Laurence Cambianica, Plan France 17/12/2013



Documents pareils
Elaboration des Ad AP COTITA 27 janvier 2015

Les parents d élèves et L ENT

Organisation des Nations Unies pour le développement industriel

TRAVAUX DU GROUPE GUINEE/CONAKRY ET BISSAO

In t r o d u c t i o n

Le centre sera fermé du 20 au 31 juillet 2015

FORD C-MAX + FORD GRAND C-MAX CMAX_Main_Cover_2013_V3.indd /08/ :12

Ministère des Mines, de l Industrie et des PME PROGRAMME NATIONAL «PLATE-FORME MULTIFONCTIONNELLE POUR LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE (PN-PTFM)

Programme d aménagement intégré de quartiers informels de Port-au-Prince : Martissant et Baillergeau (AIQIP)

UNE OFFRE MODERNE DE BANQUE À DOMICILE

Commission des finances

Présentation Macro-économique. Mai 2013

L AIDE AU DÉVELOPPEMENT FRANÇAISE

Canada-Inde Profil et perspective

PLACE DE L ASSURANCE PRIVEE DANS LA MISE EN ŒUVRE D UNE ASSURANCE MALADIE DITE UNIVERSELLE

12 mois pour un budget

Les nouvelles orientations de la politique de coopération internationale de la Ville sont :

TITRE DU PROJET Construction d un complexe de santé pour le compte de l ONG Education Pour la Santé et la Promotion de l Emploi (EPSPE)

TABLE DES MATIÈRES. Première partie DE LA SOCIÉTÉ DE PLANTATION À LA SOCIÉTÉ DE TRANSFERTS : UNE SOCIOLOGIE DE LA RÉUNION

EOLE TRADING INTEGRALE

FONDS D INVESTISSEMENT CLIMATIQUES

Master Audit Contrôle Finance d Entreprise en apprentissage. Organisation de la formation

LES ESPACES CAMPUS FRANCE A PROCEDURES CEF. étrangers

L Education par les Pairs

TAXE D APPRENTISSAGE 2014

Traduction de la lettre d introduction. 23 janvier Chères Mme. Peters et Mme. Moreno Fernandez,

L'insertion professionnelle des bénéficiaires du RSA en outre-mer

La baisse tendancielle des rentes réduitelle la demande d épargne retraite? Leçons tirées d une réforme des tables de mortalité

EVALUATION FINALE BKF/012

Demande de paiement par prélèvement automatique des services à l enfance

Le système de protection sociale en santé en RDC

demain Aujourd hui ACDIC A. PRESENTATION DE L ACDIC B. 10 ANS D ACTIONS. Des actes concrets, des effets, des impacts C. DES ACQUIS ET ATOUTS CERTAINS

La culture du résultat au sein des systèmes statistiques nationaux des Etats membres d AFRISTAT

AGIRFINANCES. Votre partenaire Budget. Son objectif est de vous permettre d établir votre budget.

Edy K. ANTHONY Secrétariat Exécutif, OCAL

Commentaires de l ICÉA à la Commission canadienne de l UNESCO - Suivi de CONFITEA VI page 2

Note Simplifiée. UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE La Commission

Mike Manning, Directeur général, Société financière de l industrie de l électricité de l Ontario

GE Capital. Principaux faits nouveaux. Perspectives sectorielles. Survol des tendances de l industrie : Automobile

Comité de suivi collège Galilée du 08 octobre 2014

Rapport : Sur mandat de Promotion Santé Suisse Avenue de la Gare 52, 1003 Lausanne

Résultats et impacts

LES INDUSTRIES EXTRACTIVES

ORIENTATIONS DES ACTIONS SOCIO-EDUCATIVES DU CEL

Une école adaptée à tous ses élèves

Programme d Appui au Développement du Secteur Privé (PADSP) du Cameroun. Le 5 novembre 2013

Perspectives économiques régionales du Moyen-Orient et de l Afrique du Nord

PROJET CANTINE ET PROMOTION DE L HYGIENE EN MILIEU SCOLAIRE A TANGASSOGO ET GAH RAPPORT DE MISE EN OEUVRE

Fiche d information 3 OÙ IRA L ARGENT?

