CHAPITRE 6 : L imputation rationnelle des charges fixes



Documents pareils
Analyse des coûts. 1 ère année DUT GEA, 2005/2006 Analyse des coûts

Formation PME Comptabilité analytique (ou comptabilité d exploitation)

DEFINTIONS ET FORMULES

Chapitre 2 Introduction aux objectifs des coûts. Pr. Zoubida SAMLAL-Doctorante en Risk Management MBA, CFA

CONCOURS GÉNÉRAL SÉNÉGALAIS 1/6 Durée : 6 heures Série : G SESSION 2004 CLASSES DE TERMINALE

31 Coûts complets

AUNEGE Campus Numérique en Economie Gestion Licence 2 Comptabilité analytique Leçon 3. Leçon n 3 : la détermination et l enchaînement des coûts

LES COÛTS PRÉÉTABLIS ET LES ÉCARTS TOTAUX

1 - Connexion au service de gestion des demandes informatiques du lycée

La comptabilité analytique : un outil indispensable pour la gestion et le suivi des projets.

LES COUTS PARTIELS...

SOMMAIRE OPÉRATIONS COURANTES OPÉRATIONS D INVENTAIRE

BAROMETRE DE CONJONCTURE DE L HEBERGEMENT D ENTREPRISES

FctsAffines.nb 1. Mathématiques, 1-ère année Edition Fonctions affines

Guide d établissement des budgets des propositions soumises aux appels à projets de

FICHE PRATIQUE SCPI QU EST-CE QU UNE SCPI? AVANTAGES DE L INVESTISSEMENT IMMOBILIER CONTRAINTES DE LA GESTION «EN DIRECT» LES ATOUTS DES SCPI

L autre façon d investir dans la pierre. Allianz Pierre Valor. SCPI investie majoritairement en bureaux.

Journée_: Modules HoraireEpreuve

Centre de Promotion des Nouvelles Technologies Catalogue 2015

Fiche mathématiques financières

Edition février CEGEDIM CD, droits réservés : GDR_201502

ANAIS LE LOGICIEL DE GESTION PRÉVISIONNELLE DE L ENTREPRISE AGRICOLE ET RURALE. Laboratoire Informatique de l ENITA de Bordeaux Tél.

CHAPITRE 4 LA VALORISATION DES STOCKS COURS DE COMPTABILITE ANALYTIQUE SEMESTRE 2 DUT TC

Microsoft Excel : tables de données

SAVEZ-VOUS COMMENT FONCTIONNE LE SERVICE? VOICI QUELQUES RECOMMANDATIONS!

COMPTES DE GROUPE Consolidation et présentation de participations

Sommaire. BilanStat manuel de présentation et d utilisation Page 2

Relation entre deux variables : estimation de la corrélation linéaire

Chaque mois, IMS Health propose une vue de son référentiel ENTREPRISES, constitué à partir du répertoire SIRENE (source INSEE) valorisé

Chap. 9 : L affectation du résultat

Déclaration des plus ou moins-values réalisées en 2014

CHAPITRE VI ALEAS. 6.1.Généralités.

Actions Propres et Consolidation

DATE : Levallois, le 4 septembre REFERENCES : Circulaire n 18/2006 DESTINATAIRES. - Associations, congrégations et collectivités religieuses

RESUME SYNTHETIQUE DE L IMPACT DES DELESTAGES SUR L ACTIVITE ECONOMIQUE ET LE BIEN ETRE DES POPULATIONS

Le calcul du barème d impôt à Genève

L IMPACT DE LA MUTUALISATION SUR LES RESSOURCES HUMAINES

- la mise en place du contrôle budgétaire est souvent mal vécue, car perçue comme une sanction par le personnel de l entreprise.

Projet de gestion locative des actifs technologiques

Quelle part de leur richesse nationale les pays consacrent-ils à l éducation?

LES SCPI CHEZ SPIRICA Description et méthodes de valorisation MARS 2013

L entreprise A.B.C est une société anonyme au capital de DH.

