NOUVeLLes. Entres paroles rassurantes, parfois de circonstance, émanant de dirigeants de. Adhésion à l'ue en 2007: entre raison et coeur SOMMAIRE

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Numéro 23 - mai - juin 2004 Les NOUVeLLes de ROUMANIe SOMMAIRE Vie internationale Débat Politique Economie Social Actualité Société Evénements Faits divers, Justice Vie quotidienne Santé Enseignement Religion, Environnement Sports, Insolite Connaissance et découverte Littérature Livres, Musique Sciences Histoire Médias Tourisme Francophonie Infos pratiques, Humour Coup de coeur 2 à 7 8 à 11 12 et 13 14 et 15 16 17 à 21 22 et 23 24 à 26 27 28 29 30 et 31 32 et 33 34 35 36 à 39 40 et 41 42 et 43 44 et 45 46 et 47 48 à 51 52 Lettre d information bimestrielle Adhésion à l'ue en 2007: entre raison et coeur Entres paroles rassurantes, parfois de circonstance, émanant de dirigeants de pays européens, et avertissements de plus en plus nets sur son impréparation provenant des milieux les plus divers de l'union Européenne, la Roumanie peut commencer à se poser sérieusement des questions sur son intégration communautaire à l'horizon 2007. Et, il faut le reconnaître, les arguments de poids ne manquent pas quant aux doutes qu'on peut entretenir sur le bien-fondé de cette échéance. Ils sont d'autant plus recevables lorsqu'ils sont émis par des amis mêmes de ce pays, qui se refusent cependant à abdiquer leur lucidité (Voir nos pages "Débats"). C'est la cas de l'analyste politique britannique Tom Gallagher, qui n'accorde aucune confiance à la classe politique roumaine et déclare sans ambages qu'"avec ses milliards, l'europe va permettre au pouvoir actuel de s'installer durablement à la tête du pays, stabilisant la domination totale qu'il exerce actuellement". Sans illusion, le politologue prédit que "la nomenklatura promettra toutes les réformes que l'on veut, mais qu'elle n'existeront que sur le papier, pourvu qu elle puisse continuer à s'engraisser sur le dos de Bruxelles ". Et, en proposant de repousser de cinq à dix ans l'entrée de la Roumanie dans l'ue - le temps de voir émerger de nouveaux dirigeants, moins corrompus, et de préparer plus sérieusement les évolutions nécessaires du pays en lui accordant toute l'aide et l'attention qu'il faut - il entend "préserver l'image de l'europe aux yeux des Roumains, seul espoir que ceux-ci conservent encore, afin qu'elle ne se déconsidère pas avec un système méprisé ou subi". Autre grande amie de la Roumanie et spécialiste de ce pays, Edith Lhomel, tout en partageant l'analyse de Tom Gallagher, conclut qu'il faut cependant maintenir le cap sur 2007. "Fermer la porte, c'est encourager les tendances nationalistes voire xénophobes, dans une région de surcroît à hauts risques" s'exclame-t-elle, se demandant si l'ue peut se déjuger après s'être prononcée en faveur de cette échéance. Là est bien la question. Peut-on pousser à la désespérance, en le renfermant dans ses frontières, un peuple qui souffre depuis plus d un demi-siècle et voit dans l'europe son unique chance? Peut-on laisser s'effondrer un pays qui y a sa place naturelle, alors que par centaines de milliers ses enfants les plus entreprenants le quittent? Entre raison et coeur, Edith Lhomel s'interroge : "La classe politique roumaine est-elle capable d'assumer sa responsabilité historique?". En cette année électorale, les Roumains ont l'occasion de répondre avec leur bulletin de vote. Henri Gillet

2 SUCEAVA BAIA MARE IASI ORADEA TARGU MURES ARAD BACAU VASLUI CLUJ DEVA BRASOV TIMISOARA SIBIU GALATI SINAIA BRAILA PITESTI TULCEA CRAIOVA BUCAREST CONSTANTA Un trafic de faux documents fait tomber un ministre anglais Immigrés roumains et bulgares auront fait tomber la ministre britannique de l'immigration, Beverly Hughes, forcée de présenter sa démission, et tremblé Tony Blair, début avril, à la suite de la révélation par leur opposition d'un scandale portant sur la délivrance de visas par les ambassades de sa Gracieuse Majesté dans les ex-pays de l'est, plus particulièrement à Bucarest et Sofia, et les services d'immigration de Grande- Bretagne. Depuis quelques années, un trafic rapportant plusieurs dizaines de millions d'euros avait été mis en place