Les Allemagnes laitières



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Transcription:

Juillet-Août 212 n 426 Les Allemagnes laitières Voies divergentes et avenirs contrastés Rédaction : Département Économie étude réalisée par l Institut de l élevage avec le soutien du CNIEL

Les études publiées dans le cadre des Dossiers Économie de l Élevage, bénéficient du financement du Ministère de l Agriculture et sur contrats, du Fonds de l Élevage, des Interprofessions lait et viande et de FranceAgriMer

Les Allemagnes laitières, voies divergentes et avenirs contrastés L Allemagne reste le leader laitier européen avec une collecte de 29,3 millions de tonnes en 211 loin devant la France, qui occupe la seconde place (24,6 millions de litres). 211 aura été une année exceptionnelle pour la filière allemande qui n avait jamais produit autant de lait, à un prix moyen de 351 /tonne, supérieur aux très bons niveaux de 27 et 28. La production laitière y est très dynamique depuis trois ou quatre ans avec une collecte et des exportations en hausse, tant à destination de l UE que vers les pays tiers, la Russie en particulier. La force de la filière allemande réside encore dans la diversité de ses modèles de production : des exploitations familiales dynamiques qui investissent au Nord, des petits ateliers qui résistent au Sud et des entreprises performantes à faibles coûts à l Est. Mais aujourd hui, la croissance repose quasi exclusivement sur les exploitations du Nord. Les trois Länder de Rhénanie du Nord-Westphalie, de Basse-Saxe et du Schleswig-Holstein pèsent aujourd hui pour près de 4% de la collecte allemande. La taille moyenne des ateliers ne cesse de progresser dans cette région où les investissements en bâtiments sont nombreux. Au Sud, et en particulier en Bavière qui représente encore aujourd hui le quart de la collecte nationale, la production est parvenue à se maintenir globalement Vaches laitières en bâtiment dans le Schleswig-Holstein Photo : Jean-Luc Reuillon - Institut de l Élevage jusqu en 29. Malgré des coûts de production plus importants, les exploitations bénéficient de prix du lait plus élevés, de soutiens publics plus importants et de la meilleure valorisation du co-produit viande avec la race Fleckvieh. Par ailleurs, on voit de plus en plus d ateliers de plus de 5 vaches quand la moyenne reste encore autour de 3 vaches. L Allemagne, ou plutôt les Länder allemands, sont parvenus, grâce à des politiques spécifiques ou régionalisées en termes de soutiens publics, de fiscalité ou de succession, à la fois à encourager la croissance au Nord et à favoriser le maintien au Sud. Les grands ateliers de l ex-rda semblent les plus menacés aujourd hui, faute de main-d œuvre qualifiée, de capital pour réaliser de nouveaux investissements, mais aussi du fait de la concurrence accrue des grandes cultures. Pour écouler cette collecte croissante, le développement des exportations est une nécessité pour l industrie laitière allemande. En effet, le marché domestique est à la fois peu rémunérateur, mûr et menacé de repli du fait d une population vieillissante. En équivalents-lait, les exportations représentent à présent 5% de la production laitière allemande. Et cette part va encore augmenter durant les années à venir. Globalement, les fromages pèsent de plus en plus lourd dans l utilisation du lait allemand : 39% en > > > Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 1

2, 48% en 211. La part des ingrédients laitiers (beurre, poudres, caséines) dans la transformation allemande reste globalement stable à 17%, alors qu elle croît côté français (26%) : l industrie allemande a en effet clairement fait le choix d une stratégie basée sur plus de valeur ajoutée dans le mix produit jusqu en 21, grâce à des fromageries modernisées et performantes. Désormais, et en partie en réponse aux évolutions de la conjoncture des produits industriels, les investissements portent davantage sur des tours de séchage. Si l UE reste le premier marché d exportation pour les produits laitiers allemands, les volumes expédiés vers les pays tiers progressent, notamment pour les fromages et les poudres. Les exportations vers les pays tiers ont été favorisées par la dépréciation de l euro et les industriels considèrent le développement de la demande mondiale comme une opportunité. Il existe un certain nombre de freins à cette croissance. Tout d abord, le développement de la production de biogaz fait de plus en plus concurrence à la production laitière pour l utilisation des terres et du maïs ensilage en particulier. Les exploitations qui se sont lancées dans cette diversification (7 5 au total, dont on estime qu environ 6% auraient un atelier laitier) y trouvent certes un complément de revenus sûr et significatif. Cependant, à l échelle du pays, ce sont plus de 85 ha de maïs ensilage qui partent désormais dans les digesteurs, soit 4% des «En équivalents lait, les exportations pèsent à présent 5% de la production laitière allemande» surfaces, et il n est pas rare de voir des ateliers laitiers lassier place au biogaz. Par ailleurs, des problèmes de main-d œuvre se posent dans chacun des trois bassins : au Sud, où les alternatives non agricoles privent les exploitations d un renouvellement de générations pourtant nécessaire ; à l Est, où l exode rural est toujours très fort et les besoins en main-d œuvre importants dans des ateliers de grande taille ; et enfin au Nord, où la croissance de la taille des ateliers rend la main-d œuvre familiale insuffisante alors qu il reste difficile de trouver des salariés. Enfin, la régionalisation des DPU qui sera totale en 213, va priver une grande partie des exploitations laitières d une partie de leurs aides (jusqu à 17% pour les ateliers de 5 à 1 vaches). En 21 et 211, le Sonderprogramm, plan d urgence d aide au revenu, avait permis de limiter les effets de la régionalisation, mais en 212, aucune aide spéciale n est prévue et les revenus des éleveurs laitiers allemands sont attendus à la baisse. Malgré tout, la production devrait de nouveau croître en 212 en dépit d une baisse des prix et des revenus des producteurs. À plus long terme, la production laitière continuera de croître dans le Nord à un rythme contraint par la hausse des quotas jusqu en 215 et probablement plus rapidement à l horizon 22. n n n Page 2 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212

sommaire Les Allemagnes laitières, voies divergentes et avenirs contrastés 1 1 Un leader toujours dynamique 5 Un cheptel qui progresse à nouveau depuis 27 5 La croissance de la collecte ne faiblit pas 7 Un prix du lait semblable sur longue période 7 Des règles de succession avantageuses 7 Les aides à l investissement plus concentrées 9 Une fiscalité agricole au forfait 9 2 Trois modèles de production face à leur avenir 13 Des modèles contrastés 13 Des revenus qui progressent plus au Nord 15 Un glissement de la production vers le Nord 15 Des freins significatifs au développement 15 3 Une transformation peu internationalisée mais tournée vers l export 19 Des fabrications dynamiques, et de plus en plus de fromages 19 Une consommation intérieure qui génère peu de valeur ajoutée 21 De plus en plus de fromages à l exportation 23 Un débouché européen privilégié mais un développement vers les pays tiers 25 Un développement des exportations vers les pays de l Est 25 L Europe de l Ouest reste le premier débouché 27 Des importations chères 27 Un solde commercial comparable en volume mais inférieur en valeur 27 Une industrie en restructuration qui maîtrise ses coûts 29 Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 3

