE dans sept pays de l Afrique... 120 Partie III xiv

Graphique 1 : axes de l'entrepreneuriat selon Toulouse.... 149 Graphique 2 : modèle de Shapero... 151 Graphique 3 : distribution de χ 2 selon le degré de liberté... 157 Graphique 4 : zone d acceptation... 158 Graphique 3 : répartition des entreprises selon la tranche d âge du chef d entreprise... 164 Graphique 4 : répartition des entreprises selon l âge du promoteur et le statut... 166 Graphique 5 : répartition des entreprises par nationalité de du chef d entreprise... 168 Graphique 7 : répartition des entreprises et établissements par région d'enquête... 174 Graphique 8 : répartition des entreprises et établissements par la nature de la formation professionnelle effectuée... 176 Graphique 9: les principaux obstacles à l entreprenariat (en% des opinions des chefs d entreprises)... 183 Graphique 10 : répartition (en %) des entrepreneurs utilisant les résultats des centres de recherches selon leur niveau d étude... 191 Graphique 11 : Répartition (en %) des entrepreneurs ayant investi dans l acquisition des logiciels selon leur niveau d étude... 192 Partie IV Graphique 1 : Répartition des créations par forme juridique en 2010... 210 Graphique 2 : Répartition des créations par tranche de capital social en 2010... 210 Graphique 3 : Evolution des créations depuis 2008... 211 Graphique 4 : Part des SARL ET SARLU dans l ensemble des créations... 212 Graphique 5 : Dynamisme sectoriel : classement des secteurs par taux d évolution des créations... 215 Graphique 6 : Dynamisme régional : classement des régions par taux d évolution des créations... 216 Graphique 7 : Evolution des fermetures depuis 2008... 218 Graphique 8 : Répartition des fermetures par type d entreprises en 2010... 218 xv

Rapports thématiques 1 Partie I. Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 3 Résume exécutif L environnement des affaires décrit le cadre dans lequel les entreprises exercent leurs activités. Plus de la moitié des chefs d entreprises interrogés (52,4%) au cours du Recensement Général des Entreprises (RGE) réalisé en 2009 donne une opinion défavorable de l environnement des affaires au Cameroun. Il ressort de ces résultats que les obstacles les plus cités sont : la fiscalité (58,8% des chefs d entreprises interrogés), la corruption (50,6%), l accès au crédit (37,6%), les formalités administratives (35,2%), la concurrence déloyale (25,8%), les infrastructures (18,4%) et le coût de financement crédit (18%). Les petites et les moyennes entreprises semblent plus vulnérables que les grandes entreprises face à un environnement défavorable. Plus d un tiers de ces dernières estiment même que le climat des affaires est plutôt bon au Cameroun. La compétitivité mesure quant à elle la capacité d une entreprise à produire à des coûts avantageux, à écouler sa production et à faire face aux concurrents. Une grande partie des chefs d entreprises interrogés lors du RGE estiment que le climat des affaires qui prévaut maintenant au Cameroun est un frein à leurs performances et à leur développement. Le lien entre environnement des affaires et performances des entreprises justifie le défi que doivent relever les pouvoirs publics pour faire du Cameroun un pays émergent à l horizon 2035. En effet, les premiers obstacles cités par les chefs d entreprises sont d ordre institutionnel, ce qui interpelle les pouvoirs publics à jouer un rôle clé pour améliorer le cadre des activités économiques au Cameroun. En particulier, l administration doit relever le défi de devenir un partenaire efficace du secteur privé. Des pays asiatiques ayant créé un corps de fonctionnaires compétents et intègres sont cités en exemple pour ce qui est de la contribution déterminante du secteur public dans le développement harmonieux du secteur privé. La construction des infrastructures, le développement des TIC et la mise en œuvre des grands projets structurants dans le domaine énergétique sont aussi apparus comme devant jouer un rôle notable dans l amélioration de l environnement des affaires et dans la compétitivité des entreprises à moyen et long termes au Cameroun. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

4 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Abréviations et sigles APE CBF Accords de Partenariat Economique Cameroon Business Forum CDSR-AC : Commission Economique des Nations Unies pour l Afrique ; Bureau pour l Afrique Centrale CED CONAC : DSCE : DSF : DSRP : ECAM EI : FCFA : FOGAPE FONADER GE : GICAM IDE INS : ME : NACAM : OCDE OHADA : OMD : ONG PE : RGE : TIC : TPE : Centre pour l environnement et le développement Commission Nationale Anti-corruption Document de Stratégie pour la Croissance et l Emploi Déclaration Statistique et Fiscale Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté. Enquête Camerounaise Auprès des Ménages Entreprise Individuelle Franc de la Communauté Financière Africaine Fonds de Garantie et de Crédits aux PME Fonds National de Développement Rural Grande Entreprise Groupement Inter Patronal du Cameroun Investissements Directs Etrangers Institut National de la Statistique. Moyenne Entreprise Nomenclature des Activités du Cameroun Organisation pour la Coopération et le Développement Economique Organisation pour l Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires. Objectifs du Millénaire pour le Développement. Organisation Non Gouvernementale Petite Entreprise Recensement Général des Entreprises Technologies de l Information et de Communication. Très Petite Entreprise Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 5 Introduction En 2009, après des résultats mitigés issus de la mise en œuvre du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), le Gouvernement camerounais a opté pour une réorientation de sa politique sociale et économique en rédigeant et en adoptant le Document de Stratégie pour la Croissance et l Emploi (DSCE). Cette nouvelle orientation met un accent particulier sur la croissance économique et les créations d emplois. En effet, les études ont montré que près de 90% (EESI 2005) des revenus de ménages sont issus de leur travail. Lutter contre la pauvreté revient à adopter et pratiquer une politique visant à créer plus d emplois pour produire davantage de biens et de services. Que ce soit pour la croissance ou pour la création d emplois, l entreprise se retrouve plus que interpellée car c est elle qui produit pour créer la croissance et c est elle qui emploie la main d œuvre. L atteinte des objectifs fixés par le Gouvernement dans le DSCE demande que soient adoptées des politiques pour booster le secteur productif et accroître sa compétitivité tant interne qu externe dans un contexte marqué par l avènement des Accords de Partenariat Economiques (APE). Cela passe inéluctablement par une amélioration de l environnement des affaires, environnement considéré comme pas encore assez propice pour favoriser la compétitivité des entreprises camerounaises et attirer les Investissements Directs Etrangers (IDE) : On note que la croissance économique est restée faible ces dernières années (2,8% en 2008 et 2% en 2009), très en deçà du niveau requis pour faire reculer la pauvreté dont l incidence se situe autour de 40% depuis 2001 (40,2% en 2001 et 39,9% en 2007). Il ressort des résultats du Recensement Général des Entreprises (RGE) que les entreprises camerounaises utilisent une proportion très faible de la population active (près de 400 000 emplois sur une population active estimée à près de 10 000 000). Au Cameroun, le secteur privé déclare faire face à un environnement des affaires qui ne lui est pas favorable. Pourtant, cet environnement des affaires est une donnée majeure pour la compétitivité des entreprises dans un contexte de mondialisation caractérisé par la concurrence. Il est multidimensionnel : cadre réglementaire, environnement institutionnel, environnement juridique, environnement fiscal, environnement financier, environnement politique, environnement humain et social, environnement technologique, infrastructurel, etc. La qualité du capital humain, des infrastructures, des institutions est fortement corrélée à la compétitivité des entreprises. Ce constat, fait par le Groupement Inter Patronal du Cameroun (GICAM) est confirmé par les résultats du Recensement Général des Entreprises. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

6 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) L objectif de cette étude est d analyser l environnement des affaires au Cameroun à la lumière du RGE, compte tenu de son impact sur la compétitivité. Elle se subdivise en quatre chapitres. Dans un premier temps, on situe les généralités sur l environnement des affaires et la compétitivité. Dans le deuxième chapitre, il est présenté une analyse de l environnement économique, financier et infrastructurel dans lequel opèrent les unités de production au Cameroun. Le troisième chapitre analyse l environnement juridique, institutionnel et humain ainsi que son impact sur la compétitivité. L étude s achève par le chapitre 4 qui présente une revue des perspectives, c'est-à-dire des mesures que le Gouvernement est en train d entreprendre pour améliorer l environnement des affaires au Cameroun et des recommandations issues de nos analyses. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 7 Chapitre 1 : Généralités sur l environnement des affaires et la compétitivité 1.1 Environnement des affaires L environnement des affaires décrit le cadre dans lequel les entreprises exercent leurs activités. Il est un facteur déterminant dans la mobilisation des investissements (intérieurs ou extérieurs), porteurs de croissance. La qualité de l environnement des affaires est un défi permanent. Il ressort des résultats du Recensement Général des Entreprises que 52,4% des chefs d entreprises ont une mauvaise opinion sur l environnement des affaires au Cameroun. Graphique 1: Opinion des chefs d entreprise sur l environnement des affaires 60 50 40 30 20 10 0 Bonne Assez-bonne Mauvaise Sans opinion ou ND Source : INS/RGE 2009 Selon le type d entreprise, 57,5% des dirigeants des Très Petites Entreprises (TPE) et plus de 50% des dirigeants des Petites et moyennes Entreprises (PME) ont une appréciation nettement plus négative que ceux des Grandes Entreprises dont près de 35% d entre eux estiment que l environnement est favorable (bonne ou assez bonne). Ces derniers dirigent pour la plupart des filiales de multinationales et sont de taille à vaincre les lourdeurs du milieu d affaires, ce qui n est pas le cas de leurs confrères des TPE et des PME qui ont plutôt besoin d une forte protection par la législation. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

8 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 1 : Répartition (en%). des chefs selon leur opinion sur l environnement des affaires d entreprise suivant le type d entreprise Bonne Assezbonne Mauvaise Sans opinion ND Ensemble Type d entreprises TPE 4,0 19,9 57,5 10,5 8,1 100,0 PE 4,4 20,2 55,2 10,3 10,0 100,0 ME 2,9 23,5 52,5 10,9 10,3 100,0 GE 4,3 31,1 42,6 12,5 9,6 100,0 Ensemble 4,4 22,8 52,4 10,8 9,6 100,0 Source : INS/RGE 2009 Un mauvais environnement des affaires constitue un frein à la compétitivité des entreprises et un obstacle à l attrait des Investissements Directs Etrangers dont le Cameroun a besoin pour booster sa croissance. La compétitivité des entreprises requiert donc la mise en place des moyens technologiques et commerciaux inhérents. Ces efforts de performance doivent être soutenus par un cadre règlementaire favorable et un appui institutionnel au profit des entreprises. Des résultats du RGE, on relève que les chefs d entreprises déplorent dans leur grande majorité l environnement économique peu favorable au développement de leurs activités au triple plan administratif, juridique et financier. Les obstacles les plus cités par les entrepreneurs sont par ordre d importance la fiscalité pour 58,8%, la corruption pour 50,6%, l accès au crédit pour 37,6%, les formalités administratives pour 35,2%, la concurrence déloyale pour 25,8%, les infrastructures pour 18,4% et enfin le coût de financement crédit pour 18%. Les autres obstacles qui gênent la bonne marche des affaires se rapportent à l insuffisance du dialogue entre le secteur privé et le secteur public, les pénuries de l énergie électrique, le transport et le fonctionnement de la justice (graphique 2). Graphique 2: Les principaux obstacles à l entreprenariat (en% des opinions des chefs d entreprises) Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 9 Fiscalité Accès au crédit Concurrence déloyale Coût du financement Energie et eau Justice 18,4 18 16,4 12,2 11 10,7 25,8 0 10 20 30 40 37,6 35,2 50,6 50 60 58,8 Source : INS/RGE 2009 Ce qui est remarquable, c est que les deux premiers obstacles cités par les chefs d entreprises (fiscalité et corruption) sont d ordre administratif. Les pouvoirs publics peuvent également jouer un rôle clé dans le troisième obstacle qui est l accès aux crédits. Le quatrième obstacle (complexité des formalités administratives) est également d ordre administratif. Ceci nous amène à conclure que les pouvoirs publics disposent entre leurs mains des leviers indispensables s pour améliorer le cadre d exercice des activités économiques au Cameroun, car les obstacles majeurs relèvent de leurs compétences (fiscalité, corruption, formalités administratives, accès au crédit). Tout ceci touche directement le problème de la qualité de l administration. Il semble donc urgent d accélérer les reformes sur l administration pour en faire un partenaire efficace du secteur privé. Certains pays asiatiques ont réussi à le faire en créant un corps de fonctionnaires très compétents, respectés, indépendants et intègres, ce qui a permis un développement harmonieux du secteur privé. Des pays comme le Brésil, Russie, Inde, Chine, (appelés BRIC parmi les pays émergents), offrent au continent africain en général et au Cameroun en particu- lier une expérience digne d intérêt dans leur intégration du secteur privé comme facteur décisif de croissance et de stabilité économique. Ce secteur a en effet bénéficié dans ces pays d une attention particulière, sa mise en place s inscrivant dans le cadre d une stratégie globale de développement (CEA, 1999).

10 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) L essor d un secteur privé dynamique au Cameroun demande que l expérience des pays cités soit examinée, notamment les stratégies que ces Etats ont mises en œuvre pour soutenir la compétitivité du secteur privé. Le droit des affaires au Cameroun s inspire du droit des affaires de la France comme dans la plupart des pays francophones. Il y a lieu de mettre ce système en comparaison avec celui des pays enregistrant des progrès en matière de promotion de l environnement des affaires. 1.2 La compétitivité La compétitivité qui est l une des principales préoccupations des autorités gouvernementales dans le monde est un concept controversé. En effet les économistes ne s entendent ni sur la façon de la définir, ni sur la manière de la quantifier encore moins sur les indices qui la représentent. La définition de ce concept et sa quantification sont étroitement liées et varient selon les niveaux d analyse. Certains économistes utilisent le concept de compétitivité dans un sens macroéconomique. Ils proposent comme indicateurs le solde de la balance commerciale, le taux de couverture des importations, la propension d'un pays à importer, la propension d'un pays à exporter, le degré d'ouverture et les parts de marchés. Selon cette approche, la compétitivité correspond à la performance commerciale d un pays. Un pays devient moins compétitif lorsque ses exportations baissent ou lorsque ses importations augmentent. Selon Lafay (1976) in Njikam (1996, P.68), «la compétitivité d une économie nationale peut être définie comme étant sa capacité d affronter la concurrence mondiale». D après cette définition, la compétitivité reflète la performance globale de l économie et conditionne de ce fait son équilibre extérieur à travers le taux de change réel, la balance commerciale, etc. Plus grandes sont les capacités d un pays à vendre les biens qu il produit aussi bien sur les marchés étrangers que sur son propre marché, plus forte sera la croissance permise avant que ne survienne l obstacle du déficit extérieur. Le Cameroun a vu sa balance commerciale se dégrader au cours de ces dernières années, signe sans doute d une dégradation de la compétitivité des entreprises. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 11 Graphique 3 : Evolution de la balance commerciale entre 1997 et 2009 (en millions de F CFA) 400 000 300 000 200 000 100 000 0-100000 -200000-300000 -400000-500000 -600000 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Source : INS D autres économistes par contre considèrent la compétitivité comme un concept micro-économique, applicable au niveau de la firme ou de l industrie. Dans ce cas les indicateurs sont fondés sur les prix, la qualité du produit, les coûts des facteurs, etc. Les définitions microéconomiques sont fondées sur la productivité, les prix, les coûts, la part de marché, la qualité de produit (Buckley, al et Markusen (1992)). La comparaison n est possible que pour les firmes ou les industries produisant le même bien. Un bien étant définit á l aide de ses caractéristiques physiques, du lieu, de la date à laquelle il est disponible et de l état de la nature qui conditionne sa livraison (Debreu, 1984). Que ce soit l optique microéconomique ou l optique macroéconomique, l économie camerounaise reste peu compétitive. Les chapitres 2 et 3 vont passer en revue l analyse des causes citées par les chefs d entreprises comme gênant le développement de leurs affaires. 1.3 Approche méthodologique Les organisations du secteur privé (en particulier le GICAM) soulignent que parmi les nombreux défis de compétitivité auxquels les entreprises camerounaises sont confrontées, le plus urgent est celui de l amélioration du climat des affaires. Il existerait donc un lien de causalité entre l environnement des affaires et la compétitivité des entreprises. L environnement des affaires dans ce rapport sera abordé à travers les données du RGE et d autres sources notamment le Doing Bussiness de la Banque Mondiale. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

12 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Nous passerons en revue les principaux obstacles avancés par les chefs d entreprises comme frein à l exercice de leurs activités. Etant donné qu une entreprise compétitive doit produire au coût le plus bas possible, tout élément créant un surcoût supporté par les entreprises sera perçu comme frein à la compétitivité. La compétitivité sera perçue sur un plan macro économique (par la balance commerciale). Au-delà des données exploratoires, une analyse de données approfondies, notamment l Analyse en Composantes Multiples (ACM) sera implémenté pour faire la typologie des entreprises selon leur perception de l environnement des affaires au Cameroun. Un modèle économétrique montrerait encore sans doute mieux le lien de causalité entre l environnement des affaires et la compétitivité. Faute de données nécessaires, notamment les données sur les coûts de production, cela ne peut être fait. Les données qui seront utilisées dans cette étude sont issues du questionnaire de structure du RGE et des DSF. On rappelle que les entreprises éligibles au questionnaire de structure sont celles respectant l une des trois conditions suivantes : 1. Remplissage d une DSF ; 2. Chiffre d affaires annuel supérieur à 100 millions ; 3. Effectif permanant supérieur à 10. Des 93 969 entreprises et établissements dénombrés pendant le RGE, environ 8700 étaient éligibles au questionnaire de structure. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 13 Chapitre 2 : Environnement juridique, institutionnel et administratif La qualité du climat des affaires est un défi permanent et une condition essentielle, dans le développement économique d une nation. Le contexte dans lequel évolue toute entreprise productrice de biens ou de services et pourvoyeuse d emplois est d autant plus vital qu il détermine sa compétitivité. Il est donc attendu des autorités publiques de créer des conditions juridiques et règlementaires saines pour le développement du secteur des entreprises. Il est question pour nous dans ce chapitre de relever l influence de la corruption, du cadre juridique, institutionnel et administratif sur la compétitivité des entreprises camerounaises d une part ainsi que les efforts du gouvernement pour son amélioration d autre part. 2.1 Corruption 2.1.1 Définition Il existe plusieurs définitions du mot corruption. Pour Transparency International la corruption est l abus du pouvoir public ou privé pour satisfaire des intérêts particuliers. Il est question, à ce niveau, de corruption passive ou active entre un fonctionnaire et un particulier. La corruption concerne aussi des transactions entre particuliers : «Est corrompu, le comportement de personnes investies de tâches publiques ou privées qui manquent à leurs devoirs dans le but d en retirer des avantages injustifiés de nature quelconque». Elle possède plusieurs noms dans le vocable populaire camerounais : Gombo, bière, taxi, carburant, tchoko, motivation, etc. En 1998 et 1999, l Organisation Non Gouvernementale Transparency International a hissé le Cameroun à la première place du panthéon mondial des pays ayant le plus grand indice de perception de la corruption dans le monde. Ce classement peu reluisant pour un État a eu le mérite de lever un pan de voile sur un «grave problème de la morale publique» pour reprendre l expression même du Président de la République. Mais lorsque la corruption prend des proportions telles qu elle risque de freiner la croissance économique et de contrarier les efforts accomplis en vue d instaurer une bonne gouvernance, elle entraîne la dégénérescence générale du tissu social. Obstacle au développe- Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

14 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) ment durable, la corruption peut éventuellement aggraver les disparités économiques et favoriser la criminalité organisée. La baisse des salaires des fonctionnaires de 1993 et la suppression de nombreux avantages, suivie de la dévaluation de 1994 ont largement contribué à l expansion de la corruption au Cameroun. 2.1.2 La corruption dans les entreprises Le Cameroun, pays à fortes potentialités économiques, traîne cependant une réputation peu reluisante d un pays où la corruption est rampante. Selon les résultats du Recensement Général des Entreprises, la corruption occupe le deuxième rang parmi les principaux obstacles à l entreprenariat au Cameroun. Un peu plus de 50% des chefs d entreprises interrogés ont affirmé que la corruption constitue un obstacle au développement de leurs activités. Le haut niveau de corruption au Cameroun reste une spécificité du pays. Malgré les pressions internationales et de nombreux plans ou lois de lutte contre la corruption, la pratique reste une constante de la vie de tous les jours au Cameroun. Selon le président de l'observatoire de lutte contre la corruption au Cameroun, 40% des recettes enregistrées chaque année ne servent pas au développement pour cause de corruption. Le président de l'ong camerounaise «SOS corruption» déclare quant à lui que l État du Cameroun perd en moyenne 400 milliards de francs CFA par an à cause de la corruption. Selon une enquête menée par Greenpeace, Forest Monitor et le Centre pour l Environnement et le Développement (CED), l État perdrait en moyenne 100 milliards de francs CFA chaque année dans le secteur forestier, du fait de l exploitation illégale (60 milliards pour Global Witness). Toutefois, ce montant ne fait pas la part entre le coût dû à la corruption et celui dû à la fraude classique. 2.1.3 La corruption dans les ménages L analyse des données de la Troisième Enquête Camerounaise Auprès des Ménages (ECAM) réalisée en 2007 montre qu aucune ville du Cameroun n est épargnée par la corruption, acteurs comme victimes (graphique 4), qu il y a une forte corrélation entre le pourcentage des ménages victimes (acteurs) de la corruption par région et les dépenses par tête. Dans l ensemble, on constate que les grandes métropoles Douala et Yaoundé sont les plus affectées, ceci à cause de l intensité des activités économiques. La région du Sud apparaît aussi comme abritant une forte proportion de victimes de la corruption, ceci sans Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 15 doute à cause des activités forestières et de chasse fortement réglementées et qui poussent les gens à chercher à contourner la réglementation en offrant des pots de vins. Graphique 4 : Pourcentage des ménages victimes et acteurs de la corruption par région Sud-Ouest Ouest Nord Extrême-Nord Centre yaoundé acteurs victimes 0 10 20 30 40 Source : INS/ECAM3 Les victimes de la corruption sont majoritairement les chefs de ménage de sexe masculin 18,5% contre 12,6% de sexe féminin. Les victimes de la corruption sont deux fois plus élevées chez les non pauvres que chez les pauvres (20,5% contre 8,4%). (Acteurs : non pauvres 7,8% contre 3,6% chez les pauvres). Les ménages les plus riches sont à la fois les plus grosses victimes et les plus grands acteurs de la corruption en pourcentage (graphique 5). La corruption au Cameroun entretient incidemment la problématique de l égalité entre tous les citoyens. Il y a de bonnes raisons de penser qu aussi longtemps que la corruption aura une telle prégnance sur la société camerounaise, seuls les plus fortunés et les individus ayant un large réseau de connaissances pourront avoir accès aux services publics, aux fonctions administratives ou aux droits. À ce sujet, le Secrétaire exécutif du GICAM disait qu avec la corruption, «on a peur d affronter un plus riche que soi, ou quelqu un que l on considère comme ayant un meilleur capital relationnel ou financier». Graphique 5 : Pourcentage des ménages victimes et acteurs de la corruption par quintile Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

16 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) 25 20 15 10 VICTIMES ACTEURS 5 0 1 2 3 4 5 Source : INS/ECAM3 En termes de diagnostic de la corruption, la Commission Nationale Anti corruption (CONAC) en octobre 2009 souligne que la corruption a des causes passives dont les origines se situent autour des éléments suivants : l expansion généralisée de l impunité dans la société camerounaise ; l ignorance de la législation et des procédures administratives par les contribuables et les usagers ; le manque de rigueur, d objectivité dans les nominations, les affectations et le recrutement ; la non application des textes existants à cause de l absence des décrets d application ; la faible rémunération de ceux qui doivent appliquer les textes ; le principe de pot de vin qui perdure ; l impunité des agents véreux à cause de la complicité et de la connivence entre les agents et leur hiérarchie ; des distinctions au niveau des classes sociales, le népotisme est ancré dans nos mentalités (je ne peux servir que celui qui est de ma région, de ma culture, de ma religion, etc.). Les coûts induits par la corruption affectent négativement les charges supportées par les entreprises, ce qui accroît le coût unitaire de production et nuit ainsi à la compétitivité. 2.2 Environnement juridique Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 17 2.2.1 Etat des lieux Selon le RGE les opérateurs économiques ont également indiqué dans une proportion non négligeable (10,7%) que le droit et la justice demeurent des freins importants au plein épanouissement du secteur privé. Il ne s agit que d une confirmation puisque lors d une enquête de la Banque Mondiale (1996) les entreprises indiquaient déjà que l un des plus grands obstacles au développement du secteur privé était sans conteste le mauvais fonctionnement de la justice. Cela se manifeste dans la pratique par les lenteurs dans le règlement des différends, la partialité de certains magistrats et même l insuffisance de juges formés dans le droit commercial. D après le rapport Doing Bussiness 2010, le nombre d étapes nécessaires entre le dépôt d une plainte et son règlement (nombre de procédures) est de 43 pour le Cameroun contre environ 39 pour le reste de l Afrique au sud du Sahara. Le délai nécessaire pour voir aboutir cette plainte est de 800 jours (plus de deux ans) contre 462 jours environ pour les pays de l OCDE. Tableau 2 : Comparaison du nombre de procédures et des délais de règlements des différends commerciaux entre le Cameroun, l Afrique Sub-saharienne et les pays de l OCDE Indicateur Cameroun Afrique Subsaharienne OCDE Moyenne Nombre de procédures 43 39,2 30,6 Délai (jours) 800 643,9 462,4 Coût (% de la créance) 46,6 49,3 19,2 Source : Doing Bussiness 2010 L enquête annuelle du GICAM met régulièrement en exergue l'influence des facteurs juridiques sur la décision d'investir. En effet sept chefs d'entreprise sur dix estiment que le cadre juridique a un impact globalement négatif sur la décision d'investir. Parce qu'il est convaincu que toutes les réformes nécessaires ne peuvent être concrétisées immédiatement et en même temps, le GICAM suggère que les pouvoirs publics établissent des priorités et veillent à l'effectivité de leur concrétisation. Parmi les chefs d entreprises qui exercent au Cameroun, les plus pessimistes sur l impact de la justice selon les résultats du RGE sont les Américains avec 47,4% de mauvaise opinion, suivis des Français avec 18% d opinion défavo- Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

18 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) rable, ainsi que les autres européens qui sont à 17,6% à avoir une mauvaise optimistes sur l environnement des affaires au Cameroun. Graphique 6: Pourcentage des chefs d entreprises ayant une mauvaise opinion sur l impact de la justice selon leurs nationalités Etas-Unis France Europe Hors France Autre Afrique Autre Asie Autre Autres CEMAC Camerounaise Nigéria Chine 18,0 17,6 14,3 13,3 13,2 11,9 9,8 9,6 6,3 47,4 0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 Source : INS/RGE 2009 Le Cameroun dispose d une législation sur le code des investissements créditée de bonne. Toutefois le défaut des textes d application atténue les volontés d entreprendre et d investir au Cameroun. Au forum de la lutte contre la corruption dans le milieu des affaires au Cameroun organisé par la Commission Nationale Anti corruption (CONAC) en octobre 2009, il ressort du rapport final que les responsabilités dans les actes de la corruption sont partagées entre les opérateurs économiques et les agents publics. S agissant des entreprises, beaucoup d entre elles ne tiennent pas une comptabilité rigoureuse. Certains hommes d affaires préfèrent des procédures anciennes (manuelles) parce qu elles leur permettent de contourner la législation et favorise la corruption. S agissant des agents publics, on note la multiplicité des contrôles dans les entreprises qui sont source de tracasseries et de perte de temps de travail pour les chefs d entreprises. 2.2.2 Actions à mener pour assainir le cadre juridique des affaires au Cameroun Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 19 Différentes actions doivent être menées par les pouvoirs publics, dont certaines sont déjà prévues dans le DSCE et connaissent un début de mise en oeuvre. Globalement, ces actions visent à lutter contre la corruption dans le système judiciaire, à accroître l indépendance du pouvoir judiciaire, à améliorer l accès aux informations de nature juridique et à moderniser le régime du droit des affaires. Plus spécifiquement, il s agit de prendre les actions suivantes : Actions en cours Mise en place du guichet unique des formalités de création d entreprises ; Réduction des postes de contrôle routier sur l ensemble du territoire national et les remplacer par les postes de contrôles mixtes et fixes qui se bornent à un contrôle de documents ; Amélioration des conditions de rémunération des agents publics. Renforcement des capacités de la CONAC en moyens financiers, matériels et humains ; Actions à moyen terme Vulgariser et diffuser les textes de la gouvernance économique ; Etablir un système de sécurité sociale fiable et efficient qui met les citoyens à l abri d une misère abjecte ; Réviser le tarif de la mercuriale ; Alléger et simplifier les procédures administratives ; Créer les tribunaux spécialisés dans le droit des affaires. 2.3 Environnement institutionnel et administratif Dans ce paragraphe nous présentons le cadre institutionnel et administratif dans lequel évoluent les entreprises camerounaises. 2.3.1 Cadre institutionnel international Le Cameroun fait partie de plusieurs organisations de coopérations économiques régionales et sous-régionales, dont la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l Afrique Centrale (CEMAC), la Communauté Economique des Etats de l Afrique centrale (CEEAC), l Union Africaine (UA), la Commission des Nations unies pour l Afrique (CEA), le groupe des pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifiques), la Zone Franc (ZF), l OHADA et le Commonwealth. La CEMAC rassemble six pays membres dont le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad. Le niveau d intégration économique dans l ensemble a été jugé suffisamment poussé Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

