Touche : Enfants et adultes Triade clinique classique : Diarrhée, amaigrissement, signes de carences

Documents pareils
Premier document international pour la définition de la sensibilité au gluten (Gluten Sensitivity)

DÉFICITS IMMUNITAIRE COMMUN VARIABLE

Comprendre la MALADIE COELIAQUE

Hépatites Auto-Immunes. Critères et Scores Diagnostiques

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

LISTE DES ACTES ET PRESTATIONS - AFFECTION DE LONGUE DURÉE HÉPATITE CHRONIQUE B

Annales du Contrôle National de Qualité des Analyses de Biologie Médicale

Unité d enseignement 4 : Perception/système nerveux/revêtement cutané

Celiac ttg Anti-Transglutaminase de Tissu humain ELISA

HEPATITES VIRALES 22/09/09. Infectieux. Mme Daumas

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

Les tests thyroïdiens

Carte de soins et d urgence

Programme de certification sans gluten. Jim McCarthy Directeur général Association canadienne de la maladie cœliaque

Actualisation de la prescription en biologie rhumatologie

Ordonnance collective

Diabète de type 1 de l enfant et de l adolescent

Guide du parcours de soins Titre ACTES ET PRESTATIONS AFFECTION DE LONGUE DURÉE. Hépatite chronique B

L investigation chez la personne infectée par le VIH

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

Innovations thérapeutiques en transplantation

Sérodiagnostic de la polyarthrite rhumatoïde

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

INFORMATIONS pour le médecin qui contrôle et complète le formulaire

MALADIES INFLAMMATOIRES DE L INTESTIN :

Hépatite B. Le virus Structure et caractéristiques 07/02/2013

Assurance Maladie Obligatoire Commission de la Transparence des médicaments. Avis 2 23 Octobre 2012

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

Arthralgies persistantes après une infection à chikungunya: évolution après plus d un an chez 88 patients adultes

Projet de grossesse : informations, messages de prévention, examens à proposer

TRAUMATISME CRANIEN DE L ENFANT : conduite à tenir?

L immunoenzymologie. Technique puissante couramment utilisée e en recherche et en diagnostic cificité des anticorps pour leurs nes

Pathologie VIH. Service maladies infectieuses Archet 1. Françoise ALEXIS, infirmière Monique BORGHI, infirmière 15 octobre 2013

Physiopathologie Symptômes / Manifestations Diagnostic Biologie. Douleurs matinales = dérouillage matinal ( en cours de journée)

Cirrhoses et étiologie des cirrhoses (228) Professeur Jean-Pierre ZARSKI Avril 2003 (Mise à jour Mars 2005)

Cordarone et Thyroïde par François Boustani

GUIDE AFFECTION DE LONGUE DURÉE. Hépatite chronique B

Apport de la biologie moléculaire au diagnostic des parasitoses

L hépatite C pas compliqué! Véronique Lussier, M.D., F.R.C.P.C. Gastroentérologue Hôpital Honoré-Mercier 16 avril 2015

Orientation diagnostique devant une éosinophilie 1

PLAC E DE L AN ALYS E TOXIC OLOG IQUE EN URGE NCE HOSP ITALI ERE

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 19 octobre 2011

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

Vaccination et tuberculose en Gériatrie. Unité de Prévention et de Dépistage: Centre de vaccination et centre de lutte anti tuberculeuse CH Montauban

Polyarthrite rhumatoïde et biologie

Mécanismes moléculaires à l origine des maladies autoimmunes

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Hépatite C une maladie silencieuse..

Devenir des soignants non-répondeurs à la vaccination anti-vhb. Dominique Abiteboul - GERES Jean-François Gehanno Michel Branger

Compliance (syn. Adhérence - Observance) IFMT-MS-Sémin.Médict.Nov.05 1

Biométrie foetale. Comité éditorial pédagogique de l'uvmaf. Date de création du document 01/ Support de Cours (Version PDF) -

Thérapeutique anti-vhc et travail maritime. O. Farret HIA Bégin

Transfusions sanguines, greffes et transplantations

Maladie de Hodgkin ou lymphome de Hodgkin

Programme des formations 2014

DENSITOMÉTRIE OSSEUSE : CE QUE LE RADIOLOGUE DOIT SAVOIR

Marseille 25 octobre 2012 Accompagnement du traitement chez les co-infectés VHC-VIH en pratique

L anémie hémolytique auto-immune

ANTICORPS POLYCLONAUX ANTI IMMUNOGLOBULINES

Les formalités médicales ci-dessous sont celles prévues aux conditions générales du contrat assurance emprunteur çaassure n 24.