permettant à des dizaines de milliers de travailleurs de s'établir Outre- Manche, d'y obtenir un droit de séjour et une carte de travail, sur la base de faux documents que des officines locales fournissaient aux services britanniques, auxquels des entreprises avaient fait connaître leur besoin de main d'œuvre. Ce scandale a entraîné l'arrêt de toute délivrance de visas pour les citoyens roumains et bulgares pendant trois semaines, lesquels ont été rétablis mais uniquement pour des séjours touristiques, d'affaires, de soins ou pour les étudiants, le 13 avril, à l'exclusion des visas permettant de travailler sur place. Cette affaire éloigne encore un peu plus pour ceux-ci la perspective de pouvoir accéder librement à la Grande- Bretagne et à l'irlande, les deux seuls pays de l'ue à maintenir des restrictions à leur égard, malgré les promesses qui avaient été faites. Vie internationale Actualité L'UE ne croit pas à une immigration massive en provenance de ses nouveaux membres Un flux de 220 000 personnes par an des ex-pays de l'est attendu L'entrée de dix nouveaux Etats dans l'union européenne, à partir du 1er mai, va-t-elle avoir pour conséquence une vague d'immigration massive en provenance de ces pays?" se demande le journal "Le Monde" dans un article signé Thomas Ferenczi, indiquant que "cette perspective inquiète les actuels Etats membres, qui ont annoncé, dans leur quasi-totalité, leur intention de restreindre, pendant une période transitoire, le libre accès à leur territoire des citoyens des pays nouvellement adhérents. Mais le quotidien parisien relève aussitôt que "Même si ces restrictions provisoires sont conformes aux traités d'adhésion, elles ne sont pas du goût de la Commission européenne de Bruxelles, qui s'appuie sur plusieurs études pour juger infondées les craintes des Etats membres, dont la dernière confirme les résultats des précédentes en évaluant à 220 000 personnes par an - soit, sur cinq ans, 1 % de la population des Etats adhérents en âge de travailler - le nombre des immigrés qui quitteront leur pays pour gagner un des Eurolines ou autres compagnies, les cars sont devenus lee moyens de déplacement les plus utilisés par les candidats à l exil. actuels pays de l'union". Antonia Mochan, porte-parole de la Commission européenne pour les affaires sociales et l'emploi, a souligné que, sur la base de ces chiffres, les inquiétudes manifestées par les Etats membres sont exagérées. Elles le sont d'autant plus, a-t-elle ajouté, que, à en juger par l'exemple espagnol, l'émigration a plutôt tendance à diminuer qu'à augmenter après un élargissement. Ainsi le nombre d'émigrants en provenance d'espagne vers les autres pays de l'union est-il passé de plus de 200 000 en 1970 (instauration de la zone de libre-échange) à 120 000 à la fin des années 1970 (demande d'adhésion) pour se stabiliser entre 2 000 et 3 000 au début des années 1990 (après l'adhésion en 1986). Le véritable risque est celui d'une fuite des cerveaux Il ressort notamment de ces études que le chômage joue un rôle moins important qu'on pourrait le penser dans la décision d'émigrer. Seulement 2 % des chômeurs ont fait part de leur "ferme intention" de partir. "Les effets négatifs sur le marché du travail seront limités et concentrés dans quelques régions et quelques domaines d'activité", estime l'auteur de l'étude, qui explique que "la plupart des vieux pays de l'union seront à peine affectés". Les Etats membres n'auraient donc pas à redouter l'arrivée de nombreux migrants issus d'une population au chômage qui viendraient exercer "de fortes pressions" sur leurs régimes de sécurité sociale. En revanche, ils peuvent s'attendre à accueillir des jeunes, souvent diplômés, qui constitueront pour eux "un apport de main-d'œuvre de grande qualité" et contribueront à leur développement. De sorte que le véritable risque est celui d'une "fuite des cerveaux", préjudiciable aux pays adhérents, plutôt que celui d'une immigration de travailleurs non qualifiés, comme le craignent les Etats membres. Entre 2 % et 3 % des diplômés et des étudiants affichent en effet leur "ferme intention" d'émigrer vers un autre pays de l'union. Parmi ceux-ci figure un nombre croissant de femmes.

