PRESENTATION DU MICRO-CREDIT EN RDP LAO ETUDE DE CAS D IFDP



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3e question : Qui crée la monnaie?

Transcription:

UNIVERSITE PARIS XII-VAL DE MARNE FACULTE D'ADMINISTRATION ET D ECHANGES INTERNATIONAUX ANNEE UNIVERSITAIRE 2006-2007 PRESENTATION DU MICRO-CREDIT EN RDP LAO ETUDE DE CAS D IFDP Mémoire pour le Master 1 Gestion de l Humanitaire et Développement des ONG Anolay VONGSOUTHI EXTRAIT Tuteur: Pierre-Henri CHALVIDAN Maître de stage: Christophe JACQMIN

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TABLE DES MATIERES Remerciements...Erreur! Signet non défini. Abréviations... 6 Table des tableaux et des figures... 7 Carte de la République Démocratique Populaire Lao...Erreur! Signet non défini. INTRODUCTION...Erreur! Signet non défini. CHAPITRE 1 : PRESENTATION DU PAYS...Erreur! Signet non défini. 1.1 Géographie... Erreur! Signet non défini. 1.2 Histoire... Erreur! Signet non défini. 1.3 Politique... Erreur! Signet non défini. 1.4 Population... Erreur! Signet non défini. 1.5 Economie... Erreur! Signet non défini. 1.5.1 Agriculture... Erreur! Signet non défini. 1.5.2 Industrie et service... Erreur! Signet non défini. 1.6 Aide humanitaire... Erreur! Signet non défini. 1.6.1 Les ONG et leurs actions au Laos... Erreur! Signet non défini. 1.6.2 Le Comité de Coopération avec le Laos... Erreur! Signet non défini. 1.6.2.1 Origine et mission...erreur! Signet non défini. 1.6.2.2 Structure et fonctionnement...erreur! Signet non défini. 1.6.2.3 Perspective d avenir...erreur! Signet non défini. 1.6.2.4 Les projets en cours de réalisation...erreur! Signet non défini. CHAPITRE 2 :L APPARITION DE LA MICROFINANCE SELON LA THEORIE CONTRACTUALISTE...Erreur! Signet non défini. 3

2.1 Fondement théorique de la microfinance... Erreur! Signet non défini. 2.1.1 Les limites de la théorie néoclassique... Erreur! Signet non défini. 2.1.2 La théorie de l agence... Erreur! Signet non défini. 2.2 Le rationnement du crédit ou la raison de l exclusion bancaire... Erreur! Signet non défini. 2.3 La mise en place de solutions alternatives... Erreur! Signet non défini. 2.3.1 Le secteur informel... Erreur! Signet non défini. 2.3.2 L intervention gouvernementale... Erreur! Signet non défini. 2.3.3 L émergence d un secteur financier semi-formel... Erreur! Signet non défini. 2.3.3.1 Les coopératives... Erreur! Signet non défini. 2.3.3.2 Les organisations non gouvernementales... Erreur! Signet non défini. 2.4 Deux courants de pensée en opposition... Erreur! Signet non défini. 2.4.1 L approche welfariste... Erreur! Signet non défini. 2.4.2 L approche institutionnaliste... Erreur! Signet non défini. 2.4.3 Le schisme de la microfinance... Erreur! Signet non défini. 2.5 Problèmes et enjeux... Erreur! Signet non défini. 2.5.1 La microfinance est-il un outil efficace de lutte contre la pauvreté?erreur! Signet non défini. 2.5.2 Le micro-crédit doit-il se privatiser et se commercialiser?... Erreur! Signet non défini. 2.6 Etat de la microfinance dans le monde... Erreur! Signet non défini. 2.6.1 Situation mondiale... Erreur! Signet non défini. 2.6.2 Situation régionale... Erreur! Signet non défini. CHAPITRE 3 : LE MICRO-CREDIT EN RDP LAO... 8 3.1 Le cadre réglementaire... 8 3.2 La fourniture des services de crédits... 10 3.2.1 Le secteur formel... 10 3.2.2 Le secteur semi formel... 15 3.2.2.1 Les initiatives en microfinance...16 3.2.2.2 Les fonds rotatifs...18 3.2.3 Le secteur informel... 19 3.3 Les bailleurs de fonds... 20 4

