APPROCHE GLOBALE DES LANCERS Les Lancers en athlétisme sont au nombre de 4 : le Poids, le Disque, le Marteau et le Javelot. L objectif, dans les lancers, est de projeter l engin, quel qu il soit, le plus loin possible en respectant un contexte réglementaire qui prend en compte : - le poids et les normes de l engin, - les dimensions de l aire d évolution et de réception, - les contraintes liées à la forme de l exécution (exple : poids collé contre le cou, ne pas mordre.), - les données organisationnelles de la compétition (exple: nombre d essais). Pour aller loin, le lanceur doit respecter un certain nombre de principes. Chaque phase du lancer se justifie par rapport à ce but. Aller loin induit une bonne trajectoire qui nécessite une bonne impulsion (finale), qui ellemême a besoin d une bonne prise d élan. I) La trajectoire : Elle débute au lâcher de l engin et se termine à l impact au sol. De manière à être dans un premier temps le plus efficace possible, il faut respecter et intégrer les principes liés à la balistique et à l aérodynamisme. Les principes balistiques et aérodynamiques : Les 3 paramètres fondamentaux en matière de balistique sont : - La vitesse de l engin au moment du lâcher, - Son angle d envol, - La hauteur du point de lâcher. L angle d envol :
Dans le vide l angle idéal de projection est de 45. Mais on est en présence d air et de la nécessité de composer avec les autres déterminants (vitesse), c est pourquoi le chiffre de 45 n est jamais atteint. - Pour les 4 lancers, la recherche prioritaire est la transmission de vitesse à l engin à la fin du déplacement. - La recherche de prise de vitesse et la transmission de celle-ci à l engin impliquent des compromis entre vitesse, inclinaison du corps et angle d envol. Lancer moins haut mais vite est préférable à s «arrêter» pour lancer à 45. - C est pourquoi, même dans les lancers les plus favorables à la prise d angle au niveau de l envol (Poids Marteau) et avec les gabarits les plus adaptés, on ne dépassera pas 41-42. Pour les 2 lancers fortement influencés par la résistance due à l air mais aussi par l action du vent (Disque et Javelot), on note, en plus de la minoration précédente, une autre baisse de cet angle d envol, qui oscille entre 32 et 39 en fonction des conditions aérologiques. La hauteur du point de lâcher : Il doit être le plus haut possible. C est le facteur le plus négligeable, surtout dans les lancers les plus longs. Il est un peu plus perceptible au Poids où 10 à 20 cm comptent un peu plus. Néanmoins, un point de lâcher élevé est souvent le reflet d une bonne exécution finale, et le reflet d un respect de fondamentaux biomécaniques et notamment, ceux liés aux alignements. La vitesse d envol de l engin au moment du lâcher : C est l élément fondamental. Mais son efficience dépend du respect d un bon angle d envol en fonction des conditions du moment. Elle est liée à l accélération finale qui est obtenue grâce à l utilisation maximale des données biomécaniques et musculaires. II) L Impulsion ou finale : Elle débute lorsque le pied gauche arrive à plat et se termine au lâcher de l engin. En lancers comme dans les autres disciplines athlétiques, la réglementation nous permet de prendre de l élan, donc d utiliser une prise de vitesse de l ensemble lanceur engin. La restitution de l énergie accumulée dans cette phase permet d utiliser au mieux les qualités élastiques du muscles, qui sont les plus rentables en terme de force explosive et donc de vitesse produite.
D où les notions suivantes : Alignement - Solidité o Elle permet de garantir la meilleure transmission des forces depuis l appui jusqu à l engin. o Cet alignement (sauf au marteau) part du pied gauche pour aller à l épaule droite (chez un droitier). o Pour obtenir de la solidité dans cette «fixation» et pour la conduite du bassin, le pied Gauche est à PLAT. o Alignement, oui, mais actif. - Notion de chaîne musculaire o Image d une catapulte, d une perche, o Notion de mise en tension et de renvoi. Le muscle préalablement étiré réagit en renvoyant une force supérieure à celle obtenue sans étirement préalable. C est une contraction de type pliométrique ou récessive. o A partir du pied gauche fixé à plat, les étirements-renvois successifs des muscles s additionnent comme les maillons d une chaîne musculaire (du bas vers le haut) o Oui, mais on peut aussi jouer sur l utilisation des muscles et des leviers dans le plan horizontal (notion de torsion-détorsion). Cette torsion est plus ou moins importante en fonction des lancers. La détorsion s additionne à l effet «catapulte». Elle est d autant plus efficace qu elle est retardée. - Le Chemin d impulsion o C est le trajet parcouru par l engin au cours de l impulsion ou finale. o Il conjugue 2 aspects : Le RELEVAGE de l angle d impulsion et la détorsion. o Il faut différencier le chemin d impulsion du chemin de lancement. Ce dernier concerne la trajectoire de l engin sur la totalité du geste. o Il doit produire une trajectoire optimale qui est le compromis entre vitesse du système lanceur-engin et la quantité d angle à relever.