Le don de moelle osseuse :

Prophylaxie infectieuse après exposition professionnelle

1 Culture Cellulaire Microplaques 2 HTS- 3 Immunologie/ HLA 4 Microbiologie/ Bactériologie Containers 5 Tubes/ 6 Pipetage

L agénésie isolée du corps calleux

«Comment mieux cerner et satisfaire les besoins des personnes intolérantes ou allergiques à certains aliments?» Avis n 66

II - DIABETE DE TYPE 1 : ÉPIDÉMIOLOGIE - PHYSIOPATHOLOGIE - DIAGNOSTIC- DÉPISTAGE

INTERET PRATIQUE DU MDRD AU CHU DE RENNES

Anémies par carence martiale 1 Item 222 : Diagnostiquer une anémie par carence martiale l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.

Bonne lecture!! et si vous souhaitez consulter le document de l AFEF dans son intégralité, c est ici

DASES Réseau tuberculose 10 janvier 2006

LA TUBERCULOSE Docteur ALAIN BERAUD

Notre système. Immunitaire

Mme BORGHI Monique Infirmière ETP Mme ALEXIS Françoise Hopital Archet I Infectiologie/Virologie Clinique

Mécanisme des réactions inflammatoires

Les tests génétiques à des fins médicales

Point d Information. Le PRAC a recommandé que le RCP soit modifié afin d inclure les informations suivantes:

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

Christian TREPO, MD, PhD

PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

Hépatite = inflammation du foie. Pr Bronowicki CHU Nancy Conférence mensuelle - section de Forbach

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS DE LA COMMISSION. 10 octobre 2001

Hémostase et Endocardite Surveillance des anticoagulants. Docteur Christine BOITEUX

«J ai mal au ventre» :

Artéfact en queue de comète à l échographie hépatique: un signe de maladie des voies biliaires intra-hépatiques

Lymphome non hodgkinien

Maladie hémolytique du nouveau né. Dr Emmanuel RIGAL Unité d hématologie transfusionelle GENEVE Présentation du 13 janvier 2012.

Test direct à l Antiglobuline (TDA ou Coombs direct)

Actualités sur le Virus de l'hépatite C

Diagnostic des Hépatites virales B et C. P. Trimoulet Laboratoire de Virologie, CHU de Bordeaux

Anticorps neutralisants des Interférons dans la Sclérose En Plaques en Bretagne

HVC CHRONIQUE MOYENS THERAPEUTIQUES ET BILAN PRE-THERAPEUTIQUE CHAKIB MARRAKCHI.

Hépatite. du dépistage au traitement. Questions et réponses. L hépatite C Dépistage, clinique, prise en charge et conseils aux patients

LA PERITONITE INFECTIEUSE FELINE

Celiac G+ Anticorps Peptide Gliadine Désamidée ELISA

Janvier 2003 PLACE DE L ENDOSCOPIE DANS LES COLITES MICROSCOPIQUES RECOMMANDATIONS DE LA

Traitement des Hépatites Chroniques Virales B et C

Cancer du sein. Du CA15-3 à la tomographie à émission de positons.

Transcription:

Intolérance au gluten (Blé, Son, Seigle) / Avoine ± permis Touche : Enfants et adultes Triade clinique classique : Diarrhée, amaigrissement, signes de carences Diagnostic : Suspicion clinique Biologie : Recherche de signes de carences (hémato, vitamine D ) Sérologie (Recherche d anticorps et d auto-anticorps) Histologie +++ Complications (carences >> cancers) Traitement : Régime sans gluten à vie (contraignant +++)

Troubles digestifs : Triade clinique classique : Stéatorrhée Météorisme abdominal Amaigrissement (Conséquences des carences multiples) Symptomatologie atypique Forme clinique fruste : troubles digestifs banals (colopathie fonctionnelle) : Fratrie, maladies associées Révélée par les carences : Anémie ferriprive ; atteinte ostéoarticulaire (ostéopénie +++) ; troubles de la fertilité ; diabète ; dysthyroïdies auto-immunes Formes latentes : histologiques pures Carences +++ Cancers ±