Actualité Désapprobation à l'égard d'éventuelles discriminations des pays d'accueil Adrian Nastase et Romano Prodi. En donnant une large publicité à ces études, la Commission européenne entend rassurer les opinions des Etats membres qui s'inquiètent de la possible concurrence des nouveaux venus sur le marché du travail alors que le chômage demeure élevé dans la plupart des pays. Elle veut aussi manifester sa désapprobation à l'égard des mesures restrictives prévues par les Etats membres. "Certaines de ces mesures ne correspondent pas à l'esprit de l'élargissement", a déclaré Reijo Kemppinen, porte-parole de Romano Prodi. M. Kemppinen a précisé, en se référant aux dispositions annoncées par la Grande-Bretagne, qu'aucune discrimination ne pourra être acceptée dans l'attribution des aides sociales et que la Commission examinera la légalité des mesures adoptées par les différents pays dès que celles-ci lui auront été communiquées. L'arrivée des économies des pays de l'europe Centrale ne devrait pas provoquer de bouleversements majeurs au sein des Quinze Le 1er mai, l'union européenne (UE) sera rejointe par dix nouveaux pays (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Chypre et Malte). Dans un article du monde, Adrien de Tricornot analyse les conséquences à venir de cet événement historique qui n'aura pas, en lui-même, disent les experts, de conséquences économiques majeures puisque les économies des actuels et nouveaux membres de l'union sont déjà très imbriquées. Ainsi, 68 % des exportations des pays adhérents sont, par exemple, déjà dirigées vers l'union Européenne. Par ailleurs, l'euro ne sera pas immédiatement la monnaie des nouveaux pays européens, qui devront d'abord passer au moins deux ans dans le sas du Mécanisme de change européen (MCE II), dans lequel la monnaie peut varier de plus ou moins 15 % autour d'un cours pivot avec l'euro. L entrée dans la zone euro sera jugée au cas par cas Mais les économies des nouveaux membres devront se conformer aux critères de convergence prévus par le traité d'amsterdam et contribuer ainsi à la bonne santé économique de la zone euro. Parmi ceux-ci figure notamment la fameuse règle de la limitation du déficit public maximum acceptable à 3 % du produit intérieur brut. Obligés à de massifs investissements de reconstruction et ployant sous les coûts sociaux des reconversions économiques, ces Etats peinent à atteindre cette norme. En décembre, les gouverneurs de la Banque centrale européenne ont indiqué que l'admission dans l'euro des dix pays entrant dans l'ue serait jugée "au cas par cas". La BCE ajoute même : "(...) Il serait sans doute opportun pour certains nouveaux Etats membres de n'envisager de demander à participer au MCE II qu'après avoir atteint un degré de convergence plus élevé". "On entre dans la zone euro et on n'en sort plus. Se précipiter pour des raisons de facilité sans s'assurer d'une préparation rigoureuse constituerait une erreur pour le pays concerné et aussi pour le système tout entier", a indiqué par avance Jean-Claude Trichet en septembre dernier, quelques semaines avant d'être nommé président de la BCE. Une délocalisation déjà largement entamée Les actuels Etats membres s'interrogent toujours sur les autres conséquences possibles de l'élargissement sur leur économie. Selon une étude du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII) parue en avril 2003, il n'aura qu'un impact faible et contrasté pour l'ouest. Il devrait, en revanche, bénéficier à l'est, en augmentant les débouchés et les transferts financiers, les pays baltes étant moins bien placés. "Les échanges-entre l'europe de l'ouest et de l'est- sont déjà largement libéralisés et les investisseurs ont anticipé l'adhésion ; c'est donc beaucoup moins à une concurrence massive concentrée sur quelques branches qu'il faut s'attendre qu'aux effets plus complexes de l'intégration des marchés", écrivent ces experts. Depuis longtemps déjà, les entreprises de l'ouest ont commencé à se délocaliser dans des pays dont le revenu par habitant représente 40 % seulement de la moyenne