+ 34,7 % 1. Le budget. L Budget exécuté 2006 à 2009 de la CNSA et budget prévisionnel entre 2006 et 2009.

Marché solidaire Du Sud au Nord, pour une autre économie et l autonomie des femmes

Un fonds climat énergie au GL? Présentation de la démarche

ÉDUCATION-FORMATION-EMPLOI

Impact économique de l industrie canadienne du camping et analyse des tendances SOMMAIRE EXÉCUTIF.

Cluster Éducation Mali Réunion 14 janvier 2014

Dossier Financier. La première partie décrit les hypothèses de fonctionnement retenues que ce soit d un point de vue organisationnel ou financier.

DOSSIER DE PRÉSENTATION

SYSTEME DES NATIONS UNIES AU BURKINA FASO PLAN CADRE DES NATIONS UNIES POUR L AIDE AU DEVELOPPEMENT UNDAF

Les Principes et les Bonnes Pratiques Relatifs à la Sensibilisation et l Education Financières

MASSERAN INNOVATION VII

Revue des Marchés. Charles Gagné

Une nouvelle activité de l Efma dédiée au Développement de la performance des réseaux bancaires et d assurance

Institut National de la Statistique - Annuaire Statistique du Cameroun Chapitre 26 : LE CAMEROUN DANS LA ZONE CEMAC

Pacte de responsabilité et de solidarité. Réunions des 16, 19 et 26 juin 2014 à Digne-les-Bains, Castellane, Barcelonnette et Forcalquier

USAGE DES RESEAUX SOCIAUX PAR LES APPRENANTS EN COTE D IVOIRE

Département Enseignement TAXE D APPRENTISSAGE DIAGNOSTIC ET PLAN D ACTIONS

LES OMD EN CHIFFRES. Par Raulin Lincifort CADET INTRODUCTION

Lundi. Mardi Mercredi. Jeudi. Vendredi. LeS nouveaux rythmes à l école primaire. Exemples d emplois du temps

Les principales méthodes d évaluation

Présenté par OUEDRAOGO Adolphe Chef de Brigade de la CIMA. DAKAR, les 3-4 et 5 novembre 2009

Titre : La Mutuelle Communautaire de Santé de Yaoundé : Un mécanisme solidaire de financement collectif d accès aux soins de santé de qualité.

Paiement par prélèvement automatique des services à l enfance

RECOMMANDATION DU CONSEIL SUR LES BONNES PRATIQUES POUR AMELIORER LA SENSIBILISATION AUX RISQUES ET L'EDUCATION SUR LES QUESTIONS D'ASSURANCE

Imagine Canada États financiers

Mon calendrier budgétaire

Les Français et leur perception de l école maternelle et élémentaire avant la rentrée 2012

Les étudiants dans le rouge : l impact de l endettement étudiant

Investir à long terme

Exemples de projets financés par l Union européenne et les Etats membres dans le cadre du Partenariat UE-Afrique sur le coton

BANQUE CENTRALE DU CONGO

LES ÉLÈVES INSCRITS EN FORMATION PROFESSIONNELLE ET LEURS BESOINS SPÉCIFIQUES DE SOUTIEN À LA PERSÉVÉRANCE ET À LA RÉUSSITE. QUI SONT-ILS VRAIMENT?

Agence de communication digitale

Plan Stratégique Groupe BPCE

Avant projet de texte légal portant régime de l intégration du genre dans les politiques nationales de croissance et de l emploi

LE CLUB AVANTAGES GREEN FEES

Ouverture d'un point de vente L étude de la zone de chalandise.

21 ème Observatoire des Taux meilleurtaux.com. C O N F É R E N C E D E P R E S S E 3 f é v r i e r

Séminaire éducation Focus Rythmes scolaires Compte-rendu 11 mars 2014

ROYAUME DU MAROC DIRECTION DU BUDGET

Programme de stabilité Quel impact sur l investissement local?

LISTE DES DOCUMENTS A FOURNIR A L APPUI DE VOTRE DEMANDE DE BOURSE

PRÉSENTATION DU PROGRAMME. Le cœur à l école. PROGRAMME DE PRÉVENTION DE L ÉCHEC SCOLAIRE ET SOCIAL Volets préscolaire et 1 er cycle du primaire

Le développement des compétences

Sans formation à l aide sociale que faire?