Suspicion diagnostique de maladie cœliaque : le contexte clinique Diagnostic de certitude : histologie (actes invasifs) Endoscopie Biopsies Disparition des signes et restauration ad integrum de la qualité du tissu avec le régime sans gluten (RSG) Le dosage des anticorps est une aide au diagnostic : 1) Les résultats des dosages permettent de poser l indication de l endoscopie et des biopsies 2) Ces dosages sont aussi utiles au suivi du malade (observance du régime) 3) Dépistage des cas familiaux ou des sujets à risque M.F. KAGNOFF, Gastroenterology, 2005;128:S10-18

Réticuline Endomysium Endomysium Gliadine Gliadine IgA (IgG) anti-réticuline IgA anti-endomysium IgA et IgG anti-gliadine

Anticorps (IgG et IgA) anti-réticuline et anti-endomysium Anticorps anti-réticuline (1970) : Substrat = Foie et rein de rat («triple substrat») Mauvaises performances (manque 1 cas sur 2) IgA anti-endomysium (1983) : Meilleures performances Mais Lecture au microscope difficile (expérience +++) Non automatisable Coût (~ 5 le test) (œsophage de singe = espèce protégée) Facturation (remboursement SS) = 10,8

Anticorps anti-gliadine IgA et IgG anti-gliadine (1977) : Tests ELISA Faible coût Automatisables (large diffusion) Pas besoin d expérience particulière Microplaque ELISA Mais Performances médiocres (nombreux «faux positifs») Facturation (remboursement SS) = 37,8 Automate

Sensibilité 100 80 60 Sensibilité : mesure la capacité du dosage à rendre un résultat positif quand le sujet est malade 1) Un clinicien après l examen d un malade peut évoquer le diagnostic de maladie cœliaque. Spécificité : mesure la capacité du dosage à rendre un résultat négatif quand le sujet n est malade Il hésite cependant : Tous les signes ne sont pas présents (exemple probabilité = 1 «chance» sur 2 = 50%) Excellent 100 2) Intérêt de la biologie : Anti-endomysium Bon Apporter des arguments en faveur (ou éliminant) 80 la maladie Si résultat positif : quasi certitude «diagnostique» (-> endoscopie et biopsies) Si résultat Assez négatif bon : infirmation diagnostique Anti-gliadine Ça marche? 40 Mauvais Avec les : 40 Si résultat positif : probabilité «diagnostique» finale = 60% 20 Si résultat négatif : probabilité que ce soit quand même une maladie cœliaque : > 33% Sensibilité 60 20 Avec les : 0 0 0 20 40 60 80 100 Si résultat positif : probabilité diagnostique finale = 94,5% Si résultat négatif : probabilité que ce soit quand même une maladie cœliaque = 5,7% Spécificité 0 20 40 60 80 100 Spécificité

1997 : «Petite révolution» dans le monde de la maladie cœliaque : La cible principale des anticorps associés à la pathologie est identifiée la transglutaminase tissulaire (ttg2)! Enzyme présente dans toute cellule et intervenant dans la réparation tissulaire Elle transforme la gliadine (en gliadine dé-amidée = désaminée) meilleure présentation au système immunitaire 1 ers tests en laboratoire : début des années 2000 (utilisation de la transglutaminase de cobaye : performances médiocres) Amélioration : 2003 (utilisation de la transglutaminase humaine)

Stress cellulaire Augmentation de la perméabilité intestinale Résistance à la protéolyse Gliadine Libération de la transglutaminase tissulaire (ttg 2) Transformation (dé-amidation) de la gliadine IgG Production d Ac IgA Lymphocytes B Activation du système immunitaire Macrophages Présentation par les cellules présentatrices d Ag (HLADQ2 / DQ8) Lymphocytes CD8 Cellules dendritiques Lymphocytes CD4

Les performances des «anti-endomysium» Les avantages des «anti-gliadine»! (ELISA, faciles à mettre en œuvre, automatisables ) 100 80 Sensibilité 60 40 Anti-tTg2 Compréhension physiopathologique Dépistage de masse : révision de la prévalence Formes atypiques Formes pauci symptomatiques Formes asymptomatiques 20 0 0 20 40 60 80 100 Spécificité Réduction du délai de prise en charge Délais moyen : 11 ans (avant les Ac anti-transglutaminase)

La recherche des IgA anti-transglutaminase (anti-endomysium) : plus performante que celle des IgG anti-transglutaminase (anti-endomysium) Mais Déficit en IgA : 10 à 15 fois plus fréquent dans la maladie cœliaque que dans la population générale Risque Rendre un résultat négatif alors qu il existe une véritable maladie cœliaque!! Conduite à tenir : 1) Doser les IgA sériques 2) Si déficit complet : voir plus loin Formes pédiatriques Les performances sont elles équivalentes? Manque d études!!