20 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) pour que soit envisagé un Accord de Partenariat Economique (APE) avec l Union Européenne (UE). Avec un Tarif Extérieur Commun (TEC) et une monnaie commune (le franc CFA), ces Etats devraient avoir une démarche commune en matière de relations économiques extérieures. Les textes organiques sont d ailleurs très clairs à ce propos. L article 13 alinéas b de la convention avec l union économique stipule que «le marché commun de l Union économique comporte l établissement d une politique commerciale commune envers les Etats tiers». L article 20 qui est plus explicite précise que : «Si des accords avec des pays tiers doivent être conclus dans le cadre de la politique commerciale commune, le Secrétaire Exécutif présente des recommandations au conseil des Ministres qui l autorise à la majorité qualifiée, à ouvrir les négociations nécessaires. Le Secrétaire Exécutif conduit les négociations en consultations avec le comité désigné par le conseil des Ministres et dans le Cadre des politiques élaborées par celui-ci. Les accords mentionnés à l alinéa premier sont conclus par le conseil des Ministres, statuant à la majorité qualifiée de ses membres». Par conséquent, le Cameroun ne devrait pas présenter des positions individuelles aux négociations multilatérales, mais contribuer à élaborer des positions communes aux Etats membres de la CEMAC. Une démarche similaire devrait s imposer pour les négociations avec l OMC. La CEMAC n est pas toutefois membre plein de l OMC. Mais cela ne devrait cependant pas occulter l engagement de négocier collectivement les accords commerciaux qui peuvent se faire à travers l élaboration d une politique commune. L UA, qui a pris la succession de l OUA, entend poursuivre la politique de coopération économique entre pays membres et notamment, développer les positions africaines communes dans les négociations commerciales multilatérales. A cet effet, elle tire profit des conférences des ministres africains du commerce pour promouvoir ces positions communes. Elle a mis en place des délégations à Genève et Bruxelles pour poursuivre des négociations avec l OMC et l UE. Apres les divers plans d action de Lagos, le NEPAD est désormais le document de référence de la politique de coopération économique de l Afrique. La CEA joue un rôle non négligeable pour la définition des stratégies de développement des pays africains dans de nombreux domaines. Yaoundé abrite depuis fort longtemps un centre régional pour l Afrique Centrale. Signataire des accords de Lomé et de Cotonou, le Cameroun fait partie du groupe des pays ACP. Bien que les intérêts du groupe Afrique ne convergent pas toujours avec ceux des pays du pacifique et des Caraïbes, les ACP s efforcent d adopter des positions communes pour les négociations commerciales. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 21 La France est le premier partenaire des pays membres de la zone Franc. Le Trésor français garantit la parité du franc CFA avec l Euro. Il porte une attention aux opérations financières internationales des pays membres, y compris leur balance de paiements. Le rapatriement des recettes d exportations est suivi avec vigilance. Les intérêts divergent cependant sur un certain nombre de sujets. En particulier la France est le grand défenseur de la politique agricole commune (PAC) au sein de l UE et, par conséquent, défenseur du système de subventions agricoles dont les pays africains souhaitent le démantèlement. Le Commonwealth, apporte une assistance collective et individuelle à la demande des pays africains membres de l organisation. L appartenance du Cameroun à ces différentes organisations lui impose d adopter les normes en vigueur dans ces différents regroupements, ce qui est de nature à rassurer les investisseurs. 2.3.2 Cadre institutionnel national Au Cameroun, les institutions de la conception et de la mise en œuvre de la politique commerciale sont : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif composé de ministères et le pouvoir judiciaire. Des enjeux de la politique commerciale peuvent être regroupés en deux grandes catégories : les institutions publiques et le secteur privé. 2.3.2.1 Les institutions publiques Les institutions publiques impliquées dans de la politique économique sont le gouvernement et les administrations associées (ensemble des ministères), le Parlement et le Conseil Economique et Social. Certains ministères jouent un rôle clé dans la politique commerciale (Ministère des Finances, Ministère de l économie, Ministère du Commerce). Certains organismes spécialisés sont crées pour mettre en œuvre la politique gouvernementale en matière de promotion de la politique commerciale. On peut citer entre autres, l Agence de Régulation des Marches Publics (ARMP), l Agence de Régulation du secteur des Télécommunications (ART), les universités et instituts d enseignement supérieur et de recherche, l office national du café et du cacao (ONCC), le Comite Interministériel Elargi au Secteur Privé (CIESP), le comite de compétitivité. Le Comité Technique National de Suivi des Accords de Marrakech (CTNSAM), crée en 1997 est chargé entre autre de mettre en place un système opérationnel de suivi permanent des accords de Marrakech instituant l OMC ; d analyser et d évaluer l impact desdits accords sur les différents secteurs de l économie nationale ; proposer au gouvernement les solutions appropriées en vue de défi- Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

22 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) nir et de consolider une position nationale concertée sur les différents domaines des accords présentant un intérêt particulier pour le Cameroun. Le Comité Interministériel Elargi au Secteur Prive (CIESP) est chargé du dialogue entre l Etat et la société civile, des rencontres particulières entre le gouvernement et le secteur privé. Depuis plus de deux décennies, une équipe gouvernementale conduite par le Premier ministre et composée des ministres des secteurs économiques, rencontre les opérateurs économiques dans le cadre du CIESP pour expliquer la politique gouvernementale, écouter les doléances du secteur privé, et élaborer avec lui des recommandations sur des actions à mener pour améliorer le fonctionnement de l économie et promouvoir la création des richesses. La Charte des investissements est également un document qui traduit les objectifs et la stratégie de développement du pays. Elle est inspirée de la Charte régionale adoptée au sein de la CEMAC. Son élaboration a connu la participation de l Etat, de la société civile et du secteur privé. 2.3.2.2 Le secteur privé Dans le cadre des Programme d Ajustement Structurel (PAS), les pouvoirs publics ont pris l option ferme d associer, mieux que par le passé, le secteur privé et la société civile à la définition des orientations de la stratégie de développement et de réduction de la pauvreté en vue d assurer une large adhésion des populations aux choix politiques, économiques et sociales. En outre l Etat s est désengagé progressivement des activités productives en au profit du secteur privé. A la faveur de ce désengagement, les associations patronales et professionnelles se sont renforcées pour jouer un nouveau rôle et participer au dialogue avec les pouvoirs publics. Les organisations les plus actives dans ce domaine sont les suivantes : Le GICAM (groupement inter-patronal du Cameroun) qui entretient un vaste réseau de relations tant au niveau national qu international notamment avec les organisations internationales du système des Nations unies comme le BIT. Il publie une revue pour exprimer son point de vue, et ses analyses, sur les divers aspects de l économie nationale. Il a mis en place un mécanisme d arbitrage pour le règlement des différends et litiges commerciaux. Le SYNDUSTRICAM (le syndicat des industriels du Cameroun) qui entend défendre les intérêts de ce secteur et coopère intimement avec le GICAM. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 23 Le syndicat des transporteurs routiers, le syndicat des forestiers, le conseil interprofessionnel du cacao et du café, etc., sont de dimensions modestes et concernent des professions précises. Pour insuffler une dynamique nouvelle au secteur privé, il faut régler la question des institutions dont les dysfonctionnements grèvent lourdement le cours des affaires. Au regard de leur pertinence en matière de contribution aux objectifs du DSCE les contraintes institutionnelles et structurelles doivent être levées pour améliorer les déterminants de la compétitivité et des conditions pour créer de nouveaux gains de productivité. D après les résultats du RGE, les lourdeurs et les lenteurs administratives apparaissent parmi les cinq principaux obstacles évoqués comme frein à l épanouissement des affaires. Les opérateurs économiques déclarent à 35,2% que les lenteurs et les lourdeurs administratives constituent un handicap pour leurs activités. En 1996, elles ne constituaient un grave problème que pour 12% des chefs d entreprises, ce qui signifie que cette contrainte s aggrave avec le temps. Les formalités administratives sont relativement complexes pour les clients de l administration. Parmi les chefs d entreprises qui exercent au Cameroun (graphique 7), 63,2% des Américains ont une mauvaise opinion sur les formalités administratives, suivis à plus de 50% des autres africains hors CEMAC et Nigéria, des Français et des autres Européens. Par contre les entrepreneurs Chinois, Camerounais et Nigérians ont une opinion relativement favorable sur les formalités administratives dans les affaires au Cameroun. (Graphique 7). Graphique 7: Pourcentage des chefs d entreprises ayant une mauvaise opinion sur l impact des formalités administratives selon la nationalité du chef d entreprise Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

24 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Etas-Unis Autre Afrique France Europe Hors France Autre Asie Autres CEMAC Autre Nigéria Camerounaise Chine 27,5 34,6 32,4 53,1 51,7 51,0 48,3 45,8 42,1 63,2 0 10 20 30 40 50 60 70 Source : INS/RGE 2009 L un des problèmes provient de l application insuffisante des lois et règlements par les fonctionnaires. Dans son document sur la réforme des institutions publiques et le renforcement de la gouvernance, la Banque Mondiale a mis en relief le fait que les institutions du secteur public et du secteur privé sont interconnectées. A cet effet, les institutions doivent mettre en place un système d information qui assure la transparence et accroît ainsi la concurrence sur les marchés. C est ainsi que deux cadres sont désormais opérationnels pour la promotion du dialogue et du partenariat entre secteur public et secteur privé : le Comité de Compétitivité, ayant pour mission d identifier et de lever des obstacles à l investissement et à la compétitivité ; le Cameroon Business Forum (CBF), chargé d identifier et implémenter les réformes nécessaires à l amélioration de l environnement des affaires. On peut aussi citer les mesures en cours visant à améliorer le système d attribution et d évaluation des marchés publics, à rendre plus efficace et moins pointilleuse l administration fiscale, etc. De telles initiatives méritent d être encouragées et si nécessaire, multipliées. 2.3.3 Actions à mener Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 25 Améliorer la gestion stratégique des administrations publiques pour la mise en œuvre et l accélération des réformes ; Renforcer les capacités administratives en matière de préparation, d'évaluation et d'exécution des projets ; Prioriser et sélectionner avec soin les nouveaux projets d équipement afin de stimuler leur impact sur la croissance ; Impulser une gestion moderne des ressources humaines garantissant une disponibilité de personnel de qualité, responsabilisé et motivé ; Renforcer les capacités des institutions en charge du dialogue public-privé en matière de compétitivité ; Assurer une meilleure coordination de ces institutions et faire en sorte que leurs interventions soient intégrées dans la stratégie globale ; La création des institutions d appui au secteur privé. Ces institutions doivent concerner à la fois la formation, l assistance à la formulation de projets des entreprises, le choix des projets bancables, l aide à la décision, la mise en place d un fonds de garantie aux entreprises recourant aux financements autres que celui du promoteur. 2.4 Environnement humain 2.4.1 Cadre théorique et état de lieux L impact du capital humain sur la croissance économique, et donc sur la compétitivité des entreprises n est plus à démontrer. En effet, dans son ouvrage «Human Capital : A Theoretical and Empirical Analysis» paru en 1964, Gary Becker a mis en exergue l impact du capital humain (vu sous l angle de l éducation, de la formation de la santé) sur la croissance économique américaine. Depuis lors, de nombreux travaux ont été effectués sur le sujet et aboutissent aux mêmes conclusions. Au Cameroun, on assiste à l arrivée sur le marché du travail d une population active de plus en plus nombreuse (population qui double tous les 25/30 ans). Cette croissance démographique se caractérise par une forte proportion de jeunes qui génère une importante main d œuvre que le système économique ne peut actuellement absorber (taux d activité des 15-29 ans est de 68,1%) selon EESI 2005 et qui de ce fait, est contrainte de se recycler dans des activités informelles, mal rémunérées et sans adéquation avec leur formation. Les entreprises recensées lors du RGE en 2009 emploient 386 263 travailleurs permanents dont 281 972 hommes (73%) et 104 291 femmes (27%). En y ajoutant les 196 056 personnels de l Etat en activité cette année-là et les 43 495 employés temporaires, on n arrive à 625 814 emplois dans le secteur moderne, loin des 800 000 salariés en activité contenus dans le DSCE. Cette faible ab- Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

26 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) sorption de la main d œuvre par les entreprises camerounaises est révélatrice de l incapacité du secteur moderne à créer des emplois décents. Une bonne frange de la population active notamment les jeunes diplômés trouvent alors refuge dans le secteur informel. Par secteur d activité, le tertiaire emploie 67,8% des effectifs (soit 261 927) contre 22,8% pour le secondaire et 6,9% pour le primaire. La performance du secteur tertiaire est due au grand nombre d emplois qu offre le sous-secteur commercial qui utilise 105 458 personnes soit 27,3% de l ensemble des effectifs. Quant au secteur secondaire, les «autres industries manufacturières» dominent avec un effectif de 49 993 soit 12,9% de l ensemble des effectifs et représentant 57,1% de l ensemble du secteur. Enfin, le sous-secteur «agriculture» avec ses 26 530 emplois, domine le secteur primaire et représente 74,5% des effectifs du secteur. Tableau 3: Répartition des effectifs employés par secteur d activité et par sexe Secteur d activité Primaire Secondaire Tertiaire Sous-secteur d activité Effectifs permanents Hommes Femmes Total Agriculture 20 361 6 169 26 530 Elevage 405 144 549 Sylviculture 6 533 254 6 787 Pêche et pisciculture 30 9 39 Sous total 27 329 6 576 33 905 Extraction 953 209 1 162 Industrie alimentaire 15 208 4 239 19 447 Autres industries manufacturières 39 843 10 150 49 993 Electricité eau et gaz 6 378 2 152 8 530 Construction 7 389 1 368 8 757 Sous total 69 771 18 118 87 889 Commerce 84 907 20 551 105 458 Transport 12 346 2 695 15 041 Banque et assurance 7 072 5 512 12 584 Autres Services 77 382 51 462 128 844 Sous total 181 707 80 220 261 927 Non déclaré 2 184 358 2 542 Total 280 991 105 272 386 263 Source : INS/RGE 2009 Au-delà des effectifs employés, une analyse approfondie non seulement sur les catégories socio professionnelles (cadres, ouvriers, etc.), mais aussi sur la qualité des formations reçues, l état de santé de la population active mérite d être Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 27 menée pour véritablement se prononcer sur la qualité du capital humain camerounais. 2.4.2 Actions à mener En plus de la timide professionnalisation en cours dans l enseignement supérieur (système LMD, filières professionnelles, etc.), le renforcement du capital humain passera par la prise en compte des mesures suivantes : la réhabilitation/restructuration des structures de formation professionnelle dans le contexte de la promotion des filières de croissance, la création d un fonds d appui à la formation professionnelle (avec création d une taxe sur la formation professionnelle) ; la mise en place d un observatoire national des métiers et la poursuite de la densification du répertoire des métiers ; la mise en place d un système national indépendant d accréditation et de certification des formations universitaires et professionnelles ; la création des cadres de concertation et de partenariats entre institutions de formation et milieux socio professionnels dans la perspective d une adaptation permanente des programmes aux besoins réels de la société ; l adoption d une réglementation relative à la formation professionnelle visant à encourager les petits promoteurs. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 29 Chapitre 3 : Environnement fiscal, financier et situation des infrastructures économiques et sociales Les entrepreneurs dans l exercice de leurs activités au quotidien, interagissent avec l administration fiscale et les institutions financières. De nombreuses études ont montré la corrélation positive entre une fiscalité incitative et l attrait des Investissements Directs Etrangers. C est ainsi que les pays asiatiques ont mis en place des politiques favorables à l environnement des affaires en établissant une fiscalité non discriminatoire et en réduisant l impôt sur les sociétés. 3.1 Environnement fiscal 3.1.1. Etat des lieux Pour 59% des chefs d entreprises (d après des résultats du RGE 2009), la fiscalité demeure pour eux de loin le premier obstacle à l entreprenariat au Cameroun. Les chefs d entreprises de nationalité américaine sont ceux qui se plaignent véritablement des pratiques fiscales au Cameroun, suivis des Français et des autres Européens. Le problème de la fiscalité se pose en termes de relations tumultueuses entre l administration et les entreprises. Il ne s agit pas d un problème de taux élevé d imposition comme le montre le tableau suivant. Graphique 8 : proportion des chefs d entreprises jugeant la fiscalité comme premier obstacle à la compétitivité suivant les nationalités 100 80 60 40 20 0

30 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) A titre de comparaison, on note que le taux de pression fiscale est estimée à 11,7% au Cameroun, bien en dessous du niveau de certains pays de la CE- MAC comme le Gabon (23,2%), la Guinée Equatoriale (19,4%), le Congo (16,6%) de des pays européens comme la Suède (environ 50%). Par contre, selon le rapport «Doing Business 2010» de la Banque Mondiale, il faut environ 654 heures à un chef d entreprise au Cameroun pour régler ses impôts contre seulement 270 heures en Côte d Ivoire, 315 heures en moyenne pour les autres pays d Afrique subsaharienne et 194 heures pour les pays de l OCDE. On peut noter cependant que ce délai est en nette baisse car il a été réduit de plus moitié entre 2009 et 2010, passant de 1400 heures à 654 heures. Selon le même rapport, on note qu une entreprise camerounaise paie en moyenne 44 taxes par an, ce qui est excessif devant les 14 taxes que paie une entreprise dans l espace OCDE ou 37 dans les autres pays d Afrique au Sud du Sahara. Le chef d entreprise subit ainsi la visite de plusieurs structures en charge de la collecte des taxes et peut voir à tout moment son entreprise mise sous scellée pour défaut de paiement de telle ou telle taxe. L impact sur sa productivité et par conséquent sa compétitivité est de toute évidence négative. Il est important que le gouvernement revoie la façon dont les taxes sont collectées au Cameroun. Tableau 4 : comparaison des pratiques fiscales dans quelques pays Poste Nombre d impôts payés par an Cameroun Côte d Ivoire Sénégal Afrique Subsaharienne Pays de l OCDE 44 64 37,3 37,3 14,2 Délai (heures par année) 654 270 666 315,1 199,3 Source : Doing Bussiness 2010 Selon les résultats du RGE, environ 15% du chiffre d affaires des entreprises est consacré aux charges fiscales. Les TPE du secteur secondaire sont celles qui subissent le plus la pression fiscale. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 31 Tableau 5: Rapport charges fiscales /chiffre d affaires selon le type d entreprise et le secteur d activité (en %). TPE PE ME GE Total Primaire 4,9 34,8 16,3 11,3 16,1 Secondaire 50,6 26,5 3,0 5,0 27,7 Tertiaire 17,5 13,4 9,7 6,8 13,8 Total 23,0 14,8 8,4 6,8 15,4 Source : INS/RGE 2009 Autre enseignement à tirer du RGE, c est que le pourcentage du chiffre d affaires consacré au paiement des taxes est inversement proportionnel à la taille de l entreprise. En effet, si les TPE y consacrent près de 23%, les GE n y consacrent que près de 7%. Cette pression forte sur les TPE et le PE est liée au fait que le chiffre d affaires de ces entreprises est le plus souvent fixé approximativement par les agents du Fisc, faute d une comptabilité formelle. Selon le secteur d activité, le RGE révèle que le secondaire consacre près de 28% de son chiffre d affaires au paiement des taxes contre près de14% pour les entreprises du secteur tertiaire, frein potentiel à la création des richesses. 3.1.2. Actions à mener Il ressort de toutes ces analyses que la pratique de la fiscalité n est pas de nature à favoriser la compétitivité des entreprises camerounaises. Des efforts doivent être menés pour assainir les pratiques fiscales au Cameroun. Comme recommandations, nous pouvons proposer : Un regroupement des taxes à payer afin de réduire le nombre de collecteurs d impôts. Cela a un double avantage : pour le Gouvernement, cela va sans doute réduire les déperditions fiscales, et pour les entreprises, cela va réduire le nombre d heures nécessaires pour régler les impôts et améliorer ainsi leur compétitivité ; Une amélioration des relations entre l administration fiscale et les entreprises ; L application d une fiscalité incitative, surtout aux PME. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

32 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) 3.2 Environnement financier (Accès aux crédits) 3.2.1 Etat des lieux Le financement des entreprises est en amont de toute stratégie pour la compétitivité. L exigence d un personnel qualifié, l'acquisition d un matériel de production approprié l'extension des activités sur un grand espace géographique nécessitent des moyens financiers importants pas toujours à la portée des entreprises. L'accès aux financements extérieurs en faveur des entreprises reste faible et trop sélectif. Le Cameroun compte 12 banques commerciales dont la clientèle est constituée de particuliers, des responsables des professions libérales, des PME et des grandes entreprises. Ces banques financent des investissements par des crédits à court terme (maximum 1 an) et à moyen terme (maximum 5 ans). Les investissements productifs à moyen et long terme sont pour l'essentiel financés en dehors du secteur bancaire, surtout par autofinancement. Les banques camerounaises s'engagent très peu dans le financement des activités économiques. Pour pallier a certaines insuffisances des banques et venir au secours des délaissés du système bancaire traditionnel le gouvernement camerounais à libéraliser le secteur de la microfinance qui apparaît aujourd hui comme un complément au financement bancaire. Le financement extérieur des entreprises pose un problème majeur pour leur éclosion, leur activité et leur développement. Pour 37,6% des chefs d entreprises, la difficulté d accès au crédit est un obstacle à leur développement. Toutefois, cet obstacle est plus ressenti par les TPE et les PME (près de 42%) que par les grandes entreprises (20%) qui sont pour la plupart filiales des firmes multinationales. Cette corrélation entre la taille de l entreprise et l accès au crédit pénalise fortement les TPE et les PME qui ont besoin d organismes spécialisés de financement et d encadrement. Les structures telles que le Fonds de Garantie et de Crédits aux PME (FOGAPE), le Fonds National de Développement Rural (FO- NADER) qui apportaient un soutien au financement des entreprises ont cessé de fonctionné il y a près de deux décennies. L aboutissement des projets en cours pour la création de telles structures devra booster sans doute l entreprenariat au Cameroun. Tableau 6: pourcentage des entreprises ayant déclaré avoir les difficultés d accès aux crédits par type Type d entreprises Pourcentage d entreprises Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 33 TPE 34,7 PE 40,7 ME 42,5 GE 20 Total 37,6 Source : INS/RGE 2009 La Douala Stock Exchange (bourse de valeurs), créée en 1999 qui était censée constituer un financement direct aux entreprises et suppléer le financement bancaire n a véritablement pas décollé. Seules trois entreprises y sont cotées au jour d aujourd hui. Le taux des crédits accordés au secteur privé en pourcentage du PIB est un élément qui peut servir d appréciation du financement de la croissance par le secteur bancaire. Ce dernier est passé de 26,7% en 1990 à 10,3% en 2003, soit une diminution de plus de la moitié. Ce taux est très en deçà de la moyenne de l Afrique Subsaharienne (près de 64%). Le tableau ci-dessous qui fait quelques comparaisons internationales met en exergue le faible financement du secteur privé au Cameroun. Tableau 7 : Crédits domestiques au secteur privé en pourcentage du PIB Pays 1990 2003 Cameroun 26,7 10,3 Cote d Ivoire 36,5 13,6 Sénégal 26,5 20,8 Ghana 4,9 11,8 Kenya 32,8 62,13 Afrique Subsaharienne 42,4 63,7 Source : WDI, World Bank, 2005 Face à ce niveau faible de crédits accordés aux entreprises par les banques, les financements informels se développent. C est notamment le cas des tontines qui financeraient près de 18% des besoins de financement des entreprises (d après une étude menée par USAID en 1994). Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

34 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) La responsabilité des chefs d entreprises est aussi sujet à questionnement. En effet il manque de transparence dans leur gestion. Des résultats du RGE, on a pu noter que seulement 13% d entreprises tiennent une comptabilité financière au sens du droit comptable régi par l OHADA. Il se pose donc un problème de gouvernance économique. C est une situation préjudiciable dans la mesure où la tenue d une bonne comptabilité constitue un élément-clé de la transparence et de la gouvernance économique dans une entreprise. Et donc à l accès au crédit. Des efforts importants sont à faire pour astreindre les entreprises à se conformer aux directives du droit comptable OHADA. La mise en application du droit des affaires est une difficulté non encore réglée au Cameroun qui est l une des parties hautes contractantes au traité relatif à l harmonisation du droit des affaires en Afrique. L acte uniforme relatif au droit commercial, dans son article 13 indique que «tout commerçant, personne physique ou morale doit tenir un journal, enregistrant au jour le jour ses opérations commerciales. Il doit également tenir un grand livre avec balance générale récapitulative ainsi qu un livre d inventaires. Ces livres doivent être tenus conformément aux dispositions de l acte uniforme relatif à l organisation et à l harmonisation de la comptabilité des entreprises». L article 17 de l acte uniforme précise que «toute personne morale commerçante doit également établir tous les ans ses états financiers de synthèse. Les dispositions du plan comptable s appliquent à toute personne physique ou morale soumise à l obligation légale d établir des comptes annuels comprenant le bilan, le compte de résultats et une annexe sous réserve des dispositions qui leur sont spécifiques.» Les pouvoirs publics, pour atteindre les objectifs fixés par les Etats parties signataires du traité OHADA doit organiser la mise en application du droit comptable pour encourager la tendance des entreprises à tenir une comptabilité financière. Celle-ci conduit à la vulgarisation des états financiers de synthèse (bilan, compte de résultats, DSF) qui sont des documents essentiels pour les actionnaires, le banquier, les bailleurs et tous les investisseurs et l Etat qui a besoin des statistiques économiques pour confectionner les indicateurs macroéconomiques. Graphique 9 : Répartition des entreprises selon la tenue ou non d une comptabilité formelle Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 35 Non tenue comptabilité formelle 87% Tenue comptabilité formelle 13% Source : INS/RGE 2009 La production des états financiers formels est en effet un critère important d éligibilité des entreprises aux crédits bancaires traditionnels et au financement des principaux partenaires du gouvernement. Malgré la surliquidité des banques et établissements financiers, les difficultés qu éprouvent les entreprises pour obtenir des crédits bancaires proviennent en partie de leur incapacité à présenter des bilans certifiés par les experts comptables. Dans le Document de Stratégie pour la Croissance et l Emploi, le Gouvernement s est engagé à «réduire les difficultés d accès aux financements» des entreprises. L accompagnement de ces entreprises dans la tenue de comptes en constituerait un des moyens les plus efficaces. 3.2.2 Mesures correctives L'appui aux financements des PME pourra consister pour le Gouvernement et les institutions orientées vers l'encadrement des PME à favoriser l'accès effectif des PME aux services financiers, particulièrement au capital de départ et au fond de roulement. Le soutien aux PME camerounaises dans le domaine finan- cier consistera à aider ces entreprises à satisfaire aux exigences de la finance formelle, et de rendre le système financier plus accessible aux PME. En effet, depuis la disparition des fonds de garantie comme le FOGAPE ou le FONADER, le financement des petites entreprises est rendu difficile du fait de l'absence de type d organismes. Les projets tels que le PIASI et autres sont bienvenus mais restent assez limités pour porter le développement des entreprises, fussent-elles informelles. Pour résoudre efficacement le problème d accessibilité des PME aux financements, il convient d'envisager la création d'une banque des PME, accordant et encadrant le crédit à aux TPE et PME, qui ont également besoin que leurs capacités soient renforcées.