Cheptel de vaches laitières en Allemagne Figure 1.1 7 x 1 têtes 6 5 4 3 2 1 Reste Est Nord Sud 199 1992 1994 1996 1998 2 22 24 26 28 21 Source : GEB-Institut de l'elevage d'après AMI Évolution du nombre de détenteurs de quotas laitiers Figure 1.2 % 21/2 22/3 23/4 24/5 25/6 26/7 27/8 28/9 29/1 21/11-1% -2% -3% -4% -5% France Allemagne -6% -7% Source : GEB-Institut de l Élevage d après AMI Page 4 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212

1 Un leader toujours dynamique Un cheptel qui progresse à nouveau depuis 27 Après la chute du mur de Berlin et l unification des anciens et des nouveaux Länder, le cheptel de vaches laitières en Allemagne a fortement baissé. Il est passé de 6,4 millions de têtes en 199 à 4,1 millions en 27 (-36%). Cette baisse a affecté les trois grands bassins de production laitière. Le Nord (Rhénanie du Nord-Westphalie, Basse-Saxe et Schleswig-Holstein) a perdu 26% de ses effectifs et le Sud (Bade-Wurtemberg et Bavière) 33%. Mais le recul a été encore plus fort à l Est (ensemble des nouveaux Länder ou ex-rda) qui a perdu durant cette période plus de la moitié de ses effectifs, une baisse essentiellement imputable à la restructuration très rapide après la création de nombreuses exploitations familiales à partir des anciens kolkhozes ou sovkhozes au lendemain de la réunification. Depuis 27, le contexte est bien différent. La restructuration se poursuit à un rythme de 4% par an en moyenne, plus forte au Sud qu au Nord. Ce rythme est bien inférieur à ce que l on observe côté français (-6%). Le cheptel national a en outre progressé de 3% entre 27 et 211. Il a continué de baisser à l Est, bien que moins rapidement qu avant 27 (-3% sur la période), il est resté globalement stable au Sud mais a augmenté de 4% au Nord. La filière allemande a fait le choix inverse des Français. Lors de la forte chute du prix du lait en 28, producteurs et industriels ont tenté de compenser en augmentant la production, ce qui s est traduit par une stabilisation du cheptel en 28-29 puis une reprise de la hausse en 211, avec l amélioration des prix. > > > Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 5

Chapitre 1 Évolution comparée de la collecte laitière) Figure 1.3 3 29 28 27 26 1 tonnes Allemagne 25 24 23 France 22 21 2 1999 21 23 25 27 29 2111 Source : GEB-Institut de l Élevage d après statistiques nationales Évolution du rendement moyen annuel des vaches laitières Figure 1.4 9 85 8 75 7 litres 8143 7137 8457 851 8276 834 751 726 7339 6982 Est Nord 65 6 6252 5979 636 6255 5 635 Sud 55 27 28 29 21 211 Source : GEB-Institut de l Élevage d après AMI Prix du lait standard lissé 12 mois Figure 1.5 /1 litres 38 36 34 32 3 28 26 France Allemagne 24 22 2 janv.- janv.-1 janv.-2 janv.-3 janv.-4 janv.-5 janv.-6 janv. -7 janv.-8 janv.-9 janv.-1 janv.-11 janv.-12 Source : GEB-Institut de l Élevage, d après sources nationales Page 6 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212

Chapitre 1 La croissance de la collecte ne faiblit pas L Allemagne conserve sa place de premier producteur de lait européen, avec une collecte de 29,3 millions de tonnes en 211, contre 24,6 millions en France. Depuis 2, la collecte laitière allemande a progressé de 8%, sous l effet de la hausse des droits à produire. Cette croissance s est surtout opérée à partir de 27, avec une hausse de plus de 2,5 millions de tonnes (ou +6%). Elle est le résultat conjugué de la hausse du cheptel et de la productivité par vache. Cette dernière a en effet fortement progressé dans les trois bassins de production allemands. Avec une moyenne nationale à 7 2 l par vache et par an en 211, les disparités restent fortes entre le Sud (6 35 l), le Nord (7 51 l) et l Est (8 51 l). C est de nouveau dans le Nord que la croissance a été la plus forte, avec une hausse de 1% par an en moyenne depuis 27, soit d environ 75 litres par an et par vache. Après plusieurs années de dépassement de quotas, l Allemagne était en 211 en légère sous-réalisation (-,7% en 211) mais cela reste très modeste par rapport à la France qui reste en forte sous-réalisation (-5%) depuis plusieurs années. Un prix du lait semblable sur longue période Le système de paiement du lait français est depuis 21 indexé sur le prix allemand par le mécanisme de «tunnel». Lorsque cette décision fut prise, de fortes inquiétudes avaient porté sur la variabilité du lait allemand et sa plus forte réaction aux «signaux du marché». Lorsque l on regarde l évolution du prix du lait allemand, on remarque effectivement qu il est tombé plus bas que le prix français début 21, mais qu il était aussi monté plus haut début 28. Lors d une inversion de tendance, le prix allemand se montre effectivement plus réactif et les évolutions françaises étaient retardées de quelques mois par rapport aux évolutions allemandes. Cependant, sur une longue période, on constate que le prix payé au producteur est en fait semblable de part et d autre du Rhin, malgré des valorisations et des coûts de transformation bien différents. Il existe en outre des écarts importants entre les Länder allemands. En 28, l écart entre le prix payé le plus élevé (en Bavière) et le prix payé le plus faible (au Mecklembourg-Poméranie Occidentale, au Nord-Est de l Allemagne) était de 8 /1 l. En 21, cet écart était retombé à 14. Les écarts sont aussi importants entre industriels. En 211, le prix le plus bas a été payé par la MÜH (Milch Ünion Hocheifel), laiterie spécialisée dans les laits UHT conditionnés qui n a pas pu profiter des hausses de prix pour la poudre et le beurre. Son prix moyen était de 329 /1 l. Le prix le plus élevé a été payé par la laiterie du groupe Friesland-Campina située à Cologne, avec 363 /1 l. Des règles de succession avantageuses L usage de l héritier principal (Höfeordnung) qui prévalait au Schleswig-Holstein, en Basse-Saxe et en Rhénanie du Nord-Westphalie, est répandu aujourd hui dans toute l Allemagne, y compris pour les exploitations agricoles des nouveaux Länder dirigées par une personne physique. Les usages diffèrent en revanche pour ce qui concerne le dédommagement des héritiers écartés et la prise en charge des parents. Cependant, même lorsqu il existe une valeur minimale fixée de façon réglementaire, l arrangement est généralement la règle et la valeur accordée en dédommagement est toujours inférieure à la valeur vénale des terres ou de l exploitation. Cet usage permet de maintenir l intégrité des exploitations et de ne pas pénaliser le jeune repreneur qui évite ainsi de devoir s endetter pour le rachat des terres à ses parents ou à ses frères et sœurs. Mise à part la majoration de certaines aides communautaires pour les jeunes agriculteurs, nous avons en > > > Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 7