Fazekas Kruger Comme dans les sauts où à ce niveau on observe des athlètes avec des temps d impulsion très différents : temps long avec jambe libre tendue et angle relevé important et à l inverse temps court avec jambe libre fléchie et angle relevé plus faible (et souvent vitesse plus élevée), en lancer on aura à chaque extrémité de la palette comportementale : - Des lanceurs utilisent une angulation et un secteur important en finale, avec une impulsion longue et un pied gauche maintenu au sol (voir Kruger). - D autres, plus «vites» et explosifs (voir Fazekas), utilisent un angle plus petit, mais aussi une vitesse plus élevée à l impulsion. Ils terminent le pied gauche décollé (ou passent au dessus au javelot). Cette suspension consécutive à l impulsion, destinée à contenir le trop-plein de vitesse non transmise à l engin, permet de rester à l intérieur de la surface d élan. C est le rattrapé. - Quoi qu il en soit, l angle ne passe jamais la verticale (il ne faut pas mordre). Pour 2 lancers, la forme de l impulsion finale, la notion d alignement et la visualisation du relevage de l angle méritent quelques remarques :
- au javelot, la vitesse d arrivée très élevée sur le Gauche final et les contraintes que cela engendre, ajoutée à la nécessité de mobiliser le haut du corps très vite (image de la lanière d un fouet) entraîne dans la phase de mise en tension maximale une rupture de l alignement au niveau des hanches, donnant l impression d une «cassure». En fait, au javelot, l image du ressort surmonté en alignement par une lame de torsion serait à remplacer par celle d un fouet dont le manche, énorme, comprendrait l ensemble du corps et la queue du fouet serait l épaule et le bras du lanceur. De plus contrairement au 3 autres lancers, la jambe gauche est hypertendue, genou verrouillé (solidité et qualité de renvoi). Dernier point : relever un alignement parfait prendrait trop de temps et aurait tendance à éjecter le coude lanceur à l extérieur (blessure potentielle). - Au marteau, où lors de la finale, dans la phase de mise en tension, le corps est, à l inverse des 3 autres lancers, incliné vers la direction du lancer, et se relève apparemment dans l autre sens. Au marteau, le lanceur s oppose à l engin pour résister à la force centrifuge. En fait, il faut prendre en compte la ligne de force fictive, invisible, qui avance dans le plateau et va se comporter comme l alignement visible dans les 3 autres lancers. Maintenant, que faut-il faire pour préparer au mieux cette impulsion finale? III) La Prise d élan Elle commence par la rupture d inertie de l engin ou du système lanceur-engin et se termine par la pose complète du dernier pied Gauche. La préparation à l impulsion C est la phase qui précède directement l impulsion, à savoir sur l avant-dernier appui. On veut incliner notre alignement, mais aussi créer une prise d avance du bas / haut : Dans un plan vertical (prise d angle), Dans un plan horizontal (torsion). La prise d angle L action sur l avant-dernier appui se caractérise par un pointé du genou droit vers l avant et le bas (au marteau vers le bas et l arrière du plateau). Cette action permet un passage HORIZONTAL DU BASSIN pour permettre la charge maximale de notre «perche» ou ressort. En aucun cas, on ne peut parler de poussée dans le sens où celle-ci aurait pour but une élévation du bassin, ce qui aurait pour conséquence un allégement et non une mise sous tension de la «catapulte». Même si l image d un «passage» sur cet appui peut être utilisée, l action de cette jambe droite est un moment important où il faut rester solide pour éviter un affaissement. La torsion Est créée par la vitesse d exécution du bas, liée à la recherche d augmentation du moment d inertie du haut du corps (relâchement, ligne d épaules). La forme de pose et d action du pied droit dans cette phase est compatible avec ce besoin d «aller plus ou moins vite».