36 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) formel, s est engagé à mettre en place une «formation dans le but d aider ces acteurs à mieux suivre leurs activités par la tenue d une comptabilité légère». 3.3 L environnement des infrastructures 3.3.1 Etat des lieux Il est incontestable que l insuffisance des routes, des ponts, des chemins de fer, des aéroports, des ports, de l énergie, des réseaux d'adduction d'eau, des télécommunications agit sur la performance des entreprises. Elles rencontrent des difficultés pour produire et pour écouler leur production tant sur le marché national que sur de la sous région CEMAC. L insuffisance d'infrastructures est l'un des principaux facteurs qui alourdit le climat des affaires et plombe la compétitivité de l'économie camerounaise. La disponibilité des infrastructures en qualité et en quantité va favoriser le développement des activités et faciliter l accès aux différents marchés. A priori, un des appuis à la compétitivité que les entreprises camerounaises attendent des pouvoirs publics consiste à développer des infrastructures permettant de circuler pour ravitailler le pays et aller à la conquête des marchés extérieurs. Au Cameroun, il apparaît cependant que le manque d'infrastructures limite fortement le développement des entreprises. La stratégie de diversification de la croissance repose sur le développement du capital humain, accompagné d'une amélioration comparable du volume et de la qualité du capital physique, particulièrement les infrastructures de base qui constituent le socle essentiel sur lequel se bâtit la compétitivité d'une économie. Ainsi, le développement des infrastructures qui est le fait des pouvoirs publics contribue à l'accroissement et à l'optimisation des activités des petites entreprises camerounaises. 3.3.1 Les infrastructures de transport Le réseau routier du Cameroun, d une longueur d environ 50 000 kilomètres se compose d environ 5 000 kilomètres de routes bitumées 1, 17 000 km de routes en terres modernes, le reste étant soit des routes secondaires, soit des pistes de desserte. L absence de maintenance sur une longue période a lourdement détérioré l état du réseau routier national ; d après les estimations du MINEPAT, seulement 24% des routes bitumées sont en bon état. Cette situation alourdit les charges de transport et allonge les délais de livraison. 1 Source : MINEPAT/DSCE Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 37 Il faut cependant noter que la situation tend à s améliorer avec les efforts du gouvernement à travers le Fonds Routier. De plus en plus de routes camerounaises sont praticables, surtout en dehors des saisons des pluies. Une comparaison des coûts de transport par conteneurs donne le corridor Douala-Bangui comme l un des plus coûteux de l Afrique Subsaharienne avec près de 5 dollars US par kilomètre. En considérant ces coûts sur les tronçons Douala-Bertoua ou Douala-N Gaoundéré-Garoua, on constate que le transport terrestre est un élément pesant négativement sur la compétitivité des entreprises locales. Tableau 8 : Estimation des coûts de transport par conteneur Tronçon Distance (Km) Coût ($) Coût ($ par Km.) Mombassa-Kampala 1440 3250 2.26 Dar es-salaam Kigali 1650 4980 3.02 Dar es-salaam Lusaka 2000 4230 1.76 Dar es-salaam Harare 2490 4013 1.61 Abidjan Bamako 1230 2192 1.78 Douala Bangui 1600 7900 4.94 Source : UNCTAD Secrétariat En ce qui concerne le chemin de fer, le Transcamerounais, d une longueur de 930 km, relie Douala à Ngaoundéré via Yaoundé et Belabo. Cette voie est d une importance indéniable non seulement pour le Cameroun, mais également pour certains pays de la CEMAC notamment la RCA et le Tchad. Le trafic ferroviaire a été sur une longue période perturbé par le mauvais état de cette voie. Cependant, avec l appui de la Banque Mondiale et de la Banque Européenne d Investissement, un programme d investissement a été financé pour la réhabilitation de cette voie, ce qui va permettre de réduire les coûts et les délais de transport. En ce qui concerne le transport maritime, Plus de 95% du commerce extérieur du Cameroun passe par le port de Douala. Avant la réforme, le port de Douala était considéré comme le plus coûteux de la côte Ouest-africaine. A titre d exemple, il fallait 21 jours pour décharger un container au port de Douala contre environ moins d une semaine à moyenne pour les autres ports. Cette situation a été un obstacle important dans la compétitivité des entreprises. La reforme du secteur a favorisé la création d un Guichet Unique, ce qui a eu pour conséquence l amélioration de la compétitivité de ce port. Cependant, beaucoup Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

38 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) reste encore à faire. Conscient de cette situation, le Gouvernement camerounais travaille particulièrement en synergie avec ses partenaires au développement dans le but d améliorer les performances du port de Douala. Il existe d autres ports : Kribi, Limbé et Garoua. 3.3.2 Energie L hydroélectricité représente la plus grande source d énergie au Cameroun (95%) avec les centrales hydroélectriques d Edéa, Song-Loulou et Lagdo. Les sources thermiques qui jusqu ici étaient des sources d appoint connaissent un redéploiement à cause du déficit croissant de l offre face à la demande (centrales au Fuel lourd de Limbé et Yassa). Pour améliorer l offre énergétique et promouvoir un plus grand accès à l énergie électrique, le gouvernement a procédé à : la privatisation en 2001 la société SONEL ; la création de L Agence de Régulation du Secteur de l Electricité (AR- SEL) et de l Agence d Electrification Rurale (AER) et de l Electricity Developement Corporation (EDC). Le gouvernement travaille aussi au développement de grands projets énergétiques tels que le barrage de retenue de Lom Pangar, la centrale hydroélectrique de Memve ele, la centrale à gaz de Kribi. Pour participer aux efforts du gouvernement, AES SONEL a créé une société d investissement, la Kribi Power Development Corporation (KPDC), chargée de produire, transporter et distribuer de l énergie électrique. Son premier chantier est la construction d une centrale à gaz de 216 MW à Kribi, d une ligne de transport entre Kribi et Edéa. Sa livraison est prévue fin juin 2012. Rio Tinto/Alcan projette également de construire une centrale hydroélectrique sur la Sanaga à Nachtigal dans le cadre du développement de la filière bauxitealumine-aluminium. Tout ce qui précède a déjà donné des résultats probants, mais le déficit demeure et continue à pénaliser le développement des affaires au Cameroun. On peut cependant espérer qu à terme, les objectifs visés vont combler le déficit énergétique avec un surplus pour l exportation. 3.3.3 Télécommunications Dans le souci d améliorer l offre et la qualité des services de télécommunications, le gouvernement a libéralisé le secteur. Sous la supervision de l Agence de Régulation de Télécommunications, trois réseaux de téléphonie mobile sont en service au Cameroun dont un public et Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 39 deux privés. Par exemple, les abonnés au téléphone mobile sont passés de 5 000 à près de 9 millions de puis la libéralisation. Mais le taux de pénétration des télécoms 43% au Cameroun reste en dessous de la moyenne africaine qui est de 52%. Pour ce qui est de l Internet, le taux de pénétration est de 2% en 2010, encore en dessous de la moyenne africaine (4,72%) et des pays comme le Gabon (5,76%), le Sénégal (6%). Les opérateurs trouvent encore les coûts trop élevés et les infrastructures insuffisantes. Cet état des choses est de nature à pénaliser la compétitivité des entreprises dans les TIC. Il est à espérer que de meilleurs résultats sont atteints avec le déploiement actuel de la fibre optique sur toute l étendue du territoire national. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 41 Chapitre 4 : Typologie des entreprises sur l environnement des affaires et la compétitivité Dans ce chapitre, nous allons mettre en œuvre une analyse de données approfondie pour caractériser les entreprises selon leur perception de l environnement des affaires au Cameroun. Nous allons également analyser les reformes structurelles ainsi les grands projets structurants du Gouvernement et leur impact dans le climat des affaires. 4.1 Mise en œuvre de l Analyse en Composantes Multiples (ACM) Il s agira de procéder ici, à une analyse multidimensionnelle à partir des données du RGE. L objectif poursuivi ici est d identifier les caractéristiques des entreprises (type, secteur d activité, région, etc.) selon leur perception de l environnement des affaires au Cameroun. En d autres termes, il s agira pour nous d identifier les liens de dépendance qui existent entre les variables dont nous disposons et les modalités de ces variables qui établissent un ensemble de correspondances. Afin de répondre à ces différentes questions nous procéderons par une Analyse en Composantes Multiples (ACM). Trois catégories de variables seront nécessaires pour la mise en œuvre de l ACM. Il s agira des variables relatives à : Compétitivité des entreprises Environnement des affaires Caractéristiques des entreprises Compétitivité des entreprises Afin de capter la compétitivité des entreprises nous utiliserons les variables suivantes : - le ratio Chiffre d affaire/effectif total employé. Ce ratio permet de faire la comparaison en termes de chiffre d affaire par employé, ceci afin de tenir compte de l hétérogénéité ; - Débouchés des produits ; - Opinion des chefs d entreprise sur la compétitivité des prix des produits. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

42 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Environnement des affaires A partir du recensement Général des Entreprises (RGE) les variables suivantes peuvent être prises en compte afin de capter l environnement des affaires au Cameroun : - Opinion des chefs d entreprises sur l environnement des affaires au Cameroun ; - Obstacles liés à l entreprenariat au Cameroun selon les chefs d entreprises ; - Relation entreprises-pouvoirs publics. Caractéristiques de l entreprise Entreprise - Age de l entreprise ; - Localisation ; - Forme juridique ; - Statut de l établissement ; - Type d entreprise (TPE, PME, GE) ; - Tenue d une comptabilité ; - sexe du promoteur ; - Nationalité du promoteur ; - Niveau d instruction du promoteur. 4.1.1 Résultats de l ACM Tableau 9: Histogramme des dix premières valeurs propres Numéro Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumulé 1 0,4467 18,06 18,06 2 0,1736 7,02 25,08 3 0,1091 4,41 29,49 4 0,0914 3,7 33,19 5 0,0734 2,97 36,16 6 0,0685 2,77 38,93 7 0,0667 2,69 41,62 8 0,0641 2,59 44,21 9 0,063 2,55 46,76 10 0,0584 2,36 49,12 7,02 4,41 3,7 2,97 2,77 2,69 2,59 2,55 2,36 18,06 0 10 20 Au vue des résultats ci-dessous (tableau 9) nous retiendrons le premier plan 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Rapports thématiques 43 Graphique 10 : Premier plan factoriel de l'acm Axe 1 * Axe 2 Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

44 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Avant toute interprétation, nous identifierons d abord les modalités les mieux représentées sur le plan factoriel par l analyse des contributions. Tableau 10: Les modalités les mieux représenté par le plan factoriel Axe Modalités Côté positif Côté négatif ME Oui GE Oui 25-50 ans Oui 15-25 ans Oui Industrie Oui SA Oui Masculin Oui Sans diplôme Oui Secondaire Oui Supérieur Oui Premier Axe Fiscalité Oui Production pour Camer Oui Production pour Euro Oui Production hors US Oui Production hors Nigéria Oui Défaut de débouchés Oui Pas de défaut de débouchés Oui Pdts concurrents Camer Oui Sud-Ouest Oui Douala Oui Commerce Oui Service Oui PE Oui Activité financière Oui Education Oui Supérieur Oui Fiscalité Oui ME Oui Production pour Camer Oui Production hors euro Oui Production CEMAC Oui Deuxième Production hors CEMAC Oui Axe Production hors US Oui Production hors Nigéria Oui Production hors Asie Oui Production hors Afrique Oui Défaut de débouchés Oui Pas de défaut de débouchés Oui Pdts concurrents Camer Oui Douala Oui TPE Oui Source : Nos calculs Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 45 4.1.2 Interprétations des résultats L interprétation de l ACM se fait en termes de modalités les mieux représentées sur les principaux axes factoriels. Le premier axe factoriel oppose deux groupes d entreprises : Le premier groupe comprend des moyennes et grandes entreprises constituées en SA, ayant plus de 15 ans d existence et exerçant dans l industrie. Ces entreprises sont dirigées par des hommes dont le niveau d instruction va du secondaire au supérieur, avec leur production essentiellement destinée au marché local, mais aussi à l Europe et au Nigéria. Pour ce groupe, la fiscalité constitue le premier obstacle à l entreprenariat au Cameroun. Le second groupe est constitué des très petites entreprises exerçant dans le commerce et les services dans la région de Douala. Pour ces entreprises, l accès au crédit constitue le handicap majeur à l exercice de leur activité. Le deuxième axe du plan factoriel oppose également deux groupes d entreprises : Le premier groupe est constitué des entreprises de type PE et ME, exerçant dans les branches des activités financières et de l éducation. Pour les entreprises de ce groupe, la fiscalité constitue le premier obstacle à l entreprenariat au Cameroun. le deuxième groupe est constitué des entreprises du type ME et TPE. Elles sont situées dans la région de Douala. La production de ces entreprises est destinées en grande partie à la zone CEMAC, à l Afrique et à l Asie Pour ce groupe le problème de débouchés est signalé comme le plus grand frein à la bonne marche des affaires. L analyse du plan factoriel dans son ensemble fait ressortir deux grands groupes : Le premier groupe donne un lien de causalité entre leur compétitivité et la concurrence. Pour ces entreprises dans la production est écoulée au Cameroun, les prix des produits concurrents en provenance d Europe et du Cameroun limitent leur expansion, faute de débouchés, malgré des capacités de production avérées. Le deuxième groupe est celui qui situe l environnement des affaires au Cameroun comme le plus grand obstacle leur développement, sans minimiser le fait qu un bon environnement des affaires au Cameroun rime avec une bonne relation entre les pouvoirs publics et les entreprises. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

46 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) 4.2 Les reformes et les projets structurants En vue de lever les contraintes relatives à l environnement des affaires et de promouvoir la compétitivité, les pouvoirs publics ont entrepris un certains nombre de reformes. 4.2.1 Les réformes Afin d améliorer les relations entre l administration fiscale et les entrepreneurs, une Commission paritaire a été créée en 2007. Elle est composée de responsables de l administration et de chefs d entreprises. Sa mission consiste à proposer les voies et moyens d améliorer le système fiscal camerounais, afin de mettre en place une fiscalité simple, efficace, équitable, susceptible d impulser le développement, en mesure de concilier l optimisation des ressources fiscales et l incitation à l investissement privé. Après une étude critique du système en vigueur, la Commission a proposé un certain nombre de mesures dont certaines connaissent déjà un début de mise en œuvre effective. Il s agit de : l institution d un régime fiscal particulier pour les projets structurants ; la gratuite de l établissement et du renouvellement de la carte de contribuable ; la dispense de la formalité de certification des déclarations statistiques et fiscales ; l exonération de la TVA pour les engrais et les intrants agricoles, de l élevage et de la pêche ; l exonération à la patente des entreprises nouvelles pour les deux premières années d exploitation ; la suppression de la retenue à la source de la TVA et l acompte d impôt sur le revenu par les établissements publics et les collectivités territoriales décentralisées ; la réduction de 50% à 30% du taux des pénalités de bonne foi ; la suppression de la caution au niveau de la Chambre administrative de la Cour suprême ; la mise en place de régimes fiscaux particuliers tels les contrats de partenariat public-privé, les codes minier, pétrolier et gazier ; l obligation faite à l administration fiscale de notifier ses redressements dans des délais précis sous peine de nullité de la procédure ; etc. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

D autres recommandations restent pendantes : Rapports thématiques 47 Consacrer le Code Général des Impôts comme seul référentiel en matière fiscale ; Transférer dans le livre des procédures fiscales toutes les dispositions relatives aux procédures en matière de droits d enregistrement pour une meilleure lisibilité et un accès facile à l information fiscale au Cameroun ; Supprimer les pénalités de bonne foi pour favoriser le civisme fiscal ; Mettre en œuvre le système de télé déclaration ; Agréger toutes les taxes parafiscales en un prélèvement unique dont l affectation aux différents bénéficiaires serait effectuée au niveau du Trésor Public ; Pratiquer l amortissement accéléré afin de permettre aux investissements de récupérer rapidement leurs investissements et l exonération des droits d enregistrement ; Instituer un régime de réévaluation légale des immobilisations sur une certaine périodicité afin d améliorer les capacités d emprunt ; Appliquer un taux réduit de 5% de droits de douane sur les biens d équipement destinés à l investissement ; Mettre en place auprès des instances communautaires de la CEMAC, un taux réduit de TVA pour les opérations financières, la restauration, l hébergement et les opérations immobilières. Face aux lenteurs observées dans le processus de création d entreprises au Cameroun des Centres de Formalités de Création des Entreprises sont en cours de création. Deux centres pilotes existent depuis l année 2010 dans les villes de Douala et Yaoundé. Le Centre des Formalités de Création des Entreprises (CFCE) a pour mission de faciliter les procédures de création des entreprises au Cameroun en limitant les déplacements, en raccourcissant le processus grâce au regroupement en un seul endroit de plusieurs administrations telles les Finances à travers les services des impôts, la Caisse nationale de prévoyance sociale, la justice et bien d autres. Le CFCE donne comme avantages la diminution des coûts, la diminution du nombre de pièces à fournir qui étaient totalisées à 28 et, la diminution du temps mis pour créer une entreprise qui est désormais de 72 heures au plus. C est ce qui fait qu on parle de ces Centres comme des guichets uniques. Pour améliorer les délais des opérations du commerce extérieur, réduire les tracasseries ressenties par les opérateurs économiques et booster la compétitivité de nos ports, les pouvoirs publics ont mis sur pied un Guichet Unique du Commerce Extérieur (GUCE). Il permet de réaliser sur une place unique toutes les formalités administratives relatives aux échanges extérieures. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

48 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) L'encadrement des PME pour assurer leur compétitivité passe nécessairement par un appui au développement de leurs capacités. En effet, l'ouverture des marchés et le démantèlement des frontières économiques qui se profile avec la mise en application des Accords de Partenariat Economique avec l'union Européenne nécessite de la part des PME camerounaises une structuration nouvelle afin de s'intégrer dans ce nouvel environnement et d'être compétitives au niveau international. La vulnérabilité des petites entreprises nécessite le développement des mesures de mise à niveau des activités des PME et de formation des promoteurs. Les mesures de soutien en direction des PME visent en effet un appui multiforme pour promouvoir une dynamique de norme et qualité au sein des PME, vulgariser et mettre à la disposition des PME l'information à caractère industriel, commercial, économique, professionnel et technologique relative aux secteurs d'activité identifiés. Dans ce sens, le développement du potentiel des PME camerounaises leur permet de mettre en œuvre des sous-traitances obtenues des grandes entreprises, et diversifier leurs domaines d'activité stratégique. La soustraitance apparaît en effet comme un moyen de compétitivité et de développement des activités des PME dans un marché dominé par les grandes entreprises. 2 Certaines PME camerounaises comme CEGELEC, opérant dans le secteur de l'électromécanique a pour principal marché les grandes entreprises dont elle est un sous-traitant. Dans cette logique un appui institutionnel peut porter sur le développement des partenariats avec les grandes entreprises pour la mise en œuvre des activités de sous-traitance en faveur des PME évoluant dans des domaines d'activité clairement identifiés. Au Cameroun, les mesures de mise à niveau des PME sont principalement développées par le MINPMEESA et le MINIMIDT, et s'orientent vers les besoins d'appui au financement, à l'amélioration de la production, le respect des normes et qualité, la formation des ressources humaines adaptées au domaine d'activité, le renforcement des capacités managériales des dirigeants, et surtout le développement des infrastructures favorisant l'accès des PME aux marchés, de même que faciliter la participation des PME camerounaises à des fora nationaux et internationaux afin qu'elle développent des possibilités d'internationaliser leurs activités. 4.2.2 Les projets structurants au Cameroun Confronté à un coût élevé des facteurs de production, à une offre énergétique insuffisante, à une faible densité du réseau routier, à un manque d efficience des services portuaires, au chômage galopant, le Gouvernement a programmé 2 Jean Ngandjeu, L'Afrique contre son indépendance économique, diagnostic de la crise actuelle, L'harmattan, Paris 1988, p.217 Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 49 la réalisation de nombreux projets structurants. Le tableau ci-dessous récapitule les principaux parmi ceux-ci. Tableau 11 : Principaux projets structurants identifiés au Cameroun Intitulé du projet Infrastructures Coût total (en millions de USD) Deuxième pont sur le Wouri 229 Autoroute Douala-Yaoundé 952 Construction et gestion du port en eaux profondes de Limbé 952 Construction du port en eaux profondes de Kribi 410 Construction et gestion des terminaux du port de Kribi 952 Réhabilitation des accès Ouest et Est de Douala 152 Construction de la route Bamenda-Enugu (Nigéria) 152 Construction de 1000 Km de chemin de fer 67 Rénovation de l aéroport de Douala 101 Autoroute Yaoundé-Aéroport de Nsimalen 1,143 Construction du yard pétrolier de Limbé 103 Energie Barrage hydroélectrique de Memve le 895 Barrage de retenue de Lom Pangar 335 Centrale à Gaz de Kribi 286 Mines et métallurgie Usine d aluminium de Kribi 8,381 Mines de minerais de fer de Mbalam 2,381 Extension de l usine ALUCAM d Edéa 1,238 Télécoms et autres Déploiement du réseau fibre optique 810 Usines d engrais chimiques 1,874 Usine de ciment de Limbé 38 Source : ADE, Elaboration de la politique de compétitivité au Cameroun, Août 2010 Certains de ces projets connaissent un début d réalisation, d autres ont un niveau d études et de recherche de financement bien avancé. Leur réalisation constituera à n en point douter une avancée significative dans la marche vers l émergence de l économie camerounaise. Les nouvelles infrastructures, l augmentation de l offre énergétique et des services de TIC contribueront pour leur part à une nette amélioration de la compétitivité des entreprises camerounaises. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

50 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Conclusion L influence de l environnement des affaires sur la compétitivité des entreprises est perceptible tout au long de ce rapport. Un bon environnement des affaires favorise la compétitivité tandis qu un mauvais environnement la pénalise. Ayant constaté que l environnement des affaires au Cameroun n était pas si propice à la compétitivité des entreprises, le gouvernement et les autres acteurs du développement sont attelés à une reforme de cet environnement. L expérience montre cependant que toute réforme est un processus complexe qui se déroule à plusieurs niveaux. Ce processus repose sur un dialogue public privé qui a permis de poser un diagnostic objectif et d adopter une batterie de mesures dont les effets positifs sont déjà perceptibles dans les milieux d affaires au Cameroun. Pour ce qui est de la compétitivité, le Comité de Compétitivité est en train de mettre en place un indicateur qui permettra de mesurer l impact des mesures qui sont en train d être mises en œuvre. L objectif visé étant d améliorer l'environnement des affaires et le rapprocher des standards internationaux afin de faire du Cameroun une zone attractive pour les investissements nationaux et internationaux, y compris de ceux de la Diaspora Comme le prévoit le DSCE. Il est donc souhaitable que le processus des reformes en cours s étende à tous les domaines touchant la vie des entreprises. En plus, la mise en œuvre des mesures prises gagnerait à être accélérée, ainsi que le démarrage effectif des projets structurants porteurs de beaucoup d espoirs en matière de croissance et de création d emplois. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 51 Bibliographie Alioum Sall (2000), Compétitivité future des économies africaines, édition KARTHALA, janvier 2000 ; Banque Mondiale (2010) Doing Business 2010, Banque Africaine de Développement (2009) Cameroun, Document de stratégie Pays 2010-2014, octobre 2009 ; République du Cameroun (2009), Document de Stratégie pour la Croissance et l Emploi, Août 2009 ; Groupement Inter patronal du Cameroun (2010), l environnement des affaires au Cameroun, juillet 2010 ; Aide A la Décision (2010), Elaboration de la politique de compétitivité au Cameroun, Août 2010 ; Commission Economique pour l Afrique (2003), les économies d Afrique Centrale 2003 ; Comité de compétitivité/gtz (2003), Etude diagnostique de la compétitivité de l'économie camerounaise, Volume 1, Yaoundé 2003. Jean Ngandjeu (1988), L'Afrique contre son indépendance économique, diagnostic de la crise actuelle, L'harmattan, Paris 1988, p.217 Conseil Economique et Social, Promotion et financement des PME nationales. GTZ-SNV-GICAM (2008, Enquête sur le climat des investissements et affaires au Cameroun, principaux résultats. Partie I : Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises

Rapports thématiques 53 Partie II. Etat de l industrie camerounaise Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 55 Résumé La contribution du secteur secondaire dans le PIB du Cameroun est en ne ralentissement depuis le début des années 2000. Elle est en baisse de près de 5 points entre la période 2000-2004 et 2005-2009 au profit du secteur tertiaire. Cette situation découle non seulement de la structuration et les caractéristiques des entreprises industrielles mais d une manière générale de l environnement des affaires au Cameroun. Le secteur de l industrie camerounaise comprend 11 685 entreprises et caractérisé par une prédominance des TPE (9 917) soit un pourcentage de près de 85%. Les GE quant à elles représentent un peu plus de 2%. Le sous-secteur de «textiles, confections, cuirs et chaussures» est dominant et regroupe 54,7% des entreprises. Dans les GE, on retrouve 25% d entreprises d «alimentation, boisson et tabac», 18% d «d industrie de bois, papier, imprimerie et édition», 17% d «entreprises de chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique». Le secteur industriel a généré en 2008 un chiffre d affaires de 3 502,7 milliards de FCFA et emploient 87 889 travailleurs. En 2008, 922 entreprises industrielles seulement sur 11 685 (soit 8% des effectifs) ont effectué des investissements pour un montant global de 351 milliards de francs CFA. Les grandes industries, malgré leur faible nombre (9% des industries ayant investi) ont réalisé 75% du montant total de ces investissements. La productivité apparente du travail est globalement ascendante sur les années récentes dans le secteur secondaire. Cette tendance est largement perceptible dans la plupart des sous-secteurs. Cependant des augmentations remarquables sont par ailleurs relevées dans les sous-secteurs de la «métallurgie, appareils mécaniques et électriques», et de l «extraction». La productivité totale des facteurs dans le secteur secondaire présente des années de croissance qui alternent avec les années de baisse d amplitudes situées entre 3% et 4%. S agissant de la rémunération du capital et du travail, les résultats économétriques montrent qu ils se situent respectivement à un peu plus de 60% et autour de 40%. Il ressort ainsi que le coefficient du capital est supérieur à celui du travail. En ce qui concerne la compétitivité des entreprises industrielles, l on relève qu un haut niveau d utilisation des capacités de production est positivement associé aux types d entreprises, et aux secteurs d activités. Par contre le niveau d éducation du dirigeant, à l ancienneté ont une influence négative sur le taux d utilisation des capacités de production. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