Chapitre 1 Solde TVA perçue sur les ventes-payée sur les achats en % du chiffre d affaires - Situation avec investissements Figure 1.6 3 % 2 1 Porcins engraisseurs 2 21 22 23 24 25 26 27 Laitiers -1 Bovins engraisseurs -2-3 Source : RICA UE - DG Agri -Traitement: Institut de l'elevage Page 8 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212

Chapitre 1 effet observé qu il n existe pas de véritable politique fédérale d installation en Allemagne, ni de DJA. Cet avantage de non mobilisation du capital favorise l agrandissement des exploitations lors de la reprise. Le fils nouvellement installé peut ainsi augmenter son cheptel, voire constuire un bâtiment. Cet usage de succession est un facteur favorable à la croissance des exploitations, en particulier au Nord. Cependant, la comparaison du coût total de la succession pour le repreneur entre la France et l Allemagne reste délicate du fait du versement de la pension aux parents sur une période par définition indéterminée outre- Rhin. Les aides à l investissement plus concentrées Autre différence significative entre la France et l Allemagne : les aides à l investissement du second pilier de la PAC (RDR/CE n 1257/1999). En France, ces directives se sont traduites notamment par le PMBE (Plan de modernisation des bâtiments d'élevage), mais aussi par les prêts bonifiés dans le cadre des PAM (Plans d'amélioration matérielle) et par les CTE (Contrats territoriaux d exploitation). En Allemagne, il s agit d un programme d aide à l amélioration des structures agricoles et à la diversification appelé AFP depuis 26 : Agrarin-vestitionsförderungsprogramm ou programme d investissements agricoles. Pour la période de programmation 2-26, les masses budgétaires dédiées à l investissement agricole étaient comparables en France et en Allemagne. Mais l utilisation des fonds s est faite de façon très différente : une répartition sur un plus grand nombre d exploitations coté français avec un plafond relativement bas (9 ) ; un encouragement aux gros investissements coté allemand avec un plafond et un taux de subventionnement plus élevé, et aussi la règle du «premier arrivé, premier servi». En outre, il existe une forte variabilité régionale entre des Länder comme la Bavière, qui consacre des fonds importants à l investissement agricole sans même avoir recours au cofinancement européen, et d autres comme le Schleswig-Holstein, où les dépenses sont très limitées, voire nulles certaines années. Pour la période de programmation actuelle (27-213), les masses budgétaires sont de nouveau semblables, mais l application de bilan de santé de la PAC devrait renforcer le budget de l investissement agricole pour la restructuration laitière de 23 millions d euros en Allemagne. Une fiscalité agricole au forfait Il existe également une différence fondamentale de fiscalité entre les exploitations agricoles françaises et allemandes. Une grande majorité d exploitations agricoles allemandes choisissent un régime dit au forfait (Pauschalierung), qui leur permet de vendre à un taux de TVA supérieur à celui appliqué à leurs achats et de conserver la différence. Elles payent ainsi aujourd hui 7% de TVA sur leurs moyens de production d origine agricole (aliments du bétail et semences) et 19% sur leurs moyens de production d origine non agricole (comme les engrais, les phyto, les IA, les frais vétérinaires, le matériel, les bâtiments ). Elles vendent leurs produits à un taux de 1,7%. Il y a donc un avantage pour les exploitations laitières qui réalisent peu d achats, c est-à-dire les plus autosuffisantes et les plus économes. Cet avantage est d autant plus grand que le prix du lait est élevé. D après le RICA, entre 2 et 27, l avantage varie de 7 à 12 par tonne de lait hors investissement et de à 4 investissements compris. Lorsque le prix du lait est bas et le prix des intrants élevés, on se retrouve en revanche dans une situation de perte qui peut atteindre 8 /tonne de lait d après nos estimations sur les cas-types. Globalement, l impact du régime fiscal paraît modéré pour la filière si l on considère l ensemble des exploitations. Il est au demeurant inférieur à celui constaté par la filière porcine. En revanche, cette réglementation favorise le maintien de petites exploitations qui investissent peu, comme les exploitations laitières de Bavière et du Bade-Wurtemberg. > > > Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 9

Chapitre 1 Des digesteurs principalement installés dans les zones laitières Figure 1.7 Nombre de digesteurs en 29 Production laitière en 21 (kg/km 2 ) Source : GEB-Institut de l Élevage, d après MDIC Production de biogaz en Allemagne (cumul) Figure 1.8 Nb d'installations 8 7 6 5 4 3 2 1 139 159 186 Nb d'installations 274 37 45 617 Puissance (MW) 85 1513 16 17525 268 3891 3711 35 4984 595 747 71 MW 35 3 25 2 15 1 5 * Données provisoires Source : Fachverband Biogas e.v. Page 1 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212

Chapitre 1 Une politique énergétique très incitative La politique énergétique allemande est également bien différente de la politique française. En 24 d abord, puis de nouveau en 29 et en 212, la loi allemande sur les énergies renouvelables (EEG) a été modifiée afin d'augmenter la part des énergies renouvelables dans l'approvisionnement en électricité des foyers allemands avec un objectif de 2% d'ici 22. Cette loi prévoit le rachat de l électricité produite à un tarif garanti pour une période de 2 ans et accorde des bonus sur le prix de rachat du kwh pour l utilisation de maïs ensilage dans le substrat de digestion. En 212, on estime à 7 5 le nombre d installations de biogaz en Allemagne. Il s en construit en moyenne près de 7 par an depuis 24. Cette politique se traduit en partie par une concurrence importante sur les surfaces pour la production laitière, mais elle assure aussi un complément de revenu significatif et sécurisé aux éleveurs. Dernier point qui apparaît comme un avantage pour les éleveurs allemands : l importance de l apprentissage dans les formations professionnelles. Un étudiant en formation agricole (mais aussi dans d autres secteurs d activité) doit réaliser des stages chaque année, qui peuvent représenter en fin de cycle jusqu à 75% de son temps de travail. Il est ainsi rare de visiter une exploitation laitière allemande sans y voir un ou deux apprentis, qui représentent une main-d œuvre bon marché et qui peut peser jusqu à,6 UTA lorsque l étudiant est en dernière année et passe plus de temps en stage. n n n Biogaz, photovoltaïque et éolien dans une exploitations de 12 vaches laitières au Schleswig-Holstein Photo: Jean-Luc Reuilon - Institut de l Elevage Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 11

