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UNIVERSITÉ FRANÇOIS - RABELAIS DE TOURS ÉCOLE DOCTORALE SANTE SCIENCES ET TECHNOLOGIES LABORATOIRE DE PHYSIOPATHOLOGIE DE LA PAROI ARTERIELLE (LABPART- EA 3852) THÈSE présentée par : Morel Elvis WOROU soutenue le : 09 Novembre 2011 pour obtenir le grade de : Docteur de l université François - Rabelais Discipline/ Spécialité : Sciences de la Vie et Santé NADPH OXYDASE ET DEGENERESCENCE FIBREUSE DE LA CARDIOMYOPATHIE HYPERTENSIVE : Rôle modulateur de l hémine THÈSE dirigée par : Mme EDER Véronique Maître de conférences, Université François Rabelais, Tours RAPPORTEURS : Mr OGIER-DENIS Eric Directeur de Recherche INSERM, Université Paris Diderot, Paris 7 Mr ROUET René Professeur des Universités, Université de Caen Basse Normandie JURY : Mr ANGOULVANT Denis Praticien Hospitalier, Centre Hospitalier et Universitaire, Tours Mme EDER Véronique Maître de conférences, Université François Rabelais, Tours Mr OGIER-DENIS Eric Directeur de recherche INSERM, Université Paris Diderot, Paris 7 Mr ROUET René Professeur des Universités, Université de Caen Basse Normandie 1

Remerciements Je tiens à remercier Madame, le Docteur Véronique Eder, sans qui cette thèse n aurait pu exister, pour m avoir accueilli au sein du LABPART. Elle m a témoigné une grande confiance en me permettant d entreprendre ce travail de recherche à ses côtés. Les années passées à travailler sous sa direction auront été riches d enseignements. Qu elle trouve ici l expression de ma plus profonde gratitude pour m avoir fait partager ses connaissances et son savoir, et m avoir permis de mener à bien cette thèse. Merci pour tout son soutien et son humanité. Qu elle soit également assurée de ma plus respectueuse admiration. Monsieur, le Professeur Pierre Bonnet. Merci pour tous ses conseils précieux et sa disponibilité permanente en chirurgie sur petit animal, échocardiographie et encore pleins d autres tout au long de ces années. Qu il trouve ici l expression de ma profonde reconnaissance. Monsieur, le Professeur René Rouet, pour avoir accepté d être rapporteur de ce travail et me faire l honneur de sa présence. M ayant permis de faire mes premiers pas dans le monde de la Recherche cardiovasculaire alors que je n étais qu un jeune étudiant de Master 1, j en garde de très bons souvenirs et je suis très touché qu il ait pu apporter la qualité de son jugement à ce travail. Qu il trouve ici l expression de toute ma gratitude et soit assuré de ma respectueuse considération. Monsieur, le Docteur Eric Ogier-Denis, pour avoir accepté d être rapporteur de ce travail et me faire l honneur de sa présence. Qu il trouve ici l assurance de ma profonde reconnaissance. Monsieur, le Docteur Denis Angoulvant, pour avoir accepté de juger ce travail et me faire l honneur de sa présence. Qu il trouve ici l assurance de ma profonde reconnaissance. Monsieur, le Docteur Patrick Vourc h, pour sa disponibilité et son aide ainsi que toute l équipe de l unité INSERM U930, et l UTTIL du CHRU de Bretonneau à Tours. 2

Madame, le Docteur Marie-Christine Machet, pour son aide et ses connaissances ainsi que toute l équipe du Laboratoire d anatomopathologie du CHRU de Trousseau à Tours. Toute l équipe du laboratoire «Microenvironnement de l Hématopoïèse et Cellules Souches (MHCS)» sous la direction du Professeur Jorge Domenech. Merci pour leur accueil, la collaboration et la mise à disposition des salles de culture cellulaire. Messieurs, les compagnons Karim Belmokhtar et Georges Khamis, pour leur amitié, leur soutien, les aides diverses et la très bonne ambiance au cours de ces années passées ensemble. Messieurs, le Docteur Fabrice Gouilleux, Jérôme Bourgeais et Emmanuel Pecnard, pour avoir partagé mes derniers mois de thèse avec eux. Madame, Marie-Astrid Coolen, pour sa disponibilité et son aide technique. A toute ma famille en France et au Bénin. Je pense particulièrement à ma mère, mes frères, à Delphine, à Monsieur le Docteur Habib Lalèyè, à Madame Rachida Yaba. Votre soutien indéfectible et votre appui à mes projets m incitent à continuer et à réaliser tous mes rêves. 3

Résumé Nous avons étudié les propriétés cardioprotectrices de l hémine, un composé hémique inducteur de l hème oxygénase-1 (HO-1), dans un modèle, in vivo d hypertension rénovasculaire «Twokidney, one clip (2K1C)» chez le rat, et dans un modèle cellulaire de cardiomyocytes de rat stimulés par angiotensine II. L HO-1 est une enzyme inductible qui dégrade l hème en monoxyde de carbone, biliverdine/bilirubine, et libérant les ions Fe 3+. Ces effets anti-inflammatoires, antioxydants, anti-apoptotiques et anti-prolifératifs sont de plus en plus connus et étudiés. Le stress oxydant jouerait un rôle majeur dans les pathologies de dysfonctionnement endothélial, d hypertension et pourrait être à l origine de phénomènes inflammatoires, fibrotiques et apoptotiques. Dans un premier temps nous avons à partir d un modèle chirurgical d hypertension rénovasculaire caractérisé les effets de l hémine sur le développement de la fibrose, le stress oxydatif et l activation de la NADPH oxydase cardiaque en comparaison à un traitement anti-hypertenseur de référence, le losartan. Dans un second temps, nous avons cherché à caractériser les voies de signalisation intracellulaires impliquées dans cette cardioprotection en utilisant un modèle cellulaire de cardiomyocytes stimulés par angiotensine II. Dans le modèle rénovasculaire, l administration de l hémine a été instaurée une semaine après l intervention chirurgicale pendant une durée de 3 semaines à la dose hebdomadaire de 3 injections intrapéritonéales de 50mg/Kg. L induction de la HO-1 (mesurée par western blot) et l augmentation de la biliverdine réductase ont permis d attester de l efficacité du traitement discontinu. L effet anti-hypertenseur de l hémine était significatif par rapport au groupe non traité (HTA) mais moindre que celui obtenu avec le losartan. En échocardiographie, l hémine permettait une diminution de l hypertrophie ventriculaire gauche et une amélioration de la fonction ventriculaire attestée par la normalisation de l index de TEI pour le VG. L histologie montrait aussi une nette diminution de la fibrose cardiaque et notamment de l infiltration par le collagène I. Parallèlement à ses effets sur la pression, les paramètres échocardiographiques et histologiques, on eu un effet antioxydant qui s est traduit par une diminution de l activité de la NADPH oxydase et de la production de radicaux libres oxygénés. L effet antioxydant s est accompagné d un effet anti-apoptotique. Dans le modèle cellulaire de cardiomyocytes stimulés à l angiotensine II, l hémine a été utilisée à une dose de 10-5 M. On retrouvait le même effet antioxydant avec une diminution à la fois de 4