56 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Présentation La présence des produits de l industrie camerounaise sur les marchés internationaux constitue à l ère de la mondialisation des économies, l une des principales clés de l émergence du pays. Pour atteindre cet objectif à l horizon 2035, un certain nombre de contraintes doivent être levées, des choix hardis de politique industrielle opérés - à l instar des programmes et projets inscrits dans la politique des grandes ambitions-, et des mesures destinées à accroître la productivité des facteurs et la productivité globale de l économie mises en œuvre. Le développement de l industrie, secteur à forte productivité devrait impulser la croissance globale du PIB, par l attraction et une meilleure réallocation des facteurs des secteurs à faible productivité. Dans les lignes qui suivent, nous tentons de présenter dans les chapitres 1 à 5, un dossier statistique de l industrie camerounaise : - ses caractéristiques, - son environnement, - et ses contraintes, puis nous examinons dans les chapitres 6, 7 et 8 les performances et principales variables de compétitivité microéconomiques et macroéconomiques ainsi que les paramètres de compétitivité globale ; Enfin dans le chapitre 9, nous nous appesantiront sur la situation du marché financier et des investissements au Cameroun, en mettant en exergue les déterminants d une croissance forte et autoentretenue pour un Cameroun émergent à l horizon balisé par le DSCE. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 57 Chapitre 1 : Contexte et politiques d industrialisation 1.1 Contexte économique actuel : mondialisation, ouverture aux APE, défis du secteur industriel La rapide libéralisation des échanges internationaux qu introduisent les différentes sessions des négociations multilatérales aboutit à la création de l OMC en 1995 qui outre les accords sur les échanges de marchandises lesquels étaient l apanage du GATT de 1947, ouvre les accords sur les échanges internationaux sur 5 nouveaux domaines : - L Accord cadre sur l OMC ; - L AGCS, Accord Général sur les Echanges de Services ; - L ADPIC, qui porte sur la Propriété Intellectuelle ; - Accord sur le Règlement des Différends ; - Accord sur l examen des Politiques Commerciales. Ces évolutions s accompagnent au niveau des pays par le démantèlement des tarifs douaniers et la dérèglementation rapide des marchés des capitaux. Ces changements institutionnels soutenus par le développement sans précédent des nouvelles technologies de l information et de la communication, se traduisent rapidement par l amplification de la circulation des biens et services, des capitaux, des compétences mais aussi et surtout par l accélération des délocalisations transfrontières des processus de production. Dans le monde et de manière concomitante, les espaces économiques se recomposent ; les pays Nord-Américains se regroupent au sein de l ALENA (Espace de libre Echange Nord-Américain) ; l Europe s étend à 27 pays et ouvre des cadres d échanges privilégiés : les APE (Accords de Partenariat Economique) avec les pays ACP, etc. Par la mise en place de l AGOA (African Growth and Opportunity Act), les Etats-Unis d Amérique élargissent les horizons des entreprises africaines pour lesquelles l entrée sur le marché américain est exempté de droits de douanes pour 1 800 nouvelles positions tarifaires du SH en plus des 4 600 disponibles sous le SGP (Système Généralisé des Préférences). Les nouvelles positions portent sur le textile et articles vestimentaires, les vins et jus de fruits, les chaussures, cuirs et articles de maroquineries, etc. De plus, de nouveaux défis se dressent, à l instar de la crise financière internationale qui a plongé l économie mondiale dans un ralentissement profond faisant Partie II : Etat de l industrie camerounaises

58 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) passer les perspectives de croissance en 2009 de 3,5% à 0,5%. La turbulence des marchés financiers à la suite de la bulle immobilière aux Etats-Unis a pratiquement inversé les flux des capitaux sur les marchés financiers africains, créé un climat d incertitude sur les marchés américains et européens des fonds prêtables, et entrainé la baisse de la demande globale au niveau mondial, y compris la demande des produits d exportation. Les cours des matières premières ont ainsi chuté : pétrole, bois, etc. se traduisant par des manques à gagner en matière des recettes d exportation et des difficultés au niveau des ressources budgétaires. Des mesures vigoureuses et énergiques mises en œuvre tant aux Etats-Unis qu en Europe ont été heureuses et ont permis d enrayer la spirale à la baisse. L économie mondiale a ainsi observé une reprise rapide dès l année 2010. Dans ce contexte de compétitivité mondiale portée à son plus haut niveau, les économies africaines fragmentées et dont les bases de production restent cantonnées aux produits primaires à faibles contenus technologiques, de valeurs ajoutées dérisoires et dont les cours ont en moyenne pratiquement été divisés par 4 depuis le début des années 1970, se trouvent fortement interpellées à engager des politiques industrielles ambitieuses en réponse à ces nouveaux défis ou alors à se désindustrialiser et à se désintégrer. 1.2 Principales phases et perspectives du développement industriel au Cameroun Dans les différents plans de développement (1 er au 4 ème plan) jusqu en 1979, la politique industrielle du Cameroun s appuie fortement sur la stratégie de substitution aux importations. Elle a conduit à la création de nombreux emplois, l investissement, et à l élargissement de la base de production. Mais beaucoup d industries notamment les entreprises publiques se sont développées à l abri des dispositifs conférant des protections effectives très élevées : technologies obsolètes, main d œuvre pléthorique, etc. L émergence du pétrole sur la période 1980 1985 conduit à des changements structurels importants ; l Etat se profile davantage comme le principal acteur économique. La crise économique de 1986/87 provoquée par la chute drastique des cours des principaux produits primaires d exportation et du dollar américain, monnaie dans laquelle sont libellées les recettes d exportations, a conduit à la libéralisation tant de l économie interne qu externe, politique censée conduire au développement rapide des secteurs des biens échangeables bénéficiant de l allocation privilégiée des facteurs de production au détriment des biens nonéchangeables. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 59 La politique de promotion des exportations qui s ouvre ainsi dès le début des années 1990, alliée à des réformes institutionnelles d accompagnement : Charte des investissements, zones franches industrielles, Loi sur la concurrence, etc. produit des résultats encourageants au lendemain de la dévaluation de 1994. Mais l impulsion de 1994 semble depuis 1999 rapidement amortie comme butant sur des contraintes plus structurelles. Des réformes profondes s imposent et sont entreprises dans le cadre des travaux de planification aussi bien au niveau national qu au niveau Sous-Régional (CEMAC) : - Au niveau national : Le document de prospective économique : Vision 2035, ambitionne de faire du Cameroun un pays émergent à l horizon 2035 ; ce qui requiert que le secteur secondaire atteigne au moins 40% du PIB, le secteur manufacturier 23% environ et que les exportations de produits transformés à haute densité technologiques soient prépondérants dans les échanges. Dans cette perspective, il est prévu des réformes institutionnelles y compris le climat des affaires et la gouvernance, une stratégie appropriée de formation des ressources humaines, le développement des infrastructures de communication, de télécommunication, et infrastructures énergétiques, et la promotion des filières à forts potentiels : Agro-industrie, industries du bois et produits dérivés ; industrie du textile, de la confection et du cuir ; industries extractives ; industries métallurgiques ; industries chimiques et pétrochimiques ; industries des matériaux de construction. Le DSCE qui est la première traduction à moyen terme de la Vision 2035 s attaque à un certain nombre de problèmes : Institutionnels : climat des affaires, création d entreprises, etc. ; De recherche - développement De facilitation des échanges extérieurs Etc. - Sur le plan régional, La stratégie de Développement au niveau de la CEMAC ambitionne de «Faire de la CEMAC en 2025 un espace économique intégré émergent, où règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain». Les programmes de développement prévus s articulent autour de six pôles économiques fondés sur les avantages comparatifs régionaux. Le Cameroun participe à 4 des 6 pôles dont : - Le pôle «GNL (Gaz Naturel Liquéfié) et Pétrochimie», Partie II : Etat de l industrie camerounaises

60 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) - Le pôle Aluminium, avec l exploitation de la bauxite de l Adamaoua, la construction d un grand port abritant une usine de production d aluminium de rang mondial (Kribi); en aval, une plateforme industrielle produisant divers matériaux de construction et de produits de revêtement, notamment pour le marché régional du BTP (bacs alu et profilés, armatures, produits de revêtement ), - Le pôle Acier - Ferro-alliages, avec une à deux usines sidérurgiques produisant minerai de fer réduit (DRI), acier et alliages de fer et en aval, des PME fabriquant une diversité de matériaux de construction métalliques notamment pour les marchés de BTP et d infrastructures (fer à béton, armatures, produits galvanisés, matériel agricole, ), - et le pôle Agroindustriel des savanes. Graphique 1 : Cartographie des six Pôles Economiques Régionaux (PER) CE- MAC Ces Pôles régionaux s intègrent parfaitement dans le programme des grandes ambitions du Chef de l Etat, programme comportant un certain nombre de grands projets d ancrage relevant tant des secteurs stratégiques transversaux : - Infrastructures Portuaires et de Transport, - infrastructures énergétiques, etc., que de secteurs d activités clés : - Mines, - Agriculture et Agro-industries, etc. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 61 1.3 Poids de l industrie dans l économie Suite à la dévaluation de 1994, la valeur ajoutée du secteur secondaire s est rapidement renforcée, tirée principalement par les industries de transformation des produits de base : bois sciés, etc. et les autres industries manufacturières : Textile et Confection, etc. Mais l impulsion reçue début 1994, se trouve presqu entièrement amortie rendue fin 1999. Depuis le début de l année 2000, le PIB du secteur secondaire, se situe au dessus de 2 200 Milliards de FCFA. Après un accroissement de 4% en moyenne entre 2000-2004, il se stabilise sur la période quinquennale ultérieure ; la dérive de la production pétrolière est plus que compensée par des résultats remarquables dans le secteur manufacturier : +7,2% entre 2000 et 2004 et +2,1% entre 2005 et 2009, résultat qui s inscrit cependant en ralentissement net par rapport à la période antérieure. Tableau 1 : PIB par secteur (en Milliards de F CFA) Libellé 1993-1994 1995-1999 2000-2004 2005-2009 Secteur primaire 1 021 1 176 1 458 1 760 Secteur secondaire 1 805 1 908 2 234 2 241 Industries extractives 782 711 648 502 dont extraction d'hydrocarbures 779 704 637 490 Industries Manufacturières 930 1 064 1 405 1 529 Industries Agro-alimentaires 317 377 491 511 Autres Industries manufacturières 575 640 860 954 Electricité, gaz et eau 39 47 53 64 BTP 93 133 181 210 Secteur tertiaire 1 361 1 704 2 353 3 016 Total VA non marchande 458 501 630 765 Impôts et taxes nets des Subventions 358 520 513 646 PIB 5 003 5 809 7 189 8 428 Source : INS, Comptes Nationaux Partie II : Etat de l industrie camerounaises

62 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 2 : taux de croissance moyen (en %) Libellé 1993-1994 1995-1999 2000-2004 2005-2009 Secteur primaire 3,6 5,5 4,8 Secteur secondaire 1,4 4,0 0,1 Industries extractives -2,4-2,3-6,2 dont extraction d'hydrocarbures -2,5-2,5-6,4 Industries Manufacturières 3,4 7,2 2,1 Industries Agro-alimentaires 4,4 6,9 1,0 Autres Industries manufacturières 2,7 7,7 2,6 Electricité, gaz et eau 5,2 3,1 4,4 BTP 9,4 8,0 3,9 Secteur tertiaire 5,8 8,4 6,4 Total VA non marchande 2,2 5,9 5,0 Impôts et taxes nets des Subventions 9,8-0,4 6,0 PIB 3,8 5,5 4,1 Source : INS, Comptes Nationaux Depuis 1993, la part du secteur secondaire dans le PIB en baisse constante est de : 36,1% en 1993/94 ; 31,1% en 2000-2004 puis 26,6% sur la période 2005-2009 reflétant notamment l épuisement des puits de pétrole en exploitation ; au sein de cette composante, les industries manufacturières orientées principalement vers le marché intérieur stabilisent leur quota autour de 18-20% du PIB. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Tableau 3 : structure du PIB (en %) Libellé 1993-1994 1995-1999 Rapports thématiques 63 2000-2004 2005-2009 Secteur primaire 20,4 20,2 20,3 20,9 Secteur secondaire 36,1 32,8 31,1 26,6 Industries extractives 15,6 12,2 9,0 6,0 dont extraction d'hydrocarbures 15,6 12,1 8,9 5,8 Industries Manufacturières 18,6 18,3 19,5 18,1 Industries Agro-alimentaires 6,3 6,5 6,8 6,1 Autres Industries manufacturières 11,5 11,0 12,0 11,3 Electricité, gaz et eau 0,8 0,8 0,7 0,8 BTP 1,9 2,3 2,5 2,5 Secteur tertiaire 27,2 29,3 32,7 35,8 Total VA non marchande 9,2 8,6 8,8 9,1 Impôts et taxes nets des Subventions 7,2 9,0 7,1 7,7 PIB 100,0 100,0 100,0 100,0 Source : INS, Comptes Nationaux 1.4 Structure comparée du PIB d un certain nombre de pays Africains. L année 2007, le poids du secteur secondaire est sensiblement le même : 29% pour le Cameroun, le Maroc et dans une certaine mesure la Côte d Ivoire (26,1%). Il est beaucoup plus élevé au Nigeria : 39,4% sans doute du fait de l importance de l activité d extraction pétrolière pour laquelle le Nigeria est le 1 er producteur Africain. Au Kenya et au Sénégal où les activités extractives sont limitées aux pierres, sable pour la construction et dans une certaine mesure phosphate au Sénégal, le poids du secondaire dans l ensemble est relativement faible : 19 et 22,1% respectivement. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

64 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 4 : structure du PIB dans quelques pays (en %) 2007 Agriculture Industrie Services Cameroun 19,4 29,0 51,6 Côte d'ivoire 23,4 26,1 50,5 Ghana 36,3 25,3 38,4 Kenya 22,7 19,0 58,2 Maroc 12,4 29,0 58,5 Nigeria 32,5 39,4 28,0 Sénégal 14,7 22,1 63,2 Source : Rapport sur l'activité en Afrique du World Economic Forum, 2009 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Chapitre 2 : Caractéristiques des entreprises Rapports thématiques 65 2.1 Typologie des entreprises industrielles Au Cameroun, il n existe pas encore une définition officielle présidant à la typologie des entreprises. Chaque Service Public propose pour les besoins de ses propres travaux, une désagrégation des entreprises suivant les tranches de tailles jugées pertinentes. Deux définitions semblent cependant se démarquer actuellement sur l échiquier national : - Celle de l Institut National de la Statistique(INS) ; - Et celle du Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l Economie Sociale et de l Artisanat(MINPMEESA). L INS opère la classification des unités de production sur deux critères : les effectifs employés et le Chiffre d Affaires. Alors que le MINPMEESA y adjoint le critère d Investissement initial qui au demeurant reproduit les tranches de Chiffre d Affaires. Typologie des Entreprises (INS) - TPE, Très Petite Entreprise Emploi < 5 personnes Chiffre d Affaires<= 15 Millions de F CFA - PE, Petite Entreprise 6<= Emploi < 20 personnes 15<=Chiffre d Affaires< 100 Millions de F CFA - ME, Moyenne Entreprise 21<= Emploi < 100 personnes 100<=Chiffre d Affaires< 1 Milliards de F CFA - GE, Grande Entreprise Emploi >100 personnes Chiffre d Affaires>1 Milliards de F CFA Les deux définitions subdivisent toutes les entreprise en 4 classes et utilisent les mêmes terminologies sauf dans le cas des Très Petites Entreprises (TPE), dé- Partie II : Etat de l industrie camerounaises

66 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) nommée Micro Entreprises par le MINPMEESA. Bien que globalement compatibles en ce qui concerne les effectifs employés (sauf pour les grandes unités), les deux définitions diffèrent sensiblement pour le découpage en classes de CA. La typologie utilisée dans le présent document est celle de l INS. L on dénombre en 2008, 11 685 entreprises industrielles au Cameroun dont 85% soit 9 917 unités sont des Très Petites Entreprises (TPE) et 7% soit 793 unités sont constituées de Petites Entreprises (PE). Les moyennes et grandes entreprises : 715 et 260 respectivement représentent 6,1% et 2,2% seulement de l ensemble des entreprises. Tableau 5 : Critères MINPMEESA de la PME Micro Entreprise Petite Entreprise Moyenne Entreprise Grande Entreprise Effectifs Employés 0-5 5-20 20-50 Plus de 50 Investissement Initial (F CFA) Jusqu à 200 000 F CFA Jusqu à 500 000 F Jusqu à un Milliard Plus d un Milliard Chiffre d Affaires Jusqu à 500 000 F CFA Jusqu à 500 000 F CFA Jusqu à un Milliard Plus d un Milliard Source : MINPMEESA La répartition selon le secteur d activité, laisse apparaître : - une surreprésentation de la branche textile, cuir et chaussure : 6 387 unités de production totalisant 54,7% des entreprises recensées, lesquelles sont par ailleurs à hauteur de 98,4% situées dans la tranche de taille la plus faible des Très Petites Entreprises (TPE), - suivie dans une certaine mesure les autres industries manufacturières : 1600 unités regroupées pour plus de 99% dans la strate des très petites et petites entreprises - et des industries du bois et papier : 1084 entreprises parmi lesquelles 71,1% sont des TPE. L activité des moyennes et grandes entreprises est principalement localisée dans les branches de haute technologie de - l Extraction d Hydrocarbures : 56% des effectifs des unités opérant dans la branche, - de la chimie et du raffinage : 58,4% des unités, ainsi que de la distribution d eau et d électricité : 55, 4% de la branche. Celles-ci sont à contrario peu présentes dans - le Textile et confection 0,1% des effectifs de la branche - les Industries du Bois et la Métallurgie : 2,3% et 4,7% respectivement. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 67 Tableau 6 : Répartitions des entreprises selon la taille et la classe/ branche d'activité Nombre d'entreprises TPE PE ME GE Industries extractives 25 6 5 5 9 Alimentation, boisson et tabac 695 365 112 154 64 Textiles, confection, cuirs et chaussures Industrie du bois, papier, imprimerie et édition Chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique Matériaux de construction, métallurgie et fonderies Ouvrages métalliques, appareils électriques et matériels de transport 6 387 6 287 83 12 5 1 084 771 104 163 46 92 19 10 20 43 956 749 48 137 22 108 58 14 28 8 Autres industries manufacturières 1 600 1 358 231 7 4 Electricité, gaz et eau 74 24 9 13 28 Construction 664 280 177 176 31 Total 11 685 9 917 793 715 260 Source : INS/RGE 2009 Tableau 7 : structure (en %) des entreprises industrielles selon la classe/branche d'activité Nombre TPE PE ME GE Partie II : Etat de l industrie camerounaises

68 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) d'entreprises Industries extractives 0,2 0,1 0,6 0,7 3,5 Alimentation, boisson et tabac 5,9 3,7 14,1 21,5 24,6 Textiles, confection, cuirs et chaussures Industrie du bois, papier, imprimerie et édition Chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique Matériaux de construction, métallurgie et fonderies Ouvrages métalliques, appareils électriques et matériels de transport 54,7 63,4 10,5 1,7 1,9 9,3 7,8 13,1 22,8 17,7 0,8 0,2 1,3 2,8 16,5 8,2 7,6 6,1 19,2 8,5 0,9 0,6 1,8 3,9 3,1 Autres industries manufacturières 13,7 13,7 29,1 1,0 1,5 Electricité, gaz et eau 0,6 0,2 1,1 1,8 10,8 Construction 5,7 2,8 22,3 24,6 11,9 Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Source : INS/RGE 2009 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 69 Tableau 8 : structure (en %) des entreprises industrielles selon le type d entreprise par classe/branche d activité Total TPE PE ME GE Industries extractives 100,0 24,0 20,0 20,0 36,0 Alimentation, boisson et tabac 100,0 52,5 16,1 22,2 9,2 Textiles, confection, cuirs et chaussures Industrie du bois, papier, imprimerie et édition Chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique Matériaux de construction, métallurgie et fonderies Ouvrages métalliques, appareils électriques et matériels de transport 100,0 98,4 1,3 0,2 0,1 100,0 71,1 9,6 15,0 4,2 100,0 20,7 10,9 21,7 46,7 100,0 78,3 5,0 14,3 2,3 100,0 53,7 13,0 25,9 7,4 Autres industries manufacturières 100,0 84,9 14,4 0,4 0,3 Electricité, gaz et eau 100,0 32,4 12,2 17,6 37,8 Construction 100,0 42,2 26,7 26,5 4,7 Total 100,0 84,9 6,8 6,1 2,2 Source : INS/RGE 2009 2.2 Poids des entreprises industrielles dans l activité Les ventes des 11 685 entreprises industrielles du Cameroun se chiffrent à 3 502,7 Milliards de F CFA et représentent 34% des 10 225 Milliards du Chiffre d Affaires global tous secteurs confondus au niveau national, pour des effectifs employés de 87 889. Elles sont réalisées à hauteur de 33,6% dans le secteur de la chimie et du raffinage par 0,8% des entreprises pour 11,9% des effectifs employés et à concurrence de 16,7% et 12,4% dans les secteurs des industries alimentaires et des industries extractives par 5,9 et 0,2% des entreprises pour 22,1% et 1,3% de l emploi respectivement. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

70 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) 2.2.1 Chiffre d Affaires. Les 11 685 unités de production recensées emploient 87 889 personnes, pour un Chiffre d Affaires de plus de 3 500 Milliards de F CFA. Le textile et confection qui regroupe plus de la moitié des unités productrices du pays ne représente que 2,8% du chiffre d affaires industriel mais 16,1% de l emploi. Les industries du bois et de l imprimerie qui regroupent près de 10% des entreprises et procurent 13,7% de l emploi industriel, ne représentent que 6,7% du Chiffres d Affaires global. L emploi est inégalement réparti entre les hommes et les femmes. Ces dernières occupent seulement 21% des postes dans l industrie. Elles exercent pour plus de moitié dans les secteurs de la confection et des industries alimentaires. Tableau 9 : chiffre d affaires et effectif des employés des entreprises industrielles Nombre d entreprises Chiffre d'affaires en Milliards FCFA Effectifs des employés Effectifs des employés femmes Industries extractives 25 434,3 1 162 209 Alimentation, boisson et tabac 695 583,9 19 447 4 239 Textiles, confection, cuirs et chaussures 6 387 99,1 14 162 4 856 Industrie du bois, papier, imprimerie et édition Chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique Matériaux de construction, métallurgie et fonderies Ouvrages métalliques, appareils électriques et matériels de transport 1 084 235,1 12 043 1 378 92 1 177,5 10 481 1 424 184 129,0 1 756 118 880 310,7 6 808 1 974 Autres industries manufacturières 1 600 30,0 4 743 400 Electricité, gaz et eau 74 275,0 8 530 2 152 Construction 664 228,2 8 757 1 368 Total 11 685 3 502,7 87 889 18 118 Source : INS/RGE 2009 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 71 Tableau 10 : structure (en %) du chiffre d affaires et des employés des entreprises industrielle Chiffre d'affaires Employés Employés femmes Industries extractives 12,4 1,3 1,2 Alimentation, boisson et tabac 16,7 22,1 23,4 Textiles, confection, cuirs et chaussures 2,8 16,1 26,8 Industrie du bois, papier, imprimerie et édition Chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique Matériaux de construction, métallurgie et fonderies Ouvrages métalliques, appareils électriques et matériels de transport 6,7 13,7 7,6 33,6 11,9 7,9 3,7 2,0 0,7 8,9 7,7 10,9 Autres industries manufacturières 0,9 5,4 2,2 Electricité, gaz et eau 7,9 9,7 11,9 Construction 6,5 10,0 7,6 Total 100,0 100,0 100,0 Source : INS/RGE 2009 2.2.2 Valeur Ajoutée Suite à la dévaluation de 1994, la valeur ajoutée du secteur secondaire s est sensiblement accrue entre 1996 et 1999 et s est stabilisée depuis l année 2000 autour de 2200 Milliards de FCFA. La croissance du PIB est principalement tirée par le secteur tertiaire depuis début 2000 et à partir de 2007 par le secteur Tertiaire et le secteur Agricole. Les évolutions sont dans l ensemble d amplitudes extrêmement modérées se situant entre 2% et 4%. 2.3 Répartition des entreprises industrielles par région En dehors de l industrie du textile et de la confection ainsi que celle de la fabrication des meubles et activités de fabrication non citées ailleurs qui sont assez bien représentées dans chaque Région, les différentes catégories d industries sont inégalement réparties sur le territoire national. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

72 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Douala et Yaoundé concentrent à eux seuls 59% des entreprises industrielles soit 6 906 unités. Ces deux agglomérations sont les lieux privilégiés d établissement des Moyennes et Grandes entreprises : 80,6% et 78,5% de l ensemble respectivement pour ces strates. Hormis Douala et Yaoundé (57% des unités), les TPE constituent plus de 10% des effectifs nationaux dans les Régions du Nord-Ouest, de l Ouest et dans une certaine mesure du Sud Ouest. Par ailleurs l Ouest compte 10,3% de l ensemble des Petites Entreprises et le Sud - Ouest 6,5%. Dans les autres Régions, les pourcentages sont inférieurs à 4% avec une valeur modale proche de 2%. Tableau 11: répartitions des industries camerounaises sièges selon la région et le type d entreprise Région TPE PE ME GE Ensemble Douala 2 975 240 368 166 3 749 Yaoundé 2 632 279 208 38 3 157 Adamaoua 193 12 10 2 217 Centre 112 17 18 15 162 Est 66 9 6 1 82 Extrême-Nord 157 12 8 3 180 Littoral 112 25 13 10 160 Nord 331 32 23 3 389 Nord-ouest 1 026 19 15 4 1 064 Ouest 1 184 82 32 11 1 309 Sud 191 12 6 2 211 Sud-Ouest 938 54 8 5 1 005 Ensemble 9 917 793 715 260 11 685 Source : INS/RGE 2009 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 73 Tableau 12: répartitions (en %) des entreprises industrielles camerounaises sièges selon la région et le type d entreprise Région TPE PE ME GE Ensemble Douala 30,0 30,3 51,5 63,8 32,1 Yaoundé 26,5 35,2 29,1 14,6 27,0 Adamaoua 1,9 1,5 1,4 0,8 1,9 Centre 1,1 2,1 2,5 5,8 1,4 Est 0,7 1,1 0,8 0,4 0,7 Extrême-Nord 1,6 1,5 1,1 1,2 1,5 Littoral 1,1 3,2 1,8 3,8 1,4 Nord 3,3 4,0 3,2 1,2 3,3 Nord-ouest 10,3 2,4 2,1 1,5 9,1 Ouest 11,9 10,3 4,5 4,2 11,2 Sud 1,9 1,5 0,8 0,8 1,8 Sud -Ouest 9,5 6,8 1,1 1,9 8,6 Ensemble 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Source : INS/RGE 2009 2.4 Le capital social des entreprises industrielles 92,2% des entreprises industrielles appartiennent aux camerounais. Plus de la moitié de ces unités relèvent de l industrie du textile et de la confection. Par rapport aux effectifs employés, les industries à capital majoritairement camerounais emploient 54,8% du personnel contre 30,0% pour les entreprises industrielles contrôlées par les étrangers. La répartition des unités selon la taille, laisse apparaître que 90,3% des industries détenues par les camerounais sont des très petites unités. Dans la tranche des ME et GE, le nombre des entreprises à capitaux camerounais est 3,7 fois plus élevé pour des emplois créés à peine comparables : 24 000 postes de travail environ dans chaque cas. Ils investissent ainsi, pour l essentiel dans les segments à faible intensité de capital, requérant des financements relativement modiques. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

74 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 13 : répartitions des entreprises selon la source du capital social et le type d entreprise Capital social Type d entreprises Majoritairement Camerounais Nombre d'entreprises Effectif total des employés permanents en 2008 Majoritairement étranger Nombre d'entreprises Effectif total des employés permanents en 2008 Non déclaré Nombre d'entreprises Effectif total des employés permanents en 2008 TPE 9 733 19 898 166 683 18 34 PE 562 3 403 39 421 192 1 106 ME 370 5 274 50 1 403 295 4 460 GE 110 19 616 80 23 837 70 7 754 Ensemble 10 775 48 191 335 26 344 575 13 354 Source : INS/RGE 2009 2.5 Survie des entreprises industrielles Sur la période antérieure à 1997, la survie des entreprises industrielles à capitaux majoritairement camerounais est environ deux fois moins bonne que celle des entreprises étrangères. Sur la période 1994-1996 qui est celle de la dévaluation du FCFA le décalage des taux de survie est beaucoup plus important ; les entrepreneurs camerounais ayant moins bien perçu les ajustements sectoriels induits par la dévaluation du FCFA du fait sans doute du faible niveau relatif de formation. Depuis la sortie de crise en 1997, période relativement stable, la survie des industries à capitaux camerounais semble élevée et apparaît d intensité comparable à celle des unités de production réalisées sur capitaux étrangers. La courbe de survie des entreprises industrielles s ajuste bien à une courbe de tendance d allure logistique. Les créations récentes qui remontent à 4 à 5 ans seulement constituent la moitié du parc industriel en termes d effectifs. Le poids des petites unités à forte mortalité tend sans doute à masquer la lame de fond des unités moyennes et grandes beaucoup plus pérennes. A différentes dates, la survie est moins bonne pour les entreprises camerounaises qui en général sont de petites tailles que pour les entreprises étrangères. Elles tirent cependant la moyenne du fait de leur surreprésentation : 10 775 unités en 2009 contre 335 unités à capitaux majoritairement extérieurs. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 75 Graphique 2 : taux cumulé de survie en 2009 des entreprises industrielles à capitaux camerounais et étrangers Source : INS/RGE 2009 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

