Impact de la gestion des stocks publics des produits vivriers sur le warrantage au Burkina Faso



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Transcription:

MINISTERE DE L AGRICULTURE ET DE LA SECURITE ALIMENTAIRE -=-=-=-=-=--=-=-=- BURKINA FASO Unité Progrès Justice SECRETARIAT GENERAL -=-=-=-=-=--=-=-=- DIRECTION GENERALE DES ETUDES ET DES STATISTIQUES SECTORIELLES -=-=-=-=-=--=-=-= DIRECTION DE LA PROSPECTIVE ETDE LA PLANIFICATION OPERATIONNELLE Impact de la gestion des stocks publics des produits vivriers sur le warrantage au Burkina Faso Rapport final version détaillée Auteurs YAMEOGO Sibiri François Statisticien Economiste Spécialiste en Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle sibyameogo@gmail.com GUISSOU S. Richard Ingénieur Statisticien Economiste du développement richardguissou@yahoo.fr Février 2014

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Récapitulatif du matériel informatique utilisé dans le cadre de l étude... 17 Tableau 2 : Synthèse des structures et acteurs ayant fait l objet de la collecte des données... 18 Tableau 3: Synthèse des variables intervenant dans le calcul de la rentabilité financière du warrantage... 21 Tableau 4: Evolution des quantités reconstituées du SI de 2008 à 2013... 23 Tableau 5: Evolution des quantités (en tonnes) du Stock Commercial de Régulation (SCR)... 23 Tableau 6: Synthèse des modes de déstockage des stocks publics de produits vivriers... 24 Tableau 7: Répartition des magasins selon le type de propriété... 26 Tableau 8: Synthèse de l appui des projets à la pratique du warrantage... 28 Tableau 9: Synthèse des principaux outils existant dans la pratique du warrantage... 29 Tableau 10 : Synthèse des éléments constituants une loi sur l entreposage agricole... 30 Tableau 11: Résultats du calcul de la rentabilité financière du warrantage... 34 Tableau 12 : Quantité (en tonnes) des produits vendus dans le cadre du warrantage de 2008 à 2012... 36 Tableau 13: Coïncidence des périodes d intervention des deux types de stock... 36 Tableau 14 : Effet de l'achat direct aux producteurs sur le nombre de membres pratiquant le warrantage, les quantités warrantées, les frais de gestion des stocks et le prix moyen... 37 Tableau 15: Effet de la vente à prix social sur le prix moyen des produits et la quantité vendue au dénouement... 38 Tableau 16: Effet de la baisse du prix moyen au producteur sur la rentabilité financière du warrantage... 38 i

LISTE DES FIGURES Figure 1: Schéma du cadre institutionnel de gestion des stocks publics des produits vivriers... 8 Figure 2: Evolution du niveau du SNS (en tonne) en début d année (1er janvier)... 22 Figure 3: Evolution du crédit dans le cadre du warrantage (en million de FCFA)... 32 Figure 4 : Evolution du nombre de producteurs pratiquant le warrantage... 32 Figure 5 : Evolution des quantités stockées (en tonnes) dans le cadre du warrantage... 33 Figure 6 : Répartition des OP selon la raison de l atteinte des objectifs poursuivis dans la pratique du warrantage... 33 Figure 7 : Répartition des OP selon les raisons de la non réalisation des objectifs poursuivis dans la pratique du warrantage... 33 Figure 8 : Répartition des OP selon les difficultés rencontrées... 35 ii

LISTE DES CARTES Carte 1 : Situation géographique du Burkina Faso... 12 Carte 2: Répartition des OP et producteurs pratiquant le warrantage par province... 26 iii

SIGLES ET ABBREVIATIONS AA AGRA CSAO CILSS CCC CEDEAO CNSA CODESUR CONASUR COPROSUR CORESUR CT-CNSA DDMPA DGPER DGESS DPPO DGESS DOPAIR EPA FAO FARMAF FASA FSA G20 INSD MASA PAM PAPSA PICOFA PNOCSUR RESOGEST RFA SCR SE-CNSA SI SNS SNSA SONAGESS SPAAA UE USAID Aides Alimentaires Alliance pour la révolution verte en Afrique Club du Sahel et de l Afrique de l Ouest Comité Permanent Inter Etats de Lutte Contre la Sécheresse dans le Sahel Coopérative de Commercialisation de Céréales Communauté Economique des Etats de l Afrique de l Ouest Conseil National de Sécurité Alimentaire Conseil Départemental de Secours d Urgence et de Réhabilitation Conseil National de Secours d Urgence et de Réhabilitation Conseil Provincial de Secours d Urgence et de Réhabilitation Comité Régional de Secours d Urgence et de Réhabilitation Comité Technique du Conseil National de Sécurité Alimentaire Direction de Développement des Marchés des Produits Agricoles Direction Générale de la Promotion de l Economie Rurale Direction Générale des Etudes et des Statistiques Sectorielles Direction de la Prospective et de la Planification Opérationnelle Direction Générale des Etudes et des Statistiques Sectorielles Direction de l Organisation des Producteurs et de l Appui aux Institutions Rurales Enquête Permanente Agricole Organisation des Nations Unies pour l alimentation et l agriculture Projet de la gestion des risques agricoles en Afrique Fonds d Appui à la Sécurité Alimentaire Fonds de Sécurité Alimentaire Le groupe des 20 pays les plus développés au monde Institut National de la Statistique et de la Démographie Ministère de l Agriculture et de la Sécurité Alimentaire Programme Alimentaire Mondial Programme d Amélioration de la Productivité et de la Sécurité Alimentaire Programme d Investissement Communautaire pour la Fertilité des Sols Plan National d Organisation et de Coordination de Secours d Urgence et de Réhabilitation Réseau des Structures Publiques en Charge de la Gestion des Stocks Nationaux de Sécurité Alimentaire au Sahel et en Afrique de l Ouest République Fédérale d Allemagne Stock Commercial de Régulation Secrétariat Exécutif du Conseil National de Sécurité Alimentaire Stock d Intervention Stock National de Sécurité Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire Société Nationale de la Gestion des Stocks de Sécurité Suivi des Politiques Agricoles et Alimentaires en Afrique Union Européenne Agence des États-Unis pour le développement international iv

TABLE DES MATIERES LISTE DES TABLEAUX...i LISTE DES FIGURES... ii LISTE DES CARTES... iii SIGLES ET ABBREVIATIONS... iv RESUME... viii ABSTRACT... ix INTRODUCTION... 1 CHAPITRE I : REVUE DE LITERATURE... 4 1.1. Définitions de principaux concepts et termes... 4 1.1.1. Sécurité alimentaire... 4 1.1.1.1. Disponibilité... 4 1.1.1.2. Accessibilité... 4 1.1.1.3. Utilisation des aliments... 5 1.1.1.4. Stabilité... 5 1.1.2. Variabilité et volatilité des prix... 5 1.2. Stockage des produits vivriers... 6 1.2.1. Les stocks publics des produits vivriers au Burkina Faso... 6 1.2.1.1. Types de stocks publics des produits vivriers... 6 1.2.1.2. Cadre institutionnel de gestion des stocks publics des produits vivriers... 8 1.2.2. Généralité sur le warrantage... 9 1.2.2.1. Définition et rôle du warrantage... 9 1.2.2.2. Fonctionnement du warrantage... 9 1.2.2.3. Intérêt du warrantage... 10 1.2.2.4. Historique du warrantage au Burkina Faso... 10 1.3. Interventions de l Etat dans le domaine de la sécurité alimentaire à travers la gestion de stocks publics des produits vivriers... 11 CHAPITRE II : PRESENTATION DU BURKINA FASO/ZONE D ETUDE... 12 2.1. Situation géographique du Burkina Faso... 12 2.2. Milieu physique... 12 v

2.3. Population... 13 2.4. Secteur agricole... 14 2.5. Sécurité alimentaire... 14 2.6. Dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires au Burkina Faso... 16 CHAPITRE III : MATERIELS ET METHODES D ETUDE... 17 3.1. Matériels... 17 3.2. Méthodes de collecte et d analyse des données... 18 3.2.1. Méthodes de collecte des données... 18 3.2.2. Cadre d analyse de l impact de la gestion des stocks publics sur le warrantage... 19 3.2.3. Méthodes de calcul et d analyse des données... 20 3.2.3.1. Analyse des mécanismes de gestion des stocks publics des produits vivriers... 20 3.2.3.2. Analyse de l importance et de la rentabilité du warrantage au Burkina Faso... 20 3.2.3.3. Analyse de l impact des stocks publics sur le développement du warrantage... 21 CHAPITRE IV : RESULTATS... 22 4.1. Mécanismes de gestion des stocks publics des produits vivriers... 22 4.1.1. Modes de reconstitution des stocks publics... 22 4.1.2. Modes de déstockage/mobilisation des stocks publics... 24 4.1.3. Financement de la gestion des stocks publics des produits vivriers... 24 4.1.4. Difficultés rencontrées dans la gestion des stocks publics de produits vivriers... 25 4.2. Importance et rentabilité du warrantage... 25 4.2.1. Zone de pratique du warrantage et capacité de stockage... 25 4.2.2. Caractéristiques de la pratique du warrantage... 26 4.2.2.1. Acteurs et fonctionnement du warrantage... 26 4.2.2.2. Structures d appui aux Organisations de Producteurs... 27 4.2.3. Cadre légal et réglementaire de la pratique du warrantage... 29 4.2.3.1. Etat des lieux... 29 4.2.3.2. Perspectives... 29 4.2.4. Evolution de la pratique du warrantage... 32 4.2.5. Intérêt et rentabilité du warrantage... 33 4.2.6. Difficultés rencontrées par les OP dans la pratique du warrantage... 34 vi

4.3. Impact des stocks publics sur le warrantage... 35 4.3.1. Lien entre stocks publics et warrantage... 35 4.3.2. Impact observé en période de stockage... 36 4.4.3. Impact observé en période de dénouement... 37 CHAPITRE V : DISCUSSIONS... 39 5.1. Reconstitution des stocks publics et pratique du warrantage... 39 5.2. Déstockage des stocks publics et pratique du warrantage... 40 5.3. Impact de la gestion des stocks publics sur le développement du warrantage... 41 5.4. Mécanismes de mise en relation des stocks publics et le warrantage : question du financement 43 5.5. Raisons de la mise en relation de la gestion des stocks publics et la pratique du warrantage... 45 5.5.1. Intérêts du warrantage au Burkina Faso... 45 5.5.2. Préparer les OP à participer aux opérations de reconstitution de la réserve régionale... 45 5.5.3. Perspective de hausse des quantités du SNS et du SI à partir de 2014... 46 5.5.4. Financement des intrants et équipements agricoles... 47 5.5.5. L assurance agricole et le développement de la tierce détention... 47 5.6. Limites de l étude... 48 CONCLUSION GENERALE... 50 BIBLIOGRAPHIE... 52 WEBOGRAPHIE... 56 ANNEXES... a vii

RESUME Le warrantage est considéré comme un outil privilégié de renforcement de la sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté en milieu rural. Cependant, son intérêt décroît avec la stabilisation des prix visée par les stocks publics de produits vivriers. Il est alors nécessaire de s assurer que la gestion des stocks publics ne limite pas le développement du warrantage. L objectif de cette étude était de contribuer à une meilleure connaissance de l impact de la gestion des stocks publics des produits vivriers sur le développement du warrantage au Burkina Faso. Elle a consisté en la description des mécanismes de gestion des stocks publics en termes de modes de reconstitution, de déstockage, des sources de financement et des difficultés de gestion, à l analyse de la dynamique actuelle de la pratique du warrantage et de l effet des stocks publics sur son développement à travers des tests de comparaison de moyenne. La collecte des données effectué sur la période octobre-novembre 2013, a concerné les structures gestionnaires des stocks publics, les Organisations de Producteurs (OP) pratiquant le warrantage et les structures qui les appuient. L étude a révélé une évolution rapide de la pratique du warrantage sur la période 2008-2012 avec un accroissement annuel moyen de 132% du nombre de participants par OP et de 85% de la valeur du crédit octroyé. Il est également ressorti que les quantités warrantées sont faiblement rachetées pour la reconstitution des stocks publics. Le warrantage est rentable mais est impacté négativement par les stocks publics. En période de stockage, l achat direct aux producteurs entraîne une baisse du nombre des pratiquants du warrantage par OP de 48%. Cela induit une baisse des quantités warrantées de 75% et une hausse des frais de gestion des stocks de 72%. En période de dénouement, la vente à prix social entraîne une baisse de 22% des prix moyens au producteur. En définitive, la gestion des stocks publics influence négativement le développement du warrantage. Il est nécessaire qu une cohérence entre ces deux types de stocks soit davantage recherchée. Mots clés : stocks publics de produits vivriers, warrantage, stockage, dénouement, Burkina Faso. viii