Structure des troupeaux de vaches laitières Figure 2.1 Nb d exploitations 16 NORD 14 12 1 8 6 4 23 25 27 29 2 < 1 1 à 2 2 à 5 5 à 1 >1 Nb de VL/exploitation Nb d exploitations 35 SUD 3 25 2 15 1 23 25 27 29 5 < 1 1 à 2 2 à 5 5 à 1 >1 Nb de VL/exploitation Nb d exploitations 1 6 EST 1 4 1 2 1 8 6 4 23 25 27 29 2 < 1 1 à 2 2 à 5 5 à 1 >1 Nb de VL/exploitation Source : GEB-Institut de l Élevage, d après AMI Page 12 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212

2 Trois modèles de production face à leur avenir Des modèles contrastés rôle important. Cette région représente encore 6% des élevages allemands et 33% de la collecte. La production laitière allemande repose sur trois modèles bien différents qui se développent ou qui résistent. Tout d abord, au Nord (Rhénanie du Nord- Westphalie, Basse-Saxe et Schleswig-Holstein), on trouve des entreprises familiales solides et qui investissent. Elles représentent environ 3% des élevages allemands (28 exploitations) et 39% de la collecte. Les deux tiers des exploitations sont spécialisés et connaissent une restructuration plus rapide : la moitié des élevages détient désormais plus de 5 vaches laitières. Cette région est la plus dynamique et la production s y développe à un rythme de 3% par an. Des investissements importants sont réalisés en bâtiments, et malgré cela on constate souvent qu ils sont utilisés au maximum de leur capacité. Au Sud (Bade-Wurtemberg et Bavière), on trouve des exploitations de petite taille (3 vaches laitières en moyenne) avec du matériel et des bâtiments souvent déjà largement amortis et où la pluriactivité joue un Les exploitations y ont des coûts de production supérieurs, généralement compensés par un prix du lait plus élevé, des aides régionales importantes de la part du Länder et une meilleure valorisation du coproduit viande avec la race Fleckvieh. Elles doivent néanmoins faire face à un renouvellement des générations plus ardu du fait des nombreuses opportunités de travail non-agricole, notamment dans le bassin de Munich, très industriel. Mais on constate qu une partie des quotas libérés par la restructuration permet le développement d ateliers de plus grande taille y compris dans le Sud : les exploitations de plus de 5 vaches laitières détiennent désormais les 2/3 du cheptel de la région. En outre, c est dans le Sud que sont produits la plupart des laits à forte valeur ajoutée pour des marchés de niche qui se développent, tels que le lait bio (5% de la collecte en 211, produit à 9% dans le Sud), le lait sans OGM (2% de la collecte, notamment les fromages Grünländer de Hochland) ou encore le «lait de pâturage», produit essentiellement à l herbe. > > > Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 13

Chapitre 2 Évolution de la collecte dans les 3 grandes régions laitières Figure 2.2 12, millions de tonnes 11, 1, 9, 8, 7, Nord Sud Est 6, 5, 4, 1999 21 23 25 27 29 2111 R Source : GEB-Institut de l Élevage d après BMELV Revenu courant avant impôts des exploitations laitières dans différents Länder Figure 2.3 5 45 4 35 3 25 2 15 1 5 /UTAf +39% +45% +44% +31% Basse - Saxe Schleswig - Holstein Bavière Bade - Wurtemberg 21 26 Source : GEB-Institut de l Élevage d après BMELV Page 14 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212

Chapitre 2 Enfin, à l Est (nouveaux Länder), on trouve des sociétés performantes mais dont l existence est remise en question du fait de leur besoin en main-d œuvre qualifiée et de la concurrence avec la culture de céréales. Il s agit d environ 4 5 élevages qui réalisent toujours 21% de la collecte. La taille moyenne des ateliers atteint 15 vaches et le nombre de salariés dépasse souvent les 1 UTA. Mais cette taille moyenne cache en fait une diversité relativement importante. On trouve en effet à l Est environ 45 ateliers familiaux de 5 à 1 vaches laitières. Les sociétés de très grande taille (plus de 5 vaches laitières) sont au nombre de 35 environ. Des revenus qui progressent plus au Nord En 21, le revenu moyen d un éleveur laitier en Bavière était de 3 5 /UTAf contre 43 2 /UTAf en Basse-Saxe. Les revenus des exploitations laitières allemandes ont progressé entre 26 et 21 mais cela a été plus marqué au Nord (+45% en Basse-Saxe) que dans les zones montagneuses du Sud (+31% en Bavière). Cette différence est à mettre en relation avec le dynamisme de la production dans le Nord. Ce sont en effet les exploitations qui sont déjà les plus grandes (quota moyen plus élevé) et avec les revenus les plus hauts qui ont vu leurs revenus progresser le plus. En revanche, les aides à l hectares sont plus élevées en Bavière avec notamment 62 /ha en moyenne d ICHN et 75 /ha d aides au titre de l agro-environnement en 21 (contre respectivement 7 /ha et 14 /ha en moyenne en Basse-Saxe). Un glissement de la production vers le Nord Alors que la collecte stagne dans le Sud et frémit à peine à l Est, elle progresse fortement au Nord depuis 29. C est en fait dans cette région que se fait l essentiel de la croissance allemande. Cette croissance est due en grande partie à l agrandissement des ateliers et à la restructuration. Lorsqu un fils reprend l exploitation familiale, en moyenne 6 vaches laitières aujourd hui, il est fréquent qu il double les effectifs. Le mode de succession mais également la possibilité de faire subventionner jusqu à un tiers des nouveaux bâtiments grâce aux aides à l investissement encouragent ce développement. En outre, c est une filière entière qui est tournée vers la croissance, et pas seulement le maillon de la production. Les coopératives mais également les structures de développement agricole et les banques soutiennent cette croissance. La fin des quotas est perçue dans le Nord comme une sorte de libération qui va enfin permettre aux éleveurs de produire au niveau de leurs capacités. Déjà, entre 27 et 21, la Rhénanie du Nord-Westphalie a gagné 41 tonnes de quotas, le Schleswig-Holstein 8 et la Basse-Saxe 156. Dans le même temps, la Bade-Wurtemberg a perdu 11 tonnes et la Bavière 91 Les volumes transférés, qui s échangent via les bourses de quotas, demeurent somme toute limités. Cependant, ils sont indicatifs des dynamismes relatifs des différentes régions laitières. Mais, depuis la mise en place progressive du paiement unique à l hectare, on observe également un glissement des quotas vers les zones plus herbagères et fourragères, c'est-à-dire aux deux extrémités du pays : montagnes du Sud et surtout extrême Nord-Ouest, à la frontière avec le Danemark et les Pays-Bas. À l inverse, dans les zones où l alternative des grandes cultures est présente, le recul de la production laitière a été le plus fort après le découplage. Des freins significatifs au développement On ne s attend cependant pas à une explosion de la production après la fin des quotas. Tout d abord, la production de biogaz concurrence de plus en plus le lait pour la valorisation du maïs ensilage. Sur le total de 7 5 digesteurs en 212, on estime qu environ 6% sont dans des exploitations laitières. La concurrence entre les deux productions est très forte dans certaines régions où le biogaz se développe rapidement. Et elle touche également les exploitations qui n ont pas de digesteur, à travers l utilisation des ressources en maïs et la hausse du prix du foncier. > > > Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 15