CHAPITRE 4 : ETUDE DE CAS IFDP... 22 4.1 Présentation de la zone d activité : le district de Phongsaly... 22 4.2 Le Système Financier du District de Phongsaly... 23 4.2.1 Des résultats encourageants... 24 4.2.2 Des problèmes de remboursement... 24 4.3 La création de l Institution Financière pour le Développement de Phongsaly... 26 4.3.1 Statut juridique... 26 4.3.2 Structure... 27 4.3.3 Fonctionnement... 30 4.4 Analyse de la structure IFDP... 34 4.4.1 Situation financière... 34 4.4.2 Analyse du personnel... 39 4.4.3 L expansion des activités vers le district de Boun Neua... 43 4.4.4 Un changement de statut à envisager... 46 Conclusion... 47 Annexe... 49 Bibliographie...Erreur! Signet non défini. 5

ABREVIATIONS AFD BAD BCEL BM BPA BoL CCL FMI GoL IFDP IMF LDB MCBR MFC MPDF NERI PDDP SOCB UFL Agence Française de Développement Banque Asiatique pour le Développement Banque pour le Commerce Extérieur Lao Banque Mondiale Banque pour la Promotion Agricole Bank of Lao Banque Centrale du Laos Comité de Coopération avec le Laos Fonds Monétaire International Gouvernement de la RDP Lao Government of Lao PDR Institution Financière de Développement de Phongsaly Institution de Microfinance Lao Development Bank Microfinance Capacity Building Research Recherche pour la construction de compétence en microfinance Micro-Finance Centre Mekong Private Sector Development Facility Fonds de développement du secteur privé du Mékong National Economic Research Institute Institut National dans la recherche économique Projet de Développement du District de Phongsaly State Owned Central Bank Banques sous contrôle des autorités Union des Femmes Lao 6

TABLE DES TABLEAUX ET FIGURES Tableau 1 : Quelques chiffres sur le Laos...Erreur! Signet non défini. Tableau 2 : ONG et projets par secteur d'activité...erreur! Signet non défini. Tableau 3 : Subventions obtenues auprès des bailleurs de fonds français (2002-2006)...Erreur! Signet non défini. Tableau 4 : Taux d intérêts annuels pratiqués dans le secteur formel en 2006...14 Tableau 5 : Portefeuille des SOCBs...14 Tableau 6 : Répartition des domaines d activité des banques (en %)...15 Tableau 7 : Quelques indicateurs socio-économiques du district de Phongsaly...23 Tableau 8 : Résultats du SFDP (1997-2002)...24 Tableau 9 : Evolution des indicateurs d activités du SFDP...25 Tableau 10 : Evolution de l efficacité administrative...37 Tableau 11 : Destination du prêt accordé par IFDP...39 Tableau 12 : Description du portefeuille pour chaque agent de crédit...42 Tableau 13 : Indicateur de l efficacité du personnel de terrain...43 Figure 1 : Organigramme interne du CCL...Erreur! Signet non défini. Figure 2 : Répartition régionale de l accès au micro-crédit...erreur! Signet non défini. Figure 4 : Rapport entre les revenus et les dépenses (en KN)...34 Figure 5 : Evolution mensuelle du nombre d emprunteurs...35 Figure 6 : Evolution de l encours de crédit (en KN)...35 Figure 7 : Prévision des résultats financiers sur la zone de Phongsaly et Boun Neua (KN)...44 Taux de change : 1US$ = 9500 KN 1 EURO = 12 500 KN 7