3. Quelle est, fiscalement, la formule de crédit la plus intéressante?

Chapitre 1. L intérêt. 2. Concept d intérêt. 1. Mise en situation. Au terme de ce chapitre, vous serez en mesure de :

Comptabilité financière

FORMULES DE CALCUL. Prix = PV TTC = PV HT x (1 + taux de TVA) TVA = PV HT x taux de TVA PV HT = PV TTC 1 + taux de TVA

1220 Promenade du St-Laurent, Batiscan, QC, G0X1A0 Tél:

Qu est-ce que la croissance économique? Quels sont ses moteurs?

Solutions pour Entreprises. Entreprise. tarifs 2013

La rémunération de l apprenti :

Formulaire n 1 : Identification de la structure

La lettre. La Gestion des comptes clients : les mesures à adopter très vite. Le poste client : l investissement le plus important à l actif du bilan

Mon compte : gérer les tâches administratives

Cegid Business Restaurant

I) Evolution de la demande d emploi mensuelle

Livret du joueur KEY FLASH. Montage et commercialisation de clés USB originales. Sommaire

Code du Travail, Art. L à L

Plan. 5 Actualisation. 7 Investissement. 2 Calcul du taux d intérêt 3 Taux équivalent 4 Placement à versements fixes.

LES STOCKS DEFINITION ET TYPOLOGIE DES STOCKS

Suite idylis Comptabilité Entreprise

Texte n DGI 2002/31 NOTE COMMUNE N 18/2002 R E S U M E. Déduction des primes d assurance vie collectives de l assiette imposable

Programmation sous QT

ORGANIGRAMME DES ETUDES

CONNAISSANCES DE GESTION DE BASE

REGLES D IMPUTATION DES DEPENSES Fiche de gestion financière

Modules Optionnels MERCATOR GESTION COMMERCIALE

Eteindre. les. lumières MATH EN JEAN Mme BACHOC. Elèves de seconde, première et terminale scientifiques :

Catalogue. SaaS JUILLET Des solutions de gestion disponibles en ligne. TPE Associations Syndicats

Fixer son prix à l export

Guide pratique : Les coûts d emprunt d argent

COMPTABILITÉ DE GESTION

Déploiement national de la carte d achat au CNRS

relatif aux opérations d assurance réalisées dans le cadre d un «patrimoine d affectation»

Intérêts. Administration Économique et Sociale. Mathématiques XA100M

La comptabilité de gestion : Fiche pourquoi?

Les marchés financiers sont-ils rationnels?

ELEMENTS DE BUREAUTIQUE

CAMELEON JUNIOR CAMELEON Dynamico JUNIOR

CNAFC CONSOMMATEURS. Entraide et vie quotidienne des familles Informer - Conseiller Concilier

ÉCOLE POLYTECHNIQUE FÉDÉRALE DE LAUSANNE. Manuel de formation. Achats

GESTION DES BONS DE COMMANDE

MANUEL UTILISATEUR : RECETTES TABLE DES MATIERES PIE : PRESTATIONS INTERNES ET EXTERNES

Correction de l exercice 2 du quiz final du cours Gestion financière ( T2) : «Augmentation de capital de Carbone Lorraine»

Pour les entreprises de taille moyenne. Descriptif Produit Oracle Real Application Clusters (RAC)

WINSCOP GESTION DES COOPERATIVES D ACTIVITES ET D EMPLOI

Module 02 - Leçon 04 : Evaluation des stocks

Assurer un complément de revenu dans un environnement fiscal hostile à l aide de l immobilier

CHAPITRE IV : LE PLAN COMPTABLE SYSCOA

Leçon 5. Systèmes de gestion à recomplétement périodique et stock de sécurité

Voici une demande qui revient régulièrement lors de mes rencontres avec les employeurs :

GUIDE DU MICROPORTEUR SUIVI BUDGETAIRE ET D ACTIVITE Mesure «appui aux microprojets» FSE 4-2.3

ELEC2753 Electrotechnique examen du 11/06/2012

LA SOLUTION DE GESTION D'AFFAIRES

Clients - fournisseurs - adresses de chargement et de livraison - agences - activités - gestion des jours fériés - profils d accès...

