LOMBALGIE. En cas de mal de dos, il ne faut surtout pas s aliter, mais au contraire bouger et pratiquer de l exercice physique.



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Transcription:

LOMBALGIE. En cas de mal de dos, il ne faut surtout pas s aliter, mais au contraire bouger et pratiquer de l exercice physique. Dukas HOME > DOSSIERS > Douleur Mal de dos, que faire quand on souffre? Par Elisabeth Gordon - Mis en ligne le 05.01.2011 à 11:38 DOULEUR. Elle dure la plupart du temps quelques semaines, mais peut parfois persister pendant de longues années. La lombalgie, qui touche 80% des adultes, reste un mal mystérieux, entouré de nombreux mythes. Le point sur quelques idées reçues. «J en ai plein le dos.» Il est des mots qui ne trompent pas. La formule dit bien le mal qui nous tombe sur le rachis, mais aussi toutes ces lourdeurs de la vie qui pèsent sur nos reins et nos épaules. Ce stress et ces soucis qui se traduisent souvent par de petites ou grandes douleurs dans le dos. «MOINS LONGTEMPS ON S ARRÊTE, PLUS ON BOUGE ET MOINS LES RÉCIDIVES SONT NOMBREUSES ET GRAVES.» Dominique Monnin, responsable Recherche et qualité en physiothérapie aux HUG Un mal que l on pourrait qualifier de banal, s il n était pas si perturbant, voire parfois invalidant. On estime en effet que huit personnes sur dix sont sujettes, au moins une fois au cours de leur vie, à la lombalgie. «SI L ON FAIT TROP DE PRÉVENTION AUPRÈS DES GENS QUI N ONT RIEN, ON RISQUE DE DÉVELOPPER CHEZ EUX UNE HYPERVIGILANCE QUI EST CONTRE-PRODUCTIVE.» Stéphane Genevay, rhumatologue et responsable Page 1 sur 7

CONTRE-PRODUCTIVE.» Stéphane Genevay, rhumatologue et responsable du «programme dos» aux HUG Fort heureusement, dans la grande majorité des cas, il suffit d attendre et éventuellement de consommer des comprimés d analgésiques pour que la douleur disparaisse d elle-même au bout de quelques semaines. Il arrive toutefois qu elle s incruste pendant des mois, voire des années, faisant subir aux personnes concernées un véritable calvaire. Souffrances individuelles, les maux de dos sont aussi une plaie pour la collectivité et l économie. Selon le rapport Fit for work?, publié en 2009 par la Work Foundation en collaboration avec diverses institutions (*), ce problème touche 670 000 employés en Suisse (18% de la population active) et il est la principale cause d arrêt de travail. Les auteurs du texte considèrent que les troubles musculosquelettiques (les TMS, qui incluent d autres pathologies comme la polyarthrite rhumatoïde) liés au travail coûteraient plus de quatre milliards de francs par an à l économie helvétique, en comptant uniquement la perte de productivité et les absences pour cause de maladie. C est dire l ampleur du phénomène. Pourtant, bien que très répandu dans la population, le mal de dos reste encore un cassetête pour le personnel soignant. Il fait aussi l objet de nombreux mythes qui circulent parmi les patients et «même parmi les médecins», à en croire Stéphane Genevay, rhumatologue et responsable du «programme dos» aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Aperçu de quelques idées reçues. Le mal de dos, ce mal du siècle, est une épidémie. Faux. «Dans toutes les sociétés, les gens se plaignent du dos», constate le rhumatologue genevois. Les lombalgies existent depuis des lustres et l on pourrait même s étonner que, les conditions de travail s étant améliorées, nous ne souffrions pas moins du dos que nos ancêtres. En fait, «ce sont surtout les coûts et les conséquences de ces maux qui ont explosé», constate Stéphane Genevay. S il fallait trouver un coupable, c est vers l évolution qu il faudrait se tourner. C est elle qui nous a fait passer de l état de quadrupède à celui de bipède. «Notre dos est fait pour pendre horizontalement entre quatre pattes, plutôt que de rester en position verticale», souligne Dante Marchesi, directeur de la Clinique du dos à la Clinique Bois-Cerf à Lausanne. Du fait de la pression qui s exerce constamment sur elle, notre colonne vertébrale est «très sollicitée», précise le chirurgien orthopédiste, notamment dans les régions lombaire et cervicale (respectivement en