la production de H 2 O 2 et de O 2. L hémine diminuait également l activation de voies de signalisation impliquées dans l hypertrophie pathologique cardiaque, l inflammation, l apoptose et activait la voie PI3K/Akt et la phosphorylation des facteurs de transcription FoxO3a induisant ainsi la protection et la survie cellulaire. L hémine en diminuant le stress oxydatif a réduit le développement de la fibrose, de l apoptose et de l inflammation cardiaque malgré des effets anti-hypertenseurs modérés, et tout ceci en combinant une action modulatrice de différentes voies de signalisation intracellulaires impliquées dans l hypertrophie pathologique cardiaque et le stress oxydatif induit par l hypertension artérielle. Mots-clés : Hypertension, cardiomyopathie, NADPH oxydase, hémine, fibrose. 5

Tables des matières Remerciements 2 Résumé 4 Table des matières 6 Liste des tableaux 9 Liste des figures 10 INTRODUCTION 13 PREMIERE PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE 17 Chapitre I - Hypertension artérielle rénovasculaire 18 1. Physiologie du système rénine angiotensine aldostérone 19 1.1 Historique 1.2 La rénine 1.2.a Synthèse de la rénine 20 1.2.b Régulation de la synthèse rénale de rénine 20 1.3 L angiotensinogène 2 1.4 Les angiotensines 2 1.4.a Synthèse de l angiotensine II 2 1.4.b Dégradation de l angiotensine II et synthèse des angiotensines III, IV et (1-7) 2 1.5 Récepteurs des angiotensines 2 1.5.a Récepteurs de l angiotensine II 2 1.5.b Récepteurs aux angiotensines III, IV et (1-7) 3 1.6 Effets physiologiques de l angiotensine II 3 1.6.a Action sur le métabolisme hydrosodé 3 1.6.b Action vasoconstrictrice 3 1.7 L aldostérone 3 1.7.a Synthèse 3 1.7.b Régulation de la synthèse et de la sécrétion 3 1.7.c Actions physiologiques de l aldostérone 4 2. Les systèmes rénine angiotensine aldostérone tissulaires 4 2.1 SRA intrarénal 2.2 SRAA cardiaque 6

2.3 SRAA vasculaire 5 2.4 SRA surrénalien 5 2.5 SRA cérébral 5 3. Epidémiologie et traitements 5 3.1 Epidémiologie 5 3.2 Rôle des traitements antihypertenseurs ciblant le système rénineangiotensine dans la prévention des cardiomyopathies hypertensives 5 Chapitre II Dégénérescence fibreuse des cardiomyopathies hypertensives 5 1. Les cardiomyopathies hypertensives 5 1.1 L insuffisance cardiaque 5 1.2 La cardiopathie ischémique 5 1.3 L hypertrophie ventriculaire gauche 5 2. Angiotensine II et retentissement cardiovasculaire 5 2.1 Angiotensine II et retentissement cardiaque 5 2.2 Angiotensine II et vaisseaux 6 3. L apoptose 6 3.1 La voie extrinsèque ou voie des récepteurs à domaines de mort 6 3.2 La voie intrinsèque mitochondriale 6 3.3 La régulation de l apoptose : la famille des Bcl-2 6 4. La fibrose 6 La constitution de la fibrose 6 4.1 Macromolécules de la matrice extracellulaire 6 4.2 Cellules de la matrice extracellulaire 7 4.3 Interactions cellules-matrice extracellulaire 7 5. Le stress oxydatif : les espèces réactives de l oxygène (ROS) 7 5.1 La production de ROS 7 5.2 La régulation du taux de ROS 7 5.3 La famille des NADPH oxydases 7 5.4 Stress oxydatif et les NADPH oxydases dans les pathologies Cardiovasculaires 7 Chapitre III Intérêts thérapeutiques des donneurs de CO et du couple HO/CO dans les cardiomyopathies hypertensives 8 1. Hème oxygénase : isoenzymes, distribution tissulaire et induction 9 2. Métabolisme et produits de dégradation de l hème par l HO-1 9 3. Rôle protecteur du couple HO/CO dans différents modèles 9 7

4. Pharmacologie de l hémine 9 DEUXIEME PARTIE : ETUDES EXPERIMENTALES ETUDE 1 : Etude des effets cardioprotecteurs de l hémine dans un modèle d hypertension rénovasculaire chez le rat : effets anti-oxydant et anti-fibrotique via la voie de signalisation PI3K/Akt 1. Introduction 10 2. Travaux expérimentaux publiés 10 3. Discussion 1 ETUDE 2 : Les facteurs de transcriptions FoxO3a dans la cardioprotection par l hémine au cours du stress oxydatif dans un modèle de cardiomyocytes de rat stimulés par angiotensine II 1 1. Introduction 1 2. Travaux expérimentaux soumis 1 3. Discussion 1 CONCLUSION GENERALE Liste des publications Bibliographie 1 1 1 8

Liste des tableaux Tableau 1 : Conditions nécessaires pour l existence d un SRA local. Tableau 2 : L activité, la régulation et l expression des principales des Noxs dans le système cardiovasculaire. 9

