189 405,00 Durée du projet 36 mois SOMMAIRE

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Transcription:

PROGRAMME BLANC EDITION 2009 LocNatPol DOCUMENT DE SOUMISSION B Acronyme LocNatPol Titre du projet en français Titre du projet en anglais CSD principale CSD secondaire (si interdisciplinarité) Logiques locales, logiques nationales : mutations politiques dans trois pays dits mélanésiens The local and the national: political transformations in three Melanesian countries 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Aide totale demandée 189 405,00 Durée du projet 36 mois SOMMAIRE 1. CONTEXTE ET POSITIONNEMENT DU PROJET / CONTEXT AND POSITIONNING OF THE PROPOSAL 3 2. DESCRIPTION SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE / SCIENTIFIC AND TECHNICAL DESCRIPTION 5 2.1. État de l'art / Background, state of the art 5 2.1.1 Le contexte au Vanuatu... 5 2.1.2 Le contexte à Fidji... 6 2.1.3 Le contexte en Nouvelle-Calédonie... 6 2.2. Objectifs et caractère ambitieux/novateur du projet / Rationale highlighting the originality and novelty of the proposal 7 2.2.1 Une problématique de travail renouvelée et complexifiée... 7 2.2.2 La répartition géographique et la nécessité comparative... 8 2.2.3 Le dialogue interdisciplinaire... 8 3. PROGRAMME SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE, ORGANISATION DU PROJET / SCIENTIFIC AND TECHNICAL PROGRAMME, PROJECT MANAGEMENT 9 3.1. Programme scientifique et structuration du projet / scientific programme, specific aims of the proposal 9 3.1.1 Pré-phase (2008-2009)... 9 3.1.2 Phase 1 : Le recueil des données (2010-2011)... 9 3.1.3 Mi-parcours (2011)... 10 3.1.4 Phase 2 (2012)... 10 3.2. Coordination du projet / project management 11 3.3. Description des travaux par tâche / detailed description of the work organised by tasks 13 Résumé des Tâches et Responsabilités... 13 3.3.1 Tâche 0 / task 0 : Coordination... 14 3.3.2 Tâche 1 / task 1 : Volet Vanuatu... 14 3.3.3 Tâche 2 / task 2 : Volet Fidji... 18 3.3.4 Tâche 3 / task 3 : Volet Nouvelle-Calédonie... 22 3.3.5 Tâche 4 / task 4 : Volet Histoire politique... 24 1/63

3.4. Calendrier des tâches, livrables et jalons / planning of tasks, deliverables and milestones 27 4. STRATÉGIE DE VALORISATION DES RÉSULTATS ET MODE DE PROTECTION ET D EXPLOITATION DES RÉSULTATS / DATA MANAGEMENT, DATA SHARING, INTELLECTUAL PROPERTY AND RESULTS EXPLOITATION 28 5. ORGANISATION DU PARTENARIAT / CONSORTIUM ORGANISATION AND DESCRIPTION 30 5.1. Description, adéquation et complémentarité des partenaires / relevance and complementarity of the partners within the consortium 30 5.2. Qualification du coordinateur du projet / qualification of the project coordinator 32 5.3. Qualification, rôle et implication des participants / contribution and qualification od each project particpant 32 6. JUSTIFICATION SCIENTIFIQUE DES MOYENS DEMANDÉS / SCIENTIFIC JUSTIFICATION OF REQUESTED BUDGET 34 6.1. Partenaire 1 / partner 1 : CREDO Marseille, responsable L. Dousset (coordinateur général) / S. Pauwels (coordinatrice CREDO) 34 Équipement / Equipment 34 Personnel / Staff 34 Prestation de service externe / Subcontracting 34 Missions / Missions 34 Dépenses justifiées sur une procédure de facturation interne / Internal expenses 35 Autres dépenses de fonctionnement / Other expenses 35 6.2. Partenaire 2 / partner 2 : CERCE Montpellier, responsable A. Babadzan 36 Équipement / Equipment 36 Personnel / Staff 36 Prestation de service externe / Subcontracting 36 Missions / Missions 36 Dépenses justifiées sur une procédure de facturation interne / Internal expenses 37 Autres dépenses de fonctionnement / Other expenses 37 6.3. Partenaire 3 / partner 3 : LCSE Strasbourg, responsable D. Monnerie 37 Équipement / Equipment 37 Personnel / Staff 37 Prestation de service externe / Subcontracting 38 Missions / Missions 38 Dépenses justifiées sur une procédure de facturation interne / Internal expenses 39 Autres dépenses de fonctionnement / Other expenses 39 7. ANNEXES 40 7.1. Références bibliographiques / references 40 7.2. Biographies / CV, Resume 48 7.2.1 DOUSSET, Laurent, 43 ans, masculin (Coordinateur du projet)... 