ABSTRACT Warrantage is regarded as a privileged tool of food security reinforcement and reduction of poverty in rural area. However, its interest decreases with the stabilization of the prices due to public stocks of food products management. It is then necessary to make sure that public stock management doesn t limit the development of warehouse receipt. This study aimed to contribute to a better understanding of the impact of public stock management of food products on the development of warehouse receipt in Burkina Faso. It consisted of a description of the mechanisms of management of public stocks in terms of way of reconstitution, destocking, funding and management difficulties, the analysis of the current dynamics of the practice of warehouse receipt and the effect of public stocks in its development through tests comparing average. Data collection conducted during the period October- November 2013, concerned the management structures of public stocks, Producer Organisations (PO) practicing warrantage and structures that support them. The main results of this study revealed a fast evolution of warrantage practice over the period 2008-2012 with an annual average increase by around 132% of the number of participants per OP. The results also highlighted an increase of the value of the granted credit by around 85%. The results also revealed that the warrantees quantities are slightly repurchased for public stocks reconstitution. Even though warrantage is profitable, it is negatively impacted by public stocks. Actually, in period of storage, the direct purchase with producers involves a decrease of the number of warrantage practicing per PO by around 48% in average. That induces a fall of the warrantees quantities by 75% and an increase of stock management expenses by 72%. In period of outcome, the sale at social price involves a fall of 22% of the average prices to the producer. Finally, the public stock management has a negative influence on the development of warehouse receipt. It is then necessary to target more the coherence between these two types of stocks. Key words: public stocks of food products, warrantage, storage, outcome, Burkina Faso. ix

INTRODUCTION L atteinte de la sécurité alimentaire a longtemps été une priorité exprimée par tous les pays du monde surtout ceux en développement. En dépit des actions et mesures qui ont été mises en œuvre dans le but de garantir durablement la sécurité alimentaire, force est de constater que l insécurité alimentaire continue de toucher une frange importante de la population dans le monde. En effet, selon la FAO (2012), 870 millions de personnes, soit 12% de la population mondiale ont souffert de la sousalimentation sur la période 2010-2012. La grande majorité de ces personnes (852 millions) se trouve dans les pays en développement où elles représentent 14,9% de la population totale de ces pays. Selon la même source, l Afrique subsaharienne a enregistré 234 millions de personnes sousalimentées sur la période 2010-2012. Pendant longtemps, les problèmes d insécurité alimentaire ont été perçus dans le monde et en particulier dans les pays en développement comme un problème de disponibilité insuffisante des denrées alimentaires. Cependant, les crises alimentaires récentes dans le Sahel, les pays de l Afrique de l Ouest et d autres pays du monde ont montré que les problèmes d insécurité alimentaire sont aussi des questions d accessibilité et non seulement de disponibilité. En effet, en 2005, outre le déficit de production, la crise alimentaire au Niger était due à une baisse généralisée du revenu des ménages ruraux, déjà pauvres (Diao et al, 2011) combinée à une hausse des prix des produits alimentaires. Selon Oxfam (2008) et cité par Cortès et Carrasco (2013), la crise alimentaire caractérisée par des hausses de prix a aggravé l état de vulnérabilité des populations déjà appauvries et a entrainé 290 millions de personnes à travers le monde sous le seuil de pauvreté. En 2010, une nouvelle hausse des prix a fait sombré environ 44 millions de personnes de plus dans la pauvreté (Cortès et Carrasco, 2013). Ces crises ont relancé au niveau international, régional et national le débat sur les besoins de régulation des marchés des produits agricoles et l importance des stocks alimentaires dans les stratégies de lutte contre l insécurité alimentaire. C est ainsi que le groupe des 20 pays les plus développés au monde (G20) a fait de la volatilité des prix alimentaires et agricoles, une priorité en adoptant en juin 2011 un plan d action qui prévoit de soutenir «l élaboration d une proposition de système ciblé de réserves alimentaires humanitaires d urgence complémentaire aux réserves alimentaires régionales et nationales existantes, en réponse aux besoins exprimés par les pays en développement» (Teyssier et Fourquet, 2012). Il a alors décidé d appuyer la mise en place d une réserve alimentaire régionale en Afrique de l Ouest, pilotée par la Communauté économique des États de l Afrique de l Ouest (CEDEAO). Dans ce cadre, la CEDEAO a proposé un système de défense contre l insécurité alimentaire axé sur quatre lignes 1 de réserves alimentaires (Hub Rural, 2012). L enjeu pour la CEDEAO est de réduire la volatilité des prix et ses impacts négatifs sur les producteurs et les consommateurs à travers le développement et la gestion des stocks des produits vivriers à plusieurs niveaux (communautaire, national, régional et international). 1 Première ligne : stockage de proximité ; deuxième ligne : les stocks nationaux de sécurité ; troisième ligne : le stockage régionale ; quatrième ligne : les mécanismes de solidarité et d assistance internationale 1

A l instar des pays de la CEDEAO et ceux du CILSS, le Burkina Faso n est pas en marge de toutes ces questions préoccupantes en matière de sécurité alimentaire. De plus en plus, ce pays connait aussi des problèmes d insécurité alimentaire qui résultent de la faiblesse des revenus des populations et d «un manque d organisation des marchés se traduisant par une variabilité des prix des denrées de base, notamment dans les zones à risque d insécurité alimentaire» (CSAO-CILSS, 2008). Les conséquences de la crise de 2008 ont montré que le pays gagnerait à explorer de nouvelles approches pour garantir la stabilité des prix dans le but d améliorer le bien-être des consommateurs tout en permettant aux producteurs de bénéficier de prix rémunérateurs. C est ainsi que depuis 2008, en plus de l implication des OP par la Société Nationale de Gestion des Stocks de Sécurité (SONAGESS) dans la reconstitution des stocks publics de sécurité, l Etat a mis en place un fonds pour constituer un stock commercial destiné à réguler les prix des produits agricoles. Les politiques agricoles et alimentaires de l Etat ont alors progressivement intégré ces dernières années la question de régulation des prix des produits vivriers à travers les mécanismes de gestion des stocks publics des produits vivriers. Face à l instabilité des prix des produits agricoles, plusieurs OP accompagnées par les projets de développement œuvrent également à la sécurité alimentaire de leurs membres à travers des initiatives de commercialisation de la production via le stockage. Ces initiatives visent l amélioration de la mise en marché des produits agricoles, considérée comme un levier clé pour améliorer le revenu des producteurs (Lothoré et Delmas, 2009). Le warrantage, une des composantes des stocks communautaires ou de proximité, constitue de nos jours, l une des initiatives d organisation de la commercialisation en promotion en milieu rural au Burkina Faso. L Etat dans sa nouvelle politique pour garantir de meilleurs prix aux producteurs accompagne ces derniers dans la mise en œuvre de ce système à travers des projets d envergure national comme le projet d amélioration de la productivité et la sécurité alimentaire (PAPSA). Le warrantage est considéré comme une innovation qui vise à sécuriser le crédit à des agriculteurs, en s appuyant sur des contrats de stockage (Konlambigué, 2011) de produits agricoles dont «les prix connaissent des fluctuations importantes et prévisibles au cours de l année» (Ndimubandi, 2010). «Son intérêt décroît fortement si les prix agricoles se stabilisent ou si les fluctuations traditionnelles sont perturbée» (Ndimubandi, 2010). Sa rentabilité est basée sur la saisonnalité des prix des produits agricoles alors que la politique de gestion des stocks publics des produits vivriers vise en partie la stabilisation des prix agricoles. Il est donc important d avoir une meilleure connaissance des effets de cette politique sur le développement du warrantage. En théorie, l atteinte du double objectif de l Etat qui est de garantir un prix rémunérateur aux producteurs tout en favorisant la disponibilité et l accessibilité des denrées alimentaires aux consommateurs, nécessite une cohérence des interventions à cet effet. Alors, quelles cohérences faut-il assurer entre la gestion des stocks publics de produits vivriers et la pratique du warrantage pour garantir l atteinte de cet objectif. Au regard de la situation actuelle, il s avère nécessaire que des réflexions soient menées dans ce sens. C est dans ce cadre que s inscrit notre étude sur l «Impact de la gestion des stocks publics des produits vivriers sur le warrantage au Burkina Faso». 2

L objectif général de l étude est de contribuer à une meilleure connaissance de l impact de la gestion des stocks publics des produits vivriers sur le développement du warrantage au Burkina Faso. De façon spécifique, il s agit de: décrire les mécanismes de gestion des stocks publics des produits vivriers; analyser la dynamique actuelle de la pratique du warrantage; analyser l impact des stocks publics des produits vivriers sur le développement du warrantage. Les hypothèses de recherche de cette étude sont les suivantes : H1: il existe un lien formel entre la gestion des stocks publics de produits vivriers et la pratique du warrantage; H2: la gestion des stocks publics des produits vivriers influence négativement la rentabilité financière du warrantage. Pour atteindre les objectifs poursuivis, deux méthodes ont été utilisées : la revue documentaire et l analyse des données primaires et secondaires. Le présent document est structuré en cinq chapitres. Le premier chapitre est consacré à la synthèse bibliographique en relation avec le thème traité. Le second et le troisième chapitre traitent respectivement de la présentation de la zone d étude (Burkina Faso) et du matériel et méthodes utilisés dans la réalisation de cette étude. Les résultats de l étude sont présentés et discutés respectivement dans les chapitres quatre et cinq. 3

CHAPITRE I : REVUE DE LITERATURE 1.1. Définitions de principaux concepts et termes 1.1.1. Sécurité alimentaire Le concept de sécurité alimentaire a connu une évolution dans le temps. Le sommet mondial sur l alimentation de 1974 l a définie comme la «capacité de tout temps d approvisionner le monde en produits de base, pour soutenir une croissance de la consommation alimentaire, tout en maîtrisant les fluctuations et les prix». Ici, la sécurité alimentaire est définie sous l optique de l approvisionnement des aliments. En 1983, l Organisation des Nations Unies pour l Alimentation et l Agriculture (FAO) l a définie comme suit : «assurer à toute personne et à tout moment un accès physique et économique aux denrées alimentaires dont elle a besoin». Cette définition est basée sur l équilibre entre l offre et la demande alimentaire. Lors du sommet mondial sur l alimentation de 1996, il a été retenu sur proposition de la FAO que «la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active». Cette dernière définition qui intègre la nature multidimensionnelle de la sécurité alimentaire a permis de mettre le renforcement des moyens d existence des ménages au cœur des programmes de développement des organisations internationales. Ainsi, la sécurité alimentaire renvoie à quatre (04) dimensions que sont : la disponibilité, l accessibilité, l utilisation et la stabilité. 1.1.1.1. Disponibilité La disponibilité porte sur l approvisionnement des aliments en quantité et en qualité suffisante (FAO, 2006) par la production alimentaire domestique, les importations commerciales et l aide alimentaire. Cette dimension est généralement influencée par la forte variabilité de la production domestique due aux effets des aléas climatiques et la capacité d un pays à importer les denrées alimentaires en compensation au déficit national. 1.1.1.2. Accessibilité Deux éléments essentiels composent l accessibilité des aliments. Il s agit de l accessibilité physique et l accessibilité économique (pouvoir d achat). L accessibilité physique renvoie à l accès régulier en temps voulu des ménages aux aliments. Elle est déterminée par la capacité de production des ménages, la facilité d accès aux lieux d échanges des produits alimentaires (état des routes, marchés, moyens de transport) et la distance entre les ménages et ces lieux. L accessibilité économique renvoie quant à elle à la capacité financière des ménages à acquérir les denrées alimentaires sur les marchés. Elle est déterminée par le pouvoir d achat des ménages et le niveau des prix des produits. L accessibilité est alors une combinaison de la production et des échanges commerciaux. Il ne suffit donc pas qu un pays dispose de quantités suffisantes de denrées alimentaires pour assurer sa sécurité alimentaire. Il faut en outre que les individus aient la possibilité d y accéder (Ouédraogo et al., 2005). 4