On est majoritairement sur plante de pied, sauf chez la plupart des lanceurs de javelot et quelques lanceurs de marteau. La torsion, contrairement à ce qui se faisait dans les années soixante dans les écoles de l Est, où elle était recherchée dans la phase de suspension, avant la pose du pied droit : Szeczeny, Piatkowski, Liakhov au disque, Connoly, Husson, Zsivotsky au marteau et idem au poids, doit permettre d en «garder le plus possible» lors de la mise en tension maximale. L action de cette jambe droite est TERMINEE AU MOMENT DE LA PRESSION MAXIMALE SUR LE PIED GAUCHE, dans le cadre de la prise de vitesse de l engin, même si le pied est encore en contact au sol. Cette «phase clé» du lancer, pour pouvoir se dérouler, doit bénéficier d une phase de prise d élan, de vitesse, d énergie, de la part du système lanceur-engin. L animation du système Lanceur-Engin : Elle va permettre une prise de vitesse optimale pour aborder la réalisation finale. Cette phase d élan est spécifique à chaque lancer : - Course d élan au javelot, - Sursaut au poids en translation, - Volte au disque et au poids en rotation, - Tours (de 3 à 5) au marteau. - D une manière très simple, on peut définir : - des lancers en translation : javelot et poids, où le lanceur se déplace sur un rail et cherche à éjecter l engin à la verticale de ce rail, de manière (c est une loi physique) à gérer au mieux l utilisation de l énergie. Bien sûr, des contraintes anatomiques et le risque de blessure liés à une inclinaison latérale forcée du dos, font que ce principe n est pas respecté à 100%, la plupart du temps, poids et javelots étant éjectés un peu à droite de la verticale. Néanmoins l alignement Pied Gauche / épaule Droite est toujours respecté. - des lancers en rotation : disque et marteau, où le lanceur se déplace sur un axe qui est celui de la direction du lancer, comme d ailleurs pour les lancers en translation, mais dans ce déplacement, cherche à faire parcourir le plus grand chemin circulaire à son engin, de manière à placer déjà l engin sur une trajectoire compatible avec celle recherchée lors de l éjection, augmenter la vitesse linéaire de celui-ci (marteau) ou une amplitude (disque) compatible avec l utilisation des leviers en finale. - Le poids en rotation est particulier car s appuyant en fait sur ces 2 analyses La vitesse de l engin pendant l élan : A la fixation du pied Gauche à plat en finale, au poids, disque et javelot la vitesse propre à l engin atteint seulement 25 à 30% de la vitesse obtenue lors de l éjection. L accélération principale se situe donc lors de l impulsion finale.
Pour le marteau, la vitesse acquise par l engin est déjà de 95% de la vitesse totale obtenue au lâcher. C est pourquoi, dans ce lancer, un accent particulier va être mis sur la nécessité d aller vite avant la fixation du pied gauche. La finale produit le surcroît d accélération. Disque : forces au javelot 1989). Javelot : Courbe des vitesses lors du transfert des lors de la phase de blocage (D après MENZEL Marteau : Mode d accélération d après KUZNETZOW Poids : Variation de vitesse de mouvements de parties du corps 1980. SH : Hauteur d épaule TP : point bas en fonction du temps (Briesenik 21m28) ARF : pied droit quitte le sol HP : point haut LRF : pose pied droit AFH : lâcher du marteau
La rupture d inertie : Dans les lancers en rotation mettant en jeu le haut du corps avec des leviers importants (disque et surtout marteau), la phase proprement dite de prise d élan qui mobilise corps du lanceur et engin, est précédée par une phase où l engin est mis en mouvement sans déplacement des appuis. Il s agit de rompre son inertie, de manière à : - Tendre les leviers (bras, câble) pour mieux les mobiliser, - Créer une vitesse et une tension initiales favorisant la mise en mouvement du système lanceur- engin, - Placer l engin sur une trajectoire qui lui permet de se rapprocher de celle à obtenir lors du lâcher. Au disque : les balancés. Au marteau : les moulinets, 2 en principe, mais parfois plus (école allemande). Au poids et au javelot : le système lanceur-engin est mobilisé d entrée. Chronologie de la prise d élan : - Position de départ, - Rupture d inertie, - Elan : le Poids en translation est le seul lancer où, dès la fin de l appui du départ, le corps est déjà organisé selon l alignement mis en place pour l impulsion finale. - Préparation à l impulsion. SYNTHESE GENERALE Pour se donner les moyens sur le plan fonctionnel de lancer loin, il faut : - Accumuler de l énergie, pour la transmettre avec le moins de perte à un engin. - Rendre efficiente la catapulte. L alignement final solide mais élastique doit intervenir sur un secteur d impulsion orienté en fonction de la trajectoire souhaitée et des moyens physiques. - Appliquer des principes transversaux : o Le relâchement qui sous-tend l augmentation de l amplitude et une élasticité plus importante. o Le rythme qui doit aller dans le sens de l accélération et doit permettre d éviter l arrêt sur l avant dernier appui. o L adresse : savoir placer l engin sur la meilleure trajectoire. Le débutant «débrouillé» avec ses moyens va s adapter à toutes ces exigences. - Moins de vitesse, - Un angle et un secteur d impulsion plus faibles, - Quelques ruptures dans l alignement, - Un rythme incertain, - Un relâchement moindre.