01. Une formation au label de qualité suisse



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Transcription:

Chirurgie esthétique Le boom romand Par William Türler, Daniel Saraga - Mis en ligne le 30.07.2012 à 14:12 Chaque jour ouvrable, 173 personnes passent sous le bistouri d un chirurgien esthétique en Suisse pour corriger un nez, rehausser une poitrine, retendre la peau du visage. Et de plus en plus souvent, ces patients sont étrangers. Dans ce secteur à forte concurrence, la Suisse romande s est imposée comme un centre mondial de chirurgie esthétique où le nombre de clients ne cesse de croître. Conséquence: les établissements se multiplient sur l arc lémanique. Pour ne citer qu un exemple, le groupe Matignon, six cliniques en Suisse dont cinq en Suisse romande, est devenu le plus important client helvétique de la compagnie Allergan, producteur du Botox. Depuis le début de l année, le groupe a utilisé ce produit pour traiter près de 1200 patients, dont 90% de femmes, «ce qui correspond à une croissance de 80% par rapport au premier semestre de 2011», note l un de ses responsables, le docteur Roland Ney. Pour les produits de comblement, la croissance est encore plus impressionnante sur la même période: 156%. 01. Une formation au label de qualité suisse Les raisons de ce savoir-faire si prisé à l étranger? Elles sont à chercher du côté du haut niveau des formations en médecine et en chirurgie ainsi que dans «l esprit civique et responsable extrêmement développé des Suisses», selon le docteur Sabri Derder, qui pratique à Lausanne à la clinique Matignon et opère dans les cliniques La Prairie et de Genolier: «La chirurgie esthétique demande dans l évaluation de chaque patient un grand respect de ses intérêts. Les médecins dans notre région font tout leur possible pour rendre le patient heureux plutôt que d essayer à tout prix de se remplir les poches, comme on le voit très fréquemment à Paris, Londres ou New York, par exemple.» Pour le docteur genevois Pierre Quinodoz le label de qualité suisse, mondialement reconnu, s étend à l ensemble du pays. Il relève notamment la forte mobilité du corps médical: «Nous voyageons beaucoup pendant notre formation et n hésitons pas à aller par exemple en Amérique du Sud, aux Etats-Unis ou ailleurs en Europe pour apprendre une technique particulière. Les chirurgiens nord-américains sont plus nombrilistes et restent davantage confinés dans les grandes villes américaines pour se perfectionner.»

Il arrive même que certains chirurgiens esthétiques suisses, plus philanthropes, acceptent de partir quelques semaines dans un pays africain pour y opérer des patients mutilés ou blessés lors de conflits. Une habitude liée selon le praticien genevois à la tradition humanitaire du pays qui abrite de longue date des institutions comme le CICR. Il rappelle d ailleurs que le développement de la chirurgie plastique est indissociable de la guerre et que cette discipline s est fortement développée durant les deux guerres mondiales, en parallèle à la chirurgie reconstructive. Essentiel au bon déroulement d une intervention, ainsi qu à la prévention des infections, le personnel paramédical et de salle d opération bénéficie lui aussi d une excellente formation, notamment par le biais d apprentissages qui n existent «quasiment nulle part ailleurs», selon Sabri Derder. L ensemble du corps chirurgical en Suisse romande ne provient pas uniquement de filières helvétiques. Basée à Montreux, Laclinic souligne que le nombre de chirurgiens esthétiques installés en Suisse romande environ 80, soit l un des niveaux les plus denses au monde est indissociable de la libre circulation des personnes et de la reconnaissance automatique des diplômes européens. Ces diverses raisons concourent à donner à la Suisse une réputation de sécurité bien ancrée. A Laclinic, par exemple, la clientèle internationale qui dispose souvent de liens étroits avec le pays, qu il s agisse d écoles privées, de banques ou de résidences secondaires représente le tiers des patients. 02. Une approche globale et des coûts variables. En ce qui concerne le type de demandes, il varie selon l âge (visage et cou pour les patientes et les patients les plus âgés, silhouette pour les plus jeunes), mais aussi en fonction des saisons: le visage étant plus fréquemment demandé en hiver et la silhouette davantage dès le retour des beaux jours. «Pour notre part, note Alyona Gaillard, porte-parole de Laclinic, nous suivons une approche globale du patient, en combinant des techniques invasives et non invasives et en privilégiant ces dernières lorsque c est possible.» Par non invasif, il faut comprendre des traitements se pratiquant sans bistouri tels que les injections de comblement, le traitement par laser, ou encore la mésothérapie (lire encadré). Bien sûr, la chirurgie esthétique représente un business très lucratif. Pour le patient, les coûts dépendent de plusieurs facteurs comme la durée opératoire, le type d établissement et d intervention. Une simple correction d un lobe d oreille déchiré peut coûter 500 francs, alors qu une intervention plus complexe comme un lifting complet du visage et du cou chez une personne très marquée par le temps, combiné à un travail sur les paupières et des traits jugés disgracieux touchant le nez ou le menton peut atteindre 30 000 francs. «Chez une personne moins marquée, les prix pourront être très