Chapitre 2 Transfert de quotas laitiers (tonnes) Figure 2.4 Entre 27 et 21 Entre 22 et 21 Source : Dick and Geiger (Bayerische Landesantalt für Landwirtschaft), 21 Source : UTI, Lasseu, 211 La convergence des DPU affecte surtout les exploitations laitières Figure 2.5 Production laitière en 21 DPU /ha en 25 Variation DPU Lait kg/km 2 213/25 Page 16 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 Source : IFCN Dairy Report, Salhofer et al. (29)

Chapitre 2 Ce sont aujourd hui plus de 85 ha de maïs qui partent dans les digesteurs, soit 4% des surfaces totales en maïs ensilage. Des études du vti (von Thünen Institut) ont montré que le prix du foncier avait en conséquence fortement augmenté. En Basse-Saxe, 3% des fermes ont vu leur loyer augmenter d un tiers, soit 1 en plus par ha et par an. Dans certaines zones où le biogaz se développe très vite, on entend parfois parler de fermages de plus de 1 /ha et de prix à l achat dépassant les 3 /ha. D autres calculs du vti ont montré que, selon les systèmes de production, le prix d intérêt du lait pour être rentable par rapport au biogaz pouvait atteindre 37 /tonne! Le biogaz est donc un complément de revenu significatif pour l éleveur, mais il est tout aussi certainement un frein au développement de la production laitière. Et cette concurrence s opère aussi bien en Basse-Saxe qu en Bavière, même si les unités de méthanisation sont plus petites dans le Sud. Il s accompagne en outre d une modification importante des paysages, puisque plus de 3 ha de prairies ont été retournés au profit du maïs depuis 24, mais aussi d émissions de gaz à effet de serre (via le retournement des prairies) et de pollution des eaux de surfaces par la culture accrue du maïs dans certaines zones comme le Schleswig-Holstein. Conscient de ces problèmes, le gouvernement allemand, a modifé la loi EEG en 212 de façon à en limiter les conséquences environnementales négatives. Le maïs ne peut désormais plus dépasser 6% du total du substrat du digesteur et la chaleur produite par la turbine doit être recyclée. Mais la catastrophe nucléaire de Fukushima en 211 a fortement inquiété les populations et les politiques ont pris des décisions radicales quant aux ressources énergétiques du pays. Dans ce contexte, l EEG, qui était remise en question pour ses conséquences environnementales négatives, est finalement ressortie renforcée bien que modifiée. Par ailleurs, la régionalisation des DPU, bien que progressive, avec une phase de transition du modèle historique vers le modèle régional de 25 à 213, se traduit par une baisse significative de revenus pour les éleveurs laitiers allemands. Ceux qui détiennent plus de 1 vaches laitières auront perdu 2% de leur DPU par rapport à 25. Les plus touchés sont les éleveurs qui détiennent de 5 à 1 vaches laitières (-17%) alors que les plus petits (moins de 25 vaches) devraient gagner 4% de DPU. Cette perte qui s opère progressivement depuis 25 a été en partie compensée en 21 et 211 par le Sonderprogramm, plan d aide au revenu mis en place en grande partie pour les éleveurs laitiers. Mais à partir de 212, les revenus des producteurs devraient baisser de nouveau, d autant plus que la conjoncture laitière n est plus aussi bonne que les deux années précédentes. À l Est, le renouvellement de la main-d œuvre salariée est de plus en plus difficile, du fait d un exode rural important (souvent pour Berlin, qui connait pourtant un taux de chômage très élevé, à 13,2% contre 7,4% en moyenne pour le pays). L avenir des ateliers laitiers est également menacé par la concurrence des grandes cultures, moins exigeantes en main-d œuvre. Il y a fort à parier que les conversions vont se poursuivre, d autant plus que de nombreux ateliers montrent un besoin criant d investissement (notamment pour rénover les bâtiments qui ont peu évolué depuis la période collectiviste) alors que les capitaux manquent cruellement. La question de la main-d œuvre se pose également au Sud, où les jeunes générations préfèrent souvent aller travailler dans les bassins industriels tels que Munich ou bien dans le tourisme, mais également dans le Nord, où la croissance de la taille des ateliers exige de plus en plus de main-d œuvre salariée, peu disponible là aussi. n n n Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 17

Les fabrications laitières allemandes en 211 (MSU*) Figure 3.1 Yaourts et Crème desserts conditionnée lactés 8% 8% Caséines 1% Lait concentré 3% Poudre de lactoserum 2% Lait conditionné 19% Poudre de lait 9% Beurre 15% Fromages 35% *Matière sèche utile Source : GEB-Institut de l'elevage d'après AMI, FAM et AFSSA Évolution des fabrications laitières allemandes (MSU) Figure 3.2 3 25 2 15 1 5 1 tonnes MSU 1998 1999 2 21 22 23 24 25 26 27 28 29 21 211 Caséines Lait concentré Poudre de lactoserum Poudre de lait Beurre Fromages Crème conditionnée Yaourts et desserts lactés Lait conditionné Source : GEB-Institut de l'elevage d'après AMI, FAM et AFSSA Fabrications de fromages en 211 (MSU*) Figure 3.3 ALLEMAGNE FRANCE Sauermilchkäse 7% Pâtes filées 11% Frais 2% Fondus 3% Autres Autres pâtes pressées 6% cuites 8% Frais 14% Pâtes demi fermes Pates dures 13% 2% A trancher 4% Pâtes molles 7% Emmental 22% Pâtes pressées non cuites 18% Pâtes molles 29% *Matière sèche utile Source : GEB-Institut de l'elevage d'après AMI, FAM et AFSSA Page 18 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212