CHAPITRE 3 : LE MICRO-CREDIT EN RDP LAO Dans cette partie, nous présenterons les acteurs et les caractéristiques du marché du crédit afin de montrer les difficultés et les obstacles auxquels sont confrontés les diverses parties prenantes quant à l expansion de la microfinance au Laos. 3.1 Le cadre réglementaire Le cadre réglementaire lié à la microfinance n est pas encore finalisé du fait d une part, d un secteur qui n existe seulement que depuis une dizaine d années sur le territoire laotien et d autre part de la volonté récente des décideurs politiques d utiliser cet instrument dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement. Même si le cadre réglementaire n est pas encore défini, il existe actuellement trois types de législations concernant les activités de micro-crédit au Laos. : La réglementation No 2 datée du 19 novembre 1994 concerne les coopératives de crédit ; La réglementation sur les coopératives «pilote» d épargne et de crédit ; La réglementation No 10 datée du 22 juin 2005 concerne les IMF. La réglementation sur les coopératives de crédit est ancienne et nécessite des réajustements. Par ailleurs, la création d une loi sur les coopératives «pilote» de crédit et d épargne a fait naître une confusion avec les coopératives de crédit. Il aurait été (peut être) plus judicieux de les regrouper sous une seule loi. La réglementation No 10 sur les IMF différencie celles ayant la possibilité de capter l épargne publique de celles n ayant la possibilité d octroyer seulement des crédits. Mais le capital minimum requis pour les deux institutions est de 100 000 US$. 8

Ces dernières années, de nombreux efforts ont été fournis dans la mise en place d un cadre réglementaire et d une législation adaptée aux caractéristiques de la RDP Lao à travers le «Microfinance Capacity Building and Research Program» (MCBR) ou le programme pour la recherche et la construction des compétences en microfinance. Ce programme regroupe plusieurs institutions nationales : La première structure est née d une collaboration entre le NERI qui est le centre de recherche et de statistique nationale et le CPI (Committee for Planning and Investment). Son rôle est d identifier les méthodes appropriées au développement du secteur et de conseiller les diverses parties prenantes dans l établissement du cadre réglementaire. La deuxième structure impliquée est le «Rural and Micro Finance Committee» (RMFC), un comité interministériel piloté par la BoL et mis en place par le GoL en 2002. Ce comité a pour but de préparer une politique nationale et des plans d actions dans le but de développer un environnement capable d accompagner l expansion de la microfinance. Ce comité détient seulement un rôle consultatif et ne possède pas de pouvoir de décision. La création du comité a permis de voir émerger le «Rural and Microfinance Sector» (RMF), à savoir la première politique de grande envergure concernant la microfinance. Approuvé par la Banque Asiatique pour le Développement (BAD), la Banque Mondaile, et NERI-Concern Worlwide, l objectif de cette politique est de développer le secteur de manière «significative, diverse et pérenne». La politique RMF est axée autour de trois actions : Mettre en place une vision commune entre la politique du RMFC et celle du GoL ; Renforcer les initiatives et les IMF dans le but d assurer leur viabilité et leur contribution dans la réduction de la pauvreté (actuellement la majorité des initiatives ne sont pas viables financièrement) ; Développer un environnement politique susceptible d accompagner le développement des IMF d origine diverses (actuellement, la majorité des initiatives sont d origine publique). 9

Conscient qu il existe une demande largement insatisfaite, le MCBR a mis en place des études annuelles sur la situation de la microfinance au Laos. L objectif est de développer des données et informations utilisables et accessibles à toutes les structures impliquées dans ce secteur. Malgré ces initiatives et ces bonnes intentions, la situation actuelle montre qu il reste encore des efforts à fournir pour qu un réel consensus voit le jour. En effet, alors que le gouvernement s implique énormément dans la diffusion des bonnes pratiques pour une microfinance viable financièrement, celuici accordent toujours, de même que les agences internationales, des prêts à des taux d intérêts subventionnés à travers les fonds rotatifs et villageois ce qui empêche le développement de structures micro-financières ayant un objectif d autonomie. De plus, le refus du premier ministre en décembre 2005, d autoriser les investisseurs étrangers à prendre une participation au capital des IMFs vient accentuer la confusion sur la réelle volonté du gouvernement de promouvoir le secteur. 3.2 La fourniture des services de crédits 3.2.1 Le secteur formel Jusqu en 1988, la RDP Lao disposait d un système mono-bancaire où la Banque d Etat était la seule banque jouant le rôle à la fois de la Banque centrale et des banques commerciales, fournissant principalement les services suivants : supervision autour de la circulation de la monnaie, réception de l épargne et fourniture des crédits à court terme. Dans la continuité des NME en 1986, la RDP Lao, à l instar de son homologue vietnamien, créa en 1988 un système bancaire à deux niveaux afin de répondre à la libéralisation de son marché, en séparant les fonctions de régulation et les fonctions commerciales. Aujourd hui, le secteur bancaire laotien est actuellement en cours de restructuration et se décompose selon le schéma suivant : Bank of Lao (BoL) ou la Banque centrale du Laos est l organe de supervision et de régulation concernant toutes les activités bancaires ; 10