1.1.1.3. Utilisation des aliments Cette dimension est importante car il ne suffit pas pour un individu de consommer des quantités importantes d aliments pour être en situation de sécurité alimentaire. Il faut également que les aliments consommés répondent aux besoins de l organisme et permettent à l individu de mener une vie saine et active (Yelemou, 2007). La qualité des aliments «porte alors sur la façon dont le corps optimise les différents nutriments présents dans les aliments. De bonnes pratiques de soins et d alimentation, de préparation des aliments, de diversité du régime alimentaire, et de distribution des aliments à l intérieur du ménage ont pour résultat un apport adéquat d énergie et de nutriments. Ceci s ajoute à une bonne utilisation biologique des aliments consommés, et détermine l état nutritionnel des individus» (FAO, 2008). 1.1.1.4. Stabilité Cette dimension renvoie à la stabilité des trois autres dimensions citées ci-dessus. Elle implique la régularité spatio-temporelle de l approvisionnement des aliments en quantité et qualité suffisante. Cet aspect est cependant menacé par un certain nombre de facteurs conjoncturels dont l instabilité de la production domestique, la déficience des infrastructures de stockage (Yelemou, 2007) et des systèmes de commercialisation, les fluctuations des prix, de l'offre et de la demande sur les marchés internationaux. Les politiques développées généralement pour assurer la stabilité sont entre autres la promotion du stockage des denrées alimentaires (stock national de sécurité et stocks communautaires ou de proximité, etc.), le développement des infrastructures rurales et l amélioration du système de commercialisation. 1.1.2. Variabilité et volatilité des prix «Les marchés des produits agricoles et alimentaires présentent des caractéristiques intrinsèques qui les rendent particulièrement instables : faible élasticité de la demande, grande dépendance aux conditions climatiques, périssabilité des produits, délais incompressibles entre la demande et la réponse productive» (Baris et al., 2011). Cette instabilité des marchés entraîne la variabilité des prix des produits agricoles dans le temps et dans l espace. Selon Traoré (2012), deux formes de variabilité des prix alimentaires existent : la variabilité saisonnière ou intra-annuelle et la variabilité interannuelle. La première se caractérise par une différence de prix au cours d une même année. Quant à la seconde, elle fait référence à une différence de prix d une année à une autre dans les mêmes localités. La variabilité des prix ne constitue pas un problème majeur lorsque les fluctuations sont progressives et prévisibles. En revanche, lorsqu elles sont de grandes amplitudes, très fréquentes, elle constitue la volatilité qui est un sérieux problème (Balcombe, 2011 et cité par Traoré, 2012). Elle est préjudiciable à la fois au pouvoir d achat des consommateurs et au revenu des producteurs agricoles. L impact est également négatif dans le moyen terme compte tenu du fait que les agriculteurs adoptent des attitudes sous-optimales 2 face à un risque prix devenu trop fort (Baris et al., 2011). 2 réduction des investissements et de l effort technique de production 5

Ainsi, dans beaucoup de pays, les gouvernements appliquent des politiques sur les produits agricoles visant à stabiliser les prix au producteur et au consommateur (Dembelé et al., 2008). Selon les mêmes auteurs, les possibilités de stockage permettent aux producteurs de disposer d options quant aux modalités de vente de leurs produits ; ce qui permet l amélioration de leur rémunération. C est ce que les producteurs vivriers essaient de faire en s organisant avec l appui de l Etat et ses partenaires au développement pour la vente des produits agricoles à travers le warrantage au Burkina Faso. 1.2. Stockage des produits vivriers Le dictionnaire Larousse définit le stockage comme étant l action de stocker (mettre en stock, faire des réserves de quelque chose), de conserver un produit en attente. Le stockage des produits vivriers consiste alors à mettre en stock, faire des réserves d une certaine quantité des produits vivriers. Selon Nègre (1971), les stocks des produits vivriers, sont des produits mis en réserve en attendant un usage ultérieur. Le caractère saisonnier de la production vivrière a emmené les communautés pendant des siècles à développer le stockage des récoltes étant donné que leur sécurité alimentaire dépend d un approvisionnement alimentaire régulier et continu tout au long de l année (FAO, 2002). L'existence de stocks alimentaires pourrait régulariser l'offre et limiter l'amplitude des fluctuations du prix de vente à la production et assurer donc l accroissement du revenu des producteurs (Nègre, 1971). Ainsi, plusieurs formes de stocks des produits vivriers ont été développées dans le temps à plusieurs niveaux: le stock ménager ou paysans, les stocks de proximité ou communautaires, les stocks commerçants et les stocks publics. Au Burkina Faso, ces différentes formes de stocks alimentaires ont été développées dans le temps par les ménages agricoles, les organisations de producteurs au niveau village et commune, les commerçants, l Etat, les institutions internationales et les Organisations Non Gouvernementales (ONG) intervenant dans le domaine de l humanitaire. Dans le cadre de cette étude, deux types de stocks sont concernés. Il s agit des stocks publics de produits vivriers et le warrantage (une composante des stocks communautaires ou de proximité 3 ). 1.2.1. Les stocks publics des produits vivriers au Burkina Faso 1.2.1.1. Types de stocks publics des produits vivriers Il existe plusieurs types de stocks publics des produits vivriers au Burkina Faso. Il s agit entre autre : (i) du Stock National de Sécurité (SNS), du Stock d Intervention (SI), des Aides Alimentaires (AA) et du Stock Commercial de Régulation (SCR). le Stock National de Sécurité (SNS) Il a été créé les années 90 suite à la libéralisation du marché et au retrait de l Etat des fonctions de commercialisation. Il est constitué d un stock physique conventionnel de 35 000 tonnes (mil, sorgho et maïs) dont la gestion relève de la SONAGESS et d un stock financier pouvant acquérir 25 000 tonnes 3 Selon Cortès et Carrasco, 2013, les stocks de proximité sont des initiatives collectives formelles ou informelles mises en place et détenues par les petits producteurs. Au Burkina Faso, ces types de stocks ont trois composantes que sont les banques de céréales, le warrantage et les coopératives de commercialisation des céréales ou la vente groupée. 6

de céréale (MAHRH, 2009) géré de façon paritaire par l Etat et ses partenaires 4 au développement à travers le Comité Technique du Conseil National de Sécurité Alimentaire (CT-CNSA). Dans le cadre du nouveau Plan National d Organisation et de Coordination des Secours d Urgence et de Réhabilitation (PNOCSUR) adopté par le gouvernement en 2012, il est envisagé à partir de 2014 l augmentation du stock physique du SNS à 50 000 tonnes de céréales. La gestion du SNS est régie par des règles strictes portant notamment sur le réapprovisionnement du stock, les rotations techniques 5, les modalités d appel d offre, l entretien des stocks, la codécision sur le déstockage, etc. (Inter-réseaux, 2011). L objectif du SNS est de garantir une réserve alimentaire physique disponible dans le pays pour faciliter les interventions en cas de crise alimentaire. La condition de mobilisation du stock physique du SNS est un déficit céréalier brut national de 5% ou un déficit provincial de 50 % (PNOCSUR, 2012). Pour ce qui est du stock financier, sa mobilisation est conditionnée par un déficit céréalier brut de 7% au niveau national. Cependant, ce fonds placé dans des institutions financières depuis 1999 n a jamais été utilisé puisque le déficit céréalier national n a jamais atteint 7% (PNOCSUR, 2012). le Stock d Intervention (SI) La rigidité des critères de gestion du SNS a amené le Burkina Faso à créer en 2005 le SI. C est un stock physique dont le niveau conventionnel est de 10 000 tonnes (sorgho, mil, maïs), entièrement financé par le budget de l Etat. Son rôle est de lutter contre la pauvreté et assurer l approvisionnement des zones déficitaires et/ou en rupture d approvisionnement en denrées alimentaires (SONAGESS, 2009a). Ses mécanismes de constitution et de mobilisation sont arrêtés par le Gouvernement en fonction de la situation alimentaire du pays (CT-CNSA, 2006). Il est envisagé l augmentation du niveau conventionnel du SI de 10 000 à 25 000 tonnes de céréales à partir de 2014. Les Aides Alimentaires (AA) Elles proviennent des pays étrangers partenaires du Burkina Faso et sont constituées généralement de riz. Ce sont des produits vivriers accordés à l Etat par les pays tiers suivant des conventions établies entre les parties (SONAGESS, 2009a). La SONAGESS réceptionne ces aides et en assure la gestion. Cependant, les aides alimentaires en période de crise alimentaires sont directement gérées par le Comité National de Secours d Urgence et de Réhabilitation (CONASUR). Le Stock Commercial de Régulation (SCR) Ce type de stock a été créé en 2008 suite à la crise alimentaire et vise la régulation des prix des produits agricoles. Il est constitué essentiellement de riz, de maïs et de niébé ainsi que des produits transformés comme la farine ou la semoule de maïs (SONAGESS, 2009a) avec des quantités variables selon les opportunités commerciales qui se présentent à la SONAGESS. 4 Il s agit des partenaires au développement signataire du cadre général de coopération Etat -Partenaires en matière de sécurité alimentaire de décembre 2003. 5 La rotation technique consiste au renouvellement du stock (SNS) au bout d une durée de trois (3) ans quand il n a pas été utilisé afin de garantir sa qualité. 7

Organe de distributi on des vivres Organes gestionnaires du stock Organe décisionnel de reconstituti on et de déstockage des stocks Organe d informatio n sur l état des critères de déclenchem ent 1.2.1.2. Cadre institutionnel de gestion des stocks publics des produits vivriers Le cadre institutionnel de gestion des stocks publics au Burkina Faso est entièrement intégré dans le fonctionnement du Conseil National de Sécurité Alimentaire (CNSA). De façon pratique, la Direction Générale des Etudes et des Statistiques Sectorielles (DGESS) à travers le Système d Alerte Précoce (SAP) produit les informations sur l état de la sécurité alimentaire du pays et les soumet au Secrétariat Exécutif du Conseil National de Sécurité Alimentaire (SE/CNSA) sous forme de recommandations (PNOCSUR, 2012). Le SE/CNSA, assurant la gestion des ressources financières et physiques du CNSA examine la faisabilité des propositions avec le CT-CNSA. L Assemblée Générale du CNSA qui est habilitée à faire la déclaration de sinistre autorise le prélèvement sur le SNS et les AA si nécessaire. Si l état alimentaire et nutritionnel du pays ne nécessite pas l utilisation du SNS, le SI et/ou le SCR sont mobilisés au besoin par l Etat. Alors, les structures de gestion des stocks (SONAGESS) et d intervention (CONASUR) sont saisies pour la mise en œuvre des opérations d intervention au profit des populations vulnérables (MAHRH, 2009). Les structures déconcentrées du CONASUR (comité régional de secours d urgence et de réhabilitation (CORESUR), comité provincial de secours d urgence et de réhabilitation (COPROSUR), comité départemental de secours d urgence et de réhabilitation (CODESUR)) sont mobilisées à cet effet. La figure 1 ci-dessous résume le cadre institutionnel de gestion des stocks. Figure 1: Schéma du cadre institutionnel de gestion des stocks publics des produits vivriers DGESS (SAP) -suivi de la situation alimentaire et nutritionnelle CT-CNSA (SNS) et gouvernement (SI, AA et SCR) SE-CNSA Fonds de Sécurité Alimentaire: - Fonds de reconstitution du SNS - Stock financier du SNS CONASUR -gestion des catastrophes -distribution gratuite des vivres SONAGESS - Gestion du SIM - Gestion du SI, SNS, SCR, AA -Vente à prix social Source : Adapté par l auteur à partir de Beaujeu et Konaté, 2012. 8

1.2.2. Généralité sur le warrantage 1.2.2.1. Définition et rôle du warrantage Le warrantage est défini comme un système d octroi de crédits (durée de 6 à 8 mois) dont la garantie est constituée par un stock de produits agricoles. C est un système dans lequel les producteurs mettent en garantie leur récolte pour contracter un prêt auprès d une institution de micro finance (IMF), pour leur permettre de résoudre les problèmes familiaux du moment ou de mener des activités génératrices de revenus (AGR) (SOS Sahel, 2011). Le principe de base du warrantage est d éviter que le producteur ne brade sa production à la récolte pour satisfaire ses besoins en liquidité et payer plus cher ces mêmes produits à la période de soudure pour satisfaire ses besoins de consommation. Le warrantage ou crédit-stockage (Bass et Henderson, 2000) consiste donc pour le producteur à différer la période de vente de ses produits (Afrique Verte, 2012) et espérer bénéficier du différentiel de prix entre la période de récolte et celle de soudure lui permettant d avoir de meilleur prix. 1.2.2.2. Fonctionnement du warrantage Le dispositif de fonctionnement du warrantage fait intervenir principalement trois parties. Le producteur après la récolte,stock une partie de sa production auprès d un entreposeur qui lui délivre un recipissé d entreposage après vérification de la quantité et de la qualité du produit. Après le stockage, l entreposeur devient le responsable légal des produits. Son intégrité est garantie par les licences délivrées par le gouvernement. Le producteur se présente dans une banque ou une Institution de Micro Finance (IMF) avec le récépissé. Un crédit dont la valeur est comprise entre 70 et 80% de la valeur du stock au prix du marché est accordée au producteur (Konlambigué, 2011). Selon le même auteur, ce système est appelé la tierce détention dans les pays francophones. Le fonctionnement technique du warrantage fait intervenir deux phases (Chetaille et al., 2011). Il s agit de la phase 1: constitution des stocks à la récolte et de la phase 2: dénouement à la soudure. Dans la pratique en Afrique de l Ouest francophone, dans le système du warrantage, en l absence d entreposeur professionnel, le rôle de l entreposeur est transféré aux OP. Dans ce cas, l IMF procède à la vérification physique et de la qualité du stock en présence du comité de gestion de l OP avant de confirmer la garantie et de décider du montant du crédit à octroyer (Konlambigué, 2011). Après le stockage, le magasin est fermé à double cadenas, un pour l OP et le second pour l IMF. Ce type de warrantage pratiqué au Burkina Faso est qualifié de warrantage paysan. La pratique du warrantage est beaucoup plus développée en Afrique de l Est avec la présence d entreposeurs professionnels et l existence de lois sur l entreposage des produits agricoles dans les pays comme le Kenya, le Malawi, le Mozambique, etc. Elle est faiblement développée en Afrique de l Ouest et est caractérisée par une absence de loi sur l entreposage et l inexistence d entreposeurs professionnels. Le Niger pratiquant le warrantage depuis 1999 6 semble être leader en la matière dans 6 Le warrantage a été introduit au Niger par le projet «promotion de l utilisation des intrants agricoles par les organisations de producteurs» appelé «projet intrant» financé par la coopération belge et exécuté par la FAO. 9