3 Une transformation peu internationalisée mais tournée vers l export Des fabrications dynamiques, et de plus en plus de fromages Les fabrications allemandes de produits laitiers progressent et suivent la hausse de la collecte. En équivalents MSU (matière sèche utile), elles ont dépassé 2,5 millions de tonnes en 211. Les fromages pèsent pour plus du tiers du total (toujours en MSU) et leur part progresse d année en année. La part des fromages frais est plus importante en Allemagne qu en France (2% des fabrications fromagères en MSU contre 14% en France) alors que la part de fromages à pâtes molles y est bien inférieure (7% contre 29%). Le plus gros des volumes consiste en des fromages à pâte pressée cuite, de type gouda ou edam, notamment à trancher. Les rayons des supermarchés allemands sont garnis d un grand nombre de références pour ces fromages en tranches ou Schnittkäse, vendus par paquets d une dizaine de tranches. Au total, les fabrications de fromages allemands ont atteint 2,2 millions de tonnes en 211, soit 9% de plus qu en 27. L allemagne est ainsi le premier producteur européen de fromages avec 26% des fabrications, devant la France (22%) et l'italie (12%). Les laits conditionnés représentaient en 211 19% du total en MSU. Ils sont également en développement, avec une hausse de 29% entre 27 et 211, à 7,7 millions de tonnes de produits. Les beurres et butteroil comptent pour 15% du total et leurs fabrications progressent également d année en année. Avec 474 tonnes produites en 211, elles sont en hausse de 6% par rapport à 27. Là encore, l Allemagne est le premier producteur de beurre de l UE, avec 24% du total des fabrications communautaires. Les poudres de lait et de lactosérum ont elles aussi progressé, avec +4% depuis 27. En revanche, les fabrications de yaourts et laits fermentés sont plutôt stagnantes depuis 27, à 1,7 million de tonnes, et les fabrications de crèmes sont en recul de 3%, à 547 tonnes, contrairement à ce qu on observe en France. Les fabrications de fromages sont plus importantes dans le sud de l Allemagne, où la part des opérateurs privés dans la collecte et la transformation est plus élevée. En Bavière, elles dépassent la moitié du total des fabrications en MSU. En revanche, les fabrications de produits industriels, tels que poudres et beurre, sont plus importantes dans les coopératives > > > Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 19

Chapitre 3 Exportations de produits laitiers Figure 3.4 1 2 x 1 tonnes MSU France Caséines 1 Fromages Beurre et butteroil 8 Lactosérum 6 Laits fermentés Lait concentré 4 Poudre grasse Poudre écrémée 2 Crème 1999 2 21 22 23 24 25 26 27 28 29 21 211 Lait 1 2 x 1 tonnes MSU Allemagne 1 8 6 Caséines Fromages Beurre et butteroil Lactosérum Laits fermentés Lait concentré 4 2 Poudre grasse Poudre écrémée Crème Lait 1999 2 21 22 23 24 25 26 27 28 29 21 211 Source : GEB-Institut de l Elevage d après Eurostat Consommation de fromages par habitant en Allemagne Figure 3.5 25 kg/an 2 15 1 5 26 27 28 29 21 211 Autres Fromages à tartiner Pâtes filées Fromages frais Pâtes molles Fromages en tranches Pâtes pressées Source : GEB-Institut de l'elevage d'après AMI Page 2 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212

Chapitre 3 du Nord. Elles atteignent 45% du total des fabrications en MSU au Schleswig-Holstein, et 35% dans les nouveaux Länder. Mais les fabrications de fromages progressent partout, y compris au Schleswig-Holstein où elles sont passées de 45 tonnes en 26 à 8 tonnes en 21. Au total, la part des produits industriels est plus importante en France (26%) où elle progresse, alors qu elle reste stable en Allemagne (17%), du moins jusqu en 211. L industrie allemande a clairement misé sur l augmentation de la valeur ajoutée avec des fromages, qui ne sont certes pas des spécialités AOP telles que les fromages français, mais qui pèsent lourd dans le mix produit. Une consommation intérieure qui génère peu de valeur ajoutée On n identifie pas vraiment de marques commerciales fortes, bien que certaines gammes soit présentes depuis longtemps en rayon. Les consommateurs allemands se tournent préférentiellement vers les fromages en tranches en paquet de 1 ou 15, qui sont consommés souvent sous forme de tartines ou de sandwichs, au petit-déjeuner ou au déjeuner. Les jambons qui les accompagnent (Schinken) sont d ailleurs également vendus sous formes de paquets de tranches de même taille, ainsi que le pain noir, ou les Brötchen, petits pains individuels. Les fromages français, comme le Camembert ou le Comté, sont présents dans les rayons des enseignes considérées comme de qualité supérieure, telles que Rewe, Edeka ou même le rayon alimentaire des galeries Kaufhof. Mais ils ne sont consommés qu à des occasions spéciales, lorsqu un plateau de fromages est présenté. La consommation de fromages par habitant atteint 23,1 kg en 211 (contre 24 kg en France), en hausse de 1 kg depuis 26. En 211, les cours des fromages ont fortement progressé en Europe. Le cours de l'emmental à Kempten, par exemple, est passé de 3,69 /kg en 21 à 4,3 /kg en 211. Ces hausses de prix ont certainement limité la croissance de la consommation. Les fromages en tranches représentent 6,6 kg/habitant et les fromages frais (sous forme de quark, fromage blanc épais) 6,7 kg. En troisième position, on retrouve les pâtes filées à 3,6 kg. Les pâtes molles stagnent autour de 2 kg par an et par habitant. La consommation de laits liquides progresse également. Elle atteint 52,4 kg par habitant en 211, contre 51,4 en 26. Le lait entier représente environ 5% des achats des ménages, à peu près autant que le lait demiécrémé. D après un article paru récemment dans la presse allemande, 8% des laits de consommation sont vendus au prix plancher d entrée sur le marché, c est à dire au «premier prix», soit environ 45 centimes d euro pour un litre de lait à 1,5% de matière grasse. > > > Rayon de fromages en tranches dans un supémarché de la région de Kiel Photo: Jean-Luc Reuillon - Institut de l Elevage Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 21