76 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 14: répartitions des entreprises selon la provenance du capital social et la date de création Tranche de date de création majoritairement Camerounais Nombre d'entreprises % par rapport au total Capital social majoritairement étranger Nombre d'entreprises % par rapport au total Nombre d'entreprises ND % par rapport au total ND 505 4,7 14 4,2 292 50,8 Avant 1960 15 0,1 7 2,1 2 0,3 1960-1985 386 3,6 39 11,6 6 1,0 1986-1993 495 4,6 30 9,0 4 0,7 1994-1996 325 3,0 26 7,8 3 0,5 1997-2000 1038 9,6 33 9,9 8 1,4 2001-2003 1000 9,3 34 10,1 10 1,7 2004-2006 2407 22,3 77 23,0 7 1,2 2007-2008 2799 26,0 75 22,4 19 3,3 2009 1805 16,8 0 0,0 224 39,0 Ensemble 10 775 100,0 335 100,0 575 100,0 Source: INS/RGE 2009 Le rapport de l ONUDI rendu en 2005, montre que l âge moyen des entreprises au Cameroun se situe à 20 ans. Il est très proche de celui des entreprises du Nigeria voisin. Par contre, les entreprises sont plus anciennes au Sénégal et en Côte d Ivoire avec respectivement les âges moyens de 22,9 ans et 21,2 ans. 2.6 Les investissements corporels En 2008, 922 entreprises industrielles seulement sur 11 685 (soit 8% des effectifs) ont effectué des investissements pour un montant global de 351 milliards de francs CFA. Les grandes industries, malgré leur faible nombre (9% des industries ayant investi) ont réalisé 75% du montant total de ces investissements. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 77 La répartition selon le sous-secteur d activité montre que le sous-secteur des «autres industries manufacturières» a massivement investi : 44% du montant total des investissements effectués. Elles sont suivies par les industries alimentaires (22%), les industries extractives (19%), l électricité, gaz et eau, et la construction (15%). Tableau 15: investissements des entreprises industrielles de 2008 selon le type d entreprise et la classe/branche d activité Type d entreprises Soussecteur Nombre d'entreprises investissements en 2008 (en K FCFA) TPE 293 12 953 004 PE 253 5 373 166 ME 296 71 079 120 GE 80 261 725 497 Extraction 16 67 314 247 Industries alimentaires Autres industries manufacturières Electricité eau et gaz 177 75 608 610 412 154 215 206 31 29 261 214 Construction 286 24 731 510 Ensemble 922 351 130 787 Source : INS/RGE 2009 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Chapitre 3 : Gouvernance d entreprise Rapports thématiques 79 La gouvernance d'entreprise est l'ensemble des processus, réglementations, lois et institutions influant sur la manière dont l'entreprise est dirigée, administrée et contrôlée. La gouvernance inclut les relations entre les nombreux acteurs impliqués (les parties prenantes) et les objectifs qui gouvernent l'entreprise. (Les acteurs principaux sont les actionnaires, la direction et le conseil d'administration. Les autres parties prenantes incluent les employés, les fournisseurs, les clients, les banques ou autres prêteurs, le voisinage, l'environnement et la communauté au sens large). La gouvernance d entreprise considérée ici se restreint aux variables propres à l organisation et à la gestion en vue de l efficience. Ainsi la forme juridique, la taille de l entreprise, l intégration verticale ou horizontale, l expérience et le niveau de formation des dirigeants, la structure du capital, le sexe du gestionnaire, la position du gestionnaire comme actionnaire majoritaire ou non ont une influence sur les résultats de l entreprise. 3.1 Statut juridique Dans le secteur de l industrie, la forme juridique des entreprises est pratiquement la même que pour le reste de l économie : 82,4% des unités sont des Entreprises Individuelles (EI) contre 4,7% des SARL et 12,9% pour les formes sociétaires. Tableau 16 : répartition (en %) des entreprises selon la forme juridique suivant le sous-secteur EI SARLU SARL SA Autres ND Total Industries extractives 23,3 0,0 20,0 26,7 6,7 23,3 100,0 Industries Agro-alimentaires 58,3 3,1 12,3 5,9 3,5 16,9 100,0 Autres Industries manufacturières 87,9 0,5 2,3 1,1 0,9 7,2 100,0 Electricité, gaz et eau 11,8 2,1 10,8 26,2 9,7 39,5 100,0 Construction 48,9 6,1 30,3 4,4 2,8 7,5 100,0 Ensemble 82,4 1,0 4,7 2,0 1,4 8,4 100,0 Source : INS/RGE 2009 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

80 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) La Société Anonyme (SA) prédomine dans les secteurs modernes à forte intensité capitalistique de l extraction minière, et de la distribution d électricité gaz et eau. Bien que dans la Construction le capital mobilisé puisse dans certains cas atteindre des niveaux extrêmement élevés pour les entreprises de construction des routes, ponts, édifices urbains modernes, le secteur regorge d unités moyennes constituées en SARL et de petites Entreprises Individuelles (EI) dédiées à la construction des logements pour le ménage ordinaire. Les résultats du tableau ci-dessous montrent que les entreprises de forme juridique EI sont dans la quasi-totalité du sous-secteur des autres industries manufacturières (91,8%). Les entreprises de sous-secteur sont moins importantes dans d autres formes juridiques mais restent relativement les plus nombreuses. En effet, dans les SARLU elles représentent 44,1% suivies des entreprises de construction (33,9%). Dans la forme des SARL, elles représentent 41,7% suivies une fois de plus des entreprises de construction (37,2%). Dans la forme SA, elles représentent 45,3% suivies des entreprises du sous-secteur électricité, gaz et eau (20,6%). Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 81 Tableau 17 : répartitions des entreprises selon le sous-secteur suivant la forme juridique EI SARLU SARL SA Autres ND % Eff % Eff % Eff % Eff % Eff % Eff Industries extractives 0,1 7 0,0 0 1,0 6 3,2 8 1,2 2 0,7 7 Industries Agroalimentaires Autres Industries manufacturières 4,5 447 18,9 24 16,3 94 18,2 45 16,2 27 12,7 130 91,8 9 191 44,1 56 41,7 240 45,3 112 59,3 99 74,0 758 Electricité, gaz et eau 0,2 23 3,1 4 3,7 21 20,6 51 11,4 19 7,5 77 Construction 3,4 345 33,9 43 37,2 214 12,6 31 12,0 20 5,2 53 Ensemble 100 10 013 100 127 100 575 100 247 100 167 100 1 025 Source : INS/RGE 2009 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

82 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) 3.2 Organisation en association des unités de production Dans l ensemble, le secteur industriel semble peu organisé en association, seules 1,7% des entreprises productrices sont affiliée à un groupement patronal. La situation est contrastée par rapport à la taille : alors que 25,5% des grandes entreprises font partie d un groupement, seulement 0,8% des Très Petites sont affiliées à un groupe. Tableau 18: Entreprise affiliée à un groupement patronal et répartition des entreprises affiliées suivant le type d entreprise Type Pourcentage d entreprises affiliées Effectif total des entreprises Répartition des entreprises affiliées Effectif des entreprises affiliées TPE 0,8 9913 38,1 75 PE 2,7 786 10,7 21 ME 5,4 707 19,3 38 GE 25,5 247 32,0 63 Ensemble 1,7 11653 100,0 197 Source : INS/RGE 2009 3.3 Niveau d instruction des chefs d entreprises De la TPE à la GE, la hiérarchie des niveaux d études est très nette entre les gestionnaires qui sont majoritairement sans diplôme ou de niveau CEP dans le cas des Très Petites Entreprises et principalement du 3 ème cycle universitaire dans le second cas. Un peu plus de 45% des entrepreneurs ont le CEP pour diplôme le plus élevé dans la TPE ; 15% d entre eux sont par ailleurs, sans diplôme. Tous les niveaux de diplômes sont cependant recensés auprès des gestionnaires de la strate. A contrario le diplôme le plus élevé est la Maîtrise et plus pour 52% des dirigeants des GE qui comptent en outre 37,8% de titulaires de Master 2. Les niveaux sont dans l ensemble supérieurs au Bac dans la ME et inférieurs à celui-ci dans la PE. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 83 Graphique 3 : Répartition (en %) des chefs d entreprise selon le diplôme le plus élevé suivant le type d entreprise Source : INS/RGE 2009 3.4 Age des chefs d entreprises Le dirigeant de la Grande Entreprise est en général une personne d âge mûr ; les moins de 30 ans ne représentent que 2,9% de l ensemble et l âge modal se situe dans la tranche 50-59 ans. La Très Petite Entreprise à contrario est plutôt l affaire des jeunes ; plus de 64% ont moins de 40 ans et les 60 ans et plus ne constituent que 2,4% de l ensemble. La structure par âge est assez proche pour les PE et les ME avec toutefois un léger étirement vers les catégories extrêmes voisines. Les dirigeants sont à hauteur de 75,6% et 83,2% respectivement d âge compris entre 30 et 50 ans. Tableau 19 : Répartition (en %) par tranche d âge des chefs d entreprises suivant le type d entreprise Type Moins de 30 ans 30-39 40-49 50-59 Plus de 60 ans Total TPE 27,8 36,0 22,8 11,0 2,4 100,0 PE 17,2 29,7 28,7 17,2 7,2 100,0 ME 10,0 27,1 30,2 25,9 6,9 100,0 GE 2,9 25,2 25,2 30,1 16,5 100,0 Ensemble 26,4 35,3 23,4 12,0 2,9 100,0 Source : INS/RGE 2009 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

84 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Chapitre 4 : Infrastructures et climat des affaires 4.1 Infrastructures économiques Dans une économie, la hausse de la production peut provenir d un accroissement de l utilisation de facteurs hypothèse d Aschauer mais peut également résulter d une amélioration de la productivité. La Productivité Totale des Facteurs (PTF) est la croissance économique résiduelle qui ne peut être expliquée par l évolution du travail, du capital ou des consommations intermédiaires ; elle est généralement imputée au Management (public, des entreprises) ou aux équipements et infrastructures publics. Des estimations économétriques établissent que l amélioration des infrastructures de communication et de télécommunication, ainsi qu un approvisionnement en électricité et eau en quantité suffisante et aux coûts les plus bas, c est à dire l amélioration des services publics dans leur ensemble est susceptible d accroître la production et la productivité globale de l économie et de manière sensible dans certains cas. D où l intérêt de la qualité des infrastructures et de l environnement des entreprises sur les performances du système productif. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 85 Tableau 20 : Pourcentage d homme d affaires ayant déclaré que les composantes suivantes ont des contraintes sur la croissance Extraction Industries alimentaires Autres industries manufacturières Electricité eau et gaz Construction Accès au crédit 46,2 37,6 42,9 45,2 56,8 Formalités administratives 30,8 38,7 37,9 35,7 38,4 Infrastructures 23,1 24,3 18,7 9,5 17,9 Coût du financement 30,8 20,2 19,2 28,6 24,9 Energie et eau 15,4 34,7 16,7 14,3 8,3 Transport 0 11 10,6 7,1 10 Justice 30,8 9,2 12,9 7,1 6,6 Aucun obstacle 0 0,6 0,3 4,8 0,9 Autre 0 1,16 2,02 2,38 1,75 Source : INS/RGE 2009 Les réponses sur les contraintes à la croissance, pondérées par les agrégats économiques pertinents comme dans le cas des tests de conjoncture font apparaître les problèmes majeurs transversaux aux différentes branches d activités industrielles. On note que dans les sous-secteurs de l extraction et l industrie alimentaires, plus de 20% d hommes d affaires pensent que le manque d infrastructures adéquates est une contrainte à la croissance économique. Toujours dans les mêmes sous-secteurs, l énergie et l eau est citée par 15,4% et 34,7% d hommes d affaires. Dans le sous-secteur de la construction, ils sont à 17,9% qui déclarent que le manque d infrastructures est une contrainte à la croissance. En dépit des efforts faits sur les années récentes, les infrastructures routières méritent davantage d attention ; plus particulièrement dans la ville de Douala où se concentre l essentiel du tissu industriel national. Le système de télécommunication largement insuffisant comptait en 2006, 8 abonnés pour 1 000 habitants dans la téléphonie fixe (Banque Mondiale, 2007). 4.2 La protection de l environnement La protection de l environnement ne préoccupe pas beaucoup les industries camerounaises. Environ 23,8% seulement d entreprises industrielles disposent d une installation classée pour la protection de l environnement. De plus en Partie II : Etat de l industrie camerounaises

86 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) 2008, 18% ont réalisé une étude dans le but de protéger l environnement et 15% disposent d une structure chargée de l environnement. L examen selon le type d entreprise fait apparaître que les grandes industries viennent en tête en matière d installation de protection (61,1%), suivies des Moyennes (26,8%). A peine 15% des Petites ou des Très Petites unités disposent de telles installations. Selon le sous-secteur d activité, 44,4% des entreprises du sous-secteur des industries extractives disposent d une installation de protection de l environnement, suivies des industries alimentaires (33,0%) ; des autres industries manufacturières (26,0%) ; de l électricité, gaz et eau (19,0%) et de la construction (12,7%). Tableau 21 : proportion des industries ayant un dispositif de protection de l environnement selon le sous-secteur Dispose d'une installation classée pour la protection de l'environnement Réalisé une étude dans le but de protéger l'environnement Dispose d'une structure chargée de l'environnement TPE 15,28 10,83 10,19 PE 14,48 8,48 6,67 ME 26,82 20,00 15,26 GE 61,11 61,82 54,55 Extraction 44,4 55,6 44,4 Industries alimentaire 33,0 22,0 18,7 Type d entreprises Soussecteur Autres industries manufacturières Electricité eau et gaz 26,1 20,7 14,9 19,1 27,3 18,2 Construction 12,7 8,4 10,8 Ensemble 23,8 18,2 15,2 Source : INS/RGE 2009 4.3 Climat des affaires Selon le World Economic Forum 2008 : "Les facteurs institutionnels et les facteurs liés à l environnement des entreprises au-delà de leur influence directe sur les prix, jouent un rôle central dans la productivité et la maîtrise des coûts des Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 87 entreprises. Lorsque des règles formelles appropriées et des mécanismes de contrôle et de sanction adéquates sont en place, ils réduisent les coûts de transactions et les défaillances du marché, ce qui a un impact sur les opportunités et les incitations dont disposent les entreprises pour investir et accroître leur productivité". Dans la revue Doing Business de la Banque Mondiale, 12 facteurs ont été répertoriés avec le concours des entrepreneurs eux-mêmes comme ayant une influence majeure sur l environnement des affaires et la compétitivité. Ceux-ci ont été regroupés en 3 classes à savoir : - Les paramètres de base : institutions, infrastructures, stabilité macroéconomique, santé et enseignement primaire ; - Les sources d efficience : enseignement supérieur et formation, efficience des marchés des produits et du travail, etc. ; - Les facteurs d innovation et de sophistication : sophistication des entreprises, innovation. Les principaux freins à la pratique des affaires au Cameroun sont selon cette revue par ordre d importance : - La corruption, l accès aux crédits pour 20% des interviewés ; - La règlementation fiscale, le taux d imposition et l inefficience de l Administration Publique pour 15,8% ; 10,7 et 10,4% des panélistes respectivement. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

88 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 22 : Indice de compétitivité mondiale en 2007, stade de développement du Cameroun et facteur de production, principaux frein à la pratique des affaires Source : Nos calculs L absence de gouvernance, le coût de la corruption, des institutions peu fonctionnelles brident les affaires et freinent l essor économique. Ces résultats corroborent ceux obtenus par le Recensement Général des Entreprises (RGE) de 2009 où l accès au crédit, la corruption et les relations avec les administrations ont été citées comme les contraintes majeures au développement des affaires. Tableau 23: les principaux obstacles à l entreprenariat par sous-secteur Extrac tion Industries alimentaires Autres industries manufacturières Electricité eau et gaz Construction Fiscalité 61,5 74 66,2 50 66,4 Corruption 46,2 63 57,3 47,6 61,6 Accès au crédit 46,2 37,6 42,9 45,2 56,8 Formalités administratives Source : INS/RGE 2009. 30,8 38,7 37,9 35,7 38,4 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 89 Au Cameroun, il existe cependant une réelle volonté de la part des pouvoirs publics de moderniser le système productif et de promouvoir un cadre propice à un développement rapide de l économie. Celle-ci est matérialisée par l adoption des mesures pour corriger les facteurs défavorables à l environnement des affaires, notamment : - L engagement à la lutte contre la corruption ; - L adhésion aux textes régissant l OHADA sur le droit des affaires ; - L ouverture d un cadre de dialogue public/privé ; - Etc. 4.3.1 Lutte contre la corruption Pour réduire sensiblement la corruption, le Gouvernement s engage à intensifier les actions appropriées pour combattre ce fléau à travers le renforcement des mécanismes de lutte avec l implication effective de l exécutif et du judiciaire, et, au besoin, le renforcement du dispositif légal anticorruption. Les actions entreprises portent notamment sur : - la systématisation de la réédition des comptes, - la systématisation des sanctions à l encontre des gestionnaires indélicats et -la récupération des fonds détournés, - l intensification des campagnes d éducation et de sensibilisation des populations sur les valeurs morales, l intérêt général et le bien public, - une meilleure communication sur les actions déjà menées et sur les sanctions effectivement infligées aux personnes condamnées dans le cadre de la lutte contre la corruption. La mise en œuvre des plans d actions de la Commission Nationale Anticorruption (CONAC) et de l Agence nationale d Investigation Financière (ANIF) et enfin le renforcement des stratégies et des moyens d action du Contrôle Supérieur de l Etat constituent les principales lignes d action des pouvoirs publics. 4.3.2 Droit des affaires Le Cameroun est membre de l'ohada, traité qui a pour principal objectif de remédier à l'insécurité juridique et judiciaire existant dans les États membres. Celle-ci provient, de la faiblesse des capacités administratives des états, notamment de la vétusté des textes juridiques en vigueur, datant pour certains de la période de la colonisation. L harmonisation du cadre juridique des affaires avec l entrée en vigueur de l OHADA devrait favoriser la mise en place de toutes les structures, procédures Partie II : Etat de l industrie camerounaises

90 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) et instruments juridiques prévus par le droit communautaire. L'OHADA comporte sept textes juridiques communs, dits "actes uniformes", sur les sociétés commerciales. Ces actes sont entrés en vigueur au Cameroun en 1997 et ont contribué à améliorer la réglementation commerciale (OMC 2001). En effet, le droit camerounais des affaires relevait d'un droit commun obsolète et insuffisant. C est ainsi que le code de commerce était régi par la loi du 24 juillet 1867 et le décret du 14 mai 1930, tous textes qui apparaissent actuellement inadaptés à une économie moderne. De plus, l'incohérence des textes d'application était perçue par les opérateurs économiques comme un véritable handicap à la concrétisation des grands principes posés par les textes d'orientation en matière économique. Les problèmes institutionnels restent tenaces et la justice camerounaise en dépit des progrès récents se caractérise par les lenteurs judiciaires, le coût élevé des procédures et la difficile exécution des décisions de justice. Ces maux conduisent à l amplification de la corruption. Toutefois, signalons que des réels progrès sont en cours et sont matérialisés par des textes bien conçus dans les domaines du droit de travail, du droit des affaires et du foncier. 4.3.3 Cadre de concertation public/privé Le renforcement du suivi et du dialogue avec le secteur privé sur le climat des affaires se fait par la mise en place et le fonctionnement effectif du Cameroon Business Forum (CBF), nouveau cadre de dialogue entre les pouvoirs publics et le secteur privé et placé sous la présidence du Premier Ministre Chef du Gouvernement. Une convention lie à présent les deux parties avec la Société Financière Internationale (SFI) et permet la prise en main et l appropriation effective du Business Climate Survey (BCS), instrument de suivi du climat des affaires et d identification des réformes nécessaires à son amélioration, élaboré et testé depuis près de trois ans par le patronat national dans un cadre partenarial. Les mesures en cours d adoption n ont pas encore pleinement produits leurs effets, la perception des hommes d affaires reste pessimiste dans l ensemble. De l avis des opérateurs économiques du secteur privé, l environnement des affaires est peu favorable à l éclosion des entreprises industrielles. Ils évoquent plusieurs difficultés d ordre administratif, judiciaire et financier. Les dirigeants des industries alimentaires sont les plus pessimistes (58,6%) suivis de ceux des autres industries manufacturières (51,5%) ; de la construction (52,0%), de l électricité eau et gaz, de l extraction (50,0%). Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 91 Examiné par type d entreprise, les petites industries sont plus touchées par l environnement peu favorable (62,0%), suivies des très petites (58,2%). Les moyennes et grandes industries ne sont respectivement concernées qu à concurrence de 43,4% et 41,4%. Tableau 24: opinion des chefs d'entreprises industrielles sur l'environnement des affaires selon le type, le sous secteur Bonne Ensemble Assezbonne Mauvaise Sans opinion Manquant Opinion des chefs d'entreprises industrielles TPE 2,7 22,3 58,2 10,3 6,5 100 PE 3,2 24,1 62 4,8 5,9 100 ME 5,1 31,1 43,4 11,7 8,7 100 GE 5,2 37,9 41,4 10,3 5,2 100 Extraction 20,0 10,0 50,0 10,0 10,0 100 Industries alimentaires 3,6 23,6 58,6 9,3 5,0 100 Type d entreprise Soussecteur Autres industries manufacturières 2,2 28,1 51,5 10,2 8,0 100 Electricité eau et gaz 4,2 25,0 50,0 8,3 12,5 100 Construction 5,6 29,4 52,0 7,3 5,6 100 Ensemble 3,8 27,0 53,1 9,1 6,9 100 Source : INS/RGE 2009 S agissant de la nationalité des chefs/dirigeants d entreprises, les Nigérians localisés principalement dans le segment du commerce des pièces détachées pour automobiles déclarent unanimement que l environnement des affaires est mauvais. Ils sont suivis des Camerounais (57,6%) et des Américains et Chinois (50,0%). Partie II : Etat de l industrie camerounaises

92 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 25: Opinion des chefs d'entreprises industrielles sur l'environnement des affaires selon la nationalité du chef d'entreprise Nationalité Opinion des chefs d'entreprises industrielles Bonne Assezbonne Mauvaise Sans opinion Manquant Ensemble Camerounaise 3,7 24,6 57,6 7,9 6,3 100,0 Autres CE- MAC 0,0 25,0 12,5 37,5 25,0 100,0 Nigéria 0,0 0,0 100,0 0,0 0,0 100,0 Autre Afrique 16,7 16,7 33,3 16,7 16,7 100,0 France 0,0 44,4 30,6 19,4 5,6 100,0 Europe Hors France 8,0 40,0 40,0 8,0 4,0 100,0 Etas-Unis 0,0 0,0 50,0 25,0 25,0 100,0 Chine 0,0 25,0 50,0 0,0 25,0 100,0 Autre Asie 9,1 45,5 27,3 18,2 0,0 100,0 Autre 5,9 52,9 29,4 5,9 5,9 100,0 ND 0,0 0,0 33,3 0,0 66,7 100,0 Ensemble 3,8 27,0 53,1 9,1 6,9 100,0 Source : INS/RGE 2009 La répartition par région révèle que le climat des affaires est peu favorable de l avis des chefs d entreprises industrielles dans les proportions suivantes : - Ouest (78,8%) ; - Centre (58,3%) ; - Douala (54,1%) ; - Yaoundé (52,5%) ; - Sud (50,0%). Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 93 Tableau 26 : Opinion des chefs d'entreprises industrielles sur l'environnement des affaires selon la région d enquête Région d enquête Appréciation de l'environnement des affaires aux Cameroun Bonne Assezbonne Mauvaise Sans opinion Manquant Ensemble Douala 3,3 25,7 54,1 9,9 6,9 100,0 Yaoundé 5,1 30,5 52,5 5,9 5,9 100,0 Adamaoua 13,3 26,7 46,7 13,3 0,0 100,0 Centre 0,0 33,3 58,3 8,3 0,0 100,0 Est 0,0 50,0 25,0 25,0 0,0 100,0 Extrême-Nord 0,0 50,0 37,5 12,5 0,0 100,0 Littoral 4,8 9,5 61,9 23,8 0,0 100,0 Nord 0,0 21,1 26,3 5,3 47,4 100,0 Nord-ouest 0,0 57,1 42,9 0,0 0,0 100,0 Ouest 0,0 15,2 78,8 6,1 0,0 100,0 Sud 10,0 40,0 50,0 0,0 0,0 100,0 Sud-ouest 16,7 41,7 25,0 0,0 16,7 100,0 Ensemble 3,8 27,0 53,1 9,1 6,9 100,0 Source : INS/RGE 2009 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

94 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Chapitre 5 : Productivité et coût de la main d œuvre L emploi dans l industrie notamment l emploi de personnels hautement qualifiés et rémunérés convenablement conduit à un niveau de productivité élevé rapprochant ainsi l économie de son sentier d expansion optimal. 5.1 Caractéristiques de l emploi dans le secteur industriel L emploi industriel se féminise. Localisée pour près de moitié dans les secteurs traditionnels du textile et de la confection et des industries agroalimentaires, la main d œuvre féminine représente en outre plus ou moins le tiers de la force de travail dans les secteurs des ouvrages métalliques et appareils électriques. Les femmes sont moins présentes dans les matériaux de construction et les industries diverses. Tableau 27 : répartition des employés du secteur de l industrie selon le soussecteur Nombre d'entreprises Effectifs des employés Effectifs des femmes employés % des employés femmes Industries extractives 25 1 162 209 18,0 Alimentation, boisson et tabac 695 19 447 4 239 21,8 Textiles, confection, cuirs et chaussures 6 387 14 162 4 856 34,3 Industrie du bois, papier, imprimerie et édition 1 084 12 043 1 378 11,4 Chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique 92 10 481 1 424 13,6 Matériaux de construction, métallurgie et fonderies 184 1 756 118 6,7 Ouvrages métalliques, appareils électriques et matériels de transport 880 6 808 1 974 29,0 Autres industries manufacturières 1 600 4 743 400 8,4 Electricité, gaz et eau 74 8 530 2 152 25,2 Construction 664 8 757 1 368 15,6 Ensemble 11 685 87 889 18 118 20,6 Source : INS/RGE 2009 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 95 5.2 Productivité La productivité est le ratio production en volume sur le volume des facteurs. C est une mesure de l efficience de l utilisation des facteurs : capital et travail pour un niveau donné d output. La productivité dans l industrie a, sur de nombreuses années, été le moteur de la croissance de la productivité globale de l économie dans les Pays Industrialisés. Elle est sur les années récentes relayée par la productivité dans le secteur des nouvelles TIC. L intérêt porté à la productivité vient de ce qu elle constitue un indicateur résumé de l amélioration du bien-être. Dans les pays en développement la réduction durable de la pauvreté devrait être liée à une stratégie de croissance impulsée par la croissance de la productivité totale des facteurs. 5.2.1 Productivité du travail La productivité du travail est le ratio entre production en volume et le volume du travail utilisé dans le processus, notamment les heures ouvrées. En toute rigueur la variable devrait être désagrégée selon le niveau de qualification des catégories de personnel. Dans la pratique pour des raisons de disponibilité de données des indicateurs proxy sont généralement utilisés. Plusieurs indicateurs peuvent ainsi rendre compte du niveau et de l évolution de la productivité du travail : - Valeur Ajoutée industrielle par tête, ce ratio peut au premier degré être un estimateur intéressant, - Valeur Ajoutée par actif occupé ou personnel employé, - production industrielle par heure ouvrée ou par tête en l absence de données sur les heures, - production industrielle rapportée aux effectifs employés, ou productivité apparente du travail, - etc. 5.2.1.1 Chiffre d affaires par effectif employé Le chiffre d affaires par effectif employé ou chiffre d affaires par tête est de loin le plus élevé dans les industries extractives et la métallurgie et fonderie (Aluminium) qui sont toutes d intensité capitalistique élevée. Les niveaux modérés sont relevés dans les ouvrages métalliques, appareils électrique et transport. Les niveaux les plus bas s observent dans la distribution d électricité et d eau et dans les industries du bois et du papier. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