de l'ue. "Plutôt qu'à une spécialisation sur les grands secteurs d'activité ou sur les industries, c'est à une spécialisation au niveau fin des produits, voire des gammes de qualité, que l'on assiste", analysent les économistes du CEPII, relativisant les craintes liées aux éventuelles délocalisations. "L'impact de l'élargissement sur les marchés du travail (...) ne sera pas nécessairement défavorable aux travailleurs non qualifiés des économies à haut revenu", ajoutent-ils. Dans l élargissement, tout le monde est gagnant Cette thèse semble valider l'optimisme affiché par le président de la Commission européenne, Romano Prodi, qui a déclaré l'an dernier : "dans l'élargissement, tout le monde est gagnant". Toutefois, les experts estiment que le taux de change finalement retenu pour l'entrée des monnaies dans l'euro sera déterminant pour la réussite de ce modèle "gagnant-gagnant" : il devra ne pas être trop fort, afin de ne pas pénaliser l'avantage compétitif des pays qui adhèrent à L'Europe unie, et pas trop faible, pour préserver leur pouvoir d'achat. 223

224 BAIA MARE SUCEAVA ORADEA CLUJ TARGU MURES IASI ARAD BACAU DEVA GALATI TIMISOARA SIBIU BRASOV PITESTI BRAILA TULCEA CRAIOVA CONSTANTA BUCAREST Près de 40 % des financements européens SAPARD pour les "copains" Nouveau directeur de l'agence SAPARD de Roumanie, destinée à financer des projets économiques du monde rural à l'aide de fonds européens, Gheorghita Corbu a révélé qu'après une enquête menée récemment et portant sur 156 dossiers, 58, soit 37 %, avaient été retenus grâce à la complicité de proches, fonctionnaires ou membres des commissions chargées de l'attribution de ces sommes. Ces commissions comptent trop souvent dans leurs rangs des actionnaires, des associés, des administrateurs ou des employés des firmes candidates qu ils sont applées à choisir. Plus même, il est apparu que le personnel chargé de vérifier la bonne utilisation des fonds en était également issu. Les judets de Suceava et Dâmbovita dans la ligne de mire Le nombre le plus important de ces cas de conflits d'intérêts a été enregistré dans le judet de Suceava (17), suivi par celui de Dâmbovitsa (Târgoviste, 11), Buzau (7), Vâlcea (6), Arges (Pitesti, 4). Gheorghita Corbu a décidé de procéder à 256 nouvelles investigations sur le total de 542 projets SAPARD menés actuellement en Roumanie, sans préciser, pour l'instant, la nature des sanctions qui seront prises à l'égard des judets s'étant rendus complices de ces détournements. Vie internationale Actualité Moins de 24 heures après l'adoption par le Parlement européen du sévère rapport qu'elle avait dressé sur la Roumanie, à une très forte majorité, la baronne Emma Nicholson débarquait à l aéroport Otpeni de Bucarest, son document à la main. Elle le distribuait aussitôt aux journalistes au cours d'une conférence de presse, volontairement tenue avant d'aller voir Ion Iliescu et Adrian Nastase, afin de leur couper l'herbe sous le pied. La député britannique, chargée de la Roumanie à Strasbourg, n'entendait pas qu'une nouvelle fois son rapport soit dénaturé par le pouvoir, les Roumains n'en connaissant pratiquement pas la teneur. Il y avait urgence, puisque dès le vote défavorable à Bucarest, le Premier ministre et le Président de la République commençaient une nouvelle fois à se féliciter du succès remporté et des encouragements reçus Avec l'humour propre à son pays, la baronne indiqua, en préambule et dans une allusion à l'irak, qu'avec le gouvernement de Tony Blair, "elle avait pris la mesure de la distance que certains dirigeants savent mettre entre la réalité et la manière de la rapporter". Puis Emma Nicholson mettait les pieds dans le plat : "C'est une douche froide pour le gouvernement roumain. Le message du Parlement européen est très dur et très ferme, et en même temps très clair sur ce qui ne va pas : corruption, corruption et encore corruption!". Tout en se déclarant convaincue que la Roumanie deviendra membre de l'ue, elle précisait que cela dépendait des pas nécessaires que feraient les politiciens et l'administration