cet espace. USAID (2010) qualifie la pratique du warrantage au Niger comme la forme la plus avancée en Afrique de l ouest au regard de son ancienneté et de son succès observé dans le pays. 1.2.2.3. Intérêt du warrantage En Afrique, les producteurs agricoles évoluent dans un contexte difficile marqué entre autres par un faible accès au financement, un niveau élevé du risque agricole lié à l instabilité des conditions climatiques (USAID, 2010), une faiblesse de la productivité agricole, une faible rémunération des producteurs. Les institutions financières sont moins enclines à financer les activités de production et d investissement agricoles. Selon Kolambigué (2011), il est nécessaire de trouver de nouveaux mécanismes innovants de financement capables de sécuriser à la fois l intervention des institutions financières dans le secteur agricole et les revenus des producteurs. Le warrantage est alors considéré «comme un moyen de sécurisation du crédit agricole, de meilleure valorisation de la production» (USAID, 2010) et de résolution du problème de financement du secteur agricole. Selon FAO (2010), ce système facilite «l accès au financement, l amélioration du niveau de revenu des producteurs, la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté». Pour SOS Sahel (2011), l intérêt du warrantage est observable sous deux dimensions : sociale et économique. La dimension sociale est marquée par l amélioration de la sécurité alimentaire des producteurs et la réduction de l endettement usurier en période de soudure. La dimension économique, quant à elle est caractérisée par l amélioration de la rentabilité de la production agricole et la stabilisation des prix agricoles. Pour ce qui est de la rentabilité financière du warrantage qui s intègre dans la seconde dimension, elle repose sur le différentiel de prix entre les périodes de récolte et de soudure. Ce différentiel devrait d abord permettre d amortir l intérêt du prêt et de couvrir les charges d entreposage. Le solde net qui revient au producteur détermine la rentabilité de l opération pour ce dernier (Afrique Verte, 2012). 1.2.2.4. Historique du warrantage au Burkina Faso Le système du warrantage à ses débuts a été développé au Burkina Faso à titre pilote à travers deux projets de diffusion de nouvelles technologiques : USAID Target 7 en 2004 et Challenge program on Water and Food en 2008 (Konlambigué, 2011). Le premier projet initié par l Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) en 2004 au Burkina Faso, au Mali et au Niger avait utilisé le système du warrantage dans sa mise en œuvre comme un moyen pour faciliter l accès aux intrants agricoles et au crédit pour les producteurs. Au Burkina Faso, ce projet a été mis en œuvre dans trois régions (Centre, Centre Nord et Nord) durant une année (Konlambigué, 2011). Selon le même auteur, le warrantage a été encore développé dans le cadre de la mise en œuvre du second projet Challenge program on Water and Food (CPW et F) en 2008 dans le bassin de la Volta (Saala et Ziga). Avant la réalisation du second projet, en 2005, une autre initiative de la pratique du warrantage a été portée par les ONG SOS Sahel dans la région du Sud-Ouest à Dissin et Comunità Impegno Servizio Volontario (CISV) dans la région des Hauts Bassins à Founzan (Coulter, 7 Ce projet financé par USAID est intitulé «project on Fertilizer Micro-dosing for the Prosperity of Small-Scale Farmers in the Sahel 10

2012). Le warrantage, expérimenté d abord dans les régions du Nord et du Sud-Ouest du pays «est en train de s étendre sur l ensemble du territoire national avec l intervention des programmes nationaux de lutte contre la pauvreté des populations des zones rurales» (Ndiaye et Sandwidi, 2011). 1.3. Interventions de l Etat dans le domaine de la sécurité alimentaire à travers la gestion de stocks publics des produits vivriers Au lendemain des indépendances, le Burkina Faso comme tous les pays africains a fait de l autosuffisance alimentaire un pilier de sa politique de développement. Ainsi, le stockage et la commercialisation des céréales relevaient du domaine exclusif de l Etat avec l Office National des Céréales (OFNACER) comme instrument de mise en œuvre (CSAO-CILSS, 2008) de 1971 à 1994. Selon CSAO (2010), les réserves alimentaires constituées pendant cette période comportaient deux objectifs : la stabilisation des prix et la sécurité alimentaire. Mais suite à la libéralisation du marché, la SONAGESS a été créée en 1994 pour assurer la constitution et la gestion du SNS. Le rôle de l Etat se limite désormais à assurer la sécurité alimentaire des populations des zones à risque (CSAO-CILSS, 2008). La rigidité des critères de mobilisation du SNS a amené l Etat a créé en 2005 le SI dont le rôle est de lutter contre la pauvreté et d assurer l approvisionnement des zones déficitaires et/ou en rupture d approvisionnements (SONAGESS, 2009a) en denrées alimentaires. En 2008, à travers le plan d urgence pour la réalisation de la sécurité alimentaire au Burkina Faso, la subvention de l Etat à la production du riz a favorisé son augmentation (Inter-réseaux, 2011) de 183% par rapport à 2007. Le gouvernement à travers la SONAGESS a mis en place un stock commercial de régulation dont la constitution est faite directement auprès des producteurs par la fixation de prix plancher (cas spécifique du riz). Ce stock est destiné à la régulation des prix. L objectif à termes est de contenir la volatilité des prix des produits agricoles à travers la mise en place de boutiques témoins 8 dans les grandes villes du pays et l achat direct aux producteurs dans les opérations de reconstitution de ce stock. Alors, le constat est que l Etat est revenu progressivement sur sa politique de stabilisation des prix alimentaires par la gestion des stocks alimentaires. 8 Les boutiques témoins sont des boutiques mis en place par le Gouvernement à travers la SONAGESS pour la vente des denrées alimentaires à prix modéré généralement en période de soudure. 11

CHAPITRE II : PRESENTATION DU BURKINA FASO/ZONE D ETUDE 2.1. Situation géographique du Burkina Faso Le Burkina Faso est situé dans la boucle du Niger au cœur de l Afrique Occidentale. Il s étend entre les 9 20 et 15 de latitude Nord et les longitudes 2 30 Est et 5 30 Ouest, soit environ 820 km d Est en Ouest et 480 km du Nord au Sud et couvre une superficie de 272 967 km² (IGB, BNDT 2002 et cité par INSD, 2009). Il est limité au nord et à l'ouest par le Mali, à l est par le Niger et au Sud par le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte d Ivoire. La carte 1 donne la situation géographique du Burkina Faso. Carte 1 : Situation géographique du Burkina Faso Le pays est administrativement découpé en 13 régions, 45 provinces, 352 communes (départements) et compte près de 9 000 villages (INSD, 2009) avec Ouagadougou pour capitale. La présente étude concerne tout le pays compte tenu du fait que les questions de la sécurité alimentaire et de gestion des stocks publics sont des sujets d ordre national. 2.2. Milieu physique Le climat du Burkina Faso est de type soudano-sahélien, caractérisé par deux saisons contrastées couplées avec deux régimes de vents 9 (SP-CONEDD, 2010). Du Sud au Nord, trois grandes zones 9 les vents humides de mousson porteurs de pluies et les vents secs d harmattan chargés généralement de poussière. 12

climatiques sont observées : (i) la zone sud soudanienne (11 30' latitude Nord), avec une pluviométrie comprise entre 900 et 1 200 mm, (ii) la zone nord soudanienne (11 30' et 14 latitude Nord) avec une pluviométrie variant entre 600 et 900 mm et (iii) la zone sahélienne au Nord avec une pluviométrie inférieure à 600 mm (PAM-DGPER, 2012). La végétation la plus fréquente est celle de la savane avec un tapis de graminées sous un étage légèrement arboré. Trois grands domaines sont parfaitement reconnaissables. Le domaine soudanoguinéen, localisé dans le sud-ouest du pays, bénéficie des précipitations supérieures à 1150 mm et est constitué de forêt claire. Le domaine soudanien formé de savane arborée constitue le principal couvert végétal du pays avec des précipitations annuelles comprises entre 600 et 1000 mm. Le domaine sahélien, au nord de l isohyète 650 mm est constitué essentiellement d épineux (http://jeanpierrecaillon.unblog.fr/2010/05/17/la-vegetation-et-la-faune-du-burkina-faso/consulté le 26/07/2013). Le relief : deux grands types de paysages existent au Burkina Faso : la plus grande partie du pays est couverte par une pénéplaine. Elle forme un relief très légèrement vallonné avec par endroit quelques collines isolées, ultimes vestiges d'un massif du précambrien. C'est un paysage assez monotone, avec un sol le plus souvent coloré en ocre par la latérite. La partie sud-ouest du pays forme un massif gréseux où se trouve le Ténakourou (749 m), point culminant du pays (http://abc.burkina.faso.free.fr/index.php?page=relief-du-burkina-faso/consulté le 15/09/2013). Les sols : les principales particularités géographiques selon Drabo et al. (2003) sont réparties dans trois domaines climatiques. En effet, le domaine sahélien situé au Nord est caractérisé par des sols sablonneux, légers et peu évolués avec des sols plus argileux au niveau des vallées. Les domaines sahélien au nord et soudano-sahélien au centre disposent de sols très variés allant des sols peu évolués sur matériaux gravillonnaires et ferrugineux indurés aux sols bruns eutrophes tropicaux et aux vertisols plus riches en nutriments. Les sols hydromorphes sont surtout localisés dans les plaines alluviales du Mouhoun, du Nakambé, du Nazinon et de leurs affluents, et de la Pendjari-Kompienga. Pour ce qui est des domaines soudanien central et sud situés au sud-ouest, ils possèdent une couverture plus importante en bonnes terres. Dans les bassins du Mouhoun et de la Comoé, apparaissent des sols hydromorphes favorables aux cultures pluviales et à l irrigation. Les sols ferralitiques profonds et les sols ferrugineux ne s observent que dans l extrême sud-ouest du pays sous climat plus humide. 2.3. Population Selon le recensement général de la population et de l habitat (RGPH) de 2006, le Burkina Faso comptait 14 017 262 habitants avec un taux d'accroissement annuel moyen de 3,1%. La proportion des femmes dans la population totale était de 51,7% contre 48,3% d hommes. Le nombre total de ménage était de 2 360 126 avec une moyenne de 5,9 personnes par ménage. En milieu rural, cette taille moyenne atteint 6,3 personnes contre 5 personnes en milieu urbain. La répartition de la population selon l âge en 2006 montre que 65,4% avait moins de 25 ans. Ce qui indique que la population burkinabè est jeune dans sa majorité avec un âge moyen de 21,8 ans et se caractérise par 13