Liste des figures Figure 1 : Relation entre la sécrétion de rénine et la pression de perfusion rénale Figure 2 : Relation entre la sécrétion de rénine et l activité nerveuse sympathique rénale Figure 3 : Résumé des voies de régulation de la sécrétion rénale de rénine active Figure 4 : Schématisation des voies de signalisation activées par la liaison de l angiotensine II sur ses récepteurs de type 1 et des effets engendrés Figure 5 : Les protéines sécrétées, rénine et angiotensinogène, diffusent dans les deux compartiments plasmatique et interstitiel, alors que les peptides, angiotensines I et II, sont métabolisés dans le compartiment où ils ont été produits Figure 6 : Action de l angiotensine II sur la sécrétion de vasopressine, via son effet sur les neurones de l organe subfornical Figure 7 : Voies de signalisation cellulaire impliquées dans la réponse contractile des cellules musculaires lisses à l angiotensine II Figure 8 : Synthèse des stéroïdes dans la glande surrénale Figure 9 : Voies de signalisation intracellulaire médiant les effets de l angiotensine II sur l expression de CYP11B2 et sur la synthèse d aldostérone Figure 10 : Voie de signalisation intracellulaire activée par le potassium et agissant sur l expression de CYP11B2 Figure 11 : Voie de signalisation commune à l angiotensine II et au potassium Figure 12 : Les deux modes d actions du complexe aldostérone/mr sur l expression des gènes cibles Figure 13 : Schématisation des réactions cellulaires impliquées dans la transduction des effets classiques de l aldostérone sur les canaux des cellules épithéliales. Figure 14 : Résumé des effets génomiques et non-génomiques de l aldostérone Figure 15 : Principales localisations de formes tissulaires des systèmes rénine-angiotensine Figure 16 : Effets de l angiotensine II sur la dégradation du monoxyde d azote, via l action de la NADH/NADPH oxydase, et l augmentation du stress oxydatif Figure 17 : Effets délétères de l angiotensine II sur les vaisseaux. Figure 18 : Schéma des deux principales voies plus ou moins intriquées qui sont identifiées au cours de l apoptose Figure 19 : Représentation schématique des membres de la famille Bcl-2 Figure 20 : Voies métaboliques des espèces réactives de l oxygène, les ROS Figure 21 : Structure tridimensionnelle prédite des Noxs Figure 22 : Schéma du processus d activation du complexe de la NADPH oxydase 10

Figure 23 : Schématique représentation de Nox1, Nox2, Nox4 et NOX5 Figure 24 : Schéma de dégradation de l hème Figure 25 : Propriétés des produits de dégradation de l hème. Figure 26 : Implications physiopathologiques de l HO-1 11

Abréviations ACTH : Hormone adénocorticotrope ADH : Hormone anti-diurétique AMPc : Adénosine monophosphate cyclique Ang II : Angiotensine II AT : Récepteurs à l angiotensine II Caspases : Cysteine aspartyl-specific proteases CH : Cardiomyopathies hypertensives CML : Cellules musculaires lisses DR : Death Receptor ECA : Enzyme de conversion de l angiotensine H 2 O 2 : Peroxyde d hydrogène HO : Hème oxygénase HTA : Hypertension artérielle HVG : Hypertrophie ventriculaire gauche IC : Insuffisance cardiaque IEC : Inhibiteurs de l enzyme de conversion IM : Infarctus du myocarde MAPK : Mitogen activated protein kinase NADPH : Nicotinamide adénine dinucléotide phosphate NF- B : Nuclear factor-kappa B OH. : Radical hydroxyl.- O 2 : Anion superoxyde PA : Pression artérielle PAF : Platelet-activating factor PKC : Protéine kinase C PL : Phospholipase ROS : Espèces réactives de l oxygène SRAA : Système rénine-angiotensine-aldostérone SnPPIX : Etain- protoporphyrine TGF : Transforming growth factor bêta TNF : Tumor necrosis factor alpha VG : Ventricule gauche 12

INTRODUCTION 13

Les pathologies cardiovasculaires sont aujourd hui la première cause de mortalité dans les sociétés occidentales devant les cancers, et les cardiomyopathies hypertensives (CH) sont la première cause de décès associés à l hypertension artérielle (HTA). Il s agit d un ensemble de troubles qui comprennent en autre, l insuffisance cardiaque, la cardiopathie ischémique, et l hypertrophie ventriculaire gauche. Le système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA) est un système hormonal qui joue un rôle de premier plan dans la régulation de la pression artérielle (PA) et dans le contrôle de la balance hydrosodée. L angiotensine II (Ang II) et l aldostérone sont les deux hormones de ce système qui combinent leurs effets à court, moyen, et long terme sur leurs principaux organes cibles : le cœur, les vaisseaux, le rein et le cerveau. Ces effets sont à l origine d une vasoconstriction, d une rétention hydrosodée, mais aussi de modifications structurales de ces organes. La mortalité liée à la CH reste importante, malgré les avancées sur la connaissance de ces troubles. La meilleure stratégie thérapeutique de la CH est principalement fondée sur le contrôle de l hypertension artérielle qui en est la cause. Sont généralement utilisés, les inhibiteurs de l enzyme de conversion (IEC), les alpha et bêtabloquants, les diurétiques, les antagonistes des récepteurs de l angiotensine II, les inhibiteurs calciques et les vasodilatateurs. Dans certains cas, une intervention chirurgicale peut être nécessaire. En plus des traitements, des mesures complémentaires telles que, la surveillance du poids, du régime alimentaire, l abstinence de la consommation du tabac et d alcool sont conseillées. Malgré les effets bénéfiques de ces traitements sur la pression artérielle, la CH est associée à de nombreux autres processus pathologiques que la seule diminution de la pression artérielle ne permet pas d abolir. Elle est impliquée par exemple dans des processus d apoptose (mort cellulaire programmée), de fibrose, d inflammation et de stress oxydatif. Dans la majorité des cas, l apoptose est médiée par l ouverture du pore de transition mitochondriale, le mptp et/ou la perméabilisation de la membrane mitochondriale externe. Elle met en jeu, par le biais de la mitochondrie, le cytochrome c qui en s associant à la protéine cytosolique Apaf-1 (Apoptotic Peptidase Activating Factor-1) conduit à l activation d une cascade de caspases (Cysteine ASPartyl-specific proteases), dont l effecteur final de l apoptose est la caspase-3 (Halestrap et al., 2004). Différentes études sur l apoptose des cardiomyocytes ont montré que les protéines de la famille des Bcl-2 contrôlent la libération du cytochrome c par la mitochondrie. Parmi elles, les Bcl-xL et Bcl-2 sont deux protéines anti-apoptotiques alors que Bad, Bax et Bak sont des protéines pro-apoptotiques. La phosphorylation de la protéine Bad, par la protéine Akt, permet la libération des protéines Bcl-2 et BcL-xL de la protéine Bad, et prévient ainsi l apoptose. Akt exerce aussi ses effets anti-apoptotiques en modulant l activité de la protéine glycogen synthase kinase-3 (GSK-3 ). L activation de la protéine GSK-3 favorise l ouverture du mptp 14