Trois banques étatiques ou SOCBs (State Owned Central Bank) : La Banque pour le Commerce Extérieur Lao (BCEL), Lao Development Bank (LDB), et la Banque pour la Promotion Agricole (BPA); Quatre banques privées ou JVCBs (Joint Venture Central Bank) : Vientiane Commercial Bank (VCB), Joint Development Bank (JDB), Phongsavanh Bank (PB) et Lao-Viet Bank (LVB). Celles-ci sont le fruit de plusieurs fusions-acquisitions. Six branches étrangères ou FCBs (Foreign Commercial Bank) : Bangkok Bank, Bank of Aduthaya, Krung Thai Bank, Siam Commercial Bank, Thai Military Bank (Thaïlande) et Public Bank (Malaisie). Les actifs totaux bancaires s élevaient fin 2003 à 507 millions US$ dont une majorité est contrôlé par les SOCBs (64 %). Malgré la présence de ces institutions formelles, le taux de pénétration bancaire s avère l un des plus faibles au monde avec seulement 0,8 filières pour 100 000 habitants, chiffre comparable à l Ouganda, Ethiopie ou Madagascar. Autre chiffre, seulement 7 % des ménages ruraux bénéficient d un accès au crédit. Cette situation s explique par le fait que les structures commerciales ne s intéressent ou n investissent guère dans l agriculture alors que ce secteur emploie 80 % de la population active. Les banques préfèrent alors placer leurs actifs dans d autres domaines d activités (voir tableau 6). La raison principalement donnée est que le retour sur investissement est faible comme en témoigne la prolifération des prêts non performants («non performant leasing») et que les risques liés au crédit dans ce secteur sont élevés. En effet, un audit mené en 2003 auprès de la LDB et la BCEL a révélé que les prêts non performants représentaient respectivement 85 % et 76 % de leurs portefeuilles. Banque pour la promotion agricole Crée en 1993 comme une banque publique de développement spécialisée dans l agriculture, la BPA a vocation de prendre à son compte la distribution de crédit dans le monde rural. Elle se concentre souvent sur des sous-secteurs et prête à des taux subventionnés (moins de 1 % par mois). Le secteur agricole laotien ne reçoit aucune subvention directe et il n y a pas de prix garantis. La BPA est donc le principal canal de subvention de l agriculture par le financement de la BoL, des fonds publics et de 11

l aide internationale. Son encours de crédit est supérieur a son encours de dépôts. Même si la structure ne fournit pas de chiffres, on estime qu environ 20 000 prêts sont actuellement accordés (entre 30 % et 40 % sont jugés non performants) pour 100 000 épargnants. Les emprunteurs sont en général réunis en groupe de caution solidaire afin de sécuriser le prêt en l absence de garanties matérielles solides. Malgré cette mesure, on dénonce toujours l insuffisance des capacités de gestion dans la sélection des emprunteurs et des groupes de caution solidaire qui conçoivent toujours le prêt comme un don du fait d une pression au remboursement faible. On évalue également son actif total a 40 millions US$ dont 30 millions destinés au crédit. Supervisée par la BoL et fortement contrôlée par le GoL, la BPA est en cours de restructuration et de recapitalisation. La Banque pour le Commerce Extérieur Lao La BCEL est la plus banque la plus importante en RDP Lao. Crée en 1975, la structure a transformé ses services pour les orienter exclusivement vers le secteur commercial en 1989. Fin 2003, ses actifs représentaient 160 millions US$ pour 201 millions en dépôts et 99 millions US$ en crédit dont 85 % de NPL. La BCEL est le plus grand fournisseur de fonds concernant les activités commerciales au Laos. Lao Development Bank Cette structure est le résultat d une fusion entre deux SOCBs (Lao May Bank et Lanexang Bank) réalisées en 2003. Disposant d un personnel de 860 personnes, son volume d activité est inférieur à la BCEL. En 2004, la banque disposait d un actif total de 94 millions US$. 22 millions étaient destinés à des prêts dont 76 % était non performants. Les JVCBs et les FCBs possèdent une structure et des parts de marché assez faible en raison de la domination des SOCBs. Réseau Les SOCBs sont les plus présentes sur le territoire de la RDP Lao : La BPA détient le plus grand réseau par la présence de structures locales dans chacune des 17 capitales provinciales et d environ 55 bureaux repartis sur les 141 districts. La LDB détient à peu près le même réseau que la BPA mais celui-ci a tendance ces dernières années à se restreindre du fait de la fermeture de quelques guichets au niveau district (au nombre actuellement de 29). La BCEL ne considère pas la population rurale comme ses 12