96 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 28 : chiffre d affaires par employé et par sous-secteur Nombre d'entreprises Chiffre d'affaires (CA) (en KFCFA) Effectifs des employés CA par employé (en K FCFA) Industries extractives 25 434 285 077 1 162 373 739 Alimentation, boisson et tabac Textiles, confections, cuirs et chaussures Industrie du bois, papier, imprimerie et édition Chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique Matériaux de construction, métallurgie et fonderies Ouvrages métalliques, appareils électriques et matériels de transport Autres industries manufacturières 695 583 888 999 19 447 30 025 6 387 99 057 164 14 162 6 995 1 084 235 084 999 12 043 19 520 92 1 177 520 463 10 481 112 348 184 128 984 031 1 756 73 453 880 310 656 177 6 808 45 631 1 600 29 997 989 4 743 6 325 Electricité, gaz et eau 74 274 979 675 8 530 32 237 Construction 664 228 246 027 8 757 26 064 Ensemble 11 685 3 502 700 601 87 889 39 854 Source : INS/RGE 2009 5.2.1.2 Productivité apparente du travail Aux prix constants de l année 2000, la productivité apparente du travail (production par personnel employé) est globalement ascendante sur les années récentes dans le secteur secondaire. Cette tendance est largement perceptible dans la plupart des branches. Des évolutions remarquables sont relevées par ailleurs dans les cas : - du secteur de la Métallurgie et celui des Appareils Mécaniques et électriques pour lesquels l évolution est sensible, - et des secteurs de l extraction où l évolution d une année à l autre est extrêmement erratique et s explique sans doute par les aléas de prospection. - Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 97 Tableau 29 : production par tête (en millions de FCFA de l'année 2000) 1995 2000 2005 2006 2007 2008 Extraction d'hydrocarbures 49 187 263 224 171 174 Autres Activités Extractives 53 33 31 31 30 28 Alimentation, boisson et tabac 7 6 5 4 4 5 Textiles, confections, cuirs et chaussures Industrie du bois, papier, imprimerie et édition Chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique Matériaux de construction, métallurgie et fonderies Ouvrages métalliques, appareils électriques et matériels de transport Autres industries manufacturières 2 2 3 3 3 3 5 6 3 3 22 8 3 4 5 5 4 7 26 80 37 31 129 116 553 577 606 587 771 438 10 12 9 9 10 11 Electricité, gaz et eau 72 102 111 108 99 101 Construction 0 1 3 4 4 4 Ensemble 9 9 9 10 11 Source : INS, Comptes Nationaux 5.2.1.3 Valeur ajoutée par tête La valeur ajoutée par tête aux prix de l année 2000 pour l ensemble de l industrie apparaît quant à elle extrêmement stable depuis 1995. Cette stabilité résulte de 2 mouvements contraires qui se compensent de manière quasiexacte. Dans les secteurs traditionnels de l alimentation, du textile, etc., la valeur ajoutée par tête s effrite alors que des gains remarquables sont enregistrés dans les secteurs dynamiques des industries du papier et imprimerie, de la chimie, de la métallurgie, de l électricité, gaz et eau. Dans le secteur à forte intensité capitalistique de l extraction des hydrocarbures, la baisse de la VA/Tête reflète davantage l épuisement progressif des puits et une relative rétention du personnel employé. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

98 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 30 : Valeur ajoutée par tête (en millions de FCFA, Année 2000 = 100) 1995 2000 2005 2006 2007 2008 Extraction d'hydrocarbures 443 1 072 711 723 543 550 Autres Activités Extractives 4 3 2 2 2 2 Alimentation, boisson et tabac 2 2 1 1 1 1 Textiles, confections, cuirs et chaussures Industrie du bois, papier, imprimerie et édition Chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique Matériaux de construction, métallurgie et fonderies Ouvrages métalliques, appareils électriques et matériels de transport 4 3 3 3 3 3 4 4 3 3 18 8 1 3 7 7 6 8 4 17 7 6 21 17 21 29 11 10 12 11 Autres industries manufacturières 2 3 2 2 2 2 Electricité, gaz et eau 7 10 9 9 9 9 Construction 1 1 1 2 1 1 Ensemble 4 3 3 3 3 3 Source : INS, Comptes Nationaux 5.2.2 Productivité du Capital En ce qui concerne la productivité du capital, elle est le ratio entre production et le capital employé. Elle est donc différente du coefficient de capital qui est le revenu du capital rapporté au capital utilisé. L évolution des services fournis par le capital est estimée par une mesure de l évolution du stock de capital laquelle peut être obtenue par : - les investissements cumulés corrigés de l usure du capital et des déclassements, - le stock figurant dans les bilans comptables, mesure peu précise et généralement très critiquée, - les résultats d enquêtes directes sur la disposition de biens de capital par les entreprises, - etc. Le prix du capital selon le type de bien d équipement est la valeur locative du bien sur le marché. Le stock de capital est obtenu comme la somme cumulée Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 99 des investissements sur 25 ans. Au delà de cette période, l étude conduite supra sur la survie des unités de production, établit que la contribution des investissements au stock de capital est marginale. Le taux retenus pour l usure et les déclassements est de 6%. Sur le plan pratique, les estimations ont butté sur des contraintes. La principale difficulté ici vient de ce que, les investissements ne sont en général pas ventilés par branche d activité, même dans la nouvelle série des Comptes Nationaux et la répartition de la FBCF selon la nature de l investissement n est pas toujours possible sur la période d étude. Le travail a donc été conduit de manière agrégée au niveau global (voir le tableau sur l estimation du stock de capital en annexe). 5.2.3 Estimation de la Productivité Totale des Facteurs (PTF) La Productivité Totale des Facteurs (PTF) est une mesure du reste de la croissance économique non expliquée par celle imputable aux facteurs. A quantité de travail constant et pour une même unité de capital, l on constate un accroissement de la production. La PTF rend donc compte d une production plus efficiente non expliquée par les facteurs et qui peut être attribuée au progrès technique, aux infrastructures et/ou à un meilleur management par la rationalisation du processus de production. Elle est généralement estimée à partir d une fonction de production de type Cobb-Douglas à rendement d échelle constant : = La transformation logarithmique donne : Log = +a Log + 1 Log Après dérivation par rapport au temps, il vient : =+a +1, taux de croissance de la Productivité Totale des Facteurs est : =a +1 ) Cette équation fait bien apparaître que la croissance de la Productivité Totale des Facteurs est l évolution qui n est pas expliquée par la contribution (mesurée par le quota dans le revenu) du capital et du travail à la croissance économique globale. Selon le modèle de la «comptabilisation de la croissance» : Taux de croissance PIB = contribution du travail + contribution du capital + Contribution de la PTF Partie II : Etat de l industrie camerounaises

100 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) La dérivée logarithmique d une fonction de production Cobb Douglas à rendement d échelle constant, est la suivante : / = /+1 /+ / Ce qui se réécrit : = 1 Equation qui exprime le fait que le taux de croissance de la PTF est le taux de croissance du PIB diminué du taux de croissance du travail et du capital pondérés par leurs parts respectives dans la Valeur Ajoutée (α) et (1-α). La mise en œuvre de cette estimation se fait par l équation suivante : LOG(PIB)=C(1)*LOG(STOCK_K)+(1-C(1))*LOG(EFF_TOTAL)+C(2) Le logarithme de la valeur ajoutée industrielle est expliqué par le logarithme du stock de capital dans l industrie, et le logarithme de l emploi plus une constante. Les résultats de l estimation présentés à l annexe montre que la qualité de la représentation est très bonne, le ^2 = 0,80. Les coefficients sont significativement non nuls et non simultanément tous nuls et le DW établit l absence d auto corrélation. L équation établit que la croissance de la valeur ajoutée rémunère le capital à hauteur de 90% et le travail à concurrence de 10% environ pour l ensemble de l économie. En ce qui concerne le secteur secondaire, la rémunération du capital se situe à un peu plus de 60% et celle du travail autour de 40%. Les industries à fort coefficient de main d œuvre sont assez peu nombreuses à la différence des pays émergents où les entreprises labour-intensive sont prépondérantes. Tableau 31 : Résultats de l estimation Coefficient Std. Error t-statistic Prob. Ensemble de l économie Capital (C(1)) 0.903550 0.163602 5.522854 0.0001 (C(2)) 1.067499 0.168764 6.325413 0.0000 Secteur secondaire Capital (C(1)) 0.611811 0.387465 1.579010 0.1352 (C(2)) 0.449301 0.463091 0.970222 0.3473 Source : nos calculs Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 101 La productivité totale des facteurs dans le secteur secondaire présente des années de croissance qui alternent avec les années de baisse d amplitudes situées entre 3% et 4%. Le stock de capital n est cependant pas spécifique au secteur secondaire ; sur plusieurs années, il n a pas été possible d en effectuer une ventilation par branche d activité. Tableau 32 : Evolution de la Productivité Totale des Facteurs (PTF) (en %) Année PTF Stock_K VA_Second EFF_Second 2004 0,3 2,4-0,2 4,9 2005-4,1 7,0-0,9 5,5 2006-0,4 2,4 1,8 5,7 2007 3,0 2,9-0,8-3,4 2008 4,6 0,5 1,2-5,3 2009-3,6 7,8-2,5 2,0 Sources : Comptes Nationaux et nos calculs 5.2.4 Estimation de la Productivité Totale des Facteurs (PTF) par l ONUDI Bien que les données soient anciennes, les estimations de l ONUDI construites sur une base harmonisée au niveau international, autorisent les comparaisons internationales. Les estimations effectuées par l ONUDI sous hypothèse d une dépréciation du stock de capital de 6% annuel donnent les résultats suivants : - la productivité du travail (Inc_PW, Income per Worker) est croissante, - la productivité du capital ( K06_pw, Capital avec dépréciation au taux de 6%) est décroissante, mais l amplitude tend à s atténuer avec le temps, - la productivité totale des facteurs ( TFP_K06) est croissante pour toute la période sauf en projection sur 2009 et 2010 mais reste croissante comparée à l étalon que constitue dans le cadre de ces travaux l économie Américaine. Le tableau donnant les valeurs estimées de ces indicateurs pour le Cameroun est présenté en annexe. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Chapitre 6 : Performances et compétitivité Rapports thématiques 103 Pour atteindre les objectifs d un Cameroun émergent à l horizon 2035 suivant la prospective effectuée dans le cadre du document de planification Vision 2035 et où le secteur secondaire selon le DSCE qui en est la traduction à moyen terme représenterait 40% du PIB, le RGE offre l occasion d une analyse approfondie des déterminants de la compétitivité afin de rendre possible la levée des contraintes à une croissance forte et soutenue pour rendre l industrie capable de s appuyer sur des dotations importantes en ressources humaines et naturelles pour saisir les économies d échelles de la Sous-Région y compris le marché Nigérian et les opportunités qu offrent l environnement international. Selon la version moderne Hecksher, Ohlin, Samuelson de la théorie de Ricardo sur le commerce international, chaque pays se spécialise dans les produits dont la technique de production requiert le plus du facteur relativement abondant chez lui. Le commerce international n exige donc pas nécessairement un avantage absolu sur les produits échangés mais un rapport favorable sur les conditions de production. Or les coûts avantageux sont déterminés par le prix des facteurs tels que le coût de la main d œuvre, le prix du service du capital et le taux de change mais peuvent aussi être obtenus par des gains de productivité (productivité du capital, du travail mais aussi par la Productivité Totale des Facteurs). Les économies d échelle modifient dans certains cas la hiérarchie des coûts entre pays producteurs. Les éléments liés à l environnement sont également susceptibles de masquer les fondamentaux de l économie. 6.1 Compétitivité macro-économique 6.1.1 Facteur travail Le salaire par tête aux prix courants est le plus élevé dans le secteur des hydrocarbures à forte main d œuvre expatriée et à productivité élevée et sans commune mesure avec les niveaux enregistrés dans le secteur manufacturier. Il se situe à 32,7 millions de FCFA en 2008. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

104 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 33 : Salaire par tête (en millions de FCFA courants) Salaire/Tête en Millions de FCFA 1995 2000 2005 2006 2007 2008 Extraction d'hydrocarbures 11,2 104,2 34,9 49,0 33,2 32,7 Autres Activités Extractives 0,7 0,5 0,4 0,3 0,4 0,4 Alimentation, boisson et tabac 0,4 0,3 0,2 0,2 0,2 0,3 Textiles, confections, cuirs et chaussures 0,3 0,5 0,2 0,2 0,2 0,2 Industrie du bois, papier, imprimerie et édition Chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique Matériaux de construction, métallurgie et fonderies Ouvrages métalliques, appareils électriques et matériels de transport 0,7 0,6 0,7 0,6 0,7 0,7 1,4 0,6 2,5 2,7 2,2 2,3 4,1 2,9 1,4 1,2 1,6 2,7 2,6 4,9 2,5 2,7 3,3 2,9 Autres industries manufacturières 0,4 0,4 0,3 0,3 0,3 0,3 Electricité, gaz et eau 4,6 1,6 4,6 5,1 4,3 4,2 Construction 0,4 0,2 0,4 0,4 0,4 0,4 Ensemble 0,7 0,5 0,4 0,4 0,4 0,5 Sources: INS, Comptes Nationaux Ces entreprises du secteur des hydrocarbures sont suivies de loin par celles des branches de l électricité, gaz et eau ; de l appareillage électrique ; de la métallurgie et fonderie ; ainsi que de la chimie avec respectivement les salaires par tête de 4,2, 2,9, 2,7 et 2,3 millions de FCFA. Le salaire par tête est le plus bas dans les secteurs traditionnels du textile, et de l alimentation. Selon une perspective internationale, les coûts salariaux (y compris les charges sociales liées) exprimés en $ US, 1 ère monnaie internationale des échanges sont plus élevés dans les pays Africains de la Zone Franc que dans la plupart des autres pays Africains, et même ils sont nettement supérieurs en termes absolus à ceux de la Chine, de l Inde et de la plupart des pays Asiatiques. Pour la plupart des branches (industries alimentaire, textile et confection, industries des ouvrages métalliques), les coûts unitaires (rapportés à la valeur de la production) sont plus élevés qu en Inde et en Indonésie. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 105 Tableau 34 : Coûts salariaux et coût unitaire du travail Pays Coût salarial en $ US 1992-1995 (4 secteurs) Coût du travail/valeur de la production (1997-2000) Industries Alimentaires Textile Confection Industries des chaussures et cuir Ouvrages en métaux Cameroun 283 0,22 0,14 0,35 0,41 0,58 Cote d Ivoire 0,35 0,43 0,61 0,53 0,27 Ethiopie 0,11 0,50 0,56 0,32 0,27 Ghana 52 Kenya 88 0,29 0,85 0,59 0,57 0,44 Sénégal 0,70 0,41 0,11 0,22 Zambie 139 Zimbabwe 143 Inde 0,27 0,36 0,24 0,33 0,34 Chine 69 Indonésie 0,23 0,44 0,39 0,55 0,33 Source: Extract from Institute of Developing Economies, Discussion paper N 2 Un niveau élevé de salaire peut ne pas être une contrainte comme souligné plus loin s il est associé à des ressources humaines de qualité, affectées dans des secteurs porteurs, etc. 6.1.2 Facteur Capital Le coût du capital ne semble pas être une contrainte forte, puisqu elle constitue une donnée pour tous les pays en compétition sur le marché mondial. Mais son niveau de rémunération peut être un facteur important de différenciation entre pays. La disponibilité des ressources longues constitue un atout. Au Cameroun, le partage de la Valeur Ajoutée est largement favorable au capital. Tableau 35 : part du capital (en %) dans la Valeur Ajoutée pour quelques branches de l'industrie 2005 2006 2007 2008 Extraction d'hydrocarbures 95,1 93,2 93,9 94,1 Chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique 65,0 63,1 65,4 70,0 Electricité, gaz et eau 51,5 45,9 50,4 53,3 Construction 71,4 73,4 68,8 63,7 Sources: INS, Comptes Nationaux et nos calculs Partie II : Etat de l industrie camerounaises

106 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) 6.2 Compétitivité micro-économique 6.2.1 Coût des intrants Un certain nombre d entreprises importent leurs intrants et sont de ce fait vulnérables aux fluctuations de l environnement international. Cette contrainte est majorée si les produits de l entreprise sont principalement exportés. 6.2.2 La capacité de production des entreprises industrielles Dans un pays en développement le facteur capital est généralement considéré comme une donnée qu il s agit cependant d utiliser de la manière la plus efficiente possible. Le taux d utilisation des capacités de production constitue entre autres un indicateur d efficacité. Le taux moyen d utilisation des capacités de production est de 59% pour l ensemble des entreprises industrielles. Ventilé selon le type d entreprise, il est plus élevé dans les industries moyennes (72%), que dans les grandes (68%). Dans ces strates, le taux moyen assez élevé se situe autour de 70%. Le taux d utilisation des capacités de production est respectivement de 47% et 43% dans les petites et les très petites industries. Celles-ci généralement plus labour-intensive sont davantage flexibles et susceptibles de produire plus sans investissements nouveaux. Tableau 36 : taux d utilisation des capacités de production selon le type d entreprise Type d entreprises Sous-secteur Nombre d'entreprises Taux (%) d'utilisation des capacités de production TPE 293 43 PE 253 47 ME 296 72 GE 80 68 Extraction 16 87 Industries alimentaires Autres industries manufacturières Electricité eau et gaz 177 57 412 64 31 64 Construction 286 31 Ensemble 922 59 Source : INS/RGE 2009 Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 107 Selon le sous-secteur d activité, il apparaît, une nette sous utilisation des capacités de production dans la Construction (31%). Ce taux est très en dessous des taux obtenus dans les autres branches et qui s expliquerait par la pause dans les BTP imputable à la crise financière internationale. 6.2.3 Productivité totale des facteurs La contribution de la qualité des institutions d action économique et des infrastructures à la croissance globale n est pas toujours bien appréhendée par les décideurs économiques. De bonnes infrastructures portuaires, routières et aéroportuaires de même que les disponibilités en eau, énergie à faible coûts ; des infrastructures bancaires appropriées prenant en charge les financements sur le court terme autant que sur les moyen et long termes pour tous les types d activités : Agriculture, Artisanat, Petites et Moyennes entreprises, etc. constituent autant d atouts pour abaisser le coût des transactions et promouvoir les exportations et le développement global. 6.3 Environnement de l entreprise et compétitivité 6.3.1 Taille du marché Les coûts avantageux sont importants mais la production à grande échelle peut contribuer à réduire les coûts unitaires et à procurer un avantage comparatif dans les cas où les avantages absolus ne sont pas favorables. L étroitesse des marchés des pays Africains est bien connue. Compte tenu du niveau de la demande actuelle, la production automobile considérée comme l industrie ayant par excellence un effet d entrainement dans de nombreux autres secteurs ne peut être envisagée sur une échelle pouvant supporter la concurrence internationale. L installation de Peugeot par exemple au Nigéria s explique essentiellement par la taille du marché. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

108 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 37 : indicateurs de performance du secteur industriel 6.3.2 Politiques économiques internes Les éléments liés à l environnement peuvent également masquer les fondamentaux de l économie. Les raisons de la faible compétitivité des pays africains ont souvent été soulignées : politiques commerciales orientées vers l intérieur, faible qualification des personnels employés et des gestionnaires d entreprises, forte protection extérieure et taux de changes surévalués, forte régulation du marché du travail, politique de protection des industries de substitutions peu rentables, altérant ainsi la structure des prix relatifs entre biens échangeables et biens non échangeables et conduisant à la fin à une mauvaise allocation des facteurs. 6.4 Les déterminants de la compétitivité Depuis 1995, de nombreuses études ont été réalisées sur les déterminants de la compétitivité en Afrique Sub-saharienne et notamment au Cameroun. Les déterminants de la compétitivité qui ont été testés sont les suivants : la taille des entreprises, l âge,

Rapports thématiques 109 le transfert de technologie, le flux de capitaux étrangers, les qualifications des employés et gestionnaires, les Finances, la race du gestionnaire ; l environnement compétitif de l entreprise, la localisation du capital, les infrastructures. Toutes ces variables sont significatives et plus particulièrement dans le cas du Cameroun, la qualification du personnel employé et le caractère peu actif à l export faute parfois d information sur les marchés et opportunités. Les estimations économétriques qui suivent, fondées sur le modèle multinomial Logit tentent d expliquer la compétitivité globale de l industrie camerounaise par un ensemble de facteurs se limitant naturellement aux variables ayant fait l objet d investigations dans le cadre du RGE 2009. Le modèle est le suivant :!"#$%&%='(&))+*#+#,-.+%/0+*10#+*121+)3-0+#" / +4+#" /+5"#é+6 Les variables sont de 3 ordres : Variables économiques : 7APA Capacité de production=0 si < 50% ; C=1 si Supérieur à 50%. TYPEE Statjur Caractéristiques de l entreprise : Taille de l entreprise : 1- TPE, 2- PE, 3- ME, 4- GE Statut juridique : EI, SARLU, SARL, SA, Autres Anc Ancienneté ou âge de l entreprise : 1. Avant 1960 2. 1960-1985 3. 1986-1993 4. 1994-1996 5. 1997-2000 6. 2001-2003 7. 2004-2006 8. 2007-2008 9. 2009 Sect Secteur d activité : 1- Extraction ; 2- Industries Alimentaires ; 3- Autres industries manufacturières ; 4- Electricité eau et gaz ; 5- Construction Partie II : Etat de l industrie camerounaises

110 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Caractéristiques propres au gestionnaire : 89:9 Sexe du gestionnaire : 1- Masculin, 2- Féminin ;<=>?@AB Niveau d éducation du gestionnaire 1- Sans diplôme 2- CEP/FSLC 3- BEPC/CAP/ 4- GCEOL Probatoire 5- BAC/GCE AL 6- BTS/DUT/ 7- DEUG/ NHD 8- Licence/Bachelor degree 9- Maîtrise/ Master1 10- DEA/Master2 C?@ABD@?é Nationalité du gestionnaire : 1- Camerounais, 2- Etranger Africain ; 3- Autre Etranger Tableau 38 : résultats de l estimation Source : nos calculs Les z statistiques correspondant aux tests de nullité des paramètres nous permettent de rejeter l hypothèse nulle au seuil de 1% pour la variable TYPEE, (type d entreprise), cependant il faudrait remonter à un seuil supérieur ou égal à 10% pour situer la significativité des autres coefficients. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 111 Dans l ensemble nous relevons qu un haut niveau d utilisation des capacités de production est positivement associé aux types d entreprises, et aux secteurs d activités. La probabilité de réaliser un fort taux d utilisation des capacités de production est par ailleurs négativement corrélée au niveau d éducation du dirigeant, à l ancienneté, etc. Ces résultats apparemment surprenants, rendent plutôt compte de ce que les grosses unités industrielles qui sont les plus anciennes et dont les responsables ont en général un haut niveau de formation sont beaucoup moins flexibles que les petites unités qui réalisent de meilleur taux d utilisation des capacités de production. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Chapitre 7 : Dynamique de la compétitivité Rapports thématiques 113 La dynamique de la compétitivité s appuie beaucoup moins sur les faibles niveaux de rémunération des personnels comme cela fût le cas dans le passé, que et ce de plus en plus, sur les niveaux de qualification, la recherche & développement, et les flux d investissements directs. 7.1 Niveaux de qualification des personnels employés Le Cameroun dispose d une main d œuvre abondante. L enjeu du développement se situe beaucoup plus sur le niveau de qualification du personnel que sur les effectifs en jeu. Selon "l Enquête Entreprise" menée par la Banque Mondiale en 2006, un employé qualifié dans le secteur manufacturier gagne environ 300 dollars US. Le Cameroun affiche la proportion d'employés sans éducation dans l'industrie manufacturière la plus faible comparée aux autres pays africains (0,6%). Ce chiffre quelque peu encourageant reste limité comparé aux attentes s ils sont rapprochés de ceux des pays émergeants. Les taux d inscription dans l enseignement supérieur sont 33 fois plus élevés que la moyenne africaine dans les pays émergeants. Les écarts par rapport aux différentes disciplines techniques sont beaucoup plus élevés. Autant que l investissement dans le capital physique, l investissement dans le capital humain est indispensable au décollage économique. L évolution des taux bruts de scolarisation pour tous les niveaux d enseignement sont à encourager notamment dans le supérieur pour lequel le pays est passé de 254,2 étudiants pour 100 000 habitants en 1990/91 à 509,6 en 2002/2003 puis à près de 1000 en 2009. D après les rapports du MINESEC et du MINSUP, la croissance des effectifs dans l enseignement supérieur s est accélérée au cours de l année 2009. Le taux de croissance se situe à 20% en 2009 contre 14,3% en 2008. La croissance annuelle moyenne sur la période 2005-2009 a été 15,7%. Elle implique un doublement de la population estudiantine tous les cinq ans. Les effectifs sont passés de 100 856 en 2005 à 150 932 en 2008 et à 182 353 en 2009. Ils se sont donc multipliés pratiquement par 2. Plus de la moitié des effectifs est inscrite dans les Universités de Yaoundé (I et II) et le tiers environ est localisé à Douala. Les autres centres se renforcent rapidement et des nouveaux établissements d enseignement supérieur s ouvrent à l instar de l Université de Maroua. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

114 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 38 : évolution des effectifs des étudiants des universités d Etat Universités d'etat 2005 2006 2007 2008 2009 Université de Buea 8 676 9 807 11 866 10 775 12 158 Université de Douala 13 526 20 432 23 687 31 716 37 256 Université de Dschang 15 154 12 981 11 581 13 692 14 790 Université de N Gaoundéré 9 774 11 071 11 543 12 552 12 456 Université de Yaoundé I 26 228 30 639 31 974 33 507 41 452 Université de Yaoundé II 18 636 23 152 25 059 28 630 32 881 Université de Maroua NP NP NP NP 6 604 Ensemble 91994 108082 115710 130872 157 597 Source : Annuaire Statistique de l Enseignement Supérieur La part de l enseignement privé dans le total qui s établissait à 9% environ des effectifs du supérieur en 2005, ressort à 13,6% en 2009 suite à un développement rapide. Tableau 39 : tendances récentes des indicateurs de base dans l enseignement supérieur 2005 2006 2007 2008 2009 Effectif des étudiants 100 856 120 350 132 101 150 932 182 353 dont universités 91 994 108 082 115 710 130 872 157 597 dont IPES (Institutions Privées) 8 862 12 268 16 391 20 060 24 756 Croissance population des étudiants 19,33 9,76 14,26 20,82 dont universités 17,49 7,06 13,10 20,42 dont IPES 38,43 33,61 22,38 23,41 Contribution à la croissance globale 19,33 9,76 14,26 20,82 dont universités d'etat 15,95 6,34 11,48 17,71 IPES 3,38 3,43 2,78 3,11 Source : MINESUP La progression des inscriptions dans l enseignement supérieur est certes très vive dans l ensemble mais les inscriptions dans les filières scientifiques et métiers de l ingénieur constituent moins de 25% de l ensemble. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 115 Les incitations convenables mériteraient d être prises pour porter à 80% environ les inscriptions dans les sciences et technologies afin d engager résolument l économie dans la compétition scientifique internationale. Graphique 4 : filières d inscription dans l enseignement supérieur 25% 20% 15% 10% 5% 0% 11% 1% 18% 21% 23% 20% 1% 0% 2% 0% 0% 1% Tableau 40: évolution de la population d âge scolaire(en milliers de FCFA) Années Garçons Filles Total % dans la population Totale 15-64 ans 1995 1104 1092 2196 16,7 30,6 2000 1248 1253 2521 16,7 30,6 2005 1462 1442 2904 17,5 31,3 2010 1622 1599 3221 17,9 31,9 2015 1706 1680 3386 17,4 29,5 Source : Projection des Nations Unies. 7.2 Recherche-Développement Les investissements en matière de R&D tant des pouvoirs publics que du secteur privé constituent un atout dans le processus de développement. Les résultats du RGE établissent la situation du secteur industriel face à la recherche et aux innovations.