contribuant à la mort cellulaire (Juhaszova et al., 2004). Des récepteurs membranaires tels que les Fas, caractérisés par la présence, au niveau de leur région intracytoplasmique carboxyterminale, d un domaine de mort cellulaire, peuvent aussi activer la cascade des caspases par l intermédiaire de molécules adaptatrices telles que les FADD (Fas-Associated protein with Death Domain). Ces voies d activation contournent la mitochondrie. L hypertension artérielle est aussi un modèle de surcharge de pression au cours duquel l hypertrophie des cardiomyocytes conduit à une hypertrophie ventriculaire gauche. Parallèlement, les fibroblastes cardiaques sont à l origine de la fibrose cardiaque. Dans les cœurs de rats hypertendus, l enzyme de conversion de l angiotensine (ECA) est surexprimée et localisée dans l interstitium péricoronaire intramyocardique. Cette expression doit permettre la formation d angiotensine II localement et favoriser ainsi l établissement de la fibrose périartérielle par l accumulation de collagène. Il a été également montré que les cellules inflammatoires infiltrent le tissu cardiaque en utilisant probablement les protéines d adhésion de type ICAM-1. Ces cellules inflammatoires sont co-localisées avec des fibroblastes cardiaques synthétisant le collagène fibrotique. Outre ces phénomènes d apoptose, de fibrose et d inflammation, la production des espèces réactives de l oxygène (ROS) contribue largement à l altération des fonctions cardiaques (Bognar et al., 2006). Les ROS sont des composés extrêmement réactifs incluant l anion superoxyde (O.- 2 ), le radical hydroxyl (OH. ) et le peroxyde d hydrogène (H 2 O 2 ). Lors d un stress oxydant où leur taux augmente au-delà des valeurs physiologiques, des phénomènes de mort cellulaire sont observés. Les ROS connaissent un regain d intérêt depuis quelques années. La NADPH (Nicotinamide adénine dinucléotide phosphate) oxydase est l une des principales sources de la production des ROS, et son rôle sur le remodelage et l altération du myocarde a été récemment décrit (Serpillon et al., 2009 ; Zhang et al., 2009). C est un complexe multimérique dissocié dans les cellules au repos. Il est constitué d un coeur membranaire rédox, le cytochrome b558, et de facteurs cytosoliques p47phox, p67phox et p40phox ainsi que de la protéine G monomérique Rac. La formation d un trimère, constitué de p47phox, p67phox et p40phox, a été mise en évidence dans les cellules au repos ; trimère dans lequel p67phox constituerait le pont de liaison entre les deux autres protéines. Il s agirait d un stade de préactivation de la NADPH oxydase (Lapouge et al., 2002). L activation de la NADPH oxydase passe par la translocation des protéines p47phox, p67phox et p40phox associées dans le cytosol selon un rapport stoechiométrique de 1 :1 :1 (Groemping and Rittinger, 2005) indépendamment de la protéine G monomérique Rac qui migre également jusqu au cytochrome b558 membranaire. 15

Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz hautement diffusible, incolore et inodore, potentiellement mortel sous certaines conditions et à certaines concentrations chez l homme. Il a été longtemps considéré comme étant seulement un gaz toxique. Mais depuis une dizaine d années, des études publiées ont rapporté les rôles fonctionnels du CO endogène (Otterbein et al., 2000). Il est généré dans tous les types cellulaires et est principalement issu de la dégradation de l hème oxygénase (HO). Cette enzyme microsomale existe sous forme constitutive (HO-2 et HO-3) et sous forme inductible (HO-1). Dans les conditions physiologiques, l HO-1 est faiblement exprimée mais peut-être induite par de facteurs tels que l inflammation, le stress oxydatif, les métaux lourds ou l hypoxie. Taillé et al. ont décrit que l induction de la HO-1 pouvait inhiber l activité de la NADPH oxydase dans les macrophages (Taille et al., 2004). Ses effets sur l inflammation, ses propriétés anti-oxydantes, antiapoptotiques, et son rôle de HO-1 dans les lésions ischémiques ont été décrits au niveau cardiaque (Clark et al., 2000 ; Deshane et al., 2005; Melo et al., 2002). Enfin, Datla et al. ont montré l inhibition de la NADPH oxydase par l HO-1 dans les cellules endothéliales cardiaques (Datla et al., 2007). Les composés hémiques sont connus pour être des inducteurs de l HO-1 et ils augmentent par conséquent la production de CO endogène. Les différentes propriétés rapportées de l HO-1 suggèrent un certain potentiel dans la protection de la fonction cardiaque. Toutefois, les voies de signalisation pouvant être impliquées dans ses effets cardioprotecteurs ne sont pas complètement élucidées. Dès lors, mon travail de thèse s est focalisé sur les propriétés cardioprotectrices de l hémine, un composé hémique inducteur de l HO-1. Mon travail de thèse a eu dans un premier temps pour objectif de caractériser les effets de l hémine sur la fonction cardiaque, l apoptose, le développement de la fibrose, le stress oxydatif et l activation de la NADPH oxydase cardiaque dans un modèle, in vivo d hypertension rénovasculaire, en comparaison à un traitement anti-hypertenseur de référence, le losartan. Dans un second temps, l objectif de mon travail a été de caractériser les voies de signalisation impliquées dans les effets potentiels de l hémine dans un modèle, in vitro de cardiomyocytes stimulés par angiotensine II. Avant de présenter les résultats de mon travail, je rappellerai les bases physiologiques du fonctionnement du SRAA, son rôle dans la pathologie hypertensive, et les données actuelles concernant son implication dans le déterminisme de l HTA, et dans le retentissement cardiovasculaire associé. 16

PREMIERE PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE 17

CHAPITRE I : HYPERTENSION ARTERIELLE RENOVASCULAIRE 18

1. PHYSIOLOGIE DU SYSTEME RENINE-ANGIOTENSINE-ALDOSTERONE 1.1 Historique L histoire du système rénine-angiotensine (SRA) commença par la mise en évidence en 1898 par Tigerstedt de l effet presseur d un extrait aqueux de rein de Lapin (Marks and Maxwell, 1979). Près de trois décennies plus tard, Ruyter et Oberlin, respectivement en 1925 et 1927, décrivent pour la première fois l appareil juxtaglomérulaire du rein de Mammifère, et notent la présence de grains de sécrétion dans les cellules myoépithélioïdes des artérioles préglomérulaires. De grandes avancées ont été faites dans les années 1930 avec les découvertes de Goldblatt et Pickering qui montrèrent qu un rein ischémique induisait une hypertension artérielle systémique, et que la substance responsable de cet effet, était une substance humorale sécrétée par l appareil juxtaglomérulaire : la rénine. C est au début des années 1940 que l activité enzymatique de la rénine fut découverte par les équipes de Page, et de Nunoz et Braun-Menendez. Les expériences qu ils menèrent montraient que le substrat de la rénine, l angiotensinogène, était présent dans le plasma et que l élévation de la pression artérielle observée était due au produit de la réaction rénine + substrat. D abord appelée hypertensin, l angiotensine I (Ang I), fut isolée, puis séquencée par l équipe de Skeggs au milieu des années 1950 (Skeggs et al., 1955). Ils montrèrent que la séquence de l Ang I correspondait aux 10 acides aminés N-terminaux de l angiotensinogène, et que l Ang I était inactive mais avait la capacité de se cliver en un peptide plus petit, vasoactif, l angiotensine II (Ang II) dont la séquence fut publiée par la même équipe en 1956 (Skeggs et al., 1956a ; Skeggs et al., 1956b). Dans les années qui suivirent, le lien fut établi entre l Ang II et la sécrétion de l aldostérone, hormone isolée en 1954 par l équipe de Simpson et Tait (Simpson et al., 1954). La régulation de la réponse pressive à l Ang II par le niveau initial de rénine et d angiotensinogène fut mise en évidence dans la même période, et au début des années 60, grâce aux travaux de Gross et de Genest, la boucle de régulation hormonale entre la charge sodée, le système rénine-angiotensine et la sécrétion d aldostérone était décrite. 19