clients de base. C est pourquoi elle dispose seulement de six filières situées dans les villes à forte densité comme Champassak, Khammouane, Luang Namtha, Luang Prabang, Oudomxay, et Savannakhet. Quant aux JCVBs et FCBs, elles ont un réseau de distribution très limité avec seulement quelques branches à Savannakhet et Champassak. D une manière générale, la population urbaine bénéficie d un meilleur accès aux services financiers car toutes les banques disposent d au moins une branche dans chacune des capitales provinciales. Taux d intérêt et caractéristiques des crédits accordés Le tableau 4 nous montre les taux d intérêts pratiqués en fonction de chaque secteur pour chacune des banques. Les JVCBs et les FCBs fixent en général leur taux en se basant sur ceux pratiqués au niveau international en le faisant fluctuer en fonction de la solvabilité de l emprunteur, du risque d inflation du kip et des coûts administratifs. On peut noter que le taux d intérêt est en moyenne de l ordre de 25 %. Les SOCBs fixent en général des taux légèrement en dessous de ceux pratiqués par les JVCBs et les FCBs. Les banques Etatiques font varier leur taux en fonction du secteur dans lequel le crédit est demandé plutôt que sur les risques liés à l emprunt ce qui par conséquent ne reflète pas les risques de transaction liés au prix. Ceci peut entraîner par la suite de nombreux NPLs. Les crédits accordés par les SOCBs sont généralement à court terme, étant donné le niveau actuellement faible de la monnaie locale (le kip) par rapport au dollar (ce qui amène parfois des énormes liasses de billets) et d un risque plus élevé à long terme. En accord avec les directives gouvernementales, la BPA continue de pratiquer ses taux d intérêts subventionnés à destination du secteur primaire même si on assiste à un changement dans la mesure où les taux commencent à être fixés en fonction du marché. 13

Tableau 1 : Taux d intérêts annuels pratiqués dans le secteur formel en 2006 Banque Secteur Court Terme Moyen et Long terme BCEL Agriculture 19 22 Industrie 22 24 Services 25 27 LDB BPA Agriculture 19 22 Industrie 22 24 Services 24 26 Agriculture 12 7-20 Industrie 30 - Services 30 - JVCB - 26 26 FCB - 23 24 Source:BAD, 2006 Comme le montre le tableau 5, le nombre d emprunteurs est inversement proportionnel à la taille des portefeuilles de crédits. Ainsi, la BCEL dispose du plus grand portefeuille de prêts (78 millions US$) et en même temps du plus faible nombre d emprunteurs avec des montants accordés largement supérieurs à ceux accordés par la LDB ou la BPA. Cette dernière, concentrant le plus grand nombre d emprunteurs, se voit dans l obligation d accorder des sommes en fonction de leurs fonds disponibles. Tableau 2 : Portefeuille des SOCBs BCEL LDB BPA Nombre d'emprunteurs 556 5 246 86 886 Montant total des prêts en cours (million US$) 78 23 22 Montant moyen emprunté (US$) 140 116 4 357 262 Source : BAD, 2006 Sur un autre plan, les trois SOCB (BCEL, LDB et BPA) sont les principaux acteurs sur les domaines d activités du tableau 6 qui montre la part d investissement pour chacune des banques. D un coté, la BPA est le principal fournisseur de crédit dans le domaine agricole en totalisant 66% des prêts accordés. De l autre, la BCEL est le principal acteur dans l industrie (53 %), le commerce (41 %) et 14