Chapitre 3 45 1 tonnes MSU Exportations allemandes de fromages Figure 3.6 4 35 3 25 2 15 1 5 Autres Gouda Edam Cheddar Emmental Fromages persillés Fromages f ondus Fromages rapés Fromages f rais 1999 2 21 22 23 24 25 26 27 28 29 21 211 Source : GEB-Institut de l'elevage d'après Eurostat et FAM 1 2 1 tonnes Exportations allemandes de laits liquides Figure 3.7 1 8 6 4 2 Entier Demi-écrémé - 1999 21 23 25 27 29 211 Source : GEB-Institut de l'elevage d'après Eurostat Page 22 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212

Chapitre 3 La consommation de yaourts et laits fermentés a atteint 3,3 kg par habitant en 211, en léger développement depuis 26. Les yaourts pèsent pour 6% du total, la consommation de kéfir étant relativement importante en Allemagne. En revanche, et au contraire de ce qu on observe pour les fromages en tranches, les gammes de yaourts proposées dans les supermarchés sont nettement moins étendues. Les yaourts se vendent souvent en grand format, en pot de 5 g. Les références sont limitées à deux ou trois par segment, tel que le yaourt aux morceaux de fruits par exemple. Cela peut même tomber à une référence unique pour le segment % de matières grasses... Plus globalement, le marché des produits laitiers est considéré comme un marché mûr, confronté à une démographie vieillissante. Les industriels allemands ne pensent pas pouvoir escompter de développement du marché intérieur. Toute croissance d activité se fait donc sur les marchés à l export. De plus en plus de fromages à l exportation En 211, les exportations de fromages ont atteint 42% du total en MSU (contre 29% en 1999) et 45% du total en valeur (contre 34% en 1999). Dans le total, les fromages de type edam et gouda progressent, mais également les fromages frais. Les exportations de poudres progressent également. En 211, elles sont montées à plus de 35 tonnes, soit une hausse de 65% par rapport à 26. Les exportations de beurre ont progressé de 27%, à 14 tonnes. Les exportations de crèmes ont légèrement baissé en 211, à 171 tonnes, mais elles sont toujours supérieures de 11% à leur niveau de 26. Le marché à l export des laits liquides conditionnés a suscité beaucoup d intérêt depuis 29, année où les importations françaises de laits allemands ont été particulièrement élevées. Elles ont cependant un peu reculé dès 21 et de nouveau en 211, même si elles restent élevées, à 2,4 millions de tonnes. Elles sont surtout destinées au marché français et représentent environ 15% du total des exportations en MSU. Les exportations en vrac ont tendance à se maintenir voire à progresser légèrement, même si le débouché italien, qui a absorbé 35% des volumes en 211, reste sous pression de la crise économique. Les exportations de lactosérum se sont fortement redéveloppées depuis leur plus bas niveau atteint en 26. Elles ont atteint 25 tonnes en 211, deux fois et demie plus élevées qu en 26, mais toujours légèrement en dessous de leur niveau de la période 22-25. Les exportations de poudre de lactosérum progressent régulièrement, à 347 tonnes en 211. > > > Camion de la coopérative MÜH, sur l autoroute entre Metz et Reims Photo: Fabien Champion - Institut de l Elevage Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 23

Chapitre 3 Exportations allemandes de produits laitiers Figure 3.8 8 Milliards d euros Mds euros 7 6 5 4 3 Pays tiers UE 2 1 1999 2 21 22 23 24 25 26 27 28 29 21 211 Source : GEB-Institut de l'elevage, d'après Eurostat Exportations allemandes de poudres de lait Figure 3.9 35 1 tonnes 3 25 2 15 1 Pays tiers UE 5 1999 21 23 25 27 29 211 Source : GEB-Institut de l'elevage, d'après Eurostat Page 24 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212

Chapitre 3 Les exportations de yaourts et laits fermentés sont plutôt stables sur le long terme. Elles s élevaient à 59 tonnes en 211, 2% sous 26 mais au même niveau qu en 28. Si le total en valeur des exportations allemandes progresse, c est le résultat de la valorisation croissante des fromages, mais aussi de celle des beurres et poudres dont le prix a fortement progressé en 21 et en 211. Sur le long terme, le prix moyen de exportations françaises au kg de MSU a toujours été supérieur au prix allemand. En 29, par exemple, il était de 7,35 /kg de MSU en France en 29 et de seulement 6,3 côté allemand. En 21, ils se sont rapprochés et en 211, ils étaient même équivalents. En 212, cependant, du fait de la baisse des prix des produits industriels sur le marché mondial, le prix allemand devrait de nouveau baisser. Ce positionnement à l export est une nécessité stratégique si on considère le marché domestique allemand. En effet, les consommateurs allemands se tournent plus facilement vers les produits à faible valeur ajoutée : 5% des achats des ménages en produits laitiers sont réalisés en magasins hard-discount. Un débouché européen privilégié mais un développement vers les pays tiers L UE reste le marché privilégié pour les exportations allemandes de produits laitiers. En valeur, elle a absorbé plus de 8% du total en 211. Mais les exportations à destination des pays tiers progressent depuis 29, et particulièrement depuis 211, encouragés par la baisse de l euro qui rend les produits allemands plus compétitifs. En volume, l UE reste le débouché pour 88% des exportations de beurres, 91% des crèmes, 89% des fromages, 93% des yaourts et laits fermentés. La France est un marché significatif pour les beurres allemands, dont elle a acheté 19% du total exporté en 211 (contre seulement 15% en 29 et 21). L Italie, les Pays-Bas et la Belgique représentent chacun environ 1% du total. L Italie est le premier débouché des fromages allemands, avec un quart des exportations en 211 alors que la France ne représente que 1% du total. Elle est aussi en première place pour les exportations des laits liquides en vrac (35%). En revanche, pour des produits comme les poudres ou les caséines, la part de l UE tombe à 72% et 45% respectivement. Les exportations allemandes de poudres en particulier progressent à destination des pays-tiers. Ces dernières ont dépassé 1 tonnes en 211, trois fois plus qu en 28 et 29, alors que les exportations vers le marché communautaire sont restées stables en 211, à 242 tonnes. La part des pays tiers est également élevée sur le segment des laits concentrés, avec 25% du total, qui s est élevé en 211 à 279 tonnes. De même, les exportations allemandes de fromages sont également en hausse à destination des pays-tiers, même si sur le long terme, le ratio UE/pays tiers est globalement stable, autour de 9%/1%. Elles ont atteint 6 tonnes en 211, deux fois plus qu en 29. Les débouchés hors UE pour les fromages allemands sont essentiellement la Russie, la Pologne et quelques autres pays de l ex URSS. La demande en fromages dans ces pays, et en Russie en particulier, ne cesse de croître. Les Russes n ont jamais autant mangé de fromages : 6 kg/habitant en 211 pour un total de 687 tonnes, soit 6% de plus qu en 21. Les importations fournissent environ 37% du total consommé. La valorisation des fromages allemands sur ces marchés est élevée et très proche des prix obtenus sur le marché français (autour de 8 /kg de MSU) alors que les prix obtenus en Italie restent légèrement supérieurs (9 /kg de MSU en 211). Un développement des exportations vers les pays de l'est Les exportations à destination de la Russie, mais aussi de la Pologne et de la République Tchèque progressent depuis le début des années 2. Malgré une légère baisse en 211, les exportations allemandes de produits laitiers à destination de la Russie > > > Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 25