LE MARKETING WEB ET LES RÉSEAUX SOCIAUX : LES NOUVEAUX LEVIERS DE BUSINESS PROXIMEETING AIXE SUR VIENNE

LA PROFESSION COMPTABLE

Bulletin d information

NOTICE D INFORMATION

LES OMD EN CHIFFRES. Par Raulin Lincifort CADET INTRODUCTION

Transcription:

Nous avons vu dans les chapitres précédents que les charges incorporables aux coûts de la comptabilité analytique peuvent être divisées en charges directes et charges indirectes. Ce même ensemble de charges peut également être divisé en charges variables et charges fixes. D une manière générale, les charges se subdivisent en : directes indirectes variables fixes Quelque soit le niveau de production et pour une structure donnée, les charges fixes ne peuvent être réduites : elles sont supportées pour leur montant total par l entreprise. Pour cette raison, le coût total de production ou de revient de chaque unité produite est modifié lorsque l activité de l entreprise évolue. La méthode de l imputation rationnelle des charges fixes a pour objet d éliminer l incidence des charges fixes sur le coût total de chaque produit lorsque le niveau de production ou l activité de l entreprise varie anormalement. A. Les niveaux d activité de l entreprise Le niveau d activité ou de production d une entreprise n est que très rarement régulier. Il est généralement tributaire des commandes des clients, il évolue en fonction de la conjoncture économique, de la mode, de la concurrence, des niveaux des prix, etc. Nous parlons de sous activité, lorsque la production ou l activité de l entreprise est inférieure à son niveau normal. Nous parlons de suractivité, lorsque le niveau de production ou d activité dépasse celui normalement constaté. Le niveau de production ou d activité normal pourrait être obtenu par référence au passé, en se fondant sur les prévisions, ou en considérant la capacité de production dans des conditions normales du travail. 1

B. L incidence du niveau d activité sur les coûts et prix de revient Illustration 1 Variables Fixes Totales Coût de production unitaire Coût fixe unitaire Coût variable unitaire Production réalisée Avril : 50 Mai : 60 Juin : 40 17000 20400 13600 24800 28200 21400 470 535 130 195 Nous remarquons que : Lorsque le nombre d unités produites augmente, le coût fixe unitaire diminue puisque la charge fixe totale (exemple : les amortissements), sera répartie sur plusieurs unités. Lorsque le nombre d unités produites diminue, le coût fixe unitaire augmente puisque la charge fixe totale, sera répartie sur peu d unités. Le coût variable unitaire est constant quelque soit le niveau d activité. Lorsque le nombre d unités produites augmente, le coût de production unitaire diminue puisque les coûts fixes par unité diminuent. Lorsque le nombre d unités produites diminue, le coût de production unitaire augmente puisque les coûts fixes par unité augmentent. Nous remarquons, finalement, que lorsque l entreprise connaît une période de sous activité, elle supporte le même volume de charges fixes, ce qui pourrait se répercuter négativement sur son résultat. C. Principe et mise en œuvre de l imputation rationnelle des charges fixes L imputation rationnelle des charges fixes consiste à variabiliser les charges fixes incorporées aux coûts en fonction du niveau de production ou d activité. Sa mise en pratique passe par plusieurs étapes : Déterminer le niveau d activité ou de production normal de l entreprise (N). Déterminer l ensemble des charges fixes réelles incorporées aux coûts. 2