48 7.2.2 ANDRE Véronique, 44 ans, féminin (Coordination administrative)... 49 7.2.3 BABADZAN, Alain, 56 ans, masculin (Responsable CERCE)... 50 7.2.4 MONNERIE, Denis, 61 ans, masculin (Responsable LCSE)... 51 7.2.5 PAUWELS, Simonne, 55 ans, féminin (Responsable CREDO)... 52 7.2.6 TABANI, Marc, 41 ans, masculin... 53 7.2.7 BRUTTI, Lorenzo, 43 ans, masculin... 54 7.2.8 NOLET, Emilie, 31 ans, féminin... 55 7.2.9 ABONG, Marcellin, 36 ans, masculin... 56 7.2.10 FORSYTH, Miranda, 34 ans, féminin... 57 7.2.11 JOWITT, Anita, 35 ans, féminin... 58 7.2.12 PATERSON, Donald Edgar, 74 ans, masculin... 59 7.2.13 LINDENMANN, Peter, 34 ans, masculin... 60 7.2.14 LAUZE, Jacinthe, 28 ans, féminin... 61 7.2.15 COIGNARD, Aurélie, 25 ans, féminin... 61 7.2.16 GRAFF, Stéphanie, 27 ans, féminin... 62 7.3. Implication des personnes dans d autres contrats / involvement of project participants to other grants, contracts, etc 63

1. CONTEXTE ET POSITIONNEMENT DU PROJET / CONTEXT AND POSITIONNING OF THE PROPOSAL Longtemps perçues comme des «mondes reculés» et «hors du temps», les sociétés contemporaines du Pacifique se trouvent toutes, à des degrés divers, engagées dans un processus d accélération et d intensification des changements culturels. Les profondes mutations auxquelles elles sont confrontées ont amené leurs observateurs et commentateurs à repenser leurs perspectives épistémologiques et théoriques. Un thème central s est imposé : les politiques de la tradition et de l identité locale dans le contexte des édifications nationales. Ce contexte complexe ne se limite certes pas au Pacifique, mais les recherches en sciences sociales se sont souvent inspirées des événements, des pratiques et des structures culturelles de cette région, et en particulier de la Mélanésie, pour penser le rapport entre sociétés dites traditionnelles et mécanismes de la globalisation. Les recherches sur la «Kastom» (la coutume en Pidjin-English) et les «Néo-ritualisations» furent particulièrement intéressantes et fructueuses à cet égard. De nombreuses (re)formulations des identités locales et nationales qui s affrontent, ou tentent de s accommoder aux constructions démocratiques imposées par l Occident furent observées et analysées dans diverses perspectives théoriques (constructionisme, primordialisme, post-modernisme etc.). Maintes fois, ces reformulations se sont mises en place par le biais de la réinterprétation ou de l invention de pratiques ritualisées ou encore par le biais d arrangements peu transparents entre formes locales et nationales du pouvoir. Les stratégies individuelles prennent, dans ce contexte, toute leur ampleur sociale. Toutefois, ces études n ont pas permis de cerner complètement les difficultés qu éprouvent les pays du Pacifique à se construire en tant que nations démocratiques, car elles se sont intéressées à la nature même de la «Kastom» ou de ces «Néo-ritualisations», négligeant les dynamiques locales dont elles sont issues et qu elles alimentent à leur tour. Les mutations et transformations liées à des changements sociaux drastiques sont interprétées négativement comme témoignage d instabilités culturelles et politiques au lieu d être analysées comme des dialectiques constructives. Notre projet se propose, à l instar de nos collègues anglo-saxons, de rouvrir ce chantier crucial à la fois pour les sciences sociales et les pays du Pacifique euxmêmes. Nous posons