différents, précise Sabri Derder. C est comme de demander ce que peut coûter une maison. Elle variera en fonction de ce que l on souhaite y mettre, de sa surface, etc.» Certains chirurgiens opèrent encore dans leur propre cabinet, d autres dans des cadres beaucoup plus luxueux. Les frais annexes de bloc opératoire, d hôtellerie, de soins et d anesthésie peuvent donc facilement varier du simple au double. A titre d exemple, une plastie d augmentation mammaire pourra coûter entre 10 000 et 16 000 francs suivant le choix de la patiente de se rendre dans un simple cabinet ou dans une clinique répondant aux critères de qualité, de sécurité et de luxe les plus élevés. «Certains coûts, comme la formation du praticien ou du personnel soignant, ainsi que le matériel nécessaire, sont incompressibles, note cependant le médecin genevois Pierre Quinodoz. C est la raison pour laquelle plusieurs cliniques voulant limiter les coûts au maximum ont dû fermer leurs portes.» 03. Une relation qui a fortement évolué. Si la bonne santé du secteur est en partie liée aux patients étrangers à fort pouvoir d achat, la perception des Helvètes évolue elle aussi en matière de chirurgie esthétique: «Les gens sont de mieux en mieux informés par les médias et par internet, ce qui explique une certaine démocratisation des actes de nature esthétique», relève Pierre Quinodoz. Une transparence qui ne concerne toutefois pas tout le monde. Lorsqu il s agit de célébrités, nombreuses depuis longtemps à venir se faire opérer en Suisse, les praticiens sont tenus au plus grand secret et ne le brisent jamais de peur de perdre cette prestigieuse clientèle extrêmement pointilleuse lorsqu il s agit de discrétion. «Souvent, ils sont enregistrés sous de faux noms dans les cliniques afin d éviter les fuites, poursuit le chirurgien. Seuls les médecins et quelques infirmières sont tenus au courant de leur présence.» Cette approche plus décomplexée qu il y a quelques années concerne donc surtout les particuliers vis-à-vis de leur entourage proche. «Les gens hésitent moins à avouer qu ils ont eu recours à un acte de chirurgie esthétique, souligne Pierre Quinodoz. Ils ne cherchent plus des stratagèmes comme, par exemple, affirmer qu ils ont eu recours à la chirurgie des paupières en raison d une maladie.» LARGEUR.COM La chirurgie esthétique en chiffres clés 45 000 OPÉRATIONS EN SUISSE

81% DE FEMMES 19% D HOMMES 200 SPÉCIALISTES EN CHIRURGIE PLASTIQUE, RECONSTRUCTIVE ET ESTHÉTIQUE 300-400 PRATICIENS SANS SPÉCIALITÉ OFFRANT DES INTERVENTIONS Les nouvelles tendances 1. Les liftings non chirurgicaux (combinaison d injections, de traitements laser et de prélèvements de graisse) 2. Les patients masculins friands de Botox et d acide hyaluronique 3. Les quinquagénaires actifs s offrant une correction des paupières et un lifting 4. La réductions des lèvres génitales, très rares il y a une dizaine d années 5. La réduction mammaire chez des jeunes femmes qui sont plus souvent indisposées par une grosse poitrine Prix: La Suisse 60% plus chère La différence de prix avec les pays voisins est marquante: en Allemagne, un lifting du visage coûte en moyenne 12 000 francs contre 20 000 en Suisse. Des destinations plus exotiques (Hongrie, Turquie, Maghreb) promettent de casser encore les prix. Pour