116 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) 7.2.1 L innovation technologique dans les entreprises industrielles Dans l ensemble, les entreprises industrielles ne s intéressent pas beaucoup aux résultats de recherche. En effet, les résultats du RGE montrent que seulement 13,8% d entreprises industrielles utilisent les résultats des centres de recherche. Ce pourcentage est de 18,2% chez les grandes entreprises industrielles, 7,8% chez les petites et 11% chez les très petites. Tableau 41 : proportion d entreprises industrielles adoptant des techniques innovantes par type d entreprise Type d entreprises Utilisation des résultats des centres de recherches Recherche et développement expérimental Acquisitions des services de recherches développement Acquisitions de machines et d'équipement liés aux innovations technologiques Acquisitions de logiciels et d'autres technologies externes liées aux innovations technologiques Introductions sur le marché des innovations technologiques Formations liée directement aux innovations technologiques Autres innovations technologiques Type d entreprise TPE 11 2,6 4 9,9 7,9 3,9 6,6 0,7 PE 7,8 3 1,2 7,9 6,1 1,8 4,2 1,2 ME 20 4,8 2,1 10,6 8,5 1,6 8,5 0,5 GE 18,2 11,1 1,9 13 13 3,7 14,8 1,9 Sous-secteur Extraction 33,3 44,4 22,2 33,3 33,3 22,2 33,3 11,1 Industries alimentaire 14,8 2,5 0 4,2 1,8 1,7 5 0,8 Autres industries manufacturières 10,2 2,9 2 11,8 9,4 2,8 8,2 1,2 Electricité eau et gaz 28,6 14,3 9,5 19 14,3 4,7 14,3 0 Construction 15,7 4,2 2,4 8,5 8,5 1,2 5,5 0 Ensemble 13,8 4,3 2,3 9,8 8,0 2,5 7,3 0,89 Source : INS/RGE 2009 En ce qui concerne le secteur d activité, 33,3% des entreprises de la branche de l industrie extractive ont déclaré utiliser les résultats des centres de recherche. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 117 Viennent ensuite celles des sous-secteurs de l électricité, gaz et eau (28,6%), de la construction (15,7%), de l agroalimentaire (14,8%) et des autres industries manufacturières (10,2%). Tableau 42 : proportion des entreprises industrielles adoptant des techniques innovantes selon le diplôme le plus élevé du promoteur/dirigeant Diplôme le plus élevé Utilisation des résultats des centres de recherches Recherche et développement expérimental Acquisitions des services de recherches développement Acquisitions de machines et d'équipement liés aux innovations technologiques Acquisitions de logiciels et d'autres technologies externes liées aux innovations technologiques Introductions sur les marchés des innovations technologiques Formations liée directement aux innovations technologiques Autres innovations technologiques Manquant 15 2,5 3,8 7,6 6,3 5,1 8,9 1,3 Sans diplôme 13,8 6,9 3,5 13,8 6,9 3,4 10,3 0 CEP/FSLC 19,2 3,9 0 0 0 0 0 0 BEPC/CAP/GCEOL 8,5 0 0 6,4 2,1 0 0 0 Probatoire 0 7,1 0 0 7,1 0 0 0 BAC/GCE 5,8 1,4 1,4 5,4 2,7 1,4 1,4 1,4 BTS/DUT/DEUG/N HD Licence/Bachelor degree 17 3,9 3,9 13,5 11,5 5,8 7,7 1,9 19,6 5,4 1,8 17,7 14,3 3,6 5,4 0 Maîtrise/Master1 17 6,9 3,4 10,2 5,1 1,7 6,8 1,7 DEA/Master2 & + 15 6,4 2,4 12 13,6 1,6 15,2 08 Ensemble 13,8 4,3 2,3 9,8 8 2,5 7,3 0,9 Source : INS/RGE 2009 0,8 7.2.2 Le niveau d utilisation des TIC dans les entreprises industrielle Les grandes industries viennent en tête en ce qui concerne l utilisation des techniques d information et de communication suivies des moyennes. Le niveau d utilisation des TIC est relativement faible dans les très petites et petites industries. Toutes les grandes industries ont accès à l ordinateur et tous leurs em- Partie II : Etat de l industrie camerounaises

118 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) ployés savent utiliser l ordinateur. De plus, 95% de ces unités de production sont connectées à l internet. Parmi les grandes industries connectées à l internet, 76% utilisent cet outil de communication pour leurs opérations d affaires. Les secteurs de l extraction, l électricité eau et gaz et la construction utilisent à un niveau élevé les TIC. Tableau 43: proportion des entreprises industrielles utilisant des techniques d information et de communication et selon le type Nombre entreprises Taux d'accès à l'ordinateur Pourcentage d'employé sachant utiliser un ordinateur Taux de connexion à internet Pourcentage d'entreprise disposant d'un réseau intranet Pourcentage d'entreprise utilisant internet pour les opérations d'affaires Type d entreprises TPE 293 84 89 53 25 46 PE 253 75 85 53 15 38 ME 296 89 96 76 38 64 GE 80 100 100 95 78 76 Sous-secteur Extraction 16 100 100 78 67 78 Industries alimentaires 177 63 74 36 20 28 Autres industries manufacturières 412 88 93 74 36 60 Electricité eau et gaz 31 96 100 74 43 70 Construction 286 93 99 70 29 56 Ensemble 922 84 91 65 31 53 Source : INS/RGE 2009 Les promoteurs/dirigeants titulaires des diplômes de l enseignement supérieur utilisent plus les techniques de l information et de communication que les autres. Du BTS/DUT/DEUG/NHD vers les diplômes les plus élevés, au moins 87% des Chefs d entreprises ont accès à l ordinateur. Les employés dans 95% d entreprises savent utiliser l ordinateur ; au moins 64% d entre eux ont accès à l internet ; et au moins 55% d entre eux utilisent l internet pour les opérations d affaires. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 119 7.3 Investissements Directs Etrangers Depuis le milieu des années 80, les Investissements Directs Etrangers (IDE) connaissent une croissance sans précédent dans le monde. Selon les estimations de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) dans son rapport sur les investissements dans le monde (WIR 2009), les IDE sont passés de 1 942 milliards de dollars en 1990 à 5 757 milliards de dollars en 2000, et ont atteint 14 909 milliards de dollars en 2008. Plus encore, les IDE, affectés à la création d'unités de production à l'étranger ou à l'acquisition d'unités existantes, ont atteint ces dernières années des montants sans cesse croissants. Au Cameroun, si les créations d'unités de production ont toujours constitué la principale modalité d'implantation comme partout dans les pays en développement, les acquisitions ont augmenté ces dernières décennies en raison des dérégulations des certains secteurs d'activité. Avec les mesures de libéralisation tant interne qu externe de l économie, la stabilité et la prévisibilité des politiques macro-économiques, l amélioration constante du climat des affaires, etc. et surtout un environnement international favorable marqué par la mise en place de facilité commerciales diverses en faveur de l Afrique : AGOA des Etats-Unis, l EBA de l Union Européenne en prélude à une zone de libre échange, etc., il est attendu un flux important d investissements directs étrangers au cours des prochaines années. Selon une enquête récente de l ONUDI réalisée auprès des investisseurs, les facteurs déterminants des IDE sont essentiellement la stabilité politique, la disponibilité d une main d œuvre qualifiée ainsi que la présence d un marché solvable pour les outputs desdites industries. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

120 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Graphique 5 : Stock cumulé d IDE dans sept pays de l Afrique

Chapitre 8 : Performances à l exportation Rapports thématiques 121 La stratégie de promotion des exportations adoptée depuis la dévaluation du FCFA, devrait être principalement axée sur les exportations de produits manufacturés générateurs de revenus stables. Les entreprises à niveau de productivité élevé sont les plus à même d exporter. Les indicateurs de performances à l exportation sont principalement : le taux de change effectif réel, les niveaux de diversification et de concentration des échanges. 8.1. Taux de change effectif réel L évaluation de la situation de compétitivité d un pays s appuie habituellement sur l analyse de son Taux de Change Effectif Réel (TCER). Le TCER est défini comme le ratio des prix des biens échangeables aux biens non échangeables et traduit en situation d équilibre une PPA (Parité de Pouvoir d Achat) absolue avec les pays partenaires. Lorsque l indice de TCER est stable dans le temps, la PPA est dite relative. Le taux de change effectif réel permet d apprécier les situations de désalignement de taux de change nominal : appréciation(ou dépréciation) durable. Il peut dans certains cas simplement traduire une évolution plus vive des prix des biens non échangeables par rapport aux biens échangeables soumis quant à eux à la concurrence internationale «effet Balassa-Samuelson» mais peut aussi être le signe d une modification des termes de l échange. Toute évaluation de la compétitivité doit nécessairement en plus du TCER, examiner l évolution d'autres indicateurs, notamment la productivité, la situation des prix intérieurs, la structure des exportations, les parts de marchés, etc. Les pays ayant enregistré de bonnes performances à l exportation de produits manufacturés ont eu une dépréciation du taux de change effectif réel se traduisant par une appréciation des prix des biens échangeables par rapport aux biens non échangeables. Une hausse du taux de change effectif nominal (resp. réel) correspond à une dégradation de la compétitivité change (resp. prix). Le Taux de Change Effectif Réel E s obtient ainsi qu il suit : Partie II : Etat de l industrie camerounaises

122 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Avec I AE; =FG H HJ AEK 9 HLE H L> M 9 H Taux de change bilatéral par rapport au pays j LE H Indice des Prix de gros du pays j L> Indice des prix à la consommation G H N Poids du pays j dans les exportations domestiques Nombre de partenaires commerciaux. Pour les pays de la zone Franc dans l ensemble, les variations du TCER sont en général de faible amplitude. De 1970 à 1994, date de la dévaluation du FCFA, le Cameroun(CMR) a connu une nette appréciation de son TCER. Selon Södering (2000), le Cameroun aurait eu 30 à 50% de manque à gagner à l exportation de produits industriels au cours des années 80, du fait d un taux de change surévalué. Sur données plus récentes de source BEAC, le taux de change effectif réel a eu depuis début 2000, une tendance à la dépréciation, évolution favorable aux exportations; les termes de l échange quant à eux fluctuent fortement selon une amplitude pouvant atteindre 20 à 30% sur deux ans autour de l équilibre. 8.2 Diversification des exportations La diversification des exportations notamment des exportations de produits industriels procure de nombreux avantages pour le pays exportateur : - L élasticité- revenu élevé des produits manufacturés permet une meilleure insertion dans l économie mondiale. La croissance des revenus à l étranger génère de manière quasi-mécanique un effet d entrainement sur l économie nationale ; - L élasticité- prix de la demande de produits industriels ainsi que celle de l offre sont plus élevés que ceux des produits primaires, entrainant une moindre variabilité des prix ; - Les écarts offre-demande étant rapidement comblés, les revenus des exportations sont ainsi plus stables ; - La demande étrangère en plus de procurer des devises supplée à l étroitesse des marchés intérieurs et ouvre des perspectives de gains de productivité liées à la forte impulsion donnée aux firmes orientées vers les marchés extérieurs. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 123 Les exportations camerounaises de produits industriels se situent depuis des années sur une bande étroite de produits peu actifs sur les marchés extérieurs. Cinq groupes de produits primaires représentent à eux seuls plus de 90% de la valeur des exportations. Les produits industriels ne représentent que 4 à 7% selon les années de l ensemble des ventes à l étranger en moyenne. Tableau 44 : indicateurs de performance à l export

124 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 45 : exportations de produits industriels selon le contenu technologique (en milliers de FCFA) Exportations 1997 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Transformation de Ressources Naturelles Produits des industries de faible technologie Produits de Technologie Moyenne Total Produits Industriels Total Général des Exportations 161 941 182 225 317 726 231 252 653 367 329 977 356 840 966 300 787 969 363 881 131 378 051 946 493 465 184 580 175 258 633 002 445 609 854 824 79,3 87,1 90,0 95,3 92,2 91,0 93,4 95,0 96,5 97,2 94,5 93,4 15 036 250 16 487 902 8 848 386 11 852 819 13 373 674 13 423 185 9 717 655 9 346 507 8 851 032 5 686 062 16 806 153 18 574 771 7,4 6,4 3,4 3,1 3,5 4,1 2,5 2,3 1,7 1,0 2,5 2,8 27 299 529 16 926 551 16 780 825 6 446 759 16 944 941 16 413 958 16 094 029 10 589 508 9 033 025 10 741 310 20 062 842 24 441 071 13,4 6,5 6,5 1,7 4,4 5,0 4,1 2,7 1,8 1,8 3,0 3,7 204 276 961 258 732 178 256 881 864 385 629 554 387 159 581 330 625 112 389 692 815 397 987 961 511 349 241 596 602 630 669 871 439 652 870 667 1 084 509 353 985 827 087 985 491 901 1 304 613 771 1 296 721 336 1 252 865 657 1 301 892 783 1 256 788 650 1 509 215 331 1 868 452 672 2 017 270 185 2 358 594 148 % Produits Industriels 18,8 26,2 26,1 29,6 29,9 26,4 29,9 31,7 33,9 31,9 33,2 27,7 Transformation de Ressources Naturelles, Préparations à base de viande/fruit, produits du bois, huile végétale, produits à base de pétrole, ciment, etc. Produits de Faible Technologie, textile, confection, chaussures et cuir, structures métalliques, etc. Produits de Technologie Moyenne, Véhicules et pièces détachées, motocyclette, fibres synthétiques, produits chimiques, plastiques, moteur et machines industrielles, etc. Produits de la Technologie de Pointe, électronique, etc.. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

La part des produits industriels dans les exportations du Cameroun est en nette progression depuis 1997. Un certain ralentissement est cependant perceptible sur les 3 dernières années. Alors qu il se situait à 18,8% du total des exportations en 1997 au lendemain de la dévaluation du FCFA, les exportations des produits industriels se sont renforcées à 25% environ entre 1998 et 1999 puis à 30% entre 2000 et 2001 et 2003 ; il se stabilise autour de 32 et 33% entre 2005 et 2007 puis amorce un reflux à 28% en 2008 puis 25% en 2009. Les exportations de ressources naturelles transformées se situent depuis début 2000 entre 90 et 97% du total des produits industriels. Parmi ceux-ci, les exportations de bois sciés et de carburants et lubrifiants se sont rapidement renforcés à la faveur de la dévaluation du FCFA allant d environ 30% des produits industriels en 1997 à 70% entre 2005 et 2008. En 2009, l on relève un net reflux des ventes de bois sciés du fait de la nouvelle législation réprimant les exportations de produits ligneux non transformés. Les produits à faible contenu technologiques ainsi que ceux de technologie intermédiaire se situent sur la période en dessous de 5% des exportations totales de produits industriels. 8.3 Concentration des exportations Les exportations du Cameroun sont concentrées sur une gamme réduite de produits primaires. Les 10 premiers produits constituent près de 95% des recettes d exportation. Dans le tableau ci-après, seul le Nigeria présente un niveau de concentration plus élevé.

126 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 46 : niveau de concentration des exportations 8.4 Contenu technologique de la production et des exporta- tions industrielles Les industries de biens de consommation courante totalisent un chiffre d affaires de 2 096 milliards de FCFA contre seulement 470 milliards pour les industries de biens de capital, soit moins d un quart. Le tissu industriel apparaît ainsi dominé par les industries légères ancrées pour la plupart sur l exploitation des ressources naturelles. L échantillon se limite aux entreprises visées par le RGE ; la hiérarchie des secteurs n est pas significativement modifiée en considérant la Valeur Ajoutée.

Rapports thématiques 127 Tableau 47 : contenu technologique de la production Nombre d'entreprises Effectifs des employés Chiffre d'affaires (en KFCFA) Chiffre d affaires par employé (en KFCFA) Produit de base Industries extractives 25 1 162 434 285 077 373 739 Biens de Consommation Courante Biens de Capital Alimentation, boisson et tabac Textiles, confection, cuirs et chaussures Industrie du bois, papier, imprimerie et édition Chimie, raffinage du pétrole, caoutchouc et plastique Matériaux de construction, métallurgie et fonderies Ouvrages métalliques, appareils électriques et matériels de transport Autres industries manufacturières 695 19 447 583 888 999 30 025 6 387 14 162 99 057 164 6 995 1 084 12 043 235 084 999 19 520 92 10 481 1 177 520 463 112 348 184 1 756 128 984 031 73 453 880 6 808 310 656 177 45 631 1 600 4 743 29 997 989 6 325 Electricité, gaz et eau 74 8 530 274 979 675 32 237 Construction 664 8 757 228 246 027 26 064 Ensemble 11 685 87 889 3 502 700 601 39 854 Source : INS/RGE 2009 et nos estimations Le Chiffre d Affaires par employé est le plus élevé au sein des industries extractives qui sont de forte intensité capitalistique suivies des industries chimiques de raffinage et du plastique et des industries des matériaux de construction. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Chapitre 9 : Marché financier et investissement 9.1 Dispositif public de soutien a l investissement Le Cameroun a mis en place un certain nombre de dispositifs de facilitation et de soutien à l investissement : 9.1.1 Les Codes des investissements. Au lendemain des indépendances, les pays de l'afrique subsaharienne se sont dotés de codes d'investissements destinés à promouvoir l investissement et à attirer les capitaux étrangers. Le code camerounais des investissements reformé en 1990, résulte du code de 1960 modifié en 1984 pour sa lourdeur et son caractère arbitraire. En 2007 une nouvelle Charte des Investissements a été mise en place. Plus libérale, elle intègre le caractère stratégique de certains secteurs : Forêts, Mines, etc et prend mieux en compte la dimension Régionale et le contexte actuel de mondialisation des économies. La mise en œuvre de la charte des investissements devrait permettre de rendre opérationnelle l Agence de Promotion des Investissements, l Agence de Promotion des Exportations, l Institut de l entrepreneurship, l Agence de la Normalisation et de la Qualité et le Conseil National de Régulation et de Compétitivité en vue de viabiliser l environnement des affaires et de simplifier les formalités de création d entreprises. 9.1.2 Les zones franches et points francs Les zone franches et points francs ont été créés pour promouvoir notamment les exportations et l emploi 9.1.3 Autres dispositifs institutionnels Les autres dispositifs ont essentiellement trait à la réforme de la justice, l adhésion à la charte OHADA sur le droit des affaires, l adoption d une loi sur la concurrence dont la mise en œuvre sera cependant modulaire, etc.

130 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) 9.2 Marché financier au Cameroun La DSX, Douala Stock Exchange devrait occuper une place centrale sur le marché financier au Cameroun. Le marché financier était par le passé animé par les banques de premier rang qui agissaient autant que faire se peut au rapprochement des offres et demandes de fonds. Ce marché bien qu ayant joué un rôle très important dans le financement de l économie était extrêmement limité par : - l absence de transparence du marché - le volume limité des actifs et le nombre restreint d instruments de placements - l inexistence d un marché secondaire qui pourtant est un compartiment essentiel des marchés de fonds prêtables, - etc. La DSX qui pour le moment se situe en phase de démarrage est appelée à jouer dans les prochaines années un rôle des tout premiers plans dans le financement de l économie aussi bien au Cameroun que dans la Sous-Région CE- MAC et la CEEAC. 9.3 L accès au crédit et coût du financement Le crédit bancaire représente un des principaux canaux de financement à la disposition des entreprises. Une proportion non négligeable d'entreprises industrielles éprouve pourtant des difficultés à accéder au crédit. Ainsi, l accès au crédit est cité comme étant un obstacle majeur à l investissement par environ 40% des firmes manufacturières et 45% des firmes évoluant dans le secteur de l énergie. De même, le coût des financements est considéré comme étant un obstacle important par environ 20% des firmes manufacturières et 28,6% des firmes évoluant dans le secteur de l énergie. L activité de transformation des banques qui s engagent peu à moyen et long termes en dépit d une situation de surliquidité reste très limitée même en comparaison avec les autres pays de zone franc. Les crédits à moyen et long termes représentent à peine le tiers des crédits globaux à l économie et ceux à long terme moins de 5%. De plus, depuis la sortie des ajustements structurels ayant conduit à la fermeture de nombreuses banques spécialisées dédiées à la promotion des activités essentielles faiblement bancarisées dans les domaines de l Agriculture, l élevage, les besoins des PME, etc. rien n a à ce jour été entrepris pour le financement de ces branches névralgiques. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 131 9.4 Politique des taux d intérêt A la faveur de la maîtrise de l inflation dont les taux s inscrivent sous une amplitude de moins de 3%, la BEAC a observé depuis 2008, une politique de taux directeur bas en phase avec les taux de base de l Eurosystème et favorable à l investissement. 9.5 Les déterminants de l investissement Pour comprendre le comportement d investissement des entreprises dans le cadre du RGE, nous avons souhaités estimer 2 modèles sur données individuelles du RGE : un modèle tobit et un modèle de Heckman. L équation à estimer étant la suivante : LogNBO9G? Variables économiques : NBO9G? Investissement ; A= 85007 Effectifs employés 7 Chiffre d Affaires =Log;+Log7+P+8??Q=R+B>+89>? +89:+;<=>+C?@AB+S Caractéristiques de l entreprise : PUV;; 8PPWX ANCIEN- NETE 8;7P;X Taille de l entreprise : 1- TPE, 2- PE, 3- ME, 4- GE Statut juridique : EI, SARLU, SARL, SA, Autres Ancienneté ou âge de l entreprise : 1. Avant 1960 2. 1960-1985 3. 1986-1993 4. 1994-1996 5. 1997-2000 6. 2001-2003 7. 2004-2006 8. 2007-2008 9. 2009 Secteur d activité : 1- Extraction ; 2- Industries Alimentaires ; 3- Autres industries manufacturières ; 4- Electricité eau et gaz ; 5- Construction Partie II : Etat de l industrie camerounaises

132 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Caractéristiques propres au gestionnaire : 8;Y; ;ZX7PN[C Sexe du gestionnaire : 1- Masculin, 2- Féminin Niveau d éducation du gestionnaire 1- Sans diplôme 2- CEP/FSLC 3- BEPC/CAP/ 4- GCEOL Probatoire 5- BAC/GCE AL 6- BTS/DUT/ 7- DEUG/ NHD 8- Licence/Bachelor degree 9- Maîtrise/ Master1 10- DEA/Master2 CPN[CNP; Nationalité du gestionnaire : 1- Camerounais, 2- Etranger Les résultats obtenus uniquement sur le modèle Tobit sont les suivants : Tableau 48 : résultats de l estimation Source : Nos calculs Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 133 La variable CA est significative au seuil de 1% et les effectifs employés au seuil de 10%. La probabilité d investir croit avec l un et l autre. Plus l entreprise est de grande taille, plus la probabilité d investir est élevée. En ce qui concerne les caractéristiques propres au gestionnaire, le niveau d éducation et la nationalité (nationale ou étrangère) ne semblent pas trop influer sur le comportement d investissement mais le sexe paraît, davantage prédisposer à l investissement (5 fois plus que la variable nationalité). En ce qui concerne les autres caractéristiques de l entreprise, l ancienneté, le secteur d activité ont tendance à accroître la probabilité d investir. De même que les autres caractéristiques lorsqu on va des plus petites unités aux plus grandes, la propension à l investissement évolue dans le sens attendu. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

134 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Bibliographie République du Cameroun(2009). Document de Stratégie pour la Croissance et l Emploi (DSCE) ; Cade de référence de l action gouvernementale pour la période 2010-2020 ; Yaoundé Août 2009. République du Cameroun (Janvier 2009). Cameroun Vision_2035, Vision de développement du Cameroun à long terme : horizon 2035. CEMAC. Vision 2025 et Programme Economique Régional 2010-2015. Institut National de la Statistique, Cameroun. Comptes Nationaux du Cameroun 2009. Institut National de la Statistique, Cameroun - DIAL (Développement des Investigations sur Les Ajustements à Long terme). L industrie Camerounaise dans la Crise : 1984-1992. Novembre 1993. CONAC. Forum sur la lutte contre la corruption : la corruption dans le milieu des affaires au Cameroun, Hôtel Sawa, Douala ; 7, 8 et 9 Octobre 2009. Loi n 2010/001 du 13 avril 2010 portant promotion des petites et moyennes entreprises au Cameroun. Typologie des Entreprises. Direction de la Statistique (2003). Le Recensement Economique du Maroc en 2001/2002, Rabat, Royaume du Maroc. Département du Commerce et de l Industrie, Royaume du Maroc - Banque Mondiale (2003). Le Secteur Manufacturier Marocain a l aube du 21 ème SIECLE, Rabat, Royaume du Maroc; Résultats de l Enquête pour l Analyse et la Compétitivité des Entreprises (FACS-MAROC ) ONUDI. Industrial Performance and Capabilities of Cameroon. Analysis of the industrial sector, December 2005. Etats Généraux de l Industrie en France. Rapport intermédiaire sur le diagnostic et les enjeux prioritaires. Janvier 2010. Cameroun, Charte des investissements Loi n 2002-004 du 19 avril 2002 [NB - Loi n 2002-004 du 19 avril 2002 modifiée par la loi n 2004-20 du 22 juillet 2004 ] Rapport de la Banque Mondiale (2006), une évaluation du climat des investissements, Cameroun. Rapport de la Banque Mondiale et de la Société Financière Internationale (2009), Doing Business : Comparaison des réglementations dans 181 pays, Washington, DC 20433, Etats-Unis. Organisation de coopération et de développement économiques (2003), transparence du secteur public et politique de l investissement international. CNUCED (2005a), le développement économique en Afrique: repenser le rôle de l investissement étranger direct, nation unies, New York et Genève Partie II : Etat de l industrie camerounaises

Rapports thématiques 135 Banque Mondiale Banque Africaine de Développement. World Economic Forum, 2009. Rapport sur la compétitivité en Afrique. National Bureau of Economic Research, Cambridge MA 02138, July 2003.The Economic Tragedy of the XX th century: Growth in Africa. Working paper 9865. African Trade Policy Centre (Economic Commission for Africa). Work in Progress No. 54. Encouraging Innovation for Productivity Growth in Africa, Susanna Wolf. January 2007. OCDE. Compendium of Productivity Indicators, OECD 2008. JITAP. Programme Intégré Conjoint d Assistance Technique. Impact des accords de l OMC sur l économie du Cameroun, Négociation et Mise en Œuvre. Février 2006. ONUDI. Changing Patterns in Industrial Performance. A UNIDO Competitive Industrial Performance Perspective Implications for Industrial Development. Research and Statistics Branch. Working paper 05/2009. Partie II : Etat de l industrie camerounaises

137 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Partie III. Profil de l entrepreneur camerounais Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

139 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Résumé Au sens propre du terme, un entrepreneur est un individu qui possède un esprit d entreprise et qui prend des risques en particulier financier. Il est différent du manager ou dirigeant de l entreprise sn ce sens, qu il assume le risque financier. L agent économique qui s engage dans la création de l entreprise doit s appuyer non seulement sur ses qualités intrinsèques mais aussi sur un ensemble d informations de l environnement des affaires. Ces facteurs de décision qu utilise l entrepreneur peuvent être regroupés en trois catégories : - les antécédents de l'entrepreneur (âge, sexe, niveau d étude, nationalité, nature de création) ; - l évènement déclencheur (région, formation professionnelle effectuée, appartenance à un groupe) ; - les facteurs environnementaux (origine du capital social, forme juridique, innovations technologique, utilisation des TIC). Les résultats de l étude montrent que les hommes sont plus entreprenant que les femmes avec près de 60% d entrepreneurs. L on retrouve aussi majoritairement les entrepreneurs âgés entre 30 et 35 ans (35%). Les entrepreneurs de moins de 50 ans représentent 83% des entrepreneurs camerounais. Il convient ainsi de conclure que l âge de l agent économique est un élément déterminant de l entreprenariat. Ces entrepreneurs créent en majorité les TPE et dans une moindre mesure les PE. Les ME et GE font l objet de rachat des capitaux. S agissant de la famille, la présence d'un entrepreneur dans la famille proche d'un individu ait une influence positive en poussant cet individu à se lancer en affaire. La nationalité quant à elle est un élément à prendre en compte. Plus de 98% des entreprises sont l idée des camerounais. L entreprenariat au Cameroun est caractérisé par un faible niveau. En effet, près de 45% des entrepreneurs ont au plus un diplôme de l enseignement primaire. La nature de formation professionnelle effectuée constitue un critère déterminant du profil des entrepreneurs camerounais. En effet, 59,9% des jeunes entrepreneurs n ont reçu aucune formation adéquate devant les aider à exercer leur profession, mais plutôt un «apprentissage sur le tas». Par contre 22,2% et 10,2% d entre eux ont reçu respectivement une formation professionnelle diplômant et une formation continue. A ces éléments il faut ajouter que les grandes métropoles que sont Douala et Yaoundé regroupent près de trois quart des entrepreneurs. Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