bas et en haut du dos). Dans ces conditions, il n y a rien d étonnant à ce que ce système ait des dysfonctionnements. On peut souffrir du dos pour de multiples raisons. Vrai. «Le mal de dos n est pas une pathologie, c est un symptôme», dit Dante Marchesi. La pensée occidentale, qui considère que chaque douleur a une cause d origine organique sur laquelle il est possible d agir, tombe ici sur un os. «En dehors de quelques cas rares de maladies (comme les cancers, les infections, les inflammations ou la sciatique par hernie discale), la plupart des maux de dos résultent de dysfonctionnements qui n ont que très peu de rapport avec les anomalies anatomiques constatées telles que l arthrose ou l usure discale», explique Stéphane Genevay. Autant dire qu il est inutile de vouloir définir le mal de dos avec précision, car «on n a pas le fin mot de l histoire». Dante Marchesi ne dit pas autre chose lorsqu il souligne que ce mal «reste quelque chose de mystérieux». Le mal de dos cache toujours quelque chose de grave. Faux. Certes, les douleurs peuvent provenir de pathologies sévères qu il revient au médecin d identifier. Mais cela reste rare. La preuve, dans 80 à 90% des cas, la douleur dite «aiguë» s estompe au bout de quatre à six semaines. Elle disparaît spontanément ou sous l effet d antalgiques et d anti-inflammatoires, de quelques séances de physiothérapie, d ostéopathie ou même de «vieux remèdes de grand-mère (bains Page 2 sur 7

séances de physiothérapie, d ostéopathie ou même de «vieux remèdes de grand-mère (bains chauds, bandages chauds ou froids, pommades antirhumatismales, exercices relaxants)», précise la Ligue suisse contre les rhumatismes dans sa brochure d information aux patients. «Il est donc inutile, lorsque l on souffre du dos, de se précipiter chez un spécialiste», prévient Dante Marchesi, qui conseille de s adresser d abord à son généraliste. Tout se complique toutefois lorsque cette douleur perdure au-delà de douze semaines. Elle devient chronique et est alors beaucoup plus difficile à supprimer. «L axe de notre traitement consiste à tout faire pour extirper la douleur du patient, afin qu une lombalgie aiguë ne tombe pas dans la chronicité», souligne Guillaume Finti, psychothérapeute référent pour l unité de réhabilitation du rachis du CHUV. Le stress et le mal-être contribuent au mal de dos. Vrai. Les facteurs psychosociaux comme on désigne l anxiété, le mal-être, l insatisfaction au travail et tout ce qui nous affecte dans notre vie personnelle ou professionnelle sont, comme le rappelle Guillaume Finti, des «signes prédictifs» du basculement d une douleur aiguë vers l état chronique. «Ils ne sont pas la cause du problème, précise Stéphane Genevay, mais ils enraient la remise en route du patient.» C est d ailleurs ce qui conduit le rhumatologue à déconseiller fortement sauf dans le cas où le médecin suspecte une maladie grave les radios et IRM chez les patients ayant une lombalgie. Lorsque l on pratique ce genre d examens, «on s aperçoit que 30 à 40% de la population qui n a pas mal au dos a une hernie discale, 25% des déchirures discales et 80% de l arthrose. Ni plus ni moins que parmi les gens qui ont mal au dos.» En la matière, le diagnostic n apporte rien et il peut même être contre-productif. Stéphane Genevay cite pour exemple le cas d une de ses patientes dont la douleur est devenue chronique dès qu elle a appris qu elle avait une hernie. Et le rhumatologue d enfoncer le clou: «Si l on fait trop de prévention auprès des gens qui n ont rien en leur disant ne faites pas ceci, tenez-vous comme cela, on risque de développer chez eux une hypervigilance qui est contreproductive.» Lorsqu'on a mal, il faut rester allongé. Archifaux. S il est un message que martèlent tous les membres du corps médical spécialisés dans le mal de dos, c est bien celui-là: contrairement à la croyance largement répandue, en cas de lombalgie, il ne faut pas s aliter. «Moins longtemps on s arrête, plus on bouge et moins les récidives sont nombreuses et graves», résume Dominique Monnin, responsable Recherche et qualité en physiothérapie aux HUG. Le physiothérapeute s en explique avec une