rassurer les patients, deux sociétés de tourisme médical sont apparues en Suisse romande. Novacorpus a profité du scandale PIP pour proposer le remplacement de prothèses mammaires en Turquie à moins de 3000 francs. Malgré son nom, son concurrent Esthethic-Tours ne propose pour l instant que des soins dentaires (à Budapest) mais devrait se développer dans la chirurgie esthétique d ici à un an, assure son directeur Pierre Chaker. En attendant, les Suisses se tourneront vers des sociétés françaises ou locales. Se faire opérer à l étranger comporte des coûts cachés, car il faut deux visites pour préparer l intervention et au moins deux contrôles postopératoires, ce qui exige autant de déplacements. «Certaines cliniques étrangères proposent de tout faire en une semaine. Nous le déconseillons, dit Stephan Hägeli de la société de conseil Acredis. Les médecins suisses devront convaincre que la qualité de leur travail justifie des prix élevés.» Pour l instant, les tarifs restent stables, mais Pierre Chaker croit que les offres bon marché à l étranger pourraient mettre la pression en Suisse: «C est ce que nous avons observé avec les soins dentaires.» Les nouveaux traitements esthétiques «En médecine esthétique, les innovations spectaculaires sont rares, avertit le spécialiste biennois Daniel Knutti. Le plus souvent, on voit des techniques déjà connues être un peu améliorées.» Même avis chez Jean-François Emeri, du Centre de chirurgie plastique Lausanne: «Chacun essaie d inventer un nouveau nom pour sa technique mais le plus souvent, il n y a pas grand-chose de novateur. C est avant tout principalement du marketing.» Le point sur les avancées récentes: La chirurgie peu invasive On les appelle «peu invasives», mais les nouvelles techniques de lifting sont dans les faits plus profondes. «On va travailler plus bas sous la peau pour mobiliser également les tissus musculaires, explique Daniel Knutti. Cela permet de réduire le décollement de la peau et d éviter d endommager la vascularisation. Mais il faut très bien connaître l anatomie, car on travaille très près des nerfs. Les résultats sont meilleurs, ils tiennent plus longtemps et on récupère en une à deux semaines au lieu des trois à quatre usuelles.» Injecter pour combler A côté du Botox, l autre grand produit injectable est l acide hyaluronique, un composé naturel du corps employé à l origine en ophtalmologie et pour traiter l arthrose. Depuis une décennie, il est utilisé pour combler les ridules du visage. «Tout le monde s y est mis même des non-spécialistes», commente Daniel Knutti. Une autre tendance est

l injection de graisse, qui peut être prélevée dans le ventre et injectée dans la poitrine (lire l encadré sur les implants) ou dans le visage pour redonner du volume aux joues creuses. Photorajeunissement Blesser la peau pour la rajeunir, c est le concept paradoxal du photorajeunissement. Un laser effectue une abrasion superficielle de la peau, qui se répare et se régénère. «C est une technique connue depuis vingt ans, relève Daniel Knutti. La nouveauté, c est d appliquer un motif dans l abrasion afin de toujours garder des tissus intacts entre ceux touchés par le laser. Cela donne une régénération plus rapide.» Imagerie et simulation 3D Les photos avant-après sont désormais personnalisées, et en 3D. Lancée en 2008, la start-up lausannoise Crisalix propose un service de simulation virtuelle du résultat d une opération esthétique. «Ce genre d outils est relativement fiable pour la rhinoplastie, car on travaille sur des tissus durs comme les cartilages, note Jean-François Emeri. Par contre, simuler l augmentation de la poitrine ou la perte de graisse dans les cuisses est bien plus difficile, et le résultat ne peut clairement pas être garanti. C est un bon outil marketing, mais le patient risque de voir ses attentes déçues.» Mésothérapie C est une technique vieille d un demi-siècle mais qui vit une renaissance. «Il s agit d injecter à l aide de seringues très minces des quantités minuscules de produits comme l acide hyaluronique ou d autres substances plus cosmétiques telles que des vitamines, explique Daniel Knutti. Personnellement, je pense que la mésothérapie profite moins des produits employés que des microblessures occasionnées par les seringues, car la réaction inflammatoire s accompagne d un petit effet rajeunissant. Mais l efficacité réelle de la méthode reste difficile à vraiment démontrer.» Utrasons et radiofréquence L idée de la technique Medi-Cube est simple: chauffer à 39-40 degrés la graisse souscutanée à l aide d ultrasons externes dans le but de détruire les cellules de graisse, qui sont ensuite métabolisées par le foie. «L intervention est sans douleur, commente Daniel Knutti, qui pratique le traitement. L effet est très faible mais la technologie est en pleine évolution.» Une autre technique appelée Thermage passe par des radiofréquences censées contracter le collagène sous-cutané, mais Jean-François Emeri se dit sceptique: «Les résultats pratiques ne me paraissent pas extraordinaires. Les patients que je vois et qui ont essayé ne sont guère convaincus.»