Étapes suivantes du plan d action du Manitoba

Préfectures couvertes. Kankan 12 CRD. Mandiana 8 CRD. Kérouané 5 CRD

D assurance-vie avec participation

Stratégie locale en faveur du commerce, de l artisanat & des services

Burundi. Rapport national intermédiaire du suivi de la mise en oeuvre du Cadre d'action de Hyogo. Nom du point focal : Mr SERVILIEN Nitunga

Transcription:

Projets d appui à la scolarisation des filles: Blocages et leviers pour une généralisation des bonnes pratiques : Expérience de PLAN dans le quartier de la Briqueterie à Yaoundé, au Cameroun Laurence Cambianica, Plan France 17/12/2013

I. Plan France : Qui sommes-nous? Sommaire II. Bref aperçu sur le Cameroun III. Analyse de situation : les freins à l éducation des filles dans le quartier de la Briqueterie à Yaoundé IV. Introduction au projet V. Les leviers utilisés dans le cadre du projet VI. Premiers résultats obtenus VII. Les leçons apprises (forces et faiblesses) VIII. Perspectives pour la deuxième phase du projet

Plan France: Qui sommes-nous? Association loi 1901, créée en 1993 Membre du réseau PLAN International (intervenant dans 70 pays) Principales Missions : Appui technique, méthodologique et financier aux équipes de terrain Promotion des droits de l enfant en France et en Europe via des actions de plaidoyer et d éducation au développement Thématiques d intervention prioritaires : Education Protection Autonomisation socio-économique des jeunes Principaux pays partenaires : Cameroun, Togo, Mali, Tanzanie, Egypte, Haïti, Colombie, Vietnam, Inde, Chine

Le Cameroun Capitale: Yaoundé Superficie: 475 442 km2 Population: 20 549 221 hab. Taux alphabétisation : 83% (81% pour les femmes) Taux net de scolarisation : 91% (86% pour les filles et 97% pour les garçons) IDH, 0.330, rang 150 sur 187 (PNUD 2012) Indice Inégalité de Genre: 0.628, rang 137 sur 148 (PNUD 2012) Stratégie sectorielle du secteur de l Education et de la Formation (2013-2020) => un axe centré sur «Accès et équité» Document sur l intégration du genre dans le DSCE en cours d élaboration

Analyse de situation : les freins à l éducation des filles à la Briqueterie Taux net de scolarisation : 48% (43% pour les filles) Sur le plan socioculturel: - Déconsidération de la place de la femme et de la fille dans la société persistance de pratiques néfastes. - Faible niveau d éducation des familles de la zone faible prise de conscience de l importance de l éducation et difficultés dans l accompagnement de la scolarité. - Travail des enfants communément accepté Sur le plan socio-économique: - Faible revenu des familles Nécessité de revenus complémentaires - Importance des frais connexes (achat de fournitures scolaires, d uniformes, ) Sur le plan politique: - Insuffisance des allocations budgétaires dédiées au système éducatif de la part de l Etat et des autorités locales (Mairie de Yaoundé II) offre éducative insuffisante - Absence de ligne budgétaire dédiée à l éducation des filles

Projet d appui à la scolarisation des filles dans le quartier de la Briqueterie, Yaoundé, Cameroun Objectif : Améliorer l'accès et la qualité de l éducation d au moins 3 500 filles de moins de 15 ans du quartier de la Briqueterie à Yaoundé d ici fin 2013. Durée: 3 ans et demi - Novembre 2010 - Octobre 2013 (extension jusqu à fin mars 2014) Bénéficiaires directs : 3 500 filles de 6 à 13 ans de 15 écoles du quartier de la Briqueterie à Yaoundé Bénéficiaires indirects : 14 000 femmes de la Briqueterie ; 500 filles non scolarisées ; 5 500 garçons des écoles cibles du projet Budget : 300 000 euros Partenaire local : Association des Femmes Haoussa pour le Développement Evaluation à mi-parcours (fin 2012) et finale (janvier 2014)