image, celle d un orchestre qui, bien que formé de bons musiciens, «produit parfois des dissonances. Dans ce cas, on s arrête de jouer, on se donne une période de réflexion, et l on reprend la répétition.» Il en va de même pour le dos qui parfois, «tel l archet du premier violon, ne glisse pas correctement. Mais cela ne veut pas dire qu il y a dans l instrument une pièce prête à casser.» Le rachis connaît lui aussi des dysfonctionnements, mais «il reste solide». Lorsque cela arrive, on peut se reposer, mais uniquement lorsque la douleur est trop forte; il faut veiller «à se remettre en route» le plus rapidement possible. Il faut bouger, «autant que faire se peut», que le mal soit aigu ou chronique, renchérit Stéphane Genevay. Toutes les activités physiques sont donc fortement recommandées. A condition de repérer et d éviter celles qui font mal, on peut tout faire, marcher, jardiner ou faire du sport. Certes, il est déconseillé de commencer à faire de l équitation ou des sports violents. «Mais si quelqu un monte à cheval ou pratique le judo depuis des années, il peut continuer», précise Guillaume Finti. A chacun de trouver ce qui lui convient et ce qui lui procure du plaisir. Y compris le jeu de la bête à deux dos puisque, dans Le livre du dos (brochure publiée par TSO et traduite en français par les HUG), il est précisé: «Le sexe: bonne idée!... Mais vous aurez peutêtre besoin de tester des positions différentes.» Lorsque l'on souffre du dos, il faut se prendre en main. Vrai. C est sans doute plus facile Page 3 sur 7

Lorsque l'on souffre du dos, il faut se prendre en main. Vrai. C est sans doute plus facile à dire qu à faire, surtout lorsque l on souffre depuis des mois et que la douleur vous tombe sur le moral. Pourtant, lorsqu on se met dans un état d esprit «négatif ou catastrophiste, on développe des conduites d évitement, on devient hypervigilant, voire dépressif. Cela entraîne un déconditionnement musculaire, psychologique et enfin social qui augmente la douleur. C est un cercle vicieux», explique Stéphane Genevay. Cela ne signifie pas pour autant qu il faut souffrir en silence et ne pas se faire aider. Les hôpitaux universitaires et certaines cliniques ont mis en place des centres interdisciplinaires qui prennent en charge les patients atteints de lombalgie chronique et réservent à certains d entre eux des programmes sur mesure. Ceux-ci passent par de la physiothérapie «fonctionnelle» précisent les physiothérapeutes, car elle s attaque aux dysfonctionnements de la colonne. Ils incluent aussi de l ergothérapie, qui «agit sur les gestes et les postures», comme l indique Julien Moncharmont, chef de l unité de neuroréhabilitation du CHUV. «Nous sommes des spécialistes de la personne en activité», précise l ergothérapeute. Après avoir mis le patient en situation et observé ses attitudes et mouvements dans un «appartement» spécialement installé à cet effet dans l hôpital, Julien Moncharmont et ses collègues lui apprennent les gestes susceptibles de soulager son dos, dans sa vie quotidienne et son activité professionnelle. Reste, pour que cela soit efficace, à «obtenir la collaboration de l employeur» pour réaménager le poste de travail ou modifier certaines tâches confiées à son employé. Certains centres du dos ont recours à l ostéopathie, au soutien psychologique ou aux techniques cognitivo-comportementales. Rien n interdit toutefois d essayer aussi l acupuncture, l hypnose qui «aide le patient à retravailler son comportement», dit Guillaume Finti qui la pratique. «Chacun doit trouver ce qui lui convient, résume Evelyne Janz, cheffe du Centre Actif+ de la Clinique Bois-Cerf. Y compris prendre des vacances, cela détend.» L'opération permet de mettre fin au problème. Faux. Les interventions chirurgicales «ne doivent être envisagées qu en dernier recours, quand toutes les autres méthodes ont échoué.» C est un chirurgien, Dante Marchesi, qui l affirme. «Dans le passé, explique-t-il, on disait qu il ne fallait jamais opérer un patient ayant mal au dos.» Aujourd hui, les examens et les techniques se sont améliorés et l interdiction n a plus cours. Malgré tout, Dante Marchesi tient