des taux de natalité et de mortalité élevés et un niveau d alphabétisation faible (26,2%). C est une population qui réside majoritairement en milieu rural (77,3%). Les activités économiques dominantes dans la population active sont l agriculture, l élevage et la pêche (79,2%), les activités de services et de commerce (9,3%) et les artisans et ouvriers (5,6%) (INSD, 2009). Selon les projections de l Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD), la population totale du pays est estimée à 17 322 796 d habitants en 2013 avec 8 357 967 hommes et 8 964 829 femmes. 2.4. Secteur agricole L agriculture joue un rôle prépondérant dans l économie burkinabè. Selon le recensement général de l agriculture (RGA) 2006-2010, elle occupe 87% de la population active et sa contribution à la formation du Produit intérieur brut (PIB) a été en moyenne de 33,83% sur la période 2000-2010. Elle constitue la principale source de revenus des ménages agricoles. En 2009, ce secteur a fourni plus de 37% des exportations nationales (MEF/IAP, 2012 ; FAOSTAT, 2012 et cité par SPAAA, 2012). Malgré ce poids prépondérant, les niveaux de revenus du secteur demeurent bas. Pourtant, dans son ensemble, le secteur agricole recèle encore d importantes potentialités (DGPER, 2009) liées entre autres à la disponibilité des terres agricoles, au potentiel d irrigation. La production agricole est dominée par les céréales et le coton. «Le secteur agricole burkinabé est caractérisé par une agriculture de subsistance et des systèmes de production agro-pastoraux pour la plupart extensifs, à productivité faible à très faible et fortement tributaires des aléas climatiques» (Ndiaye et Sandwidi, 2011). L activité agricole «est largement dominée par de petites exploitations familiales de 3 à 6 ha qui emploient en moyenne 3 à 5 actifs agricoles» (Sandwidi et Barry, 2010). En dehors du coton qui bénéficie d une attention particulière de l Etat depuis plusieurs années, les filières agricoles sont peu structurées et rencontrent des problèmes de commercialisation liés à la faiblesse de l'intégration de l'économie agricole au marché sous régional et mondial et du fait de l insuffisance des pistes rurales (SPAAA, 2012) en bon état surtout en période hivernale. 2.5. Sécurité alimentaire Au cours de la période 2002-2012, les disponibilités alimentaires se sont accrues à travers l augmentation de la production nationale qui est passée de 3 119 050 tonnes en 2002 à 4 898 544 tonnes en 2012, soit un accroissement annuel moyen de 4,6% (DGPER, 2013). Cette production est dominée par le sorgho, le mil et le maïs. Les quantités de riz produites sont toujours insuffisantes pour couvrir les besoins alimentaires des populations. Cependant, à partir de 2008, sa production a connu une hausse régulière en passant de 68 916 tonnes en 2007 à 319 390 tonnes en 2012, soit un accroissement annuel moyen de 36%. La production des autres cultures vivrières (niébé, voandzou, igname et patate) a doublé durant la période 2002-2012 (DGPER, 2013). Les cultures qualifiées de culture de rente (coton, arachide, sésame et soja) ont connu également un accroissement annuel moyen de leur production de 2,9% sur la même période avec une dominance du coton et de l arachide. En dépit de l augmentation de la production céréalière, bon nombre de ménages n arrivent pas à couvrir leur besoins céréalières à partir de leur seule production. En effet, selon les résultats de l enquête permanente agricole (EPA) la proportion des ménages non autonomes (ceux qui ne 14

couvrent pas leurs besoins alimentaires en céréales par leur seule production) s est établie en moyenne à 46% sur la période 2007-2011. Ces ménages sont obligés de faire recours au marché et aux aides alimentaires pour combler le gap de leurs besoins alimentaires. Malgré une disponibilité relativement suffisante des produits agricoles, le problème d accès à la nourriture reste préoccupant pour une bonne partie de la population. Les ménages qui ne sont pas autosuffisants sur le plan alimentaire ont des difficultés à se nourrir à partir des aliments disponibles sur le marché (CSAO-CILSS, 2008). En effet, selon les données de l EPA, la pauvreté céréalière apparente 10 a touché en moyenne 44% des ménages agricoles sur la période 2007-2011. Pour ce qui est de la pauvreté céréalière réelle 11, elle a concerné sur la même période en moyenne 43% des ménages agricoles. Une des principales raisons qui explique cette situation est le fait que la pauvreté touche toujours une proportion importante de la population burkinabè fragilisant ainsi le revenu des ménages. En effet, l indice de pauvreté s est établi à 43,9% (INSD, 2010) contre 44,5% et 46,4% respectivement en 1994 et 2003. En milieu rural, l incidence de pauvreté a atteint 50,7% en 2009 traduisant ainsi le visage rural de la pauvreté. Le régime alimentaire est peu diversifié. Les céréales participent pour 67 à 70% à l apport calorifique (CSAO-CILSS, 2008) et les autres produits vivriers destinés principalement à la vente sont très peu consommés au niveau des ménages. Le manque de diversité alimentaire est à l origine d une alimentation déséquilibrée particulièrement pauvre en lipides et protéines (Beaujeu et Konaté, 2012). L incidence de la sous-alimentation était de 30,35% en 2012 (CPSA, 2012). La faible diversité alimentaire se traduit aussi par des taux importants de carences en micronutriments. Elle est également à l origine d une inadéquation de l apport alimentaire en quantité et surtout en qualité (CSAO-CILSS, 2008). Selon les enquêtes nutritionnelles nationales de 2012 et 2013, les prévalences de la malnutrition aiguë, de la malnutrition chronique et de l insuffisance pondérale sont passées respectivement de 10,9% à 8,2%, de 32,9% à 31,5% et de 24,4% à 21,5%. Une baisse de la prévalence de la malnutrition est constatée, mais elle demeure encore élevée dans le pays. La stabilité de la disponibilité alimentaire est mis en mal par l effet des aléas climatiques qui contribuent fortement à une variabilité inter annuelle de la production agricole en majorité pluviale (DGPER, 2009). La stabilité est aussi influencée par la faiblesse des capacités de stockage surtout au niveau décentralisé où beaucoup de localités sont dépourvues d infrastructures de stockage (CSAO- CILSS, 2008). La stabilité de l accès à l alimentation n est toujours pas assurée surtout en période de soudure où les prix des produits flambent; à cela s ajoute le mauvais état des routes qui rend l accès difficile des zones d approvisionnement ou marché. 10 Le ménage qui à travers sa production propre augmentée de ses stocks de céréales et de sa participation au marché n arrive pas à couvrir les besoins céréaliers de ses membres est considéré comme pauvre céréalier apparent. 11 Le ménage qui, à travers sa production propre augmentée des stocks céréaliers, de sa participation au marché et des réseaux de solidarité, n arrive pas à couvrir les besoins céréaliers de ses membres est considéré comme pauvre céréalier réel. 15

2.6. Dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires au Burkina Faso Le dispositif actuel de prévention et de gestion des crises alimentaires au Burkina se base sur la Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire (SNSA) adoptée par le gouvernement en 2003. Le CNSA qui assure la supervision de la mise en œuvre de la SNSA est l instance de réflexion et d orientation du dispositif. Il est organisé en instance décisionnelle (l Assemblée Générale), en organe de concertation (CT-CNSA), d exécution (SE-CNSA). Les Structures déconcentrées prévues au niveau régional, provincial, départemental et village ont pour principales attributions la concertation, la collecte des données sur la sécurité alimentaire et l approbation des microprojets des acteurs locaux. Dans la mise en œuvre de ses missions, le CNSA s appuie sur trois structures spécialisées que sont : (i) la DGESS 12 est responsable de la coordination du système d information sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle (SISAN) et abrite le SAP, (ii) la SONAGESS est chargée de la gestion des stocks alimentaires ainsi que de la collecte et la gestion de l information sur les marchés des produits agricoles (SIM), (iii) le CONASUR, crée en 2004, est chargé des interventions d urgence en cas de catastrophes et la distribution gratuite de vivres. En plus des stocks publics, un autre outil d intervention dont dispose le CNSA est le Fonds d Appui à la Sécurité Alimentaire (FASA), composé de trois fonds : (i) le Fonds de Sécurité Alimentaire (FSA), (ii) le Fonds Spécial Système d Information (FSSI) et (iii) le Fonds d Etudes, d Initiatives et d Animations (FEIA). Le FSA a pour rôle d assurer le financement de la gestion du SNS ainsi que du SI. Le FSSI a pour objet de financer les opérations de production des informations sur la sécurité alimentaire. Le FEIA a pour objet de financer principalement les mesures visant l amélioration du fonctionnement des filières agricoles 13 et les microprojets portés par les OP ou des groupes défavorisés. Cependant, jusqu en 2012, le FSSI était non opérationnel et le FEIA n était pas approvisionné (SE-CNSA, 2012). 12 La Direction Générale de la Promotion de l Economie Rurale (DGPER) abritait le SAP depuis 2008, mais à partir d août 2013, le SAP a été logé à la DGESS suite à une restructuration du ministère en charge de l agriculture. 13 Ouverture de lignes de crédit ou garanties de crédits contractés par des opérateurs économiques dans les domaines de la production, de la transformation, du stockage ou de la commercialisation des produits vivriers au Burkina Faso. 16

CHAPITRE III : MATERIELS ET METHODES D ETUDE 3.1. Matériels Plusieurs matériels ont été utilisés pour la réalisation de cette étude. Il s agit entre autres des ressources humaines et financières, du matériel informatique, des fiches d enquête et d entretien au nombre de 5. Les ressources humaines ont été composées de 25 enquêteurs, 13 superviseurs, 5 agents de saisie, 4 agents de codification. Le matériel informatique utilisé se résume comme suit dans le tableau1. Tableau 1 : Récapitulatif du matériel informatique utilisé dans le cadre de l étude Type de matériel Nombre Utilisation Ordinateurs 05 Saisie des données collectées Logiciel Cspro4.0 01 Conception du masque de saisie des données Logiciel SPSS 20 01 Traitement et analyse des données Logiciel Excel 2010 01 Réalisation des graphiques et tableaux Logiciel ARGIS 9.3 01 Cartographie de la zone couverte par la pratique du warrantage La situation des différents types de fiches de collecte et d entretien utilisés pour la collecte des données primaires se présente comme suit : Fiche 1 : Société Nationale de Gestion des Stocks de Sécurité (SONAGESS). Elle a porté sur les questions en relation avec l organisation pratique du stockage public des produits alimentaires, les modes d approvisionnement, de mobilisation des stocks, de financement, les difficultés rencontrées, etc.; Fiche 2 : Comité National de Secours d Urgence et de Réhabilitation (CONASUR) : la fiche a permis de collecter des informations sur les modes de déstockage/mobilisation des stocks, les conditions de déstockage, les difficultés rencontrées, etc.; Fiche 3 : Secrétariat Exécutif du Conseil National de la Sécurité Alimentaire (SE-CNSA) : les informations collectées ont porté sur le financement des stocks publics, les possibilités d utilisation du stock financier du SNS pour financer le warrantage, etc. ; Fiche 4 : Structures d appui au warrantage. Cette fiche a concerné des structures publiques, les projets et programmes, les ONG et certaines faitières des OP. Globalement, la fiche a permis de collecter des données sur les types d appui dont bénéficient les OP, la description du principe de warrantage, les charges supportées, les effets des stocks publics sur la pratique du warrantage et les axes d amélioration de l action publique ; Fiche 5 : Organisations de Producteurs pratiquant la commercialisation via le stockage. Cette fiche a collecté les informations sur la pratique du warrantage sur la période 2008-2012, sa relation avec les stocks publics des produits vivriers, les prix en période de stockage et de dénouement, etc. 17

3.2. Méthodes de collecte et d analyse des données 3.2.1. Méthodes de collecte des données La collecte des données a concerné les acteurs de la gestion des stocks publics et du warrantage au Burkina Faso. Pour la gestion des stocks publics, la SONAGESS, le CONASUR, et le SE-CNSA ont été enquêtés par trois types de fiches. Pour ce qui est de la pratique du warrantage, une collecte des données a été réalisée auprès des OP. Initialement, l idée était d enquêter toutes les OP concernées par la pratique du warrantage dans tout le pays. Mais sur le terrain, les enquêteurs ont été confrontés à des difficultés d identification des OP pratiquant le warrantage. Cela n a pas permis d enquêter l intégralité des OP dans certaines régions. Au total 101 OP sur 133 ont été enquêtées, soit 75% des OP concernées par la pratique du warrantage au Burkina Faso (voir annexe 1). Les structures qui appuient les OP dans la pratique du warrantage ont été aussi enquêtées. La collecte des données s est déroulée sur la période octobre- novembre 2013. La situation des structures enquêtées se résume dans le tableau 2. Tableau 2 : Synthèse des structures et acteurs ayant fait l objet de la collecte des données Type de fiches F1 F2 F3 F4 F5 Structures concernées SONAGESS CONASUR SE-CNSA Structures d appui à la pratique du warrantage OP pratiquant le warrantage Type d acteurs Structure publique responsable de la gestion des stocks publics des produits vivriers (reconstitution et entretien, vente à prix social, gestion du SIM 14 ) Structure publique responsable de la distribution des vivres, gestion des catastrophes naturelles. Structure publique responsable de la coordination du dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires au Burkina Faso Structures publiques : Direction de Développement des Marchés des Produits Agricoles (DDMPA) et la Direction de l Organisation des Producteurs et de l Appui aux Institutions Rurales (DOPAIR) Projets et programmes : l Alliance pour la révolution verte en Afrique (AGRA), le projet de la gestion des risques agricoles en Afrique (FARMAF), le Programme d'investissement Communautaire en Fertilité Agricole (PICOFA) et le PAPSA ONG : SOS Sahel, CISV, Hunger Project, Oxfam Faitières des OP : Fédération Nationale des Groupement Naam (FNGN), Coopérative de prestation de services agricoles (COPSAC-B) de Founzan, Confédération Paysanne du Faso (CPF) au total 101 OP ont été enquêtées sur 133, soit 75% 14 Système d Information sur les Marchés (SIM) 18