toutefois une hypothèse nouvelle. Les évènements associés à la mise en place des États démocratiques sous la pression des États occidentaux du Pacifique (Australie, Nouvelle Zélande, USA et Nouvelle Calédonie) ne peuvent être compris si la recherche ne s oriente pas vers l étude de la dynamique engendrée par le dialogue entre les formes locales du pouvoir et leur représentativité au niveau national. Il ne s agit donc pas d étudier la construction des Etats-Nations mélanésiens en tant que tels, mais d analyser les mécanismes, les motivations et les stratégies locales (et parfois individuelles) qui œuvrent dans la mise en place d un dialogue, pour ne pas dire un conflit, entre des représentations locales et des représentations nationales des identités. Ainsi, nous pensons que dans le contexte de la construction des Etats-nations, la relation dialectique entre le local et le national peut être corrélée à des modes d expression, de construction et de transformation des relations de hiérarchie au niveau local. L étude de la revitalisation des coutumes dans le contexte de la fabrication d un tissu national n est pas une problématique nouvelle. Mais ces études (cf. 2.1 Etat de l art) se sont largement heurtées à une analyse qui place l authenticité culturelle au centre des intérêts. Ces coutumes, mises en scènes comme des particularités identitaires locales et parfois revendiquées comme un principe tangible d adhésion nationale sont-elles véritablement traditionnelles et authentiques, sont-elles des transformations et adaptations de pratiques et structures traditionnelles, ou sont-elles totalement inventées (e.g. Babadzan 2000 & 1988, Friedman 1992, 1993 & 2002, Hanson 1989, Hobsbawn & Ranger 1983, Jolly & Thomas 1992, Keesing

1989, Meijl 1996 etc.)? Tout en intégrant leurs avancées significatives, nous nous démarquons de ces approches. Les notions d «authenticité culturelle», de «culture / kastom» ou de «tradition» sont, dans le contexte de ce projet, des particularités d un discours qui est un élément intégré et important du corpus de notre analyse. Elles semblent être des cristallisations qui émergent dans le contexte de stratégies locales souvent politiques et portées par des principes de hiérarchisations internes. Une version de ce projet fut présentée lors du dernier appel à projets «Blancs». Malgré les nombreux point positifs soulignés par les rapporteurs, il ne fut pas retenu pour les raisons essentielles suivantes : problématique et méthodologie comparative pas suffisamment explicites. Ce document reprend ces points afin de répondre aux critiques. Notre problématique est maintenant davantage explicitée, comme nous venons de le montrer dans les paragraphes précédents. Ce que nous analyserons sont les stratégies locales (et non nationales) qui s expriment au sein de hiérarchies politiques locales (et non nationales) de cas particuliers qui œuvrent en vue de la «nationalisation» d identités locales (et non nationales), et ceci selon trois axes de recherche : les hiérarchies, stratégies et mécanismes politiques locaux qui engendrent les expressions, les logiques locales de nationalisation des expressions, et les contraintes exogènes qui pèsent localement sur ses expressions. La nation n est donc présente dans notre projet que sous forme d ambition ultime de ces stratégies. C est la manière dont ces ambitions s expriment et se fabriquent localement qui retiendra toute notre attention. Inclure l étude de la fabrication de l État-Nation à proprement parler, analyser les conséquences nationales de la mondialisation/globalisation ou de la décolonisation, ou encore se pencher sur les effets des nombreuses migrations qui caractérisent le Pacifique induirait indubitablement à un surdimensionnement, et donc à l