PEM 2016 en spécialités: année faste pour la psychiatrie et misérable pour la radio-oncologie Par Denis Méthot le 26 janvier 2016 Les plans d effectifs médicaux (PEM) 2016 finalement publiés en janvier après des semaines d attente traduisent pleinement les déséquilibres et les inégalités qui se sont installés en médecine spécialisée au cours des années. Avec plus d une centaine de postes disponibles à travers la province, les finissants en psychiatrie, adulte et pédo-psychiatrique, ne devraient pas éprouver de difficultés à se trouver un emploi, sauf dans les grands centres. En revanche, les quelques diplômés en radiooncologie risquent de passer quelques nuits blanches devant le peu d ouvertures dans leur domaine. Dans l ensemble, quelque 735 postes sont proposés en spécialités en 2016, mais 320 d entre eux sont concentrés dans six des 35 spécialités: la psychiatrie (101), la gériatrie (62), la pédiatrie (43), la dermatologie (41), la médecine interne (36) et la radiologie diagnostique (36). À l opposé, à peine 40 postes sont offerts dans six autres disciplines, la radio-oncologie (2), la neurochirurgie (6), la gastro-entérologie (7), la médecine nucléaire (7), l ORL (9) et l endocrinologie (9). Ce n est pas la manne non plus en chirurgie orthopédique (11), obstétrique-gynécologie (12), génétique médicale (10), ophtalmologie (15) et cardiologie (16). Postes en régions éloignées Les finissants en spécialités avaient été prévenus par le ministre de la Santé Gaétan Barrette et le ministère de la Santé et des Services sociaux que s ils voulaient se trouver du travail à la fin de la formation, ils devraient aller s installer en région. Les PEM 2016 le confirme. Une grande partie des postes ont été attribués aux régions intermédiaires et éloignées. L Abitibi-Témiscamingue formera une grande terre d accueil cette année pour les anesthésiologistes, les anatomo-pathologistes, les spécialistes en médecine interne, les psychiatres et les spécialistes en radiologie diagnostique. Pour leur part, les psychiatres sont fortement en demande au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Outaouais et en Mauricie. La plupart des finissants qui espéraient entreprendre leur pratique dans les grands centres comme Montréal et Québec malgré le rétrécissement de ces deux marchés verront leurs
espoirs déçus. Les places libres y sont peu nombreuses, sauf pour des spécialités très en demande comme la gériatrie et la pédiatrie. Même les régions périphériques comme la Montérégie ont peu de postes à offrir. Le message des PEM 2016 est clair, l emploi en spécialités se trouve désormais dans les régions intermédiaires et éloignées. Moins de postes, plus de compétition La présidente de la Fédération des médecins résidents du Québec, la Dre Annie Trépanier, constate que les postes sont encore nombreux, mais que les choix s amenuisent pour les futurs diplômés en spécialités. Il y a de moins de moins de postes disponibles dans certaines disciplines et les finissants devront aller s installer de plus en plus loin en régions. «Ça devient de plus en plus difficile», a-t-elle commenté lors d une entrevue à ProfessionSanté.ca. Il y a de grandes inquiétudes chez les résidents, car moins il y a de postes, plus la compétition augmente. En plus, le contexte actuel fait en sorte que des finissants de certaines spécialités se font demander par des hôpitaux secondaires d aller faire un fellow afin d obtenir un poste alors qu au même moment, le ministère a émis des quotas de fellows par spécialités. Ça devient de plus en plus compliqué de se trouver un emploi dans certaines disciplines.» Comme d autres résidents, la Dre Trépanier constate que les centres hospitaliers situés en périphérie de la région montréalaise qui offraient dans le passé d intéressants débouchés ont peu de postes sous la main cette année, voire aucun. Dans les villes de Montréal et de Québec, les opportunités sont peu nombreuses, même en psychiatrie. Elle-même R5 dans cette discipline, la présidente de la FMRQ ne devrait pas s inquiéter, mais elle entreprendra une superspécialité en addiction (troubles d usage des substances), un champ qui devrait la destiner à pratiquer dans un grand centre comme Montréal. Elle est toutefois loin d être certaine de pouvoir y trouver un poste quand elle aura terminé sa formation. Pas de chômage à craindre L autre source d inquiétude chez les résidents vient du fait que le prochain plan quinquennal de plans d effectifs n est pas attendu avant l été, ce qui rend difficile la planification de carrière. Ils souhaitent que la publication de ce plan ne subisse pas de retard comme ce fut le cas des PEM 2016. Le ministère affirme que les étudiants en médecine au Québec ne doivent pas craindre le chômage, à condition toutefois qu ils acceptent d aller dans les régions où se trouve la demande. «Le ministre Gaétan Barrette m a assuré qu il y aurait de l emploi pour tous, dit la Dre Trépanier. J ose espérer que c est vrai, mais ce ne sera pas évident dans des spécialités comme la radio-oncologie où il y a seulement deux postes cette année. Est-ce que ce sera de plus en plus ardu les prochaines années? Dans les facultés et les hôpitaux, l ambiance est moins optimiste qu elle l était dans le passé chez les résidents.» Note au lecteur: Le tableau ci-dessous a été réalisé par ProfessionSanté.ca à partir des chiffres fournis par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Dans certaines spécialités, il inclut le volet pédiatrique. Ces données, qui peuvent varier de semaine en semaine, étaient à jour en date du 19 janvier. Nous avons indiqué les régions où deux postes et plus avaient été alloués.