140 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Pour ce qui est des aspects environnementaux, près de 46% des entrepreneurs estiment que leurs relations avec les pouvoirs publics sont «mauvaises», tandis que 32,8% d entre eux pensent qu elles sont «bonne» ou «assez bonne». Cette appréciation est mitigée selon le secteur d activité des entreprises. Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

Rapports thématiques 141 Introduction Le recensement Général des Entreprises réalisé au Cameroun en 2009 a dénombré 93 969 entreprises et établissements dont 88 144 entreprises sièges réparties en 65 986 Très Petites Entreprises (TPE); 16 937 Petites Entreprises (PE); 4 499 Moyennes Entreprises (ME) et 722 Grandes Entreprises (GE). Ces entreprises sont dirigées par autant d entrepreneurs ou chefs d entreprises. Ce rapport a pour but de cerner le profil de ces entrepreneurs et chefs d entreprises : Qui sont-ils? Quelles sont leurs motivations? D où viennent-ils? On connait, grâce à de nombreux travaux universitaires, les motivations des personnes qui se lancent dans la création d'une entreprise. Le désir d'accomplissement, d'indépendance et de contrôle, en sont quelques exemples auxquels il faut ajouter la volonté, parfois, de simplement sortir du chômage en créant son propre emploi. Même si ces éléments permettent de répondre aux raisons qui poussent les gens à créer une entreprise, c'est-à-dire de répondre à la question : pourquoi des individus deviennent-ils entrepreneurs, ils ne répondent pas à la question de savoir qui sont les entrepreneurs. La suite de cette étude va tenter de déterminer, en exploitant les résultats du recensement général des entreprises (RGE 2009), le profil de l entrepreneur au Cameroun, c'est-à-dire les traits caractéristiques des chefs d entreprises au Cameroun. Dans la première partie de cette étude, nous présentons les aspects théoriques de l entreprenariat, en insistant sur les concepts, les définitions et les modèles d entrepreneuriat. La deuxième partie est réservée à l analyse du profil de l entrepreneur. Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

143 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Chapitre 1 : Les aspects théoriques de l entreprenariat Plusieurs variables peuvent entrer en jeu dans l'explication de l'entreprenariat, aussi, pour pouvoir dresser un portrait plus réaliste et général, il devient important de bien circonscrire le champ d étude. Dans cette perspective, l'approche empirique est basée sur le recensement général d entreprises (RGE) réalisé par l institut National de Statistique (INS) du Cameroun en 2009 et donc les variables économiques portent sur l année 2008. Pour arriver à notre objectif qui est de découvrir le profil de l entrepreneur au Cameroun, nous présentons d abord la théorie entrepreneuriale. En fait, la quête des facteurs explicatifs du profil de l entrepreneur au Cameroun implique, dans un premier temps, de définir les principaux concepts de l'étude pour uniformiser la compréhension des lecteurs. Dans un deuxième temps, il sera impératif de dresser un tableau des principaux modèles de développement de la théorie entrepreneuriale qu'on retrouve dans la littérature. Enfin, un modèle susceptible de s'appliquer à la réalité camerounaise sera identifié, permettant ainsi d'examiner les facteurs entrepreneuriaux. 1.1 Définitions des concepts Débutons d'abord par la définition des concepts essentiels pour une compréhension de la présente démarche. Il va sans dire que le concept central de cette étude est celui de l entrepreneur et de l entrepreneur statistique qui constitue notre «unité statistique». 1.1.1 Entrepreneur Au cours des siècles, la place de l'entrepreneur et sa définition ont évolué. Alors qu'à l'aube de la révolution industrielle l'entrepreneur se distingue par sa capacité à prendre des risques, il devient avec l'industrialisation celui qui produit et qui innove. Selon Boutillier et Uzunidis1, au Moyen-âge français, l'entrepreneur, est «la personne qui assume une tâche (...) un individu hardi, prompt à prendre des risques économiques». Au fil des définitions, il apparaît tantôt comme l'individu qui «entretient des relations contractuelles avec le gouvernement pour un service ou la fourniture de marchandise», tantôt comme celui qui «entreprend quelque chose et qui est très actif». Dans l'encyclopédie, d'alembert et Diderot définissent l'entrepreneur comme celui qui se charge d'un ouvrage. Cantillon, fondateur de la première théorie de l'entrepreneur, d'après Boutillier et Uzunidis, Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

144 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) relie entrepreneur, incertitude et risque. Selon lui, le fermier, l'artisan, le marchand sont des entrepreneurs. Il constate que si l'entrepreneur est indispensable à la société il est cependant rejeté par elle. La prise de risque est aussi présente chez Jean-Baptiste Say qui va plus loin en tentant d'énoncer un profil de l'entrepreneur. En effet, pour ce dernier, l'entrepreneur doit présenter un ensemble de caractéristiques qui forment le «métier d'entrepreneur»; «il agit pour son propre compte ( ) il ne se limite pas à un secteur d'activité particulier ( ), il intervient entre le travail d'exécution de l'ouvrier et le travail de recherche du savant, ( ) l'entrepreneur organise, planifie la production, et en supporte tous les risques». L'image de l'entrepreneur dans la société n'a pas toujours été positive, comme le soulignait déjà Cantillon. Il n'a pas toujours été mis en avant contrairement à aujourd'hui où l'esprit d'entreprise, la création d'activité est encouragée et «glorifiée». Pour les physiocrates et François Quesnay, l'entrepreneur appartient à la classe «stérile» ou «improductive». C'est celui qui supervise le travail. Il n'a pas une excellente réputation. L'entrepreneur est également peu présent dans la pensée classique. La théorie de l'entrepreneur parmi les économistes marginalistes, est équivalente à la théorie du producteur ou à la théorie de l'entreprise. L'entrepreneur se résume à une fonction de production, «boîte noire» qui combine des facteurs de production, capital et travail. L'entrepreneur walrasien par exemple combine des facteurs de production mais ne semble pas doué de facultés exceptionnelles à la différence de Cantillon ou Say. L'entrepreneur néo classique est poussé par la recherche du profit et selon cette conception si l'activité de l'entrepreneur se résume à combiner des facteurs de production, alors il peut être un salarié. En extrapolant nous pouvons dire qu'il n'est plus caractérisé par sa capacité à prendre des risques, il est plus un manager qu'un entrepreneur. L'aspect «prise de risque» qui prévalait à l'aube de la révolution industrielle et chez Cantillon ou Say, semble disparaître de l'analyse de Walras. L'entrepreneur ne se caractérise plus comme un preneur de risque économique mais comme un individu qui recherche le profit (accumulation de capital) et dont les actes sont motivés par «l'esprit du capitalisme qui est la recherche rationnelle et systématique du profit par l'exercice d'une profession.» On tend ici à confondre entrepreneur et capitaliste. Pour Max Weber, «l'entrepreneur est un homme perspicace et audacieux et pas du tout un aventurier ou un risque-tout sans scrupule». L'entrepreneur keynésien ou le producteur, car Keynes emploie parfois le vocable de producteur pour désigner l'entrepreneur ne possède pas l'aspect innovateur, preneur de risque. Dans un contexte de crise et de sous-emploi, Keynes Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

Rapports thématiques 145 définit au contraire l'entrepreneur comme un individu ou un agent frileux peu enclin à prendre des risques. Schumpeter, dépassera le facteur «prise de risque» pour parler de l'entrepreneur innovateur. Cette théorie se distingue des celle des néoclassiques pour qui les individus sont interchangeables et peuvent devenir indifféremment «entrepreneur» ou «travailleur». Pour Schumpeter au contraire, l'entrepreneur a des qualités indéniables, une personnalité hors du commun. Il n'est pas un génie doté par la nature de facultés intellectuelles supérieures. «Il est le produit d'un système socio-économique». L'entrepreneur schumpétérien réalise les nouvelles combinaisons de moyens de production qui sont autant d'opportunités d'investissement. Il se distingue des autres agents économiques par un ensemble de caractéristiques dont en voici un exemple : il n'a pas une activité routinière (opposition de l'entrepreneur routinier à l'entrepreneur révolutionnaire), quelqu'un n'est entrepreneur que s'il exécute de nouvelles combinaisons. Pour Schumpeter et contrairement aux néoclassiques, capitalistes et entrepreneurs ne sont pas synonymes. L'entrepreneur de Schumpeter «apparaît comme une espèce de magicien qui transforme en or tout ce qu'il touche». «Il crée sans répit car il ne peut rien faire d'autre ( ), il y a d'abord en lui le rêve et la volonté de fonder un royaume privé, le plus souvent, quoique pas toujours, une dynastie aussi ( ). Puis vient la volonté du vainqueur ( ). La joie enfin de créer une forme économique nouvelle et un troisième type de mobile». Dans les années 1980 l'entrepreneur redevient réellement un sujet digne d'intérêt pour les économistes car il apparaît comme l'acteur qui pourra contrecarrer l'échec de la grande entreprise dans un contexte économique difficile. En effet, «en cette période de crise économique prolongée, où l'incertitude est grande, le retour du paradigme de l'entrepreneur semble être la contrepartie de l'échec de la grande entreprise et de ses managers qui a priori ne sont pas adaptés à la situation économique d'aujourd'hui. Les théories de J. B. Say sont dépoussiérées et remises au goût du jour. Pourtant si l'image de l'entrepreneur rime fréquemment avec petite entreprise, l'entrepreneur peut revêtir différents aspects. Être entrepreneur ce peut être un état d'esprit plus que le fait d'être ou non propriétaire du capital que l'on valorise.» «L'entrepreneur se résume à l'agent économique qui prend des décisions stratégiques dans un environnement économique incertain.» Chez les économistes libéraux contemporains, l'entrepreneur se caractérise par sa capacité de jugement et sa prise de risque dans un environnement économique incertain. Gasse (1982) écrivait donc que l'esprit d entreprise est : «( ) l'appropriation et la gestion des ressources humaines et matérielles, dans le but de créer, de développer et d'implanter des solutions permettant de répondre aux besoins d'individus ( ) l'esprit entrepreneurial se traduit par une volonté constante de Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

146 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) prendre des initiatives et de s'organiser compte tenu des ressources disponibles pour atteindre des résultats concrets.» 1.1.2 Définition statistique de l'entrepreneur Il existe aujourd'hui une «diversité de définitions et de typologies de ce qu'est ou ce que fait un entrepreneur. Si ce rapide survol de la théorie économique nous donne une idée de l'évolution de la place de l'entrepreneur dans la société, elle ne nous permet pas de dessiner le contour statistique de la sous-population que nous souhaitons étudier. Comment repérer l'entrepreneur? Pour B. Duchéneaut et M. Orhan, un entrepreneur est un individu qui possède un esprit d entreprise et qui prend des risques en particulier financier. En ce sens, le manager d une grande entreprise, dirigeant salarié, n assume pas le risque financier et à ce titre ne peut pas être assimilé à un entrepreneur. Pour les deux auteurs, «l entrepreneur est celui qui, placé à la tête d une entreprise, en assume la gestion directe et le risque financier». Cette définition s applique très bien aux entreprises individuelles, appelées «personnes physiques» dans le jargon juridique. En effet, dans ce cas, le créateur ou l entrepreneur assume la totalité des risques puisqu il engage son patrimoine au démarrage et peut le perdre en cas de faillite. La situation est, par contre, beaucoup moins simple dans le cas des sociétés ou «personnes morales» car il n y a dans ce cas pas toujours un seul preneur de décision et un seul preneur de risque, en particulier s'il y a plusieurs actionnaires. Qui est alors considéré comme l entrepreneur? Pour Duchéneaut et Orhan, «les critères de prise de risque et de gestion directe sont totalement présents chez le dirigeant d une société possédant la majorité du capital de son entreprise». Ainsi, dans le cas des personnes physiques, l'entrepreneur est le créateur de l'entreprise qui est la plupart du temps de petite taille. Dans le cas des personnes morales, il faut considérer l'actionnaire majoritaire ou le principal dirigeant. 1.2 Eléments émergents Les chercheurs ont pu, au fil des ans, faire des recoupements et faire ressortir des attributs qui caractérisaient plusieurs entrepreneurs. Mais, bien entendu, certains entrepreneurs ne correspondront pas nécessairement à ces descriptions, et d'autres oui. Les auteurs, ont identifié des caractéristiques décrites cidessous, qu'on retrouve chez les entrepreneurs mais il n'existe aucun consensus sur le sujet. Pour contrecarrer ce manque de consensus, Hornaday (1982) a fait ressortir les caractéristiques les plus fréquemment attribuées aux entrepreneurs dans la littérature à partir de six sources : celles de Hal B. Pickle (1964), J. Hornaday et C. Bunker (1970), l'indian Institute of Management, l'est- Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

Rapports thématiques 147 West Center Technology and Development Institute et l'institute for New Entreprise Development. Ces caractéristiques sont donc: 1. Confiance en soi, 2. Persévérance, détermination, 3. Énergie, 4. Talent, 5. Habileté à prendre des risques calculés, 6. Besoin de réalisation, 7. Créativité, 8. Initiative, 9. Flexibilité, 10. Responsabilité face au défi, 11. Indépendance, 12. Prévoyance, 13. Dynamisme, leadership, 14. Polyvalence, connaissance du produit, du marché, de l'équipement, de la technologie, 15. Habileté à bien s'entendre avec les gens, 16. Adaptation aux suggestions et aux critiques, 17. Orientation vers le profit, 18. Acuité, 19. Optimisme. Source: Encyclopedia of Entrepreneurship par Kent, Sexton et Vesper, 1982, page 28 Outre ce genre de caractéristiques qui sont, en soi, très précises, des chercheurs tels Filion (1991), Toulouse (1979) et Komives (1972) ont trouvé d'autres façons de décrire l'entrepreneur et en voici la synthèse. Louis Jacques Filion (1991) a effectué une recherche dont le but était de dégager un modèle d'activités d'entrepreneurs à partir des données empiriques recueillies sur le terrain, c'est-à-dire à partir de l'étude de ce que font les entrepreneurs. Les entrevues qu'il a effectuées avec les entrepreneurs lui auront permis de faire ressortir douze éléments émergents qui caractérisent les entrepreneurs interrogés. Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

148 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Tableau 1 : Eléments émergents de l'esprit d entreprise selon Filion Source : Visions et relations, par Louis Jacques Filion, page 35-75, 1991. Jean-Marie Toulouse (1979) a pour sa part regroupé les caractéristiques de l'entrepreneur en trois grands axes. Le premier axe est celui des valeurs ou de l'idéologie. Cet axe fait référence aux aspects sociaux qui caractérisent l'entrepreneur. Les entrepreneurs croient aux vertus de l'individualisme ou du moins, y trouvent une justification morale. Les entrepreneurs sont donc caractérisés sur l'axe des valeurs par un grand besoin d'être autonome face au reste de la société et c'est de là que découle leur désir d'être leur propre patron. Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

Rapports thématiques 149 Le second axe que Toulouse a élaboré est celui de l'implication. Cet axe fait référence aux facteurs psychologiques qui déterminent l'attitude des entrepreneurs face au risque. Les entrepreneurs sont très souvent des individus qui bravent l'incertitude. Que ce soit à cause de traits de caractère innés, d'expériences acquises ou à cause de diverses sources d'insatisfaction (matérielle ou psychologique), l'entrepreneur a une perception du risque et une capacité d'implication personnelle dans un projet qui lui est propre. Le troisième et dernier axe de Toulouse est celui de l'action. Cet axe fait référence aux aspects créatif et innovateur. L'entrepreneur crée, il réalise son projet. Mais ses actions de création seront modulées par une opposition de l'attitude qui tend vers le développement de l'organisation à une attitude qui tend vers le fonctionnement de l'organisation. Bien que pour la survie de l'entreprise, son fonctionnement doit être assuré, l'entrepreneur tend plutôt à vouloir atteindre de nouveaux sommets. Les entrepreneurs sont des gens d'action. Komives (1972) dira qu'ils sont des «doers not thinkers». Graphique 1 : Axes de l'entrepreneuriat selon Toulouse. Source : L'entrepreneuriat au Québec, Jean-Marie Toulouse, page 5, 1979. Nous considérerons, dans la présente étude, comme entrepreneurs, tout autant ceux qui ont créé leurs propres entreprises, que ceux qui en ont hérité, que ceux qui ont été invité à s'associer ou ceux qui en ont fait l'achat. L'entrepreneur est donc un individu qui est guidé dans ses actions par un grand besoin d'autonomie et organise les ressources nécessaires pour prendre le leadership d'une entreprise, répondant ainsi aux demandes d'un marché. Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

150 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) 1.3 Cadre théorique La littérature comporte plusieurs modèles entrepreneuriaux qui portent soit sur le processus de création d'entreprises (Arocena et al 1983; Pleitner 1986; Shapero 1975), soit sur les conditions gagnantes observées lors de ces créations (Timmons 1982; Belley 1989; Fillion 1991; Marchesnay et Julien 1996), soit sur les structures de soutien aux entrepreneurs (Burch, 1986). Dans le contexte de cette étude, les modèles faisant référence aux facteurs d'influence ou de stimulation pour la création d'entreprises auront été privilégiés. Dans cette perspective, le modèle de Cooper (1979) est celui qui permettra le mieux d'étudier la réalité camerounaise. Mais avant d'élaborer ce modèle de Cooper, nous allons exposer de quelle façon la littérature nous a poussés à faire ce choix. 1.3.1 Présentation des modèles entrepreneuriaux 1.3.1.1 Arocena et al. (1983) C'est tout d'abord le modèle de Arocena et al. (1983) qui a attiré notre attention. Arocena regroupe en trois pôles les différents facteurs qui amèneront à la création d'une entreprise. On retrouve d'abord le pôle professionnel, qui regroupe les acquis professionnels (métier), le savoir-faire, l'apprentissage, et la maîtrise de la gestion. Ensuite, il y a le pôle relationnel qui est l'illustration des réseaux familiaux, professionnels et sociaux. Enfin, on retrouve le pôle personnel qui fait état de l'histoire personnelle de l'entrepreneur, son éducation, ses motivations et ses projets. Selon Arocena et al, cette triple polarité est nécessaire à la création d'une entreprise. Toutefois, le poids relatif de chaque pôle dans chacun des cas de création d'entreprises n'est pas constant. Par exemple, pour la création d'une entreprise donnée, le pôle relationnel pourrait avoir une importance énorme alors que dans un autre cas de création, ce serait le pôle professionnel qui aurait été le plus déterminant. Ce modèle, quoique clair et facilement compréhensible, nous apparaît quelque peu simpliste. Bien qu'il illustre trois catégories «d'acquis» pour le futur entrepreneur, il ne nous semble pas assez complet pour comprendre le «pourquoi» d'une démarche entrepreneuriale. On ne peut l'utiliser pour connaître l'événement ayant poussé l'entrepreneur à se lancer en affaire, ni pour tester l'aspect culturel ou l'aspect de désirabilité sociale, ou encore les aspects de découverte des opportunités d'affaires et de disponibilité des ressources par l'entrepreneur. Toutefois, ce modèle illustre bien la base des éléments d'importance pour la création d'une entreprise, mais un modèle plus complet est nécessaire pour mener à bien la présente étude. Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

1.3.1.2 Pleitner (1986) Rapports thématiques 151 Un des aspects qui fait défaut au modèle d'arocena et al (1983) est, sans contredit, qu'il n'explique pas le ou les événements ayant poussé l'entrepreneur à se lancer en affaire. Par contre, Pleitner (1986) traite justement de ces événements déclencheurs. Pour Pleitner, la motivation à entreprendre provient des insatisfactions d'un individu à son travail. La somme des insatisfactions fait en sorte que le travail d'un individu ne répond plus à ses objectifs professionnels. Il y aura dès lors déclenchement d'un processus de recherche d'alternatives. L'individu se retrouvera à choisir entre changer d'emploi ou envisager de devenir entrepreneur. La motivation à entreprendre est aussi fonction des probabilités de réalisation de l'événement entrepreneurial ainsi que des occasions d'affaires qui se présentent au futur entrepreneur. Pleitner fait peut-être état d'un processus pouvant mener à la création d'entreprises, mais est-ce le seul processus existant? En fait, il axe sa réflexion sur ce que l'on considère être l'un des nombreux déclencheurs d'un événement entrepreneurial, soit l'insatisfaction professionnelle, mais d'autres déclencheurs existent certainement. Le modèle de Pleitner ne peut être retenu dans son ensemble aux fins de la présente étude, mais son apport au modèle d'arocena et al.(1983), en ce qui a trait à l'événement déclencheur «Insatisfaction au travail», est important ainsi que la place qu'il accorde à l'opportunité d'affaires pour la création d'une entreprise. Ces deux éléments apparaissent essentiels pour qu'un modèle entrepreneurial complet. 1.3.1.3 Shapero (1975) Tel que souligné plutôt, Pleitner n'accorde pas d'importance à d'autres facteurs explicatifs que celui de l'insatisfaction au travail pour comprendre l'acte entrepreneurial. Shapero (1975) va beaucoup plus loin dans sa réflexion sur le sujet. Il abonde dans le même sens que Pleitner quant à la présence d'un élément de discontinuité, tel l'insatisfaction au travail, mais pour lui, il ne s'agit là que l'un des nombreux facteurs de rupture. Aussi, en plus d'élaborer davantage sur l'axe de discontinuité, le modèle de Shapero comporte quatre variables explicatives de l'acte entrepreneurial. Shapero a élaboré son modèle des influences entrepreneuriales autour de deux questions. Tout d'abord, sa première question était «qu'est-ce qui est susceptible de venir modifier la trajectoire de vie d'un individu.» et ensuite, «pourquoi ce changement deviendrait l'acte entrepreneurial et pas autre chose» L'explication de Shapero à ces interrogations est fonction de quatre variables lesquelles inter-agissent et permettent de répondre à ses questions comme l'illustre la figure suivante. Graphique 2 : modèle de Shapero Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

152 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) La variable situationnelle: Le déplacement ou la discontinuité Shapero avance que peu de créations d'entreprises sont le résultat d'une succession de décisions rationnelles, calculées et prudemment planifiées. La plupart des créations sont liées à des déplacements de personnes, à l'éviction de conditions d'existence confortables et elles prennent place à un moment où le fondateur hésite entre divers projets ou il n'est pas encore installé dans une situation qui lui convient. Les facteurs négatifs apportent une plus large contribution dans la prise de décisions rapides concernant l'entreprise que ne le sont les facteurs positifs. La variable psychologique: La disposition à l'action Suite à un déplacement, un nombre restreint de personnes réagissent en créant une entreprise. La difficulté à accepter l'autorité, le besoin d'accomplissement personnel, l'influence que l'individu pense ou non avoir sur les événements de son environnement, sont autant de facteurs qui font qu'un individu «déplacé» sera disposé à entreprendre ou non selon Shapero. La variable sociologique: La crédibilité de l'action Les individus «déplacés» qui ont une certaine disposition pour l'acte entrepreneurial ne créeront pas tous une entreprise. Selon Shapero, la plus importante variable est celle de la crédibilité de l'action. L'individu doit pouvoir s'imaginer luimême faisant démarrer et dirigeant une entreprise. La crédibilité est acquise par la présence d'exemples crédibles: la création d'une entreprise par quelqu'un qui nous ressemble, par quelqu'un à qui on peut s'identifier, quelqu'un de la famille du futur entrepreneur ou de son groupe de référence. La variable économique: La disponibilité des ressources Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

Rapports thématiques 153 Enfin, bien que les axes de la discontinuité, de la propension à entreprendre et de la crédibilité de l'acte soient des facteurs importants, ils ne suffisent pas à la création d'une entreprise. Le futur entrepreneur doit avoir l'assurance, qu'entre autres, les ressources humaines, financières et matérielles dont il aura besoin, seront disponibles le moment venu. Le modèle de Shapero (1975) est très utile pour comprendre les vecteurs qui influenceront l'entrepreneur. Plusieurs auteurs se sont intéressés au modèle de Shapero et y ont suggéré des ajouts intéressants. Tout d'abord, Timmons (1982) et Belley (1989) affirment que Shapero néglige l'aspect de l'opportunité d'affaires comme facteur de création d'entreprise. Toutefois, il est bon de rappeler que Shapero a bel et bien souligné les «opportunités d'affaires» au sein du vecteur de discontinuité mais qu'il considère qu'il s'agit là d'un facteur positif de discontinuité alors que ce sont plus fréquemment les facteurs négatifs qui poussent à la création d'entreprises. Sweeney (1987) relate que Shapero avait reconnu une lacune à son modèle en ce qui concerne le niveau de connaissance de l'entrepreneur face aux différentes facettes de l'entreprise. En effet, après la publication de son propre modèle, Shapero aurait rédigé une note privée dans laquelle il ajoutait un cinquième élément à son propre modèle, intitulé «connaissances générales et spécifiques». Nous tenons à souligner que plusieurs autres chercheurs ont développé des modèles entrepreneuriaux intéressants mais dont l'influence sur la présente recherche est moindre. 1.3.1.4 Modèle de Cooper (1979) (adapté par Lacasse; 1990) Compte tenu des lacunes de certains modèles précédemment présentés ou de la difficulté d'appliquer certains autres modèles au contexte de cette recherche ou à la réalité camerounaise le modèle de Cooper (1979) que Lacasse (1990) a légèrement adapté, semble être celui qui se prête le mieux aux objectifs de notre démarche. Les adaptations de Lacasse (1990) portent davantage sur la façon de présenter les différentes variables que sur l'esprit même du modèle. Aussi, il est important de souligner que l'ancienneté de ce modèle n'empêche en rien son utilisation. La plupart de ses dimensions sont encore valables et les modifications qui lui seront apportés permettront de l'actualiser. Cooper a élaboré son modèle à partir de nombreuses études sur un certain nombre d'entreprises. Ces études portaient sur des aspects très divers de l'entrepreneuriat mais dans l'ensemble, ces aspects aident à mieux comprendre les influences qui s'exercent sur l'entrepreneuriat. C'est un modèle pertinent à vérifier au Cameroun et relativement complet en terme de variables. Pour Cooper, la création d'entreprises représente une décision prise par un ou plusieurs entrepreneurs. Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise

154 Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) Les facteurs d'influences s'exerçant sur cette décision sont regroupés en trois catégories : l'entrepreneur et ses nombreux aspects de formation, ses motivations, sa façon de voir, ses compétences et ses connaissances ; l'organisation établie au sein de laquelle l'entrepreneur a travaillé dans le passé et que Cooper appelle «l'organisme incubateur» et dont les caractéristiques auront un impact sur la nature et le choix de l'emplacement des nouvelles entreprises ; les facteurs environnementaux dont beaucoup d'entre eux sont régionaux et créent un climat plus ou moins favorable à l action entrepreneuriale. Le tableau suivant illustre les diverses influences qui sont regroupées dans ces trois catégories. Tableau 2 : modèle de Cooper 1.3.2 Synthèse Tel que constaté, la littérature foisonne de modèles entrepreneuriaux sans pour autant faire de consensus. Le modèle de Cooper (1979) s'avère être, avec les modifications qui s'imposent, la meilleure orientation pour élaborer une démarche de recherche permettant d'étudier la réalité qui prévaut sur le territoire camerounais. Le modèle de Cooper permet de voir l'entrepreneur avec ses antécédents qui l'influencent, il cherche à décrire les caractéristiques de l'organisation pour laquelle l entrepreneur a travaillé auparavant et il évalue les facteurs environnementaux. Partie III : Profil de l entrepreneur camerounaise