l artisanat (62 %). De son coté, la LDB ne joue pas les premiers rôles mais dispose d un portefeuille plus diversifié avec une préférence pour l artisanat (23 %). Les JVCB et les FCB développent essentiellement leurs activités dans un souci d échanges industriels et commerciaux (respectivement 45 % et 34 %) avec les pays voisins, notamment la Thaïlande. Tableau 3 : Répartition des domaines d activité des banques (en %) Agriculture Industrie Commerce Artisanat SOCB 96 55 66 90 dont BCEL 21 50 41 62 LDB 9 4 18 23 BPA 66 1 7 5 JVCB 3 6 23 3 FCB 1 39 11 7 Source : BAD, 2006 En résumé, on peut dire que le secteur bancaire formel ne dessert en général que les zones à forte densité de densité de population et délaisse les zones rurales. Ceci peut s expliquer par le fait que ces zones sont jugées non rentables, plus risquées et surtout ne répondant pas aux besoins d une population en majorité agricole. La faible présence des banques étatiques dans les zones à faible densité accentue un peu plus cette situation et retarde les objectifs fixés par le GoL. Par ailleurs, la restructuration de la BPA, seul banque à accorder des micro-crédits en zone rurale, empêche actuellement l accès à une grande partie de la population exclue du système bancaire. Dès lors, de nombreuses structures ou institutions ont entrepris de prendre le relais de la BPA en s implantant dans plusieurs régions reculées du Laos. 3.2.2 Le secteur semi formel Remarque : Pour des raisons pratiques, nous ne présenterons que les structures les plus importantes et les plus connues (pour plus de renseignements, se référer à l annexe 2 et 3). 15

3.2.2.1 Les initiatives en microfinance Coopérative de Crédit de Soutien aux Petites Unités de Production (CCSP) Ce réseau, qui a été crée en 1996 sur l initiative d un groupe d entrepreneurs laotiens, est la seule coopérative enregistrée sous l autorité de la Banque centrale. Composée de 13 coopératives réparties dans 9 provinces1, le réseau fournit des services micro-financiers dans le domaine de l agriculture, l artisanat ou les services. Le réseau des CCSP a été appuyé à l origine par deux organismes internationaux : Alterfin (Belgique) et la SIDI (Solidarité Internationale pour le Développement de l Investissement). Ceux-ci sont cofondateur du Fonds Coopératif (FC), une institution de refinancement et d assistance technique des CCSP crée en janvier 2002 avec la participation des coopératives et de quelques petites entreprises lao. Le FC est enregistrée comme une société à responsabilité limitée En 2005, les 13 CCSPs et les quatre entreprises laotiennes détenaient 52 % du capital. Les 48 % restants sont détenus par SIDI, Alterfin, Rabobank et DGRV pour un capital total de 500 000 US$. 1 627 membres sont recensés et 1 057 prêts sont en cours dans 167 villages. Les 13 CCSPs emploient 31 personnes à plein temps. Le taux d intérêt pratiqué était de 41 % par an soit 3,4 % par mois. Rural Development Cooperative (RDC) Formée par un ancien cadre de la BPA, les activités de la RDC ont commencé en août 2001 avec le soutien du «Vientiane Municipal Development Fund» après la faillite de deux coopératives de crédit dans la zone de Vientiane. Avec un capital de 365 000 US$, RDC développe ses services d épargne et de crédit pour environ 1 700 membres répartis dans 46 villages. La RDC offre deux types de prêts pour une durée maximum de 6 mois : Les membres se portant en groupe de caution solidaire peuvent se voir attribuer des prêts jusqu à 2 millions de kip. Les prêts individuels sont accordés de 2 à 10 millions de kip. Le taux d intérêt est le même dans les deux cas soit 5 % par mois. Concernant l épargne, le taux d intérêt annuel est de 9 % pour les dépôts accessibles ou «retirable» à tout moment ; Dans le cas d une épargne non accessible, le taux d intérêt varie en 1 Luangprabang, Vientiane et la Municipalité de Vientiane, Xiengkhouang, Saravane, Attapeu, Sékong, Champassak et Savannakhet 16