publique : "s'ils abordent les problèmes évoqués avec volonté, je suis sûre que dans leur majorité ils se résoudront". La parlementaire européenne, devenue un personnage public en Roumanie, à la fois controversé, craint et respecté, définissait son rapport comme une aide, loin de toute idée de détruire. Et pour convaincre, elle indiquait qu'elle détenait des preuves de manœuvres visant à tromper l'ue dans le domaine des adoptions internationales, mais elle préférait les garder pour elle, "afin de ne pas crucifier le gouvernement de Bucarest et provoquer une tempête politique". Des cas d'orphelins maltraités à l'étranger "Corruption, corruption, et encore corruption!"... La baronne Nicholson vient elle-même mettre les pieds dans le plat à Bucarest La baronne Emma Nicholson a tenu à venir présenter elle-même son rapport à Bucarest, le présentant en priorité aux journalistes. Revenant sur le thème des adoptions internationales, la baronnee Emma Nicholson précisait qu'on avait porté à sa connaissance des cas concrets d'orphelins roumains maltraités à l'étranger, ajoutant que la Roumanie n'avait pas l'argent, les compétences, le personnel, l'expérience nécessaires pour assurer une protection sûre à ces enfants adoptés hors de ses frontières. Et de poser cette question : "Que deviennent ces jeunes de 17 ans et demi, proposés à l'adoption sur Internet juste avant leur majorité, sur présentation d'une simple photo, et pourquoi vient-on les chercher en Roumanie?". Toutefois la baronne a décerné un bon point au gouvernement Nastase pour les lois sur la protection de l'enfance qu'il s'apprête à faire adopter, déclarant "qu'elles pourraient représenter un modèle pour les pays voisins, notamment la Bulgarie où la situation en ce domaine est encore plus grave".

Actualité On nous écrit Comme vous le savez, l'ambassade de France en Roumanie suit avec beaucoup d'intérêt votre publication, qui contribue à faire aimer et connaître la Roumanie d'aujourd'hui dans l'opinion publique française. C'est donc d'autant plus volontiers que je me permets de relever que, dans votre éditorial du numéro 22 (mars-avril 2004), vous écrivez que "plusieurs pays européens, dont la France, ne sont pas clairs (sur la question des adoptions internationales) ayant négocié en sous-main des dérogations, en contradiction avec la position européenne". Je me vois obligé de vous indiquer que cette accusation est infondée. La "position européenne" prévoit tout à fait que les procédures d'adoptions entamées avant le début du moratoire roumain sur les adoptions internationales sont possibles et légitimes. Les memoranda adoptés en 2002 et 2003 et qui ont concerné 73 familles françaises sur un total de 900 adoptions Philippe Etienne, ambassadeur de France à Bucarest: "La France a été claire dans le processus d'adoption des enfants roumains " environ ont de plus été le fruit de processus de décision tout à fait transparents, en conformité avec la loi roumaine et les conventions internationales. Les familles françaises concernées ont été soumises à toutes les obligations et procédures - elles sont nombreuses et rigoureuses - prévues en France dans ce domaine. C'est donc faire bien peu de cas de la réalité mais aussi des personnes en cause que de dire que la France "n'a pas été claire" sur ce dossier. Je vous serais reconnaissant, Cher Monsieur, de donner dans votre publication à cette réaction la publicité que vous jugerez utile et vous prie de croire à l'assurance de ma considération distinguée." Philippe ETIENNE NDLR : dont acte d'autant plus volontiers que les amis francophones de la Roumanie qui se posaient des questions sur ce problème, seront heureux de savoir que la France, pour sa part, a su faire prévaloir une solution conforme à son éthique. Doina Cornea : "Les Nouvelles de Roumanie contribuent à éveiller les consciences" "Je vous souhaite une très bonne année 2004. Je suis persuadée que "Les Nouvelles de Roumanie" contribuent à éveiller les consciences." Doina CORNEA Costina, étudiante de Ianca, 24 ans: L Américaine Lia Roberts n est représentative en rien des réalités de la Roumanie. 