100 IgG anti gliadine INOVA IgA anti-ttg (laboratoire) 80 IgG anti- Ttg Biorad IgA anti gliadine INOVA IgA anti- Ttg Biorad 60 0Sensibilité 40 20 Screen (IgG et IgA) anti-gliadine INOVA IgG anti gliadine (laboratoire) 0 20 40 60 80 100 100 Spécificité

Anticorps et maladie cœliaque Décroissance lente des IgA anti-transglutaminase (anti-endomysium) : processus parallèle avec la régénération de la muqueuse intestinale : Disparition des IgA anti-ttg en 12 à 18 mois si RSG strictement observé Les IgG anti-transglutaminase ont une cinétique plus lente (moins intéressantes) Ré ascension ou persistance des ces Ac si mauvaise observance ou écarts involontaires (raisonnement en résultats «positif» ou «négatif» et non «quantitatifs») - Thyroïde (anti-tpo) - Atteinte hépatique (anti-actine, LKM, mitochondries) - (Diabète) Chez l individu lui même ou dans sa fratrie ou sujets «à risque» Attention : Ac «anti-levure de bière» (ASCA)

ESPGHAN guidelines for the diagnosis of coeliac disease in children and adolescents. An evidence-based approach Chez qui prescrire la sérologie cœliaque? Indications Diarrhée chronique ou intermittente Retard de croissance Perte de poids Retard pubertaire, aménorrhée Anémie ferriprive Fractures/ ostéopénie Nausées, vomissements, douleurs abdominales chroniques, distension, constipation Fatigue chronique Aphtose récurrente Rash de dermatite herpétiforme Anomalie de la biochimie hépatique Groupes à risque : (patients asymptomatiques) Diabète de type 1 Thyroïdopathies auto-immunes Trisomie 21 Anomalie caryotypique 45 X 0 (Turner) Syndrome de Williams Déficit sélectif en IgA Hépatites auto-immunes Parents du 1 er degré Journal of Pediatric Gastroenterology and Nutrition A paraître.

ESPGHAN guidelines for the diagnosis of coeliac disease in children and adolescents. An evidence-based approach Recommandations pour le diagnostic sérologique Extraits Le diagnostic repose («en première ligne») sur le dosage des IgA anti-transglutaminase ou anti-endomysium Si le taux d IgA de l individu est inconnu, il est recommandé de doser les IgA sériques en première intention Les Ac anti-gliadine désaminée présente également une spécificité raisonnable (les tests utilisant la gliadine native (non désaminée) ne doivent pas être utilisés) Tout individu dont le taux d IgA est < 0,2g/l et tout enfant < 2 ans doivent bénéficier d un dosage des IgG antitransglutaminase ou d IgG anti- gliadine désaminée. Tout laboratoire réalisant la sérologie cœliaque doit participer aux programmes de CQE nationaux et internationaux. Tout résultat de test rapide doit être confirmé par une recherche en laboratoire. Tout résultat positif d IgA anti- transglutaminase doit être contrôlé par un nouveau prélèvement (Ac dosage des Ac anti- EMA ou pour le génotypage HLA). Un taux > 10 x le seuil peut être considéré comme associé à des lésions histologiques sévères (Marsh III) Un taux 3 x le seuil doit être accompagné d un dosage plus spécifique afin d éviter une endoscopie inutile (EMA). Le titre des IgA anti-endomysium doit être mesuré par dilution successive et la dernière dilution positive rendue Le génotypage HLA-DQ2 and HLA-DQ8 est utile pour exclure le diagnostic de maladie cœliaque notamment en présence d une histologie évocatrice mais accompagnée d une sérologie négative Chez les enfants dont la sérologie est positive, le génotypage HLA-DQ2 and HLA-DQ8 peut (avantageusement) remplacer la réalisation de l endoscopie et des biopsies duodénales Chez les sujets asymptomatiques proposer en première ligne le génotypage HLA sinon le dosage des IgA antitransglutaminase mais pas avant 2 ans

UK NEQUAS : mai 2011