3.2.2. Cadre d analyse de l impact de la gestion des stocks publics sur le warrantage Au Burkina Faso, la gestion des stocks publics de produits vivriers vise à favoriser la disponibilité et l accessibilité des denrées alimentaires aux consommateurs tout en garantissant un prix rémunérateur aux producteurs à travers la stabilisation des prix et l appui à la commercialisation. La finalité recherchée par l Etat à travers la gestion des stocks publics est le renforcement des conditions structurelles d atteinte d une sécurité alimentaire durable qui permet la réduction des inégalités et la pauvreté au Burkina Faso (SONAGESS, 2009a). Les Organisations des Producteurs (OP) s organisent à leur tour à travers la mise en place de stocks communautaires comme le warrantage pour faciliter leur accès aux marchés et la vente de leurs produits dans de meilleures conditions (Lothoré et Delmas, 2009). Ils trouvent aussi dans la pratique du warrantage un moyen pour financer leurs activités, permettant ainsi de palier aux problèmes de financement du secteur rural. Le développement ou la pérennité de ces stocks dépend de leur rentabilité. Cependant, le warrantage selon Bass et Henderson, (2000) est par définition, une activité spéculative en ce sens que les producteurs sont tentés d attendre une augmentation importante du niveau des prix pour maximiser leurs profits. Mais lorsque les prix commencent à chuter, les producteurs se retrouvent à vendre des quantités importantes de leur stock à des prix bas. Ainsi, la nécessité d intégrer dans la gestion des stocks publics des produits vivriers des mécanismes ou actions favorisant le développement et la rentabilité du warrantage est de plus indispensable pour assurer l atteinte des objectifs visés par l Etat. Cette étude s inscrit alors dans le cadre conceptuel global d une analyse d impact de programmes de développement. Selon l OCDE (2009), l analyse de l impact consiste à vérifier dans quelle mesure un programme atteint ses objectifs en respectant ou non les contraintes budgétaires ou cause d importants effets non intentionnels. L impact porte alors sur les relations entre les objectifs spécifiques et l objectif global (finalité) d un programme ou projet. Son analyse au sens strict consiste à isoler l effet marginal (contre factuel) d une intervention donnée sur une cible. Toutefois, dans le cadre de cette étude, l analyse de l impact de la gestion des stocks publics des produits vivriers sur le warrantage a consisté dans un premier temps à comprendre les mécanismes de gestion des stocks publics des produits vivriers. Dans un second temps, l importance et la rentabilité du warrantage ont été analysées ainsi que l effet de la gestion des stocks publics sur les prix aux producteurs et la rentabilité financière du warrantage. La finalité est de s assurer que l action publique n entrave pas le développement du warrantage qui devrait contribuer à améliorer l état de sécurité alimentaire des populations rurales. Ces axes de réflexion abordés dans l étude se justifient en ce sens qu ils ne sont pas suffisamment pris en compte dans les études précédentes réalisées sur les stocks publics de produits vivriers et sur le warrantage au Burkina Faso. Le Ministère de l Agriculture et de l Hydraulique et des Ressources Halieutiques (MAHRH) a entrepris en 2009 une étude sur l état des lieux du dispositif national de sécurité alimentaire du Burkina Faso dans le cadre de la révision du Plan National d Organisation et de Coordination des Secours d Urgence et des Réhabilitations (PNOCSUR) «Volet Sécurité Alimentaire». Cette étude a fait le point sur les acquis et les insuffisances du Conseil National de la Sécurité Alimentaire (CNSA). Elle a aussi abordé le fonctionnement des différents types de stocks 19

publics de produits vivriers existant au Burkina Faso sans évaluer ses effets sur les prix et le lien avec le warrantage. En 2012, à l occasion de la révision du Plan National d Organisation et de Coordination des Secours d Urgence (PNOCSUR), le SE-CNSA a réalisé une étude sur l évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre de la stratégie nationale de sécurité alimentaire du Burkina Faso. Cette étude a fait le point sur les forces et faiblesses du fonctionnement du CNSA sur la période 2003-2010 sans pour autant faire une analyse sur la gestion des stocks publics et ses effets sur la variabilité des prix et sur la rentabilité du warrantage. Beaujeu et Konaté (2012), ont abordé les stocks alimentaires et la régulation de la volatilité des marchés en Afrique sur le cas spécifique du Burkina Faso. Cette étude a concerné en partie la description du système de stockage public des produits vivriers et n a pas pris en compte l effet de ces stocks sur les prix et sur le développement du warrantage. 3.2.3. Méthodes de calcul et d analyse des données L analyse des données s est faite en 3 étapes : (i) comprendre les mécanismes de la gestion des stocks publics des produits vivriers, (ii) analyser l importance et la rentabilité du warrantage au Burkina Faso et (iii) analyser l impact des stocks publics sur le développement du warrantage. 3.2.3.1. Analyse des mécanismes de gestion des stocks publics des produits vivriers L analyse s est basée sur l exploitation des fiches F1, F2 et F3 adressées respectivement à la SONAGESS, au CONASUR et au SE-CNSA et a permis de disposer des informations sur les mécanismes de gestion des stocks publics des produits vivriers. Les mécanismes de gestion ont été définis comme étant l ensemble des modes de reconstitution, de déstockage et de financement des stocks publics. L analyse a abordé les quantités historiques reconstituées et déstockées sur les six dernières années (2008-2013) ainsi que les difficultés rencontrées par les structures gestionnaires des stocks publics. 3.2.3.2. Analyse de l importance et de la rentabilité du warrantage au Burkina Faso Cette partie a concerné les zones de pratique et les caractéristiques du warrantage au Burkina Faso (acteurs et principes de fonctionnement, les structures d appui aux OP). L évolution 15 de la pratique du warrantage, son intérêt et sa rentabilité ainsi que les difficultés de mise en œuvre ont été abordées dans l analyse. L analyse de l intérêt du warrantage a été faite en lien avec l atteinte des objectifs poursuivis par les OP dans cette pratique. Pour l analyse de la rentabilité financière du warrantage, les prix moyens 16 du kilogramme des produits en période de stockage (octobre-janvier) et de dénouement (juin-août) ont été calculés sur la période 2008-2012, ainsi que l écart moyen des prix entre la période de stockage et de déstockage ou dénouement. Cette méthode a été appliquée par Afrique Verte (2012) et Coulter (2012) pour évaluer la rentabilité financière ou rendement financier du warrantage. La période de dénouement retenue pour le calcul de la rentabilité est la période de juin à août. Ce choix tient du fait que c est la période pendant laquelle 90% des stocks connaissent leur dénouement. 15 évolution du nombre de producteurs pratiquant le warrantage et la valeur du crédit octroyé dans ce système sur la période 2008-2012. 16 Il s agit des prix moyens du kg au producteur des produits vivriers faisant objet de stockage dans le cadre du warrantage. 20

La période 2008-2012 a été choisie pour l analyse compte tenu du fait que c est la période récente qui a connu une forte promotion du warrantage au Burkina Faso. Les produits concernés dans le calcul de la rentabilité financière sont : le mil ; le maïs, le riz, le sorgho, l arachide et le niébé compte tenu du fait que ces produits constituent l essentiel des quantités warrantées sur la période 2008-2012. Le calcul est basé sur le stockage de 100 kg de produit sur une période de 6 mois. Le résumé de la méthode de calcul est présenté dans le tableau 3. Tableau 3: Synthèse des variables intervenant dans le calcul de la rentabilité financière du warrantage Variables Prix moyen du kg au stockage (octobre-janvier) (Ps) Prix moyen du kg au déstockage (juin-août) (Pd) Prix du marché du sac de 100 kg des produits au stockage (Vi) Rapport entre le prêt et la valeur des produits (Ltv) Taux d'intérêt effectif/mois (i) Frais de stockage/mois (en FCFA) (Fst1) Taux de perte (Perte) Écart de prix saisonnier (EP) Valeur des ventes (Vf) Marge brute de stockage (Mb) Frais de stockage pendant 6 mois (Fst6) Charges d'intérêt pour 6 mois (Ch) Coûts totaux(ct) Marge nette (Mn) Marge nette en pourcentage du prix initial (Mnp) Méthode de calcul Donnée de l'enquête auprès des OP Donnée de l'enquête auprès des OP Vi=Ps*100 Donnée de l'enquête auprès des OP Donnée de l'enquête auprès des OP Donnée de l'enquête auprès des OP Donnée de l'enquête auprès des OP EP= (Pd-Ps)/Ps Vf=100*Ps*(1+EP)*(1-Perte) Mb=Vf-Vi Fst6=Fst1*6 Ch=6*Vi*Ltv*i CT=Fst6+Ch Mn=Mb-C Mnp=Mn/Vi 3.2.3.3. Analyse de l impact des stocks publics sur le développement du warrantage L analyse s est basée sur l exploitation des fiches F4 et F5. Deux aspects ont été analysés. Il s agit premièrement de l effet de l achat direct aux producteurs effectué par la SONAGESS sur la rentabilité financière du warrantage. Pour cela, des tests de comparaison des moyennes au seuil de 5% ont été faits sur le nombre de producteurs pratiquant le warrantage par OP, les quantités warrantées, les frais de gestion des stocks payés par producteurs, les prix moyens aux producteurs des produits vivriers au stockage. Deuxièmement, la question de l effet des ventes à prix social des produits vivriers sur la rentabilité financière du warrantage a été abordée. Des tests de comparaison de moyenne ont été réalisés à cet effet sur le prix moyen du kilogramme aux producteurs des produits au déstockage et les quantités vendues en période de dénouement. Mais avant l analyse de ces deux aspects, le lien entre stocks publics et warrantage a été analysé en termes de prévisibilité de l action publique et de rachat des stocks warrantés par la SONAGESS. 21

CHAPITRE IV : RESULTATS 4.1. Mécanismes de gestion des stocks publics des produits vivriers 4.1.1. Modes de reconstitution des stocks publics Selon les résultats des entretiens réalisés avec les responsables et agents de la SONAGESS, il est ressorti que la reconstitution du SNS se fait par appel d offre ouvert aux OP et aux commerçants de céréales généralement entre janvier et février. Conscient que les OP ne peuvent pas fournir les mêmes documents que les commerçants, des facilités 17 leur sont accordées par la SONAGESS dans la participation aux appels d offre. Les quantités reconstituées du SNS étaient de 40 tonnes, 9 675 tonnes, 9 179 tonnes, 4 709 tonnes et 30 409 tonnes respectivement en 2008, 2009, 2010, 2011 et 2013. Les OP 18 ont contribué à hauteur de 19% à cette reconstitution sur toute la période 2009-2013. Sur la période 2008-2013, trois rotations techniques du SNS ont eu lieu en 2008 (20 107,82 tonnes), en 2010 (6 817,44 tonnes) et en 2011 (4 763,09 tonnes). Théoriquement, le niveau conventionnel du SNS est de 35 000 tonnes. Cependant ce niveau n a pas été atteint sur la période 2008-2013. Le niveau du SNS au premier janvier de chaque année sur la période 2008-2013 se présente comme suit dans la figure 2. Figure 2: Evolution du niveau du SNS (en tonne) en début d année (1er janvier) *Quantité du SNS en octobre En ce qui concerne le SI, sa reconstitution se fait aussi par appel d offre ouvert aux commerçants et aux OP et la collecte spéciale dans les zones excédentaires ainsi que le rachat des quantités de la rotation technique du SNS comme le cas de 2008. Les dates de reconstitution se situent généralement au mois de janvier, février (appel d offre). Au plus tard en juin, toutes les quantités sont livrées. Cependant des retards sont observés quelques fois (cas de 2008 où jusqu au 15 juillet, toutes les quantités demandées n étaient pas livrées). La collecte directe auprès des producteurs se passe 17 conventions non enregistrés sur le plan fiscal, absence de caution bancaire, etc. 18 Les OP participant à la reconstitution du SNS sont principalement celles spécialisées dans la vente groupée. 22