225 Costina Buzea, étudiante de 24 ans de Ianca (Braila), participe depuis quatre ans à la revue estudiantine de Galati "Akademia". A la suite de l'évocation dans nos colonnes (n 22) de la candidature de l'américaine d'origine roumaine Lia Roberts à la présidence de la République pour succéder à Ion Iliescu, en novembre prochain, elle réagit : "J'apprécie beaucoup votre initiative d'informer les Français sur notre vie et de satisfaire la curiosité des Roumains vis-à-vis de la perception des Français sur nous. En ce qui concerne l'opa de la candidate roumano-américaine Lia Roberts sur la présidence de la République, vous avez dit que "celle-ci se présente comme la seule alternative crédible face à la désespérance actuelle", mais Lia Roberts ne pourrait être une alternative, quelque soit notre désespérance, car les Roumains veulent être conduits par quelqu'un qui vit ses jours ici, qui sait ce que sont la faim, la souffrance, les communistes et la corruption. Sachez que nous voulons quelqu'un qui connaisse nos problèmes non pas par le biais de la télévision, mais de manière concrète, en les vivant sur place. Il est vrai que Lia Roberts est fort soutenue par les Américains, qu'elle a de l'argent et qu'elle aura une campagne électorale judicieusement pensée, mais les Roumains (voir l'opinion des jeunes, des vieillards, les blagues qui circulent déjà sur Lia Roberts, qui ne parle pas bien le roumain et le point de vu de personnalités roumaines importantes) ne la considèrent ni comme une "force" qui pourrait amener le changement, ni comme une candidate menaçante ou sérieuse. Vous le verrez, enfin " Costina BUZEA Equipement Cent milliards d'euros nécessaires pour moderniser les infrastructures des transports dans les ex-pays de l'est La carence des réseaux de transport dans les ex-pays de l'est constitue un sérieux handicap à leur développement économique estime un rapport de la Commission Européenne. D'après celle-ci, pour remédier à cette situation, il faudrait construire, d'ici l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie, 20 000 km de routes ou autoroutes, 30 000 km de voies ferrées, plusieurs aéroports, pour un coût global de 100 milliards d'euros. Avec la Roumanie, la Pologne est le pays le plus mal loti, ne disposant que de 500 km d'autoroutes et d'un réseau ferroviaire particulièrement archaïque. Elle devrait recevoir 3 milliards d'euros de l'ue pour financer la construction d'une autoroute la traversant d'est en ouest, d'ici 2006, et qui constituerait un maillon de l'axe Berlin-Moscou. La République tchèque, elle, ambitionne de disposer d'une autoroute reliant Prague à Vienne et espère que ce sera chose faite en 2009. L'absence de relations routières modernisées avec la capitale autrichienne lui avait fait rater l'obtention des championnats d'europe de football, en 2000.

Actualité 226 BAIA MARE ORADEA TARGU IASI CLUJ MURES ARAD PIATRA BACAU DEVA NEAMT TIMISOARA SIBIU PITESTI BRASOV SUCEAVA CRAIOVA BUCAREST BRAILA TULCEA CONSTANTA Le futur président allemand est d'origine roumaine Horst Koehler, 61 ans, qui sera vraisemblablement élu président de la République allemande, le 23 mai - il a été désigné par le Parti Chrétien Démocrate et le Parti Libéral, majoritaires au Bundesrath - a des origines roumaines. Ses parents sont natifs de la région de Brasov et avaient émigré en Pologne en 1943, l'année de la naissance de Horst, septième de leurs huit enfants, avant de rejoindre la RDA après la guerre, puis de s'enfuir en RFA, en 1953. Horst Koehler, qui a été secrétaire d'etat sous le chancelier Kohl, avant de devenir président de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement, était jusqu'ici directeur général du FMI. Il est à noter que le chancelier Schroeder est également marqué par l'histoire de la Roumanie puisque son père, qu'il n'a jamais connu, soldat dans la Wehrmacht, est mort sur le front dans ce pays où on a retrouvé sa tombe voici trois ans. Le nouveau leader conservateur, Michael Howard, 62 ans est aussi originaire de Roumanie que