1.2 La rénine Elle appartient à la famille très ancienne des aspartyl protéases, enzymes qui agissent en présence d une molécule d eau et qui hydrolysent leur substrat, sans le lier de manière covalente. Ces enzymes sont constituées de 2 domaines délimitant un sillon catalytique hydrophobe au fond duquel sont localisés les aspartates et le site actif de l enzyme, ce qui explique la nécessité d un substrat également hydrophobe. En ce qui concerne la rénine les aspartates sont en position 32 et 215, et bien que chacune appartienne à un domaine, elles sont allostériquement assez proches l une de l autre. La rénine a la particularité d avoir un ph optimum (5 à 7,5 pour la rénine humaine) beaucoup plus alcalin que les autres aspartyl protéases qui agissent habituellement dans des conditions de ph comprises entre 2 et 4. Par ailleurs, la rénine possède un substrat spécifique, l angiotensinogène, alors que les autres aspartyl protéases ne présentent pas cette spécificité d action. 1.2.a Synthèse de la rénine Rénine active et inactive La rénine rénale est synthétisée sous forme de pré-prorénine. Ce segment «pré-» est un peptide signal qui permet l ancrage de la molécule dans les structures membranaires de l appareil de Golgi où la molécule subit une maturation qui la transforme en prorénine. Cette forme inactive peut être sécrétée telle quelle ou subir une dernière maturation dans les granules de sécrétion, qui aboutira à la forme active de la rénine. Le propeptide est un fragment de 45 acides aminés dont le positionnement allostérique inhibe l activité enzymatique de la rénine, en masquant le site actif de l enzyme au substrat qu est l angiotensinogène. La maturation de la prorénine en rénine active est spécifique des cellules myoépithélioïdes des artérioles afférentes des glomérules rénaux et in vivo il n existe pas d activation périphérique de prorénine inactive en rénine active. Il a été récemment montré que la propeptide pouvait dans certaines conditions stimuler la sécretion constitutive de la rénine, et optimiser son activité (Brakch et al., 2011). 1.2.b Régulation de la synthèse rénale de rénine Le taux de sécrétion de la rénine par le rein constitue le déterminant majeur de l activité du système rénine angiotensine. La stimulation aiguë de la sécrétion de rénine s accompagne 20

d une dégranulation immédiate des cellules myoépithélioïdes, aboutissant à une décharge de rénine active dans le plasma. C est la sécrétion de rénine active qui est régulée, et elle est contrôlée par la barosensibilité rénale, la macula densa, le système nerveux sympathique et l angiotensine II. - Barosensibilité de la sécrétion de rénine Les barorécepteurs rénaux, situés dans l artériole afférente, ont pour fonction de contrôler en permanence la perfusion rénale et de déclencher la sécrétion de rénine dans le cas d une baisse de pression artérielle rénale. Les cellules juxtaglomérulaires joueraient elles aussi un rôle dans la détection des variations de perfusion rénale, grâce à une possible sensibilité à l étirement. En dessus d une valeur seuil, aux environs de 80 mmhg, les variations de pression de perfusion rénale n ont peu ou pas d effet sur la quantité de rénine sécrétée. Par contre une fois la valeur seuil franchie, la sécrétion de rénine est déclenchée et elle augmente ensuite de manière linéaire proportionnellement à la chute de pression. Figure 1 : Relation entre la sécrétion de rénine (exprimée en % du maximum) et la pression de perfusion rénale. Adapté de Reid, 1998 ß- Macula densa et influence du sel sur la sécrétion de rénine Il a été montré que l influence du régime sodé sur la sécrétion de rénine passe par la macula densa qui agit comme un capteur sensible au sel. La proximité anatomique de la macula densa 21

et de l artériole afférente explique les interactions fonctionnelles entre ces deux composantes de l appareil juxtaglomérulaire. La macula densa détecte les variations de concentration de NaCl du contenu du tubule distal et modifie en conséquence la sécrétion de rénine dans les cellules myoépithélioïdes de l artériole afférente (Kurtz, 2011). Ainsi un régime pauvre en sel stimule la sécrétion de rénine, alors qu à l inverse un régime riche en sel va freiner cette sécrétion. Les mécanismes responsables de la transmission du signal «sel» aux cellules myoépithélioïdes restent pour une part à décrire mais il semble que le chlore soit le signal principal. En effet, une relation positive existe entre la concentration d ions chlorure dans la macula densa et la sécrétion de rénine. Cette réponse pourrait être médiée par les co-transporteurs Na +, K +,-2Cl - situés à la face luminale du tubule distal. D autres messagers pourraient être impliqués dans cette voie de signalisation cellulaire comme l adénosine et le monoxyde d azote. - Système nerveux sympathique Comme tous les autres composants vasculaires et tubulaires du rein, les cellules juxtaglomérulaires sont innervées par des neurones post-ganglionnaires sympathiques. Il a ainsi été montré que la sécrétion de rénine est étroitement liée au tonus sympathique rénal. Elle augmente lors de la stimulation des nerfs orthosympathiques rénaux et au contraire diminue quand les reins sont dénervés. Les effets du système nerveux sympathique sur la sécrétion de rénine sont médiés par des décharges locales de noradrénaline qui, en se liant à des récepteurs 1-adrénergiques, activent une voie de transduction du signal via l adénosine monophosphate cyclique (AMPc). Le tonus sympathique peut également agir indirectement sur la sécrétion de rénine en stimulant les récepteurs -adrénergiques, ce qui conduit à une vasoconstriction de l artériole afférente. Cette vasoconstriction active les barorécepteurs rénaux et stimule la macula densa aboutissant à une augmentation de la sécrétion de rénine. 22