Les leviers utilisés dans le cadre du projet afin d améliorer l accès des filles à l éducation Intervenir sur l environnement externe par des actions ciblées auprès des familles, des communautés et des décideurs politiques Sensibilisation des communautés et des enfants eux-mêmes Renforcement des capacités des familles, notamment sur le volet Sécurité économique des ménages (AVEC, AGR) Plaidoyer auprès des autorités locales et décideurs publics Améliorer le cadre d apprentissage et la qualité de l éducation Réhabilitation et construction d équipements adaptés aux besoins des filles et garçons Formation pédagogique aux enseignants des écoles primaires Prise en compte des besoins spécifiques des filles dans les programmes d enseignement Appui pédagogique aux élèves en difficulté ou les plus vulnérables Implication des parents dans la gestion et la vie de l école Participation des garçons et des filles à la gouvernance scolaire

Premiers résultats obtenus (I) Intervenir sur l environnement externe par des actions ciblées auprès des familles, des communautés et des décideurs Premiers effets positifs des AVEC: l appui à l éducation des enfants via les AVEC est en constante augmentation (1 er poste de dépense sur cette épargne; 75% des enfants des familles membres en bénéficient; montant total épargné sur les caisses spécifiques «éducation» + 300% entre août 2012 et sept 2013) 9000000 8000000 7000000 6000000 5000000 4000000 3000000 Epargne Education 2000000 1000000 0 sept.-11 déc.-11 avr.-12 juil.-12 oct.-12 janv.-13 mai-13 août-13 nov.-13 mars-14 En 2 ans, augmentation du nombre de filles inscrites dans les écoles couvertes par le projet de 6.35%.

Premiers résultats obtenus (II) Améliorer le cadre d apprentissage et la qualité de l éducation Intérêt et assiduité croissante de la part des filles de la Briqueterie ; Amélioration du niveau scolaire des enfants motivation des familles à soutenir leur éducation Participation grandissante des enfants et des filles dans les plateformes d expression: amélioration de la confiance en soi et revendication de leurs droits Réhabilitation et construction d équipements adaptés aux besoins des filles et garçons: 44 salles de classe et 06 blocs de latrines bénéficiant à environ 7000 enfants (dont 3700 filles)

Principales leçons apprises Forces Faiblesses Au niveau de l analyse de la situation/conception Identification participativedes obstacles à l éducation des filles dans la zone du projet Insuffisante prise en compte des garçons au moment de l analyse Au niveau de la mise en œuvre et suivi-évaluation Participationdes enfants à tous les niveauxet implication des parties prenantes Approche par les droits. L appui à la création des AVEC, avec une caisse spécifiquementdédiée à l éducation,et le développement des AGRrenforce l autonomisation des familles et des femmes. Création et formation des clubs de filles, des fora et gouvernements d enfants : confiance en soi, responsabilisation, autonomisation, plus grande contribution au développement de la communauté Faiblesse du volet plaidoyer auprès des communes et des services déconcentrés de l Etat: supports/outils et stratégie insuffisants Insuffisante structuration et autonomisation de certaines AVEC Faiblesses dans le système de suivi-évaluation du projet et absence d un chargé de suivi-évaluation Questionnement sur la pérennitéde l appui pédagogique aux enfants: cours de soutien scolaire (coût important)?

Perspectives pour la phase II du projet Renforcer le système des AVEC (accentuer formations de l équipe et sensibilisations préalables à la constitution des groupes) autonomisation et pérennité Renforcement du système de suivi-évaluation: recrutement d une personne dédiée, mise en place d une analyse plus fine rapport coût/efficacité par levier Réflexion sur de nouvelles modalités possibles pour les cours de soutien pour un fonctionnement plus endogène Renforcer le plaidoyer auprès des autorités : consolider la stratégie et l ancrage national (PLAN déjà acteur stratégique LEG), développer les partenariats/synergies, s appuyer sur des supports et outils (Plans d amélioration des écoles et documents de capitalisation) Accent sur la qualité et la sûreté de l environnement scolaire Passage à l échelle : capitalisation des acquis et bonnes pratiques et extension de la zone d intervention aux zones limitrophes de la Briqueterie

laurence.cambianica@plan-international.org www.planfrance.org