infaisabilité du projet. Nos recherches doivent être considérées complémentaires à ces problématiques qui furent, en partie du moins, déjà enquêtées par d autres chercheurs et équipes. Abordons maintenant les raisons et les principes d un nécessaire comparatisme. Nous nous concentrons sur des cas particuliers au sein de trois pays ou territoires (Vanuatu, Fidji et Nouvelle Calédonie). Malgré des contextes historiques distincts et des situations géographiques distantes, nous posons l hypothèse que les stratégies de sélection des particularités locales avec l ambition de les «nationaliser» sont dans les trois situations comparables. Il est peut-être même possible de parler d un «mode mélanésien» d intégration nationale. Loin de chercher un compromis entre les diverses formes d expression culturelles, ou d inventer une ligne unificatrice dans laquelle toutes les expressions particulières pourraient s identifier, ce «mode mélanésien» viserait à juxtaposer, tel un patchwork, des expressions locales particulières qui restent entières mais décontextualisées au niveau national. Si cette hypothèse est vérifiée, la nation ne peut pas se construire par l excroissance et le dépassement des conditions locales, mais doit être conçue comme l agglomérat de réductions locales dans lesquelles le sentiment d appartenance national ne peut se retrouver que s il est représenté par un sentiment d appartenance et de reconnaissance locale. La nation n y peut être «Une» par et pour elle-même, elle n y est pas hybride non plus, mais elle disposerait de points d ancrage distinguables et reconnaissables d identités locales. L appel «Blanc» de l ANR a pour but «de donner une impulsion significative à des projets scientifiques ambitieux qui se positionnent favorablement dans la compétition internationale». L ouverture à l international de notre projet est indéniable, comme ce document le montrera. Il possède également un fort potentiel fédérateur des équipes françaises bien au delà des partenaires du projet. Notre projet est également ambitieux et «risqué» au sens positif du terme, car il s engage dans un comparatisme situationnel guidé par une hypothèse partagée et ambitieuse : la problématique est complexe mais claire et l étendue des données à recueillir, à comparer et à analyser est large, mais définie et délimitée.

2. DESCRIPTION SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE / SCIENTIFIC AND TECHNICAL DESCRIPTION 2.1. ÉTAT DE L'ART / BACKGROUND, STATE OF THE ART Le contexte et les enjeux scientifiques du projet que nous proposons furent présentés de manière explicite par Bronwen Douglas paru dans Ethnologies comparées (no. 6, 2003) revue éditée par Alain Babadzan, partenaire du projet. Cet article sait tirer les conclusions des recherches antérieures dans le domaine qui nous intéresse tout en montrant où résident des faiblesses importantes. Les recherches entreprises sur le nationalisme en Mélanésie se sont concentrées sur l époque post-coloniale, principalement en raison de l absence hormis au Vanuatu de luttes anticoloniales violentes. Les indépendances furent ainsi largement concédées par les pouvoirs coloniaux plutôt que gagnées par la force, donnant naissance à des mouvements de construction nationale particuliers, souvent appuyés sur des phénomènes religieux exogènes tels que les mouvements millénaristes. Les chercheurs qui ont étudié cette indigénisation de l idée de «nation» ont été sceptiques à l égard des cultures nationales fabriquées (Babadzan 1988 & 2000, Keesing 1989, Lindstrom 1982, Philibert 1986, Tonkinson 1982). D autres ont recueilli les récits qui accompagnent ces processus de construction nationale (Foster 1995, Otto & Thomas 1997) et souligné le caractère ténu et incomplet des cultures nationales en