Par des exportations des fromages allemands en valeur et valeur unitaire moyenne ( /kg MSU en 211) Chapitre 3 Figure 3.1 7,81 7,97 Russie 8% Autre UE 37% 8,84 Autre 7% 9,6 7,34 Autriche 6% Belg. 7,91 5% France 8% RU 4% Grèce 4% 9,28 7,13 Pays-Bas 12% Italie 19% 9,9 6,68 Source : GEB-Institut de l'elevage, d'après Eurostat Solde du commerce extérieur de produits laitiers Figure 3.11 En volume En valeur 4 1 t MSU 3 Millions d'euros 35 3 25 FRANCE ALLEMAGNE 2 5 2 FRANCE ALLEMAGNE 2 1 5 15 1 5 1 5 1999 2 21 22 23 24 25 26 27 28 29 21 211 1999 2 21 22 23 24 25 26 27 28 29 21 211 Source : GEB-Institut de l'elevage d'après Eurostat et FAM 9, 8,5 8, 7,5 7, 6,5 6, 5,5 5 5, 4,5 4, Valorisation moyenne du commerce extérieur de produits laitiers Figure 3.12 Euros/kg MSU 1999 2 21 22 23 3 24 25 26 27 28 29 21 2111 France : Export France : Import Allemagne : Export Allemagne : Import Source : GEB-Institut de l'elevage d'après Eurostat, FAM et AFSSA Page 26 - Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212

ont atteint 282 M, trois fois plus qu'en 1999. Il s'agit pour une bonne part de fromages (près de 67 tonnes en 211), mais également de poudres (6 5 tonnes de poudres écrémées en 211, 1 1 tonnes de poudres grasses et 2 tonnes de poudres de lactosérum). En 211, la collecte russe, qui représente environ 53% de la production nationale, a été globalement stationnaire. Elle n'a donc pas pu contenter la reprise de la demande intérieure en produits laitiers et notamment en fromages. À destination de la Pologne, les exportations allemandes progressent : elles ont atteint 24 M en 211, 3,5 fois plus qu'en 1999. Il s'agit de 26 7 tonnes de fromages et aussi de poudres (22 5 tonnes en tout). L'Allemagne y exporte aussi de plus en plus de laits fermentés de type kéfir (13 tonnes en 211) et du lait entier en vrac (17 5 tonnes en 211). L Europe de l Ouest, reste le premier débouché L'Italie et les Pays-Bas sont les deux premiers marchés à l'export pour les produits laitiers allemands, avec respectivement 19% et 17% du total en valeur. La France n'arrive qu'en troisième position, avec 8% du total. Vers l Italie, les fromages repésentent une grande partie des exportations avec 216 tonnes en 211, en hausse de 8% par rapport à 21. Les laits liquides se sont portés à 976 tonnes, plus de la moitié étant constitués de lait entier en vrac. Mais cette dernière catégorie a tendance à régresser depuis le début des années 2 et en particulier en 211 (- 14%), du fait de la crise économique en Italie qui a fortement touché les achats industriels. Les exportations à destination des Pays-Bas progressent régulièrement depuis plusieurs années, et particulièrement en 211, pour atteindre 1,26 milliard d'euros, soit 8% de plus qu'en 21 (et 46% de plus qu'en 26). Les fromages se sont montés à 12 tonnes en 211 alors que les laits liquides ont atteint 434 tonnes. Les exportations de lactosérum ont atteint 167 tonnes : les Pays-Bas sont de loin le premier client de Chapitre 3 l'allemagne pour ce produit. De même les exportations de lactosérum en poudre vers les Pays-Bas ont atteint 35 tonnes en 211. Les envois de poudres grasses ont dépassé les 1 tonnes, environ 17% du total exporté par l'allemagne, et ceux de poudres maigres se sont portés à 75 tonnes : pour ces produits aussi, les Pays-Bas sont le premier débouché pour les exportations allemandes. Des importations chères Le solde commercial allemand est pénalisé par des importations importantes. En 211, ces dernières ont atteint 5,3 milliards d euros alors qu elles n ont pas dépassé 2,8 milliards côté français. Il s agit de spécialités fromagères (néerlandaises, françaises et italiennes surtout) pour environ 4% du total en MSU. Les importations allemandes de fromages ont atteint 658 tonnes en 211, c est-à-dire environ 6 tonnes de plus que les exportations et elles progressent d année en année. Il s agit de spécialités fromagères à prix élevé. En 211, par exemple, les importations de fromages en provenance de France ont compté pour 21% du total des fromages importés en MSU, à un prix moyen de 5,4 /kg de produit, alors que la valeur moyenne des fromages exportés par l Allemagne n a pas dépassé 3,23 /kg. Un solde commercial comparable en volume mais inférieur en valeur En cumul sur une longue période (1999-211), les soldes commerciaux en produits laitiers de la France et de l Allemagne restent comparables. Le solde français atteint 3,6 milliards de tonnes de MSU et le solde allemand 2,84. Certaines années, ils sont équivalents (24 et 25), d autres années, la France (28 et 211) ou l Allemagne (29 et 21) prend le dessus. Les exportations allemandes sont cependant toujours supérieures aux exportations françaises (figure 3.4 page 2). En 211, elles ont atteint 1,2 million de tonnes de MSU en Allemagne (contre,67 million en France). En outre, elles progressent d environ 3% par > > > Dossier Économie de l Élevage n 426 - Juillet-Août 212 - Page 27