Figure 2 : Relation entre la sécrétion de rénine (exprimée en % du maximum) et l activité nerveuse sympathique rénale. Adapté de Reid, 1998 Rétrocontrôle exercé par l angiotensine II L angiotensine II inhibe la sécrétion de rénine tout d abord par ses propriétés vasoconstrictrices, en augmentant la pression artérielle. Mais elle agit aussi directement sur les cellules de l appareil juxtaglomérulaire pour diminuer la sécrétion de rénine. L angiotensine II exerce donc un rétrocontrôle négatif sur la sécrétion de rénine. La figure ci-dessous résume les principaux facteurs qui régulent la sécrétion de rénine. 23

Figure 3 : Résumé des voies de régulation de la sécrétion rénale de rénine active. GFR: glomerular filtration rate. Adapté de Reid, 1998 1.3 L angiotensinogène L angiotensinogène, est une glycoprotéine appartenant à la famille des inhibiteurs des sérineprotéases (serpines) qui sont des protéines hépatiques jouant un rôle dans l inflammation, comme l 1-antitrypsine, l antithrombine III et l ovalbumine. L angiotensinogène est principalement synthétisé et sécrété dans le foie. Il existe néanmoins d autres lieux de synthèse d angiotensinogène comme le cerveau, le rein, le coeur et la glande surrénale. Cependant, les quantités ainsi produites restent minimes (environ 4 % de la synthèse hépatique pour le cerveau et 1 à 1,5 % pour les autres tissus). La protéine mature humaine comporte 452 acides aminés et les 10 premiers acides aminés aminoterminaux correspondent à l angiotensine I. La rénine clive son substrat entre l acide aminé en position 10 (leucine) et celui en position 11 (leucine ou valine chez l homme) pour libérer l angiotensine I. La molécule protidique résiduelle, Des-AIangiotensinogène, ne semble pas avoir de fonction propre. Il n y a pas de processus de stockage de l angiotensinogène et son taux de sécrétion est donc principalement régulé au niveau transcriptionnel. Les oestrogènes, les glucocorticoïdes, les hormones thyroïdiennes et l angiotensine II augmentent la sécrétion d angiotensinogène. Etant une serpine, l angiotensinogène peut voir son taux de production augmenter jusqu à 70 % dans les situations de stress inflammatoire. Cette réponse aiguë est sans doute médiée par des cytokines d origine leucocytaire et potentialisée par la présence de glucocorticoïdes. 24

Si le taux circulant d angiotensinogène dépend principalement du taux de sa synthèse hépatique et de sa consommation par la rénine, il faut noter que l expression du gène de l angiotensinogène dans les autres tissus que le foie, peut être stimulée par d autres facteurs. 1.4 Les angiotensines Comme nous l avons vu précédemment, l angiotensine I (Ang I) est le produit de la réaction de la rénine sur son substrat l angiotensinogène. Ce peptide, dont la séquence correspond aux 10 acides aminés NH2 terminaux de l angiotensinogène, est une molécule inactive, qui peut être clivée par différentes enzymes pour produire des peptides biologiquement actifs, dont l angiotensine II (Ang II), considérée comme l effecteur majeur du SRA sur le système cardiovasculaire. 1.4.a Synthèse de l angiotensine II - Voie de l Enzyme de conversion L enzyme de conversion (EC) est une dipeptide-carboxypeptidase très répandue chez les mammifères et très largement distribuée dans l organisme puisqu elle est présente dans presque tous les tissus. Sa fonction principale est d hydrolyser les deux derniers acides aminés de l extrémité carboxy-terminale des peptides. L activité de cette métallo-enzyme à zinc nécessite la présence d anions, en particulier le chlore. On lui connaît plusieurs substrats dont les enképhalines, la substance P, les bradykinines et le plus important, l Ang I. Il existe 3 formes d enzyme de conversion, une membranaire, la plus répandue, une circulante et une testiculaire. La biosynthèse de l EC, quelle que soit sa forme, est sous le contrôle d un seul gène, composé de 7 exons et 8 introns situé sur le chromosome 17q23 chez l homme. La forme membranaire de l EC est présente sur toutes les cellules endothéliales et épithéliales, donc particulièrement dans les lits vasculaires, d autant plus qu ils sont riches en capillaires. Les membranes des cellules musculaires lisses et des fibroblastes contiennent aussi de l EC mais en moindre quantité. La localisation de l EC sur la face luminale des cellules endothéliales lui permet un accès facile aux peptides circulants. Ainsi, dans les poumons, particulièrement riches en EC, toute l Ang I circulante peut être transformée en Ang II en un seul passage pulmonaire. L expression tissulaire et le taux circulant de l EC sont régulés à la fois par des modifications environnementales (certaines conditions pathologiques) et génétiques, ces deux modes de régulation étant en étroite interaction. Chez l homme, le taux d EC est génétiquement 25

déterminé et lié à un polymorphisme insertion/délétion situé dans l intron 16 du gène codant pour l EC (Dorn, 2011). Il existe une relation directe entre le niveau d expression du gène et ce polymorphisme, bien que celui-ci ne soit pas explicatif. ß- Autres voies de synthèse Outre la voie de synthèse classique, mettant en jeu l enzyme de conversion, il existe des voies de synthèse de l Ang II alternatives. Ces voies métaboliques permettent la production d Ang II soit à partir de l Ang I, soit directement à partir de l angiotensinogène. Bien qu il reste sans doute beaucoup à découvrir sur ces productions parallèles d Ang II, un certain nombre d enzymes sont d ores et déjà connues, il s agit notamment de l -chymase, de la CAGE (chymostatin-sensitive angiotensine II-generating enzyme) et des cathepsines G et D. Ces voies de synthèse non-classiques semblent particulièrement impliquées dans la synthèse d Ang II dans les SRA locaux, qui seront décrits au chapitre 2 (Lavoie and Sigmund, 2003). Ainsi chez l homme l -chymase jouerait un rôle prépondérant dans la synthèse d Ang II cardiaque (Prosser et al., 2010). Quelle que soit la voie de synthèse empruntée, le facteur limitant de la production d Ang II reste la biodisponibilité en rénine. 1.4.b Dégradation de l Angiotensine II et synthèse des angiotensines III, IV et (1-7) L Ang II est rapidement retirée de la circulation, et dégradée par des carboxypeptidases, des endopeptidases et des aminopeptidases très largement distribuées dans l organisme. Leur présence au niveau du rein en fait un lieu privilégié de la dégradation de l Ang II filtrée. L aminopeptidase A joue un rôle crucial dans cette dégradation, elle hydrolyse l asparagine NH2-terminale de l Ang II, ce qui aboutit à la formation d angiotensine (2-8) ou angiotensine III (Ang III). Cette molécule peut se lier aux récepteurs de l Ang II et bien qu elle ne possède environ que 10 % de son activité biologique, elle reste suffisamment active pour induire une vasoconstriction ou stimuler la synthèse d aldostérone. C est l aminopeptidase B qui est responsable en grande partie de la dégradation de l Ang III en angiotensine (3-8) appelée angiotensine IV (Ang IV). Cette molécule a tout d abord été considérée comme un peptide inactif, avant que des études, en nombre croissant au cours des dernières années, ne mettent enévidence des propriétés vasoactives, et surtout des effets 26