Mélanésie. Comme l écrit Douglas, «certains auteurs remettent en question la viabilité ou même le besoin d'état dans ces régions, compte tenu de l'intégrité politique et économique des communautés locales, de leur indépendance et de leur potentiel à traiter directement avec le marché mondial pour satisfaire des besoins limités (Clark 1997; Foster 1995; Jacobsen 1995; Kelly 1995:263-265; Otto & Thomas 1997)». En d autres termes, les questions sur la nature même de l idée de «nation» restent entières en Mélanésie, car les chercheurs n ont pas su, ou pas pu, collaborer étroitement sur des problématiques identiques. Même si «la Mélanésie est la région la plus diverse du monde, les ingrédients du nationalisme y sont paradoxalement partout les mêmes : de la Papouasie Nouvelle-Guinée à Fidji, les fondateurs des nations nouvelles ont tous invoqué les deux motifs de la coutume (ou de la tradition) et du christianisme pour chercher à dépasser les divisions internes et la diversité de ces pays. En Mélanésie, si la coutume sert de symbole pour exprimer l'unité et l'identité nationales, c est partout de manière ambivalente parce que la coutume est toujours locale», comme l explique Douglas (voir aussi Babadzan 1999, Decker de 1995, Haley 2008, Maas 1994, McLeod 2008, Lindstrom & White 1995). Evoquons maintenant les contextes de chacune des situations abordées dans ce projet. Veuillez noter que, faute de place, nous avons regroupé les renvois vers les références bibliographiques en fin de paragraphe. 2.1.1 LE CONTEXTE AU VANUATU L anthropologie du fait politique local dans une société non sécularisée, sans communauté de culture ni sentiment d intégration à l échelle nationale, où les pratiques électorales semblent détachées de toute conscience démocratique, se doit d être doublée d une approche relevant de la sociologie des religions. Le Vanuatu est particulièrement intéressant dans le cadre de notre problématique car on y rencontre des situations où les mêmes phénomènes religieux ont eu des effets politiques divers et où les stratégies locales et individuelles sont particulièrement difficiles à interpréter lorsqu elles s expriment au niveau national. La base de travail de notre projet est constituée de l étude de trois cas: les îles de Tanna, d Ambrym et de Santo. Des dizaines d Églises ou autres mouvements religieux d inspiration pentecôtiste ou fondamentalistes, aux messages millénaristes plus ou moins fortement accentués, y assument une part déterminante du contrôle social. Cette situation impose notamment de mesurer leur rôle dans les pressions que subissent les survivances précoloniales et les systèmes de croyances syncrétiques dans le contexte d une vaste entreprise de re-christianisation, dont la tendance dominante est de rejeter les anciennes formes d adaptation au christianisme. A Port-Vila, la capitale du pays, un des angles d approche qui sera privilégié sera celui du

développement de la sorcellerie en milieu urbain. Dans les bidonvilles de cette agglomération, qui se répartissent selon l origine insulaire de leurs habitants, la plupart des tensions sociales entre communautés s expriment par le biais de pratiques magiques agressives et culturellement re-contextualisées. Garde-fou des animosités croissantes qui caractérisent les rivalités entre groupes les plus défavorisés, elles tendent à prendre la forme d oppositions ethniques violentes. Dans ce contexte, les relations entre les Mélanésiens et les nombreux immigrés australiens qui peuvent acquérir des terres se durcissent aujourd hui en même temps. (cf. Abong 2008, Allen 1981, Bolton 1998, Bonnemaison 2000, Facey 1995, Forsyth 2004, Huffer 1993, Jowitt 2005 & 2006, Kernot & Sakita 2008, Lamont 1982, Miles 1998, Mitchell 2000, Tabani 2002 & 2008, Trease 1995 etc.). 