son père, Juif, avait quitté en 1939, ne s'y sentant plus en sécurité. Quand à l'actuel Premier ministre hongrois, Peter Medgyessy, 62 ans, sa filiation est également roumaine, son père étant natif de la région d'hunedoara et ayant grandi à Cluj, où il avait occupé des fonctions politiques. Peter Medgyessy parle le roumain qu'il a appris pendant son enfance, lorsque son père était diplomate hongrois à Bucarest. Vie internationale Trop dérangeant, Michael Guest dénonçait la corruption en Roumanie Les USA remplacent leur ambassadeur George W. Bush a appelé son ambassadeur en Roumanie à de nouvelles fonctions, la Maison Blanche annonçant la nomination de Jack Gryer Crouch II pour le remplacer. Ancien secrétaire adjoint aux problèmes de défense du Département de la Sécurité, et professeur d'études stratégiques à l'université du Missouri, celui-ci appartient au camp néo-conservateur entourant le président américain. Le rappel de Michael Guest, en poste à Bucarest seulement depuis deux ans et demi - une durée inhabituellement courte pour cette fonction dont la durée moyenne est de quatre ou cinq ans - n'est pas pour surprendre. Sa nomination avait déjà choqué les secteurs traditionalistes roumains, car, dans un pays qui venait tout juste d'abroger sa législation répressive contre l'homosexualité, le nouvel ambassadeur, tout en se montrant discret, n'avait pas caché qu'il vivait en couple avec un autre homme, provoquant les réactions indignées et insultantes de l'ultra-nationaliste Corneliu Vadim Tudor. Mais surtout Michael Guest s'était illustré en s'éloignant de la langue de bois des diplomates pour appeler un chat un chat, dénonçant publiquement et invariablement les tares de la société roumaine, dont la corruption des hommes politiques, enfonçant le clou à chacune de ses apparitions, même en présence de ministres. Ces "sorties" fort peu diplomatiques et un véritable attachement à la Roumanie, l'avaient rendu populaire dans le pays mais, à contrario, indésirable pour les dirigeants et la classe politique ainsi montrés du doigt et qui ne doivent pas être étrangers à son rappel. Le profil de son successeur devrait davantage leur convenir. L'an passé, le nom de Jack Gryer Crouch II avait été mentionné dans un rapport du Bureau de contrôle financier américain épinglant des officiels du Pentagone dépensant des sommes exorbitantes dans des voyages en avion en classe affaires. Michael Guest n'avait aussi, semble-t-il, montré aucun empressement à soutenir la candidature aux prochaines élections présidentielles roumaines de la présidente du Parti Républicain du Nevada Lia Roberts, une Roumaine naturalisée américaine, qui avait été reçue à la Maison Blanche. "Malheureusement, la Roumanie n'a pas eu de Vaclav Havel " Peu avant l'annonce de son remplacement, Michael Guest avait fait cette dernière déclaration devant les étudiants de l'université d'arad, au cours d'une cérémonie l'intronisant docteur "honoris causa" : "Quelques ex-pays de l'est ont eu la chance d'avoir à leur tête des leaders de la trempe de Vaclav Havel et Lech Walesa, au crédit moral énorme, et des citoyens décidés à imposer le changement Il est clair que ce n'est pas le cas en Roumanie qui a conservé des reliques de la désastreuse période de Ceausescu. Ces dirigeants qui ne se sont pas débarrassés de la mentalité communiste, de son inertie, de la servilité et de l'opportunisme qui ont marqué cette époque, ne resteront pas dans l'histoire" avaitt-il dit, enchaînant : "Les signes de cette incapacité à pouvoir conduire les affaires du pays, due à cette période, ne se relèvent pas seulement dans le rapport récent du Parlement européen sur la Roumanie, mais se retrouvent aussi aux plus bas échelons locaux, dans chaque coin du pays. On y voit des décisions qui sont prises marquées de l'empreinte de l'ère Ceausescu, ce qui est incompatible avec les structures occidentales". S'adressant directement aux étudiants, l'ambassadeur avait conclu : "Un de vos gros problèmes sera justement de vous confronter avec ceux, énormes, qu'on vous aura laissés à résoudre".