importants au niveau cérébral, en particulier concernant les processus mnésiques (Olson and Cero, 2010 ; Wright and Harding, 2004 ; Wright and Harding, 2010). De manière locale, l Ang II peut également être le substrat d une enzyme découverte récemment, l enzyme de conversion 2 (EC 2), qui catalyse la production d un peptide vasoactif, l Ang (1-7) (Tipnis et al., 2000). L EC 2 est localisée principalement dans les myocytes cardiaques, les cellules endothéliales et tubulaires rénales ainsi que dans les testicules. Cette enzyme utilise également, dans une moindre mesure, l Ang I comme substrat pour former un peptide inactif, l Ang (1-9), elle-même transformée en Ang (1-7) par l EC. L Ang (1-7) peut également être produite à partir de l Ang I, sous l action de propyl-endopeptidases et d endopeptidases neutres. En contribuant à la dégradation de l Ang I, la formation de l Ang (1-7) tend donc à concurrencer la biosynthèse de l Ang II. Par ailleurs, il semble que les effets physiologiques de ce peptide soient globalement opposés à ceux de l Ang II (Xu et al., 2011). Il a en effet été montré que l Ang (1-7) tend à stimuler la synthèse de monoxyde d azote (NO) et la sécrétion de prostaglandines ; elle potentialiserait également l action des bradykinines, en diminuant leur dégradation par l EC (Carey and Siragy, 2003a). 1.5 Récepteurs des angiotensines 1.5.a Récepteurs de l angiotensine II Comme pour les autres hormones peptidiques il a été proposé que l Ang II agisse sur ses tissus- via des récepteurs situés dans la membrane plasmique des cellules. Les travaux de Peach cibles et de Devynk et Meyer ont montré que des tissus cibles tels que la glande surrénale ou les artères avaient des affinités différentes pour les trois peptides Ang I, Ang II et Ang III. Les études menées pour connaître la structure de ces récepteurs se sont basées sur la spécificité de liaison des récepteurs, et ont testé un grand nombre d agonistes et d antagonistes synthétiques. A la fin des années 1980, les travaux menés en parallèle par trois laboratoires aboutirent à une première nomenclature où les récepteurs sensibles au Losartan (DuP753) étaient nommés 1, B ou alors que les récepteurs qui ne présentaient aucune affinité pour cette molécule étaient nommés 2, A ou (de Gasparo et al., 2000). Dans un but de simplification une seule nomenclature fut proposée et mise à jour ne gardant que l appellation AT1 et AT2 pour les récepteurs à l angiotensine II de type 1 et 2, respectivement. Ces récepteurs, aujourd hui connus pour médier les principaux effets de l Ang 27

II, appartiennent à la super famille des récepteurs à 7 domaines transmembranaires, couplés à une protéine G. - Récepteurs AT1 Chez l homme il n existe qu un seul type de récepteur AT1, contrairement aux rongeurs chez qui il existe des récepteurs AT1a et AT1b. Ces récepteurs AT1 présentent un intérêt tout particulier et ont été les plus largement étudiés, dans la mesure où il a été montré qu ils médient la plus grande partie des effets physiologiques de l Ang II, principalement sur le système cardiovasculaire (De Mello, 2011). Les récepteurs AT1 sont présents à la surface des cellules de nombreux tissus, les principaux étant le rein, le coeur, les vaisseaux, le cerveau. Les récepteurs AT1 sont couplés à différentes isoformes de protéines G telles que Gq/11, Gi, G 12 et G 13, qui ont en commun d être activées par la liaison du ligand sur le récepteur. Les cascades de réactions cellulaires déclenchées par la liaison du ligand sont variées et sont notamment différentes selon l isoforme de la protéine G à laquelle le récepteur AT1 est couplé. - Voie de signalisation des phospholipases La liaison de l Ang II sur les récepteurs AT1 peut activer trois phospholipases : C, D ou A2. (Michel, 2004). 28

F igure 4 : Schématisation des voies de signalisation activées par la liaison de l angiotensine II (AII) sur ses récepteurs de type 1 (AT1) et des effets engendrés. PLC : phospholipase C, PLD : phospholipase D, PLA2 : phospholipase A2. DAG : diacylglycérol. PKC : protéine kinase C. MAP : mitogen activated protein. (Michel, 2004). phospholipase C La réponse la plus rapide à la liaison de l Ang II sur le récepteur AT1 est une hydrolyse du phosphatidyl inositol-4,5-bisphosphate, qui aboutit à la production de 1,4,5-inositol triphosphate (IP3) et de diacylglycerol (DAG). L IP3 est un second messager connu pour induire une mobilisation du calcium contenu dans le réticulum sarcoplasmique et donc une augmentation du calcium intracellulaire. De son côté le DAG active la protéine kinase C (PKC) qui elle-même active l échangeur Na+/H+ et induit ainsi une alcalinisation du ph intracellulaire. Cette voie de signalisation est notamment impliquée dans la réponse contractile des cellules musculaires lisses à l Ang II. L activation de la PKC induit par ailleurs d autres réactions intracellulaires, notamment la phosphorylation des mitogen activated protein kinases (MAPKs). 29