2.1.2 LE CONTEXTE A FIDJI Le cas de Fidji est distinct de celui du Vanuatu par l importance que semblent y occuper les chefferies traditionnelles. L héritage colonial le plus saillant de l État fidjien est sa composition multiraciale. Les Indiens ont été plus nombreux que les Fidjiens dit «autochtones» mais les chiffres du dernier recensement (2007) montrent une inversion de la tendance, inversion qui fut d abord attribuée à la forte émigration indienne et ensuite à une baisse de sa natalité. Nombreux sont les observateurs et les analystes qui ont interprété l attachement des Fidjiens à leurs «traditions» comme une réaction contre une éventuelle prise de pouvoir par les Indiens. C est oublier que des lois protègent les droits des Fidjiens depuis que certains chefs de l Est ont cédé le pays aux Anglais en 1874. En réalité, ces peurs semblent être attisées par les chefs traditionnels. Au moment de l indépendance, les chefs suprêmes de ces chefferies devinrent «naturellement» des leaders nationaux. Leur autorité «traditionnelle», c est-à-dire celle qui leur est conférée par leur statut traditionnel, savamment entretenue par le pouvoir colonial, les a désignés comme l élite nationale. Depuis, ces politiciens continuent à s appuyer sur le passé comme source légitime de leur pouvoir politique. Le Grand Conseil des Chefs se présente lui-même comme une «tradition», comme un lieu où s expriment des valeurs culturelles indigènes et traditionnelles, et omets de souligner qu il est de fabrication coloniale. A d autres moments, dans d autres contextes, par d autres personnes, ce Conseil, tout comme d autres institutions nationales, est présenté comme les produits d un impérialisme étranger. (cf. Bole 1992, Clammer 1973, Field et al 2005, Ghai & Cottrell 1990, Hashimoto 1989, Huffer 1993, Kaplan 1990 & 1995, Lal & Pretes 2001, Lal 2000 & 2008, Lawson 1991 & 1996, Mataitoga 1992, Nayacakalou 1975, Sahlins 1989, Scarr 1993, etc.) 2.1.3 LE CONTEXTE EN NOUVELLE-CALEDONIE La Nouvelle-Calédonie occupe une place très originale dans le cadre du développement des projets étatiques en Océanie. Celui-ci se caractérise par l'inscription dans un processus de transition, mis en place à partir de 1988 (Accords de Matignon) et succédant à une période d'affrontements violents ayant eu pour enjeu l'indépendance du pays sous direction kanak. Peu à peu, dans ce processus transitoire à forte légitimité car ratifié par référendum et prolongé par l'accord de Nouméa (1998), l'ancien Territoire d'outre Mer se transforme. Cependant, parce qu il ouvre, à moyen terme, vers un scrutin d'autodétermination, ce processus est marqué par deux incertitudes : celle concernant la forme que prendra l'état nation actuellement en gestation et celle ayant trait aux rapports externes que celui-ci entretiendra avec le monde extérieur en général, et la France en particulier. Dans ce processus transitoire, si les enjeux d'alliances politiques ou de construction de «signes identitaires» semblent occuper le devant de la scène, la question fondamentale est celle des rapports entre les populations kanak, autochtones, et les autres composantes de la population. Avec la récente montée en puissance de revendications juridiques et environnementales portées par des Kanak, culture et coutume prennent figure d'autorité aux plans interne et international et les développements de cette nouvelle donne commencent seulement à s'esquisser. Ce sont ces processus que nous cherchons à comprendre au travers de l étude de quelques cas particuliers et localisés. (cf. Bausinger-Garnier 2001, Bensa 1985, 1994 & 1999, Carteron 2008, Leblic 1993 & 2003, Lindenmann 2007, Monnerie 2005 & 2006, Muckle 2007, Naepels 1998, Néaoutyine 2006, Passa 2004, Sand et al. 2003, Ward & John 1989 etc.)