fonction de la durée : 11 % pour 3 mois, 13 % pour 6 mois et 15 % pour 12 mois. La RDC est sous la surveillance de son conseil d administration qui est composé de cinq personnes, dispose de 8 employés et rémunère le chef de village à hauteur de 2 % du prêt (une personne doit avoir l accord du chef de son village avant de devenir membre). Savings & Credit Unions (SCUs) Elles sont le fruit d un programme nommé «Credit Union Pilot Project» dont l objectif est d élargir les services financiers vers les plus pauvres, et d institutionnaliser le mode de fonctionnement des SCUs. Trois coopératives d épargne et de crédits ont été crée en 2004 à Vientiane, Luangprabang et Savannakhet sous l impulsion de la BAD. Rassemblant au total 1 567 membres2, les trois SCUs dispose en moyenne d un encours de crédit entre 25 000 et 30 000 US$ avec un taux d arriéré d environ 30 %. Ekphatthana Microfinance Institution (EMI) Crée par 11 investisseurs locaux, EMI est la première institution de microfinance disposant d une licence sous la nouvelle réglementation du 22 juin 2005. D une durée maximum d un an pour un taux d intérêt de 4 %, les prêts sont de type individuel (montant maximum de 150 US$) et collectifs (montant entre 150 US$ et 500 US$). EMI accorde également des prêts pour les PME (entre 500 US$ et 1 000 US$) ainsi que pour les autres institutions financières semi-formelles en manque de capital. Les produits d épargne viennent compléter les offres de crédits, ceux-ci se concentrant actuellement autour des zones urbaines de Savannakhet et Paksé. Le projet Microfinance Ce projet lancé en 1997 pour une durée de 5 ans était l une des premières initiatives au Laos. Financé à l époque par le gouvernement lao, le PNUD et le Fonds d Equipement des Nations Unies (FENU), le projet a consisté dans la création de 3 structures, dont deux destinées à la population rurale (Oudomxay 2 Rural & Micro-Finance in the Lao PDR and possible areas for German Technical Assistance Support, 2006 17

au nord-ouest et Sayabouri à l ouest) et l une plutôt à la population urbaine (Vientiane), ceci étant complétées par la création de centre de formation et d assistance (Microfinance Training Centre). Les organisations internationales se sont retirées en 2002 du fait d une divergence de point de vue avec les autorités nationales, notamment concernant l application du taux d intérêt. Aujourd hui, le projet continue sous la supervision du Ministère des Finances. Les trois structures de micro-crédit gèrent au total 3 000 membres en appliquant un taux de 4 % par mois. 3.2.2.2 Les fonds rotatifs Plus de 35 ONG (Care international, German Agro Action, Oxfam Belgique ) et quelques agences bilatérales et multilatérales de développement (Union Européenne, GTZ, Lao Luxembourg Development ) ont crée de nombreux projets micro-crédit par l installation de fonds rotatifs qui prennent la forme de prêts en nature ou de prêts en espèces. Les prêts en nature consistent dans le prêt d animaux pendant une durée limitée pour les aider à améliorer leur production. Ces prêts sont généralement remboursés en liquide une fois que les villageois auront réussi à dégager une marge de bénéfice suffisante. Ces prêts en nature prennent souvent la forme de banque animale ou banque de riz. A l inverse, les prêts en espèces consistent à octroyer des crédits à des taux d intérêts très faibles pour une population se situant en dessous du seuil de pauvreté. D une manière générale, ces fonds rotatifs dont la viabilité et la pérennité n est pas l objectif principal, se situent surtout dans les zones rurales isolées afin de répondre à une demande qui n est actuellement pas satisfaite par les banques étatiques, les coopératives ou les IMF. On dénombre environ 1 600 fonds rotatifs répartis sur le territoire laotien. L UFL est souvent sollicitée comme intermédiaire par les organisations internationales pour mener à bien ces fonds rotatifs du fait de leur implantation et de leur influence au niveau du district, de la province et du gouvernement dont elle est l un des partenaires. 18