phospholipase D La phospholipase D hydrolyse les phospholipides membranaires qui contiennent de la phosphaditylcholine, réaction qui libère de l acide phosphatidique, source de DAG. Cette voie de signalisation cellulaire semble particulièrement impliquée dans la médiation des effets trophiques (prolifération de cellules musculaires lisses, hypertrophie cardiaque) de l Ang II, mais elle concourt également à la transduction de ses effets vasoconstricteurs. phospholipase A2 Le troisième niveau d activation emprunte la voie de la phospholipase A 2, qui s accompagne de la libération d eicosanoïdes et de la production d un stress oxydatif dans les cellules cibles. La voie des eicosanoïdes (impliquant un substrat, l acide arachidonique, et des enzymes, cyclooxygénases et lipoxygénases, prostaglandines - et thromboxanes - synthétases) aboutit à la production de prostaglandines qui ont un effet vasodilatateur et antiagrégant. Cette voie assure aussi la synthèse du thromboxane A 2, de leucotriènes ou du PAF (platelet-activating factor), facteurs vasoconstricteurs et proagrégants, capables de surcroît d augmenter la perméabilité endothéliale. Ces molécules influencent les mécanismes de régulation de la pression artérielle, au niveau rénal et vasculaire, principalement en agissant sur la contractilité des cellules musculaires lisses. L augmentation du stress oxydatif induit par l angiotensine II dans ces cellules cibles est également principalement liée à l activation de la phospholipase A 2, associée à la NADPH oxydase membranaire productrice d anions superoxydes (Schulz et al., 2011). Une interaction avec les éléments mitochondriaux producteurs de formes réactives de l oxygène n est par ailleurs pas exclue. L augmentation du stress oxydatif dans la cellule provoque l activation du système NF (nuclear factor)- -B qui, transloqué au noyau, induit la transcription de gènes codant pour des facteurs pro-inflammatoires (IL [interleukine]-6, VCAM [vascular cellfacteur tissulaire) (Becher et al., adhesion molecule] ) et procoagulants ( 2011). - Voie des protéines kinases La liaison de l Ang II sur les récepteurs AT1 déclenche de nombreuses cascades de phosphorylation de protéines, impliquant diverses protéines kinases. Les protéines kinases 30

activées par l Ang II sont tellement nombreuses, qu il semble difficile de trouver une protéine kinase qui ne soit pas activée par l Ang II, directement ou indirectement. Les protéines kinases sont impliquées dans les voies de transduction qui médient les effets de l Ang II sur l expression génique et la synthèse protéique. Parmi toutes les protéines kinases activées par l Ang II, on peut isoler les familles de Src, des JAK, des STATs et des MAP kinases. Src kinases La famille des Src kinases regroupe des kinases qui sont activées par de nombreux signaux cellulaires, dans différents types de cellules et qui seraient largement impliquées dans les voies de signalisation contrôlant la croissance cellulaire (Touyz and Schiffrin, 2000). Les Src kinases sont activées dans la première minute qui suit la liaison de l Ang II sur le récepteur AT1. Dans les cellules musculaires lisses vasculaires Src joue un rôle dans la phosphorylation d une isoforme de PLC, et dans la formation d IP3. Touyz et coll. ont ainsi suggéré que la réponse contractile des CML vasculaires à l Ang II était en partie médiée par l activation de ces kinases. Janus family kinases (JAK) Cette famille de protéines kinases rassemble 4 protéines Jak1, Jak2, Jak3 et Tyk2 décrites dans les années 1990 (Ihle, 1995; Silvennoinen et al., 1993 ; Wilks et al., 1991). L Ang II en se fixant sur son récepteur AT1 active les protéines JAK qui à leur tour phosphorylent des protéines STAT (signal transducers and activators of transcription). Les STAT (1, 1, 2-6) forment une famille de facteurs de transcription qui, une fois phosphorylés, subissent une translocation du cytosol vers le noyau, où ils interagissent avec des séquences de régulation pour stimuler la transcription de certains gènes, dont c-fos, cmyc et c-jun (Dostal et al., 1997). Via l activation des JAK, l Ang II permettrait la phosphorylation des STAT 1 /, 2 et 3. Cette voie de signalisation serait particulièrement impliquée dans la médiation des effets hypertrophiques de l Ang II, dans le coeur et les vaisseaux (Touyz and Berry, 2002). Mitogen Activated Protein Kinases (MAPKs) Les MAPKs constituent une super famille de sérine/thréonine kinases subdivisée en 6 groupes: ERK-1/ERK-2 ; JNK/stress activated protein kinases (SAPK) ; p38; ERK-6 ; p38-like MAP kinase ; ERK-3 ; ERK-5. Ces MAPKs sont le point de convergence de nombreuses voies de 31

signalisation intracellulaire impliquées dans la différentiation et la prolifération cellulaire. Les MAPKs sont des messagers qui relaient l information reçue à la surface des cellules jusqu au noyau, où elles interagissent entre autres avec les oncogènes c-fos, c-myc, c-jun pour stimuler leur expression. Les MAPks sont activées après phosphorylation par une MAPK kinase (MAPKK). L Ang II favoriserait la phosphorylation des MAPKK en activant, via la protéine kinase C, une autre kinase : la Raf kinase. Les MAPKs activées par l Ang II sont ERK 1/2, JNKs et p38 MAPK, qui joueraient un rôle majeur dans la médiation de certains effets délétères de l Ang II, notamment les effets profibrotiques et hypertrophiques (Touyz and Berry, 2002). - Récepteurs AT2 Cette forme de récepteur à l Ang II est particulièrement exprimée dans les tissus foetaux et son expression décroît assez rapidement après la naissance. Cependant chez l adulte des récepteurs AT2 sont encore détectés dans de nombreux tissus tels que le pancréas, le cœur, les reins, les glandes surrénales, le myomètre, les ovaires, le cerveau et également les vaisseaux. Ces récepteurs sont réexprimés dans certaines conditions pathologiques et notamment lors des processus de remodelage cardiovasculaire (Touyz and Berry, 2002). Le rôle fonctionnel ainsi que les signaux de transduction cellulaire qui sont associés à ces récepteurs AT2 restent pour beaucoup à explorer. Il semble cependant qu en conditions physiologiques les effets médiés par ces récepteurs, tendent à contrebalancer ceux médiés par les récepteurs AT1. Parmi ces effets on peut citer l inhibition de la croissance cellulaire, l induction de l apoptose et la synthèse de monoxyde d azote (NO) (Blume et al., 2001). La production de NO, induite par l Ang II via les récepteurs AT2, a pour conséquence une augmentation de la concentration cellulaire de GMPc (guanosine monophosphate cyclique), second messager dont les principaux effets sont la vasodilatation, la natriurèse et l inhibition de la croissance cellulaire. Les récepteurs AT2 pourraient être impliqués dans les processus de remodelage cardiaque post-infarctus mais leur rôle exact reste encore controversé. Cependant des résultats récents montrent que ces récepteurs seraient activement impliqués dans la prévention de l hypertrophie cardiaque (Collidge et al., 2004; Metcalfe et al., 2004). 1.5.b Récepteurs aux angiotensines III, IV, et (1-7) Les actions de l Ang III semblent principalement médiées par les récepteurs AT1 et AT2, sur lesquels elle se fixe avec une affinité cependant moindre que l Ang II. L existence d un 32