2.2. OBJECTIFS ET CARACTÈRE AMBITIEUX/NOVATEUR DU PROJET / RATIONALE HIGHLIGHTING THE ORIGINALITY AND NOVELTY OF THE PROPOSAL Les recherches proposées se fondent sur deux types de matériaux ayant chacun leur propre mode de traitement épistémologique et combinent des approches multiples. Les premiers types de matériaux seront recueillis dans des contextes particuliers locaux dans les trois pays/territoires mentionnés de la Mélanésie en suivant les trois axes de recherche (cf. 3. Description des travaux). Il ne s agit pas ici de comparer les trois pays dans leur globalité, mais d étudier des situations très particulières, avec chacune son propre passé et son propre potentiel d évolution. Il ne s agira pas d en déduire des principes de fonctionnement qui seraient à l œuvre dans chacun de ces trois pays dans leur globalité. L ambition est plus complexe et plus simple à la fois : les stratégies locales à Fidji, en particulier celles des chefs suprêmes étudiés, sont-elles comparables au stratégies retrouvées au Vanuatu où le facteur (néo-)religieux joue un rôle central dans la fabrication des contextes locaux, et sont-elles comparables à celles retrouvées en Nouvelle-Calédonie où la présence d un Etat-Nation constitué a des conséquences importantes sur l organisation de les stratégies de nationalisation de caractéristiques culturelles locales? Il s agit donc de comparer les logiques qui sous-tendent les stratégies différentielles locales dont l ambition est la nationalisation. Les seconds types de matériaux étudiés sont les archives dont l analyse nécessitera la mise en contexte historique et politique de leur production. Cet aspect de notre projet, complémentaire à l analyse des situations particulières, permettra de les insérer dans les contextes qui définissent leurs limites d existence et d expression. Pouvoir répondre à ces interrogations nécessite une triple approche. Tout d abord, l anthropologie qui permet de rassembler des données détaillées sur une situation considérée en un temps et lieu précis. Ensuite, l approche juridique qui s attache à définir les systèmes législatifs endogènes et exogènes, autrement dit les cadres dans lesquels les pratiques et conceptions locales se meuvent ou se heurtent. Enfin, l approche de l histoire politique, qui étudie le contexte historique à la fois endogène aux sociétés mélanésiennes qui feront l objet des études ethnographiques et exogène en les situant dans l espace d influence de l Australie et de la Nouvelle-Zélande. L originalité et l ambition de notre projet se situent à trois niveaux : une problématique renouvelée, une vision comparative et une approche interdisciplinaire. 2.2.1 UNE PROBLEMATIQUE DE TRAVAIL RENOUVELEE ET COMPLEXIFIEE L intérêt scientifique que notre projet a pour les expressions locales des formes de pouvoir en vue de la nationalisation de certains traits culturels n est pas à proprement parler novateur. Du côté de l anthropologie, il existe de nombreuses études sur la «Kastom», notion qui a fait l objet d abondantes discussions et publications. Toutefois, ces recherches visaient essentiellement à savoir si ces pratiques culturelles étaient «authentiques» et donc constituaient une adaptation en continuité avec la structure culturelle locale, ou, au contraire, si elles appartenaient au domaine de l invention (pour une discussion de ces positions, voir par exemple, Babadzan 2000 & 1988, Friedman 1992, Hobsbawn & Ranger 1983, Jolly & Thomas 1992, Keesing & Tonkinson 1982 etc.). Mais l anthropologie ne s est intéressée que de manière superficielle au rôle que la «Kastom» et les «Néo-ritualisations» occupent dans l interface entre représentations locales et nationales des formes de pouvoir et dans quelle mesure elles sont véhiculées par des stratégies locales, voire individuelles. Du côté de la politologie, les études s intéressent essentiellement à l édification des appareils étatiques et aux individus qui y occupent des rôles déterminants. Le politologue étudie les acteurs et leur mouvance au sein des dispositifs : leurs marges de manœuvre, leurs destins, leurs stratégies etc. Or, si, dans ces études, ces acteurs sont connus comme étant détenteurs d une représentativité et d un pouvoir qui s exerce au niveau local, elles ne s intéressent à eux que dans la mesure où leur champ d action s exerce au niveau national. Ces recherches ne mesurent pas toujours les caractères propres à chaque situation et ceci malgré les répercussions importantes que les dialogues local-national peuvent avoir sur l édification nationale. La politologie ne s est pas intéressée aux mécanismes locaux différentiels qui