Spécialistes PEM 2015 PEM 2016 Effectifs en place Postes vacants 2016 Allergie-immunologie 69 72 61 12 (Deux postes en Estrie, en Mauricie et en Chaudière-Appalaches) Anatomo-pathologie 239 243 224 23 (Trois postes sont disponibles en Abitibi et deux sur la Côte-Nord) Anesthésiologie 731 740 711 34 (Quatre postes disponibles en Abitibi-Témiscamingue et trois dans l Outaouais) Biochimie médicale 68 71 62 9 (Quatre postes disponibles en Montérégie et deux dans les Laurentides) Cardiologie 428 434 427 16 (Quatre postes disponibles à Montréal et deux en Mauricie) CCVT 49 50 51 2 (Quatre postes disponibles en Estrie et deux à Québec) Chirurgie générale 463 475 460 23 (Deux postes disponibles dans l Estrie et deux au nord de l île de Montréal) Chirurgie orthopédique 316 323 320 11 (Deux postes disponibles au nord de l île de Montréal) Chirurgie thoracique 29 30 26 4 Chirurgie vasculaire 51 51 49 4 Chirurgie plastique 133 132 117 17 (Deux postes dans le Bas-Laurent, en Mauricie et trois dans Lanaudière) Dermatologie 160 160 125 41 (Cinq postes dans les Laurentides, quatre dans Lanaudière et sept en Montérégie) Endocrinologie 157 161 154 9 (Quatre postes dans l Outaouais) Gastro-entérologie 245 250 248 7 (Aucune région ne s est vu octroyer plus d un poste) Génétique médicale 44 44 34 10 (Deux postes à Québec, en Estrie et à Montréal) Gériatrie 138 140 80 62 (Seize postes à Montréal, trois dans l Outaouais, cinq en Mauricie, six à Laval) Hématologie-onco. 276 283 269 20 (Trois en Chaudière-Appalaches et en Estrie, deux au Saguenay et Lanaudière) Médecine d urgence 152 156 144 22 (Trois dans Lanaudière et en Montérégie-est)
Médecine interne 507 530 500 36 (Quatre en Abitibi-Témiscamingue et trois en Montérégie-centre) Médecine nucléaire 112 113 107 7 (Deux postes offerts en Mauricie et à Québec) Microbiologie méd. 213 217 208 12 (Trois postes offerts en Outaouais et deux sur la Côte-Nord) Néphrologie 212 212 193 21 (Trois postes en Chaudière-Appalaches, deux dans Lanaudière et en Montérégie) Neuro-chirurgie 78 82 75 6 (Aucune région n obtient plus d un poste) Neurologie 265 272 255 21 (Deux postes disponibles en Gaspésie et en Montérégie-est) Obstétrique-gynécologie 459 467 474 12 (Trois postes au nord de l île de Montréal et deux dans les Laurentides) Ophtalmologie 288 291 285 15 (Deux postes dans l est de Montréal, au centre-ouest et deux sur la Côte-Nord) Oto-rhino-laryngologie 202 206 208 9 (Deux postes dans le Bas-St-Laurent) Pédiatrie (toutes) 534 543 511 43 (Quatre postes à Québec, en Mauricie, à Laval et sur la Côte-Nord, neuf à Montréal) Physiatrie 99 99 77 22 (Quatre postes dans Lanaudière, deux dans six régions différentes) Pneumologie 257 264 253 18 (Deux postes en Montérégie et en Outaouais et cinq à Montréal) Psychiatrie 1068 1068 984 101 (Douze postes au Saguenay et en Outaouais, onze en Mauricie, sept en Abitibi) Radiologie diagnos. 547 554 532 36 (Trois postes en Estrie, douze à Montréal, trois en Abitibi et quatre dans les Laurentides) Radio-oncologie 136 137 135 2 (Un à Montréal et le deuxième en Montérégie) Rhumatologie 111 114 101 16 (Deux au Saguenay, dans l Outaouais et en Abitibi et trois dans les Laurentides) Médecine commun. 130 184 184 13 (Deux au Saguenay et sur la Côte-Nord) Urologie 180 181 163 19 (Deux en Mauricie, sur la Côte-Nord et Lanaudière et sept à Montréal)
Total 9119 9349 8808 735 Source : ministère de la Santé et des Services sociaux, compilation par ProfessionSanté.ca Les spécialités offrant le plus grand nombre de postes en 2016 Psychiatrie : 101 Gériatrie : 62 Pédiatrie : 43 Dermatologie : 41 Médecine interne : 36 Radiologie diagnostique : 36 Les spécialités offrant le moins grand nombre de postes en 2016 (excluant CCVT) Radio-oncologie : 2 Neurochirurgie : 6 Gastro-entérologie : 7 Médecine nucléaire : 7 Endocrinologie : 9 ORL : 9