Vie internationale Actualité Comme six autres ex-pays de l'est (Bulgarie, Pays baltes, Slovénie et Slovaquie), la Roumanie est devenue membre à part entière de l'otan, le 1er avril. Ce événement a été fêté par une journée nationale fériée, le vendredi 2 avril, la population bénéficiant ainsi d'un week-end prolongé, et marqué par un grand concert et feu d'artifice à Bucarest. Le drapeau de l'otan flotte désormais sur le palais de Ceausescu et a été hissé devant Ion Iliescu et Adrian Nastase : une scène qui aurait paru surréaliste voici encore quinze ans et qui marque la profondeur des changements survenus. Avec leurs 190 000 soldats, dont près des trois-quarts sont Roumains (90 000) ou Bulgares, sur les deux millions que compte l'alliance Atlantique, les nouveaux adhérents contribuent modestement à son développement et devront Drapeaux de la Roumanie faire de sérieux efforts budgétaires pour mettre à niveau et de l OTAN côte à côte. leurs armées, ce qui leur demandera une douzaine d'années. La Roumanie consacre actuellement un milliard d'euros annuellement à sa défense, contre 383 milliards pour les USA, 200 milliards pour les membres européens de l'alliance, dont 45 milliards pour la France, qui effectue le plus gros effort en faveur de son armée, devant la Grande-Bretagne (43 milliards), l'allemagne (35 milliards) et l'italie (25 milliards). Elle devrait récupérer une ou plusieurs bases américaines dans le cadre du redéploiement des forces américaines en Europe, installées principalement en Allemagne. La Roumanie deviendrait ainsi, avec la Bulgarie, la plaque tournante des opérations de l'otan tournées vers les Balkans, la Mer Noire et le Caucase. Déjà plusieurs des nouveaux membres sont engagés sur des fronts extérieurs : Kosovo, Afghanistan, Irak, la Roumanie étant présente sur le théâtre de ces trois conflits. La prochaine vague d'élargissement de l'otan devrait toucher la Croatie, l'albanie, la Macédoine, dans l'attente de la stabilisation de la situation en Serbie. A terme, tous les pays de l'ex-pacte de Varsovie devraient s'y retrouver, à l'exception de la Russie, l'ukraine, le Bélarus et la République de Moldavie. Les critères d'adhésion des candidats reposent sur les standards de leurs armées, qui Le drapeau de l'otan flotte sur le palais de Ceausescu doivent correspondre à ceux de l'otan, mais aussi sur les transformations de leurs méthodes de gouvernement et de leurs économies. Réformes démocratiques, bonne gouvernance, Etat de droit, lutte contre la corruption, liberté de la presse, respect des minorités, instauration d'une économie de marché sont autant de critères exigés. Apartir de ce 1er mai, les Roumains désireux de se rendre dans les pays voisins qui entrent à cette date dans l'ue (Hongrie, Pologne, République Tchèque, Slovaquie, Slovénie, Pays Baltes, Chypre et Malte) devront être en possession à la sortie de leur territoire d'une somme double de celle qu'ils devaient présenter jusqu'ici et qui était, au minimum, de 250, ainsi qu'être munis d'un billet allerretour et d'une attestation d'assurance. En effet, ces pays entrent désormais dans le cadre de la réglementation s'appliquant aux pays de l'ue, pour lesquels les douanes roumaines exigent que leurs concitoyens disposent d'une somme de 100 par jour de séjour, avec un minimum de 5 jours, soit 500. Ces dispositions entravent encore plus la liberté de se déplacer des Roumains, qui doivent également obtenir un visa pour se rendre en Turquie et en Ukraine, en rétorsion à la même mesure qu'a prise à leur égard la Roumanie, à la demande de l'ue, laquelle souhaite mieux contrôler les frontières de l'est. Ces restrictions sont durement ressenties par les frontaliers, notamment ceux qui demeurent à proximité de la Hongrie où ils se rendent souvent, vivant de petits commerces. 500 est une somme très importante, représentant six mois de salaire C'est un peu comme si un Lillois ou un Lyonnais devait présenter 10 000 (65 000 F) pour aller visiter ses amis ou sa famille en Belgique ou en Suisse.Par ailleurs, le prix des cartes vertes pour les automobilistes roumains se rendant en Hongrie va doubler, les Bah, voisin, trois jours de congés pour entrer dans l OTAN, c est bien... mais, tu verras, quand on va entrer dans l UE, on n aura même plus besoin d aller au boulot. Gazdaru (Gardianul). Nouvelle entrave pour circuler dans les pays voisins assurances s'alignant sur les tarifs pratiqués dans l'ue. Ils passent de 30 à 60 pour quinze jours et de 50 à 100 pour un mois. "Les Roumains peuvent désormais circuler librement de Brest à Vladivostok" titraient "Les Nouvelles de Roumanie", le 1er janvier 2002, date historique de suppression des visas obligatoires pour les Roumains désireux de voyager dans l'espace Schengen. A la barrière administrative a succédé une autre entrave, économique celle-là, notamment pour tous les jeunes, les enseignants qui souhaitent tant découvrir l'europe. Il ne reste que deux pays où les Roumains peuvent se rendre en toute liberté, sans risquer d'être refoulés : la Bulgarie,et la République de Moldavie, celle-ci jusqu en 2007. 227