octroient aux agents leur légitimité locale en vue de leur nationalisation (voir par exemple Ewins 1998, Lawson 1996 etc.). Inverser la logique de la politologie et complexifier celle de l anthropologie sociale pour les intégrer dans une nouvelle approche plus dynamique est une exigence à la fois pour l avancée des sciences sociales et humaines dans le domaine des théories de la politique culturelle, et pour une meilleure compréhension des mécanismes à l œuvre dans les trois pays/territoire concernés. Sans devoir trouver les moyens d un compromis entre identités locales et représentativité nationale dans les expressions culturelles des formes de pouvoir, il nous semble néanmoins nécessaire d en étudier et d en expliquer les dialectiques. Sans devoir «choisir» entre authenticité et invention, c est au contraire le dialogue entre ces deux concepts que nous privilégions dans nos recherches en nous concentrant sur les mécanismes qui sous-tendent les stratégies locales et individuelles en vue de la nationalisation des pratiques. 2.2.2 LA REPARTITION GEOGRAPHIQUE ET LA NECESSITE COMPARATIVE La seconde originalité de notre projet réside dans son ambition comparative et dans le renforcement des collaborations déjà existantes entre les partenaires autour d une problématique bien ciblée et de terrains bien choisis, s articulant en trois axes de recherche : les stratégies et mécanismes politiques locaux, les logiques de nationalisation des expressions locales, et les contraintes exogènes limitant les expressions locales. La nécessité du comparatisme est indiscutable dans le contexte des édifications nationales. En effet, si, partout, l idéal recherché semble analogue («la nation démocratique»), les conditions particulières du cheminement pour l atteindre, et donc les moyens et stratégies mises en œuvre, ne sont que rarement identiques d une situation à l autre. Ce comparatisme entendons par ce terme la capacité à faire dialoguer la recherche autour de divers corpus de données tant dans le domaine épistémologique que théorique est particulièrement utile lorsque l opportunité se présente d analyser des situations dont la physionomie et les contextes historiques sont variés alors que les conditions de leur fabrication semblent similaires. Néanmoins, il ne s agit pas ici de dresser des comparaisons générales entre les trois pays mélanésiens choisis, et encore moins de dessiner une chronologie des causes et des effets, qui serait valable pour toute la Mélanésie, mais de confronter des situations de terrain particulières et d en analyser les mécanismes par le biais d une mise en perspective des différences. 2.2.3 LE DIALOGUE INTERDISCIPLINAIRE Enfin, la troisième originalité de ce projet réside dans son caractère interdisciplinaire. Notre projet fera travailler ensemble des anthropologues, des juristes et des historiens du politique. Si nous venons de remettre en question l approche de l anthropologie sociale ou celle de la politologie, c est que nous sommes convaincus de la productivité de l inversion de leurs principes : ce n est pas l étude du niveau national et de ses effets sur le local, ni même les pratiques locales en vue de leur nationalisation seulement qui apporteront des innovations scientifiques, mais c est la logique même de l interaction entre structures locales et structures nationales qui doit désormais constituer le noyau de la problématique, et ceci sans être limité par des questions sur l authenticité ou le caractère inventé d une pratique dite culturelle. Or, si cette problématique est relativement simple à conceptualiser, elle est aussi ambitieuse à mettre en place. En tout état de cause, elle ne peut faire l économie d un dialogue entre situations et contextes distincts, comme nous l avons vu ci-dessus, ni faire l économie d une collaboration interdisciplinaire. L approche anthropologique apportera les données ethnographiques nécessaires à la description de la diversité et des particularités de chaque situation. L approche juridique, quant à elle, jouera son rôle à un double niveau : l étude des particularités qui tendent à transformer des conceptions locales concurrentes en législations nationales, et l intégration de ces législations nationales au sein des limites posées par le droit international et les exigences des pays occidentaux du Pacifique. A quoi les stratégies locales se heurtent-elles? Enfin, l approche historique permettra de placer dans leurs contextes les recherches anthropologiques et juridiques selon une double logique : d abord celle de la mutation des systèmes politiques locaux, ensuite celle de l intégration de ces systèmes dans les processus d édification nationale.