3.2.3 Le secteur informel Selon une étude réalisée par la BAD, 61% des prêts sont réalisés par les ménages les plus riches à destination de leurs familles et amis. Les 34 % restants sont le fait des tontines ou des usuriers. Les tontines Plus connue sous le nom de Lin Houay ou Lin Ngeun, ces formes de prêts commencent à se répandre dans les zones urbaines, souvent près des marchés. Les membres participant à ces fonds sont en général au nombre de 30. La rotation est journalière (1 US$), hebdomadaire (200 US$) ou mensuelle (400 US$). Les fonds sont attribués à chaque tour. Le premier tour est obligatoirement réservé à l organisateur. Au-delà du premier tour, le participant qui propose l'enchère la plus élevée remporte le second tour et ainsi de suite. Le montant de la levée est la même pour tous, alors que celui des mises diffère selon l'ordre de la levée. Ainsi, plus tôt est la levée et plus long sont les remboursements. Le montant obtenu s élève en moyenne à 941 US$. Les usuriers En raison des prêts accordés à des taux d intérêts élevés, les usuriers sont peu nombreux et ne bénéficient pas d une grande cote de popularité envers les emprunteurs. Les prêts sont en général de courte durée (environ cinq mois) et soumis à un contrat et garantie entre les deux parties. Les taux d intérêts maximums pratiqués sont en général de 30 % par mois. Cependant on constate que ces taux se situent en moyenne autour de 12 %. Les ménages Ceux-ci sont en général des ménages plus aisés que la moyenne. Ces personnes accordent des prêts essentiellement à des membres de leurs familles ou à des amis proches. Ces prêts peuvent s étaler sur une durée de deux ans mais on constate que ceux-ci tournent autour de quatre mois. Les taux d intérêts appliqués sont d environ 4 % par mois soit trois fois moins que les taux appliqués par les usuriers. 19

3.3 Les bailleurs de fonds La BAD est le principal bailleur de fonds concernant la microfinance au Laos. La banque assure le principal rôle concernant la restructuration des SOCBs et la promotion du micro-crédit depuis 1998. Cependant, ces programmes sont actuellement en suspens depuis mi-2004 du fait du refus du GOL concernant les réformes à adopter pour l attribution des fonds (voir annexe 4, 5 et 6). L Union Européenne s investit principalement dans la formation et le développement des compétences bancaires pour la BoL et les SoCBs. L agence internationale a dépensé plus de 3,5 millions euros pour des résultats assez mitigés. MPDF, un programme regroupant de nombreuses agences internationales et géré par une filiale de la Banque Mondiale, dispose d expériences antérieures par des formations en microfinance au Vietnam et au Cambodge soit des pays culturellement et économiquement proches. L organisation a notamment fourni son appui technique au réseau des CCSP. MPDF apporte actuellement son soutien au développement de la microfinance au Laos à travers la mise à disposition de ses ressources financières destinées à la structure d appui technique MFC. L AFD a fourni ses efforts pour le développement de la microfinance notamment au travers du PDDP (par l intermédiaire du SFDP) et par le projet de développement rural des quatre districts de Sayabouri (au sud du Laos). Ces deux projets furent réalisés par le CCL. L AFD se distingue par deux approches qui pourraient jouer un rôle important dans l émergence des IMFs. En effet, le plus grand bailleur de fonds français garantit d une part le programme ARI (Assurance pour le Risque des Investissements) qui facilite l accès des IMF aux prêts des banques étatiques (à hauteur de 50 % du crédit). D autre part, l AFD finance la structure PROPARCO qui investit dans les entreprises privées incluant les IMF comme il le fait avec AMRET, la plus grande IMF du Cambodge. L ONG Concern Worlwide est un acteur incontournable dans le domaine du micro-crédit au Laos En effet, elle joue un rôle d assistance et de conseil technique à travers le projet «MF Capacity Building & Research Programme» en collaboration avec le NERI. Le projet s est terminé en juin 2007 mais une extension du partenariat a été prévue. Depuis 2003, ses principales activités sont : Réaliser une étude annuelle sur la microfinance. 20