Calculer pour chaque période le taux d activité de l entreprise ou encore le coefficient d imputation des charges fixes (k) : K = Activité réelle / Activité normale = n/n Calculer les charges fixes à incorporer aux coûts de la période en multipliant les charges fixes réelles par le coefficient d imputation rationnelle. CF n imputé de la période = CF N réel x k Calculer la différence entre les charges fixes réelles (activité normale) et les charges fixes imputées : CF N (réel) - CF n (imputé) Cette différence représente : - un boni de suractivité, si n > N - un mali de sous activité, si n < N Illustration 2 Reprenons l illustration 1 1. Calculer le taux d activité des mois d avril, de Mai et de Juin, sachant que la production mensuelle normale est de 50 unités. 2. Déterminer le montant des charges fixes retenu dans le calcul du coût de production total. 3. Calculer le coût de production unitaire avec la méthode d imputation rationnelle des charges fixes. 4. Calculer la différence entre les charges fixes réelles et celles imputées. Préciser s il s agit d un boni de suractivité ou d un mali de sous activité. Mois Niveau d activité réelle Taux d activité Avril Mai Juin 50 unités 60 unités 40 unités 1 = 50/50 1,2 = 60/50 0,8 = 40/50 Mois fixes totales Taux d activité Montant des charges fixes retenues Avril 1 Mai 1,2 9360 Juin 0,8 6240 3

Variables Fixes Totales Production réalisée Avril : 50 Mai : 60 Juin : 40 17000 20400 13600 9360 6240 24800 29760 19840 Coût de production unitaire Coût fixe unitaire Coût variable unitaire Nous remarquons que le coût de production unitaire, le coût fixe unitaire et le coût variable unitaire, sont constants. Les coûts totaux par contre sont variables, ils varient avec le niveau d activité réalisé par l entreprise. Mois fixes imputées Mai 9360 Juin 6240 fixes totales Différence Mali Boni 0 0 Au cours du mois de Mai, la production a été supérieure à la production normale. Le montant des charges fixes imputées aux coûts a été supérieur au montant effectif réel de la période. Nous dégageons ainsi un boni de suractivité. Au cours du mois de juin, la production a été inférieure à celle normale. Le montant des charges fixes imputé aux coûts a été inférieur au montant effectif, réel de la période. La différence représente un mali de sous activité appelé encore coût de chômage. Le boni de suractivité ou le mali de sous activité sont des différences d incorporation assimilables à des charges supplétives ou des charges non incorporables. Illustration graphique L équation mathématique représentative du coût de production total réel en fonction des quantités produites est donnée par : Y1 = a X + b Pour X = 50, Y1=24800 Pour X= 60, Y1= 28200 4

D où a = et b = L équation mathématique représentative du coût de production total avec imputation rationnelle des charges fixes est donnée par : Y2 = X Coûts Y2 Suractivité 24800 Y1 Coût de chômage 50 Activité D. La méthode de l imputation rationnelle et le tableau de répartition des charges indirectes La méthode de l imputation rationnelle peut être employé dans le cadre des sections et ce en : Distinguant les charges fixes des charges variables de chaque section Déterminant le niveau d activité normale de chaque section Illustration 3 L exemple suivant nous permettra de bien visualiser l impact de l imputation rationnelle au niveau du tableau de répartition des charges indirectes. Montants Sections auxiliaires Sections principales Administration Transport Achat Distribution Total F V F V F V F V F V TRP 900 400 500 40 70 80 140 160 160 120 130 5

Les sections auxiliaires se répartissent de la manière suivante : Administration : 40% à l achat et 60% à la distribution ; Transport : 25% à l achat et 75% à la distribution. TAF Effectuer la répartition secondaire des charges indirectes sachant que l activité des sections administration, transport, achat et distribution est respectivement 80%, 60%, 80% et 120% de leur activité normale. TRP Coef.IR CF imp Montants Sections auxiliaires Sections principales Différence Administration Transport Achat Distribution D imputation Total F V F V F V F V F V Mali Boni 900 400 500 40 70 80 140 160 160 120 130 0.8 0.6 0.8 1.2-32 32-48 48-128 128-144 144 Dif.imP 8 32 32-24 72 24 T.après IR 900 102 188 288 274 72 24 Adm Tpt - 102-188 40.8 47 61.2 141 TRS 900 0 0 357.8 476.2 72 24 6