Interventions Attention au choix du médecin Qui ferait réparer sa voiture par un plombier et repeindre son salon par un coiffeur? C est pourtant exactement ce qui peut arriver en médecine esthétique: «On voit parfois un ophtalmologue proposer un raffermissement des paupières, un gynécologue évoquer une augmentation mammaire, un médecin de montagne effectuer une injection de Botox», avertit Jean-François Emeri, spécialiste à Lausanne et ancien président de la Société suisse de chirurgie plastique, reconstructive et esthétique (SSCPRE). Le problème est simple: légalement, n importe quel médecin a le droit d effectuer une opération de chirurgie ou de proposer un traitement esthétique. «Le titre de spécialiste en chirurgie plastique est protégé, mais pas l acte, explique Catherine Perrin, secrétaire générale de la SSCPRE. Notre premier conseil: vérifiez que votre médecin soit bien un spécialiste.» Mais le titre ne suffit pas. «C est le minimum, un élément de base. Il faut également s assurer que le médecin effectue régulièrement le geste dont vous avez besoin», poursuit Jean-François Emeri. «Un spécialiste pourrait très bien ne faire que des rhinoplasties et jamais de lifting», ajoute Stephan Hägeli, directeur d Acredis, une société privée installée à Zurich qui certifie les chirurgiens esthétiques et conseille les patients (en allemand pour des cabinets outre-sarine). Un peu perdus et mal informés, une majorité de patients finissent par chercher leur bonheur sur internet, poursuit Stephan Hägeli: «Au final, ils optent souvent pour le plus beau site web ou la photo du team la plus flatteuse. C est peut-être humain, mais ce n est pas un très bon critère.» Bref, le bouche à oreille reste un élément important. «N hésitez pas à aller demander une seconde opinion, ajoute Jean-François Emeri. C est gênant si elle diverge de la première, mais mieux vaut prendre le temps de discuter avant l opération. Après, il sera trop tard.»

Augmentation mammaire Lipostructure: de la graisse dans les seins Le 23 décembre 2011, le ministre français de la Santé recommandait le retrait des prothèses mammaires PIP, implantées chez quelque 30 000 Françaises. L histoire est sordide: depuis une dizaine d années, le fabricant français Poly Implant Prothèse utilisait de la silicone non pas de qualité médicale, mais industrielle. Malgré le scandale, la silicone reste l un des meilleurs produits pour les implants mammaires, note le médecin Jean-François Emeri. «Il y a eu un moratoire aux Etats- Unis entre 1992 et 2006 pour l augmentation mammaire mais, depuis, la qualité a fait d énormes progrès. L enveloppe est très résistante et le gel compact en silicone est très cohésif et ne s écoule pas en cas de rupture.» Utilisée normalement pour le visage, l injection d acide hyaluronique dans les seins a été interdite en Suisse et en France. «Cela donne du volume mais il y aura des kystes et des infections, c est couru d avance», commente le médecin. La nouveauté, c est la lipostructure à savoir l injection de graisse prélevée dans le ventre ou les cuisses pour être réinjectée dans les seins. Si l avantage est clair on évite une prothèse, les inconvénients sont sérieux. «De multiples opérations sont nécessaires afin d extraire suffisamment de graisse, explique le chirurgien Daniel Knutti. Et pour assurer de bons résultats, il faut d abord créer la place pour la graisse en portant plusieurs semaines une sorte de soutien-gorge aspirateur qui détend le tissu de la poitrine. Evidemment, c est contraignant.» De plus, les médecins ne peuvent entièrement exclure une interaction avec les tissus présents: «La graisse contient toujours une grande quantité de cellules souches qui peuvent stimuler la croissance d autres tissus, explique Jean-François Emeri. Cette technique est destinée à la reconstruction d un sein après une ablation ou à la réparation d une peau abîmée lors d un traitement de radiothérapie. Elle n est pas indiquée pour des jeunes filles.» L augmentation mammaire est très prisée et figure en deuxième position des opérations le plus souvent pratiquées par les femmes entre 20 et 40 ans, selon la société de conseil Acredis. «Nous voyons des femmes de plus en plus jeunes s intéresser à ce type d interventions, commente le directeur Stephan Hägeli. Mais il ne s agit pas que d augmentation: de nombreuses jeunes filles souffrent d une poitrine trop importante et

pensent également à la réduction mammaire.»