à «démystifier la toute-puissance de la chirurgie». Celle-ci n est envisageable «que lorsque la cause de la douleur est clairement identifiée et suffisamment restreinte si les six étages de sa colonne sont atteints, le patient est un mauvais candidat pour l intervention». En outre, fusionner deux vertèbres, mettre entre elles une fixation, enlever une partie du disque ou poser des disques artificiels constitue des «opérations compliquées, qui n offrent jamais 100% de réussite». Il faut se rendre à l évidence. Face au mal de rachis, il n existe nul remède miracle, pas plus qu il n y a de sièges ou de chaussures magiques (lire cicontre) qui permettent de venir à bout de la douleur. Ce n est toutefois pas une raison pour courber l échine. (*) La Société suisse d hygiène du travail, l Institut universitaire romand de santé au travail, Reha Schweiz, la Ligue vaudoise contre le rhumatisme, la Société suisse de rhumatologie et la Société suisse de médecine du travail. Le mal de dos en chiffre 80% des adultes souffrent, une fois dans leur vie, de mal de dos. Dans 80 à 90% des cas, la douleur s estompe au bout de quatre à six semaines. Page 4 sur 7

Dans 80 à 90% des cas, la douleur s estompe au bout de quatre à six semaines. 670000 employés suisses endurent des douleurs dorsales d origine en partie professionnelle. Plus de 4 milliards de francs C est, en Suisse, le coût annuel de la perte de productivité et des absences pour cause de troubles musculosquelettiques. Claire*, 48 ans, «Je ne voulais pas que la douleur m'empêche de vivre» Pour Claire*, tout a commencé par un banal accident. Certes, atteinte d une scoliose, elle avait déjà eu mal au dos à la fin de l adolescence et après ses grossesses. Mais la véritable crise s est déclenchée en novembre 2002. «C était l année de mes 40 ans. J ai glissé et suis tombée sur une passerelle mouillée. J ai alors ressenti une douleur épouvantable.» Claire est parvenue à se relever, elle a pris des antidouleurs, mais, le lendemain, elle ne pouvait plus se lever. «Je restais pliée en deux, juste capable d aller aux toilettes et de me laver.» Elle a alors suivi le parcours classique: consultation chez le médecin généraliste, radiographies, et même quelques jours à l hôpital. «Comme il n y avait rien de cassé, on m a dit de rester couchée.» Mais, au bout de quelques semaines, «cela n allait toujours pas»; on lui a fait une IR M et diagnostiqué une hernie discale. Peu avant Noël, elle était opérée. Claire n est pas le genre de femme à se laisser abattre. «Sans nier cette douleur, je ne voulais pas qu elle m empêche de vivre et j étais avide de recommencer à travailler.» Elle a donc repris ses activités professionnelles, mais la souffrance était toujours là. «Ce qui m interpelle, c est que l on prend l habitude de la douleur. On la domine par la tête, on décide d y aller, mais le soir, on la retrouve intacte, comme de la vaisselle sale que l on aurait laissée dans l évier.» Malgré des séances de physio et d ergothérapie, et bien qu elle se soit «bourrée d antiinflammatoires qui (lui) ont bousillé l estomac», Claire a eu mal au dos pendant trois ans. La douleur s était estompée, mais elle était toujours là. Jusqu au jour où, encouragée par son physiothérapeute, elle a essayé l acupuncture. «Je n y croyais pas une seconde, mais cela m a fait beaucoup d effet.» Depuis, lorsqu elle est fatiguée, Claire ressent encore des douleurs au bas des reins, mais elle «fait avec». Toutefois, globalement, elle se sent bien et entretient son dos. Elle va régulièrement chez le physiothérapeute et l ostéopathe. Elle a aussi troqué son matelas dur pour un plus mou, ce qui lui «a changé la vie». En fin de compte, ce pénible épisode l a aussi conduite à modifier son comportement. «En invoquant ma fragilité due au mal de dos, j ai réussi à dire non et à refuser de faire certaines tâches. Cela m a encouragée à déléguer et à me concentrer sur l essentiel.» *Prénom d emprunt Jules*, 62 ans «La douleur avait tendance à me tomber sur le moral» «Un jour de grand froid, où j étais déjà crispé et atteint de douleurs articulaires, je suis sorti au jardin en chemise. Je me suis baissé