généralement pour l essentiel en période de récolte (octobre-décembre). Le tableau 4 résume l évolution des quantités reconstituées du stock d intervention sur la période 2008-2013. Tableau 4: Evolution des quantités reconstituées du SI de 2008 à 2013 Années Quantité SI* reconstituée au cours de l année (en tonne) Mode de reconstitution 2008 20 108 rotation technique du SNS 2009 6 405 collecte effectuée dans les zones excédentaires 2010 4 130 appel d'offre 2009/2010 et reliquat 2008/2009 2011 4 664 appel d'offre 2010/2011 2012 14 542 collecte dans les zones excédentaires 2013 7 000 *SI : Stock d Intervention En termes de niveau atteint (quantité) du SI, sur la période 2008-2013, il était en dessous du seuil conventionnel de 10 000 tonnes, sauf en 2013 où il avait atteint 17 271 tonnes. Les Aides Alimentaires, quant à elles sont généralement envoyées par des pays donateurs comme le Japon dans le cadre du projet KR (Kennedy Round). Elles sont essentiellement composées de riz et quelque fois de farine de blé (cas de 2009 et 2011). Les volumes de l aide alimentaire au début de chaque année sur la période 2009-2013 étaient de 6 124 tonnes, 4 601 tonnes, 9 202 tonnes, 13 114 tonnes et 5 614 tonnes respectivement en 2009, 2010, 2011, 2012 et 2013. Pour ce qui est du SCR, sa reconstitution se fait par achat direct auprès des producteurs sur la base de prix plancher pour le cas spécifique du riz 19 et la signature de convention avec les producteurs ou OP. Généralement, la collecte se fait en période de récolte (octobre-décembre) pour la campagne pluviale et en avril-mai pour la campagne sèche en fonction de la disponibilité de l offre. Sur la période 2008-2013, le SCR a connu une diversification importante des produits le constituant ainsi qu une hausse des quantités par type de produit (voir tableau 5). Tableau 5: Evolution des quantités (en tonnes) du Stock Commercial de Régulation (SCR) Années 2008 2009 2010 2011 2012 2013* Riz paddy 580 1 805 4 585 2 671 1 524 5 371 Riz blanc 0 750 7 604 4 092 4 248 Riz étuvé 2 107 1 304 Niébé 2 442 17 624 5 884 2 469 2 754 Mais (farine et semoule) 299 70 Pomme de terre 21 Huile alimentaire (bidon de 20l) 1 000 *fin octobre 2013. appel d offre 2012/2013 réalisé entre juin et octobre 2013 19 Sur la période 2008-2012, le prix plancher du riz était de l ordre de 115 FCFA/kg en 2008, 128 FCFA/kg en 2009, 2010 et 2011 et 140 FCFA/kg en 2012. 23

4.1.2. Modes de déstockage/mobilisation des stocks publics Les résultats des entretiens avec les agents et responsables de la SONAGESS et du CONASUR ont indiqué que le déstockage/mobilisation des stocks alimentaires se fait à travers deux modes essentiellement : la vente à prix social et la distribution gratuite. La distribution gratuite est assurée par le CONASUR avec l appui de ses structures déconcentrées. Les quantités affectées à ce mode de déstockage sont relativement faibles (7 049 tonnes en 2012 et 6 000 tonnes en 2013). Pour ce qui est de la vente à prix social, elle est mise en œuvre par la SONAGESS avec l implication des COPROSUR (au niveau provincial) et des CODESUR avec des quantités de 12 500 tonnes de céréales en moyenne par an sur la période 2008-2013. Le mode de déstockage se fait en fonction du type de stock en présence. Le tableau 6 ci-dessous fait la synthèse des modes de déstockage des stocks publics de produits vivriers. Tableau 6: Synthèse des modes de déstockage des stocks publics de produits vivriers Type de stocks Stock National de Sécurité Stock d Intervention Aides Alimentaires Stock Commercial de Régulation Mode de déstockage Distribution gratuite et vente à prix social quand il y a crise alimentaire déclarée Distribution gratuite et vente à prix social dans les zones à déficit de production et/ou hausse de prix (cas de 2012) Distribution gratuite et vente à prix social à travers les boutiques de la SONAGESS Vente à prix social généralement en période de soudure à travers des boutiques témoins de la SONAGESS et ravitaillement des institutions de l Etat par signature de convention/contrat. Zone d intervention Milieu rural et urbain Milieu rural et urbain Milieu rural et urbain Milieu urbain 4.1.3. Financement de la gestion des stocks publics des produits vivriers Selon les données obtenues avec le SE-CNSA et la SONAGESS, le financement de la gestion du stock physique du SNS est assuré par le FSA. Le fonds a été créé en 1996 à partir des recettes des ventes de l «opération 8 282 tonnes» qui s élevaient à 496 647 099 FCFA. Il a été régulièrement alimenté par les recettes des opérations de vente des céréales, des rotations techniques du SNS, de la contribution de l Etat, des donateurs comme l Union Européenne (UE), la République Fédérale d Allemagne (RFA), les Pays-Bas, etc. et des recettes générées par le compte. Le volet financier du SNS était de 3 125 748 959 FCFA à son début en 1999 et avait été constitué par la République Fédérale d Allemagne (33%), l UE (32%), la France (30%) et les Pays-Bas (5%). Placé dans des institutions financières depuis cette date, il n a jamais été utilisé ainsi que les intérêts issus du placement de ce fonds qui sont passés de 23 225 254 FCFA en 2000 à 2 751 357 626 FCFA en 2013. De nos jours, le stock financier du SNS a une valeur totale de 5 877 106 585 FCFA. Le SI est financé par l Etat seul à travers le FSA dans lequel un fonds sur budget national est constitué 20. Un montant de 1 000 000 000 de FCFA est alloué chaque année par l Etat. A partir de 2011 ce montant est passé à 1 500 000 000 de FCFA. Le SCR est aussi financé par l Etat et les 20 Existence d une ligne budgétaire sur le budget national 24

activités commerciales de la SONAGESS. Mise en place en 2008, son financement est passé de 3 000 000 000 de FCFA en 2008 à 9 000 000 000 de FCFA en 2012. 4.1.4. Difficultés rencontrées dans la gestion des stocks publics de produits vivriers Les difficultés rencontrées dans la gestion des stocks publics sont de plusieurs ordres. D abord, au niveau des opérations de reconstitution, les difficultés majeures rencontrées par la SONAGESS sont d ordre financier, logistique, de qualité, du non-respect des délais de livraison et d ordre organisationnel. Les difficultés d ordre financier se caractérisent par la faiblesse de la capacité financière de la SONAGESS au regard de ses missions ainsi que la hausse des charges du personnel 21, la mise en place tardive des ressources financières par le Gouvernement et le déblocage des fonds par tranche étalée sur plusieurs mois. Les problèmes logistiques sont essentiellement l insuffisance du matériel roulant. Les problèmes de qualité des produits livrés à la SONAGESS concernent le non-respect des normes de qualité par certaines OP, commerçants et nouveaux fournisseurs occasionnant ainsi des rejets. Les difficultés d ordre organisationnel sont relatives à la lenteur observée dans la reconstitution des quantités du SNS utilisées (rotation technique surtout) et à la fréquence des flux d entrés et de sortie des stocks. Pour ce qui est des opérations de déstockage, les difficultés majeures rencontrées sont l insuffisance de magasins de stockage, l insuffisance des moyens de fonctionnement des CODESUR, l indisponibilité des stocks dans certaines zones à risques et le ciblage des bénéficiaires. 4.2. Importance et rentabilité du warrantage 4.2.1. Zone de pratique du warrantage et capacité de stockage Sur les 13 régions que compte le Burkina Faso, le warrantage est pratiqué dans 10 régions. Les provinces concernées par la pratique du warrantage sont au nombre de 28 sur les 45 que compte le pays. Les OP engagées dans cette pratique sont au nombre de 133 avec l implication de 8 293 producteurs. La carte 2 présente les provinces dans lesquelles le warrantage est pratiqué ainsi que la répartition des producteurs pratiquant le warrantage par province. 21 compte tenu de l emploi d un nombre assez élevé d agents temporaires pour assurer la collecte des produits dans les zones à production excédentaire. 25

Carte 2: Répartition des OP et producteurs pratiquant le warrantage par province En termes de capacité de stockage, il est ressorti que l ensemble des OP enquêtées pratiquant le warrantage (101) disposent de 120 magasins d une capacité totale de 4 730 tonnes (voir tableau 7). Tableau 7: Répartition des magasins selon le type de propriété Type de propriété Nombre de magasins pour Somme de Capacité de stockage le warrantage des magasins (en tonne) Emprunt 13 509 Location 17 414 Propriétaire 90 3 807 Total 120 4 730 4.2.2. Caractéristiques de la pratique du warrantage 4.2.2.1. Acteurs et fonctionnement du warrantage Au Burkina Faso, la pratique du warrantage est essentiellement paysanne ou communautaire. Sa mise en œuvre fait intervenir deux acteurs : les OP et les Institutions de Micro Finances (IMF). Les OP s organisent et constituent leur récolte à warranter sous la supervision et le contrôle d un comité de gestion mis en place à cet effet et contactent une IMF 22. L octroi du crédit correspond en moyenne à 80% de la valeur du moment des quantités stockées sur la base d un taux d intérêt négocié en moyenne à 1,5% par mois sur la période du warrantage qui dure environ 6 à 8 mois. Il se réalise entre 22 généralement le réseau des caisses populaires du Burkina Faso 26

la période de récolte 23 (octobre-janvier) et celle de soudure (mai-août). Les frais de gestion des stocks à supporter par chaque producteur sont en moyenne de 100 FCFA/mois/sac de 100 kg. Le taux de perte de la production stockée est en moyenne de 1,8%. L essentiel des OP enquêtées (65,3%) vend les produits stockés uniquement en période de soudure. 4.2.2.2. Structures d appui aux Organisations de Producteurs Selon les résultats de l enquête, les OP ont bénéficié de l assistance de plusieurs structures de nature différente dans la mise en œuvre du warrantage sur la période 2008-2012. Certaines d entre elles sont souvent des initiatrices de cette pratique. Il est possible de les classer en quatre groupes : (i) structures étatiques, (ii) les projets de développement, (iii) les ONG et (iv) les faitières des OP. Le premier groupe, les structures étatiques sont constituées de la Direction de Développement des Marchés des Produits Agricoles (DDMPA) et de la Direction de l Organisation des Producteurs et de l Appui aux Institutions Rurales (DOPAIR). Elles sont chargées du renforcement des capacités (techniques, organisationnelles, etc.) des OP ainsi que de l élaboration et du suivi de la mise en œuvre des textes réglementaires pour le développement des entreposeurs professionnels. En plus de ces deux structures, la SONAGESS, organe de gestion des stocks publics a aussi un rôle d appui conseil aux OP pratiquant le stockage. Pour cela, des financements sont souvent acquis auprès de la FAO et du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Le second groupe, celui des projets de développement au nombre de quatre essentiellement assure la formation/sensibilisation des producteurs aux techniques de gestion et de conservation des stocks et à la pratique du warrantage. Ils appuient aussi les OP à l accès au crédit, à la construction de magasins de stockage, à l achat des équipements de gestion des stocks, etc. Le premier, le Programme d'investissement Communautaire en Fertilité Agricole (PICOFA) mis en œuvre par le ministère en charge de l agriculture a intégré à partir de 2009 la promotion du warrantage dans ses activités. Ainsi, sur la période 2009-2012, le PICOFA en partenariat avec le Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB) a accompagné 27 OP et 782 producteurs de la région de l Est du pays dans la pratique du warrantage. Le second projet, Alliance pour la révolution verte en Afrique (AGRA), mis en œuvre par l INERA sur la période 2009-2012 a concerné plusieurs provinces du pays. Sur la période de mise en œuvre du projet, au total, 735 membres des comités de gestion des magasins ont été formés, 58 magasins construits, 3 470 producteurs ont reçu le crédit et 134 884 667 FCFA ont été mobilisés pour la mise en œuvre du warrantage. Le troisième projet, le PAPSA a démarré la mise en œuvre du warrantage en 2011. Il a l ambition d accompagner sur la période 2011-2015, 200 OP dans la pratique du warrantage dans la zone excédentaire du pays 24. A la date du 30 avril 2013, 50 OP ont pu stocker leurs produits dans le cadre du warrantage avec l appui du PAPSA. Le quatrième, le projet de la gestion des risques agricoles en Afrique (FARMAF), en cours de démarrage (campagne agricole 2013/2014) est mis en œuvre au Burkina Faso par le CIRAD et la 23 La période de stockage qui coïncide généralement à la période de récolte va souvent jusqu en janvier. 24 Cette zone concerne cinq régions (Cascades, Sud-Ouest, Hauts Bassins, Centre Ouest et Boucle du Mouhoun). 27

Confédération Paysanne du Faso (CPF). Le projet a déjà construit 7 magasins de 60 à 80 tonnes et formé les producteurs sur la pratique du warrantage dans la région des Hauts Bassins. Le tableau 8 fait la synthèse des types d appui des projets de développement en faveur des OP pratiquant le warrantage. Tableau 8: Synthèse de l appui des projets à la pratique du warrantage Projets Programme d Investissement Communautaire pour la Fertilité des Sols (PPICOFA) Alliance pour la révolution verte en Afrique (AGRA) Programme d Amélioration de la Productivité et de la Sécurité Alimentaire (PAPSA) Projet de la gestion des risques agricoles en Afrique (FARMAF) Période de mise en œuvre 2005-2012* 2009-2012 2011-2015** en démarrage pour la campagne agricole 2013-2014 Type d appui *l implication du warrantage à partir de 2009 ; ** situation de avril 2013. Formation/sensibilisation, appui à l accès au crédit, etc. 735 membres des comités de gestion formés, 58 magasins construits, octroie de crédit (134 884 667 FCFA) Formation/sensibilisation de 50 OP, appui à l accès au crédit avec le réseau des caisses populaires, etc. Formation/sensibilisation des membres de 7 OP, 7 magasins construits Le troisième groupe composé des ONG impliquées dans l appui à la mise en œuvre du warrantage ont trois axes majeurs d intervention. Il y a d abord l appui technique qui consiste en des formations des acteurs sur les techniques de la pratique du warrantage, à l organisation des membres d OP pour la collecte et le suivi des stocks et magasins de stockage et la mise en relation des OP avec les Institutions de Micro Finance (IMF). Ensuite, elles ont un volet d appui conseil qui consiste à l information/sensibilisation des producteurs à la bonne gestion de leur production à travers le warrantage. En fin l appui en matériel est essentiel dans l action d appui des ONG. Ce volet consiste à la réalisation ou la réhabilitation des magasins de stockage, l achat des équipements comme les palettes, les bascules ou pesons, les bâches, les sacs pics, du mobilier de bureau, etc. au profit des OP pratiquant le warrantage. Certaines ONG comme Hunger Project, font de l appui financier 25 aux producteurs dans la pratique du warrantage. Les ONG leaders dans l appui des OP pour la pratique du warrantage sont entre autre SOS Sahel, CISV, Hunger Project, etc. Le dernier groupe, certaines faitières des OP se positionnent comme des structures d appui à la mise en œuvre du warrantage. Il s agit entre autre de COPSAC de Founzan, de la CPF, la FNGN, la FEPAB. Elles ont généralement un rôle de coordination des opérations de stockage, du suivi mensuel des magasins, de négociation des conditions d accès au crédit sensibilisation/formation des producteurs, etc. auprès des IMF, de 25 met en relation les IMF et les OP ou facilite l octroi du crédit à travers le dépôt de garantie. 28

4.2.3. Cadre légal et réglementaire de la pratique du warrantage 4.2.3.1. Etat des lieux Les résultats des entretiens réalisés auprès des acteurs de mise en œuvre du warrantage laissent apparaitre que la pratique du warrantage est caractérisée par l absence de cadre légal et réglementaire formel adapté. Il n existe pas de cadre de concertation formel établie entre les acteurs de mise en œuvre du warrantage, ni de capitalisation des bonnes expériences en la matière. Cependant, une feuille de route sur la mise en œuvre du warrantage a été élaborée à travers un manuel de procédure en mars 2011 sous l égide de la Direction de l Organisation des Producteurs et de l Appui aux Institutions Rurales (DOPAIR). Dans ce manuel, il est question des procédures et outils de mise en œuvre du warrantage au Burkina Faso auxquels devrait se conformer tous les acteurs intervenant dans ce domaine. Un atelier national sur le warrantage et la tierce détention a été aussi organisé en juillet 2013 dans le but de définir les grandes orientations nationales en matière d entreposage agricole, de warrantage et de tierce détention. Il devra permettre la mise en place de cadres politiques, stratégiques, législatifs et réglementaires dans le domaine. Dans la pratique plusieurs outils non harmonisé existent et sont utilisés par les acteurs du warrantage notamment les OP pour la réalisation de leur activité de stockage. Ces outils méritent d être harmonisés à l échelle du pays à travers un cadre légal et règlementaire. Le tableau 9 suivant fait la synthèse des principaux outils de gestion utilisés dans le cadre de la pratique du warrantage au Burkina Faso. Tableau 9: Synthèse des principaux outils existant dans la pratique du warrantage Outils Règlement intérieur warrantage au sein des OP Convention entre OP et IMF Registre de gestion des stocks par spéculation Bordereau de dépôt Bordereau de sortie Fiche de marquage de sacs Fiche de membre Fiche de gestion des frais Utilité Fixe les règles et les responsabilités de chaque acteur à l intérieur de l OP Fixe les règles et les responsabilités entre OP et IF Enregistre les entrées et sorties de stocks par spéculation Enregistre les entrées de stocks en quantité et en valeur Enregistre les sorties de stocks en quantité et en valeur Assure la traçabilité des stocks contenus dans les sacs Utile pour l identification des stocks des membres dans l OP au cas où des membres stockent plusieurs produits Gestion financière, l entretien et le gardiennage du stockage Fiche de planning annuel des Utile pour l établissement de plan de campagne activités de warrantage Utile pour l établissement de bilan de stockage, du crédit et Fiche d évaluation de la campagne des Activités génératrices de revenus (AGR) menées par les bénéficiaires Fiche de suivi des AGR des Utile pour le suivi de l utilisation du crédit et les types d AGR bénéficiaires de crédit pratiquées. Source : Auteur adapté de Massimbo et al. (2013) 29

4.2.3.2. Perspectives Le Burkina Faso étant tourné vers le développement de la tierce détention, les acteurs du domaine du stockage des produits vivriers ont estimé que la mise en place de cadres politiques, stratégiques, législatifs et réglementaires consiste à deux actions majeures. Premièrement, il s agit de l inscription du warrantage dans les documents de politique de développement du secteur agricole qui permettra de mettre en place des dispositions de nature à assurer le succès de sa mise en œuvre et de son développement. Les dispositions à prendre peuvent être des renforcements de capacité (organisationnelle, technique, financière, etc.) accordés aux organisations de producteurs (OP) et la coordination des interventions de l Etat en matière de gestion des stocks publics et la pratique du warrantage. Deuxièmement, l élaboration des textes légaux et règlementaire devant régir l activité de la tierce détention est plus que nécessaire pour assurer son développement. En effet, le développement de la tierce détention et du warrantage devrait être régit par des textes spécifiques (lois) qui définissent le rôle des différents acteurs et les conditions d exercice de leur activité bien que des textes relatifs aux OP prenant en compte un certain nombre d activité du système de warrantage. Les entretiens avec les structures d appui à la pratique du warrantage laissent apparaitre qu une loi sur l entreposage agricole au Burkina Faso devrait contenir les acteurs (OP, entreposeurs professionnels, les institutions financières, les ONG et projets/programmes et l Etat) et leurs rôles, les normes de qualité des produits stockés, les normes des magasins de stockage, normes des équipements de gestion des stocks, harmonisation et spécification des outils de gestion (récépissé, licence, etc.) comportant des informations claires en matière de propriété et de responsabilité des différentes parties. Le tableau 10 fait la synthèse des éléments pouvant constituer une loi sur l entreposage agricole et le warrantage au Burkina Faso. Tableau 10 : Synthèse des éléments constituants une loi sur l entreposage agricole Constituants Contenus Utilité Entreposeurs Institutions financières ONG et projets et programmes de développement *rôle et les conditions d exercice des activités des OP et des entreposeurs professionnels ou privés *rôle des institutions financières dans le système de mise en œuvre de la tierce détention et du warrantage paysan ; *rôle et conditions d intervention des dans le système du warrantage et de *vérification de la bonne conservation des produits par les OP et les entreposeurs professionnels; *convenance de la période de stockage ; *conformité de la délivrance des récépissés de dépôt aux normes établies ; Spécification des instruments de mesure du poids des produits stockés. *facilite l accès au crédit ; *compréhension des exigences techniques du warrantage par les Institutions financières; *informe sur les conditions d octroi de crédit. *éclairage sur les types d accompagnement en faveur des OP ; 30

Etat Qualité des produits stockés Normes des magasins et équipements de stockage Actions de réglementation de l Etat Licence d entreposage la tierce détention *toutes les actions de mise en place et de contrôle des actions réglementaires, de coordination du fonctionnement du système de la tierce détention, diffusion de la loi sur l entreposage agricole *utilisation des produits de traitement ou conservateurs chimiques, *techniques de conservation des produits *types de magasins à construire ; *types d équipements pour le stockage (séchage, conservations des produits) *pilotage de la spécification des normes de qualité à respecter dans le domaine du stockage ; *contrôle du respect des normes et de qualité appliquée par les acteurs (OP, IMF, entreposeurs) et évaluation nationale du système ; *délivrance des licences d entreposages ; *améliorer le maillage du système d information sur les marchés agricoles ; *organisation de cadre de concertation entre acteurs pour la capitalisation des acquis et expériences ; *concertations entre Etat et entreprises financières pour la prise en compte du stockage dans les champs d action. *contient les conditions imposées par le Gouvernement à respecter dans le domaine du stockage et de la tierce détention ; *nécessité de disposer la licence avant de pratiquer l activité d entreposage. *amélioration de la concertation entre structures d appui d une part et entre structures d appui et les autres acteurs ; *meilleure capitalisation des acquis et bonnes expérience ; *possibilités d orienter une partie du financement vers les Systèmes d Information sur les Marchés agricoles (SIMA) *harmonise la pratique du système de tierce détention ; *vulgarisation des textes légaux et réglementaires ; *facilite la concertation permanente entre les acteurs. *évite la baisse de la qualité des produits stockés ; *maitrise des techniques de conservation des produits *permet d avoir des magasins et équipements de stockage uniforme en termes de normes de qualité *harmonisation des normes utilisées et leur vulgarisation ; *harmonisation des outils de gestion utilisés ; *garantie l intégrité des entreposeurs professionnels par les licences délivrées par le gouvernement ; *facilite la connaissance des cycles de prix annuels des produits stockés par les acteurs ; *promotion de cadre de concertation entre les acteurs et la capitalisation des acquis et les bonnes pratiques *garantie l intégrité des entreposeurs professionnels par les licences délivrées par le gouvernement ; *obligation du respect des conditions imposées par le Gouvernement ; *contrôle régulier de l action des entreposeurs par les autorités ; Récépissé *spécification du nom, la profession *constitue la preuve qu un produit 31

et le domicile du déposant ; *spécification de la nature de la marchandise déposée ; la quantité, la qualité, le lieu de stockage du produit ; *les termes du contrat de stockage et les frais associés. Source : Auteur adapté de Massimbo et al. (2013) donné a été stocké auprès de l entreposeur ; *garantie pour les demandes de crédit auprès des institutions financières par les OP ; *facilite l accès au crédit car reconnu par les institutions financières et les textes de l OHADA. 4.2.4. Evolution de la pratique du warrantage Selon les résultats de l enquête réalisée auprès des OP, le nombre de producteurs pratiquant le warrantage est passé de 139 en 2008 à 4 021 en 2012, soit un accroissement annuel moyen de 132%. Les producteurs bénéficiant du crédit dans le cadre du warrantage sont passés de 139 en 2008 à 3 260 en 2012, soit un accroissement annuel moyen de 120%. Selon la figure 2, le crédit était plus ou moins accordé à tous les producteurs participant au warrantage jusqu en 2009. Cependant de 2010 à 2012, 15 à 19% des producteurs pratiquant le warrantage n ont pas eu accès au crédit. Figure 4 : Evolution du nombre de producteurs pratiquant le warrantage Figure 3: Evolution du crédit dans le cadre du warrantage (en million de FCFA) Le crédit accordé dans le cadre de la pratique du warrantage est passé de 18,260 millions en 2008 à 215,722 millions de FCFA en 2012, soit un accroissement annuel moyen de 85% comme indique la figure 3. La figure 4 indique que les quantités stockées au cours de la même période étaient dominées par les céréales (3 429 tonnes) constituées de mil, de riz, du maïs, du sorgho et du fonio, contre 705 tonnes d oléagineux (arachide, sésame et soja) et 238 tonnes de légumineuses (niébé et voandzou). 32

Figure 5 : Evolution des quantités stockées (en tonnes) dans le cadre du warrantage 4.2.5. Intérêt et rentabilité du warrantage Selon les résultats de l enquête auprès des OP, il est ressorti que la pratique du warrantage a un intérêt positif puisque 75,8% des OP enquêtées estiment que leur objectif poursuivi est atteint à travers ce système. Elles ont justifié cela par plusieurs raisons. Selon les OP, la pratique du warrantage permet entre autre de rendre disponible les aliments en période de soudure, de faciliter l accès au crédit et lutter contre la pauvreté à travers la pratique des AGR (voir figure 5). Cependant, certaines OP (24,2%) estiment que leur objectif n est pas atteint dans la pratique du warrantage. En effet, comme indique la figure 6, 42% et 25% de ces OP ont indiqué respectivement que malgré la pratique du warrantage, les difficultés d accès au crédit et la vente à bas prix des récoltes en période de dénouement demeurent. Figure 6 : Répartition des OP selon la raison de l atteinte des objectifs poursuivis dans la pratique du warrantage Figure 7 : Répartition des OP selon les raisons de la non réalisation des objectifs poursuivis dans la pratique du warrantage 33