et ça a coincé.» C était il y a sept ans. Jules*, qui avait alors 55 ans, a ressenti «une douleur très vive qui partait du creux de la fesse et descendait jusqu au pied, provoquant comme des décharges électriques. Tout mon système de locomotion en était perturbé.» Son médecin a immédiatement diagnostiqué une sciatique et l a envoyé à l Hôpital orthopédique de Lausanne où il est resté quinze jours, suivant une cure intense de physiothérapie. «Je n en avais jamais fait auparavant et c est cela qui m a rétabli, tout en m évitant une opération.» Jules ne cache pas sa «reconnaissance» pour son physiothérapeute. Page 5 sur 7

m évitant une opération.» Jules ne cache pas sa «reconnaissance» pour son physiothérapeute. «Non seulement il a réduit ma souffrance, mais il m a permis de réaliser qu il fallait se prendre en charge et que l on pouvait agir par soi-même. Il m a conduit à avoir une attitude dynamique sur le plan psychologique.» Cet homme, qui n est «pas du tout du genre dépressif», reconnaît en effet que, durant la crise, «ce n était pas l intensité de la douleur» qui l affectait le plus, mais le fait qu elle «avait tendance à (lui) tomber sur le moral». Il n avait «jamais connu cela», lui qui avait pourtant déjà des problèmes articulaires. Aujourd hui, «à titre conservateur et préventif», Jules poursuit régulièrement ses séances de physiothérapie, classique et en piscine. Pour parfaire son état, il pratique aussi intensément la thalassothérapie l été, sous des climats tropicaux. Un traitement efficace puisque désormais, «mon mal de dos va mieux et mon moral est au beau fixe». *Prénom d emprunt Pour en savoir plus Docteur, j ai mal au dos, de Jean-Yves Maigne. Editions Solar, 226 p. Bien soigner le mal de dos, de Bernard Duplan et Marc Marty. Odile Jacob, 348 p. Vivre son dos au quotidien, coordonné par Anne-Marie Nguyen Ngoc. Editions Solal, 62 p. Peut être commandé à la Ligue vaudoise contre le rhumatisme: www.liguerhumatisme-vaud.ch Le mal de dos. Brochure d information aux patients de la Ligue suisse contre les rhumatismes. www.liguerhumatisme-vaud.ch Solutions Des objets censés soulager le dos Sièges aux formes les plus variées, matelas plus ou mois fermes et moelleux, oreillers «permettant aux épaules et au cou de se détendre», chaussures de sport qui «améliorent la posture»: les fabricants proposent toute une gamme de produits spécifiquement destinés aux personnes souffrant du dos. Est-ce vraiment utile? Sièges ergonomiques Faut-il vraiment acheter un siège ergonomique lorsque l on souffre du dos? «Pourquoi pas, si cela vous convient», répond Julien Moncharmont, chef de l unité en réhabilitation du rachis du CHUV, «mais il faut veiller à choisir un siège adapté à votre morphologie». L être humain «n est pas fait pour être assis», souligne l ergothérapeute. Qu importe finalement le siège, «l essentiel est de ne pas rester assis sans bouger pendant plus d une demi-heure, car cela a un effet néfaste sur la colonne». Matelas dur On a coutume de dire qu il faut dormir sur un matelas dur lorsque l on a une lombalgie. Là encore, mieux vaut éviter les dogmes. Il faut surtout «choisir un matelas que l on a essayé et dont on s est rendu compte qu il vous apporte quelque chose», selon Dominique Monnin, responsable Recherche et qualité en physiothérapie aux HUG. En gardant en tête que «l on peut Page 6 sur 7

dormir aussi bien sur des matelas à quelques centaines de francs» que sur ceux proposés dans les boutiques spécialisées, beaucoup plus chers. Chaussures spéciales Les chaussures comme celles qui ont des semelles bateau «conviennent à certaines personnes, mais pas à d autres», commente Julien Moncharmont. Une bonne chaussure est celle dont «les cinq orteils touchent le fond», précise Dominique Monnin. Pour le reste, le physiothérapeute conseille d éviter les semelles trop amortissantes et les chaussures trop plates, «car les chocs subis par les talons montent vers les articulations et la colonne». En revanche, une femme habituée à porter des escarpins à talons hauts «n a pas plus de risque que les autres d avoir des problèmes de dos». Tags: Dos, lombalgie, douleur, Page 7 sur 7